dimanche 26 décembre 2010

2010, année sympathique, les temps forts !


BONNE ANNEE 2011 !!!!

A la fin d'une l'année, j'aime bien faire un petit retour sur celle qui vient de s'écouler. 2010 fut une année particulièrement sympathique et marquée de quelques temps forts.

Janvier : après la découverte de l'Heure Promise et de White Suede, l'année commence en douceur, avec les parfums construits autour des muscs blancs.

Février :
c'est un mois assez calme, mais j'avais décidé de rendre hommage à une marque qui tient une place importante dans mon approche du parfum, l'Artisan Parfumeur, à travers quelques créations rares et d'autres plus connues.

Mars :
un mois encore plus calme, contrairement à 2009, mais une interview avec un parfumeur à connaitre, Fabrice Olivieri, créateur entre autre de parfums Bio pour Nature & Découverte, et du fabuleux Le 6 de Ida Delam, dont nous reparlerons en 2011.

Avril : mois particulièrement riche et essentiellement marqué par la participation quelque peu inattendue au Grand Prix du Parfum 2010, où nous sommes associés Poivrebleu, Graindemusc, Ambregris et moi même à des évaluateurs et journalistes pour choisir un parfum qui sera le prix des spécialistes. Avec une avance marquée, c'est La Treizième Heure qui l'emporte. Pour 2011, j'ai bien une petite idée mais rien n'est encore fait !

Mai : mai sera marqué par le lancement presse de Womanity, en présence de Thierry Mugler, Pierre Aulas et Joel Palix. Un parfum pas évident mais que nous aimons pour son parti pris olfactif dans un marché aseptisé. Je découvre également Nuit de Tubéreuse, Baudelaire et les derniers Bénéfit, puis choisi d'échanger avec vous quelques secrets de fabrications à travers quelques matières premières aux noms barbares, mais bien utiles.

Juin : mois très vif également, car marqué par l'interview de Frédéric Malle et de Maurice Roucel autour de Dans tes Bras, par la découverte de mon gros coup de coeur 2010 qu'est Jacomo Art Collection 02, et par un voyage dans un Berlin qui embaume le tilleul.

Juillet : rendez vous avec quelques bonnes affaires et découverte de deux amis, Cakos et Cakette, que l'on retrouvera sans doute quelques part en 2011.

Août : vide intersidéral et découverte de Bleu de Chanel ... vide intersidéral ! Un peu de fatigue tout de même car je ne relève même pas la jacinthe dans Bas de Soie ... c'est grave docteur ?

Septembre :
Habit Rouge fête ses 45 ans, acquisition d'un parfum cher et deux coups de coeur : un nouveau Love Chloé, et une valeur sûre Blenheim Bouquet, plus actuel que l'on peut le penser car recopié aujourd'hui par Dior avec Granville.

Octobre : un concours pour une soirée Terrible en perspective, une rencontre avec nos lecteurs se prépare et parfum de duel, de bimbo et de sensualité.

Novembre : le mois de la Rose, marqué par l'interview de Marie Hélène Rogeon, par la présentation de Jessy's Rose, dont je me rends compte que c'est un parti pris trop marqué qui rencontre un succès très relatif, mais qui est un vrai premier pas, et m'encourage tout de même à continuer en 2011 avec d'autres créations. Puis, c'est la découverte, avec une grande partie de la blogosphère francophone d'un parfum tout doux et vraiment bien fait qui n'est pas encore en vente.

Décembre : bien sûr, la soirée des lecteurs est un moment particulièrement marquant, qui nous encourage à vouloir renouveler l'expérience, à travers d'autres aventures parfumées. Jammin et Cruel Gardénia se dévoilent en parfums de la nuit, et un Bas Armagnac exceptionnel s'invite pour un Noël en famille.

Les coups de coeur de l'année :

Grand Public : Close de Gap, Love Chloé, Minuit Noir, Les 3 nouveaux Bénéfit, Midnight in Paris, Bulgari Man, The One Gentleman, Le Mâle Terrible.

Diffusion limitée et parfums de niche : Les 3 Jacomo Art Collection, Baudelaire, Portrait of a Lady, Nuit de Tubéreuse, Traversée du Bosphore, L'Eau Duelle, L'Heure Fougueuse, Mitzah.

Voilà, peut être pourriez vous en commentaire nous dire quels articles vous ont le plus plu, ceux que vous avez le moins aimés, et émettre quelques suggestions pour 2011 ? Qu'en pensez vous ?

Il me reste à vous souhaiter une bonne relecture et une excellente année 2011. Elle s'annonce également très riche en évènements et nouvelles aventures.

jeudi 23 décembre 2010

Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou 1948 : approcher l'exceptionnel !

Je reviens plus tôt que prévu, car il vaut mieux en parler avant demain soir finalement !

Novembre 2010, il fait froid et il pleut. L'humeur maussade, nous décidons tout de même avec un ami d'aller faire un tour Porte de Versailles au salon des vignerons indépendants. Accès difficile, bondé à cause du salon de l'étudiant qui se tient en parallèle, une heure et demie après être partis, nous nous glissons parmi la foule pour atteindre enfin l'entrée ! Surprise, nous ne sommes pas seuls amateurs de bons alcools ! Les producteurs également sont très nombreux. Il faut donc cibler la recherche. Peu inspiré et n'ayant pas tant d'occasions que cela d'épuiser ma propre cave, je laisse mon ami choisir de me conduire pour humer quelques Chablis et Corton, en trouvant quelques bonnes surprises. Je garde tout de même une idée en tête mais je ne croise pas les stands qu'il faut, jusqu'à ce que je tombe sur celui-ci...

N'ayant rien à prouver, Pierre offre ses fioles de Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou à la dégustation avec un entrain qui en dit long sur sa confiance !

Prudents mais un peu sceptiques quand même car nous connaissons quelques illusionnistes du goûts et des papilles très présents dans ces salons, nous nous approchons.

- "Par où voulez-vous commencer ?"
- "On vous fait confiance !"

Nous commençons donc dans les années 80 pour remonter ensuite le temps sur 3 ou 4 verres de dégustations, déjà bien convaincus. Nous sommes en 1956.

-" Et le 1948, c'est vraiment autre chose ?". Il ne dit rien et tend la basquaise pour verser un peu de son breuvage dans nos verres.

Ouhh ouh ! Ouh lala !! Waouh !!!

Vous êtes blasés des mauvais parfums ? Un premier nez de ce Bas Armagnac vous remet dans le droit chemin, car c'est encore mieux que les meilleurs : je pense immédiatement à un chypre ancien comme Cabochard vintage de Gres, à la couleur automnale de Knowing d'Estée Lauder, à la richesse ambrée et miellée de Patchouli de Réminiscence et à la profondeur cuirée et épicée de Tabac Blond de Caron. Quelles références !

Les premières impressions sont donc chyprées. Une rose ancienne fraîche se présente accompagnant le pruneau confit et un effet boisé qui me rappelle le patchouli et la mousse de chêne. C'est normal, il a vieilli en cave et en fut pendant plus de 50 ans. Quelle richesse, je n'en reviens pas !

S'en suivent une succession de notes épicées comme la cannelle, le clou de girofle et le poivre blanc, du miel, des notes ambrées et torréfiées de café et de pain grillé, voire même des inflexions de tabac, comme pour un bon cigare. La vanille et des notes goudronneuses qui rappellent le cuir de Russie se glissent dans l'ensemble dans un équilibre parfait, sans jamais dénoter ou prendre le dessus. Il y a même de l'animal là dedans, comme ces bons vieux muscs riches et sensuels encore utilisés en parfumerie à l'époque pour reproduire des effets similaires. Tout cet ensemble cuiré-animal constitue comme une charpente. Le raisin a fournit le sucre et le miel de la matière, le fut à fourni la couleur, la patine, mais aussi le goût, le temps l'a magnifié. En bouche, c'est la même explosion, car il est très fidèle à son nez, mais il est encore meilleur en lui laissant le temps de se réchauffer, de s'arrondir pour dévoiler toute sa richesse !

Le plus surprenant quand même, c'est l'évolution dans la dégustation. Au bout de quelques minutes et dans le fond de la bouche et du verre, ce sont des notes aromatiques de thym et de sauge qui se dévoilent, alors que dans un parfum, elles auraient joué leur rôle en note de coeur.

Pendant l'heure qui suit la dégustation, je n'arrive plus à me concentrer sur autre chose. J'ai ce magnifique bouquet en tête et je n'en démords pas, c'est exceptionnel, et il ne reste vraiment plus qu'une basquaise de 700ml sur le salon !

Bien décidé et convaincu, Pierre n'a pas beaucoup d'effort à faire. Nous repassons sur le stand car bien sûr, je craque. Je culpabilise un peu pour le prix, mais pas tant que cela, car tout bien considéré, il y a plus de corps que dans le dernier Ellena à plus de 150€ et c'est moins cher qu'un parfum vintage en bon état. Il y a bien des charlatans sur ces salons, mais il existe aussi des maîtres. Rendre hommage à cet art où le temps, comme beaucoup d'autres facteurs, écrit sa patte dans cet opus de 62 ans d'âge, c'est un beau trait d'union, car le goût du parfum n'est pas si éloigné !

Tel un tableau de Turner, ce Bas Armagnac Baronne Jacques de Saint Pastou 1948 capture les couleurs et les matières dans des nuances chaudes d'or et de miel. Un plaisir, qui sera partagé pour Noël. Prendrez vous vous aussi un petit digestif d'exception ?

Un très joyeux réveillon de Noël à tous et soyez prudents sur les routes, car la neige s'invite au rendez-vous !

Illustrations : William Turner. Site :
armagnac-saintpastou.com

samedi 18 décembre 2010

Noël Gourmand !

Cette année pour Méchant Loup, Noël sera placé sous le signe de la gourmandise, car les parfumeurs on su faire preuve de créativité autour de notes délicieuses et régressives, sans forcement jouer sur la facilité. Alors voici une petite sélection de plaisirs à offrir, se faire offrir ou à s'offrir pour un Noël 2010 gourmand :

Jacomo Art Collection 02 : pâte d'amande, noix de coco, café, soutenus par une note de cuir doux, ce parfum est un de mes plus gros coup de coeur de 2010. Celui ou celle qui souhaiterait l'offrir ou se l'offrir devra s'armer de courage car hormis sur le site internet de la marque ou dans les parfumeries Beauty Succes du Sud-Ouest de la France, cette collection est introuvable ... vraiment, quel dommage, car on en redemande !

Midnight in Paris de Van Cleef & Arpels : nous sommes quasiment tous d'accord. C'est un des lancements les plus intéressants de cette rentrée. Pourtant, à priori, la marque ne misait pas beaucoup dessus car elle n'a pas choisi de lancer l'eau de parfum dans un premier temps. Pourtant, sa présence sur les linéaires des parfumeries semble confirmer un certain engouement. Ce parfum, c'est du miel, de l'ambre sucrée comme une corne de gazelle, paré d'iris et de cuir, duo encore et toujours aussi sensuel et éclairé par les facettes florales classiques de l'accord muguet. A mi-chemin entre Dior Homme et Black de Bulgari, franchement, même le flacon mérite le détour. Vous pensiez offrir Bleu, détournez vous vers ce Midnight in Paris, vous ne le regretterez sûrement pas.

L'Eau Duelle de Diptyque : vous aimez la vanille, éternel séduisante et sans risque ? Celle-ci vous habillera d'une guirlande de notes épicées qui se battent en duel avec un voile d'une vanille épurée, légère et débarrassée de notes trop collantes et ambrées. Du beau travail.

Mi Fa de Réminiscence : Mi Fa joue sur la guimauve, capturée dans le sucre la fleur d'oranger, qu'elle habille de sucre glace, de mandarine et de grenadine. Aussi craquant et léger qu'une meringue, il séduira celles qui aiment les parfums fruités et gourmands mais qui n'aiment pas la lourdeur de notes trop vanillées, d'amande ou de chocolat. Allez, on craque ?

Carmella de Bénéfit : un peu puissant, il faut bien le reconnaître mais quelle créativité ! Un agréable cocktail aux notes de rhum, d'ananas et de noix de coco crémeuse. Tiens, cela me rappelle une certaine recette de Pina Colada ! Allons donc voir si on la trouve dans le livre La Cuisine des Nez ? Il faut oser mais au moins, Bénéfit a osé, et rien que pour cela, et comme en plus ce n'est pas le parfum de tout le monde, j'adore !

Traversée du Bosphore de l'Artisan Parfumeur : un loukoum à la rose, saupoudré de sucre glace, dont la forme travaillée rappelle aussi les tulipes d'Istanbul. Lumineux au moment où vous le mettez sur peau grâce à la pomme et au gingembre, il se glisse ensuite dans un fourreau de cuir souple et d'iris tel le parfum d'une fumerie de narguilé, pour revenir ensuite sur votre peau comme le sucre accroché en bouche... un régal d'équilibre !

Minuit Noir de Lolita Lempicka : on aime ou on déteste mais il a au moins le mérite de prendre des risques sur un territoire olfactif et gustatif pas évident : la réglisse et l'anis. Son départ violette-iris plus percutant que dans Lolita Lempicka l'original vous emporte ensuite vers l'anis, la cerise noire, la pâte d'amande, ce qui me rappelle un peu La Petite Robe Noire de Guerlain. Bien sûr la réglisse l'en distingue, mais je le trouve diablement original et sensuel et de surcroit plus distingué que son ainé.

Voilà pour le sucré, mais le salé aussi nous donne rendez-vous.

Bang de Marc Jacobs : quoi de plus explosif que les notes poivrées pour exprimer le "bang" ? Après un départ follement original de poivre et de rhubarbe, Bang s'aventure sur un terrain épicé et boisé, très linéaire mais chaud et sensuel, qui joue sur la virilité sans tomber dans la caricature car elle reste peu brutale. Une communication kitch et décalée et un flacon intéressant, voilà encore un courageux qui se distingue cette année, comme son inspirateur qui s'est sacrément musclé et prend des risques en s'exposant ! En France, il faut aller le chercher dans les boutiques Marc Jacobs .... allez comprendre mais ça vaut le coup.

I Love les Carottes de Honoré des Prés : la carotte et l'iris sont très proches olfactivement. Est-ce parce qu'ils poussent tous les deux dans la terre où ils vont chercher leur richesse olfactive ? Ils sont souvent rejoints par la violette qui elle non plus ne pousse pas bien au dessus. Toute cette petite famille terrienne a donné naissance à une flopée de matières premières parfum très proches, grâce à laquelle Olivia Giacobetti a pu créer ce parfum dans un équilibre salé terreux doux et sensuel. Original en diable et pas du tout importable !

Voilà, quelques idées bien agréables en bouche et sur peau qui m'amènent à vous souhaiter un très joyeux Noël à tous car je ne crois pas faire de nouvel article d'ici là ! Profitez en bien et rendez-vous la semaine prochaine sur un autre territoire de l'odorat ... après les fêtes.

lundi 13 décembre 2010

Cruel Gardénia - Guerlain 2008 : diamants addiction.

Mais pourquoi est-il si cruel ? C'est la question que l'on peut se poser en découvrant ce gardénia à priori bien innocent. C'est qu'il cache bien son jeux car à bien y regarder, il dévoile ses charmes, l'air de rien, jusqu'à rendre dingue, et provoquer l'addiction.

Cruel, car sa magie, c'est d'avoir capturé la note fleurie et lumineuse du gardénia dans un accord d'aldéhydes et de muscs blancs assez simple... à priori. Bien avant lui, cette lumière un peu froide, électrique et légèrement métallique avait été capturée dans des parfums comme Calandre de Paco Rabanne ou Rive Gauche d'Yves Saint Laurent, tout deux dans un esprit couture, comme pour évoquer les aiguilles de la couture.

Cruel car Guerlain n'étant pas couturier, c'est dans un autre univers que s'inscrit pour moi ce Cruel Gardénia : celui des diamants, les vrais, scintillants, étincelants aux mille facettes. Taille de policeMeilleurs amis de la femme, meilleurs amis des robes de couturier, les diamants sont éternels car ils ne rayent jamais. S'ils devaient avoir une odeur, elle serait proche de ce parfum.

Cruel, car brillant, facetté, ciselé comme un diamant brut, il brille dans sa limpidité et sa simplicité. Maîtriser un tel équilibre dans le choix et l'harmonie des matières premières demande du talent, et c'est parfaitement réussi de la part de Randa Hammani et de Sylvaine Delacourte.

Point de notes trop florales, point de fruits, point de bois, rien de terreux puisé dans la fleur de gardénia, mais plutôt un effet froid, minéral, une fraîcheur métallisée. Un voile de muscs doux appuyés sans doute par une petite touche d'un patchouli très pur et très sensuel, sur peau, il s'illumine, il brille tel une rivière de diamants. Il n'est donc pas si innocent ?

Cruel, il l'est aussi pour les hommes, car, reprenant le cocktail aldéhydes - muscs dont on sait qu'il agit sur eux comme un pot de miel pour les ours, s'ils le respirent sur la peau de leur bien aimée, ils auront sans doute envie de ne plus la quitter tellement il la sublime de son sillage pointu et féminin. Le charme caché opère, la femme et son homme sont accros.

Une telle addiction, ça fait vriller la tête, et il faut avoir un peu de moyens. Vraiment trop cruel !

Illustration : David Lachapelle, Guerlain.

mercredi 8 décembre 2010

Soirée des lecteurs du 30 Novembre 2010 : le résumé !

Il fait froid dehors, mais au 2e étage du 49 avenue de l'Opéra, dans les locaux de Thierry Mugler, un petit groupe d'allumés s'affaire. Préparation de flacons, alignement de touches à parfums, rangement de tables et mouvement de chaises, tout doit être prêt pour accueillir les invités. L'impatience nous guette, le stress aussi nous gagne un peu : comment vont ils réagir ?

Puis vous arrivez, souriants, détendus, certains nous connaissent et nous connaissons certains d'entre vous, pour d'autres, c'est la découverte, la première rencontre.

La soirée se passe, et entre les trublions avertis du fond de la salle et les passionnés pour qui les coulisses du parfum sont une découverte totale un peu magique, tous participent dans un esprit très joyeux et bon enfant.

Autour de 8 accords de base développés pour Osmoz et les Ateliers de parfum Thierry Mugler dans un coffret "les accords mythiques", nous avons choisi de vous faire découvrir les parfums qui nous parlent. Pour ma part, j'ai volontairement écarté des valeurs étalon que beaucoup connaissent pour concentrer mes choix sur des parfums évocateurs de l'accord en question, et sur lesquels, bien sûr, j'avais des choses à dire.

Vous pourrez découvrir les choix de Juliette de Poivre Bleu et de Sophie de Mybluehour sur leurs blogs respectifs très bientôt, car nous avons décidé de publier au même moment, mais avec des emplois du temps différents.

On part pour un résumé des choix de Méchant Loup ?

Accord Hespéridé - Blenheim Bouquet de Penhaligon's : les agrumes, citron, mandarine, bergamote, orange envoient leur fraîcheur sur un lit d'aromates (thym et origan), de bois de cèdre et de pin. Une valeur sûre et simple pour se sentir bien.

Accord Aromatique - Fou d'Absinthe de l'Artisan Parfumeur : basilic, estragon, anis forment un accord qui rappelle l'absinthe. S'en suit la lavande, le romarin et un cortège de géranium, d'épices, de cèdre et de notes ambrées très douces. Il se colore en fonction des peaux, c'est fou !

Accord Fleurs Blanches - Beyond Paradise d'Estée Lauder : 1988, voyage à la réunion et découverte de la vraie fleur de frangipanier, le choc ! En France, il n'y a aucun parfum qui sente cela à l'époque. 2004, découverte de ce parfum, connexion immédiate : c'est l'odeur naturelle de la fleur que j'ai sentie là bas ! Entre le lys et l'accord typique des fleurs blanches ou solaires, Beyond Paradise est un coup de foudre qui perdure encore aujourd'hui. Il m'envoie dans un jardin d'Eden futuriste, et c'est un sacré parti pris pour une marque mainstream.

Accord Boisé - Méchant Loup de l'Artisan Parfumeur : bien sûr, je ne pouvais pas passer à coté. Evocation de feuilles mouillées, de noisette autour d'un cèdre doux, ce parfum est celui qui me définirait le plus. Très tabac blond anisé sur ma peau, j'aime le retrouver pour me retrouver.

Accord Chypré - Folie de Rose des Parfums de Rosine : Soir de Lune ou Miss Dior ??? Choix difficile, mais mon premier était peut être un peu trop brut et mon second était oxydé. Alors mon choix s'est portée sur le challenger. Folie de Rose est un floral chypré boisé très caractéristique autour de la rose, du patchouli, des bois et des mousses, il reste mon favori dans cette marque avec Rose d'Homme. Un classique à redécouvrir à mon sens.

Accord Oriental - Labdanum de Séville de l'Occitane : Le Labdanum est un constituant indispensable d'un parfum ambré, il est ici habillé de notes de pain d'épice, de miel, de fruits confits, de tabac blond et de cuir. J'aime car c'est un parfum doré, comme les couleurs de Séville ou les reflets d'un bon bas-armagnac. Senti à l'aveugle, il semble faire son petit effet ! A connaître et éventuellement à posséder sans scrupule.

Note Musquée - Lacoste pour Femme de Lacoste : à l'heure où Lacoste surfe sur son image un peu pop et assez 60's, je trouve bizarre que la marque ne choisisse pas de communiquer plus sur ce parfum. Très représentatif d'un travail autour des muscs blancs fruités, doux, cocon, il met aussi en évidence une facette que j'ai qualifiée de vinylique tellement il me rappelle le plastique des poupons, des bouées pour enfants et les robes en vinyle de Emma Peel ou de Twiggy. Le tout habillé d'un bouquet de roses, d'anis et de fleurs blanches. Si le flacon était relooké dans l'esprit de leur gamme de vêtements actuelle, il mériterait un second souffle, mais cela n'engage que moi.

Note Epicée - Poivre Cachemire d'Olfactorum : j'ai longtemps hésité à l'inclure à la sélection mais les filles m'ont encouragé à le présenter. C'est une création personnelle évocatrice de l'Inde d'où les tissus en cachemire imprégnés de patchouli arrivaient au début du siècle pour habiller Paris. Le parfum est construit autour du poivre, des notes épicées du patchouli, et du cashmeran. Un parti pris, que je n'ai pas le sentiment de sentir à tous les coins de rues, et c'était bien le but. Comme Jessy's Rose, il pourrait bien voir le jour en 2011. J'avais choisi de le porter pour cette soirée.

Merci à tous les participants, à très bientôt, et pour les quelques-uns qui n'ont pas pu y assister, il y en aura d'autres. Un grand merci également à Constance et Camille de l'équipe des Ateliers de parfums Thierry Mugler et à Osmoz, ainsi qu'à Aurélie, pour leur soutien et leur aide.

Pour une idée cadeau ou continuer l'expérience, retrouvez les ateliers proposés sur le site : ateliersparfums.com

Illustration - photos de Irina Raza : les lecteurs dans la salle - L'équipe de choc avec de gauche à droite : Aurélie, Juliette, Constance, Sophie, et Méchant Loup - Aurélie préparant les touches à sentir - Twiggy - Le Figaro Pose en Cachemire - l'Artisan Parfumeur.

jeudi 2 décembre 2010

Jammin - Reminiscence 2006 : underground calling !

Berlin, mi-Août, chaleur étouffante. Let's go for a walk and dance all night long. Il est 18h, le soleil est encore vif. Direction Ostbahnhof pour le club Yaambeach au bord de la Spree. Il n'y a pas foule mais les clubbers arrivent petit à petit. Aller, let's have a drink, caipirina à volonté pour tous !

J'enfile les lunettes de soleil car il tape encore et passe un peu de crème solaire aux notes de frangipanier et de tiaré. Nous ne sommes pas des anges, alors une amie nous prépare un petite recette pour nous faciliter la soirée... effluves interdites de chanvre nous arrivent au nez et nous bercent lentement. La musique, reggea, raga, ska imprègne l'atmosphère encore un peu froide. La fumée marque nos vêtements de sa puissante odeur boisée et fumée, un peu crin de cheval.

Caipirinia, fumette, la musique devient plus lounge à mesure que la nuit tombe, pour s'envoler vers des élans de dub et de techno. L'atmosphère se réchauffe, Berlin m'appelle, la chaleur monte, et mon excitation aussi. Je deviens moite, et des effluves de lessive dont l'odeur m'évoque le jasmin synthétique, la tubéreuse et la fleur d'oranger remontent de mon haut de survet adidas vintage vert kaki à trois bandes jaunes déniché en friperie. J'éloigne un peu les relents de bourgeon de cassis de mes skets confortables mais un peu craspouilles quand je les retire pour m'allonger un moment au bord du fleuve qui sent la vase. Elles me suivent en clubbing, je les adore !

La soirée file, j'ai la tête qui tourne un peu, caipirinia et cigarettes ne font plus très bon ménage. Je me dirige vers le chil out, une pièce humide où trainent quelques fauteuils qui sentent les vieilles voitures ou la facette humide du patchouli. J'aime cette ambiance, je m'en imprègne, je la vis intensément le temps de ce repos. Encore une petite fumette, et, avant de retourner sur le sable qui fait office de dancefloor en plein air, je passe par le lavabo pour me rafraichir. Tient ! La savonnette jaune sur son support, elle sent "le savon", un peu le citron, la lavande et une fougère à l'ancienne ! Cool ce souvenir d'enfance, mais bien sûr, ce lieu désaffecté en bordure de la Spree n'est pas récent. Je suis bien, détendu, je plane au son de la musique de Zoe et Paul Kalkbrenner qui nous transporte. Nous rêvons sur la trance ! Nous rentrerons très tard, la tête dans le pâté.

Le lendemain, quelques aspirines et de bons légumes frais nous requinquent. Je retrouve les réminiscences de cette soirée au Yaam quand je prends Jammin sur l'étagère de la salle de bain pour en mettre un peu. Que de souvenirs dans ce flacon aux couleurs de Bob Marley !

J'aime car comme d'habitude chez Réminiscence, Jammin est un parfum qui raconte une histoire, pour des vraies gens, et le parfum, c'est cela avant tout, et pas seulement les dorures et les paillettes d'un luxe censé faire rêver. A l'heure où le coté trash de John Galliano a cédé aux sirènes des fruifuits et des fleufleurs dans son dernier Parlez moi d'amour d'une débilité* qui devient franchement dérangeante, qu'il est bon de retrouver un peu de laisser-aller et de caractère sans compromis dans ce Jammin. Un vrai parfum underground, à porter dans un esprit Berlin Calling ou pour se mettre dans l'ambiance un peu décadente de l'exposition Jean Michel Basquiat au musée d'Art Moderne de Paris.

Une nouvelle vibration de Jammin, Jammin Vibration, plus solaire plus lumineuse, plus vacances, mais tout aussi intéressante est prévue pour février 2011.

*Débilité : état d'extrême faiblesse ou d'insuffisance de développement intellectuel.

Illustration : Jean Michel Basquiat, jusqu'au 20 Janvier 2011 au musée d'Art Moderne de Paris. Réminiscence.