jeudi 31 décembre 2015

En 2016, chaleur et transparence...


L'année 2015 se termine, et voilà que s'annonce la suivante. Pour tourner la page il semble que cette nouvelle année se présente sous un jour plus léger, plus vivant, autour de la chaleur et de la transparence. 

Tons chauds et matières précieusement luxueuses seront sans doute mises en valeurs dans les lancements qui s'annoncent : Cuir Vétiver chez Yves Rocher promet du cuir et du bois, tout comme Armani Code Profumo, dont les couleurs automnales d'un dégradé qui rappelle l'irish coffee promettent une senteur chaude et enivrante. Chaleur du patchouli profond et dense avec Monsieur chez Frédéric Malle, que l'on a hâte de porter aux narines.  

La transparence se dévoilera dans des tons pastels et irisés, sans doute dans des travaux qui exploitent de nouvelles molécules plus transparentes et scintillantes que les sociétés de matières premières présentent régulièrement. Les flacons se font rose soyeux, vert jade, blanc pur ou transparent, comme ceux de L12-12 pour Femme et de CK2. Gourmandise acidulée également annoncée chez Dior, avec Poison Girl, sans doute un futur succès, pour un public plus jeune dont Dior ne souhaite pas se priver. 
Tons irisés également pour ma gamme et mes futurs parfums, dont les packagings changeront pour mieux coller aux nouveautés sur lesquelles je travaille et apporter un peu plus de couleur et de gaîté dans un univers repensé. 

Voilà, voilà pour le moment ce que nous connaissons de se qui s'annonce, et, sur ce dernier court article, je vous souhaite un bon réveillon et une excellente année 2016. 

Illustrations : David Lachapelle, Lacoste, Armani.

lundi 14 décembre 2015

Ecrire...ou pas ?

Bonjour à tous. Vous l'avez sans doute constaté, mais depuis le mois d'Octobre, je n'ai pas publié un seul article. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi mais ce constat de la page blanche s'explique sans doute par plusieurs facteurs. 

Tout d'abord, l'année 2015 a été marquée de mon coté par la commercialisation de 5 premiers parfums, et cela demande un peu de temps, de concentration et beaucoup d'organisation pour que ce qui n'était qu'un lancement "avec le moyens du bord" devienne quelque chose de plus ludique, de plus sympathique et de plus à l'image de ce que je veux apporter en 2016. Sans doute vers Mars, juste avant le printemps, il y aura donc une nouvelle identité qui passera par de nouveaux flacons, des packagings revus et plus qualitatifs, deux nouveau parfums et un Ma Garrigue revue pour en faire une vraie Eau de Parfum et l'intégrer à part entière et définitivement à la gamme. 

Ensuite, l'année 2015 ne m'a pas vraiment marqué par ses lancements. Des parfums grand public assez plats et souvent construits sur des accords ou des travaux vus et revus, dans le but d'être efficaces mais pas vraiment créatifs. La prolifération des marques de niche crée aussi le trouble et le doute quant à ce que la parfumerie véhicule. Ici aussi, un positionnement prix élitiste ne signifie pas forcement beaux parfums, belles matières et créations qui font vraiment voyager. Trop souvent, on trouve encore du "Séphora +" à savoir des parfums qui n'apportent pas grand chose, autour de notes vues et revues, mais vendus plus cher. C'est assez déconcertant. 

Puis j'avoue, je suis en pleine période de page blanche, je ne trouve pas les mots ni la motivation pour écrire, même si j'ai encore quelques sujets dans les tuyaux. 

Je ne vous cache pas non plus que j'entame des démarches pour peut être un jour faire de la création de parfums mon métier, car cela m'anime, m'habite et me motive, mais le chemin est semé d'embuches et compliqué pour un autodidacte. 

Je vous demande donc un peu de patience avant que je ne retrouve un angle et l'envie de faire partager ce qui reste pour moi une passion. je vous dis à très bientôt en espérant vous retrouver aussi nombreux. 

Bonnes fêtes de fin d'année à tous. 


lundi 5 octobre 2015

Boss Bottled Oud - Hugo Boss 2015 : la boucle est bouclée.

Dans un article sur Aqua Di Parma Colonia Leather, je mentionnais un accord phare de la parfumerie, porté par le succès d'un parfum grand public : Boss Bottled. Depuis presque 20 ans, son succès est toujours installé et se maintient au mieux dans les ventes, et sa composition par Annick Ménardo est reconnue pour sa qualité. L'accord en question est construit autour de la pomme, de notes fruitées et framboisées, de bois de cèdre et d'une structure vanillée-cuirée. N'aurait-il pas été décliné ? Ah ah ! 

Poussez le à l'extrême dans Tuscan Leather de Tom Ford, où la framboise et les notes fumées ressortent principalement, il structure le parfum. Pour Colonia Leather, un de mes coups de coeur récents, assouplissez un peu la proposition autour des notes classiques de Colonia, et une petite pointe de foin. Digressiez légèrement l'interprétation chez Francis Kurjdjian, qui compose son Oud autour de cet accord, en lui donnant de la rondeur et de la souplesse. Un très joli "oud doux", comme j'aime à dire. Prenez ces deux derniers et mariez les pour vous arrêtez sur un compromis entre les deux, un oud fruité et boisé sur fond très doux, vous obtenez Oud Saphir d'Atelier Cologne. Cette année, revenez sur Boss Botlled, en prenant appuis sur un parfum déjà développé chez Procter, L'amoureux 6. 

Dans Boss Bottled Oud. L'envolée orangée très dynamique est relayée par le fameux accord "boisé fruité" orchestré par l'original, puis, le coeur est greffé d'un accord oud assez léger et finement ciselé, puis d'une construction cerise noire et de réglisse d'un bel effet. Le fond boisé de cèdre, vétiver et santal comme je le disais s'avère être étonnamment agréable et raffiné au porté, où sur moi, le vétiver chaud prend le dessus. Un des rares parfum que je porte qui encourage quelques compliments spontanés (et oui !). 

Avec cette dernière déclinaison, c'est un peu comme si la boucle était bouclée, comme si Boss Bottled avait trouvé dans cet ultime version un nouvel équilibre peut être plus dans l'air du temps, sans avoir perdu son aura d'origine. 

Illustrations : nejmacollection.com, Hugo Boss, Atelier Cologne.

dimanche 27 septembre 2015

Selfie d'Olfactive Studio, Aesthete de Le Galion : idoles des jeunes ?

Mais quel est donc le rapport entres ces deux parfums et le titre d'une chanson à succès des années 60 ? Aucun ? Ah ah ah, je suis sûr que vous êtes curieux de connaitre la réponse car moi, et bien j'en vois un. Il se situe dans une des matières premières clef de ces deux nouveautés, le davana. Thomas Fontaine et Vanina Muracciole travaillent ensembles depuis longtemps (savent-ils que j'aime leur travail?), à la fois chez Jean Patou, mais aussi sur des projets plus petits comme ces deux derniers. 

De Selfie à l'idole, s'aimer, se photographier soi même et devenir une sorte d'idole pour ses amis, le pas est facile ! Pour Aesthete, esthétique, esthète, qui aime le beau, idolâtrer une oeuvre est primordial. Mais pourquoi je tiens tant à insister sur le mot Idole

La réponse, bien que sans doute un peu tarabiscotée, est qu'Idole, un des parfums clé de Lubin, est un des tous premiers parfums à contenir et à mettre en valeur le davana, dans sa version Eau de Parfum.

Le davana est une matière riche et hyper facettée, qui sent le cassis mais avec une petite pointe pétillante et un spectre d'évolution assez long, qui lui permet de bien connecter avec l'ensemble des matières dans une création. Très présent en tête, ses notes sucrées accrochent facilement avec des notes boisées en coeur, et un fond assez crémeux, presque cuiré, permet quelques fantaisies sur les notes de fond, en matchant bien sur des notes fumées, cuirées et safranées en particulier (en tout cas dans ce que je comprends de cette merveilleuse matière fruitée). 
Dans Selfie, le davana donne ce départ très confit de fruits cuits (il me semble avoir déjà évoqué cela avec Céline Verleure d'ailleurs) pour partir ensuite vers des notes de sirop d'érable, proches de la noix, sur un fond assez santalé et quelques inflexions de oud. Vous voulez qu'on vous admire, foncez !!! Dans Aesthete, le départ est également confit et très fruits cuits également, mais il est travaillé autour d'un encens très appuyé et pointu, de notes boisées plus douces, rondes, chaudes et d'épices safranées, pour qu'il devienne très confortable, rassurant, assez "suédine fumée" dans son évolution. Vous appréciez la beau, n'hésitez surtout pas !!!

Les deux jeunes présentent plutôt bien et séduiront sans nul doute quelques idoles chez les jeunes, avec un coup de coeur personnel pour Aesthete (normal, j'aime le davana et les notes cuirées), mais l'ancêtre, notre cher Idole, ne retrouverait-il à travers ce spectre d'interprétations différentes, une nouvelle jeunesse ? A vous de voir !

Illustrations : Scentvision, Olfactive Studio, Le Galion.

jeudi 17 septembre 2015

Equipage Géranium - Hermes 2015 : s'équiper d'une claire élégance.

Déjà séduit l'an dernier par la réécriture de Bel Ami, ourlé de notes boisées et de praline, charmé par Le Jardin de Monsieur Li qui a pris depuis une place toute particulière dans ma vie, je m'étais penché sur la redécouverte d'Equipage, pour ne pas oublier ce beau boisé épicé construit sur un accord classique de "Fougère" : lavande, géranium, mousse de chêne, épices chaudes et froides donnent à ce parfum un caractère unique, assez "papa propre", mais toujours élégant. 

C'est avec une petite crainte de le voir trop modernisé que je me suis offert le tout dernier né, sans même pouvoir le sentir en démonstration, comme cela avait déjà été le cas avec Bel Ami Vétiver. Arrivé chez moi, assez impatient à vrai dire, je vaporise le parfum, et décide de passer la soirée avec, puis une journée entière... et j'avoue ne pas du tout être déçu par cette nouvelle écriture. 

Sans trop dénaturer l'original, je trouve ce dernier bébé plus clair et plus facile d'approche, sans qu'il ne perde pour autant son originalité et sa signature assez marquée. En effet, malgré sa structure plutôt classique, Equipage défend un sillage reconnaissable et assez unique, porté par une bonne dose de cannelle et une pointe de vanille. Le patchouli, boisé et terreux, lui donne une certaine profondeur. 

Dans le nouveau, cette profondeur s'atténue au profit d'une nouvelle lumière. Le patchouli disparait pour laisser place au santal, plus doux et plus lacté, qui apporte une souplesse et de la rondeur. La structure reste pourtant la même, car on retrouve bien un accord floral et végétal, très contemporain, plutôt comme une interprétation du géranium que de manière figurative (quelques notes "à effet" aident à cela). La lavande, la cannelle et les autres épices qui font la force d'Equipage répondent à l'appel. J'aime particulièrement le fond, presque cuiré et fumé, mais de manière très discrète et subtile, et qui donne au parfum, sur peau, un coté Anteus voire même Bandit en plus légers, signature d'une belle fougère cuirée qui se respecte. Le sillage reste bien sûr très propre, très "savon à barbe", comme pour ne pas dénaturer le propos.

Dans la mouvance d'un dandy chic, propre sur lui et nostalgique, parfait pendant olfactif des dernières collections homme "ocre et vert anis" de la marque, Equipage Géranium donne un souffle nouveau à une écriture déjà belle et signée. Pour les papas propres "barbés" et bien dans leur baskets, il y avait Bayolea chez Penhaligon's, il y avait Le Mâle en grand public, maintenant, Hermes propose sa propre écriture, sobre, chic, élégante. Du beau qui fait du bien !

Illustrations : Hermes.

lundi 3 août 2015

Ultra Mâle et Olympéa : caramel mode.

Le caramel au beurre salé fait sans doute partie des petits plaisirs bien français qui entre dans notre culture et dans l'inconscient collectif. Sur une crêpe ou cuisiné plus finement, c'est toujours un régal en bouche si l'on en abuse pas trop. Deux nouveautés de la rentrée le mettent à l'honneur, et pour une fois, je trouve que c'est plutôt pas mal. 

Sans bouleverser radicalement la structure de Le Mâle, Ultra Mâle propose néanmoins de vraiment passer à autre chose et surtout, de se glisser dans notre époque. On y retrouve bien la fougère fraîche de l'original faite de géranium, de menthe et de cèdre, mais elle part ici sur un thème amande-caramel salé qui lui va plutôt bien (petit clin d'oeil de l'Utra Man à l'Homme Idéal au passage). Le tout est structuré autour d'un bois ambré relativement couru de nos jour et beaucoup senti, mais, un peu à la manière de ce qu'il a fait pour Carven Homme, Francis Kurkdjian sait faire en sorte que cette matière n'envahisse pas, appuie et soutienne le reste, tout en lui donnant un coté contemporain. Le sillage est très présent, le parfum est tout de même assez signé, et il me fait penser à ces orientaux frais et capiteux à la fois comme Jaïpur, un peu oublié de nos jours mais que l'on a toujours plaisir à croiser. Ultra Mâle, c'est le caramel en mode détente, comme sur une crêpe pour le dessert. 

Pour le plat, la suggestion se portera sur Olympéa, qui s'avère être une belle surprise. L'effet vanille salée revendiqué est assez surprenant, très original et pour le coup, apporte un vrai propos. Ce départ vert, vif et croquant qui fait penser à une noisette verte fait presque saliver, et je me prends à le comparer un la dégustation de ces plats de cuisine moléculaire où les saveurs explosent en bouche de manière assez inhabituelle. Cette envolée serait un peu celle de Womanity pour le coté saveur sucrée-salée, mais elle se fait beaucoup moins brutale, plus contenue, savoureuse en somme. La suite du parfum reprend la trame d'autres parfums à succès de Dominique Ropion, à savoir un passage de rose sucrée vaporeuse à la Very Irresistible, mais là aussi, relativement bien dompté. Le sillage et le fond reprennent des traits à Alien Essence Absolue, une référence, le cachmeran en moins dosé, mais toujours avec ce coté vanille aux pruneaux et ce jasmin solaire et magnétique. Olympéa, c'est le caramel en mode fusion, porté par une déesse qui j'espère, chassera pour de bon les idées noires de celles qui pensent que la vie est belle parce que leur parfum se nomme ainsi. La messe est dite !

Illustrations : Présentation autour du caramel au beurre salé, Jean Paul Gaultier, Paco Rabanne.

dimanche 12 juillet 2015

Eau de Cartier Vétiver Bleu - Cartier 2015 : bleu poudreux.

Après l'Eau de Thé Bleu, continuons dans le bleu puisque la mer, le ciel s'offrent à nous en ce moment dans de belles nuances autour de cette couleur, pour notre plus grand bonheur. 

Cette année, pour la déclinaison de l'Eau de Cartier qui semble être devenue une habitude, après un Zeste de Soleil particulièrement vif et pétillant, Mathilde Laurent a choisi de travailler autour du vétiver. Le registre est différent, le rendu aussi. Travaillant toujours par aplat à partir de la formule originelle de l'Eau de Cartier, c'est ici un aspect plus sombre, plus chaud et plus dense qui est exploité. On reconnait dès l'envolée les notes habituelles de l'Eau, mais c'est au fur et à mesure que se dévoile la richesse d'un vétiver voulu "bleu". Pas forcément évidente cette idée d'associer le bleu au vétiver, pourtant, c'est bien à un tableau de Yves Klein que ce parfum me fait penser : densité d'un bleu profond et unique, d'un aspect poudreux. Ce vétiver présente également des facettes orientales, car il est traité ici avec des notes amandées et vanillées qui, pour moi, font un peu écho au travail sur Vétiver Oriental de Lutens, et, dans la maison Cartier, à feu Le Baiser du Dragon

L'impression sur touche est un parfum diffus, qui ne tient pas beaucoup. C'est impression est trompeuse, car sur peau, la richesse du vétiver, soutenue par les notes chaudes est présente toute la journée, jouant de la fraîcheur des notes classiques de l'Eau et des facettes poudreuses et orientales de ce vétiver bleu. Il ne fait qu'onduler dans le sillage de celle ou celui qui le porte. La patte Mathilde Laurent est bien là, car on y retrouve un peu de ces notes irisées-boisées que l'on voit dans ces créations récentes comme Déclaration d'un Soir par exemple. 

Encore une fois, L'Eau de Cartier Vétiver Bleu réussit à innover et à proposer quelque chose d'original et de jamais vraiment senti autour d'un thème connu. 

Illustrations :  hommage à Tennessee Williams par Yves Klein, Cartier.