jeudi 8 mars 2012

Quoi de neuf docteur ?

On nous annonçait une année 2012 plus raisonnable, plus mûre, plus responsable et réfléchie, mais j'ai comme l'impression que le nombre de lancements est tout aussi important que l'an dernier, mais qu'une tendance à "l'improvement" s'amorce, même si des progrès restent à faire. Je vous propose donc un petit tour d'horizon rapide des quelques nouveautés senties sur ces 2 derniers mois. Quatre courants ressortent de ce tour d'horizon.

La discrétion :
Chez Lanvin, Avant Garde monte la garde mais de manière somme toute assez timorée. Même si le soucis de faire mieux et plus dans la finesse que les derniers blockbusters, la recette manque peut être un peu de ce petit quelque chose de magique que l'on attend d'un parfum avec un tel nom. Ni futuriste, ni avant-gardiste, mais pas si mal que ça pour un lancement très grand public, je crains personnellement qu'il ne reste que timidement en bas des rayons.

De "l'Eau" plus qu'il n'en faut :
Une des tendances cette année est la prolifération des "Eaux" d'à peu près tout ce qui existe. Plus fraiches, plus vives, elles sont sans doute plus faciles à porter, et complètent des gammes qui ne peuvent plus s'en passer, pour les jours plus "cool".

L'Eau de Chloé introduit une note verte dans la trame du parfum d'origine, et la complète par une bonne gorgée d'agrumes qui le rend peut être un peu plus accessible et moins intense. Ce n'est pas mal fait, mais ça n'apporte rien de spécial à ce parfum qui évoque la fraîcheur de par sa propre signature.

Guerlain Homme l'Eau boisée : attention, ne vous voilez pas la face. Celui-ci semble avoir été étudié pour plaire à des nez un peu initiés au premiers sniffs. Faisant illusion pas sa note boisée fumée de vétiver marin assez présente et profonde dès les premières notes, on dirait qu'il cherche à rattraper le coup d'un parfum qui n'a jamais vraiment trouvé son public. Hélas, malgré cela, au bout d'une demie heure, vous ne sentez plus le bois fumé, mais l'after shave et l'odeur de mousse à raser d'une fougère bien classique. Inutile de perdre votre temps, et je ne comprends toujours pas pourquoi cela chez Guerlain.

Pour Azzaro Homme l'Eau, la démarche est différente. Apporter un peu de fraîcheur à un parfum emblématique et revendiqué comme une "vraie" fougère n'est pas dénué de sens. Subtilement rajeuni, rafraichi, il flirte avec des eaux classiques comme Green Water de Jacques Fath par l'ajout de notes citronnées, aromatiques et une toute petite pointe marine qui lui donne quelque chose de moderne et de vif comme pourrait l'avoir CK One. Pas mal, et sur peau, la signature originelle est bien là, plus subtile.

Du sport à vous épuiser :
Seconde tendance : le sport à tout va, confirmant ainsi le fait que le parfum quitte définitivement le discours du luxe qu'il véhiculait pendant de longues années. L'Eau d'Issey Homme Sport garde la trame de l'original pour lui apporter un souffle vif de citron vert et de menthe qui donnent une vraie bouffée de fraîcheur au parfum, mais hélas, le fond chargé en "bois ambrés" cassent ce bol d'air pur pour devenir étouffant "à la One Million". Dommage, il ne fallait peut être pas vouloir plaire autant en jouant sur les deux tableaux, et l'original se suffit donc à lui même.Coup de chapeau en revanche pour le packaging, bien conçu, bien fait, et très cohérent avec l'esprit recherché.

Dior Homme Sport, lui, s'émancipe pour se rapprocher de son ainé Dior Homme. Subtilement et très adroitement remis dans la lignée de la famille, il prend son envol, sa signature en devient plus crédible, plus noble, et le gingembre peut enfin révéler toute sa douceur dans la continuation de l'iris en évitant maintenant le coté froid qu'il pouvait avoir dans la première version. Une reformulation intelligente et bien faite, que l'on attendait depuis le début.

Fraicheur, sport et jeunesse aussi chez Procter& Gamble avec Lacoste L12.12 Red et The One Sport de D&G. Pas très intéressants dans l'absolu, le premier n'est pas pour autant le pire de la gamme avec ses notes de mangue et de camphre qui finalement collent assez bien à l'esprit sportif et jeune revendiqué par la marque. Les notes de tête et l'évolution sur peau ne sont pas désagréables, mais tout cela ne révolutionne rien du tout, on améliore juste les recettes de Polo Sport, et Hugo. Le flacon,lui, reste un bel objet de design. Le second, chez D&G souffle un vent de citron insipide, c'est propre, "fresh & clean", mais rien de plus.

Les Ovni. Et oui, ça existe :
En ce début d'année, un Ovni voit le jour parmi le maintsream : SpiceBomb. Reprenant quelques éléments de Lolita Lempicka pour Homme pour sa facette anis-muscs blancs, de Le Mâle pour son coté très doux-cèdre, de Bang pour ses notes poivrées vertes, et de CK One Shock pour le fond ambre- tabac, SpiceBomb réussit à se trouver une force et une personnalité propre. A découvrir, car il se démarque avec justesse et un propos cohérent qui en fait une belle surprise.

Un autre ovni est encore peu trouvable en France, c'est Potion de DSquared. Bel aromatique épicé couvert d'anis et de cannelle, très typé, très musqué, il jour les originaux pour se positionner avec une signature franche, à la fois fraîche et chaleureuse dans un équilibre bien trouvé et avec une audace maitrisée sur le marché assez morose des parfums masculins. A découvrir absolument si vous tombez dessus.

Le dernier vient de chez Odin, ou 07 Tanoke se révèle comme un encens subtilement rafraichi de mandarine et de gingembre (que l'on adore chez Odin et qui contribue à la signature de la marque), et sublimé de vétiver et de bois fumé en fond, un peu à la manière de Tom Ford Extrême. Il vous adopte aussi facilement que vous l'adoptez, et, ainsi, même s'il va chercher quelques inspirations du coté de chez Incense de Comme des Garçons, il est très addictif et dépasse presque ses inspirateurs car plus subtilement travaillé. Une marque à découvrir, et chez qui personnellement j'adorais déjà 01 Nomad pour sa personnalité.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaitez une bonne découverte et à revenir vers vous pour des nouveautés que j'attends de sentir, chez Guerlain, D&G, et bien d'autres...

Illustrations : Lanvin, Chloé, Azzaro, Issey Miyake, Dior, Lacoste, Victor & Rolf, DSquared, Odin.

3 commentaires:

  1. merci de ce nouvel article !
    thierry : tu me manquais ! enfin je t'ai retrouvé, toi et ton analyse toujours pertinente de la parfumerie ! bravo !

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  2. Merci pour cette revue.

    Cette semaine, mes pérégrinations olfative m'ont mené chez Nickel où j'ai découvert Potion de DSquared et 07 Tanoke Odin. J'ai déjà oublié Potion mais pas le 07. Enfin, il y avait aussi Petroleum Histoires de Parfums. Ce dernier à un côté mécano imbibés de carburant. Pour le coup, il manque plus qu'ils sortent un qui rappel le goudron chaud... Quant aux sport et compagnie pas un m'a touché.

    ~_~°

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  3. Passé chez Guerlain pour m'offrir Jicky, la vendeuse n'a pu s'empêcher de me refiler un échantillon de l'Eau boisée.

    Je l'ai actuellement sous le nez.

    Si les derniers Guerlain (voire les masculins en général en dehors des deux ou trois premiers) n'avaient strictement aucun intérêt, là Guerlain se surpasse en pompant quasi littéralement Terre d'Hermès. Nous, les hommes, ne sommes vraiment pas gâtés par cette enseigne mythique, auteur pourtant de chefs d’œuvres absolus de la parfumerie mondiale. Honteux.

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