Il est étrange de penser à l'automne en plein mois d'août alors que le soleil brille au zénith. Pourtant, c'est bien ce qu'évoque Castagno XI. L'odeur d'une châtaigne fumée, du feu de bois, des feuilles jaunies, des chemins de terre et des mousses, redécouvert cette semaine.
La châtaigne et le marron sont curieusement rarement travaillés en parfumerie. Seul 212 VIP de Carolina Herrera très peu diffusé en France, s'habille d'un sillage "chesnuts" au milieu de fruits jaunes et de fleurs solaires, mais il n'y a que l'Artisan Parfumeur qui a osé, avec Noir Exquis, un petit délice hivernal fidèle qui vient réchauffer la peau des effluves chaleureux de ces fruits d'automne.
Avec Castagno XI, Bottega Veneta s'y essaye également, sur un segment plus que niche vu les prix pratiqués, mais avec une certaine habileté. Alexis Dadier manie les notes fraîches de gingembre, d'orange et de citron tout en nuance vers un départ légèrement fumé très contenu, auquel le poivre s'adosse presque naturellement, comme dans Cuir Extrême par exemple. S'ensuivent des notes vertes et florales qui viennent aérer cette structure, puis les bois de cèdre, la vanille et les résines assument de réchauffer l'ensemble. L'accord "chesnuts" reste présent sur la durée, pour confirmer l'exercice.
Il est juste dommage de constater qu'une fois de plus, le fond, comme pour Noir Exquis d'ailleurs, se délaye dans les bois ambrés qui ressortent. L'exercice est réussi, l'idée me plait beaucoup, mais ce fond gâche un peu la fête à mon goût, même si le flacon est splendide, la vaporisation parfaite, et le sillage d'une aura incroyable. En comparaison, Noir Exquis reste plus doux dans sa forme et plus contenu dans ses prix. Quant aux amateurs de notes fumées, ils peuvent peut être se tourner vers Cuir Extrême, aux notes de bergamote, de cuir, de poivre, d'encens, de rose et de feu de bois. Un parfum d'automne avant l'heure ? Et pourquoi pas après tout ?
Illustrations : internet et Bottega Veneta.