lundi 21 décembre 2020

Eau d'Initié - Exemplaire 2017 : des airs de toi ?


Rares sont les parfums qui me provoquent le trouble, comme une sorte de "je t'aime, moi non plus !"
Découvert d'abord sur touche, j'ai été séduit par les notes chaudes et intimes qui s'étaient posées. Alors, tenté, quand j'ai vu la promotion actuelle de -50% sur le flacon, je me suis laissé tenter : le concept, le prix, le flacon "chanelisant", la promo, l'exclusivité et la marque me plaisaient bien, alors je n'ai pas re-testé le parfum avant mon achat. Pourtant, Maryline, la responsable de la boutique du 334 Rue Saint Honoré, me dit quand même de laisser passer les premières notes pour qu'il se dévoile : et là est bien le problème à coté duquel je suis passé. 
Pourquoi avoir affligé ce parfum de cette tête ? Tout le reste est beau, la myrrhe, l'iris la vanille, l'aspect cuiré et le patchouli constituent en ensemble chaud et attachant sur peau, mais ce coté "malabar tonitruant" a pour effet de littéralement me soulever le coeur à l'envolée et me bloque pour apprécier le reste. Même en le comparant à Allure Homme, qui joue un peu sur les mêmes notes, ce dernier est plus rond, plus doux sur le départ, mais évolue par contre de manière plus linéaire, là ou l'Eau d'Initié se rattrape dans le fond, car la myrrhe fait vraiment ressortir son effet chaud, rond, presque réglissé, et ce de manière discrète. Sur peau, au bout de quelques temps, ça devient joli, mais j'ai un résidu de cette tête qui ne part pas. Je ne regrette pas mon achat, mais je ne comprends pas cette tête criarde et grossière au regard du reste de la structure du parfum, au regard de ce que fait la concurrence sur ce segment prix, là où l'on attend une qualité impeccable, une qualité d'initiés ! 
Si la marque Exemplaire veut renforcer son image parfum, un petit réajustement qualitatif s'impose me semble-t-il sur ce parfum ou sur un dérivé et je dis cela de manière constructive, car la marque à du potentiel, véhicule une image de qualité, possède un concept fort et solide, un beau flacon, mais n'a pas encore bien positionné à mon sens la cohérence olfactive et le prix de son premier bébé. Plus de chaleur, plus de "sombre", plus d'élégance et de profondeur, plus de charme, de mystère et de volupté, comme l'inspire la photo et la voix d'Hervé ci dessus. Des airs de toi sont déjà là, mais plus pointue t'aimerais, chère Eau d'Initié. Qui ne tente pas n'avance pas, et rien n'est perdu car j'y crois ! Et vous, si vous le découvrez, n'hésitez pas à me faire un retour de vos impressions ! 

Illustrations : Exemplaire, Hervé. 




vendredi 4 décembre 2020

Le Lion - Chanel 2020 : l'élégance racée de la griffe.

Comme il était attendu ce Lion, et avec impatience ! Depuis le 1er Décembre il sort de la savane pour montrer ses couleurs dans les boutiques qui portent sa griffe. Je suis quasiment certain que vous aussi être impatients de découvrir à quoi il ressemble. 

L'ambre n'est pas un terrain très exploré par Chanel car à part Allure Sensuelle, Coromandel et dans une moindre mesure Egoïste, la marque a sans doute préféré laisser ce terrain à son concurrent qui en a fait sa patte. Pourtant, avec Le Lion, Chanel sort ses griffes et taille enfin dans l'ambre. Pour les amateurs, il n'y a pas vraiment de surprise, mais là où Le Lion se distingue, c'est dans les nuances. Tel un fauve se faufilant dans la brousse sèche, il dévoile des reflets autour de son pelage chamoisé. 

L'envolée de citron et de bergamote s'estompe plutôt vite sur peau, mais elle joue un rôle essentiel dans la structure du parfum, car ses deux notes vont littéralement former le couple inséparable avec la trame vanillée ambrée, où le ciste labdanum est porté en majesté. Il donne à ce Lion un aspect fumé, sec, presque un peu brut, mais comme il semble surdosé, il apporte aussi ce coté cuiré et fauve qui va très bien avec le concept et sera aussi un acteur majeur de l'évolution sur peau. Le coeur du parfum s'axe autour d'un joli géranium dont seul Chanel a le secret et qui, combiné aux notes ambrées donne ce coté "Dermophil indien" que l'on retrouve aussi dans Egoïste. J'aime beaucoup cette nuance florale, car elle apporte souplesse et légèreté à un ensemble qui aurait pu être lourd. J'imagine qu'il y a de la vanille, un soupçon de patchouli, un beau santal lacté pour appuyer le tout et quelques notes me font penser au chocolat ou au praliné, tout en finesse et sans excès de sucre. Le Lion est un félin vaporeux, voluptueux qui se tapisse dans une jungle entre Shalimar, L'Eau d'Ambre Extrême, les Ambres de MPG, voire même Dior Addict ou Dries Van Noten

Incontestablement réussi, parfaitement dans l'esprit recherché qui colle à l'animal et au luxe convoqué par la statue de lion présent dans l'appartement de mademoiselle, Le Lion véhicule en cette fin d'année 2020 particulière une élégance racée, absolument digne de la griffe Chanel. 

Illustration : paysage de Savane et photo par le lion Thierry Blondeau pour Le Lion de la non moins lionne Mlle Chanel, sur un lion en acier brossé de l'artiste Pierre Lamblin. 

mardi 1 décembre 2020

Le gagnant du concours Totaly White

Vous vous souvenez que début Octobre, j'avais lancé un concours pour gagner un échantillon de Totaly White de Parle Moi de Parfum et d'une de mes création. 

Le Gagnant est : Le Chat (ticket du tirage au sort en photo)

J'ai un peu tardé à divulguer le gagnant et j'en suis désolé, j'espère qu'il reviendra vers moi par mail sur olfactorum@gmail.com 

Et je profite de cette occasion pour vous signaler que les parfums de la marque sont à -30% sur le site du BHV - bhv.fr - jusqu'au 07/12, c'est l'occasion d'en profiter. Je vais peut-être craquer pour l'un d'entre eux mais lequel ? 


samedi 28 novembre 2020

Genius Me - Paco Rabanne 2019 : j'y mis des idées de génie !

 

"J'y mis des idées de génie", c'est peut-être ce que pourrait dire Domique Ropion à propos de cette création qui peut surprendre venant de lui. 

Idée numéro 1 : observer son époque et comprendre que les notes clean sont faciles à porter et qu'elles appellent l'inconscient chez beaucoup d'entre nous, surtout chez les jeunes. Alors quand la marque Paco Rabanne vous demande un parfum "jeune et frais", vous êtes au fait. 

Idée numéro 2 : cerner ce qui se fait autour de vous pour comparer. Regarder ensuite ce dont vous disposez dans votre palette de parfumeur et jouer avec. Ainsi, vous notez que l'on trouve des notes lessivielles modernes et métalliques chez Serge Lutens dans Laine de Verre, chez Clinique avec Happy, et dans un parfum oublié mais que vous aimiez bien, Essence de Narciso Rodriguez.  

Idée numéro 3 : s'inspirer de ce qui existe d'original dans cet univers clean, en ayant mémoriser une certaine Heure Diaphane chez Cartier et sa transparence déroutante, mais parfaitement en accord avec ce coté clean, lumineux et fin que vous recherchez.  

Idée numéro 4 : ne pas oublier l'Adn de la marque pour laquelle vous allez travailler. Il vous revient à l'esprit que les collections de cette marque sont souvent imprégnées de métal, et qu'un de ses parfums phare fût un certain Calandre. Mais vous savez très bien que les calandres de nos jours sont beaucoup plus fines, moins somptueuses que par le passé, et parfois même, lumineuses. 

Idée numéro 5 : combiner toutes ces idées. Vous avez le génie de travailler les notes froides et propres, mais vous voulez qu'elles enrobent, qu'elles caressent la peau. Les aldéhydes s'imposent d'emblé, d'autant que certains sont moins agressifs qu'avant, le zeste d'orange, lui même aldéhydé viendra texturer l'envolée et apporter la touche fraîche. Le romarin, résineux mais aussi un peu métallique, jouera le parfait équilibre avec cette note originale que vous aimiez dans l'Heure Diaphane et Laine de Verre, le Cristalfizz. Quelques notes de muguet des temps modernes combinées à une boule de muscs ronds, chauds et propres, ponctuer de mousse cristalline, et voilà, vous le tenez votre petit génie ! 

Et oui, il semblerait bien que l'air de rien, vous ayez mis des idées de génie dans ce Genius Me, merci l'ami ! 

Illustrations : éclair de génie et Paco Rabanne.



mercredi 18 novembre 2020

Mes coups de coeur 2020 : un résumé avant les cadeaux ?

Avant de parler du tout dernier exclusif de Chanel, Le Lion, qui arrive actuellement dans les boutiques  Chanel, je voulais faire un petit retour en arrière sur les parfums que j'ai aimé durant cette triste année. Heureusement, coté parfums, cette année a été plutôt belle et je me dis qu'en parler en Novembre peut peut-être vous inspirer pour les cadeaux de Noel. 

Le Lion - Chanel : Décembre 2020

L'Eau d'Initié - Exemplaire : sorti en 2017 mais découvert en Novembre 2020

Erotic Me, Genius Me - Paco Rabanne Pacollection : sortis en 2019 mais découverts chez Sephora Champs Elysées en Octobre 2020. 

Parade, La Peau Nue, L'Eau de Californie - Céline : sortis en 2019 mais découverts à la boutique Céline parfums en Octobre 2020

Aimez Moi Comme je Suis - Caron : Septembre 2020

Nuit de Feu - Louis Vuitton : Mai 2020

Pur Magnolia - Cartier : Mai 2020

Narciso Ambrée - Narciso Rodriguez : Mai 2020

L'Homme Idéal Extrême - Guerlain : Mai 2020

Pour ceux dont j'ai déjà parlé, retrouvez les articles sur ce blog (fenêtre "rechercher dans ce blog" sur le coté). Seuls trois parfums nommés ici n'ont pas été évoqués dans mes articles, mais ils le seront très bientôt. Alors, inspirant ce palmarès ? 

Illustration : London Street under snow. 

vendredi 13 novembre 2020

Hortus Sanitatis - The Alchemist Garden par Gucci 2020 : dans le jardin du bien et du mal.


Hortus Sanitatis se traduit par  "le jardin de la santé", mais vu l'univers dans lequel il m'envoie, j'aime à me dire que cela peut aussi vouloir dire "en odeur de sainteté" ou "le lieu où l'on est protégé". 

Il faut bien l'avouer, même si je garde un certain enthousiasme sur les nouveautés du moment et que j'arrive à me laisser surprendre là où je  ne m'y attendais par forcément, rares sont les parfums qui me fascinent. Hortus Sanitatis est un de ceux là. 

Puissant, troublant, énigmatique, déroutant au premier abords, quand on le porte, il s'accroche littéralement à la peau pour se fondre à elle et développer l'une de ses facettes. Mais laquelle ressortira sur vous ? Une seule, toutes, tout un mystère à explorer ?

Sur moi, Hortus Sanitatis développe en premier lieu des notes d'œillet, de violette et d'iris, avec des nuances de fruits jaunes comme la pêche et l'abricot, et une pointe de rhubarbe fusante. Cette envolée est très vite happées par le cuir, fumé et tanné, assez mat, qui vient chevaucher ces fleurs et ces fruits pour les envelopper. Le cypriol et l'ambrinol jouent de concert pour évoquer à la fois le bois mouillé d'un papyrus et l'ambre gris, et se collent à la peau pour enrober le tout. 


Ce parfum me projette à la frontière du bien et du mal, tout comme l'œillet dont on dit qu'il peut porter malheur, mais dont la fleur est jolie et colorée et dont l'odeur est délicate et délicieuse. Un univers "à la Spadino" dans Suburra à la fois baroque, chargé, lourd, mais esthétique et travaillé. L'univers d'un lieu où l'on est en sécurité dans un monde extérieur incertain et dangereux. Un univers qui fait partie de la culture italienne, comme Gucci, et que ce parfum transporte avec lui. 

Hortus Sanitatis est pour moi divinement fascinant, vraiment attachant et diablement sulfureux. Il fait partie de ces parfums qui décident eux même de qui les porte. Il vous aime ou vous déteste, et vous c'est pareil : soit vous vous laisser charmer, soit vous rejetez complétement. Devinez de quel coté je suis ? Si en plus vous le combinez avec l'huile de parfum Nocturnal Whisper, il se pose, se calme et dévoilera ses facettes de manière plus douce : une autre façon de se parfumer, presqu'un rituel, mais de haute voltige ! 

Illustrations : The Alchemist Garden par Gucci et série italienne Suburra sur Netflix. 

samedi 7 novembre 2020

Parade - Céline 2019 : l'élégance en clair obscur.


Comme je le disais dans l'article précédent, ce que j'aime en parfumerie, c'est être surpris. Soit par la créativité et l'originalité de la création, soit par la qualité. Mais il y a une sensation que j'aime vraiment, beaucoup, c'est quand un parfum qui ne m'a pas forcement marqué au premier nez ou sur touche me fait chavirer au porté. Parade est ce ceux là !

Lorsque j'ai découvert les parfums Céline, nous avons commencé par le plus "calme", en allant vers les plus sulfureux, tels qu'ils étaient exposés sur le comptoir. Présenté comme une Cologne, j'entre dans le parfum par la facette fraîche et il ne m'emballe pas forcement, et je me laisse porter par la découverte de la gamme. Peau Nue me parait être le plus "Céline" de tous, Black Tie fait très "Hédi Slimane", Nightclubbing me plait mais la vanille ressort trop sur ma peau. J'aime beaucoup Reptile, et l'Eau de Californie, mais je dois encore les apprivoiser. La grosse surprise, c'est Parade. Lumineux, chatoyant, il montre immédiatement son élégance. Envolé digne d'une belle Cologne, comme c'est une eau de parfum, je me laisse surprendre par l'évolution sur ma peau, où le néroli et le jasmin donnent du coeur et de la structure au parfum, avec un effet scintillant qui ne tombe pas dans la caricature des fleurs d'oranger "classiques" qui pullulent en ce moment. 

L'Hédione, proche du jasmin, contribue largement à cet effet, donne de la finesse au sillage et permet de faire un lien en clair-obscur avec les notes de fonds, plus sombres et mystérieuses. On se retrouve dans les sous bois, avec de la mousse d'arbre et des muscs duveteux qui donnent de la tenue et permettent au parfum de garder de la tenue et une certaine harmonie. Parade me fait penser à Un Jardin sur la Lagune en moins "bois ambrés" ou a Néroli Outre Noir en plus fin, ces eaux de parfums modernes qui partent d'une structure Cologne qui serait passée à travers le temps pour s'épaissir, se patiner, tout en maintenant une certaine légèreté et une belle élégance. En attendant de tester Cologne Française, Parade est celui que j'ai choisi, parce qu'il a su me surprendre très agréablement et constitue par les temps qui courent, une belle parade à la morosité ambiante !   

Et vous, avez vous déjà eu ce type d'expérience d'un parfum qui a su vous surprendre alors que vous ne vous y attendiez pas ? 

Illustrations : mon flacon de Parade, Jean Baptiste Huong série Maison du Paradis, et merci à Charlie et Anthony pour leur accueil, leur patience, leur professionnalisme et leur enthousiasme. 

mercredi 4 novembre 2020

Erotic Me - Paco Rabanne 2019 : on se fait si bien du mal !

Ce que j'aime par dessus tout en parfumerie, c'est être surpris, et ce que l'on peut souligner chez Paco Rabanne, c'est qu'ils osent bousculer les codes jusqu'à proposer d'autres façons de se parfumer, des packagings disruptifs et des accords qui se remarquent. La Pacollection, ce sont six parfums étonnants, plutôt créatifs, qui s'aventurent sur des territoires plus ou moins connus, mais non sans audace et désinvolture.  

Celui qui retient mon attention en tout premier lieu est Erotic Me, tout simplement parce que c'est celui que je trouve le plus innovant et qui provoque cette sensation que j'aime beaucoup : "je n'ai jamais senti cela !" Une note de lait concentré sucré crémeuse et onctueuse, relevée de notes florales abricotées légèrement vertes qui sur peau vont évoluer vers des notes douces de cuir souple, de velours, de lait, de son de riz et de bois lactés, dont certaines inflexions fleurtent vers le fond chaud d'un Femme de Rochas. On parle aussi d'encens et d'épices, peut-être le cumin d'ailleurs, mais je ne les sens pas trop. Ces notes sont sans doute utilisées de manière technique pour structurer l'ensemble et contribuer à cette sensation gourmande et laiteuse. Le parfum reste assez constant, décontracté, facile à porter, jamais trop envahissant selon moi et finalement très peau.  

Un parfum cool, rock, parfaitement dans son temps, et qui a le mérite de proposer autre chose. Sorte de fleur du mal, de transgression qui fait du bien, car des vibrations érotiques émanent de son sillage. Erotic Me, vous voilà prévenus ! 

On se fait si bien du mal : Hervé

Illustrations : David Lachapelle, Paco Rabanne. 

jeudi 29 octobre 2020

A lire bientôt, car nous aurons du temps.

Bonsoir à tous, alors que se confirme un nouvel isolement, je vous propose un avant goût de ce que je découvre actuellement pour continuer à alimenter mes articles. Sans encore vraiment savoir sur quels parfums ceux-ci porteront ni dans quel ordre, des marques retiennent mon attention : Paco Rabanne et la Pacollection, les parfums Céline, Zoologist, Exemplaire, Montale et peut-être Serge Lutens.

A très bientôt, peut-être même dès demain. En attendant, essayez de rester positifs, en lien avec vos proches et ne vous oubliez pas, courage ! 

Illustration : Cindy Sherman, actuellement exposée à la fondation Louis Vuitton, mais ... 

mercredi 14 octobre 2020

Totally White - Parle moi de Parfum : like Emily in Paris.

Quoi qu'il en soit dans l'imaginaire américain, pour avoir fait un parcours sur les traces d'Emily in Paris, ce Paris qui sent bon, où l'on est habillé à la mode, ce Paris où l'on bosse dans la mode ou le marketing, ce Paris où les rues sont propres, où les boutiques sont élégantes, où les arbres sont garnis de feuilles généreuses, ce Paris où l'on boit du vin au verre à la terrasse d'un restaurant en twittant sur Insta, ce Paris où l'on se délecte de croissants achetés à la boulangerie à la façade délicieusement rétro existe bien : sans doute entre le Panthéon et les Invalides, un peu dans certains coins de Montmartre, quelque part du coté du marché des enfants rouges, mais beaucoup moins à Château Rouge ou vers chez moi. Ce Paris idéalisé m'a pourtant parlé de parfum et puisqu'il se conjugue avec la découverte de la marque Parle Moi de Parfum, vers laquelle j'ai mis du temps à aller car elle me rappelait trop mon envie de travailler chez Robertet à une époque où je voulais faire de la création mon métier. Découverte en même temps que la série, l'idée de faire un parallèle entre les deux m'a rapidement traversé l'esprit et c'est avec Totally White que je commence.  

C'est en portant ce parfum que j'ai effectué le parcours d'Emily, et j'avoue que boire un café place Monge entouré de chèvrefeuille, de lilas, de glycine et de tilleul, en découvrant certaines cours intérieures du quartier était très cohérent. L'idée d'un blanc total est parfaitement traduite dans le parfum par les salicylates, les muscs blancs transparents et un aldéhyde présent dans le tilleul, que je trouve pour ma part très doux voir enfantin et que j'adore. On décèle à peine un vétiver dans le fond qui se pose délicieusement sur la peau. Frais, printanier, léger et confortable, ce joli floral, rare évocation du lilas, du tilleul, de la glycine, du chèvrefeuille ou d'un jardin composé de ces fleurs est à porter avec le sourire et une certaine désinvolture, dans un Paris totalement blanc, qu'il soit réel ou imaginaire, un peu comme dans la série quoi !  

D'autres parfums de la marque ont également retenu mon attention, mais j'y reviendrai au fil de mes articles. Et vous, vous les connaissez ? N'hésitez pas à laisser un commentaire avant la fin Octobre et vous aurez la possibilité de gagner un échantillon d'un parfum de la marque Parle Moi de Parfum et d'une de mes propres créations.   

Illustrations : Emily un Paris (Série Netflix) et Parle Moi Parfum. 

jeudi 10 septembre 2020

Garanat - Bvlgari 2016 : la rose s'abandonne au feu , avec passion !

 

Arrivés à 50 ans d'âge, certains rêvent de pouvoir s'offrir une belle bagnole, d'autres adorent le plaisir d'une belle montre. Dans mon cas, le plaisir fût d'accéder enfin à un parfum convoité depuis qu'il est sorti, mais qui reste très cher. Alors parfois, quand la vie vous offre des opportunités et que les bonnes conditions sont réunies pour que le rêve devienne réalité, on se laisse aller. Ajouter à cela le sentiment de faire une bonne action car honnêtement, la parfumerie s'est pris un sacré coup cette année, les allées vides des Galeries Lafayette font peine à voir ! En bon français raisonné moins raisonnable, il s'agissait d'essayer ceux de la gamme avant que le choix ne se confirme, et ce choix s'est arrêté sur Garanat. 

Garanat conjugue la rose et la patchouli avec maestria, car franchement, la patte de l'expert se fait sentir. Finesse du trait, perfection de l'exécution, justesse des notes, rien dans ce parfum n'est à jeter à mon sens, et il représente sans doute ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Garanat, c'est une rose qui s'embrase dans l'encens et le patchouli dans un concert presqu'évident. Notes poivrées et de genièvre et de baies roses viennent ajouter du piquant à ce juste dosage qui fait que le parfum colle à la peau et devient charnel, sensuel et addictif. J'ai longtemps porté Voleur de Rose, je porte parfois Orage, on m'a souvent dit que Rose Barbare portait les notes qui m'allaient, aujourd'hui, ils sont presque tous balayés par Garanat.

La maturité quoi  ! Garanat, c'est un rubis, Garanat, c'est l'abandon, précieux et rare ! And you, what would you do with love ? 

Illustrations : Bvlgari , Jack Vettriano. 






mercredi 19 août 2020

Pur Magnolia - Cartier les épures de parfum : la vérité toute nue.

Nick Knight

La maison Cartier parle d'hyper réalisme pour cette collection les épures de parfums, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Mathilde Laurent s'est évertuée à coller au propos : des matières vraies, comme mises à nu. 

Je mets l'accent tout particulièrement sur Pur Magnolia, car au final, c'est celui qui retient mon attention. Il y a plusieurs raisons à cela : d'une part, l'essence de magnolia n'est pas souvent revendiquée comme une matière dite "noble". D'autre part, c'est une matière assez jolie et facettée. Ici, la parfumeure a parfaitement saisi les nuances, et les a mises en valeur de manière très réaliste. 

Pur Magnolia - les épures de parfum

Facettes fruitées tirées vers la grenadine croquante, facettes florales habillées de feuille de violette et de notes irisées, muscs légers et fins pour traiter la transparence. Mais ce qui me plait vraiment, c'est l'évolution sur peau. Au fil du temps, le parfum dévoile une facette "daim retourné" ou foin, verte, lisse, douce et caressante, un peu comme dans l'Heure Fougueuse ou dans Duel de Goutal, et cela apporte toute la personnalité à Pur Magnolia tout en le rapprochant du réalisme de la matière. J'adore, et même si l'ensemble se révèle assez féminin et délicat, c'est vraiment très vivant sur peau, et ces dernières notes peuvent faire mouche sur un homme. 

On s'y attache, on y revient, on l'adopte, car il est tout simplement sublime. Dommage que cette collection soit chère, mais cela devient une habitude si on veut vraiment de belles créations. 

N'oubliez pas que vous pouvez le découvrir facilement aux Galeries Lafayette à Paris, où Josiane, fidèle à la marque depuis quelques années maintenant, se fera un plaisir de vous faire découvrir les épures, les nouveaux flaconnages et tous les parfums de la marque et se réjouira d'avoir un peu de visite en ces temps difficiles. 

Illustrations : Nick Knight, Cartier




dimanche 9 août 2020

California Dream - Louis Vuitton 2020 : "warm smell of colitas rising up trough the air".

Créer un parfum demande de l'inspiration, et à mon sens, la magie opère vraiment quand la cohérence est totale. Globalement, Jacques Cavallier Belletrud s'en sort plutôt bien, car malgré des contraintes marketing fortes, il a le champs libre dans le choix des interprétations et des matières, et son passé chez Firmenich, ainsi qu'un frère dans les matières premières, ça doit aider quand on a une idée à concrétiser. 

 

California Dram  pour un amateur d'Hotel California des Eagles comme moi, ça parle. Toute un univers, aussi bien visuel que culturel et olfactif. Lorsque l'on découvre les première notes, c'est la fraîcheur et l'amertume de ma mandarine rouge qui sautent au nez. Très rapidement un accord de jasmin et de fleur blanches baignées de muscs propres fait son apparition, ce qui évoque à merveille l'ambiance de Beverly Hills baignée de jasmin à la nuit tombante. Mais il y a deux notes qui retiennent mon attention dans ce parfum : l'une évoque vraiment les paroles de la chanson Hotel California quand il parle de "smell of colitas", que l'on imagine proche du vétiver et du chanvre, et qui apporte un coté boisé chaud au parfum. La seconde, un vrai absolu de tubéreuse, charnel et crémeux va chercher à s'accrocher à votre peau, pour se fondre à elle naturellement. La tubéreuse était inévitable pour un parfum d'Amérique, ici, elle est logique, hypnotique et magique. 

Ne vous fiez pas à son apparente banalité, California Dream est la promesse d'un voyage, et il la tient. 

Illustrations : Eagles Hotel California, Louis Vuitton parfums. 

mardi 4 août 2020

Aimez Moi Comme Je Suis - Caron 2020 : Vétiver et gourmandise.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écrit sur Caron. Peut-être que la maison historique manquait d'une vraie direction artistique, car le retour à un vrai parfumeur maison en la personne de Jean Jacques laisse espérer que les choses changent. Le tout dernier bébé de la maison, premier travail "grand public" de Jean Jacques, Aimez Moi Comme Je Suis, est une promesse, à prendre ou à laisser, mais elle prouve qu'une nouvelle voie s'illumine. 


Travailler le Vétiver de manière moderne n'est pas chose si aisée, mais un peu à la manière de Christine Nagel chez Hermes qui signait il y a quelque temps un beau vétiver fruité, végétal plutôt viril, Jean Jacques choisi de travailler la modernité autour d'un accord gourmand mais masculin : la noisette est revendiquée, moi j'y sens un accord "marrons grillés" qui a été exploré chez l'Artisan dans Noir Exquis et dans Parco Palladiano Castagno, deux références. Le vétiver se fait nettement sentir dès l'envolée du parfum, mais il se fond rapidement et assez naturellement dans cet accord boisé, gourmand et néanmoins viril. Quelques épices, de la vanille, un peu de cuir et de bois contemporains viennent accompagner la panoplie, qui pourrait se voir comme un vrai hommage à l'île de la Réunion, où poussent vétiver, géranium et vanille à profusion.


C'est net, signé, très bien construit, d'un sillage remarquable et qualitatif, parfaitement architecturé pour un univers comme celui d'Hedi Slimane par exemple. 

Assurément un des plus beau lancement de cette année, à aimez comme il est, il annonce à n'en pas douter d'autres belles choses, on frisonne. 

Illustrations : Caron, Hedi Slimane. 

vendredi 10 juillet 2020

Nuit de Feu - Louis Vuitton 2020 : nuit magique


Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé de faire des rêves olfactifs ? Peut-être est-ce parce que mon cerveau retient les associations possibles pour pouvoir créer quand j'en ai envie, toujours est-il que ce Nuit de Feu, je l'ai rêvé,la veille de le découvrir, car je connaissais les notes et mon esprit l'avait matérialisé. Ainsi, quand il est apparu sur touche et ensuite sur peau, il était très fidèle à ce que j'avais en tête. Pour ne rien caché, je le voyais entre Cuir Extrême et Cuir des Sables, vu le nom, l'inspiration et les notes, mais travaillé plus en douceur par Jacques Cavalier afin qu'il soit digne de la marque et qu'il puisse plaire plus "facilement". Le cuir et l'encens, fumés, seraient calmés par un souffle de sable doux et caressant.
Après une envolée légèrement animale faite de pierre d'Afrique, d'encens et de labdanum, le cuir apparaît digne d'un cuir pleine fleur de grande qualité. Il est très velouté, et je pense que cet effet est dû au santal, non revendiqué, mais qui avec le oud du Bangladesh et l'infusion de cuir "maison", forment une sorte de voile de peau ultra sensuel et d'un effet "velours mat". Les notes fumée sont discrètes, mais présentes. Dans son ensemble, il à ce petit coté noble, altier et légèrement vintage que peut avoir aussi Santal Noble chez MPG. Nuit de Feu est à la fois crépitant et apaisant, c'est un véritable élixir de peau, qui nous transporte dans les dunes, au soleil couchant, avec les étoiles qui pointent leur nez. Même si ce n'est pas une évidence au premier nez pour tous les parfums, la maison Vuitton utilise des matières de très belle qualité, c'est une exigence du parfumeur et cela se ressent au porté. L'idée d'une Nuit de Feu est ici parfaitement retranscrite, un véritable voyage en Orient, par une nuit magique ! Mon gros coup de coeur de 2020. 

Illustration : dunes d'un effet nuit de feu et parfums Louis Vuitton.  

lundi 29 juin 2020

Nivea et Nivea Sun - Nivea 2015 et 2019 : la crème des vacances.

Si comme moi vous aimez la gamme des crèmes Nivea, vous aurez sans doute un grand plaisir à découvrir et à porter les parfums déclinés de ces crèmes. 

Nivea Eau de Toilette reprend fidèlement l'accord clé de la crème éponyme, sans le dénaturer, et c'est ce qui surprend. L'accord frais de lavande, de chèvrefeuille, d'aldéhydes et de muscs propres se retrouve fidèlement, avec une évolution vers un fond qui se situerait entre le mimosa et un cuir doux. Léger, malheureusement trop fugace, on aime pour sa douceur calme. Un peu comme 1957 de Chanel, en moins sophistiqué, cette jolie petite eau de toilette relaxe et fait du bien. 


Nivea Sun, lui, évoque aussi très fidèlement les gammes solaires, une pointe de coco et d'accords salés s'ajoutent pour évoquer le sable et la peau,  on voyage systématiquement loin de chez soi, à moins d'être chanceux et de pouvoir côtoyer facilement une plage. Tout aussi fugace que l'eau de toilette, le fond de Nivea Sun se fait lui aussi légèrement cuiré, et il me rappelle assez Bvlgari Black. Vivement les vacances en tout cas !

Malheureusement, ces parfums ne sont pas distribués en France, et c'est bien dommage vu leur prix raisonnable et les must-have qu'ils sont ! 

Illustrations : Nivea et internet.  

samedi 13 juin 2020

Narciso Ambrée - Narciso Rodrigez 2020 : ambre solaire 2.0.

La signature des parfums Narciso Rodriguez tourne beaucoup autour de la fleur d'oranger. On la retrouve dans For Her, Essence, et le dernier Narciso. Ce qui est intéressant, c'est qu'à chaque fois, c'est une facette différente qui est mis en valeur, avec des notes florales dans For Her, des notes propres et aromatiques dans Essence et gourmandes dans Narciso.


Pour sa dernière déclinaison ambrée, la marque est allé chercher l'inspiration dans les vacances, et fait pivoter la fleur d'oranger sur un axe aux notes d'ambre solaire qui donne littéralement envie de s'évader, ce dont nous avons cruellement besoin en ce moment.


Frangipanier solaire et gourmand, fleur d'oranger crémeuse, jasmin lumineux, notes d'abricot frais et de thym se conjuguent aux pluriel pour s'harmoniser et se calmer sur un accord "ambre gris". Cet accord, que l'on peut trouver un peu particulier au départ restitue assez fidèlement le vrai ambre gris qui est devenu très rare de nos jours et permet au parfum de se poser sur peau en faisant ressortir les facettes aqueuses et animales qui succèdent à l'envolée de fleurs blanches. L'ensemble me fait penser à un ambre solaire 2.0 bercé de sable et d'embruns, et peut se voir comme une version décontractée d'un 24 Faubourg en vacances.

Soulignons aussi le flacon d'une belle couleur abricot douce et très en harmonie avec le parfum. 

Illustrations : plage du pays basque et Narciso Rordiguez 

vendredi 5 juin 2020

1957 - Chanel 2019 : bulle à facettes.

Même si je reste relativement optimiste et que des lancements récents me plaisent malgré tout, avec même parfois des surprises là où je ne les attendais pas du tout, rares restent les vrais coups de coeur, ces parfums qui dès le début, au premier nez, vous émerveillent, vous enchantent, vous impressionnent et qui confirment cette impression au porté. 

1957 est de ces derniers, et c'est LE gros coup de coeur de l'an dernier. Ce parfum, dont le nom vient de la date d'ouverture de la première boutique de la marque à New York, observe la clientèle de cette ville et plus généralement américaine en allant la titiller sur le terrain des muscs propres. En portant 1957, je pense à des parfums comme Happy de Clinique, ou Essence de Narciso Rodriguez, mais là où il excelle et se distingue nettement de ces derniers, c'est dans sa signature, et sur le travail et la mise en valeur des facettes par la qualité de composition et des matières premières. 1957 fait l'effet d'une bulle à facettes, dans laquelle les matières apparaissent et se reflètent en fonction du temps, de la température et de la peau. On y sent les aldéhydes, très Chanel, le jasmin et la rose, matières fétiches de la maison, mais aussi l'iris, légèrement poudré, la fleur d'oranger, discrète mais présente, et la lavande, d'une qualité qui doit être réservée à la grande maison. La bulle de muscs est constituée d'un cocktail de différents muscs blancs, tous sélectionnés avec un soin particulier en fonction de leurs facettes afin de magnifier les matières. Le parfum se colore, passant du blanc opaque des muscs  propres, à la lumière criante des aldéhydes, du gris irisé de l'iris au vert foncé du galbanum en frisant  le rose pâle de la rose et du jasmin, et en faisant un crochet vers le jaune paille aux notes de miel et de foin coupé de la lavande et du néroli. 

Pour moi, c'est du grand art, car c'est à la foi technique et esthétique. Sur peau, c'est sublime et le sillage suit, sans envahir. Bref, 1957 est une réussite, et confirme l'excellence de la gamme des exclusifs ! 

Illustrations : Cloud Gate Chicago et Chanel.

mardi 26 mai 2020

L'Homme Idéal Extrême - Guerlain 2020 : liqueur charnelle.

Pour être très honnête, je n'ai jamais vraiment adhéré aux différentes variations de l'Homme Idéal, car il me manquait toujours ce petit quelque chose qui me donne envie de porter ce Guerlain. Il se pourrait bien que cette déclinaison extrême fraîchement arrivée déconfinée me réconcilie avec ce parfum. 


Disons le clairement, l'envol ne fait pas dans la dentelle et va chercher directement la concurrence sur le terrain de la puissance. C'est un peu "coup de poing", à la One Million, mais l'effet est un peu comme un saut en parachute : c'est brutal au début, et ça se calme assez vite, avant d'atterrir tout en douceur sur peau. C'est assez normal, l'huile essentielle d'amande étant puissante, elle soulève les matières. Ajoutée à la coumarine et au dhmol également puissantes, on a fait mieux question discrétion. 
Pourtant, passé tout ce choc, la vanille, la fève tonka et l'absolu tabac freinent l'élan pour plus de douceur. Au bout de quelques minutes, le tout devient calme et s'équilibre dans une belle harmonie sur peau. La fraîcheur des agrumes ressort également, la signature tabac-tonka-vanille évoque un tabac blond, plutôt belle référence, et fait écho à un autre parfum de la marque Tonka Impériale. On y perçoit également la note caractéristique de certains cognacs, la prune confite. 


Une véritable liqueur charnelle, qui plait forcement à l'amateur d'alcools forts, de notes vanillées, de fève tonka et d'absolu tabac que je suis, que j'ai plaisir à porter, car oui, j'avoue, ce fut mon premier achat plaisir post confinement.  Et vous, avez vous craqué récemment ? 

Illustration : liqueur charnelle trouvée sur le net et Guerlain. 

lundi 27 avril 2020

Mon Top 10 N° 2 N°19 - Chanel 1970 : cinquante nuances de gris.



Cinquante ans cette année ! On aurait presque envie de dire : "déjà?" 

N°19 n'est plus forcement dans les canons du moment, mais il traverse le temps fièrement et dignement, comme la coupe de certains vêtements. Il observe et contemple "les autres" de son port toujours solide, fort, altier.


Le galbanum en envolée fait surgir ses notes terreuses nuancées de bergamote acidulée, l'iris lumineux et scintillant lui emboîte le pas, appuyé de violette. Le décor est planté, l'élégance est au rendez-vous. La suite ne semble être là que pour soutenir cette structure verte et duveteuse, faisant apparaître un bouquet floral soutenu de fleur d'oranger discrète, de jasmin suave, de rose évidente. L'ylang-ylang et le muguet lui apportent un peu de soleil et lui donnent ce petit coté "voile de tulle". Enfin, pour appuyer le socle, la mousse de chêne se lie au narcisse pour un effet cuir velouté. 


Je ne serai visiblement pas très bavard sur ce N°19, le sentir est une aventure, le porter est un état d'esprit, il faut le laisser faire. Un monument, du grand art, une évidence, cinquante années et autant de nuances de ce parfum gris irisé.

Illustrations : Chanel, Herb Ritts.  

mardi 21 avril 2020

Petite parenthèse pendant le top 10

Cela fait quelques temps maintenant que j'ai envie d'écrire sur mon autre passion : le design automobile. La vie ne m'a pas portée sur le chemin qui aurait pu en faire mon métier, tout comme celui de parfumeur d'ailleurs, mais pour le parfum, c'est à travers les mots écrits sur ce blog que j'ai pu motiver ma créativité et la concrétiser à travers mes créations : www.thierry-blondeau-parfums est né, et vit, à petite échelle, mais il est bien là.

Il n'en reste pas moins que partager et écrire sur cette autre passion pour le design auto me démange toujours. A l'heure ou l'automobile connait un grand bouleversement et une forte remise en question, le design s'exprime grâce à la technologie avec une pureté et une beauté qui avait été oubliée ou négligée sur l'autel des économies jusqu'alors. Pourtant, en automobile, les raisonnements semblent changer, l'intelligence industrielle permet des solutions pour à la fois maîtriser les coûts, et faire du beau, une tendance qui pourrait aussi se manifester de manière plus flagrante dans le domaine du parfum. 

Voilà, je suis désolé par avance de sans doute dérouter certains lecteurs habituels, mais le parfum restera prépondérant ici sur ce blog, c'est une évidence. En revanche, si vous connaissez des amis qui s'intéressent au design, parlez leur de ce que j'écris et votre avis m'intéresse ! Bises à tous et à très bientôt pour mon N°2 sur le podium parfums. 

Illustration : Neon glowing car concept


dimanche 19 avril 2020

Mon Top 10 : N°1 Vol de Nuit - Guerlain 1933 : l'oiseau rare.

Cela fait quelques temps que j'avais envie de rédiger mon top 10, et, en ce moment où le temps est en suspend, je prends le temps de redécouvrir et de porter ces parfums, pour confirmer ou infirmer mes choix, et le partager ici. Incontestablement, c'est Vol de Nuit qui occupe la première place, et comme il n'y a aucun doute là dessus, je lui consacre ce premier article. 

Complexe, riche, rare, précieux, énigmatique, fougueux et sensuel, chaleureux, caressant, animal, il n'y a pas assez de mots pour qualifier cette oeuvre de la parfumerie. En extrait, c'est du grand art : un art comme on ne peut plus trop en faire aujourd'hui dans la course à la dynamisation des gammes, mais un art qui dure, imprime sa signature dans la durée un peu comme le mouvement Art Déco influence encore aujourd'hui l'architecture. En parfumerie, la période Art déco influence surtout le concept, le design du flacon ou l'univers d'une marque mais très peu le style d'un parfum, sa structure, sa construction, le "design" du parfum, sans doute pour des raisons de coût, et c'est je trouve, un peu dommage.  

Les principales notes de Vol de Nuit sont le galbanum, aux tonalités vertes et râpeuses, l'iris et sa signature lumineuse, la  violette et sa douceur fruitée, l'oeillet et sa chaleur piquante, la jonquille et ses notes cuirées à "effet daim", le castoréum et ses effluves fauves, le narcisse au caractère difficile à dompter. On y trouve la fameuse Guerlinade et son équilibre de roses, de jasmin, de fleur d'oranger, de vanille et peut-être même d'un peu d'absolu de tubéreuse, qui lui donnerait cette chaleur. 
Oiseau rare, de nuit s'il en est, Vol de Nuit enveloppe, couvre, rassure, et charme. Il "renarde" comme un Bourgogne de haut rang, et s'apprivoise comme une panthère noire que l'on aurait couchée près de soi. Même la version Eau de Toilette actuelle est recommandable et facile à porter. Voilà pourquoi c'est, et ce depuis de nombreuses années, mon numéro 1. 


Je ne m'en étais pas rendu compte et je ne m'en suis pas inspiré directement lors de sa création, mais Vol de Nuit a sans doute joué un rôle dans mon inconscient quand j'ai créé Aléa Jacta Est, dans lequel on retrouve cet effet caressant, chaud, cuiré et irisé : https://www.thierry-blondeau-parfums.fr


Illustrations : Guerlain,  Aspect of Love par Eliot Erwitt.

samedi 11 avril 2020

Fly Away - Mugler 2018 : cactus like.

Fly Away fait partie des déclinaisons de la gamme des Colognes Mugler lancées il y a deux ans. Sans faire de grand tapage, toute la gamme a ce petit quelque chose qui fait la différence. Pour Fly Away, l'idée était de faire allusion à l'odeur du cannabis que l'on peut découvrir dans les coffee shops d'Amsterdam, dans les soirée hippies ou bobos de nos contrées.  

C'est pour le coup assez réussi, grâce à un accord travaillé autour de dérivés du pamplemousse, du vétiver, de la mousse de chêne entre autres. La Cologne part tout en fraîcheur, mais l'accord cannabis arrive très vite et reste fidèle, à la fois en sillage et sur peau. On y devine en filigrane la trame de la Cologne Mugler originale, avec sa fleur d'oranger lumineuse, ses muscs propres et ses bois clairs. 

L'idée du cannabis avait déjà été travaillée très fidèlement chez Killian avec Smoke for the Soul, et Fly Away s'en approche assez finalement, tout en m'évoquant autre chose : quitte à voler loin, la fragrance m'emporte au Mexique, dans un désert ponctué de cactus sur un sol sableux et sec. 

Faisant ainsi écho à Cactus Garden chez Vuitton, Fly Away est tout aussi original et qualitatif, il s'affirme même plus, mais pour 4 fois moins cher. On ne vise pas forcement les mêmes clientèles me direz vous. 

Alors, avec le temps qu'il fait ces derniers jours où nous sommes enfermés, il flotte comme un air d'évasion avec ce Fly Away. 

Illustrations : Mugler et un désert mexicain. 

mardi 7 avril 2020

Yatagan - Caron 1978 : simple tranchant.

Yatagan est une arme ! Une arme sans compromis, une arme de séduction qui ne sera certainement pas massive ou une arme qui tranche sans vergogne, d'un seul coup.

Assez typique des créations de la fin des années 70, mais doté d'une personnalité forte, Yatagan nous fait voyager dans les soucks d'Istanbul, tout en nous rappelant la folie des années 80. Construit sur une structure "fougère" de géranium, de lavande, de coumarine, de mousse de chêne et de patchouli, typique de ces années là, on y trouve tout un cocktail d'épices chaudes comme le cumin, la cannelle, la muscade et la girofle entre autres. Des aromates, comme le thym, des bois comme le pin, le cyprès, le cèdre, un tout petit peu de fleurs grâce a un accord oeillet-violette viennent enrichir la composition. Mais le voyage ne s'arrête pas pour autant, les notes ambrées et animales du ciste labdanum, du tolu, du benjoin nous emportent dans le tourbillon d'un marché aux épices ou fumerait de l'encens.
L'animal ! S'il y a bien un parfum grand public qui soit animal, c'est bien celui-ci : castoréum et cuir immédiatement perceptibles structurent le parfum de l'envolée à l'évolution sur peau. 

On peut éprouver la sensation que Yatagan va nous étouffer quand on le vaporise, mais rapidement il se calme, se pose pour finalement faire corps avec la peau. Il s'inscrit parfaitement dans la tendance récente des ouds et d'un certain retour graphique récent aux années 80. Ne va-t-il pas connaitre un regain d'intérêt ? A moins que son très jeune descendant direct, un certain Gucci Guilty Absolute Man, né en 2017 ne lui ait déjà volé la place d'un simple tranchant ?  

Illustrations : Caron, Marie Dominique Siciliano "Carovana Araba". 

dimanche 5 avril 2020

Oeillères l'objet parfumant : fougère et caractère.

Oeillères est une fougère, Oeillères a du caractère, Oeillères peut-être fier !

Puisant une partie de son inspiration et de son caractère dans les parfums masculins affirmés des 80's comme Kouros, Antéus, Yatagan ou Derby, l'objet parfumant pousse les notes aromatiques de basilic et d'armoise pour en appuyer la signature, et se pare d'épices chaudes comme le cumin pour appeler la peau de celui ou de celle qui le portera. 
Des fruits noirs comme la mûre et le cassis viennent compléter un cuir assez brut et fumé qui vient soutenir l'ensemble et renforcer le caractère de cette authentique création, inspirée. Une trame oeillet-violette apporte une pointe florale et légèrement poudrée pour adoucir et arrondir l'ensemble.

Un objet rare, précieux, qui nous plonge dans l'univers de la parfumerie signée et typée qui retrouve un certain regain d'intérêt en ce moment, et nous emporte dans l'univers graphique et iconoclaste de Roberto Greco, qui l'a désiré et inspiré. 

Illustrations: Roberto Greco site internet ici - https://grecoroberto.biz/

lundi 30 mars 2020

Vanilles parties : deuxième voyage.


Pour ce deuxième tour des vanilles, revenons sur trois d'entre elles, dont deux nous ont tristement quitté. Certainement trop chères à produire, pas assez rentables ou passées de "tendance" (mots qui me font doucement sourire actuellement), il est bon de les retrouver pour un peu de réconfort. 



Vanilia de l'Artisan Parfumeur mariait les notes habituelles de la marque à l'époque, le géranium, la lavande, le petit grain, les agrumes et de belles notes chaudes et ambrées comme le tolu, le baume du Pérou, le benjoin, à une belle vanille travaillée tout en douceur. L'ylang-ylang et le santal lui offrent une aura solaire, qui s'apprivoise, se redécouvre avec bonheur.
  

Ylang Vanille de Guerlain était un mariage très heureux. Douceur du jasmin, brin d'osmanthus, transparence des muscs blancs, clarté de l'hédione, chaleur de l'ylang ylang (maison s'il vous plait) s'enroulaient autour de la liane de vanille de Madagascar dans un parfum qui n'a pas pris une seule ride en 21 ans. Epatant de "naturalité", on le retrouve un peu, mais de loin, dans Mon Guerlain.


J'évoquerais également celle de Mona Di Orio, Vanille que l'on trouve encore de nos jours, et qui mérite aussi le détour. Fraîcheur d'agrumes qui arrivent en trombe et glissent à merveille sur la vanille et le santal pour contraste à la fois très lumineux et chaud. Une vanille scintillante, légère et croquante comme un voile de caramel.    


Illustrations : L'Artisan Parfumeur, Guerlain.