lundi 16 février 2009

Mitsouko "Fleur de Lotus" - N° 5 Eau Première : réécrire un mythe.

Il y a maintenant presque six mois, Chanel nous présentait une réécriture de son parfum mythique, le N°5. Tout de suite, ce parfum provoque une émotion : on y reconnaît la signature du N°5, mais comme réinventée, allégée, aérée, avec une sensation d'avoir affaire à une nouveauté familière et belle. Ce n'est pas moi qui le dis, mais certaines études de marché tendaient à montrer que le N°5, malgré son succès, était parfois perçu comme vieillot, les notes de civette et d'aldéhydes y contribuant en partie. Avec un talent certain Jacques Polge réussit à garder intacte la structure florale poudrée aldéhydée du N°5, qui fait sa signature, mais habilement, il s'aide du progrès technique sur les matières premières. Les extractions au C02, notamment, permettent d'obtenir des essences de rose, de jasmin et de bois aériennes et épurées. Un travail sur des aldéhydes moins brutaux que ceux du N°5 et une attention particulière portée sur un sillage boisé de vétiver reconnaissable signe cette Eau première en le distinguant de son aîné avec brio. Aujourd'hui, Guerlain tente le même exercice avec Mitsouko. A vrai dire, je craignais le pire, mais il n'en est rien, et c'est un vrai bonheur. Tout comme Chanel, Mitsouko "Fleur de Lotus" réécrit le parfum éponyme pour mieux coller à l'époque, et c'est plutôt réussi. On y retrouve bien la signature chyrée, fruitée de pêche et de prune de Mitsouko, mais elle est ici comme épurée, tout comme pour l'Eau Première, avec des matières premières moins ambrées, plus légères, plus fines. L'impression est plutôt celle d'une fleur d'angélique, fragile, légère, finement pétillante. Tout comme pour l'Eau Première un vétiver très fin signe le sillage blond, doré et stylé. C'est beau ! Mais alors, où est donc la fleur de lotus ? Cette fleur, plutôt sucrée dans la nature, semble ici absente. Et c'est là ce qui fait la différence entre le marketing prudent et étudié de Chanel, et celui, qui semble maladroit, de Guerlain. J'aurais préféré sans doute un Angélique Mitsouko à cette "Fleur de Lotus", que l'on imagine pourtant parfaitement sur une femme jeune portant ... une petite robe noire ! Curieux non ? Plus jeunes, plus actuels, ces deux réécritures sont vraiment remarquables et sont plus que jamais de leur temps ! Du beau travail, il n'y a rien à dire. Ah si, portez les, encore et encore, j'en redemande !

4 commentaires:

  1. Mechant loup lance sa pique du jour et tacle Guerlain... qui comme l'Oreal le vaut bien... deception pour une réecriture d'un Must Mitsouko en l'occurence dont l'insipidité m'as rappelé l'essai olfactif de M par Mariah carey ( on ne peut pas avoir tout les talents...)
    Mais ou va Guerlain ?
    Entre une Petite Robe Noire qu'on a envie de dechirer ou de ne porter qu'une fois... histoire se faire genre...
    Mitsouko Fleur de Lotus n'avais pas besoin d'etre réecrit et au final se suffisait a lui meme...

    Quand a l'Eau Premiere de Numero 5 c est juste comme dirait un Djeun's " une tuerie"... Envolée Olfactive intacte... Pureté du jus... Et tenue en force pour cette eau Sublime et Envoutante... voire entetante !!!

    Mais que fait Guerlain ?!

    Karim

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  2. Bonjour Karim, tu devais être dans mon sillage pour l'avoir déjà senti ... aux Galeries ??? Je suis d'accord sur le fait que je tacle un peu Guerlain, mais vraiment pas sur le parfum, que je trouve plutôt bien réécrit, mais sur le marketing, très "ciblé marché japonais". J'ai du mal me fair comprendre. Cela dit, pourquoi pardonne t on à Chanel de renouveler son patrimoine et pas à Guerlain ? Tout cela relève sans doute de l'"affectif" et j'ai du mal à le comprendre. Quant à la ressemblance avec M. De M. Carey,là, je ne comprends pas du tout: où sont les notes solaires "tubéreuse-tiaré-monoi" dans Mitsouko fleur lotus ?

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  3. Tout d’abord, bravo pour votre blog Méchant Loup, j’aime beaucoup votre style ! Pour en venir au sujet de votre billet, ce qui me dérange dans cette démarche, que cela soit celle de Chanel ou de Guerlain, ce n’est pas tellement que l’on réinterprète un classique, cela se fait tout le temps en parfumerie et c’est très bien, mais c’est plutôt l’idée de dépoussiérer un classique ce qui est ontologiquement très différent.

    Cela me rappelle, un peu, l’enseignement des Lettres, où, on simplifie certaines oeuvres classiques, notamment antiques, pour les rendre plus abordables, ce qui représente un véritable appauvrissement de la culture et une incompréhension de ce qui fait la beauté de la littérature.

    Les classiques sont les classiques, rien n’empêche de jouer avec eux, d’essayer de les prendre comme point de départ pour une nouvelle œuvre mais, à mon avis, il n’y a pas de simplification ou de modernisation à apporter à quelque chose de parfait.

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  4. Merci Nathalie, bienvenue sur olfactorum et merci pour ce commentaire très juste. En effet, je suis d'accord avec vous, il n'est pas besoin de toucher à un parfum qui se suffit à lui même. N°5 et Mitsouko n'ont rien a prouver, nous les aimons tel que et ils restent en vente. Ce que je souhaitais souligner, c'est que les deux réécritures de cet article auraient presque pu passer pour des nouveautés de qualité, s'il n'y avait cette référence au passé. Je les trouve justes et bien dans leur temps. En parfumerie, il me semble que réécrire une partition avec brio et adresse relève plutôt du talent, du progrès (technique) que de l'appauvrissement de la culture du parfum.

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