Fougère ! Un mot qui évoque nos forêts franciliennes où on la trouve partout. En parfumerie, fougère est une famille olfactive construite autour de la bergamote, du géranium, de la fève tonka ou coumarine, de la lavande et de la sauge sur un lit de mousse de chêne et des notes actuelles qui en sont dérivées. L'interdiction de cette dernière déclencha de nombreux débats, mais il n'en est pas moins que les parfumeurs doivent aujourd'hui travailler avec autres chose. L'un des substituts à la mousse de chêne se nomme Evernyl, dont un des parfums les plus représentatif serait à mon sens l'Eau de Rochas pour femme. Aujourd'hui cette note est revendiquée dans le tout dernier Legend pour Homme de MontBlanc, et c'est une belle occasion de revenir sur une famille de parfums masculins que je définirais par : fougère Méditerranée. Grâce à l'apport des salicylates, les aromates, la lavande, le géranium et sa note un peu "savonneuse", cette famille prend des airs de vacances en Méditerranée.
Tout commence au début des années 90. Les masculins de l'époque sont très affirmés, tournant souvent autour d'accords boisés bien typés, de fougères savonneuses et de Colognes plus ou moins nobles et chyprées. Un des tous premiers à renouveler le genre par une note plus douce est Minotaure de Paloma Picasso en 1992. Sa note sucrée-vanillée très légèrement indolée, très solaire rencontrera de nombreux adeptes à travers le monde.
En 1994, Roma de Laura Biagiotti lui emboite le pas, en explorant déjà un peu les notes boisée chaudes. Dans son pays d'origine, c'est devenu quasiment un mythe, et il rencontra un succès d'estime ailleurs en Europe.
Une petite marque joue a fond la carte de la méditerranée en 1995, Nikos, avec Sculpture pour homme, ouvertement inspiré par la Grèce. Pourtant sans doute à cause d'une communication trop ciblée, il se fera très discret dans nos contrées.
Ces trois parfums vivront timidement mais, sans trop que cela ne se voit encore, ils amorcent un accord de fond de la parfumerie masculine contemporaine.
En 2004, avec la même recette fougère-vanille-salicylates, c'est Cerruti Si qui tente une percée. Timide pourtant, peut être à cause de son flacon et de sa publicité, sans doute trop froids et ayant occulté la "méditerranéenneté" du parfum ? Si ne dira jamais "oui" au succès, et restera dans l'ombre de 1881 et de Image homme. Pour être honnête, il y a quelque chose que j'adore dans ce parfum, croisé plusieurs fois à Paris et à chaque fois diablement addictif.
Aujourd'hui, Legend tente une nouvelle approche, toujours très inspirée par le Sud, mais plus raffinée, plus élégante. Une très belle bergamote ciselée comme un zeste très vif et soulevée par la coumarine et la fève tonka, ainsi qu'une lavande transparente annoncent déjà un parfum dicté par le soucis du détail et de la finesse dans le choix des matières. La note géranium est appuyée par ses dérivés plus fins. Des aromates (thym, romarin, sauge), et une assez belle dose de salicylates nous emportent en bord de mer. Enfin, l'évernyl, de par sa profondeur et sa texture à la fois métallique, minérale et "mouillée", joue sur une virilité délicate en soutenant le tout. Olivier Pescheux avait pour mission d'apporter un peu de chic et de tenue en revenant aux grands classiques de la parfumerie pour homme pour MontBlanc. Oui, tous les codes sont présents, parfaitement à leur place, maitrisés dans un parfum chic à la fois classique et contemporain. J'en profite également pour faire une petite parenthèse et parler de Présence pour homme, l'autre beau masculin de la marque, dans lequel je retrouve quelques traits boisés-muscs blanc de Méchant Loup (le parfum).
Comme je le disais plus haut, cette famille des fougères méditerranées annonçait une tendance de fond. Les parfumeurs devaient le sentir, car deux gros "cartons" de ces dernières années y puisent leurs racines en atténuant largement la douceur vanillée sous une avalanche de bois ambrés bien virils. En effet, en comparant 1 Million, Pour Homme d'Yves Saint Laurent et un des parfums que je cite, vous comprendrez surement d'où ils viennent. C'était il y a presque 20 ans ! Parés pour chasser le Minotaure à Nikos en disant oui à la légende ?
Illustrations : image de la Méditerranée - marques Paloma Picasso, Laura Biagiotti, Nikos, Cerruti, MontBlanc.
Tout commence au début des années 90. Les masculins de l'époque sont très affirmés, tournant souvent autour d'accords boisés bien typés, de fougères savonneuses et de Colognes plus ou moins nobles et chyprées. Un des tous premiers à renouveler le genre par une note plus douce est Minotaure de Paloma Picasso en 1992. Sa note sucrée-vanillée très légèrement indolée, très solaire rencontrera de nombreux adeptes à travers le monde.
En 1994, Roma de Laura Biagiotti lui emboite le pas, en explorant déjà un peu les notes boisée chaudes. Dans son pays d'origine, c'est devenu quasiment un mythe, et il rencontra un succès d'estime ailleurs en Europe.
Une petite marque joue a fond la carte de la méditerranée en 1995, Nikos, avec Sculpture pour homme, ouvertement inspiré par la Grèce. Pourtant sans doute à cause d'une communication trop ciblée, il se fera très discret dans nos contrées.
Ces trois parfums vivront timidement mais, sans trop que cela ne se voit encore, ils amorcent un accord de fond de la parfumerie masculine contemporaine.
En 2004, avec la même recette fougère-vanille-salicylates, c'est Cerruti Si qui tente une percée. Timide pourtant, peut être à cause de son flacon et de sa publicité, sans doute trop froids et ayant occulté la "méditerranéenneté" du parfum ? Si ne dira jamais "oui" au succès, et restera dans l'ombre de 1881 et de Image homme. Pour être honnête, il y a quelque chose que j'adore dans ce parfum, croisé plusieurs fois à Paris et à chaque fois diablement addictif.
Aujourd'hui, Legend tente une nouvelle approche, toujours très inspirée par le Sud, mais plus raffinée, plus élégante. Une très belle bergamote ciselée comme un zeste très vif et soulevée par la coumarine et la fève tonka, ainsi qu'une lavande transparente annoncent déjà un parfum dicté par le soucis du détail et de la finesse dans le choix des matières. La note géranium est appuyée par ses dérivés plus fins. Des aromates (thym, romarin, sauge), et une assez belle dose de salicylates nous emportent en bord de mer. Enfin, l'évernyl, de par sa profondeur et sa texture à la fois métallique, minérale et "mouillée", joue sur une virilité délicate en soutenant le tout. Olivier Pescheux avait pour mission d'apporter un peu de chic et de tenue en revenant aux grands classiques de la parfumerie pour homme pour MontBlanc. Oui, tous les codes sont présents, parfaitement à leur place, maitrisés dans un parfum chic à la fois classique et contemporain. J'en profite également pour faire une petite parenthèse et parler de Présence pour homme, l'autre beau masculin de la marque, dans lequel je retrouve quelques traits boisés-muscs blanc de Méchant Loup (le parfum).
Comme je le disais plus haut, cette famille des fougères méditerranées annonçait une tendance de fond. Les parfumeurs devaient le sentir, car deux gros "cartons" de ces dernières années y puisent leurs racines en atténuant largement la douceur vanillée sous une avalanche de bois ambrés bien virils. En effet, en comparant 1 Million, Pour Homme d'Yves Saint Laurent et un des parfums que je cite, vous comprendrez surement d'où ils viennent. C'était il y a presque 20 ans ! Parés pour chasser le Minotaure à Nikos en disant oui à la légende ?
Illustrations : image de la Méditerranée - marques Paloma Picasso, Laura Biagiotti, Nikos, Cerruti, MontBlanc.
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