samedi 29 décembre 2012

Se souvenir de 2012 !

2012 fut une année difficile sur le plan personnel, marquée par de lourds changements, mais c'est aussi une année qui laissera quelques souvenirs parfumés parmi les plus beaux. Reconnaissance des parfumeurs par le ministère de la culture, cérémonie des Fifi à une table qui raflait tous les prix, ouverture de l'énorme boutique Jovoy à Paris, atelier de Noël par Jean Paul Gaultier, naissance de petites marques passionnantes et découverte de parfums intéressants, l'année 2012 a aussi été riche de belles expériences parfumées. Pourtant, l'une d'elles se démarque, car dans la vie d'un passionné de matières premières à parfum qui aime créer, que rêver de plus beau que de visiter en Mai la récolte des roses Centifolia réservées à la fabrication de l'extrait de parfum du N°5 de Chanel ?

Y a t il un parfum plus subtil que celui de cette rose ? Sans doute, pourtant, l'absolu reste un vrai délice et une de mes matières favorites. Pour moi, elle est d'une délicieuse douceur sucrée comme un loukoum, très fine et pourtant si riche par ses facettes qu'elle connecte avec quasiment toutes les familles de matières, des bois aux autres fleurs fines. Dès l'arrivée à l'aéroport de Nice quand nous entrons avec Sophie de mybluehour dans le taxi qui nous emmène aux champs, la rose centifolia exhale sa présence, diffuse, très fine, subtile, mais bien là, elle signe déjà la visite.

Nous arrivons alors devant cette étendue de fleurs roses, et là, c'est l'extase, ça sent partout autour de nous."Tout cela n'est réservé qu'à l'extrait de parfum du N°5 et réussit à faire tenir tout ce petit monde, des exploitants à la distillerie, en passant par les cueilleuses ?" "Et oui, nous ne travaillons que pour Chanel et pour l'extrait de parfum du N°5 uniquement",  me répond le propriétaire avec passion et conviction.
Nous découvrons alors que les dernières technologies ont été développées pour cultiver cette fleur précieuse et limiter les dégâts et les aléas de la météo : irrigation par le sol, arrosage "au cordeau" en fonction du besoin, sillon entre les rangs mesuré au millimètre, rien n'est trop beau.
Par un soleil radieux (ce qui était loin d'être évident en Mai dernier), nous nous amusons à essayer de cueillir, mais il faut un vrai tour de main, un savoir faire, que les petites mains expertes font quasiment par automatisme. Les sacs se remplissent et partent à la distillerie à 200m de là sur un tracteur. Passé à l'extracteur puis en distillation, le résultat est à la hauteur : l'absolu porte bien son nom. C'est absolu ! 

Quand je sens le N°5 en extrait, cette rose est bien là, avec ce bel iris poudré, le jasmin, l'ylang, le néroli, la vanille et les aldéhydes, si originaux, qui apportent cette lumière, ce scintillement, et font de cet extrait la plus belle version, qui semble ne pas vieillir. Il reste constant, fidèle, comme un bâtiment Art Déco immuable qui n'aurait pas pris une ride, après 92 ans en 2013 ! 

Sur ces notes de roses, je vous souhaite un excellent réveillon de fin d'année et vous donne rendez-vous en 2013, au moins le 10 Janvier pour ceux qui viennent fêter les 4 ans, et peut être avant pour un petit mot ici ! 

Merci pour votre fidélité !

Illustration : photo personnelle et Chanel.

mercredi 19 décembre 2012

Olfactorum fête ses 4 ans chez Marie Antoinette et vous fait voyager !

Vous vous demandez sans doute ce qui se trame depuis hier, vous languissez, vous n'en pouvez plus tellement le suspense est difficile à supporter ? 

Et oui, c'est presque passer sous silence, mais en Novembre dernier, Olfactorum a eu 4 ans ! Déjà, et c'est passé si vite ! Presque 300 d'articles, même si 2012 a été globalement beaucoup plus calme, toujours autant de passion et d'intérêt m'animent, et surtout, aussi, du travail en parallèle, des rencontres et de belles découvertes ! 

Pour fêter cet événement, je vous propose de nous retrouver autour de quelques bulles, de macarons et de belles senteurs chez: 

Marie Antoinette
Place du Marché Sainte Catherine dans le 4e arrondissement 
le 10 Janvier 2013 de 18h à 21h maximum. 

Pour Méchant Loup, c'est aussi l'opportunité de vous faire découvrir trois créations personnelles, qui seront présentées sous forme de vaporisateurs pour le linge ou la maison. Trois univers très différents, dans lesquels j'aurais le plaisir de vous faire voyager pour une première fois.  

Je remercie d'avance celles et ceux qui auraient envie de passer faire un tour d'avoir envie de venir, mais également de me prévenir par mail avant le 27 Décembre sur olfactorum@gmail.com afin que je puisse estimer le nombre potentiel de "visiteurs", pour des raisons logistiques. La boutique est petite, il sera important de ne pas trop s'attarder à l'intérieur si nous sommes nombreux. 


Je vous donne donc rendez vous d'abord par mail, puis sans doute ensuite en "live" le 10 Janvier, et je remercie par avance Antonio et Jean Marie d'avoir accepté d'accueillir cet événement.

Passez tous de très bonnes fêtes de fin d'année !

Marie Antoinette, place du marché Sainte Catherine 75004 Paris, Métro Bastille ou Saint Paul. 

Illustrations : bougies allumées, façade de la boutique.

mardi 18 décembre 2012

Demain sur Olfactorum : ah ah ah, mais que se passera t-il ?

Demain, sur Olfactorum, une irrésistible envie de vous déplacer pourrait vous gagner, vous ne pourrez plus faire marche arrière, mais je n'en dis pas plus, ce serait un comble... 

Suspens, interrogation, tension, allez vous réussir à dormir ? Que mijote ce Méchant Loup encore ? Pour le savoir, rendez vous demain soir, ici, sur Olfactorum !

Bonne nuit !

lundi 3 décembre 2012

Mathilde M : ambiance en finesse !

Il est des boutiques devant lesquelles on passe sans jamais s'arrêter, puis il y a celles qui attirent l'attention. Souvent, c'est pas une vitrine, une ambiance, un objet. Dans le cas de Mathilde M, ce n'est rien de tout cela qui a attiré mon attention, mais bien autre chose. Cheminant parmi les rues chics de Lyon un après-midi de septembre, je fus interpelé par une odeur : un parfum qui me rappelait Teint de Neige de Lorenzo Villoresi, subtile alchimie d'un accord fait de rose et d'ambre !

J'entre alors dans la boutique pour regarder quelques objets dont la particularité est de se décliner dans des tons beiges et pastels, d'une belle douceur. Objets pour la maison, pour le bébé, pour le linge, petits meubles en bois, mais aussi et surtout, ce qui attise ma curiosité, les parfums d'ambiance et les bougies. Je demande donc au vendeur qui tient à la boutique : "mais quel est donc cette odeur que l'on sent partout" ? Il m'avoue alors que c'est sans doute un assemblage de plusieurs des parfums ici présents. Je m'en rends compte assez vite en effet, mais je lui demande tout de même d'en découvrir quelques uns ainsi que ses préférés. Il se dirige alors vers Fleur de Cotton, qu'il avoue bien aimé et bien vendre, et que j'estime dans la lignée "tilleul-musc" d'un Eté en Douce. Il me fait également découvrir Coeur d'Ambre, très doux, et Rose ancienne, que je retiendrais personnellement pour un achat car c'est une rose "cocon", fine et subtile. Les autres me paraissent plus classiques, dans la tradition des figuiers et en droite ligne du N°5, mais toutes les compositions sont harmonieuses et finement exécutées. Bref, j'apprécie l'ambiance, la boutique, l'accueil, la gamme, les prix tous doux, et la boutique Mathilde M fait ainsi partie des belles découvertes lyonnaises. 


Je ne vous ai pas dis, mais François, c'est son prénom, m'avoue à la fin à mi-mots qu'il est spécialiste du développement d'ambiances olfactives, qu'il a développées ces produits et qu'il aide quelquefois à la boutique lyonnaise. Je lui dis alors être entré par le parfum dans la boutique. En était il fier ? Je ne l'ai pas su, mais sans doute !

Mathilde M inaugure ce jour, lundi 3 décembre 2012, une boutique sur Paris, au 10 rue Lagrange dans le 5e. Peut être l'occasion d'une petite balade ? 

Illustration : Mathilde M.

dimanche 18 novembre 2012

Relique d'Amour - Oriza L.Legrand 2012 : émotions vécues.

Je ne vous répèterais pas que le parfum, c'est avant tout et surtout de l'émotion. Faisant souvent appel à nos souvenirs les plus profonds, il éveille en nous ce petit quelque chose de vibrant qui fait que l'on s'y intéresse d'abord, puis que l'on s'y attache ensuite. Pour l'histoire de la marque Oriza L.Legrand, je vous invite à faire une recherche internet car ici, le propos n'est pas de la présenter de nouveau, mais de parler d'un des parfums : je résumerais seulement en disant que passion et histoire du parfum, beauté, qualité et fabrication française ont été prédominants dans les choix effectués par les créateurs.

Lorsque j'ai senti Relique d'Amour, je me suis immédiatement senti envahi d'une émotion étrangement familière et très en rapport avec le sujet dont me parlait la charmante Agnes qui me le présentais : l'évocation d'une chapelle, dans laquelle aurait été déposé un bouquet de lys ! Pourtant, même si je trouvais ce parfum parfaitement évocateur de l'idée, je n'arrivais pas consciemment à rattacher mon esprit à une référence, à mon vécu. Hasard de la vie et coïncidence étrange, trois jours après, c'est en entrant dans la chapelle du collège des Bernardins, magnifique abbaye cistercienne située dans le 5e Arrondissement de Paris que je fus connecté à Relique d'Amour. Il émanait de cette chapelle aux voutes grandioses et hautes de plafond une sensation olfactive très proche du parfum que je découvrais très peu de temps avant. Impossible de passer à coté.
La chapelle en question était humide, avec une note de mousse assez prononcée, de pierres sèches et calcaire, d'encens, de bois ciré, de térébenthine et d'huile de lin (véridique, car il y avait l'exposition d'un peintre contemporain lors de ma visite), d'eau bénite et d'un bouquet de lys posé dans un coin. C'est exactement ce que voulait évoquer la marque. Le Lys étant travaillé dans Relique d'Amour autour d'un accord de fleur d'oranger légèrement aqueux, d'encens, de bois ciré et d'huile de lin apportant une note très liée aux églises. Le poivre noir achevant de faire le travail avec la peau si vous le portez, car cette épice, par certaines de ses molécules grasses, s'accrochera à votre chair.
Relique d'Amour est un parfum qui rien que pour cette adéquation entre l'idée et le résultat mérite le détour, et parce qu'il est transgressif par ces notes et apporte un champs olfactif vraiment nouveau, rencontrera sans doute un public fervent d'architecture et d'univers gothique, de voutes ciselées, de vitraux colorées de bleu, de métal et peut être même d'ambiances sombres et floues. Le premier parfum "gothique" ?? Qui sait ?

Un grand "Bravo", et une grande envie d'encourager la marque, dont les quatre premiers parfums méritent que l'on penche ses narines dessus, sans exception.

Illustrations :  photos personnelles de ma visite à la Chapelle du Collège des Bernardins Paris 5e, Oriza L.Legrand.

samedi 10 novembre 2012

Musc Tonkin - Parfum d'Empire 2012 : diamants, fourrure, caviar, cuir et volupté.

Avant d'aborder Musc Tonkin, il est opportun d'évoquer ce qu'est le résinoïde styrax. Cette résine végétale obtenue à partir de l'arbre nommé styrax tonkinense, est, après avoir été traitée, utilsée en parfumerie sous forme d'une pâte fluide qui se dilue facilement dans l'alcool. Son odeur est à la fois cireuse, douce, animale et miellée, avec des accents d'encre de chine. Cette matière a aussi la propriété technique d'être assez "souple" dans un parfum, agissant ainsi dès les notes de tête et sur le coeur du parfum, ce qui permet d'arrondir la composition et de lui donner du liant. Ces propriétés ainsi que ces caractéristiques olfactives sont de ce fait assez proches des muscs animaux qui étaient utilisés avant en parfumerie, sans les notes trop fécales ni autant de facettes que certains, mais c'est déjà bien de pouvoir se dire, en tant que parfumeur "il existe au moins un musc végétal, le styrax", et quel confort. C'est donc un bel hommage rendu à ces muscs aujourd'hui que nous propose en édition limitée Parfum d'Empire !

Avec Musc Tonkin, le styrax entre en majesté. Ici surdosé, c'est la première note que l'on sent en vaporisant le parfum. Il apparait donc assez animalisé au premier nez, mais c'est surtout dans l'évolution sur peau que se dévoile la richesse et l'opulence du parfum. Le styrax étant une note à priori pas franchement évidente au premier abord, le travail de Marc Antoine Corticchiato a consisté à lui donner une forme, à l'alléger, à le faire respirer. C'est ainsi que le parfum glisse sur une trame jasminée-rosée très lumineuse, dont l'évocation et l'effet me font penser immanquablement au scintillement des diamants bruts montés sur une magnifique parure ciselée, l'accord trouvé étant même quasiment minéral. Il est difficile d'en déceler les composants précis, mais l'ensemble est très fin, très subtil et très doux ; j'ai comme l'impression que le parfum "renarde" comme un bon Bourgogne, et miaule comme un chat heureux au pelage aussi soyeux que la belle fourrure d'une panthère noire. Le fond est aussi riche qu'un chypré noble, avec du patchouli, de la rose et sans doute un peu de labdanum pour accentuer le coté animal et minéral.  Une note "salée" très originale donne au parfum la même texture finale et la même noblesse qu'un caviar Béluga, c'est dire ! 


Diamant, caviar, Bourgogne, fourrure, cuir, Musc Tonkin est un parfum qui appelle à la volupté. Dans la forme et par ses notes, il s'approche de Cuir de Russie de Chanel, dans l'idée et par certains aspects, il serait proche de Dans tes Bras, mais il va plus loin. Disons que si Dans tes Bras s'arrête aux câlins et aux caresses, Musc Tonkin pourrait bien faire qu'il se passe autre chose sous la couette en ces longues soirées d'hivers...suaves. Un des plus beau lancement de l'année selon moi.

Illustrations : Parfum d'Empire, Charlotte Rampling pour soyons-suaves.

lundi 29 octobre 2012

Lancôme avant, Lancôme cette année....

C'est en feuilletant un livre sur les plus belles photos de Bettina Rheims que m'est venue l'idée de rebondir sur l'article de Sophie (ici) et Juliette (ici) au sujet de Lancôme, pour en rajouter une louche, puisque la marque n'hésite pas à nous tartiner de sucreries.

Avant, Lancôme, c'était Bettina Rheims, la toile de Jouy, la rose, la vraie, tendre et délicate, de belles matières et surtout, un style, sobre et élégant. C'était Trésor, une référence. Alors que si l'on s'y intéresse un petit peu, beaucoup de marques de luxe misent sur la sobriété et la discrétion pour afficher un vrai luxe, travaillé sur du détail, Lancôme propose cette année une espèce de parfum qui n'a rien a voir avec cela. 

Prenez une bonne grosse louche de sucre et ajoutez y une bonne grosse dose de boosters pour que ça sorte du lot chez Sephora, et lancer l'envahisseur en promettant qu'il changera votre vie ! Ben voyons, c'est connu, ce genre de parfum transforme votre vie en un bonheur immense ? Surtout, insistez bien pour dire que vous avez fait beaucoup d'efforts pour en faire le plus beau parfum du monde (5000 essais, mon oeil, dont la plupart sont sans doute des ajustements pour trouver la meilleure adéquation économique), mentez, c'est plus crédible (le premier iris gourmand, c'est faux), et dites que vous êtes allé à l'autre bout du monde pour chercher le patchouli et l'iris, (là, on vous prend vraiment pour des c...).
Aujourd'hui, Lancôme pourrait faire sa pub dans nunuche magazine, avec non plus des photographes de talent, un vrai sourire et une belle toile tissée pour faire une campagne, mais un banal travail sur photoshop. Même les parfumeurs revendiqués semblent avoir été choisis pour leurs noms, et pas pour leur talent..... Le pire dans tout cela, c'est que vous croisez maintenant dans la rue des femmes et jeunes filles, influençables sans doute, dont le style élégant tranche avec ce parfum (ce truc ??) qu'elles portent. Aurait-elles oublié leurs propres vies, leurs vraies émotions au point de ne plus penser qu'il existe quelques merveilles qui pourraient mieux correspondre à leur personnalité ? Oui, sans doute, à cause du matraquage.

 

La Vie est Belle me révulse, et je ne suis pas le seul. Il véhicule tout ce que le parfum ne devrait pas être, c'est à dire une boite de sucre vendue au prix d'un parfum de luxe, et si je peux moi aussi contribuer à ce que certaines femmes se tournent vers autre chose car elles auront lu plusieurs articles le décrivant comme un parfum débile, et bien c'est tant mieux, les rues seront vraiment plus belles. Beaucoup parlent en coulisses, mais se taisent et s'inclinent devant la marque, Méchant loup ouvre sa gueule, en leur nom aussi ! Olivier Polge, Dominique Ropion et Anne Flipo aimeraient sans doute également qu'on leur demande de faire plus souvent des Dior Homme, Portrait of a Lady ou La Chasse aux Papillons, plutôt que du Carambar au sourire photoshopé ! Qu'on se le dise !

Lancôme redeviendra t elle une vraie marque de luxe?

Illustrations : Lancôme, Bettina Rheims, Nunuche Magazine.