Et vous alors, finalement, quel parfum choisissez vous pour clore l'année ?
Illustrations : bulles de champagne, Hermes.
Vous en avez assez de respirer toujours le même air et n'avez plus du tout envie de mettre les pieds en grande surface à parfum ? Vous sentez comme un vent d'ennui actuellement que même la parfumerie de niche ne comble pas ? Vous êtes amateurs de belles choses et avez surtout envie de nouveau regard, l'exposition organisée par Cécile Zarokian, parfumeur, et Matthieu Appriou, illustrateur est assurément un évènement à ne pas manquer. Le parfum et l'image sont très liés, mais Cécile et Matthieu dépoussièrent, avec une approche nouvelle et originale, ce qui est aujourd'hui galvaudé par une publicité formatée. Trois parfums sont inspirés par trois illustrations et inversement pour les trois autres. Revenir à l'image, au trait, aux couleurs pour parler d'émotions, de sens et de vérité, c'est une démarche à encourager. J'y suis passé, Cécile et Matthieu m'ont fait voyager, j'ai donc proposé à Cécile de vous en dire quelques mots.
Vous êtes aujourd'hui parfumeur indépendant, est-ce par choix ? Pourquoi ?
C'est un projet que j'avais en tête depuis quelques années, et que j'ai concrétisé en 2011. Cela offre une liberté de création très importante. De plus j'aime être impliquée à chaque étape : la démarche commerciale, la relation client, le conseil, la création et la fabrication du parfum.
Comment est venue l'idée de ce projet avec Matthieu Appriou ?
Je connais bien Matthieu, j'apprécie beaucoup son travail et je pense que c'est un illustrateur très talentueux. Je me suis dit un jour que cela pourrait être intéressant de réunir nos deux univers, en s'exprimant chacun dans notre art à partir du travail de l'autre. Je lui ai alors fait part de l'idée, et il a été partant immédiatement.
Quel est l'objectif de ce projet ?
Nous voulions montrer ce qu'un illustrateur et un parfumeur peuvent créer ensemble, en dehors de toute démarche commerciale. L'objectif est de faire se rencontrer deux univers, et aborder la création dans les deux sens. Le support visuel inspire la création d'un parfum et réciproquement.
Que change ce projet, ce travail en commun par rapport à votre métier de parfumeur au quotidien ?
Au quotidien, Matthieu comme moi avons des commandes, nous créons des illustrations et des parfums à partir de briefs que l'on nous donne. Là nous avons choisi de créer chacun trois parfums et trois illustrations de notre choix, à partir desquels l'autre allait s'exprimer à partir de son ressenti, ses émotions, visuelles ou olfactives, et non plus principalement des mots comme c'est souvent le cas.
En ce qui concerne le parfum, le fait qu'il n'y ait aucune contrainte de prix change énormément du quotidien. J'étais libre de choisir les matières premières que je voulais, les meilleures qualités, et peu importe la quantité. J'ai ainsi pu utiliser comme je le souhaitais de la vanille, de la fève tonka, de l'essence de santal, de rose, ou encore des matières premières synthétiques également coûteuses comme le javanol, l'irone alpha, etc...
Vous êtes vous étonnés mutuellement au cours de ce travail, avez vous eu des surprises, découvert des choses ?
Chacun avait une grande liberté, que ce soit pour créer en premier ou à partir du travail de l'autre, on ne se consultait pas, on se laissait carte blanche pour s'exprimer dans notre propre univers, respecter la vision de l'autre. Au final nous avons été très agréablement surpris de ce que l'autre proposait, nous avons trouvé que nos oeuvres se complémentaient parfaitement.
Que manque t il selon vous à la parfumerie d'aujourd'hui ?
Peut-être un peu plus d'audace et de folie, peut-être un peu trop de parfums consensuels qui se ressemblent.
Avez vous envie de renouveler l'expérience après cette première exposition d'octobre 2011 et sa prolongation en décembre ?
Nous avons des contacts en cours pour éventuellement exposer bientôt ailleurs, à Londres notamment, et peut-être dans d'autres galeries ou musées.
Et avec Matthieu nous envisageons un deuxième épisode ultérieurement...