mardi 29 janvier 2013

L'Esprit du Tigre - Heeley 2007 : force de soin !

La force créative d'un parfum se mesure à sa composition, à la qualité de ses matières, mais aussi à la force d'innover, d'oser, de proposer quelque chose de jamais vu. Découvrir et porter l'Esprit du Tigre, c'est savoir se détacher d'une approche très occidentale et luxueuse du parfum, pour se laisser aller à une sorte de rituel initiatique qui oscille entre le bien être procuré par l'aromathérapie et la volonté de s'affirmer par une nouvelle façon de porter un parfum, non pas pour séduire à tout prix, mais pour tout simplement le vivre et être.
Le camphre est au centre du parfum dès les premières notes et cela peut surprendre. Tel le Baume du Tigre, il soulage et donne la pêche, avec la sensation inhabituelle pour un parfum non pas de séduire, mais d'apaiser. Fraîcheur de la menthe, force des épices et accord de baumes et de bois, le parfum se pose ensuite sur la peau comme une sorte d'onguent dont on de serait enduit. Un boule de muscs blancs arrondit la composition et lui permet de garder sa force et sa forme, en tenant sur la longueur, ce que n'aurait pas fait une simple préparation d'aromathérapie.

S'approprier l'Esprit du Tigre, c'est s'entourer de la sensation apaisant qui fait penser au Baume du Tigre mais c'est aussi se laisser aller à un rituel de massage chinois. En outre, par sa puissante note de camphre, le parfum fait écho à ce que sentent les endroits où l'on aime se détendre que sont les saunas secs qui font partie des cultures des pays du nord. 

Là où je trouve ce parfum très intéressant, c'est qu'il est intelligent dans sa façon de conquérir certains marchés, l'Asie en l'occurrence, en jouant sur des références olfactives assez lointaines ou connotées pour nous occidentaux, en les amenant dans une composition construite comme un parfum et parfaitement portable. L'Europe du Nord ensuite peut ne pas y rester insensible car il peut y être perçu comme une sorte de parfum "relaxation" ou "soin", et être porté "à la cool" en lieu et place de n'importe quelle "Eau de Sport de je ne sais quoi". Comme je vais souvent en Allemagne et que là bas les thermes, bains, saunas et endroits de détente sont très accessibles et ouverts à tous (voir illustration), je ne peux m'empêcher de l'approcher sous cet angle. Force, créativité, l'Esprit du Tigre fait aussi du bien au corps et au moral. Un bel esprit quoi ! 

Illustration : Heeley, Rituel de massage chinois, Le Liquidrom Berlin.

vendredi 18 janvier 2013

Mimosa, fleur d'hiver.

L'an dernier, je commençais l'année avec l'Eau d'Hiver de Jean Claude Ellena pour Frédéric Malle. En 2013, bizarrement, en ce moi de Janvier, j'ai encore envie de parler de mimosa. En effet, c'est a peu près la seule fleur d'hiver qui arrive à nous offrir un parfum identifiable, que certains, dont je fais partie adorent, que d'autres, aiment moins. 

Quelques postulats techniques tout d'abord : la principale molécule odorante du mimosa est une molécule très utilisée en parfumerie et elle se nomme héliotropine. Présente en grand quantité dans des parfums comme l'Heure Bleue par exemple, sa note douce, poudrée, floconneuse, qui oscille entre la colle blanche, la vanille, l'amande et une fleur des champs n'est pas des plus désagréable et plait souvent beaucoup sentie seule. Pour l'anecdote, le nez du vin l'utilise pour illustrer les notes d'aubépine dans les vins blancs. 
Elle se marie naturellement avec les notes poudrées comme l'iris et la violette, les bois blancs comme le cèdre, la vanille, toutes les notes amandées, les muscs blancs, et marche assez bien avec quelques notes iodées. 
Le principal mimosa présent en parfumerie est l'iconique Mimosa pour Moi de l'Artisan parfumeur. Composé il y a 20 ans par Anne Flipo à ses débuts, il est le plus représentatif, le plus figuratif de ce que sent un mimosa dans la nature. Synonyme de souvenirs de Provence en hivers, par un temps ensoleillé, froid et sec, le mimosa prend souvent des accents marins d'embruns très légers. Ici, il est très fidèle aux pompons jaunes tels qu'on les trouve sur le bord des routes de Provence, grâce à la présence de note de violette, de certains composants du muguet et du tilleul, de mimosa et de cassie dont les absolus apportent un effet très doux, très proche de la fleur ainsi qu'une facette dense et irisée en enrichissant considérablement l'héliotropine. Délicat, ce Mimosa pour Moi s'habille d'une très légère touche boisée et iodée, mais sait rester très juste dans son propos. C'est LE mimosa par excellence. 
Un autre mimosa mérite pourtant le détour, et l'on s'y intéresse assez peu, c'est celui d'Yves Rocher. Pur Désir de Mimosa joue à peu près sur le même registre, mais comparé au premier, il apparait moins figuratif, plus abstrait, et même peut être plus moderne, plus "propre". Agrémenté de notes d'agrumes et d'hédione à l'odeur de jasmin lumineux, d'une belle boule de muscs blancs tous doux, il est plus floral, plus lumineux que Mimosa pour Moi tout en restant floconneux et assez proche de la fleur. Pour les amatrices du genre, il faut le connaitre, et si vous ne l'aimez pas en parfum, la gamme de gels douche et laits pour le corps vaut largement que l'on s'y plonge.
Le tout dernier parfum dont j'ai envie de parler autour du mimosa est Champs Elysées de Guerlain. Né en 1996, nous passons là dans un registre plus riche autour des pompons jaunes, le parfum du mimosa très présent, s'habille de lumière, une lumière apportée par des notes fruitées, abricotées, par un tilleul lumineux et par la bergamote scintillante. Quelques bois chauds apportent également de la clarté et bien sûr, en digne Guerlain, un fond vanillé ambré signe le sillage, souligné lui même par des muscs blancs dont l'effet est ici de booster les notes lumineuses. Champs Elysées est plus riche, plus luxueux, plus facetté que les deux précédents, mais il reste bien sur le même registre. 

 Il existent d'autres mimosas, chez Annick Goutal notamment, mais je les connais assez mal. De mémoire, ce dernier est plus vert, un peu plus crissant que ceux ici cités, mais je ne m'avancerais pas plus loin. 

Illustrations : photo de mimosa sur fond de ciel bleu, l'Artisan Parfumeur, Yves Rocher, Guerlain.

vendredi 11 janvier 2013

Les 4 ans d'Olfactorum chez Marie Antoinette : MERCI !

Hier soir, il se passait quelque chose dans une petite parfumerie nommée Marie Antoinette sur une place des plus touristique et visitée de notre belle capitale ! A 22h, il y avait encore de la lumière, mais plus pour longtemps. Olfactorum y fêtait ses quatre ans de blog parfumesque autour de quelques bulles et de quelques gourmandises. Ce fut aussi l'occasion pour Méchant Loup (oh, c'est moi) de présenter trois créations personnelles autours de trois univers bien distincts, sous forme de parfums d'ambiance à vaporiser sur le linge, des coussins, des rideaux, des draps, voire même à l'intérieur d'un sac.

Le choix de présenter des parfums d'ambiance a été dicté surtout par le fait qu'ils permettent de manière assez facile de parler d'un ressenti, d'une émotion, d'une sensation vécue, en la vaporisant directement dans l'espace. En outre, je disposais de tout le matériel pour présenter quelques chose d'à peu prêt cohérent. Les quatre ans du blog, la possibilité de les présenter dans un lieu sympathique, passionné et lié au parfum (merci Antonio), étaient de parfaites occasions de s'y mettre et "d'y aller" avec les moyens du bord.

Conditionnés de manière artisanale chez moi et par moi (chaque étiquette étant découpée à la main est unique), ils sont disponibles sur demande à l'adresse olfactorum@gmail.com en spray 50ml pour un prix de 20€ le flacon. 
Vous pouvez aussi tout à fait les porter sur peau car seule la concentration (poche d'une Cologne légère) en flacon a été adaptée à la vaporisation dans l'air par rapport à un parfum de peau . En revanche, si ces trois univers devaient devenir un jour et pour de vrai des parfums de peau, Méchant Loup (c'est toujours moi), choisirait quand même de les retravailler légèrement en y ajoutant quelques matières complémentaires pour accentuer le fond et le fondu sur peau. En outre, le parfum serait beaucoup plus concentré. Une prochaine étape ? Nous verrons bien !

Merci encore à ceux qui ce sont déplacé (ça va, le champagne ne vous a pas tourné la tête ??? ), et merci à tous pour vos encouragements, qui j'espère, auront une continuité !