vendredi 27 novembre 2009

One year : et la gagnante est ... and the winner is !

En toute impartialité, petits papiers de la même couleur dans un sac, la main plonge pour en tirer un au hasard, et le hasard ce soir a voulu que ce soit une blogueuse très célèbre dont le jugement est devenu en très peu d'années une référence. Et oui, Jeanne, c'est vous qui avez gagné, the winner is Jeanne ! Merci de me contacter par mail pour que je puisse vous envoyer les deux rolls-on promis.

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Le parfum choisi par Jeanne en 2009 est Si Lolita, et comme promis, voici quelques mots sur celui-ci. Cela tombe assez bien puisque je n'en ai pas parlé cette année.
Si Lolita prend habilement le contre-pied d'une tendance à faire du shampoing très marquée cette année en Europe, sans se rendre compte pourtant, à priori et vu de chez nous, qu'il suit une très grosse tendance des pays anglo-saxons et plus particulièrement des Etas Unis : le retour à des notes épicées et chaudes, sans fleurs ou avec des fleurs plus abstraites, exacerbées de notes solaires et magnétiques.
L'idée de partir des poids de senteur me rappelle joyeusement la grande époque Caron, ou même de très anciens Guerlain. La traduction de l'odeur de ces petites fleurs en parfumerie se traduit généralement par une forte présence de notes épicées comme poivre, le clou de girofle, et de violette. Voici donc la trame de Si Lolita, et cela pourrait être très charmant ou poétique, pourtant ! Pourtant, les fleurs de se bouquet ne sonnent pas assez "vraies" à mon goût. Voulant faire moderne, son sillage, construit autour d'une note assez nouvelle, très puissante et apportant un effet que je trouve "magnétique", entre la vanille et l'ambre (ambrox, ambroxan ??), me renvoie immédiatement à la nouvelle vague américaine que sont Sensuous, un autre parfum de IKKS (Man je crois), voire même Cuiron de Helmut Lang, aujourd'hui disparu. Sans en être trop proche, mais sans s'en éloigner trop non plus, je préfère pour ma part ces derniers, et surtout Poivre Piquant de l'Artisan Parfumeur me semble du coup plus proche de l'idée et plus poétique.
Je n'aime pas spécialement dire que je n'ai pas aimé un parfum, surtout si celui-ci est apprécié d'une confrère et lorsque j'aime le concept. Ici, l'image me plait (regarder comme la pub et l'image de la fleur se retrouvent dans flacon, l'idée est aboutie, mais le parfum Si Lolita ne va pas assez loin. L'interprétation manque de naturel et de féminité, et sent trop la chimie. C'est dommage mais n'oubliez pas encore une fois, et même si vous me suivez depuis un an, que le vrai juge, c'est vous. A bientôt j'espère pour une deuxième année qui commence !

jeudi 19 novembre 2009

Olfactorum : un an, ça se fête ! Tirage au sort vendredi soir !

Et oui, dans une semaine, le 25 novembre, cela fera un an que j'ai souhaité partager avec vous ma passion pour le parfum et la création olfactive avec Olfactorum. Un blog, dont le nom est une contraction d'olfactif et de forum, tout en faisant un clin d'oeil à l'olfactorium de Cinquième Sens.
Un an, qui m'auront permis de rencontrer certains d'entre vous, un an, pour partager une passion commune, un an, pour découvrir de nouvelles matières grâce à Guerlain et faire un voyage au paradis de Firmenich grâce à Magic Garden et BPI pour la présentation de A Scent. Un an, où certains d'entre vous ont accepté de découvrir mes premiers parfums : Ginger Pop, que j'ai fait trop vite et qui n'a hélas pas très bien évolué, Kawaii ...in Pink, qui suscite plus d'enthousiasme pour sa légèreté frivole et l'Esprit du bois, un bois brulé qui surprend. Un an, pour faire connaitre quelques talents, comme Christian Louis, où se cache quelques merveilles, Laure Bertrand, dont le premier parfum mérite de sortir de l'ombre, et Sylvie, dont le détour des sens est passionnant et enrichissant. Une première année de rencontres avec quelques personnalités, que je remercie d'avoir répondu à mes questions comme Sylvaine Delacourte, Isabelle Ferrand, et Céline Ellena.

J'espère que vous aimez les articles et que cela vous aide, un tant soit peu, à choisir votre parfum ou à découvrir une curiosité. J'espère vous retrouver pour cette nouvelle année qui commence, pour continuer à partager cette aventure.

Pour fêter ce premier anniversaire, j'aimerai parler d'un parfum qui vous a marqué en 2009.

Pour cela, je vous propose de répondre aux questions suivantes :
- de tous les lancements 2009, quel est celui qui vous a le plus séduit et pourquoi ?
- quel parfum avez vous redécouvert en 2009 et pourquoi l'avez vous aimé de nouveau ?

Suivra un tirage au sort sur les commentaires laissés suite au présent article. Le prix sera le suivant :
- un article consacré au parfum dont aura parlé la gagnante ou le gagnant. Si ce parfum a déjà fait l'objet d'un article pendant cette première année, j'en parlerai différemment.
- deux roll-on de 5ml de deux parfums : Méchant loup de l'Artisan Parfumeur et Kawaii... in Pink de ... Méchant loup (c'est çà dire moi même, Thierry b.)

Merci mille fois pour votre fidélité, merci pour les mots que certains d'entre vous m'ont écrits ou dits de vive voix. Ils sont touchants, font très plaisir et me donne la pêche pour continuer.

C'est parti, vous avez une semaine pour dire ce que vous voulez, la parole est à vous ! Alors, on se retrouve le 25 ... ou plutôt le 27, au soir, pour le résultat du tirage au sort.

dimanche 15 novembre 2009

Plurielles - Laure Bertrand 2007 : guet-apens sur le chypre.

Laure, vous ne la connaissez pas, sauf quelques-uns d'entre vous, et c'est normal. Pourtant, connaissez-vous le point commun entre Véro Kern, Laure et moi même ? Et bien nous avons tous suivi le cursus parfumeur et formulation chez Cinquième Sens. Tous trois, nous travaillons de notre coté pour finaliser nos idées, avec une nette avance de Véro Kern en la matière.
Laure, quant à elle, s'est aussi lancée il y a deux ans dans la création de son premier parfum en série limitée, qu'elle distribue dans sa pharmacie, dans quelques boutiques et sur demande.
Son parfum se nomme Plurielles.

Laure l'a créé pour sa maman, qui adore les parfums chyprés, pour lui faire un cadeau. Partant donc de la structure classique d'un chypré (bergamote, rose, géranium, patchouli, mousse de chêne), Laure me dit ne pas avoir chercher à s'éloigner de cette structure, en restant très fidèle à la formule, en la souhaitant simple, claire et assez "directe". Malgré cette simplicité d'exécution revendiquée, Plurielles est vraiment très intéressant, et je peux vous assurer qu'il mérite d'être découvert. La première fois que j'ai senti ce parfum, je me suis dit "il fait très Guerlain", avec une franche inflexion qui me faisait penser à Guet-Apens, en plus "patchouli". En prenant un peu de recul, j'apercevais une franche présence de géranium, véritable colonne vertébrale du parfum, et d'un fond crémeux de fleur d'oranger et vanillé, sublimé par un iris poudré, sur une structure chyprée classique. Le tout dans un sillage très noble qui m'évoque à la fois le rouge à lèvre, le maquillage, la guimauve et ... Guet-Apens, j'y étais. Nous pouvons dire que Laure à su merveilleusement prendre en guet-apens l'essence même de l'accord chypré, en le sublimant par la qualité des matières premières utilisées. Plurielles, c'est donc un peu de la maman, de sa fille, et sans doute un peu de vous aussi...il parait que les femmes sont "plurielles".

Donc, si vous recherchez un vrai bon parfum, pas trop cher et surtout, qui sort des sentiers battus et des circuits connus, je vous invite vivement à contacter Laure. Et si le flacon ne vous plait pas, choisissez un flacon décoré à la main pour lui trouver un bel écrin.

Je ne peux que soutenir et encourager les initiatives des anciens élèves de Cinquième Sens et remercier au passage leur équipe, toujours aussi sympathique. Bravo donc à Laure, et il va falloir que je m'y mette sérieusement aussi !

Très bientôt, Laure nous promet une bougie au parfum de Plurielles, puis une rose fruitée et veloutée un peu plus tard. J'ai personnellement hâte de sentir, cette rose, surtout si elle est aussi réussie que ce Plurielles.

Plurielle, 50 et 100ml, prix sur demande, contact : laure.bertrand08@wanadoo.fr

A parte : pour ceux, nombreux, qui attendaient la nouveauté de l'Artisan Parfumeur, sachez que Al Oudh est disponible dès le 20 novembre en boutique. Avis à lire ou a relire donc : Al Oudh le oud comme un voile, et bois fauve de graindemusc, tout frais.

mercredi 11 novembre 2009

Aépure, c'est la fin. Symptôme d'un malaise ?

Hier soir, dans une discussion entre passionnés de parfum, j'apprenais que la boutique Aépure avait déposé le bilan en Septembre dernier. Cette boutique, au concept moderne et innovant, proposait toute une série de parfums et de cosmétiques de niche et semblait d'une puissance inébranlable. J'avoue avoir été séduit par le concept, avoir trouvé la boutique très belle est l'accueil très compétent, mais en même temps, j'étais déçu. Pourquoi ?
C'est très simple et la réponse tient du bon sens : je recherchai de vrais beaux parfums, de la qualité, pas du by Kilian car j'ai déjà un flacon acheté au Printemps. J'attendais d'être surpris, étonné, emballé par les parfums que j'y trouverais. Hélas, ce ne fut rien de tout cela. J'ai rebroussé chemin, tout comme l'ami avec qui j'étais, et nous n'y sommes pas retournés.

Alors pourquoi ça n'a pas marché ? Qu'est ce qui pourrait expliquer cet échec, dans la continuité de Evody ? Comment concilier le fait de gagner de l'argent en vendant du parfum de niche ? Comment découvrir et faire connaitre ceux qui valent le coup (artisans, marques) face aux grands groupes qui ont aussi les moyens de grignoter ce terrain ? Quel public est pret à suivre ?

Il y avait selon moi un gros point faible chez Aépure : la sélection des produits distribués. Quel intérêt de distribuer By Kilian alors qu'il est déjà au Bon Marché et au Printemps et qu'il cible une clientèle qui s'y rend sans à priori ? Qu'apportent les parfums de Parfumerie Générale et Néotantric à la parfumerie, c'est une question que je me pose encore (propos nuancés avec un peu de recul dans les commentaires) ? Et même si je sais que ces marques ont des adeptes, sont ils fidèles et pensent ils vraiment qu'ils en ont pour leur argent (idem) ? A quoi bon distribuer une marque italienne au nom imprononçable dont les parfums vendus 130€ n'étaient que de vagues copies de parfums plus mainstream ? A quoi bon dépenser un prix fou dans une crème parce qu'elle porte le nom d'un concept venant du nord plutôt que de tenir une promesse réelle ?
Je n'ai pas les réponses à ces questions, mais je crois que cette crise de consommation est aussi due à l'excès de choix par rapport au besoin réel et à la confusion qui règne quant à la qualité réelle des produits. Et sur ces parfums là, c'était le cas, la clientèle n'est pas venue au rendez vous.
Pourtant, je me dis que tout n'est pas perdu : quand je vois que les Parfums de Rosine tiennent avec une toute petite boutique et quelques distributeurs fidèles, quand je constate que Lalique et Bulgari, encore indépendants, misent sur une qualité dont on commence sérieusement à se rendre compte qu'elle est réelle et se recentrent sur une distribution plus sélective, quand je découvre encore de nouvelles marques qui proposent de jolis parfums de qualité, sans chichi et a des prix convenables, je pense aussi par la même que les clients peuvent oublier d'aller chez Sephora, Marionnaud et les autres pour découvrir des perles. La condition, ce serait peut être de leur en présenter de vraies, de miser sur la qualité, sur la durée et d'être intransigeant avec des marques pseudo-branchouilles qui vous refourguent du grand n'importe quoi, tout en proposant également un service complémentaire.
Ce serait aussi d'en parler, de manière à ce que ceux qui les vendent et ceux qui les achètent le reconnaissent. Seulement voilà, l'exercice est très difficile et il m'arrive encore de voir des marques qui n'ont pas leur place dans certaines boutiques mais qui ont réussit à refourguer leur concept à des personnes qui pourtant connaissent bien le parfum, et elles ne se vendent pas pour autant.
D'ailleurs, à ce propos, je voulais partager ceci avec vous car ça m'énerve : il me paraît grandement dommageable que The Different Company se compromette en vendant à ces cotés, en boutique, les marques Bois 1920 et By Paolo Gigli. Ces deux marques envahissent l'espace au détriment des parfums de Céline Ellena et de son père, en vendant de la poudre aux yeux, que je ressens comme insulte aux créations de ces deux vrais bons parfumeurs. Ne parlons pas non plus du service presse, qui vous balancent les dossiers comme s'il trouvait normal de parler de ces parfums sans les sentir, en dépit du bon sens et de la parfumerie. Ajoutez à cela un mépris pour certains distributeurs, et vous comprenez pourquoi une marque peut disparaître aussi vite qu'elle est venue. Non ?
C'est anecdotique, mais la distribution et l'ensemble de la chaîne du parfum est victime du "trop c'est trop", tout le monde s'y perd et plus personne n'y comprend rien. C'est un peu ce que dénonce Mathilde Laurent dans un commentaire ici.

Peut être est ce pour toutes ces raisons qu'Aépure n'a pas pu tenir et la disparition de cet espace qui était pourtant très joli est bien dommage. Sachez le pourtant, il existe encore du "bon", car j'ai découvert encore hier une marque qui m'a surpris. J'en reparlerai surement. Oui, cela existe encore, malgré tout.

La solution serait peut être que les boutiques de distribution sélectives soient conseillées dans leur choix artistiques pour choisir scrupuleusement un style, une qualité, un concept et des prix ? François de Grossouvre, le concepteur de Aépure, avait un rêve, il se livre dans un témoignage sur un forum : ici.

Et vous, qu'en pensez vous ? Qu'attendez vous d'un parfum de niche ? Qu'attendez vous d'une distribution sélective ? Quel service complémentaire pourrait être utile ?

Une autre question me trotte dans la tête : comment nous, Laure, dont je parlerai très bientôt, et moi même, pouvons nous faire pour que nos parfums trouvent une toute petite place et puissent trouver quelques adeptes ?
N'hésitez pas à partager vos impressions.


dimanche 8 novembre 2009

Il y a vingt ans, à l'est du nouveau !

Vingt ans déjà, que le mur de Berlin est tombé ! Cela me ramène en arrière. Alors que je n'étais qu'un jeune ado, j'ai entrepris avec ma classe un voyage en Allemagne, à Berlin, avant l'ouverture du mur. Pendant ce séjour, nous avons eu l'occasion de passer "de l'autre coté", pour y visiter un musée, mais également pour voir et constater "comment c'était à l'est". Pour passer la frontière, le mur, qui séparait les deux parties de Berlin, un sas, deux portes, vous au milieu, seul, scruté de la tête au pied, surveillé par des caméras. Passer la seconde porte, vous y arrivez ... de l'autre coté.

Et là, c'est comme si le temps s'était arrêté un jour d'Août 1961. Point d'égéries, point de couleurs chatoyantes autres que celles des Trabis, ces petites voitures 2 portes rouges, orange, vertes et bleu ciel des années 1960, point de panneaux publicitaires, point de Joop ou autres joyeusetés parfumées. Seuls des bâtiments un peu froids, de larges avenues, une histoire figée, des voitures, des gens qui nous dévisagent, nous les Wessies, des taxis qui s'énervent de nous voir traverser au rouge "en bon français", quelques revues techniques dans les vitrines des librairies et peu de journaux. Ici, pour traverser, c'est le petit bonhomme au chapeau qui vous guide. Savez vous qu'il deviendra symbole car il sera quasiment le seul signe distinctif de Berlin est qui survivra à l'ouverture ?

Ce qui me frappe pourtant, c'est l'odeur de ce coté. Ce n'est pas la même qu'à l'ouest. Elle marque immédiatement la frontière entre les deux blocs, comme une différence qui se détache et s'affirme. Elle est acide, âcre, entre le souffre, l'alcool, le charbon de bois, l'essence et la fumée. Elle est omniprésente, dans les rues, les musées visités, les restaurants où nous déjeunons. Cette odeur serait due à la lignite, un charbon de bois utilisé pour chauffer les immeubles, qui, conjuguée au carburant des Trabis et Wartburg pétaradantes, signe le paysage, à tel point que je m'en souviens encore. Ici le Coca n'a pas le même goût non plus, il rappelle vaguement le caramel et la chicorée. Le jambon fumé rappelle quelque peu l'odeur de dehors, et le fromage à le goût un peu rance du beurre. C'était comme ça, c'est du vécu. Pourtant, c'était très calme, comparé à l'ouest, peut être trop ?

Le 09 Novembre 1989, il y a vingt ans, le mur tombait. Dans un élan d'euphorie s'installent égéries, publicités, Joop, Coca Cola et burgers en tous genres. Bienvenue paysage coloré, illuminé, bienvenues grosses voitures et autres immeubles ultramodernes, bienvenues insécurité de l'emploi, petits boulots, individualisme et esprit d'entreprise. Bienvenue aussi environnement, protection de la nature, et reconsidération de l'espace urbain.
Dans ce paysage tout nouveau, on se souviendra de l'arrivée sur le marché du premier parfum exploitant le filon "à l'est du nouveau" : Maroussia de Slava Zaitsev, un bouquet de fleurs blanches, de muscs et de vanille, suave et doux qui rappelle les velours rouges épais de la Russie qui renaît. Un parfum pas trop mal au succès immédiat et immanquablement lié à cette ouverture sur l'ouest. Un beau coup marketing, et un parfum qui est toujours là, vingt ans après, sans doute parce qu'il le valait bien.

La liberté tant voulue se paye, mais paye aussi avec le temps. Maintenant Berlin est une ville moderne et dynamique, dans laquelle j'aimerai retourner prochainement, ne serait ce que pour voir ce qu'est devenu "l'autre coté", que je n'ai revu que 3 ans après l'ouverture, et qui était déjà en pleine reconstruction. Sans doute plus de lignite aujourd'hui, plus de Trabis, plus de pollution, des gens habillés comme nous, qui mangent ce que mangeaient déjà les Wessies. Tout simplement une continuité avec le coté où nous étions, une continuité devenue verte, écologique, architecturée, créative et en plein mouvement car oui, en ce jour de Novembre 1989, à l'est, il y a bien eu du nouveau !

mercredi 4 novembre 2009

Secrets de Rose - Les Parfums de Rosine : kiss from a rose.


Connaissez-vous le baiser d'une rose où quand la fleur vous embrasse de ses volutes charnelles pour vous séduire, vous envelopper, vous habiller et pour vous donner la force de partir en conquête et de séduire à votre tour l'homme que vous aimez ?
Savez vous qu'il existe dans le secret encore quelques beaux parfums à découvrir ?

Secret de Roses est un murmure, une fleur qui chuchote et se dévoile en silence. Une envolée un peu métallique et pétillante d'orange, d'aldéhydes légers et de prune (une note entre la pêche et le cassis), déjà utilisée dans les plus beaux classiques mais épurée et revisitée pour être au goût du jour. L'on devine déjà les plus belles essences de roses qui font voler leurs tous premiers pétales dans une verdeur légèrement acre. Très vite se dévoile un bouquet de fleurs blanches, de jasmin et de roses blanches mises en valeur par les facettes chaudes de l'ylang ylang. Ce bouquet de facture plutôt classique est enveloppé d'un peu de cassis, de réglisse et de safran, qui sont en fait un ensemble de notes liées entres elles ayant de fortes affinités les unes aux autres et avec la rose. Secrets de Rose se love alors dans un cocon douillet teinté de fumée. Déjà s'amorce le moment où le parfum devient subtilement charnel dans son évolution, pour dévoiler un fond splendide, poudré et vanillé, composé de vanille, de labdanum (dont nous avons déjà tant parlé), d'iris, de musc et de santal digne des plus grands classiques. Pour vous donner une idée, il se situerait quelque part entre Nahéma, Chamade, N°19, Grand Amour et l'Heure exquise.

D'un équilibre surprenant, entre ces notes de tête fusantes, vertes et fruitées d'une modernité affirmée, un coeur floral légèrement sucré et fumé, Secrets de Rose ne se dévoile que s'il est porté : ce parfum vous embrasse tel le baiser d'une rose et se love sur votre peau dans la noblesse éclatante d'un grand classique revisité. Rien n'est trop beau, c'est un vrai parfum couture, "féminissime", magnifique, grandiose, jubilatoire, aussi fier que la fleur à laquelle il fait honneur... la rose ou vous ?

Alors, s'il l'on vous demande ce que vous portez, ne le dites pas, surtout pas. Sachez garder ces petits secrets qui font de grands bonheurs et qui se transmettent ... de mère en fille : "cette rose n'est pas noire, elle est rouge carmin, et c'est une arme de séduction ... chut" !

Illustrations : Kiss from a Rose de Sandra Pascuini et Les Parfums de Rosine.

dimanche 1 novembre 2009

Bois d'Iris - Van Cleef & Arpels 2009 : myrrhe al dente !


Je dois vous avouer que cette collection extraordinaire lancée par Van Cleef & Arpels pour redorer son image "parfum" ne m'a absolument pas emballé dans son ensemble. En effet, même si le choix des matières est assez réfléchi, rien de bien créatif à l'horizon, tout me semblant bien lisse et policé. Un peu d'Allure en filigrane pour Lys Carmin, une franche ressemblance entre Vivara Sole 149, O Oui de Lancôme et Muguet Blanc, une Cologne Noire qui se fait très timide et du coup reste dans l'ombre d'autres bien plus osées, et une Orchidée Vanille qui flirte avec Kenzo Amour et Cuir Beluga sans vraiment rien apporter de plus. Les seuls qui attirent mon attention sont Gardénia Pétale et Bois D'Iris, le premier parce qu'il faut bien reconnaître que, sans être révolutionnaire, l'équilibre de cette fleur blanche à la féminité affirmée est quasiment parfait, et le second parce qu'il a beau faire écho à Dior Homme, Black ou Paul Smith Man, sa finesse d'exécution lui permet de s'en distinguer malgré tout. Est ce suffisant pour autant ?

Bois d'iris est un parfum d'un effet très doux. L'iris ne bouscule pas par une note de carotte marquée, mais ouvre le bal par des notes froides et sèches qui pourraient s'apparenter à du daim. Il est complété par un cocktail d'épices chaudes et de bois blancs donnant une impression de bois flotté. Une note fruitée, entre violette, fruits rouges et framboise apporte une touche un peu facile, sans doute pour pouvoir plaire. Elle est à mon sens trop présente mais permet cependant de tisser le lien entre les notes de tête et celles de fond, où se dévoile la vraie facette de Bois d'Iris. Au bout de quelques instants, Bois d'Iris laisse parler à l'unisson la vanille, la fève tonka, le labdanum mais aussi et surtout la myrrhe, avec ces facettes boisées chaudes, vanillées, baumées et légèrement fumées. Une comparaison avec Myrrhe Ardente fera ressortir cela et c'est à ce moment là que je le préfère. En revanche, la différence vient de l'iris, car au lieu de se faire onctueuse et douce comme celle d'Isabelle Doyen, la myrrhe de Bois d'Iris est comme rompue par cet iris, froid, presque métallique, qui casse la douceur de ses notes sèches et fruitées d'une beauté froide et plus dure.

Bois d'Iris serait un cuir doux, une sorte de suédine aussi délicate qu'un iris gris clair dessiné au fusain, avec quelques traces de rouge. Assez joli, mais trop sage à mon goût car même s'il s'en distingue par une certaine élégance, il peine à être à la hauteur de parfums plus marquants, ayant une identité plus forte comme Black, Paul Smith Man, Dior Homme et le magnifique Myrrhe Ardente. Nul doute qu'il plaira, car il s'inscrit dans l'air du temps, mais il ne fera pas partie des miens car je lui préfère ces références. Même avec du sang italien, pour moi la myrrhe est bien plus agréable "ardente", orientale et crémeuse que "al dente", froide et boisée par un rhizome d'Italie! C'est dommage, mais rien ne vous empêche de l'apprivoiser si vous aimez.

Bois d'Iris de Van Cleef & Arpels : 75ml 115€ env. Illustration : l'iris rouge - Natalie Croiset.