jeudi 9 avril 2009

Après l'ondée - Guerlain 1906 : impression sous la pluie.

Encore trois articles et nous terminerons ce mois Guerlain. Après le soleil et les vacances, c'est aujourdhui d'une promenade sous la pluie qu'il s'agit.
Après l'ondée fait partie de ces parfums qui évoquent plus que tout la nature. Une promenade en foret, on l'on sent les feuilles mouillées, la terre humide, l'eau, et les fleurs de violettes et d'aubépines qui exhalent leurs effluves merveilleuses. Ce parfum est construit comme une aquarelle dans les tons mauve pastel. Il est simple mais cohérent, ces traits ne crient pas, ils se murmurent doucement.
Les toutes premières notes sont anisées, pour mieux rappeler le parfum de l'aubépine et des feuilles humides. La violette s'y dévoile également, élégante et poudrée, toujours associée à l'iris dans un des plus beaux accords de l'histoire de la parfumerie. L'oeillet et ses notes poivrées et épicées de clou de girofle s'annonce naturellement, sans faire de bruit. Une guerlinade douce s'amorce sur le mimosa et la cassie, aux notes poudrées et de "daim", puis termine la partition sur un fond crémeux de vanille et de fève tonka. Est ce pour mieux coller à la nature, car la fève tonka sent presque le foin coupé ? Sans doute.
Délicieusement intemporel, Après l'ondée me transporte dans un univers romantique, calme et serein, où une chose aussi simple que la nature authentique me parle. Je m'imagine au beau milieu d'une toile de Monet, dans le jardin de Giverny, et c'est un peu comme si le parfum était construit de la même manière, tout en fondu.
Le calme, l'herbe humide, les oiseaux, un léger clapotis d'une ondée fraîchement tombée, cela n'a pas d'époque, cela n'a pas de temps, cela n'a pas de prix. Cette sensation se vit encore aujourd'hui, quelques parts à la campagne... après l'ondée. Il est cependant bien dommage de ne pas revoir le flacon "Louis XVI" de l'époque et ne ne plus pouvoir le sentir en extrait, mais tout a été fait pour le sauver, sans succès.
En revanche, Après l'ondée existe toujours et je l'ai senti un jour en arrivant dans le cabinet d'un médecin femme, et je me rappelle très bien cette signature unique qui flottait dans l'air. Un sillage Guerlain comme on ne peut que les aimer, et que l'on aimera toujours. Et puisqu'il en est ainsi, un si joli parfum devrait-il être sexué ?

4 commentaires:

Sylvaine a dit…

méchant loup , vous avez raison de parler d'mprésionnistes , Jacques guerlain a été le premier à présentir le grand talent de, Monet, Manet , il a acheté quelques oeuvres, et disait que c'était charmant dans la chambre des enfants , quand je suis rentrée chez Guerlain , il y avait La pie de Monet dans le bureau de Jean Jacques Guerlain, Après l'ondée pour moi est tout en pastel , un parfum qui donne envie de marcher pieds nus dans l'herbe, un parfum poème , qui est un peu la maman de l 'heure bleue.

Senga a dit…

Vous avez bien traduit ce que l'on ressent en portant Après l'ondée.
Pour ma part voilà ce que j'avais écrit sur le blog d'Ambre Gris: " J'ai découvert Après l'ondée il y a presque un quart de siècle uniquement sur le nom que je trouvais délicieux parce que j'adore me promener dans les chemins après le pluie quand le soleil repointe son nez. Je ne pouvais pas le sentir, il n'y avait pas de testeur, seulement à l'achat un flacon d'eau de toilette de 250ml ou le parfum en 30ml. Je l'ai donc eu en cadeau pour un anniversaire, en parfum. J'ai toujours le flacon, il n'y a plus de parfum mais quand on ôte le bouchon, la merveilleuse odeur est toujours là, délicate, elle ne me semble pas avoir tourné, c'est la note anisée qui persiste le plus...Et depuis j'ai toujours un flacon d'eau de toilette en cours ou en réserve car pour moi c'est une promenade après la pluie, avec le soleil qui réapparait et toutes les odeurs des bords du chemin au printemps qui sont dilatées par l'eau et le soleil: les violettes, l'aubépine..."
Voilà, le nom me faisait rêver et le parfum est vraiment en osmose avec le nom. Et j'aimerai beaucoup sentir " Quand vient la pluie": le nom et le parfum sont-ils autant en accord?

Thierry Blondeau a dit…

Merci Senga pour ce joli commentaire. Pour vous répondre, je n'ai senti que très rapidement Quand vient la Pluie, mais il me semble bien que le nom et le parfum étaient en accord dans un parfum vert et poudré marqué par le galbanum de mémoire. En outre, Quant vient l'Eté, une édition limitée d'il y a 10ans crée par Jean Paul Guerlain me projetait littéralement dans le tableau de Monet "les coquelicots". Tout simplement ma-gni-fique !

Julien F. a dit…

Oui, les coquelicots de Monet, c'est aussi exactement comment je vois ce parfum.

Il y a un engouement fou pour les flacons d'après l'ondée sur ebay, qui finissent autour de 100€.
Il est aussi unaniment révérer par les blogueurs, au point que ça en devient louche -oui je suis tordu-.
Il y a comme un culte de l'extrait perdu, partout, (extrait que je dois encore aller sentir à l'Osmothèque) sur le ton de "c'était mieux avant" (ce qui, hors parfumerie, est souvent un préjugé).

On se laisse facilement emporter et influencé, en matière de parfum (qui n'a jamais acheté "unsniffed" par ici ?!?), et je me demande si en réalité l'EDT n'est pas plus belle que l'extrait.
Mais comme on n'est jamais content avec ce qu'on a, Sylvaine Delacourte passe son temps à essuyer les assaults d'amoureux des parfums, qui voient dans cet extrait le saint graal sans l'avoir jamais senti.

ET je vous met en garde contre les flacons vintage. Le "c'était mieux avant" ne marche plus s'il manque la boîte ou qu'il y a eu de l'évaporation. Heureusement "après l'ondée" ne repose pas uniquement sur ses notes de tête, qui sont celle qui s'usent le plus vite, et "grésillent". Mais pour Joy et le chanel n°5 par exemple c'est assez rédhibitoire, car leurs rose et jasmin sont souvent affectés.