vendredi 26 mars 2021

Myths Woman - Amouage 2016 : vintage bouquet.

J'aime beaucoup cette sensation de découvrir des parfums que je ne connaissais pas et de tout de suite avoir un vrai coup de coeur. Dès les premières notes Myths m'a immédiatement transporté au milieu de la boutique d'un fleuriste, quand les fleurs rencontrent la terre, que les parfums se mêlent et que le décors se colore. 

Envolée de rose et de patchouli relevée par une note très douce qui sent littéralement le "vert" des fleurs, ce parfum se pose ensuite dans une douceur cotonneuse et très cocoon, qui lui donne un aspect patiné très vintage. J'y retrouve un peu d'un parfum que j'aimais beaucoup chez Guerlain, Guerlinande, sorti en série très limitée mais qui était d'une finesse incroyable et convoquait le printemps avec merveille. Myths est plus terreux, plus râpeux que ce dernier, mais l'esprit d'un printemps joyeux rempli des senteurs du lilas, des glycines, du muguet, des jacinthes, des girofles et de la terre mouillée est bien là, pour un voyage olfactif et dans le temps assuré ! 

Une très jolie redécouverte que ce Myths Woman, qui n'a d'ailleurs de woman que dans le nom, car son coté chypré signé et son effet bouquet de fleurs androgynes et vintages à souhait pourrait ravir les amateurs d'Aramis, de Monsieur de Chanel ou de Gentleman de Givenchy. 

Illustrations : expo Purple Rain à Paris et parfums Amouage. 

samedi 20 mars 2021

Tobacolor - Dior 2021 : tabac confit, né.

Faisons une pause sur les ouds de Dior, je reviendrai plus tard sur Leather Oud, car j'ai envie de parler du dernier né en ce premier jour de re-confinement qui annonce le printemps. 

Tobacolor s'ouvre tout en fraîcheur sur des notes de mandarine et d'orange pour évoluer assez rapidement sur un accord de fruits confits : pêche, prune, abricot se conjuguent pour un effet "datte" qui sied bien à ce tabac évoquant l'ambiance des bars à chicha où l'on fume le narguilé. Je ne serais point étonné de savoir qu'il y a un peu d'immortelle dans la formule, car je lui trouve un coté sec, qui peut être aussi dû à l'absolu tabac, une note chaude mais sèche et légèrement amère. Quelques notes ambrées accompagnent le tableau, et sur peau, le fond est vraiment joli, donnant à la fois une sensation de pain d'épice, de fumée de tabac blond, le tout accentué par une note proche de la mousse de chêne, ce qui lui donne un beau relief, une belle profondeur. Pour le situer dans la paysage olfactif actuel, il serait quelque part entre Sables et ses notes de sirop d'érable sous le sable et Ambre Narguilé pour son coté tabac chaud et confortable. 

Un joli tabac confit, né sous de beaux auspices, à porter avec bonheur pour les nouveaux confinés que nous sommes ! 

Illustrations : tabac à narguilé, Maison Christian Dior parfums. 




jeudi 25 février 2021

Complètement f'oud - épisode 3 - Oud Rosewood - Dior 2020 : brute de nuit !

Selon François Demachy, le oud du Laos a plus de caractère que celui d'Indonésie utilisé dans Oud Ispahan et Leather Oud, ce que je confirme. Ce oud du Laos est plus brut, plus animal et plus montant, moins fruité et plus sec, et c'est celui qui est travaillé dans Oud Rosewood. L'impression que ce parfum me donne est un travail de taille autour de cette matière, comme si le parfumeur n'avait pas voulu la dénaturer et s'était appliqué à mettre en exergue les facettes de celle-ci. 

Oud Rosewood est un parfum oud assez brut, comme taillé dans la masse et mis en valeur par quelques notes qui parlent naturellement au oud, comme le bois de rose, le cuir fumé, et un travail évoquant les feuilles séchées. Un coté minéral ressort, appuyé par un aspect fougère légèrement "sale", qui lui conf
ère une belle évolution quand il rencontre une peau chaude ; je ne serais pas étonné de savoir qu'il a utilisé du costus ou du cumin à petite dose, car des éléments de ce parfum m'envoient directement à des fougères des années 80 comme Kouros ou Brut par exemple. Plutôt masculin au premier abord, il peut se révéler très doux et très peau sur une femme. J'imagine une ambiance de fin de nuit où se mêlent cuir et tabac froid, le coté animal de la peau et de la transpiration relevés par le oud. 

Un parfum "brutaliste", instinctif, à fleur de peau, sensuel, comme un roc de oud, à tester impérativement sur la durée pour apprécier sa richesse à sa juste valeur. 

Illustrations : Laurent Sérousi, maison de parfums Christian Dior. 

mardi 9 février 2021

Complètement f'oud - épisode 2 - Oud Ispahan - Dior 2012.



Presque dix ans déjà que Oud Ispahan est sur le marché. Sceptique au début a cause de l'avalanche de ouds lancés dans ces années là, je suis passé complètement à cote de lui, jusqu'à récemment, où j'ai commencé à m'intéresser à ce dernier, devenu un des chef de file des créations Maison Christian Dior après Bois d'Argent. Et pour cause ; il n'est vraiment pas mal ce parfum ! 

Pourvoyeur d'une destination de rêve dont nous sommes malheureusement privés, Ispahan, c'est l'Orient par excellence et quoi de mieux que l'accord magique de la rose et du bois de oud pour évoquer cette atmosphère ? Un oud d'Indonésie, plus doux et très légèrement fruité, mariè à la rose turque. Ce qui me frappe au porté, c'est la densité du traitement, la justesse des notes et l'évolution sur peau, très cohérente et plutôt douce, ce que ne laissait pas penser la toute première impression. Le lien entre les matières est presque évident, à tel point qu'il est difficile de les distinguer une par une, mais elles sont bien là : patchouli légèrement terreux qui attrape littéralement les facettes chaudes du oud et la facette fruitée de la rose, santal et cèdre qui s'attachent aux facettes douces de ces deux matières pilier du parfum, safran, indispensable dans un parfum "oud" et surtout, ce qui me plait vraiment, c'est le miel. Oud Ispahan développe une trame miellée très chaude, légèrement sucrée par la vanille, le ciste labdanum et sans doute un peu de tubéreuse. Cette trame miel fait écho à un autre parfum de la marque et non des moindres, car elle me fait penser à celle que l'on trouve dans Poison. Voilà pourquoi je trouvais Oud Ispahan très "Dior", chaud et sensuel !  

Ce parfum, c'est l'ambiance d'un riad, aux velours rouges soyeux, à l'or omniprésent et dans lequel on siroterait un thé noir et des pâtisseries miellées. Un belle re-découverte que ce parfum qui sur moi, est vraiment joli. 

Illustration : un riad et Maison Christian Dior Parfums. 

mercredi 3 février 2021

Complètement f'oud - épisode 1 - Purple Oud - Dior 2019.

Vous allez sans doute être surpris mais j'ai envie d'écrire sur les quatre ouds proposés actuellement dans la collection maison Christian Dior Parfums, et je commencerais par Purple Oud car il me parle et pour cause. 

Ceux qui ont eu l'opportunité de découvrir Ma Garrigue qui était commercialisé chez Jovoy au tout début du lancement de mes créations verront peut-être de quoi je veux parler, car je trouve la trame de Purple Oud assez proche. Puis, en créant Ma Garrigue, j'avais fait des essais avec les notes fumées et cuirées comme le bouleau et le cade afin de le rendre plus intense, mais je ne suis jamais allé au bout de la démarche car Ma Garrigue n'a pas rencontré son public. Retrouver une trame similaire chez une grande marque comme Dior, travaillée qui plus est avec des notes de oud et de cuir me surprend, me fait plaisir et bien sûr, ne pouvait que resonner en moi et me plaire, comme si la boucle était bouclée. En portant Purple Oud, il se dévoile comme une sorte d'aboutissement de ce qu'aurait été un Ma Garrigue plus fini, plus pro, plus "parfum". Je ne saurais donc que vous conseiller d'aller le découvrir. 

Au premier abord, il peut surprendre par son coté sombre, et c'est en le portant que je me suis aperçu de sa ressemblance avec Ma Garrigue, et que cette trame lui apportait beaucoup de lumière et de sillage. Entre pierre chaudes, terre ocre, aromates comme le thym, sable, note de cyprès, ligne jasminée et orangée, le voyage s'accompagne de manière presque logique et cohérente des notes fumées du oud et du bouleau. Une bien jolie création, bien balancée à mon sens, mais comment pourrais-je penser le contraire ? 

A bientôt pout le prochain article sur un autre de la bande des 4...suspens ! 

Illustration : soleil pourpre trouvé sur internet et maison Christian Dior Parfums. 

mercredi 6 janvier 2021

Cycle 001 - Maison Violet 2020 : si on commençait un nouveau cycle ?

                           

Après avoir lancé plusieurs parfums de facture plutôt classique avec la collection Héritage, la maison Violet a pris un virage à 180 degrés en 2020 en lançant un parfum en édition limitée parfaitement dans l'air du temps. Bien sûr, il était pertinent de relancer cette marque avec des parfums dans l'esprit des anciens, mais entamer un nouveau cycle pour la mettre au goût du jour avec un parfum mixte, bien fait et dont la fragrance colle plus à notre époque la rend désirable pour ceux qui aiment le parfum et la pureté d'un design contemporain, ce dont je fais partie.  

Cycle 001 est un nom parfait pour démarrer l'année 2021 et c'est pour cela que je l'ai choisi comme un symbole de spontanéité, de renouveau et d'optimisme. L'envolée se joue sur un duo de poivre rose et d'une note qui me fait penser à la poire. La graine d'angélique apporte une petite pointe de lumière duveteuse, puis, l'iris Pallida lui donne un aspect poudré très doux et caressant, qui me fait penser au parfum doux du riz Basmati. Le parfum évolue ensuite comme un doudou autour d'une construction faite de muscs blancs à l'aspect velouté, qui sera soutenue par le bois de gaïac parfait pour jouer avec la peau de par ses facettes baumées et fumées. 

Cycle 001 me fait penser à l'intérieur d'une chambre, draps fraîchement lavés et fenêtres ouvertes sur les montagnes autour du lac d'Annecy : il sent la neige, l'air pur, le propre, et se vit parfaitement au quotidien. 

Une très belle découverte, achetée à l'aveugle et sans aucun regret, j'adore, car c'est un vrai doudou ! Le réconfort de Cycle 001 pour commencer 2021 ? Allez, soyons optimistes ! 

Un grand bravo à Patrice Révillard  ! 

Très bonne Année 2021 à tous ! 

Illustrations : Maison Violet et Gabriel Loppé. 




lundi 21 décembre 2020

Eau d'Initié - Exemplaire 2017 : des airs de toi ?


Rares sont les parfums qui me provoquent le trouble, comme une sorte de "je t'aime, moi non plus !"
Découvert d'abord sur touche, j'ai été séduit par les notes chaudes et intimes qui s'étaient posées. Alors, tenté, quand j'ai vu la promotion actuelle de -50% sur le flacon, je me suis laissé tenter : le concept, le prix, le flacon "chanelisant", la promo, l'exclusivité et la marque me plaisaient bien, alors je n'ai pas re-testé le parfum avant mon achat. Pourtant, Maryline, la responsable de la boutique du 334 Rue Saint Honoré, me dit quand même de laisser passer les premières notes pour qu'il se dévoile : et là est bien le problème à coté duquel je suis passé. 
Pourquoi avoir affligé ce parfum de cette tête ? Tout le reste est beau, la myrrhe, l'iris la vanille, l'aspect cuiré et le patchouli constituent en ensemble chaud et attachant sur peau, mais ce coté "malabar tonitruant" a pour effet de littéralement me soulever le coeur à l'envolée et me bloque pour apprécier le reste. Même en le comparant à Allure Homme, qui joue un peu sur les mêmes notes, ce dernier est plus rond, plus doux sur le départ, mais évolue par contre de manière plus linéaire, là ou l'Eau d'Initié se rattrape dans le fond, car la myrrhe fait vraiment ressortir son effet chaud, rond, presque réglissé, et ce de manière discrète. Sur peau, au bout de quelques temps, ça devient joli, mais j'ai un résidu de cette tête qui ne part pas. Je ne regrette pas mon achat, mais je ne comprends pas cette tête criarde et grossière au regard du reste de la structure du parfum, au regard de ce que fait la concurrence sur ce segment prix, là où l'on attend une qualité impeccable, une qualité d'initiés ! 
Si la marque Exemplaire veut renforcer son image parfum, un petit réajustement qualitatif s'impose me semble-t-il sur ce parfum ou sur un dérivé et je dis cela de manière constructive, car la marque à du potentiel, véhicule une image de qualité, possède un concept fort et solide, un beau flacon, mais n'a pas encore bien positionné à mon sens la cohérence olfactive et le prix de son premier bébé. Plus de chaleur, plus de "sombre", plus d'élégance et de profondeur, plus de charme, de mystère et de volupté, comme l'inspire la photo et la voix d'Hervé ci dessus. Des airs de toi sont déjà là, mais plus pointue t'aimerais, chère Eau d'Initié. Qui ne tente pas n'avance pas, et rien n'est perdu car j'y crois ! Et vous, si vous le découvrez, n'hésitez pas à me faire un retour de vos impressions ! 

Illustrations : Exemplaire, Hervé.