Après avoir fait un salon fin Septembre où il s'agissait d'expliquer et de faire sentir le lien que pouvaient avoir le cuir et le parfum, j'ai été surpris de constater que la perception de l'odeur du cuir était très différente d'une personne à l'autre, certaines trouvant que Cuir Extrême sentait plus le cuir que Cuir des Sables, alors que pour d'autres, c'était l'inverse. Il en est de même pour les parfumeurs, qui, au gré de leurs envies, ont travaillé des cuirs tantôt bruts et sauvages, tantôt plus doux. Généralement, ces derniers sont accompagnés d'accords floraux pour les rendre plus légers. Ainsi, par cheminement et un peu par hasard, je me suis intéressé à ce Cuir de Lancôme méconnu, mais pas inintéressant.
Cuir de Lancôme surprend, car c'est un des rares cuir que l'on pourrait qualifier de "gourmand". Les notes sucrées, certainement devenues chères à Lancôme depuis des années maintenant, apportent ici quelque chose d'à la fois étrange et de complémentaire au cuir, comme si l'on avait saupoudré un beau cuir fin et rose pâle par le sucre glace d'une belle guimauve de pâtissier. L'harmonie est plutôt bien maîtrisée et surtout, fait corps avec la peau. Le coeur floral bien présent atténue le trop plein de sucre, et ce qui me marque, c'est qu'il semble "danser" sur peau, comme une boule à facettes qui tournerait pour dévoiler parfois le sucre, parfois les fleurs blanches, parfois le cuir, profond et chaud. Cuir de Lancôme s'illustre par la photo ci-dessus, comme si une peau claire, douce et poudrée s'allongeait dans l'herbe sauvage.
Précurseur de Narciso par sa forme et pour ces notes gourmandes de guimauve, Cuir de Lancôme trouverait parfaitement sa place aujourd'hui parmi Mandarine Corse de l'Artisan, Contre Moi de Vuitton, Dries van Noten de Frédéric Malle et Narciso de Narciso Rodriguez par exemple, et ce, douze années après son lancement.
Illustrations : Emma Summerton, Lancôme.
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