
Devant la prolifération de nouveautés annuelles, trouver un parfum que l'on peut définir comme étant le sien est pratiquement chose impossible. Cela me semble être un exercice difficile, une démarche longue et compliquée pour celui ou celle qui décide de l'entreprendre.
Vous est il arrivé d'avoir une rencontre avec un parfum, de retrouver dès les premières notes cette sensation qu'il est fait pour vous, qu'il est tout ce que vous aimez ? Sa forme olfactive, ses couleurs et ses évocations vous transportent et vous parlent. Passer ce premier cap, vous savez presque d'instinct qu'il fera corps avec vous, vos goûts et votre style de vie du moment.
Pour ma part, ces rencontres pourraient se limiter à quelques parfums, après être passé par plusieurs essais et constats : les vétivers que j'adore se refusent obstinément à mon corps et à ma peau, j'en suis maintenant convaincu. J'ai également aimé quelques patchoulis, mais là c'est l'inverse, j'ai dû faire une overdose car j'ai plus de mal aujourd'hui. Bien sûr, il y a les occasionnels qui me plaisent, qui me vont bien, qui ne sont pas forcement des chefs-d'oeuvre mais que je porte le week-end, en voyage ou quand il fait chaud. Puis il y a ceux que je collectionne, simplement pour avoir le plaisir de les sentir. Frivolité addictive, mais essentielle.
Malgré cela, j'ai besoin de retrouver ces parfums refuges qui sont les miens, qui m'ont accompagné quelques temps ou m'accompagnent encore. J'ai également besoin de sentir, en espérant trouver, parfois, cette sensation aussi rare qu'agréable.
Le tout premier parfum avec lequel j'ai senti une affinité réelle fut Fahrenheit en 1988. Je l'ai porté pas mal d'années, mais à force de succès, il est devenu codé, avec cette impression de porter le parfum des potes. C'est dommage car je l'aime toujours et j'ai plaisir à le porter très très occasionnellement. Sa version Absolute en est une jolie variation.
Le second "choc" de ce type fut Héritage en 1992 : un parfum que je souhaitais et qui dès les premières notes et dès les premiers jours de commercialisation est devenu "mon" Guerlain. Héritage a longtemps été "mon" sillage, il l'est encore aujourd'hui, mais il est trop beau et capiteux pour mon environnement quotidien actuel. Je ne le porte donc que le week end et occasionnellement, comme en cette période de froids d'automne par exemple.
Le troisième est devenu vraiment "mon" parfum. Il en fut décidé ainsi suite à la création de ce blog et parce qu'il m'accompagne depuis longtemps, un peu partout, sauf en voyage ou quand il fait trop chaud. Méchant Loup en 1997 fut une rencontre, une osmose, je l'aime et le porte depuis le début et en vieillissant, il fait de plus en plus partie de ce que je suis, un article complémentaire lui sera consacré très bientôt.
L'Eau du fier est également un parfum qui me correspond, mais il est si difficile à porter que je me contente de le sentir sur le poignet de temps à autre, pour retrouver son odeur qui me fait voyager. Enfin, le "cuir moderne" comme Dzing de l'Artisan, Black de Bulgari et Cuiron de Helmut Lang, relayé aujourd'hui par Strictly Private de Baldessarini, est une signature avec laquelle je me sens en affinité.
En cette fin 2009, c'est une nouveauté récente qui s'inscrit dans la lignée des notes et des évocations auxquelles je suis sensible : un parfum dont je rêvais comme pour Héritage, et la sensation de faire corps. Ce parfum fera l'objet de mon prochain article.

Un point commun à mon sens entres tous ces parfums : les couleurs chaudes et l'écriture olfactive ambrée, boisée avec une facette cuir et quelques épices bien dosées. Tous pourraient s'inscrire dans un tableau de Denis Frémond (ci-dessus) ou de Henderson Cisz (ci-contre) dont j'aime la chaleur qui en ressort et la lumière travaillée.
Après plusieurs discussions avec des personnes que je connais m'ayant donné le nom de leur parfums, j'ai remarqué que pour beaucoup d'entre elles, un style, une matière, une couleur revenait, comme une signature dont elle n'avaient pas forcement conscience et qui était pourtant bien marquée. En prendre conscience peut être réconfortant et permettre d'être moins hésitant dans ses choix.
Et vous ? Trouvez "votre" parfum vous semble t il difficile ? Quelles seraient vos affinités olfactives ? Votre style ? Les connaissez vous ? En êtes vous conscients ? Quel (s) parfum (s) serait "vous" ?
N'hésitez pas à faire partager vos impressions, je vous remercie d'avance.
Illstrations : Little flower de Denis Frémond et Parisian afternoon de Henderson Cisz.