Bertrand Duchaufour, l'Artisan Parfumeur, l'antre du parfum de big apple, de l'encens, du cuir, du poivre, du café, du patchouli, de la vanille ... que de beau monde me dis-je ! Mais comment faire pour découvrir ce parfum rare qu'est Aedes de Venustas ? Aller à New York n'est pas prévu et impossible dans l'immédiat, le faire livrer par la poste semble hasardeux venant des US. Missionner une personne est une bonne idée, mais qui ? Et c'est alors qu'un de vos proches vous apprend qu'il se rend en mission dans la ville aux grattes ciel. Banco ! Impression de la page de présentation du parfum, adresse du 9 Christopher Street envoyée et surlignée, et la mission professionnelle se transforme aussi en mission Aedes de Venustas. "James, vous avez le code ? : Aedes, Bertrand Duchaufour, il ne m'a pas encore déçu, et j'ai un bon pressentiment".
Deux semaines plus tard, mission accomplie et je découvre enfin le sésame... "Tiens donc, ce n'est pas exactement ce que j'imaginais". En effet, puisque James m'avait un peu tenu au fait de la déco un peu spéciale de la boutique éponyme et vu les photos, je m'attendais à une surprise, mais craignais tout de même un petit quelques chose de criard, à l'américaine
Il n'en est rien. L'élixir, c'est l'encens. Identifiable dès le premier nez, il est le pilier de Aedes de Venustas et ce qui restera du début à la fin de la journée. Je comprends alors que le cuir et les autres notes mentionnées sont ici uniquement pour appuyer les facettes de la résine qui s'exprime de manière très directe, linéaire et omniprésente. Ce n'est que par petites touches que chacune des autres matières se superpose et apporte sa contribution à l'édifice. Les notes camphrées de la cardamome et du patchouli apportent le montant, le piquant du poivre noir et du café collent aux facettes épicées de la résine, un iris un peu terreux souligne les aspects un peu "roots" de la résine pure, comme pour lui être vraiment fidèle dans le moindre détail. La vanille, l'opopanax, le benjoin et un accord de muscs semblent du coup être des prétextes tellement ils se font discrets, comme pour soutenir et arrondir un temps soit peu les angles de ce monolithe.
Aedes joue sur la corde encens de manière encore plus radicale que Noir de Reminiscence, plus ambré, ou que Serge Noire, dans lequel je remarque au passage une note sucrée de cannelle. Il fait écho chez l'Artisan Parfumeur à Passage d'enfer, mais de manière plus franche, moins douce, sans compromis. Le poivre et la couleur grise qu'il m'inspire me renvoient à Poivre Samarcande, tout comme sa forme olfactive, très linéaire et très épurée. L'encens enfin, outre Noir et Serge noire fait le lien avec Cardinal chez Heeley, plus boisé, l'Eau Sento, plus "mouillé" ou Ether chez Iunx, beaucoup plus rond.
Un encens très brut, qui m'incite à vous donner l'envie de lire ce qui est écrit sur cette résine mystique ici, ainsi que ce qu'en disait Poivrebleu à propos de Passage d'enfer.
Il faut vraiment aimer l'encens, et c'est mon cas. Ce parfum me transporte dans des univers très différents. Il rappelle un peu les volutes de fumée de cannabis, l'odeur énigmatique et presque "pierreuse" des fumigènes créant le brouillard dans les discothèques, et immanquablement celles des églises. Sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi, il me renvoie aux pierres des ruines romaines imaginées dans la lumière de Hubert Robert, dans ses endroits où l'on devine que l'encens faisait partie du paysage et brûlait pour détendre l'atmosphère et diffuser ses volutes à travers la fumée. Le "per fumare" par Mathilde Laurent, c'est un cuir orné de quelques touches de thé fumé, par Bertrand Duchaufour et Aedes de Venustas, c'est en traversant l'encens qu'il s'exprime ! Un encens "d'enfer", qui hélas ne se trouve que dans la "demeure où tout est beau": Aedes de Venustas, et c'est au 9 Christopher Street, à New York. Le prix me direz vous ! Bon d'accord, je suis malade, mais j'ai au moins une chance sur ce coup, j'ai eu du flair. Je "savais" qu'il me plairait, car ce n'est pas la première fois que ce cher Bertrand sait faire ce qui plait à Méchant Loup ;-)
Pour les amateurs et amatrices, quelques décants limités sont possibles (me contacter) et si vous aimez l'encens, chez l'Artisan, vous aimerez sans doute également Passage d'Enfer, moins radical, ou l'Eau Sento chez Iunx.
Merci d'avoir suivi ce passage en revue de quelques créations de chez l'Artisan Parfumeur qui s'achève donc avec ce parfum !
Illustration : Bazinul par Hubert Robert et Aedes de Venustas par l'Artisan parfumeur.
Deux semaines plus tard, mission accomplie et je découvre enfin le sésame... "Tiens donc, ce n'est pas exactement ce que j'imaginais". En effet, puisque James m'avait un peu tenu au fait de la déco un peu spéciale de la boutique éponyme et vu les photos, je m'attendais à une surprise, mais craignais tout de même un petit quelques chose de criard, à l'américaine
Il n'en est rien. L'élixir, c'est l'encens. Identifiable dès le premier nez, il est le pilier de Aedes de Venustas et ce qui restera du début à la fin de la journée. Je comprends alors que le cuir et les autres notes mentionnées sont ici uniquement pour appuyer les facettes de la résine qui s'exprime de manière très directe, linéaire et omniprésente. Ce n'est que par petites touches que chacune des autres matières se superpose et apporte sa contribution à l'édifice. Les notes camphrées de la cardamome et du patchouli apportent le montant, le piquant du poivre noir et du café collent aux facettes épicées de la résine, un iris un peu terreux souligne les aspects un peu "roots" de la résine pure, comme pour lui être vraiment fidèle dans le moindre détail. La vanille, l'opopanax, le benjoin et un accord de muscs semblent du coup être des prétextes tellement ils se font discrets, comme pour soutenir et arrondir un temps soit peu les angles de ce monolithe.
Aedes joue sur la corde encens de manière encore plus radicale que Noir de Reminiscence, plus ambré, ou que Serge Noire, dans lequel je remarque au passage une note sucrée de cannelle. Il fait écho chez l'Artisan Parfumeur à Passage d'enfer, mais de manière plus franche, moins douce, sans compromis. Le poivre et la couleur grise qu'il m'inspire me renvoient à Poivre Samarcande, tout comme sa forme olfactive, très linéaire et très épurée. L'encens enfin, outre Noir et Serge noire fait le lien avec Cardinal chez Heeley, plus boisé, l'Eau Sento, plus "mouillé" ou Ether chez Iunx, beaucoup plus rond.
Un encens très brut, qui m'incite à vous donner l'envie de lire ce qui est écrit sur cette résine mystique ici, ainsi que ce qu'en disait Poivrebleu à propos de Passage d'enfer.
Il faut vraiment aimer l'encens, et c'est mon cas. Ce parfum me transporte dans des univers très différents. Il rappelle un peu les volutes de fumée de cannabis, l'odeur énigmatique et presque "pierreuse" des fumigènes créant le brouillard dans les discothèques, et immanquablement celles des églises. Sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi, il me renvoie aux pierres des ruines romaines imaginées dans la lumière de Hubert Robert, dans ses endroits où l'on devine que l'encens faisait partie du paysage et brûlait pour détendre l'atmosphère et diffuser ses volutes à travers la fumée. Le "per fumare" par Mathilde Laurent, c'est un cuir orné de quelques touches de thé fumé, par Bertrand Duchaufour et Aedes de Venustas, c'est en traversant l'encens qu'il s'exprime ! Un encens "d'enfer", qui hélas ne se trouve que dans la "demeure où tout est beau": Aedes de Venustas, et c'est au 9 Christopher Street, à New York. Le prix me direz vous ! Bon d'accord, je suis malade, mais j'ai au moins une chance sur ce coup, j'ai eu du flair. Je "savais" qu'il me plairait, car ce n'est pas la première fois que ce cher Bertrand sait faire ce qui plait à Méchant Loup ;-)
Pour les amateurs et amatrices, quelques décants limités sont possibles (me contacter) et si vous aimez l'encens, chez l'Artisan, vous aimerez sans doute également Passage d'Enfer, moins radical, ou l'Eau Sento chez Iunx.
Merci d'avoir suivi ce passage en revue de quelques créations de chez l'Artisan Parfumeur qui s'achève donc avec ce parfum !
Illustration : Bazinul par Hubert Robert et Aedes de Venustas par l'Artisan parfumeur.
Comme on peut avoir une envie de gourmandises..
RépondreSupprimerà vous lire j'ai une envie olfactive..
poivre
Et bien votre envie olfactive me communique une envie de gourmandise. Merci pour l'article.
RépondreSupprimerLe Pipper Nigrum me fait penser que j'ai oublié de mentionner ce parfum Pipper Nigrum, de Lorenzo Villoresi, proche de Aedes de V. mais encore plus camphré et poivre vert.
Et puisque vous me parlez de poivre, figurez vous que je viens de terminer un tiramisu maison sur lequel j'avais rappé un mélange de poivre long de java aux saveurs délicieusement chocolatées, un tout petit peu de mes chères et adulées fèves tonka et du cacao. Qui a faim ? Moi aussi là du coup !!!!
Super ton article, tu nous immerges dans ta passion du parfum et tu nous donne envie de découvrir des nouvelles senteurs.
RépondreSupprimerL'encens s'est aussi pour moi une odeur qui m'apaise qui m'invite au repos, au calme je dirais presque à la méditation.
Encore bravo pour ton tiramisu...SUPER !!!!
Le voyage chez l'Artisan est fini? Oh non... zut, ça donne envie d'en lire d'autres, on a tous nos chouchous, les miens sont MImosa pour moi, Drôle de Rose et la chasse aux papillons (dont vous avez déjà parlé), Safran troublant, Verte violette, l'Ete en douce, Poivre piquant...
RépondreSupprimerBref, finalement, tous les AP sont des coups de coeur, on aimerait tous les avoir, non?
PS: bonne idée pour le tiramisù, j'aime bien aussi les biscuits trempés dans un peu d'Amaretto!
RépondreSupprimerOui, vous avez raison, on aurait envie d'en parler plus longtemps, mais il ne faudrait pas monopoliser l'attention sur LA marque que j'affectionne, il faut bien s'arrêter un peu !
RépondreSupprimerPour le tiramisu, il est vrai que c'est une recette quoi se marie avec beaucoup de choses, il suffit d'un peu d'imagination. On peut même le pousser sur les fruits rouges...mûre et tiramisu, en voilà une bonne idée ?
L'encens et le poivre sont aussi les piliers d'une de mes créations, de 2007. Si vous êtes intéressés par l'encens ainsi que par un parfum autour de la rose, n'hésitez pas à vous manifester en me contactant par mail. J'aimerai savoir s'il peut y avoir quelques amatrices et amateurs éventuels. Merci à tous par avance.
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