Je vous parle d'un temps où une personne importante chez Guerlain me confiait que la marque n'avait pas de grand floral, et que c'était dans cette optique qu'avait été lancé Champs Elysées. Celui-ci était pourtant resté très "français" dans ces notes, son style et son approche, un appétit plus grand nourrit la marque et ses ambitions. Il fallait donc, quelques années plus tard, après le rachat par un grand groupe et un changement de parfumeur qui allait apporté une rupture radicale de style, partir à la conquête du monde. L'idée de ce grand floral, chic, élégant, voire même un peu sophistiqué refait surface.
N'étant pas né dans le même contexte que lorsque Guerlain était une histoire de famille, réflexions de groupes, "brainstorming", études de marché et regard sur ce qui marche chez la concurrence ont, de façon assez évidente, joué un rôle dans le choix et l'orientation du style de ce parfum qui allait naître sous le nom d'Idylle.
Ainsi, même si, avec un peu de recul et quelques ajustements "formulatoires" classiquement réalisés par toutes les marques aujourd'hui dans le but de toujours améliorer leurs produits (et pas uniquement pour abaisser les coûts), Idylle mérite son entrée parmi les classiques de la maison, il n'a et n'aura pas l'aura de ses ainées. Une question se pose alors : pourquoi ?
D'un avis très personnel et par déduction, et comme une personnalité qui n'existerait qu'à travers celle des autres, Idylle ne souffrirait-il pas de complexes ?
Le complexe d'infériorité :
Idylle devait marquer une rupture en se projetant dans une vision mondiale, avec la difficulté que cela entraine. Seul un floral était "marketingement" susceptible de le faire. Ce parfum devait être moderne et débarrassé d'une guerlinade trop connotée française et trop apparente. Finalement pas si distinctif que cela pour un Guerlain sur un marché ou la concurrence fait aussi bien voir mieux, était-ce le bon choix ?
Le complexe de mimétisme :
Il n'est ainsi pas né de lui même, mais de l'observation de la concurrence, et l'on imagine bien qu'un parfum comme For Her de Narciso Rodriguez, succès mondial incontesté ait pu jouer un rôle. On retrouve ainsi dans Idylle la trame rose-patchouli-muscs-notes vanillées remise en avant par For Her.
Un autre parfum a du fortement influencé Thierry Wasser, lui, qui vient de chez Firmenich. Pleasures d'Esté Lauder, magnifique bouquet floral -musqué soutenu en fond par un patchouli très pur et ciselé dans un sillage légèrement boisé, succès mondial et emblématique d'un floral bien dans son temps, né chez Firmenich également, il ne pouvait qu'être lorgné par une maison Guerlain envieuse de cette fraîcheur de beau floral qui plait autant aux américaines bon chic bon genre. Cette inspiration ressort dans Idylle dans les notes jacinthe-pivoine-fleurs lumineuses, par le coté métallique argenté des notes vertes, et par la forte signature apportée par la muscs blancs, mais 10 ans après, n'était-ce pas trop tard ?
En filigrane, j'y retrouve également quelques traits évidents avec Comme une Evidence d'Yves Rocher, Firmenich lui aussi, comme si sans le faire exprès, l'idée d'un parfum "efficient" avait été constante et était ressortie inconsciemment dans la signature d'Idylle.
Le complexe d'affirmation de soi :
Même s'il installe le style voulu par Thierry Wasser, malgré la qualité indéniable et la recherche effectuée dans le choix des matières premières sélectionnées avec soin et qui signent un sillage reconnaissable, Idylle a du mal à exister par lui même et à s'émanciper. Son succès n'a à priori pas atteint les objectifs de la maison mère.
Est-il alors étonnant qu'un parfum complexé aie du mal à trouver un public ? Etre, plus que vouloir être n'est il pas finalement qu'une question de bon sens, oubliée des décideurs ? C'est précisément le point faible d'Idylle. Avec le temps, saura t-il s'affranchir de ses pairs, pour affronter ses complexes de face et mieux s'imposer ? Il n'en aura peut être même pas le temps, car le prochain est sans doute déjà bien en route. Gageons qu'il retiendra la leçon ... ou pas ?
Idylle, une véritable idylle avec le public, ou le complexe d'un parfum face à son public ?
N'étant pas né dans le même contexte que lorsque Guerlain était une histoire de famille, réflexions de groupes, "brainstorming", études de marché et regard sur ce qui marche chez la concurrence ont, de façon assez évidente, joué un rôle dans le choix et l'orientation du style de ce parfum qui allait naître sous le nom d'Idylle.
Ainsi, même si, avec un peu de recul et quelques ajustements "formulatoires" classiquement réalisés par toutes les marques aujourd'hui dans le but de toujours améliorer leurs produits (et pas uniquement pour abaisser les coûts), Idylle mérite son entrée parmi les classiques de la maison, il n'a et n'aura pas l'aura de ses ainées. Une question se pose alors : pourquoi ?
D'un avis très personnel et par déduction, et comme une personnalité qui n'existerait qu'à travers celle des autres, Idylle ne souffrirait-il pas de complexes ?
Le complexe d'infériorité :
Idylle devait marquer une rupture en se projetant dans une vision mondiale, avec la difficulté que cela entraine. Seul un floral était "marketingement" susceptible de le faire. Ce parfum devait être moderne et débarrassé d'une guerlinade trop connotée française et trop apparente. Finalement pas si distinctif que cela pour un Guerlain sur un marché ou la concurrence fait aussi bien voir mieux, était-ce le bon choix ?
Le complexe de mimétisme :
Il n'est ainsi pas né de lui même, mais de l'observation de la concurrence, et l'on imagine bien qu'un parfum comme For Her de Narciso Rodriguez, succès mondial incontesté ait pu jouer un rôle. On retrouve ainsi dans Idylle la trame rose-patchouli-muscs-notes vanillées remise en avant par For Her.
Un autre parfum a du fortement influencé Thierry Wasser, lui, qui vient de chez Firmenich. Pleasures d'Esté Lauder, magnifique bouquet floral -musqué soutenu en fond par un patchouli très pur et ciselé dans un sillage légèrement boisé, succès mondial et emblématique d'un floral bien dans son temps, né chez Firmenich également, il ne pouvait qu'être lorgné par une maison Guerlain envieuse de cette fraîcheur de beau floral qui plait autant aux américaines bon chic bon genre. Cette inspiration ressort dans Idylle dans les notes jacinthe-pivoine-fleurs lumineuses, par le coté métallique argenté des notes vertes, et par la forte signature apportée par la muscs blancs, mais 10 ans après, n'était-ce pas trop tard ?
En filigrane, j'y retrouve également quelques traits évidents avec Comme une Evidence d'Yves Rocher, Firmenich lui aussi, comme si sans le faire exprès, l'idée d'un parfum "efficient" avait été constante et était ressortie inconsciemment dans la signature d'Idylle.
Le complexe d'affirmation de soi :
Même s'il installe le style voulu par Thierry Wasser, malgré la qualité indéniable et la recherche effectuée dans le choix des matières premières sélectionnées avec soin et qui signent un sillage reconnaissable, Idylle a du mal à exister par lui même et à s'émanciper. Son succès n'a à priori pas atteint les objectifs de la maison mère.
Est-il alors étonnant qu'un parfum complexé aie du mal à trouver un public ? Etre, plus que vouloir être n'est il pas finalement qu'une question de bon sens, oubliée des décideurs ? C'est précisément le point faible d'Idylle. Avec le temps, saura t-il s'affranchir de ses pairs, pour affronter ses complexes de face et mieux s'imposer ? Il n'en aura peut être même pas le temps, car le prochain est sans doute déjà bien en route. Gageons qu'il retiendra la leçon ... ou pas ?
Idylle, une véritable idylle avec le public, ou le complexe d'un parfum face à son public ?
Illustration : Oedipe Ingres, Guerlain.