jeudi 28 juin 2012

FiFi Awards 2012 : bref rapport...

 
Comme chaque année depuis maintenant 20 ans, le parfum a droit à ses FiFi Awards. Comme l'an dernier, Méchant Loup vous propose un petit compte rendu. 

Le prix spécial "les 20 ans des FiFi" a été décerné à : 

Terre d'Hermes et à For Her de Narciso Rodriguez : belles récompenses, pour leur forme, leur style, leur sillage, leur succès rencontré auprès du public, leur qualité de création et de matières premières, leur distinction, et enfin sans doute, la cohérence de leur propos.

Le prix du parfum Féminin de 2012, décerné par un jury de professionnels du parfum : Elie Saab le parfum, parce qu'il a tout d'un vrai parfum. Construction riche, sillage, texture, matières maitrisées et harmonisées avec goût, cohérence entre le propos olfactif et ce qu'il évoque : le soleil, le désert, le Liban, la rose, le miel, la mode "beige et voluptueuse" d'Elie Saab. Francis Kurkdjian y a mis de l'émotion personnelle autour d'un pays qui lui est cher, Elie Saab et sa femme se sont investis également personnellement dans ce "projet", c'est finalement assez rare et je trouve que cela se ressent. Le succès de ce parfum dans certains pays où personne n'imaginait qu'il pouvait faire une percée (en Australie et en Norvège entre autre) étonne même BPI, ce qui tend à prouver que dans un succès, il y a aussi une part de hasard.

Le prix du parfum Masculin de 2012 : Kokorico de Jean Paul Gaultier, sans doute récompensé pour sa prise de risque dans un marché dominé par la fraîcheur. Cacao et notes vertes, audace et surdose de bois ambrés d'après la parfumeuse Annick Ménardo, tout cela tente d'aller à contre courant. Trop peut être, ou pas assez, toujours est il que s'il a des qualités indéniables et aujourd'hui reconnus des professionnels, le public, lui, le boude un peu. 

Prix des experts, décerné par un jury de journalistes, d'évaluateurs, de blogueurs : Orange Sanguine de Atelier Cologne. Mon choix penchait plutôt pour Olfactive Studio, que je trouvais globalement mieux ficelé, mais après des débats houleux, c'est finalement Orange Sanguine qui l'emporte en partie parce qu'il y avait une très forte conviction sur la créativité des notes de tête.

 Prix du public Féminin : Amor Amor Forbidden Kiss de Cacharel. Il est vrai qu'il y a bien pire, mais je me demande quelle est la part de l'influence de la communication, elle pour le coup assez jolie, actuelle et poétique, très Cacharel finalement, dans ce que récompense le public ?
Prix du public Masculin :  Hugo Just Different de Hugo Boss. Ni tout à fait le même, ni tout a fait un autre, mais la même question se pose.

Meilleur parfum féminin sous enseigne propre : Pivoine Flora de l'Occitane. Fidèle à la fleur du même nom, finalement assez peu exploitée en parfumerie, l'approche est cohérente, bien faite, avec une toute petite pointe de patchouli, qui apporte un peu à la construction olfactive de la fleur. L'Occitane aime la nature, et ça se voit. 

Meilleur parfum masculin sous enseigne propre : Comme une Evidence Green d'Yves Rocher. Je ne connais pas encore ce parfum personnellement, mais je connais le talent de Françoise Caron pour ses succès comme l'Eau d'Orange Verte et Cuiron, que j'adore. J'ai donc hâte de découvrir ce petit nouveau. 

Meilleur parfum féminin en grande distribution :  Clin d'Oeil Passioné Eau Fraîche de Bourjois et Axe Provocation d'Unilever. Aveu de faiblesse, je ne les connais pas ! Oups !


Prix de la meilleure campagne publicitaire : Elie Saab le parfum, et Kokorico. New York, femme fatale et volutes de voile de robe beige pour l'un, Danseur de Flamenco et rythmes de tambours pour l'autre, c'est percutant, efficace, mais je ne saurais trop me prononcer sur le sujet.

Prix du plus beau flacon en sélectif : Elie Saab le parfum et Kokorico. L'un pour le design du flacon, le  facettage technique, pour l'épaisseur et le rendu qualitatif du verre, le masculin parce qu'il conjugue une face en forme de visage et un coté rappelant le buste du Mâle, ce qui en effet n'a pas du être évident techniquement. De plus c'est audacieux.
4

Conclusion: un couple,  Elie Saab le parfum et Kokorico, un BPI triomphant. Je retiendrais de cette soirée des échanges constructifs, des gens heureux avec qui j'ai eu la chance de partager la joie, et les larmes sincères de Christine Nagel, que je ne connaissais pas avant cette soirée, qui est une personne charmante et très émue de recevoir le prix pour For Her avec Francis Kurkdjian. 

Partial me direz vous ? Je pense savoir le rester, mais en tout cas un sentiment prévaut, celui d'être en phase avec ce qui se passe ...



mercredi 20 juin 2012

Une Rose - Edouard Fléchier pour Frédéric Malle 2003 : un monument.

L'article ne sera certainement pas long, car peu de mots suffisent ; se laisser porter et c'est tout ! Parfaite, s'il ne devait y en avoir qu'une, ce serait elle ! 

Ne cherchant pas à mentir ou à cacher autre chose que ce qu'elle veut être, Une Rose dévoile quasiment toutes les facettes d'une belle fleur épanouies aux pétales luxuriants. Ces "couleurs" entre le rose pâle et le rouge profond en passant par le vermillon dans des accents de rose ancienne au tout départ, de terre en son coeur, de mousse en son fond, de framboise, de fraise et de miel en nuances très subtiles, de musc "truffé", et de tous les composants de la rose comme les dérivés du géranium, de la citronnelle et de la pivoine, Une Rose se fait intemporelle, parfois toute jeune et pétillante, parfois plus altière et fière.

Comme l'annonce le site de la marque, cette rose est une rose de virtuose, car, n'ayant pas chercher par quelques artifices à maitriser un prix contenu, les plus beaux absolus et composants divers ont été choisis, utilisés et maitrisés de main experte dans un équilibre parfait. Plus aucune aspérité ne peut déranger, l'équilibre olfactif n'a pas de défaut, il s'agit bien d'une rose, très fidèle à une rose charnue au naturel !

Tout le monde se tait, elle passe, glisse, s'écoute, se ressent, se vit. Tout simplement parfaite, Une Rose, c'est du grand art !

Illustrations : photo prise à la roseraie du Jadin de Bagatelle en Juin 2012, Editions de parfums Frédéric Malle.

mercredi 13 juin 2012

Cabotine de Gres et See and be seen Sacha de Benefit : J'Adore, la tubéreuse.

Si la tubéreuse se conjugue souvent en mode "show off", elle existe aussi en version plus champêtre et lumineuse, avec une certaine légèreté. Quelques brins d'herbe verte, que l'on retrouve dans ces deux parfums somme toute assez proche : l'un, See and be seen Sacha, un peu plus moderne et propre, cultive une séduction coquine, l'autre, Cabotine, un peu plus habillé, n'en est pas moins cabotin. Ces deux là, fidèles à l'exubérance de la tubéreuse, savent néanmoins la contenir, elle qui distille ses charmes en leurs coeurs.

Fougueuse et vénéneuse, elle se pare ici d'accords floraux de violette et de jasmin, qui la rendent crémeuse dans son sillage et assez souple sur peau. Légèrement verte, la trame de ces deux parfums pourrait être qualifiée de compromis entre celle d'un des plus grands succès de ces dernières années qu'est J'Adore, et le piquant au caractère unique qu'est Poison, dont Cabotine et See and Be Seen seraient en quelques sorte les mutants. 
Le muguet, un accord de fleurs blanches dont le freesia, le gardénia, l'ylang ylang, le jasmin, la fleur d'oranger et la tubéreuse bien sûr, sont au centre. Je ne saurais dire si c'est une boule de muscs blancs qui favorise cet effet, mais il émane de leur sillage un effet très "cocoon", comme si un certain confort et une certaine féminité "au bout des ongles" voulait jaillir de ces deux là. Il s'en dégage un "effet tilleul", miellé pour Cabotine, un autre un peu plus "feuillu et marin" pour S&bsS, dans un sentiment à la fois attirant, addictif et qui ne laissera personne indifférent. Ils n'ont pas été créés à la même époque, le petit dernier faisant un peu plus actuel, plus lumineux, il ne peut nier une certaine filiation avec son ainé Cabotine. Tous deux sont deux petits coquins, vous dis-je ! 

Affirmés tout en restant faciles pour des tubéreuses, n'ayant rien à envier à certaines tubéreuses plus "niche" car ils savent se faire très couture aussi, sans atteindre la singularité d'un Nuit de Tubéreuse par exemple, ils ne déméritent pas et doivent émerger des fonds de rayons. La belle saison arrivant, ils sauront illuminer les soirs d'été d'un sillage vert anis mordant, séduisant et champêtre. Comme un rayon de soleil !

Ahhh, j'adore la tubéreuse ! Et si J'Adore devait en être une, il irait sûrement puiser chez ces deux là !!

Illustrations : Steven Meisel, Benefit, Parfums Gres.

lundi 4 juin 2012

Vanilles exquises aux destins troublés !

 Je ne sais pas si c'est une fatalité, mais les trois exemples de vanilles que je m'apprête à décrire connaissent un destin tourmenté. Toutes trois font figures d'originales dans la production actuelle en s'éloignant de la vanille traditionnelle, gourmande ou orientale.

La première à avoir ouvert la porte d'une vanille habillée est Vanilia de l'Artisan Parfumeur, qui s'ornait de facettes aromatiques et héspéridées pour mieux se singulariser. Légère, par ses petites touches de romarin, de sauge, de poivre et de patchouli agrémentés d'un bel accord ambré, elle réussissait à s'éloigner des territoires trop sucrés auxquels la vanille aspire pour offrir un sillage à la fois doux, sensuel et piquant. La vanille y était subtile, légère, jamais collante.  Dommage, sans doute pour cause de faible succès, elle est aujourd'hui supprimée du catalogue...

Une autre vanille exquise a vu elle, sa créatrice quitter ce monde beaucoup trop tôt. Mona Di Orio se distinguait par des créations audacieuses et très typées, où la Vanille en question faisait presque figure d'Ovni. Telle une mousse de vanille sur une tarte au citron, elle donne l'impression d'avoir été montée en neige, allégée de tout ce qui pouvait être lourd ou collant tant ses notes acidulées de citron et de bergamote apportent en tête une lumière que l'on ne retrouve nulle part ailleurs à ce jour. L'évolution sur peau se fait très douce. Pour la découvrir encore aujourd'hui avant que la marque ne disparaisse ou non, car on ne sait pas vraiment ce qu'elle va devenir, je vous invite à passer chez Antonio de la boutique Marie Antoinette, place du marche Sainte Catherine à Paris qui m'a fait redécouvrir et aimer cette vanille singulière, après que Juliette, notre fameuse Poivrebleu, en ait parlé lors d'une soirée des lecteurs. Vanille mérite vraiment le détour, un "must have". 

La troisième parfum vanillé dont je voulais parler est l'original Berberiades de Stéphanie de Saint Aignan, qui conjugue la vanille sucrée sur un mode aérien, digne de la danse des 7 voiles. Léger, grâce à quelques notes d'orange douce, vaporeux car relevé de salicylates qui lui donnent une facette solaire, Berberiades se fond dans le sable chaud, le vent pour évoquer le paysage lumineux d'un village de maisons blanches en bord de mer. Une peau chauffée au soleil de ce parfum pourrait éveiller bien des curiosités... hélas, il est assez difficile à trouver.

Il y a bien d'autres vanilles légères, comme Vanille Galante et son évocation d'un lys vanillée, ou Odin 01, qui se distingue par l'originalité de ses notes de tête qui évoquent le Cointreau, qui méritent aussi le détour, mais le moins que l'on puisse dire pour ces trois là, c'est que leur destin n'est pas le plus facile pour qu'elles continuent d'exister.

Illustrations : gousse de vanille et rose jaune, l'Artisan Parfumeur, Mona di Orio, Stéphanie de Saint Aignan.

lundi 28 mai 2012

La Petite Robe Noire - Guerlain 2012 : these notes are made for lolitas !

Si les boots sont faites pour arpenter les trottoirs, les parfums, eux, sont faits pour être portés pour... arpenter les trottoirs. Et dites mois donc où, dans quelle ville cela est à la fois ludique, romantique, divertissant, culturel, et chic-issime ? Vous avez deviné ? New York ? Trop vulgaire, Londres ? Trop classique, Milan ? Trop Fashion,  Moscou ? Trop bling-bling, Dubai ? Trop chaude, Shanghai ?  Trop neuve... Non , non et non, rien ne vaut Paris, la "glamoureuse", la romantique, la rigolote. LA ville qui sent, la ville qui brille sous la lumière, la ville aux mille rues, aux mille paysages, qui réserve à chaque pas son lot de surprises. Alors, quand on est une marque française de parfums de luxe, parler de tout cela peut sembler difficile, c'est essentiel. Ainsi, pour le coup, la communication autour de La Petite Robe Noire marque des points et innove par sa cohérence et son esthétique.

Le parfum, lui, s'inscrit dans le même esprit chic revivifié. Les codes des grands classiques de Guerlain sont bien là, comme il y a trois ans dans mon précédent article, la composition originelle sortie en 2009 ayant été à peine retouchée. Thierry Wasser s'est contenté de la rendre un peu moins sirupeuse, un tout petit peu plus acidulée, mais tout de même, alors que tout le monde s'accorde à dire que Lolita Lempicka est un masterpiece, pourquoi ne pas reconnaitre les qualités intrinsèques de ce petit bonbon de parfum ? Car, non, il n'est pas prétentieux, il ne surjoue pas, il se fond dans le sucre en restant espiègle et original, sans devenir vulgaire comme peuvent le faire d'autres mainstream trop faciles, ou même parfois certains parfums de niche, sans que personne ne trouve rien à redire. Et oui, pour certains, il est sans doute plus facile d'être vulgaire sans que personne ne le remarque que d'être chic en pointant le bout son nez avec un peu de cuir "suédine" acidulé, de grenadine saupoudrée de griotte ? La Petite Robe Noire s'affirme comme le font les boots Louboutin, chic, hautes sur pattes et avec une certaine tenue, revendiquant une parenté évidente avec certaines déclinaisons de Lolita Lempicka comme Shalimar en son temps s'inspirait de l'Ambre de Coty. Les notes sont faites pour lolitas en herbe, c'est évident, mais pourquoi les fruits et un peu de sucre n'auraient pas quand même droit à quelques lettres de noblesse, dans cette cacophonique parfumerie contemporaine ? 
Indispensable depuis toujours à tous succès grand public, la communication, elle aussi, très actuelle et très adroite, permet à La Petite Robe Noire de revenir, plus jeune et espiègle que jamais. Même si je préfèrerais voir Guerlain réinventer de nouveaux grands classiques ou travailler ses anciens dans un esprit plus contemporain que de voir cette marque se lancer dans la gourmandise parfois excessive, comme il y a trois ans, j'aime savoir que Guerlain est aussi sur ce terrain sans se prendre trop au sérieux. La Petite Robe Noire a su en outre, trouver son public. Une petite balade sur les marches d'escaliers parisiens ? Enfilez vos boots et choisissez la robe qui va avec, qui sait ce qu'elle sera, mais elle sera noire ? Are you ready boots ? 

Illustrations : walking boots par Guy Bourdin, Guerlain

dimanche 20 mai 2012

Amor Amor - Cacharel 2003 : flamencorazon.

S'il y a bien un pays où Amor Amor rencontre le succès, c'est l'Espagne. Est-ce étonnant ? Amor, Amor, mots qui résonnent comme le cri d'une jolie femme à la chevelure noir corbeau, à la peau brune et à la poitrine généreuse qui réclame à son cher et tendre un peu d'amour, comme ce "Carlos, Te quierro Carlos", poussé dans cette scène théâtrale, digne d'un opéra de Bizet, croisée en pleine rue de Barcelone.

Pour ma part, la lecture que je fais d'un style et d'un esprit espagnol, c'est une alternance de courbes généreuses, de couleurs chatoyantes, d'arêtes vives, souvent éprises d'un caractère affirmé, qu'il soit dramatique ou plus enjoué. L'on retrouve cette constante dans les oeuvres de Dali, Picasso, dans le rythme du tango, de la salsa, du flamenco, dans le design de Gaudi ou de Calatrava, dans le design des Seat. L'alternance de force et de sensualité contribue à ce caractère, que se retrouve exprimé dans Amor Amor.

Tranchante couleur rouge exprimée par une rose électrique et vive comme un claquement de doigts chère à Dominique Ropion, couleurs et fruits de l'Espagne avec la fleur d'oranger et l'orange sanguine aussi souples que la dentelle d'un éventail, fleurs sensuelles et affirmées comme la tubéreuse (dont les espagnoles raffolent) et le jasmin, aussi généreuses que les courbes sensuelles d'une danseuse, Amor Amor ne peut masquer son caractère, son "coeur flamenco". Il envoie, certes, mais cette ardeur s'entrecroise de douceur dans les courbes de son évolution sur peau. La note se fait plus suave, plus bonbon, et l'on devine un soupçon de vanille, chaude, sensuelle, soutenue d'une note très caractéristique et régressive de crocodile Haribo (le vert). Petite touche "réglissée" (peut être la fleur de mélati mentionnée dans les notes existantes?) un brin intrigante et pour donner le piment qu'il lui faut, et le tour est joué, la danse peut commencer. Comme l'Espagne, Amor Amor est jeune et l'assume ! 

Amor Amor a su conquérir son public, mais il reflète aussi la personnalité d'un peuple dont l'histoire, l'art et le patrimoine culturel et musical oscillent entre des phases euphoriques et d'autres plus dramatiques. Il porte en lui l'ardeur, la fougue opposée à la douceur, le claquement brutal des talons, la courbe du roulé sensuel de poignets ou de jambes, le flottement du jupon de tulle, comme un coeur de flamenco. Un flamencorazon ?

Petit conceil : oubliez les variantes trop nombreuses et très vairées, car quitte à assumer, autant préférer Amor Amor L'Absolu, ou Amor Amor Elixir Passion, plus denses et fidèles à l'original.

Illustration : danseuse de flamenco, Cacharel.

jeudi 10 mai 2012

Violet Blonde - Tom Ford 2011 : faites courir le bruit...

 

Il se murmure que Tom Ford, même si l'on connait ses penchants pour la gente masculine, serait parfois interloqué par le parfum de certaines femmes. En esthète, il observerait, mémoriserait, demanderait parfois ce que ces femmes portent et s'en inspirerait ensuite, pour créer ses parfums. A n'en pas douter, tout en reconnaissant que les inspirations ne sont pas des moindres et que Tom Ford sait ce que beau veut dire et ce qu'il veut, il faut bien admettre que ses créations sont "inspirées". Et c'est exactement ce que je pense de Violet Blonde.
Pourtant, force est de constater que Violet Blonde reprend une trame très classique mais au combien noble de bergamote, de violette, de clou de girofle, d'iris et de jasmin, assez classiquement utilisée dans les années nobles de la parfumerie dans les grandes références de Caron et de Guerlain. Ainsi, à l'aveugle, il pourrait presque prétendre à ces deux marques. Ce qui fait sa particularité, c'est l'accentuation de l'accord "banane/vernis à ongle" caractéristique du jasmin et nécessaire pour en créer un beau, mais qui est ici soutenue par une note verte et assez végétale, un peu comme dans Vanille Galante, qui pourrait être dû à un absolu tiaré de belle facture. Un stade poudré irisé se dévoile ensuite, mais un peu à la manière d'un Bas de Soie, comme une violette grisante qui "électriserait" l'accord. Sur peau, le parfum se fond dans les épices comme le clou de girofle, la cannelle, pour laisser place à un accord de bois de santal lacté, doux, onctueux, à la limite du café "moka". Les potins racontent qu'à ce stade, il y aurait déjà un peu de Samsara ?

Il se murmure pourtant que cette violette électrique serait blonde ? Il faut alors se pencher sur le sillage : celui-ci me frappe car il n'est pas vraiment rétro pour autant, même si l'on peut aisément le qualifier de "vintage". Il est plutôt très solaire, polarisant, jouant entre un ylang-ylang exubérant, et un tiaré à fleur de peau soutenu d'une pointe de vanille fine et légère. Traversé par la violette irisée, poudrée et fusante décrite plus haut, le sillage peut faire penser à du Monoï. Il se murmure aussi que tel ce que pourrait porter une belle blonde à la peau bronzée, il rappellerait vraiment beaucoup le regretté Ylang Vanille de Guerlain, en plus "sec". Il y a pire non ? Pourquoi ne pas alors chuchoter à l'oreille de femmes qui aimaient ce parfum qu'elles peuvent enfin, peut être, se retrouver dans cette blonde habillée de violette, qui n'est est pas vraiment une.

Regarder la couleur des yeux de Blake Lively, n'y a t il pas un peu de Violet dans cette blonde gossip girl en puissance ? Noble, solaire et exubérante, cette blonde ne dira pas son secret, sa peau bronzée et sa chevelure électrise, mais elle cachera ses inspirations et ses références, bien évidemment : ses codes sont de grands classiques !! Gossips, gossips, ou réalité ? Il se pourrait bien que ceci ne ne soit que du potin de Méchant Loup ? Mettez vos nez à l'épreuve, et faites courir le bruit ... 

Illustrations : Blake Lively, Tom Ford,