Pendant mon absence, retrouvez une sélection d'articles à relire (cliquer sur le nom) :
- 2009 :
Aout : D&G Anthology, Idylle.
Juillet : Comme des Garçons Stephen Jones Millinery, Paul Smith Man, présentation des chroniques olfactives de Céline Ellena
Juin : Pi Néo.
Mai : Pure Oud by Kilian, Langages de Vétivers.
Avril : Détour des Sens.
Mars : interview de Sylvaine Delacourte directrice de la création Guerlain.
Février : interview de Cinquième Sens, Linge au coeur, Christian Louis.
Janvier : The Smoke.
- 2008 :
Décembre : Sicily et Drôle de Rose, Chloé.
Novembre : l'Olfactorium Cinquième Sens, Bienvenues sur Olfactorum.
Je vous retrouve vers la mi-Octobre avec de nouveaux articles. Bonne relecture à tous et à nouveau merci pour votre fidélité. D'ici là, bonnes promenades et découvertes parfumées et bonnes lectures des blogs amis à tous.
samedi 19 septembre 2009
jeudi 17 septembre 2009
A Scent - Issey Miyake 2009 : c'est dans l'air !
L'année 2009 est visiblement une année riche en coups de coeur et ils se succèdent très rapidement. Ce dernier mois, Aqua Universalis et Cologne pour le Soir tout juste après ma petite tendresse pour le bouquet d'Idylle et la bouffée d'air pur de A-Scent.
Pour être honnête, A-Scent n'a pas été un coup de coeur "immédiat", mais marquait d'emblée un point : il se démarquait par la présence de Galbanum. Très friand de cette note verte et terreuse dont French Lover de Frédéric Malle en serait l'illustration ciselée, le traitement ici revendiqué, au C02, retenait mon attention. Quelques jours plus tard, je recevais un mail de l'agence Magic Garden me proposant d'assister avec Juliette de Poivrebleu et Sixtine d'Ambregris à une présentation du projet A-Scent dans les locaux de Firmenich.
Au vu de quelques regards souvent interloqués après avoir prononcé le nom de l'entreprise dans laquelle je travaille, ce n'est qu'en expliquant mon travail que les personnes attentives comprennent mieux mon rôle, les enjeux et les contraintes de "ma boite". Comme "elle" m'a sans doute collé une étiquette assez peu "glamour" dans le monde du parfum, je comprends combien il est important parfois d'expliquer ce que l'on fait et pourquoi.
Je suppose que les équipes qui ont travaillé sur A-Scent tenaient à ne pas voir ce parfum passer inaperçu dans les rayons, les blogs, la presse insipide et blasée, ou comme une victime du "j'aime, j'aime pas". C'est sans doute un peu pour cela qu'ils souhaitaient nous le présenter. Pourquoi refuser ? Nous avons vécu un merveilleux moment et le parfum devenait du coup plus familier.
A-Scent part sur une idée simple : sentir l'air ! L'idée de fraicheur pure domine dès le début, et ce n'est qu'après s'être creusé la tête pendant plusieurs jours que Daphné Bugey pense au Galbanum. Pour correspondre à l'idée de pureté, les équipes choisissent de retenir celui extrait au Co2, plus "transparent", plus limpide et surtout moins terreux. La jacinthe s'y joint, comme un couple olfactif inséparable et très unis. Deux variétés de jasmin très différentes dans l'effet qu'elles produisent se conjuguent à cette verdeur acquise. La verveine et sa facette citronnée et pétillante traverse cette verdeur pour y apporter un effet rafraîchissant. Ce que je trouve intéressant, c'est qu'à ce stade, le parfum aurait été très "pointu", presque acide, trop sans doute ! Il fallait l'arrondir. Pour cela, Daphné choisit le cèdre comme pour faire écho aux bois légers du japon et au bambou, et une mousse d'arbres exclusive, appelée mousse "cristal" d'un bel effet mouillé mais qui reste "transparent". Enfin, une petite pointe d'amande, des muscs que Firmenich développe à la pointe de la recherche et un tout petit trait de patchouli et d'ambre comme un écho aux références que sont les chyprés-verts du passé. A-Scent se dévoile : le résultat m'évoque exactement l'odeur que l'on sent lorsque l'on coupe un abricot au couteau. Fermez les yeux, comparez, et imaginez un jardin vert et de l'air pur. C'est tendre, beau et cohérent. Le sillage rappelle à la fois Vent Vert, Ô de Lancôme et Cristalle dans une vision nouvelle, plus "cocooning".
Je me réjouis de la cohérence ayant prédominé ce projet : pureté, simplicité, jusque dans le flacon, sculpté par Arik Levy comme un bloc de verre découpé par extrusion. Si vous le poser sur une surface blanche, en fonction de l'éclairage, vous pouvez ne pas le voir, ni même les caractères mais seulement le deviner, c'est très étrange et d'un effet saisissant. Même la tige de vaporisation à l'intérieur du flacon est invisible. Le sens du détail jusqu'au bout.
Bravo donc à toutes les personnes que nous avons rencontrées, bravo pour le retour du style Issey Miyake par un joli parfum. Une marque peut parfois perdre un peu de son affectif, de son style et de sa signature si elle s'éloigne d'elle même, comme l'Artisan Parfumeur qui se met à vouloir "faire un peu comme Guerlain" avec sa vanille de Havane par exemple (elle est arrivée).
C'était aussi me semble t-il le cas d'Issey Miyake qui s'était un peu noyé dans L'Eau Bleue, L'Eau Intense et le Feu. Avec A-Scent, la cohérence est retrouvée autour d'une fraicheur verte. C'est dans l'air du millénaire, une fraîcheur qui vous parfume, mais qui est également très cohérente dans des draps, sur une serviette de bain, dans l'air, comme une bouffée d'air pur et comme vision d'une certaine universalité par Issey Miyake. Un parfum que l'on aime avoir "là", caressant, présent, autour de soi dans un souffle.
Un parfum, qui gardera pour moi une place à part, car j'ai vécu ce moment privilégié comme un rêve, un rêve de passionné. Merci encore à tous !
Comme vous le savez, je pars quelques jours me ressourcer dans le pays d'Issey, c'est aussi un peu pour cela que je tenais à parler de A-Scent aujourd'hui. Je vous retrouve dans 3 semaines, avec de nouveaux articles. Merci pour votre fidélité.
D'ici là, bonnes promenades et découvertes parfumées et bonnes lectures des blogs amis à tous !
Au vu de quelques regards souvent interloqués après avoir prononcé le nom de l'entreprise dans laquelle je travaille, ce n'est qu'en expliquant mon travail que les personnes attentives comprennent mieux mon rôle, les enjeux et les contraintes de "ma boite". Comme "elle" m'a sans doute collé une étiquette assez peu "glamour" dans le monde du parfum, je comprends combien il est important parfois d'expliquer ce que l'on fait et pourquoi.
Je suppose que les équipes qui ont travaillé sur A-Scent tenaient à ne pas voir ce parfum passer inaperçu dans les rayons, les blogs, la presse insipide et blasée, ou comme une victime du "j'aime, j'aime pas". C'est sans doute un peu pour cela qu'ils souhaitaient nous le présenter. Pourquoi refuser ? Nous avons vécu un merveilleux moment et le parfum devenait du coup plus familier.
A-Scent part sur une idée simple : sentir l'air ! L'idée de fraicheur pure domine dès le début, et ce n'est qu'après s'être creusé la tête pendant plusieurs jours que Daphné Bugey pense au Galbanum. Pour correspondre à l'idée de pureté, les équipes choisissent de retenir celui extrait au Co2, plus "transparent", plus limpide et surtout moins terreux. La jacinthe s'y joint, comme un couple olfactif inséparable et très unis. Deux variétés de jasmin très différentes dans l'effet qu'elles produisent se conjuguent à cette verdeur acquise. La verveine et sa facette citronnée et pétillante traverse cette verdeur pour y apporter un effet rafraîchissant. Ce que je trouve intéressant, c'est qu'à ce stade, le parfum aurait été très "pointu", presque acide, trop sans doute ! Il fallait l'arrondir. Pour cela, Daphné choisit le cèdre comme pour faire écho aux bois légers du japon et au bambou, et une mousse d'arbres exclusive, appelée mousse "cristal" d'un bel effet mouillé mais qui reste "transparent". Enfin, une petite pointe d'amande, des muscs que Firmenich développe à la pointe de la recherche et un tout petit trait de patchouli et d'ambre comme un écho aux références que sont les chyprés-verts du passé. A-Scent se dévoile : le résultat m'évoque exactement l'odeur que l'on sent lorsque l'on coupe un abricot au couteau. Fermez les yeux, comparez, et imaginez un jardin vert et de l'air pur. C'est tendre, beau et cohérent. Le sillage rappelle à la fois Vent Vert, Ô de Lancôme et Cristalle dans une vision nouvelle, plus "cocooning".
Je me réjouis de la cohérence ayant prédominé ce projet : pureté, simplicité, jusque dans le flacon, sculpté par Arik Levy comme un bloc de verre découpé par extrusion. Si vous le poser sur une surface blanche, en fonction de l'éclairage, vous pouvez ne pas le voir, ni même les caractères mais seulement le deviner, c'est très étrange et d'un effet saisissant. Même la tige de vaporisation à l'intérieur du flacon est invisible. Le sens du détail jusqu'au bout.
Bravo donc à toutes les personnes que nous avons rencontrées, bravo pour le retour du style Issey Miyake par un joli parfum. Une marque peut parfois perdre un peu de son affectif, de son style et de sa signature si elle s'éloigne d'elle même, comme l'Artisan Parfumeur qui se met à vouloir "faire un peu comme Guerlain" avec sa vanille de Havane par exemple (elle est arrivée).
C'était aussi me semble t-il le cas d'Issey Miyake qui s'était un peu noyé dans L'Eau Bleue, L'Eau Intense et le Feu. Avec A-Scent, la cohérence est retrouvée autour d'une fraicheur verte. C'est dans l'air du millénaire, une fraîcheur qui vous parfume, mais qui est également très cohérente dans des draps, sur une serviette de bain, dans l'air, comme une bouffée d'air pur et comme vision d'une certaine universalité par Issey Miyake. Un parfum que l'on aime avoir "là", caressant, présent, autour de soi dans un souffle.
Un parfum, qui gardera pour moi une place à part, car j'ai vécu ce moment privilégié comme un rêve, un rêve de passionné. Merci encore à tous !
Comme vous le savez, je pars quelques jours me ressourcer dans le pays d'Issey, c'est aussi un peu pour cela que je tenais à parler de A-Scent aujourd'hui. Je vous retrouve dans 3 semaines, avec de nouveaux articles. Merci pour votre fidélité.
D'ici là, bonnes promenades et découvertes parfumées et bonnes lectures des blogs amis à tous !
lundi 14 septembre 2009
Ck Be - Calvin Klein 1997 : Aqua Miniversalis.
Une question existentielle peut se poser à tout amateur de parfums qui se doit ! Quel parfum porter et comment le porter dans un pays où l'on ne se parfume pas, ou dans un pays où le parfum est perçu de plus en plus souvent comme une agression ? Parce que parfois je maudis les Very Irresistible et Angel croisés dans les transports et pour avoir compris une année qu'il y avait un décalage notoire entre le parfumage à Opium pour homme d'un ami frenchy et les rues "marines" de Californie, je comprends que parfois la question puisse faire débat. La semaine prochaine à cette heure ci, je serai sur le sol de Tokyo, pour la première fois de ma vie, et j'ai ouie dire que les japonais n'ont pas pour habitude de se parfumer, ce qui poserait d'ailleurs quelques problèmes lorsque les équipes de créations d'un parfum doivent travailler pour une marque de ce pays.
Alors, quel parfum porter ? Navegar ? Joli mais vraiment trop fugace. Préparation parfumée ? Magnifique également mais qui ne l'est pas moins. Le compromis viendrait à ce jour de l'Eau d'Issey pour homme, pour sa signature "japonisante" qui me rappelle de manière agréable les sushis avec du wassabi et du gingembre. Je l'ai porté en 1995-96 et redécouvert récemment. Il fera sans doute partie du voyage. Puis la semaine est passée, et j'ai rencontré Aqua Universalis. Un coup de coeur qui semble réunir toutes les qualités recherchées pour la circonstance, y compris cette facette marine et fumée. Hélas, trois fois hélas, je ne peux pas craquer, car les limites de mon porte-monnaie ce mois-ci sont déjà bien entamées. C'est lui qui craque. La question demeure, obsédante, quel parfum porter ?
J'évoquais dans mon précédent article une certaine parenté entre Aqua Universalis et Ck Be de par les notes salicylées. C'est peut être le bon ? En testant le fond de flacon qu'il me reste, je comprends que l'idée d'un parfum qui formerait un tout et pour tout existait déjà il y à 12 ans, avec un discours très similaire : nous sommes 6 milliards, en un tout, unis. Un parfum de peau mouillée par du sable chaud, habillée d'une lavande propre et d'un travail sur une idée du magnolia. Du genévrier parce qu'il "sent" la peau et de la fève tonka pour que Ck Be entre en osmose facilement. Saturé de muscs blancs, il donne cette impression de partir vite, fugace et absent. Ce n'est pas le cas pourtant. Le principal reproche fait à Ck Be à l'époque était son coté "lessiviel", voulu propre et décontracté et ouvertement revendiqué aujourd'hui par FK pour son Aqua. Peut être n'a-t-il pas plu à cause de cela ? C'était pourtant avant-gardiste. Comme le prix est très raisonnable, ce serait peut être enfin le bon parfum à emporter ?
Oui mais voilà, à trop pousser cette idée d'être tous pareil, de sentir la même chose dans une sorte de minimalisme uniforme et universel, c'est l'ennui qui me gagne. C'est sans doute pour cela que j'ai très peu porté Ck Be. Ce parfum prouve que le "miniversel" n'est pas nouveau, mais aussi attrayant soit il par ces notes de tête salicylées que j'aime beaucoup, il devient ennuyeux et trop lisse dans son évolution. Peut être trop "mini" et pas assez "uni " avec le "versel" : vite, un peu de lumière, et une bouffée de Shalimar, en extrait, là maintenant tout de suite !
Voilà pourquoi, même s'il faut y mettre deux fois le prix de Ck Be je reste convaincu qu'un peu de luxe où tout est dans le détail fait du bien, et que la bouffée d'oxygène respirée dans cette Aqua, plus complexe et à mon sens plus aboutie que ce qu'elle pourrait laisser penser au départ serait ce qu'il faut sentir là bas ! J'aime beaucoup le contraste citronné, aldéhydé, floral salicylé et fumé de Aqua Universalis. Le travail est très fin et plus profond que pour Ck Be. Comme j'envie ceux qui ne comptent pas ! "Chi vous plait, madame monsieur, anonyme ou charitable journaliste, z'auriez pas 75€ pour aller faire un petit coucou à la désormais célèbre et charmante Donatienne (quelle popularité !) pour que cette eau vivante soit du voyage, même un tout petit flacon ?" Bon, j'arrête, j'ai honte, mais vous feriez quoi vous ?
Illustrations : Arthus Bertrand : 6 Milliards d'autres et Calvin Klein parfums.
Alors, quel parfum porter ? Navegar ? Joli mais vraiment trop fugace. Préparation parfumée ? Magnifique également mais qui ne l'est pas moins. Le compromis viendrait à ce jour de l'Eau d'Issey pour homme, pour sa signature "japonisante" qui me rappelle de manière agréable les sushis avec du wassabi et du gingembre. Je l'ai porté en 1995-96 et redécouvert récemment. Il fera sans doute partie du voyage. Puis la semaine est passée, et j'ai rencontré Aqua Universalis. Un coup de coeur qui semble réunir toutes les qualités recherchées pour la circonstance, y compris cette facette marine et fumée. Hélas, trois fois hélas, je ne peux pas craquer, car les limites de mon porte-monnaie ce mois-ci sont déjà bien entamées. C'est lui qui craque. La question demeure, obsédante, quel parfum porter ?
J'évoquais dans mon précédent article une certaine parenté entre Aqua Universalis et Ck Be de par les notes salicylées. C'est peut être le bon ? En testant le fond de flacon qu'il me reste, je comprends que l'idée d'un parfum qui formerait un tout et pour tout existait déjà il y à 12 ans, avec un discours très similaire : nous sommes 6 milliards, en un tout, unis. Un parfum de peau mouillée par du sable chaud, habillée d'une lavande propre et d'un travail sur une idée du magnolia. Du genévrier parce qu'il "sent" la peau et de la fève tonka pour que Ck Be entre en osmose facilement. Saturé de muscs blancs, il donne cette impression de partir vite, fugace et absent. Ce n'est pas le cas pourtant. Le principal reproche fait à Ck Be à l'époque était son coté "lessiviel", voulu propre et décontracté et ouvertement revendiqué aujourd'hui par FK pour son Aqua. Peut être n'a-t-il pas plu à cause de cela ? C'était pourtant avant-gardiste. Comme le prix est très raisonnable, ce serait peut être enfin le bon parfum à emporter ?
Oui mais voilà, à trop pousser cette idée d'être tous pareil, de sentir la même chose dans une sorte de minimalisme uniforme et universel, c'est l'ennui qui me gagne. C'est sans doute pour cela que j'ai très peu porté Ck Be. Ce parfum prouve que le "miniversel" n'est pas nouveau, mais aussi attrayant soit il par ces notes de tête salicylées que j'aime beaucoup, il devient ennuyeux et trop lisse dans son évolution. Peut être trop "mini" et pas assez "uni " avec le "versel" : vite, un peu de lumière, et une bouffée de Shalimar, en extrait, là maintenant tout de suite !
Voilà pourquoi, même s'il faut y mettre deux fois le prix de Ck Be je reste convaincu qu'un peu de luxe où tout est dans le détail fait du bien, et que la bouffée d'oxygène respirée dans cette Aqua, plus complexe et à mon sens plus aboutie que ce qu'elle pourrait laisser penser au départ serait ce qu'il faut sentir là bas ! J'aime beaucoup le contraste citronné, aldéhydé, floral salicylé et fumé de Aqua Universalis. Le travail est très fin et plus profond que pour Ck Be. Comme j'envie ceux qui ne comptent pas ! "Chi vous plait, madame monsieur, anonyme ou charitable journaliste, z'auriez pas 75€ pour aller faire un petit coucou à la désormais célèbre et charmante Donatienne (quelle popularité !) pour que cette eau vivante soit du voyage, même un tout petit flacon ?" Bon, j'arrête, j'ai honte, mais vous feriez quoi vous ?
Illustrations : Arthus Bertrand : 6 Milliards d'autres et Calvin Klein parfums.
samedi 12 septembre 2009
Aqua Universalis - Maison Francis Kurkdjian 2009 : united colors of Francis Kurkdjian.
Je commencerais cet article par un seul mot : merci ! Monsieur Kurkdjian, malgré votre réserve et votre distance un peu froide que je mettrais sur le compte d'une popularité peut être lourde à supporter parfois, je tenais à vous remercier. Vous ne le savez sans doute pas, mais vous venez de concrétiser un de mes rêves olfactifs. Constatant cela, je comprends mieux également pourquoi j'ai choisi de prendre de la distance par rapport à la création de parfum, qui était un rêve personnel : pourquoi s'évertuer à vouloir faire quand d'autres le font déjà très bien avec talent ?
Personne ne le sait et c'est normal, mais je me demandais depuis déjà plusieurs années comment transcrire l'idée d'une Cologne moderne, portable par tous et par tout temps, mais dont le concept irait au delà du parfum, avec comme représentation mentale le bleu du ciel avant le coucher du soleil. Le nom d'Aqua me parlait déjà avec l'idée de l'utiliser comme un "splash". Rafraîchissante comme une bouffée d'oxygène, je l'imaginais en puisant dans Ck be, dans Dunhill Homme d'Amandine Marie et dans Dune Homme de Dior quelques notes propres et salycilées faisant penser à une peau salée que le sable aurait frottée. Ce serait le point de départ. Après quelques essais que je laissais tomber très rapidement par manque de temps, de moyens et d'envie mais que je conserve encore, l'idée demeurait en secret. Aqua Universalis correspond exactement à ce que j'imaginais, je vous remercie donc d'avoir su et pu réaliser ce rêve, avec un style et une signature olfactive fraiche et vive, très légèrement marine et épicée d'une finesse qui transcende les parfums cités.
L'Aqua Universalis dépasse donc tout ce que l'on imagine d'un parfum. Il y a sans doute en arrière pensée l'idée d'un luxe épuré, léché, simple. Une eau que tout le monde pourrait porter que l'on soit blancs, noirs, jaunes, rouges, verts, en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique, partout, été comme hivers, une eau qui formerait un tout, comme une aura que l'on aurait autour de soi, en soi, sans avoir l'impression de porter un parfum. Une eau, dont la complexité se trouverait non pas dans la richesse exceptionnelle des matières premières utilisées, mais dans la simplicité des choix effectués sur des notes très pures convergeant vers l'aboutissement de l'idée. Une eau, que l'on porterait sur soi, sur ses vêtements, dans ses draps, sur son linge, comme un refuge. Une eau universelle, pour tous et pour tout, comme un message de paix. Tout est en un tout, uni. Comme si finalement, le vrai luxe aujourd'hui était de ne pas mettre tout son argent dans un parfum cher, luxueux et opulent mais de s'offrir cette simplicité, cette limpidité, cette sorte du lumière, en soi, pour soi et pour les autres, une simplicité où même l'odeur des bulles offertes à ses enfants serait reconnaissable par ses accents de poire, d'herbe coupée ou de menthe fraîche.
Francis Kurkdjian aurait donc la réserve d'un talent dont il peut effectivement être fier.
Pureté des matières, pureté des lignes, choix des matériaux, aboutissement d'une idée, d'une personnalité, c'est une belle surprise à laquelle à vrai dire je ne m'attendais pas. Pour cette rentrée, il semblerait même que j'ai envie de renvoyer tous mes derniers coups de coeur aux oubliettes pour laisser ce doux rêve prendre place autour de moi : Aqua Universalis pourrait bien avoir raison des Back to Black, Fille en Aiguille, Fahrenheit Absolute, Chloé Intense et beaucoup d'autres. Une pureté qui ressource, comme une bouffée d'oxygène qui fait du bien.
Pour la description olfactive et l'impression générale, je partage entièrement l'avis d'Octavian sur cette idée de diamant scintillant et transparent : "This one is the scent of sparkling diamonds" et je vous invite à lire son article.
Maison Francis Kurkdjian, 5 rue d'Alger 75001 Paris, suivez les bulles parfumées ! Site.
Illustrations : 6 milliards d 'autres - Arthus Bertrand et Francis Kurkdjian.
Personne ne le sait et c'est normal, mais je me demandais depuis déjà plusieurs années comment transcrire l'idée d'une Cologne moderne, portable par tous et par tout temps, mais dont le concept irait au delà du parfum, avec comme représentation mentale le bleu du ciel avant le coucher du soleil. Le nom d'Aqua me parlait déjà avec l'idée de l'utiliser comme un "splash". Rafraîchissante comme une bouffée d'oxygène, je l'imaginais en puisant dans Ck be, dans Dunhill Homme d'Amandine Marie et dans Dune Homme de Dior quelques notes propres et salycilées faisant penser à une peau salée que le sable aurait frottée. Ce serait le point de départ. Après quelques essais que je laissais tomber très rapidement par manque de temps, de moyens et d'envie mais que je conserve encore, l'idée demeurait en secret. Aqua Universalis correspond exactement à ce que j'imaginais, je vous remercie donc d'avoir su et pu réaliser ce rêve, avec un style et une signature olfactive fraiche et vive, très légèrement marine et épicée d'une finesse qui transcende les parfums cités.
L'Aqua Universalis dépasse donc tout ce que l'on imagine d'un parfum. Il y a sans doute en arrière pensée l'idée d'un luxe épuré, léché, simple. Une eau que tout le monde pourrait porter que l'on soit blancs, noirs, jaunes, rouges, verts, en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique, partout, été comme hivers, une eau qui formerait un tout, comme une aura que l'on aurait autour de soi, en soi, sans avoir l'impression de porter un parfum. Une eau, dont la complexité se trouverait non pas dans la richesse exceptionnelle des matières premières utilisées, mais dans la simplicité des choix effectués sur des notes très pures convergeant vers l'aboutissement de l'idée. Une eau, que l'on porterait sur soi, sur ses vêtements, dans ses draps, sur son linge, comme un refuge. Une eau universelle, pour tous et pour tout, comme un message de paix. Tout est en un tout, uni. Comme si finalement, le vrai luxe aujourd'hui était de ne pas mettre tout son argent dans un parfum cher, luxueux et opulent mais de s'offrir cette simplicité, cette limpidité, cette sorte du lumière, en soi, pour soi et pour les autres, une simplicité où même l'odeur des bulles offertes à ses enfants serait reconnaissable par ses accents de poire, d'herbe coupée ou de menthe fraîche.
Francis Kurkdjian aurait donc la réserve d'un talent dont il peut effectivement être fier.
Pureté des matières, pureté des lignes, choix des matériaux, aboutissement d'une idée, d'une personnalité, c'est une belle surprise à laquelle à vrai dire je ne m'attendais pas. Pour cette rentrée, il semblerait même que j'ai envie de renvoyer tous mes derniers coups de coeur aux oubliettes pour laisser ce doux rêve prendre place autour de moi : Aqua Universalis pourrait bien avoir raison des Back to Black, Fille en Aiguille, Fahrenheit Absolute, Chloé Intense et beaucoup d'autres. Une pureté qui ressource, comme une bouffée d'oxygène qui fait du bien.
Pour la description olfactive et l'impression générale, je partage entièrement l'avis d'Octavian sur cette idée de diamant scintillant et transparent : "This one is the scent of sparkling diamonds" et je vous invite à lire son article.
Maison Francis Kurkdjian, 5 rue d'Alger 75001 Paris, suivez les bulles parfumées ! Site.
Illustrations : 6 milliards d 'autres - Arthus Bertrand et Francis Kurkdjian.
mardi 8 septembre 2009
Tout le monde veut son Angel !
Depuis sa sortie en 1992, Angel s'est taillé une belle part des anges. Ceux ci ont été bien généreux et bien des femmes lui doivent leur signature. Soit, mais Angel doit impérativement être bien porté : par la bonne personne et avec le bon dosage, sinon, l'ange devient vite démon et quelques personnes qui le portent devraient vraiment revoir leur copie. S'il est bien porté, toute la structure du parfum ressort, et je crois bien que le plus beau sillage d'Angel que j'ai jamais croisé fut un extrait, tellement il était beau : dans un sillage fruité innovant de pomme verte, de mandarine, d'ananas et de fruits de la passion, la barbe à papa se faisait bien présente sans être lourde. Le tout scintillait autour de quelques fleurs blanches et du patchouli. Je m'en souviens encore.
Depuis, bien des fois j'ai croisé cet ange, bien des fois il était diaphane, désespérément plat, ne laissant comme impression olfactive qu'un vague mélange sirupeux, poussiéreux voir un peu sale de caramel et de patchouli entrelacés.
En 2009, Angel inspire bien des marques, et 17 ans après la première copie non officielle, Nirmala, qui a valu un coûteux procès à Molinard, Angel fait des petits. Des petits, qui portent les traits de leur papa, à savoir cette signature "caratchouli" (caramel, patchouli) bien marquée, mais travaillée sous différents thèmes en puisant dans la structure d'Angel.
Ricci Ricci - Nina Ricci 2009 : La tête.
Dès les premières notes, Ricci Ricci m'a immanquablement fait penser à l'accord de tête de Angel. Pomme, mangue, ananas, fruits de la passion, mandarine rouge sautent au nez des gamines constituant la cible, pour ensuite laisser fondre sur leur peau toute jeune un vague rappel de chewing gum aux fruits rouges d'une célèbre marque. Le coeur se fait plus floral autour de fleurs blanches solaires, et le fond très "caratchouli" comme il se doit, quoiqu'un peu noyé. Une variation somme toute bien fruitée sur un bel accord de tête.
La Roue de la fortune 10 - Dolce & Gabbana 2009 : le coeur.
La roue de la fortune doit être le bon numéro, et c'est dans le coeur d'Angel qu'il va chercher sa chance. En puisant ces notes de tête autour quelques fruits dont nous avons déjà parlé pour le précédent parfum, la signature Angel se devine surtout dans le coeur. Les notes de têtes de ce N°10 sont très futiles et laissent rapidement place à des fleurs suaves (gardénia, tubéreuse et jasmin) de manière à conserver une structure très chaude et sombre. Le caramel et la vanille s'entrelacent ensuite dans un accord très "carambar", pour finir sur les bois plus présents que dans Ricci Ricci, où l'on devine le "caratchouli" ... encore ! Pourtant, pour l'avoir senti sur la peau d'une "black", le compromis n'est vraiment pas trop mal et fait bien penser à une barbe à papa toute douce.
Bois Torride - Guerlain 2009 : le fond.
Bois torride ou boisé torride est comme son nom l'indique un travail autour de différents bois. Angel étant très chargé en patchouli (20% parait il), il n'est pas étonnant que Guerlain sélectionne et charge des bois plutôt précieux pour exécuter son Angel. Je ne doute pas de la qualité des bois choisis, mais le fait de les marier à cet accord "caratchouli" que l'on retrouve bien leur donne un aspect qui me rappelle, mais c'est une impression très personnelle, les vieilles armoires ou l'intérieur d'une vieille voiture. Le cèdre apporte une touche camphrée, le santal une facette rhum et beurrée, et le patchouli, associé à d'autres composants et à des muscs blancs, une facette "vielle malle". Facette que je n'aime pas vraiment. Il y aura des amatrices, mais ce n'est franchement pas mon favori. Bref, un travail sur le fond d'Angel, qui m'évoque l'accord sale dont je parlais plus haut. Cela dit, je nuance mes propos car je ne l'ai pas senti sur peau.
Alors, si vous êtes blasée d'Angel mais que vous aimez une de ses facettes plus particulièrement, essayez ses petits enfants : soit ils se dévoilent, soit vous retrouverez l'original, et là, ce n'est pas à moi de choisir... quoique pourquoi pas ? Pensez vous que j'aie mon mot à dire ?
mercredi 2 septembre 2009
Aqua Fiorentina - Creed 2009 : Nina s'invite dans les beaux quartiers.
Depuis 1760, la marque Creed créé des parfums, et après avoir séduit les grands empereurs de ce monde tout au long de son histoire, la marque a su s'attirer une clientèle de fidèles nantis. Ce n'est pas pour autant que les parfums m'ont séduit, d'une part parce qu'ils ne me semblent pas très créatifs, d'autre part, parce que, à quelques exceptions près, ils sont souvent des variations sur un thème déjà connu dans les parfums plus mainstream.
Le dernier bébé de la maison, Aqua Fiorentina, ne semble pas échapper à cette règle. En 2009, le thème est la gourmandise, qu'il puise en Italie, d'où il tire son nom, une fraîcheur vive et jeune, mais aussi et surtout l'accord phare d'un des parfums italiens "gustatifs" les plus vendus au monde, Light Blue de Dolce et Gabbana. Après avoir fait le tour du monde, cet accord phare développé par Olivier Cresp (créateur de Angel) pour Firmenich et que l'on retrouvait déjà en plus gourmand dans Nina de Nina Ricci semble avoir attiré les convoitises de cette marque plus huppée. Bien que l'on nous parle de rose et de reine claude, c'est la mandarine, le citron et la bergamote de Sicile qui dominent. Un départ strident, qui vous fait pétiller les papilles, mais qui rappelle furieusement les deux parfums cités. La rose se dévoile sous une facette encore peu explorée, une facette légèrement aqueuse (hélional, calone?), accompagnée de poivre rose, de clou de girofle et d'une touche de feuille de violette. Certains y verront un fruit juteux et pétillant, d'autres devineront sans doute la reine claude de manière plus évidente. Si l'on fait abstraction de cette note aqueuse, Aqua Fiorentina semble être un travail autour de la sensation provoquée lorsque l'on croque ce fruit car l'ensemble est acidulée, vert et fruité. C'est réussi, et le parfum se fait très constant dans son évolution, comme pour ne pas trahir l'idée. Le fond reste très clair, grâce au santal et au cèdre, très légèrement fumé (très à la mode en ce moment) pour ne jamais tomber dans ce qui serait une triviale gourmandise. La note aqueuse, elle, affirme toujours sa présence.
Les impératrices ne sont plus ce qu'elles étaient, et maintenant qu'elles font du R&B, elle n'ont plus les mêmes exigences, Creed semble être à l'écoute. Ce parfum s'adresse sans doute aux jeunes filles argentées ne souhaitant pas être assimilées à la horde qui porte Nina et Light Blue. Une question demeure cependant : le sillage se distingue t-il suffisamment des deux autres ? Ce n'est pas certain, mais même si la note aqueuse que je mentionne me dérange personnellement, comme pour Light Blue et Nina, il y a quelques chose de magnétique et de très attirant dans sillage de cette Aqua.
Après avoir fait le tour du monde, Nina vêtue d'un bleu léger semble avoir fait fortune et peut s'installer sans sourciller dans les beaux quartiers, où elle séduira d'autres hommes et sera plus tranquille.
Le dernier bébé de la maison, Aqua Fiorentina, ne semble pas échapper à cette règle. En 2009, le thème est la gourmandise, qu'il puise en Italie, d'où il tire son nom, une fraîcheur vive et jeune, mais aussi et surtout l'accord phare d'un des parfums italiens "gustatifs" les plus vendus au monde, Light Blue de Dolce et Gabbana. Après avoir fait le tour du monde, cet accord phare développé par Olivier Cresp (créateur de Angel) pour Firmenich et que l'on retrouvait déjà en plus gourmand dans Nina de Nina Ricci semble avoir attiré les convoitises de cette marque plus huppée. Bien que l'on nous parle de rose et de reine claude, c'est la mandarine, le citron et la bergamote de Sicile qui dominent. Un départ strident, qui vous fait pétiller les papilles, mais qui rappelle furieusement les deux parfums cités. La rose se dévoile sous une facette encore peu explorée, une facette légèrement aqueuse (hélional, calone?), accompagnée de poivre rose, de clou de girofle et d'une touche de feuille de violette. Certains y verront un fruit juteux et pétillant, d'autres devineront sans doute la reine claude de manière plus évidente. Si l'on fait abstraction de cette note aqueuse, Aqua Fiorentina semble être un travail autour de la sensation provoquée lorsque l'on croque ce fruit car l'ensemble est acidulée, vert et fruité. C'est réussi, et le parfum se fait très constant dans son évolution, comme pour ne pas trahir l'idée. Le fond reste très clair, grâce au santal et au cèdre, très légèrement fumé (très à la mode en ce moment) pour ne jamais tomber dans ce qui serait une triviale gourmandise. La note aqueuse, elle, affirme toujours sa présence.
Les impératrices ne sont plus ce qu'elles étaient, et maintenant qu'elles font du R&B, elle n'ont plus les mêmes exigences, Creed semble être à l'écoute. Ce parfum s'adresse sans doute aux jeunes filles argentées ne souhaitant pas être assimilées à la horde qui porte Nina et Light Blue. Une question demeure cependant : le sillage se distingue t-il suffisamment des deux autres ? Ce n'est pas certain, mais même si la note aqueuse que je mentionne me dérange personnellement, comme pour Light Blue et Nina, il y a quelques chose de magnétique et de très attirant dans sillage de cette Aqua.
Après avoir fait le tour du monde, Nina vêtue d'un bleu léger semble avoir fait fortune et peut s'installer sans sourciller dans les beaux quartiers, où elle séduira d'autres hommes et sera plus tranquille.
Illustrations : Tim Walker et Creed.