samedi 27 janvier 2024

Oud Minérale - Tom Ford 2023 (nlle version) : rouille, entre terre et mer.

Quand on allie le minerai qu'est le fer avec le sel de la mer, cela donne de la rouille. C'est un peu comme ça que je perçois de manière très subjective le parfum Oud Minérale. 

Un peu comme si le parfum avait été construit comme ces maisons d'architectes aux plaques de rouille et voulait reproduire l'odeur de ces plaques, le parfumeur à associé des notes métalliques et froides à celle de l'iode. Des notes iodées donc, avec des épices froides, de la mousse, de la terre, du sel et les fameuses notes dérivées de l'ambre gris qui sont elles aussi très minérales, tout cela forme un ensemble assez froid, très direct, relativement original et qui se pose plutôt bien sur peau, mais de manière assez linéaire. 

Si la rouille avait un parfum, il serait sans doute proche de ce Oud Minérale avant-gardiste, original et dont le flacon actuel est cohérent avec le jus. Bien vu ! Une maison d'architecte en bord de mer : j'aime bien l'idée. 

Illustrations : maison d'architecte "rouillée", Tom Ford. 

vendredi 19 janvier 2024

New Look - Dior 2024 : disruptif bien pensé !

Créer quelque chose de nouveau, choquer, provoquer, tout cela n'est pas si facile. C'est un peu l'effet de New Look. Même si ce n'est évidemment pas un lancement grand public, je me réjouis de voir que Francis Kurkdjian chez Dior lit dans l'histoire et dans l'ADN de la marque pour puiser son inspiration. Avec New Look, c'est un peu comme s'il avait intégré tout le passé "gris" liè à Dior, dans les tissus, les étoffes, les coloris, les aiguilles et les ciseaux, pour projeter tout cela dans le futur. 

Il en ressort un parfum on ne peut plus abstrait, très lumineux et scintillant, qui évoque les étincelles, la lumière bleue, les néons, le métal, le trait de ciseau et le piquant des aiguilles. Aldéhydes à profusion en envolée, accompagnés d'épices froides comme le poivre rose bien présent et dont les propriétés olfactives suivent littéralement les aldéhydes pour leur donner un peu d'épaisseur. Ensuite se suivent toute une armée de notes froides comme l'encens, l'ambre blanc, la mandarine et les mousses, toutes plus métalliques et pointues les unes que les autres. On pense évidement à certains Lutens comme Eau Froide ou Serge Noire. La signature reste néanmoins fleurie, dans un esprit de fleurs abstraites et futuristes. Le parfum se réchauffe comme un tissus repassé, un cachemire qui ondule : ca sent le pressing et le fer chaud, un peu, ca sent le tissus, oui, ca sent Dior, assurément ! 


Un lancement audacieux, surprenant, qui ne plaira vraiment pas à tout le monde, et qui à le mérite d'être vraiment en rupture avec les classiques. Une nouvelle référence ou une marginalité assumée ? Seul le futur le dira !

BONNE ANNEE 2024 ! Elle marquera les 15 ans d'Olfactorum. Comme le temps passe ! 

Illustrations : Dior



mardi 26 décembre 2023

Déconnecté ?

En 2023, vous aviez sans doute remarqué que le prix des 100ml grand public ou dits "de niche" avaient tendance à augmenter, frôlant les 150€ pour les premiers, et autour de 200-230€ pour les seconds. En cette fin d'année, je constate que la tendance va bon train, et l'on voit maintenant apparaitre une autre tendance : l'ultra cher ! Je ne parle pas de luxe, mais bien de prix, car un produit peut être beau et bien fait, avec de belles finitions sans forcement être trop onéreux : c'était un peu le cas chez Guerlain, Parfum d'Empire, et dans une moindre mesure chez Frédéric Malle dont les prix sont élevés. 

Je commençais à pester un peu de devoir me contenter de regarder les flacons extraits de Franck Ghery chez Vuitton dont les 100ml approchent maintenant les 500€ (+40€ en 2 ans), mais je me console en y voyant plus ou moins une œuvre d'art ! Vu son prix (750€ le 50ml, vous avez bien lu),  je n'ai jamais vraiment pu poser mon nez sur The Night chez Frédéric Malle qui de toute façon, du peu que j'en ai senti, n'est pas vraiment fait pour être porté dans nos bureaux, ni même dans notre environnent quotidien, car sa construction technique est faite pour se développer par temps chaud, dans un pays habitué à ses notes. 

Depuis quelques mois sont apparus chez Guerlain des Extraits, en 50ml dans des flacons plutôt qualitatifs mais très standardisés, au prix de 550€ ! Certes, les parfums sont beaux, mais j'ai envie de dire "heureusement" ! Je remarque cependant qu'une poignée de privilégiés a la chance de pouvoir les acquérir, alors qu'objectivement on sait faire aussi bien pour moins cher, mais bon ! Du coup, on je me dit "peut-être" car l'Iris, la Tonka me tentent bien, mais j'aurais vraiment du mal à être à l'aise si un (e) collègue me demande ce que je porte !  

Ce matin, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le prix de Ruade, de Parfums d'Empire (600€ le 100ml) ! Vantée comme étant une création exceptionnelle, il semble suivre le chemin de The Night, avec un engouement certain mais qui me laisse penser : "Oui, mais Non". 

La déconnexion entre les populations est une tendance, la déconnexion entre le prix d'un produit et sa qualité est une tendance, la déconnexion de la politique avec la logique et le bon sens semble dans le coup ! Le déconnexion entre ce que j'aime, ce que j'ai envie de sentir et ce que je peux m'offrir en pleine conscience est une réalité ! On peste contre un monde qui va mal, on en est presque malheureux et pessimiste, mais cette tendance très New Yorkaise du "plus c'est cher, plus je t'emm..., et plus je suis show of" commence vraiment à sentir plus mauvais que tous les parfums du monde ! 

J'avoue, je me sens de plus en plus déconnecté. Suis-je obligé de participer à tout ça ? Est-ce que ma passion est à ce prix ? Vraiment ? 

En tout cas, je vous souhaite de continuer à être bien parfumés et toujours passionnés en ces fêtes de fin d''année. Que porterez vous d'ailleurs ? 

On se retrouve en 2024, pour un enjeu de taille : ma 8e création, dont le prix ne s'envolera pas, je vous le dis tout de suite. 


Illustrations : Guerlain, Parfum d'Empire, Frédéric Malle. 

dimanche 10 décembre 2023

Tubéreuse - Headspace 2023 :

Déjà connu pour avoir lancé la marque Le Galion non sans un certain succès il y a quelques années, Nicolas Chabot revient avec un concept pour le moins intéressant : ces petites fioles magiques que contient l'Olfactorium de Cinquième Sens et qui renferment les précieuses matières que l'on va utiliser pour créer un parfum. Pour moi, sans elles, je n'aurais jamais pu démarrer la création. C'est dire la puissance émotionnelle qu'elle représentent, et sans doute aussi dans la vie de tous les amoureux de parfums qui  les ont croisé un jour ou l'autre. Nicolas a non seulement choisi d'utiliser ces fioles pour présenter les échantillons des parfums de la marque Headspace nouvellement créée, mais il les a déclinées dans un format 30ml et 100ml pour les flacons en collaboration avec Pierre et Jules Dinand ! Quelle belle idée non ? C'est très visuel, qualitatif et ça parle à ceux qui aiment ou connaissent le parfum. 

Le principe du Headspace est également connu : il consiste à capturer à travers un "nez" artificiel les molécules d'un composant odorant pour les analyser. Le parfumeur peut ainsi se servir de ces données pour élaborer un parfum autour de ses composants. 

Pour Tubéreuse, ici, c'est un headspace de "fumée sur peau brulante" qui a été utilisé. Est-ce ce headspace qui  fait qu'il fonctionne parfaitement sur ma peau ou le travail tout en finesse et en légèreté autour de la tubéreuse, qui elle même peut avoir des notes évoquant une peau ? Toujours est-il que ce parfum me plait bien. La tubéreuse est à la fois charnelle et lumineuse, et elle se fait littéralement traversée par un bel accord de tabac (blond je dirais), de légers accents de figue fraîche pour se poser tout en douceurs sur des bois blancs très doux.

Une petite pépite pour qui n'aime pas les tubéreuses trop opulentes et qui, fait assez rare, peut être portée facilement par nous les hommes grâce à ces facettes boisées. 

Je vais craquer ? Oui, il fait partie de ma wishlist assurément !  

Illustrations : Headspace parfums, Laurent Seroussi. 

vendredi 24 novembre 2023

Rauque - Roberto Greco 2023 : parfum de passion !

Associer parfum et univers visuels très personnels et signés, Roberto en a fait sa spécialité professionnelle, qui est est aujourd'hui reconnue par de grandes marques. Quand il s'agit de son travail personnel, il y met toute son âme et ses trippes. Rauque pourrait se définir comme quelque chose de cacher, que l'on devine et qui ne demande qu'à s'exprimer, voire à exploser. La travail sur les photos de l'exposition laisse à chacun l'interprétation de ce qui se cache derrière le verre aux formes multiples. 

Un parfum accompagne l'expo photos, et se manifeste par une jarre inversée en terre cuite, en suspension, qui laisse une quantité de parfum s'égoutter à un rythme lent et s'imprégner de l'air ambient de la galerie pour atterrir dans un flacon en verre sculpté qui sera vendu ensuite comme exemplaire unique. Bien heureux sera celui qui s'offrira cette belle oeuvre olfactive et visuelle ! 

Pour les passionnés de parfums que nous sommes, le parfum est également disponible dans un joli flacon de style Art Déco qui gisait au fond d'un catalogue et que Roberto a souhaité remettre sur le devant dans scène, non sans mal. L'exigence ! Un Leitmotiv, jusque dans le travail effectué en collaboration avec Christopher Sheldrake sur le parfum. Chaque note, quelle renvoie à un souvenir d'enfance, à une champignonnière, au museau d'une vache ou à la senteur d'un laboratoire de parfumeur est travaillée avec un soucis du détail, jusqu'à atteindre l'effet voulu. Roberto avoue une collaboration joyeuse et stimulante. Rauque s'envole ainsi sur des notes de feuille de violette et de verdeur, les notes animales, chères aux deux artistes, sont bien là, dès le départ et accompagnent le coeur rauque de ce parfum éponyme. Le fond est plus chaud, plus profond, avec des notes de tabac blond, de cuir patiné et de boisson chocolatée. La verdeur et l'animalité ne disparaissent pas pour autant, laissant bien cette impression que le parfum bouge et respire sur peau. 

Rauque, un aboutissement, un parfum de passion et déjà une réussite. Du beau travail en tout point !

Illustrations : Roberto Greco

Exposition photo et olfactive, jusqu'au 23 Décembre 2023 à la Galerie NeC - 117 rue Vieille du Temple 75003 PARIS

samedi 4 novembre 2023

Green Spell - Eris Parfums 2017 : sort fluorescent.

Il faut bien reconnaitre que les parfums dits "verts" se font plutôt rares dans les rayons, et, faute de succès populaires, il faut alors se tourner vers des marques de niche pour en trouver de jolis. J'avais senti les 3 premiers parfums Eris, Belle de Jour, Night Flower et de Ma Bête lors de la création de la marque en 2017 alors que j'étais jury de l'Olfactorama, et je me souviens avoir été séduit par la personnalité de Barbara Herman, la créatrice de la marque, mais également par les fragrances proposées par Antoine Lie, bien construites, autour d'un concept sobre et agréable. A l'époque, Ma Bête se distingue déjà et commence à faire parler. Trois ans plus tard, après un crowdfunding organisé pendant les confinements, Green Spell  voit le jour et connait un engouement rapide ; le Sort Vert est envoyé jusqu'à Paris. 

Immédiatement, Green Spell affirme haut et fort sa verdeur mordante. Le croquant de la rhubarbe résonne avec le galbanum bien râpeux et la feuille de tomate pour se glisser sur une trame très américaine et qui me rappelle un parfum frais que j'avais senti il y a longtemps à San Francisco : Acqua Mirabile Bolorosa di Firenze. Cette colonne vertébrale qui pourrait être qualifiée de propre et lumineuse évoque des senteurs à la fois de lotion pour bébé et de shampoing à la pomme verte. Pourtant, on y sent une texture, une épaisseur maitrisée par les épices douces, comme le poivre rose et peut-être un pointe de genièvre, un accord de figue, de cassis et de violette, que je perçois peu cela dit, et une bonne dose d'ambre blanc et de muscs doux. Le narcisse revendiqué, lui, apporte un coté velouté bienvenu et qui fonctionne parfaitement avec les notes vertes. Le parfum n'offre pas un sillage tonitruant, mais il se porte très agréablement, à la fois par temps chaud ou lorsque l'atmosphère est plus humide.  

Definitly "spell", definitly "green", en mode fluorescent, definitly "San Francisco"! 

Un Must Have, pour qui aime le vert ! 

Lien vers le site Eris Parfums ; ici

Illustrations : image internet d'un sort vert fluo, Eris Parfums.  

dimanche 15 octobre 2023

Delina Exclusif - Parfums de Marly : crème de rose.


Les parfums de Marly revendiquent clairement une portabilité et une accessibilité "facile" pour le grand public, tout en travaillant assez soigneusement les trames olfactives proposées ainsi que les matières premières pour qu'elles soient perçues comme étant qualitatives, et je dois reconnaitre que c'est assez vrai ! 

En découvrant Delina Exclusif, j'ai immédiatement pensé à une crème hydratante de luxe, car la rose, qui constitue la trame du parfum, est ici traitée dans un esprit propre et cosmétique. Les notes fruitées du litchi, de la bergamote, de la mangue, de l'ananas et de la poire se reconnaissent facilement et donnent au parfum un peu de lumière et de pétillement. Le parfum évolue tout en douceur autour d'une rose vaporeuse, crémeuse, un tantinet métallique mais assez confortable. Le sillage est doux, très cocooning, tout en étant assez noble et moderne. Les bois de oud, de santal ainsi que des notes vanillées et ambrées, bien présentes, se font relativement discrètes, et participent à la cohérence de l'ensemble à la fois "européen propre" et oriental. Dans cette déclinaison exclusive, plus riche que l'original, Delina me fait voyager au soleil, par un beau soir d'été pas trop chaud. Je l'imagine porté par une femme discrète, sûre de ses choix et qui assume une certaine féminité. 

Un joli parfum, soigné, portable et sensuel, qui sait se faire délicieusement "crème de rose". 

Illustrations : rose douce et Parfums de Marly.