lundi 30 mars 2020

Vanilles parties : deuxième voyage.


Pour ce deuxième tour des vanilles, revenons sur trois d'entre elles, dont deux nous ont tristement quitté. Certainement trop chères à produire, pas assez rentables ou passées de "tendance" (mots qui me font doucement sourire actuellement), il est bon de les retrouver pour un peu de réconfort. 



Vanilia de l'Artisan Parfumeur mariait les notes habituelles de la marque à l'époque, le géranium, la lavande, le petit grain, les agrumes et de belles notes chaudes et ambrées comme le tolu, le baume du Pérou, le benjoin, à une belle vanille travaillée tout en douceur. L'ylang-ylang et le santal lui offrent une aura solaire, qui s'apprivoise, se redécouvre avec bonheur.
  

Ylang Vanille de Guerlain était un mariage très heureux. Douceur du jasmin, brin d'osmanthus, transparence des muscs blancs, clarté de l'hédione, chaleur de l'ylang ylang (maison s'il vous plait) s'enroulaient autour de la liane de vanille de Madagascar dans un parfum qui n'a pas pris une seule ride en 21 ans. Epatant de "naturalité", on le retrouve un peu, mais de loin, dans Mon Guerlain.


J'évoquerais également celle de Mona Di Orio, Vanille que l'on trouve encore de nos jours, et qui mérite aussi le détour. Fraîcheur d'agrumes qui arrivent en trombe et glissent à merveille sur la vanille et le santal pour contraste à la fois très lumineux et chaud. Une vanille scintillante, légère et croquante comme un voile de caramel.    


Illustrations : L'Artisan Parfumeur, Guerlain. 

samedi 28 mars 2020

Vanilles Party - premier voyage !


Un peu d'évasion et de douceur dans ce monde plus calme, ça ne fait pas de mal non?

La vanille, qu'elle vienne de Madagascar, de Tahiti ou de la Réunion a le mérite de plaire et d'être relativement interculturelle. Sa culture s'est considérablement améliorée ces dernières années grâce à des techniques d'extraction plus sophistiquées et plus responsables. Elle est riche de mille facettes, florales, miellées, cuirées, épicées et du coup, après s'être un peu éteinte, elle revient en force cette année, dans des interprétations différentes dont voici quelques exemples que je connais, avant d'aller en sentir d'autres qui le méritent sans doute. 


Couleur Vanille chez l'Artisan Parfumeur nous emporte dans un accord d'embruns marins et salés, où la vanille prend sa place sucrée sans jamais se montrer trop présente. Ce serait une sorte d'orchidée de bord de mer aux effluves vanillés qui serait frottée et balancée par les vents venant de la mer. Des fleurs, des notes ozoniques, du sable, du sel et de la vanille, toute une palette de couleurs. 

Contre Moi chez Vuitton propose une vanille florale et charnelle. On y retrouve la signature rose et sableuse, presque "oud" propre à beaucoup de parfums de la gamme Vuitton. La vanille assez gustative porte la rose en majesté, l'arrondit, l'assouplit pour qu'elle se fonde à la peau dans une enveloppe très cocon, très "peau", et d'un effet qui rappelle légèrement nos gâteaux, et plus précisément les madeleines.  


Vanille Paradoxe chez Rosine est une vanille extravagante et surprenante, et que je trouve très intéressante. A la fois fraîche grâce à une belle envolée d'agrumes acidulés, elle se fait épicée et chaude sur peau très rapidement. Un effet cuir vient la soutenir, et la rend très addictive et pour le coup, portée en accompagnement de vêtements en cuir, elle se manifeste à merveille. Un coup de coeur pour ma part. 



Je terminerais ce premier tour des vanilles par Majaina Sin de The Different Company, qui joue la partition de la cannelle, des fruits rouges, du gingembre, et d'un accord iris-néroli plutôt solide qui la rend gourmande et un frivole. Une vanille joyeuse et très actuelle, à redécouvrir. 


J'en oublie bien entendu, je pense notamment à celles de Sylvaine Delacourte que je ne connais pas encore, et au projet The Vanilla Project d'Anatole Lebreton, qui promet de la marier au santal. On salive ! 

Illustrations : L'Artisan Parfumeur, Parfums Louis Vuitton, Les Parfums Rosine, The Different Company. 

lundi 23 mars 2020

Light Blue Dolce & Gabbana 2001 : couleur inspirante.

Light Blue est ce que l'on nomme un chef de file, né de l'imagination et de l'intuition sans pareille d'Olivier Cresp. Quasiment à la suite du décollage de Angel, il imagine la Dolce Vita version 2000 dans une vision de la fraîcheur toute nouvelle. Sans ce parfum, Firmenich ne serait pas parmi les plus gros acteurs de la création actuelle tant son "accord" marquant et impactant a constitué le fil conducteur d'autres parfums à gros succès comme Nina, Black XS par exemple. Light Blue est également un des seuls parfums dont j'accepte volontiers les dérivés, tellement sa trame se prête et s'adapte de manière évidente à quelques variations sur le même thème. 

Citron, bergamote et mandarine d'Italie sont évidement bien présents en tête et ils sont comme poussés par une note à l'odeur de fraise et de pomme très cohérente. Les notes jasminées de l'hédione et du jasmin sambac accompagnent l'envolée, et se lissent sur un lit de lavande à peine perceptible, mais qui donne une fraîcheur et une densité au parfum. Quelques notes aromatiques et surtout une trame boisée très "blanche" lui permettre de s'adapter en fonction des peaux, et de dévoiler des facettes solaires, lactées, boisée sèches ou musquées propres. On parle aussi parfois de bambou, de notes aquatiques, de cyprès et ces impressions ne sont pas fausses.
La magie et la cohérence de la structure permet à Light Blue d'être déclinable à l'envi. Tantôt, le parfumeur pousse les notes solaires et lactées d'une belle fraîcheur faisant penser à la figue dans ses versions Sun, les zestes "façon Limoncello" très réussie dans la version Italian Zest (ma préférée), les notes jasminées dans la déclinaison Sunset in Salina, et j'en passe. Sa trame boisée étant très cohérente et parfaitement unisexe, les versions pour homme me semblent inutilement plus "viriles" et sans grand intérêt. 

Côte d'Amalfi, soleil de Portofino, couleurs de Cinque Terre, un bien bel hommage que ce parfum iconique né sous une couleur et des notes bien inspirantes. Et une bien belle pensée pour ce magnifique pays, qui en a bien besoin en ce moment. 


Illustration : Dolce et Gabbana, Côte d'Amalfi (crédits sur la photo) 

dimanche 22 mars 2020

Besoin ou demande ?



Vous avez sans doute oublié qu'Olfactorum est la contraction d'olfactif et de forum ? En ces temps particuliers, il va devenir, outre un lieu d'échange sur les parfums, un forum de réflexions, de points de vue sur des sujets qui me viennent, sur le design, plus particulièrement celui de l'automobile, mon autre passion, sur le partage de morceaux musicaux. Pas de promesse de fréquence, car je dois travailler depuis chez moi et je ne sais pas si j'aurais beaucoup de temps, mais une volonté de partager cela pendant ces longues semaines qui nous attendent. 

J'avais envie aujourd'hui de réfléchir sur la différence entre besoin et demande. Actuellement, notre société est essentiellement construite sur le principe de l'offre et de la demande, mais ce qui se passe aujourd'hui m'amène à remettre à sa place la notion d'offre et de besoin. Se nourrir, être en bonne santé, avoir un toit, se faire plaisir, disposer d'une énergie fiable, se déplacer sont des besoins essentiels à la vie sociétale. Si l'une de ces fonction défaille, cela ne déséquilibre t-il pas un être humain ? Alors que l'on voit aujourd'hui qu'il est possible de trouver ou de générer des millions rapidement, pourquoi ceux-ci ne servent pas à assurer un minimum de besoins de base pour tous, de nourrir, de loger, de transporter des personnes dignement ? Pourquoi peut-on sortir rapidement des structures habitables alors que de nombreuses personnes n'ont pas de toit sur la tête ? Un besoin est fondamental, et la société devrait peut-être veiller à ce qu'il soit assuré au mieux sans les soumettre aux exigences d'une demande. La demande, elle, apporte une nuance à ce besoin : une notion de valeur, qui elle, relevant plus d'une exigence particulière à ce besoin premier, peut subir des variations car pas forcement indispensable. 
J'ai du mal à comprendre, vu les moyens qui circulent actuellement dans le monde, pourquoi ceux-ci ne comblent pas les besoins fondamentaux ? Peut-être parce que l'on a trop privilégier la demande, le caprice, la possibilité d'avoir accès à tout, à trop, à du superflu, à des valeurs ajoutées qui tuent, polluent, détruisent, consomment, anéantissent ?

N'est-il pas temps de revoir nos demandes avec un peu plus de cohérence et de raison, de repenser et recentrer les besoins ? Pourquoi ne pas être moins con-sommateurs, et plus respectueux de tous et partout. 

Ces réflexions n'ont pas pour but d'être débattues, le XXe siècle ayant très largement posés les débats et posé les limites. Il me semble que maintenant, vu le constat, il suffit d'ouvrir les yeux, de s'ouvrir et d'écouter le monde. 

Illustration : les échos ; la nature. 

mercredi 18 mars 2020

Rosa Magnifica - Guerlain 1999 : bloom of rose.

Connaissez vous l'odeur de l'absolu de rose centifolia ? Cette rose de grasse aux cent pétales, ronde et charnue, est très prisée car par rapport à la rose turque ou à celle de Damas, son odeur est d'une douceur incomparable. Mais comme sa culture est rare et fragile, elle est hors de prix. Du coup, pour recréer au mieux l'odeur de cette fleur, c'est tout le talent du parfumeur qui est sollicité.  
Jean Paul Guerlain était à la barre de la maison en 1999, bien avant qu'elle soit livrée au sirènes d'un marketing peut-être efficace, mais loin d'être "vrai". La collection des Aquas Allegoria était très authentique, et les tous premiers parfums de cette gamme étaient tous inspirés par la nature et plutôt fidèle à leur idée de base.  

Rosa Magnifica, c'est une rose centifolia presque parfaite, d'un équilibre entre les notes vertes et fruitées de la rose de Grasse. Elle a ce coté cocon très doux, une note verte mordante mais pas agressive, qui s'approche vraiment de la vraie senteur de la rose centifolia. Un bien joli travail, dont on retrouve la trame aujourd'hui dans Rose des Vents chez Vuitton et Holly Poeny chez Dior, dans des variantes légèrement différentes, plus scintillante pour la première et plus sucrée pour la seconde.  

C'est avec Lavande Velours celle que je préférais dans la série, avant que n'arrive Flora Nérolia plus tard, et qui elle, traitait la vraie odeur du jasmin d'une manière pas encore égalée aujourd'hui à mon sens. Un véritable bloom of rose, tel qu'il était possible de le voir il y a 20 ans chez Guerlain. Une rose pionnière en somme, qui n'a pris aucune ride depuis ! 

Illustrations : rose perlée sur internet, Guerlain. 

mardi 17 mars 2020

Dioramour - Maison Christian Dior 2018 : mutation bénéfique.

Un peu d'amour pour mettre de la bonne humeur, un peu de douceur aussi, ça vous dit ? Et puisqu'il est question de chimie dans l'air, il était presqu'évident ce matin de porter Dioramour. Pour décrire brièvement ce parfum, ce serait une sorte de mutation de plusieurs éléments, mais une mutation bénéfique de parfums plutôt bien choisis. Tout commence avec les trois premiers parfums de cette collection, dont faisait partie l'Eau Noire et Bois d'Argent devenus cultes depuis, mais aussi avec celui qui s'est montré le plus timide et se nommait l'Eau Blanche. C'était un parfum "argenté", poudré, légèrement boisé et plutôt doux. Il me semble bien que c'est sa trame ait été reprise pour Dioramour, mais elle aurait mûri, et trouver du corps en empruntant au cultissime N°19 sa facette irisée-verte, très élégante. 


Pour le rendre plus moderne, Dior est aussi allé puisé dans le génie Chanel en empruntant quelque chose de solaire, de salin, de polarisant à Allure, mais sans avoir retenu le même "volume" olfactif. Dioramour est calme, caressant, et je ne le trouve pas si féminin que cela, car les bois sont bien là, très doux, d'une sensualité à fleur de peau, bien faite. Et avec un tel nom, ça apaise ! 

Illustrations : Kate Moss par Hédi Slimane, Maison Christian Dior. 

lundi 16 mars 2020

16 Mars 2020 premier jour de confinement : il se passe des choses !


Serais-je en tain d'effectuer une sorte de mutation ? Que se passe-t-il en ce premier jour de confinement ? D'étranges sensations m'envahissent : je suis attiré par des parfums qui d'habitude ne sont pas du tout appréciés des afficionados ! Docteur, est-ce bien grave ? Ce dernier ayant beaucoup d'autres choses à régler en ce moment, il me répondra surement d'aller réfléchir de mon coté en me gratifiant d'un gentil "oui oui, ça va s'arranger" ! 

Je suis également certain que vous lecteurs, derrière votre écran, vous allez vous dire : "mais qu'est-ce qui lui prend ? ", ce à quoi je répondrai "je ne sais pas, c'est comme ça, ça me fait du bien". Vous voilà prévenus. Attention, parés pour le choc ? 

Le premier qui retient mon attention est Boss Bottled Unlimited, tout de blanc et de vert vêtu : est-ce parce que ce packaging à tendance électrico-écolo est tendance ? Je ne sais pas mais derrière son apparence aromatique boisée verte que l'on croirait banale, il cache la signature vanillée ambrée de l'original. Elle fonctionne bien avec la trame cèdre, vétiver, les notes minérales et se pose bien sur la peau. 

Ce sont précisément ces notes minérales et une qualité toute particulière de gingembre, de sauge et d'armoise qui retiennent mon attention dans L'Immensité de Louis Vuitton qui décidément, me veut ! En apparence cocktail de ce qui plait aux hommes (notes boisées aromatiques + dh-mol + hédione), il est "dans le moove", mais vraiment, passé les premières notes assez "rentre dedans", il révèle au porté une minéralité qui s'accroche à ma peau. Je le trouve salé, salivant, chaud et pétillant à la fois, en tout cas très vibrant. 

Dans le même genre, Cool Water Wave me titille alors que je fais des travaux chez moi, peut-être que c'est son coté "viril" qui me chatouille, mais il me donne la pêche et me rend optimiste. On y reconnait la signature de l'original, mais il est plus vif, plus pétillant. Le patchouli transparent et la vague marine maîtrisée qui l'habillent lui donnent du "peps".

Dans le genre "celui qui me donne de la force", c'est Mercedes Benz Club qui assure. Proche de l'Immensité, avec en fond un ambre gris renforcé de cuir et de oud, puissant en apparence mais beaucoup plus calme sur la peau, il me rend dur et fort comme un chêne. Et oui !

Je parlerais peut-être plus tard de K, pas trop essayé, mais deux me résistent à coup sûr : Invictus et Sauvage malgré leur succès. 

Vous tenez le choc ? A bientôt, et promis, il y aura d'autres articles à venir et ce très prochainement. 

Illustrations : Soren Solkaer, Hugo Boss, Vuitton, Davidoff. 




On est là !

Bonjour à tous, comme il est très fortement recommandé et rappelé partout, nous allons sans doute tous devoir rester à domicile pendant quelque temps, par précaution. Il va nous falloir être patients et créatifs, car malheureusement, personne ne pourra rendre visite à personne.  

Comme je n'aurais pas de temps de transport, il me sera possible d'écrire plus facilement. J'en profiterai peut être pour partager non seulement sur les parfums, mais peut-être aussi sur d'autres thèmes (musique, films, séries), histoire de rompre l'ennui et de créer un peu d'animation pour se changer les idées. 

Nous allons avoir besoin d'être solidaires au mieux, de se soutenir par mail, sms et téléphone, par skype pour ceux qui peuvent, de réfléchir à l'après, mais pendant, il est important de tenter de rester positifs, et de nous occuper au mieux. 

Chers amis, chers lecteurs, je serai là. 
Thierry 

Illustration : BOBAA22 Shutterstock. 

vendredi 13 mars 2020

Burberry's Her Eau de Parfum : chaudron magique.


Qui n'a pas un jour eu sous le nez la bonne odeur d'une confiture de fraises cuite au chaudron ? Sans doute beaucoup d'entre nous, mais ceux qui connaissent ce souvenir, savent combien il est impactant, fort et mémorable. 


Quand je découvre Burberry's Her , j'ai immédiatement ce souvenir. Fraises, notes métalliques et fraîches qui évoquent le zeste de citron qui va très bien dans la confiture, et la fonte sur laquelle aurait collé un peu de sucre caramélisé, ce qui évite l'effet "sucraille".  Le génie du parfumeur est d'avoir su trouver le parfait équilibre sur une note humide, qui évoque les vapeurs de ce beau chaudron gourmand qui contiendrait une belle et bonne confiture de fraises "fristouillante", et qui donne sur peau une sensation moite, grâce a un accord chypré fait de mousse de chêne, de ses dérivés actuels, de notes aromatiques et de patchouli. 

Un bref article, sur un parfum dont je voulais parler depuis longtemps, plus intéressant dans sa déclinaison eau de parfum à mon sens, les autres étant plus fades, et qui dévoile tout ses charmes quand il se frotte à la peau, qui chauffe.  

Illustrations : internet et Burberry's.