mardi 28 décembre 2021

Retour sur 2021, la sélection d'une année calme !

En quelques lignes, je reviens sur les lancements de cette année que j'ai trouvé pas trop mal. Hélas, par manque de temps et peut-être aussi à cause d'une certaine lassitude, je me suis peu intéressé à ce qui se fait en parfumerie de niche, malgré quelques exceptions tout de même. 

En grand public, j'aime beaucoup : 

La fraîcheur acidulée très maitrisée de Lacoste L12 12 Femme en Edp et son flacon d'un rose tendre qui lui va très bien. Le sillage est vif, frais, et apporte un bon coup de peps dans cette année mitigée. 

La note de marrons glacés et de pêche blanche autour d'un bouquet de fleurs blanches dans Cacharel Yes I Am Glorious va très bien avec le traité du flacon je trouve. 

La cerise réglissée de Major Me de la Pacollection est plutôt bien faîte et se pose sur un lit de oud moderne, jeune, sans jamais tomber dans la sucraille, puis j'adore le concept, léger et ludique. 

Chez Bvlgari, Man Terrea Essence est plutôt joli, avec une envolée assez fruitée pour un parfum d'homme, un beau sillage cuiré, presque fumé qui y mêle un peu de rose et un fond moussu et minéral. 

Dans la même marque, Splendida Patchouli Tentation est une petite pépite, car il joue à merveille l'harmonie entre les fruits, confits mais pas sucrés, l'ambre, doux, et le patchouli ici arrondi de muscs blancs pour un effet très cocon. 

Sauvage Elixir chez Dior, malgré sa puissance et sa tenue atomique, continue de me fasciner par la complexité des facettes qui veulent bien se dévoiler en fonction du temps et de l'humeur du jour. 

Chez Givenchy, l'Interdit eau de parfum Rouge est intéressant par sa texture. Très différente sur touche, sur peau et en sillage, la tubéreuse se fait tantôt miellée et vanillée, tantôt mystérieuse et sulfureuse, la marque ayant osé l'usage du wintergreen dans un parfum grand public. Une vision plus facile à porter de Tubéreuse Criminelle à mon sens. 

A Drop of Issey mérite vraiment que l'on s'attarde sur ce lilas dans une expression gourmande et amandée qui lui va tellement bien, à la fois frais et doux. 

Slogan de Courrège, si vous le trouvez, est intéressant. Comme une sorte d'orchidée poudrée, entourée de muscs blancs et de notes amandées, cuirées et légèrement vertes, il est assez facetté et original. 

Gucci Flora mêle fleurs blanches et fruits acidulés dans un joli parfum légèrement poudré, à la fois classique et juvénile, et dont le flacon à l'ancienne bien pensé a le mérite d'offrir un peu de romantisme en ce bas monde. 

En niche, je retiendrais : 

Les nouveautés de chez Téo Gabanel, créées par l'équipe de Maelstrom, Oh La La, un santal cuiré confortable et très "peau", Très French, un muguet incisif et vif, tout en fraîcheur verte, Je Ne Sais Quoi qui associe le thé matcha à des notes de bois blancs et de violette pour un effet duveteux. 

Chez Dior, Tobacolor et Vanillia Diorama ne sont pas trop mal faits, mais j'avoue que l'on peut sans doute trouver plus original ou plus pointu ailleurs pour ceux qui ont le temps d'investiguer. Cheval Blanc, lui, se distingue par son coté exclusif et s'inscrit dans la lignée d'un Dioramour et d'un Gris Dior, comme si les deux avaient été mixés dans une belle fougère qui calme et apaise. 

On se retrouve toujours en 2022, oh la la, 14 ans déjà qu'Olfactorum existe ! 

D'ici là, n'oubliez pas que malgré la morosité ambiante et ceux qui veulent nous faire croire que le parfum est "méchant", se parfumer est avant tout un plaisir ! 

N'hésitez pas à me faire part de vos coups de coeur également, car j'en ai oublié c'est certain. 

Bonne fêtes à tous. 





dimanche 19 décembre 2021

Marie Antoinette : des parfums sous le sapin ?

Il est sans doute connu de Tokyo à Los Angeles tellement son humour et le choix des parfums que l'on trouve dans sa boutique, ainsi que le lieux où elle est située sont originaux. 

Lubin, Piguet, Le Gallion, Mona di Orio, Histoire de Parfums, Marc Antoine Barois, Olfactive Studio, Isabey et tout récemment Visiteur (j'en oublie surement au passage), il y a du choix. De la Cologne fraîche au oud le plus rare, en passant par les floraux le fruités, les tubéreuses et les ambres, Antonio saura vous faire voyager. Chaque parfum ayant une histoire qui lui est propre, il se fera un plaisir de la partager avec vous. C'est sans doute une des qualité de ce que l'on apprécie le plus dans ce lieu extra ordinaire en plein centre de Paris niché sur une place charmante, on prend le temps. Le temps de vous écouter, le temps de vous conseiller, le temps de vous faire voyager et rêver . 

Alors, si vous voulez mettre un peu de parfum sous le sapin, voilà un petit détour qui fait du bien. 

Bonnes fêtes à tous ! 

Marie Antoinette Parfumerie

5 Rue d'Ormesson, 75004 Paris, fermé le lundi.  

Tel : 01 42 71 25 07

Illustrations : Marie Antoinette

jeudi 2 décembre 2021

Slogan - Courrège 2021 : poudre à canon ?

Tu es bien dans ta peau et te sens parfaitement dans la tendance, tu suis les modes au gré de tes envies, ton look, ton attitude, tes gestes font de toi un canon et un slogan accompagne ton mode de vie : "Be well !" 

Le tout dernier parfum de Courrège pourrait bien te plaire. S'inscrivant dans l'air du temps sans prendre un seul code facile du mainstream, Slogan se démarque par son originalité car on ne l'attendait pas forcément sur le terrain qu'il occupe. Mix assez réussi entre les notes gourmandes de vanille, de chocolat et d'amande, il contraste le coté un peu sucré par des notes épicées de genièvre et de poivre, et cela me renvoie un peu à la texture d'un Parfum Sacré de Caron, en plus moderne. Un cocktail de muscs chauds et de notes qui tirent vers le cuir, chères à Annick Ménardo en font un parfum poudreux, confortable, rond et d'un effet très "peau", qui semble être une des caractéristique de la nouvelle gamme Courrège. J'y distingue également une toute petite facette verte qui me fait penser à la sève d'une orchidée blanche. Le tout m'évoque vaguement Pure Eve de The Different Cie. 

Etonnant, déroutant, Slogan est une belle alternative si tu es tenté par Scandal pour Homme, Phantom ou même Bois d'Argent, un parfum "poudre" pour le canon que tu es et qui ne veut pas faire comme tout le monde. Une condition cependant : réussir à le sentir car honnêtement, cela relève du chalenge tant la distribution est confidentielle et hasardeuse, je l'ai moi même acheté à l'aveugle. Aller, on y croit ! 


Illustrations : couple sur internet, Courrège. 

mardi 23 novembre 2021

Herbier de Fleurs - Fanette Mellier & Thierry Blondeau : tubéreuse en herbes graphiques !


Quand Fanette Mellier, graphiste talentueuse au style affirmé me demande en Mai dernier si je souhaitais collaborer avec elle pour créer un parfum, mon enthousiasme s'avère immédiat. A la vue seule de la première image du brief, je vois déjà dans quelle direction je peux partir. L'idée étant de créer un parfum pour accompagner un livre, Herbier, dans lequel les fleurs séchées naturelles voient leur miroir graphique en face. Tout un univers à mettre en flacon ! 

Le parfum doit être à la fois champêtre, sensuel et régressif, et Fanette m'évoque les petites gommes parfumées à la violette et à la fraise dont pas mal d'entre nous se souviennent, ainsi que les parfums "tubéreuse des années 80" et leur sensualité un peu kitch. Le cheminement commence : je pars sur une tubéreuse surdosée accompagnée des notes régressives évoquées. Les tous premiers essais s'avèrent positifs, la direction est confirmée, mais ils sont trop champêtres, trop violette, et la fraise ressort trop en fond. Je décide alors de retravailler la tête avec de l'orange pour lui donner du peps et un coté pétillant, qui n'est pas tout à fait perceptible au final, mais qui modère vraiment l'envolée de cette tubéreuse en folie. Le coeur du parfum voit s'ouvrir une tubéreuse généreuse, puissante et douce à la fois, et celle ci se glisse ensuite sur la fraise et la violette, pour vriller sur un accord de vanille et de fève tonka gourmand, presque enfantin. Il me semble alors que le vétiver apporterait une touche boisée bienvenue pour soutenir le tout, comme c'était aussi souvent le cas dans les tubéreuses "80's". Fanette me confirme cette option, et je finalise le parfum, non sans quelques difficultés et obstacles, finalement dépassés rapidement. 

Mi Octobre, nous validons l'essai. Commencent alors les étapes de maturation et de macération. 

Herbier de Fleurs, une eau de parfum concentrée, pop, un brin kitch (on assume) et très graphique, sera disponible en Décembre, mais il est déjà en pré-commande. Vous trouverez toutes les précisions ci-dessous. 

https://www.editionsdulivre.com/livre/herbier-de-fleurs/

https://www.editionsdulivre.com/livre/herbier-de-fleurs/

Illustrations : Fanette Mellier. 

mardi 16 novembre 2021

Rimbaud - Céline 2021 : lavande cristal.

                                           

Quand on y regarde de plus près, le thème de la lavande soliflore est assez peu exploré en parfumerie. On note bien entendu le fameux Pour un Homme,  un peu décharné de nos jours, et deux autres que je retiendrais : Brin de réglisse chez Hermes et Jersey chez Chanel. Dorénavant, il va falloir compter avec un nouvel arrivant qui mérite vraiment une attention. 

Le style d'Hedi Slimane se distingue par un travail tout en finesse sur des nuances de gris, que ce soit en photos ou en parfums. Deux de ces plus gros succès, Bois d'Argent et l'Eau Noire, jouent pleinement sur ces nuances. Etrangement, on retrouve également ces dégradés dans la photo de Rimbaud la plus connue, et on notera une certaine ressemblance avec le directeur artistique, ressemblance que je n'avais pas vraiment remarquée mais qui me frappe maintenant que l'un et l'autre se retrouvent dans un parfum. 

Dans l'Eau Noire, Hedi avait déjà exploré son affection pour la lavande, mais à travers un prisme chaud et sec, celle-ci étant appuyée par l'immortelle et le ciste, et toujours accompagnée d'une trame iris. Dans Rimbaud, on retrouve exactement cette même trame lavande-iris, mais elle est ici travaillée avec beaucoup de finesse et de transparence, tout en élégance. Je pense à Jersey, car il sont assez proches, mais Rimbaud est plus clair, plus limpide, plus cristallin. L'iris glisse naturellement sur une lavande fine aux accents de thym frais, de fruits rouges et de fleurs fraiches, des notes de bois clairs la tirent naturellement vers un fond qui se drape de fève tonka et de vanille, la signature que l'on retrouve dans plusieurs des parfums de la marque. L'impression est délicatement poudrée, douce et remarquablement fine. 
Voulant conjuguer l'élan de la jeunesse et la nostalgie du poète, Rimbaud propulse l'une des matière première des plus traditionnelle dans un univers très contemporain avec une élégance, une finesse et une légèreté que je trouve éblouissante. Un vrai coup de coeur, qui arrive bientôt en boutique ! 

Illustrations : Hedi Slimane, Rimbaud et parfums Céline. 

mercredi 10 novembre 2021

Dangerous Me - Pacollection 2020 : starbucks parfum ?


L'hiver approche et le besoin de cocooning dans une ambiance chaleureuse autour d'un macchiatto ou d'un caffe latte se fait de plus en plus présent. Si vous aimez les parfums de ces lieux où le café coule à flot, un parfum pourrait dangereusement vous séduire : Dangerous Me de la Pacollection. 

L'idée de départ est celle de vouloir évoquer l'encre d'un tatouage sur la peau par un jeu de notes cuirées et de vanille. Départ en effet très "encre," soutenu par un accord de cèdre et de violette, auquel le romarin vient apporter sa touche légèrement métallique. Le gingembre contribue à un peu de peps. Ces deux matières connectent à merveille avec des notes chaudes car elles ont toutes deux naturellement des facettes métalliques pétillantes et des facettes rondes et douces. Cette envolée passe assez vite pour se glisser sur un lit d'épices telle la cannelle très présente et de notes lactées très douces, qui évoquent parfaitement la crème fouettée ou la chantilly. La vanille et les notes cuirées se posent ensuite sur la peau dans une évolution très équilibrée, qui peut aussi évoquer le tabac blond, un peu comme dans Tobacolor. Le résultat me fait vraiment penser à l'odeur que l'on retrouve quand on entre dans ces célèbres cafés au logo vert, vert que l'on retrouve également sur le flacon de ce Dangerous Me ; faut-il y voir un rapport ? 

Dans tous les cas, ce parfum est une bien belle surprise parmi les parfums épicés somme toute assez rares, et se porte à merveille en cette saison automnale. Besoin de réconfort ? Attention danger, vous risquez d'être conquis ! 

Illustration : ambiance Starbuck's café et Paco Rabanne. 

lundi 8 novembre 2021

Mon Top 5 du moment !


 Aller, un petit tour de mon Top 5 en ce mois de Novembre pas si triste pour le moment :

Sauvage Elixir - Dior : la surprise intense et épicée de cette fin d'année. 

Dangerous Me - Pacollection : on s'approche de Noël et des odeurs qui l'accompagnent. 

Stronger with You Intensely - Armani : son odeur de marrons glacés est tout simplement envoutante et réconfortante quand il commence à faire froid. 

Eau d'Intitié - Exemplaire : elle revient et s'apprivoise avec les frimas qui approchent, élégante et caressante.

Mémoir - Amouage : là, on touche à la perfection, orangettes au chocolat sur un lit d'iris et de myrrhe, c'est juste unique. 

vendredi 22 octobre 2021

Sauvage Elixir - Dior 2021 : mec plus ultra !









Autant le dire tout de suite, Sauvage dans ses précédentes déclinaisons ne faisait vraiment pas partie de ce que j'apprécie. Mais parfois, c'est aussi un des avantage de la dynamique d'une gamme, il peut y avoir de bonnes surprises, ou plutôt, comme c'est le cas ici, quelque chose qui n'est pas tout de suite à votre portée mais qui vous fascine ! 

Sauvage Elixir me fascine en effet : par sa puissance et peut-être aussi parce qu'il ose pousser à l'extrême le concept de virilité en parfum, qui trouve ici comme une sorte d'apogée. Puisant sans doute une partie de sa signature dans Pour Homme de Patou (peut-être un autre emprunt de Dior à la marque Patou après le flop de Joy), Sauvage Elixir va y chercher une signature puissamment épicée de cardamome et de poivre noir, qui lui donne immédiatement un coté vintage, très "80's" surement assumé par la marque, un peu dans le style d'un l'Eau du Navigateur à mon sens. On y retrouve la signature "dèo frais pour homme" du Sauvage original, mais elle se fait ici beaucoup plus discrète. La qualité de la lavande, légèrement réglissée et vanillée, et des bois choisis ici est plus palpable, plus perceptible, et apporte du corps au coeur du parfum pour atténuer cet effet. Pourtant, c'est bien sur les notes de fond que ce joue le principal atout de cet élixir : santal, vétiver et notes fumées se disputent la vedette sur peau dans une danse plutôt bien balancée. 

Ultra viril, ultra tenace, mais d'une évolution harmonieuse, ses notes claquent entre elles comme celles d'une guitare électrique : elles fusent mais s'harmonisent. Sauvage Elixir se voit comme un "parfum de mecs", d'une puissance assumée, et d'une telle concentration qu'il ne vous trahira pas au porté ! Pas forcement du goût de tous, mais polarisant et ... fascinant ! 

Illustrations : Giovanni, par Jean Baptiste Huong et Dior Parfums. 

mardi 19 octobre 2021

Bvlgari : petit mais constant !

 Bvlgari est une marque assez peu répandue dans les parfumeries de masse, mais elle ne cesse de me surprendre pas sa constance et l'intelligence de ses créations et de ses positionnements. Des gammes bien distinctes, faciles à identifier grâce à des flacons originaux et bien pensés et des créations pas forcement hyper originales, mais d'une qualité constante. 

Qu'ils soient plutôt grand public avec la gamme Omnia, orientés Moyen Orient avec Goldea, d'un luxe baroque et cocoon avec Splendida, d'un luxe revendiqué sur des accords étonnants et précieux avec Le Gemme, qu'ils fassent référence à l'été avec la gamme Blu, les parfums sont en général assez signés, mais toujours avec une volonté de ne pas faire trop de vagues. Les matières sont assez belles et bien choisies, les accords plutôt faciles à porter et jamais "too much". Une linéarité, une constance dans le style, que la gamme masculine ainsi que les Colognes, toutes finement ciselées confirment également.
 

J'attends de pouvoir découvrir les parfums haut de gamme de la ligne Allegra, mais ils sont hélas peu accessible à la découverte. 

Voilà, je souhaitais en parler, car cette marque me plait : italienne pas ses gènes, française d'adoption, elle me ressemble un petit peu, quelque part ! 

Illustrations : Bvlgari

samedi 4 septembre 2021

Vanilla Diorama - Dior 2021 : vanille panoramique !


Pas franchement évident de réussir une belle vanille, c'est le genre de solinote à laquelle on adhère ou que l'on déteste sans compromis, et qui pardonne difficilement de passer à côté. Avec cette vanille en diorama, François Demachy nous offre une de ces dernières créations avant de passer le relai à son successeur, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il nous a livré là une bien jolie senteur. 

La vanille est ici interprétée à partir de celle de Madagascar, car c'est sans doute celle qui offre le spectre olfactif le plus développé. Douce et fraîche à la fois, il suffisait au parfumeur de "tirer" ces facettes pour un faire un parfum. Ainsi Vanilla Diorama nous offre une tête très fraîche de citron pétillant relevé par l'orange. Ces deux agrumes fonctionnent à merveille avec la vanille, l'illuminent et la vivifient. Vient ensuite la facette épicée de cannelle et de poivre rose, qui apporte un peu de structure tout en glissant le long de la vanille. Mais cela ne s'arrête pas là : quelques gouttes de rhum font saliver, un peu de tabac blond pour un peu d'exotisme, une touche de patchouli pour permettre à la vanille de se figer à la peau et le tour est joué !  Son sillage, tout doux, peut faire penser à certains petits cigarillos. 

Aussi vive et cuirée mais plus douce que celle de Mona Di Orio, aussi ronde mais plus complexe que celle de Réminiscence, Vanilla Diorama offre un bien beau panorama sur la vanille et tous ses secrets ! 

Illustration : panorama Madagascar et Dior. 

vendredi 20 août 2021

Rose Griotte - Les Parfums Rosine : cherry chérie !

Avant de parler des attars de Bortnikoff et de la dernière vanille de chez Dior, j'aimerais faire un petit focus sur cette nouveauté acidulée et rafraichissante comme une bouffée d'optimisme en cet été qui n'arrive pas ! 

Rose Griotte ne fait pas de vague, mais comme il est de coutume dans la maison Rosine, il mérite le détour. Le thème de la griotte est traité ici tout en légèreté et délicatesse, avec un départ frais et acidulé grâce au citron et à la cerise, et un effet grenadine très léger qui lui donne un coté très joyeux. La suite se fait florale, avec une rose légèrement teintée de thé vert, pour un effet clean et transparent. Le fond est plus boisé, avec des bois blancs et des muscs doux qui font de cette griotte une compagne agréable et beaucoup moins sucrée finalement que les innombrables dérivés d'une certaine petite robe noire. 

Et oui, la gourmandise peut faire saliver, sans overdose de sucre, on chérit la cherry ? 

Illustrations : Nick Night et les Parfums Rosine. 

lundi 26 juillet 2021

Major Me, Dandy Me, Blossom Me : les 3 nouvelles Pacollections ! (Rectification)

La marque Paco Rabanne n'est pas à une surprise près. Les trois nouvelles visions de la Pacollection prouvent qu'il est possible de se faire plaisir avec de jolies petites choses pour un budget serré. 

Major Me est le plus surprenant des trois opus : ses notes de griotte à la mode sont combinées à une note sombre et moussue dans un style proche de Déclaration d'un soir, avec quelques épices dont la cannelle qui se remarque. Un parfum original mais qu'il faut impérativement essayer car le fond, appuyé par un oud sombre et étonnamment moderne est très différent de la tête: pour une fois qu'un parfum n'est pas trop linéaire !  

Ses deux nouveaux acolytes sont plus classiques, mais néanmoins bien composés : 

Dandy Me accorde un pamplemousse juteux et fusant à un accord de rose noire (rose fruitée un peu camphrée, et cuir-oud). Je pensais que ce serait original, mais je lui trouve hélas un petit air de déjà vu, qui peine à se distinguer à mon sens d'une production masculine riche en glucose et en notes mentholées viriles ; il conviendra sans doute à des peaux claires, car sur moi, la rose se caramélise... hélas un peu trop ! 

Blossom Me se fait fleur d'oranger et bulle de musc, aves une tête très agrumes, un peu fruitée. Néanmoins fidèle et bien faite, elle se positionne en alternative crédible et accessible face à celles bien plus onéreuses de l'Artisan, de Goutal ou de Sun Song


Illustration : Major Me - Pacollection de Paco Rabanne. 

vendredi 9 juillet 2021

Fizzy Mint - Palazzo Nobile 2020 : de l'herbe, du vert, du frais !

Si actuellement vous recherchez un peu de fraîcheur avec une folle envie de verdure, je ne saurais vous recommander d'aller faire un tour du coté de Palazzo Nobile pour y sentir Fizzy Mint. 

L'air de rien, ce parfum invite à la détente, au farniente lors d'un après midi ensoleillé. Ses notes de menthe, de romarin, l'agrumes frais, de bois blancs et de muscs propres forment une bulle de confort bien agréable. 

Bonne alternative à l'Eau d'Adrien ou à Herba Fresca, il aura l'avantage d'être moins répandu.

Préparez vous un petit cocktail  ou une citronnade, une chaise longue, de la crème solaire et avancer vers le bord de la piscine, c'est le temps des vacances. Après votre douche, un petit pchit de Fizzy Mint vous redonnera la pêche ! 

Bonnes vacances !


Illustrations : Palazzo Nobile, et herbe fraîche trouvée sur le net. 

mardi 22 juin 2021

Rose et Cuir - Frédéric Malle 2020 : le cuir dans la peau !


S'il y a bien une note qui fonctionne parfaitement avec le cuir, c'est l'abricot : subtil et doux, il effleure la peau par son léger aspect velouté. Et l'abricot, on le retrouve olfactivement dans l'osmanthus, mais aussi dans le jasmin sambac et dans certaines roses.

Pour Rose et Cuir, Jean Claude Ellena n'est pas parti d'une feuille blanche, car on y retrouve des inflexions de Rose Ikebana et d'Osmanthe Yunnan, mais ce qui est parfaitement réussi ici, c'est l'équilibre qu'il trouve sur les peaux qui veulent bien recevoir ces notes de rose fruitée mariées à une des molécules "cuir" des plus ancienne qu'est l'isobutyl quinoleine (ibq). Cette note est dure, âpre et rêche, très montante et puissante, mais elle a pour particularité d'accompagner toute la longueur d'un parfum. 

S'il peut dérouter par une certaine brutalité quand on le découvre, il faut absolument prendre le temps de tester Rose et Cuir sur peau car s'il termine en fondu délicat pour afficher de belles nuances entre la rose charnue et fruitée, l'abricot velouté et doux, et le cuir fumé et affirmé, vous allez rester sous le charme ! 

                                

Je n'ai pas tout de suite aimé Rose et Cuir mais au bout du compte, la dualité entre la fleur et l'ibq se porte à fleur de peau, comme un beau blouson de cuir noir très souple, dont Versace était spécialiste.  Polarisant et captivant, il gagne à ce qu'on lui laisse une chance pour être apprivoisée. Avec de Portrait of a Lady, Rose et Cuir est devenu un des parfums de la marque que je préfère. 

Illustrations : Versace, Frédéric Malle et blouson de cuir noir trouvé sur internet. 


jeudi 27 mai 2021

Hommage : entretien avec Marie Hélène Rogeon, directrice de la marque Les Parfums de Rosine.

Je viens d'apprendre la triste nouvelle : Marie Hélène Rogeon nous a quitté ! 
En hommage à cette femme passionnée et rayonnante qui adorait les roses sous toutes leurs formes, je réédite cette interview qu'elle avait bien voulu m'accorder il y a quelques années. 
RIP Marie Hélène, et que les roses de Rosine nous accompagnent dans nos bonheurs quotidiens. 


Un peu d’histoire : en 1991, Marie Hélène Rogeon décide de faire revivre la marque Les Parfums de Rosine. C'était la marque des parfums de Paul Poiret, elle était abandonnée depuis près de 50ans. Poiret fut un peu précurseur avec des parfums aussi novateurs que Le Fruit défendu, qui sentait la peau d’abricot, et fut le premier utilisateur du galbanum dans un parfum. Son histoire, Marie Hélène décide de la tisser autour de la majesté de la parfumerie, qui était aussi la fleur du principal parfum de la marque : la Rose.

En 2006, en ouvrant une boutique dans la galerie du Palais Royal à Paris, la marque retrouve un bel écrin, digne de sa réputation.

Méchant Loup : bonjour Marie Hélène, qu’est ce qui a motivé ce choix ?

Marie Hélène Rogeon : longtemps directrice de la création dans de grands groupes de luxe, j’étais blasée de sentir sans arrêt, sans vraiment avoir le sentiment de servir à quelque chose qui apporte à la parfumerie. Je suis donc partie de mon travail, ai pris du recul pour ensuite vouloir faire revivre les parfums de Rosine, en grande amoureuse de la rose.

ML : la rose est un parti pris, ceci ne constitue t il pas une difficulté, la rose à t elle un avenir ?

MHR : certes galvaudée et mainte fois copiées parce que fleur emblématique, on la retrouve en effet dans tout et n’importe quoi. La rose est pourtant riche de milles facettes, acidulée, verte, anisée, métallique ou réglissée. Elle se marie avec tant d’autres matières dans un parfum qu’elle n’a pas dit son dernier mot. La difficulté est de redéfinir une pédagogie autour de cette fleur en parfumerie pour lui redonner une bonne image. Elle a de belles années derrière elle mais je suis convaincue qu’un bel avenir se dessine aussi.

ML : d’où vous vient l’inspiration ?

MHR : je m’inspire principalement de mon jardin en Picardie, où j’ai une roseraie très riche des roses les plus rares que je sélectionne pour leur parfum. La richesse olfactive de ce jardin est telle que selon le temps, la température, l’humidité, les notes différent et se développent pour constituer comme une sorte de laboratoire ou flottent milles parfums. Les senteurs sont très variées, c’est fascinant.

ML :quelles sont les facettes de la rose que vous préférez ?

MHR : sans aucun doute les facettes vertes, qui font écho au galbanum, un vert un peu cru, que l’on retrouve notamment dans Twill Rose.

ML : vous créez vous-même les parfums ?

MHR : non, je décris mon idée, mon inspiration, mon envie du moment, puis je travaille à quatre mains avec François Robert de Quintessence, qui sait merveilleusement orchestrer les mélodies que j’ai en tête.

ML : quels sont les pays qui affectionnent vos parfums ?

MHR : la France bien sûr, par tradition, mais aussi, à ma grande surprise le Japon, dont la tradition n’encourage pas à se parfumer, mais où les habitudes changent. Nous avons tant de points communs avec le Japon pour ce qui est de la tradition de préserver les savoirs faire précieux. De plus, les jeunes trentenaires ont moins peur, elles osent. Elles commencent par des notes discrètes, mais cela change. Zeste de Rose s’y vend bien mais à ma grande surprise, Secret de Rose, plus sophistiqué, y a trouvé des amatrices.

Globalement, l’Asie est notre principal marché, entre Taiwan et le Japon, puis la Chine. L’Angleterre également, sans doute parce que la rose est affectionnée dans ce pays.

En Europe, nous sommes bien implantés en Italie et en Allemagne.

ML : et les Etats-Unis ?

MHR : nous ne sommes pas très présents aux US, c’est un peu compliqué car ils aiment les parfums propres et faciles, et ils ont de puissants groupes. Face à cela, notre positionnement est très exclusif, mais nous vendons assez bien Rose d’été.

ML : Et quels sont les parfums qui plaisent ?

MHR : certains se distinguent nettement, sur tous les continents. C’est le cas de la Rose de Rosine, de Rose d’été, de Rose Berry et de Zeste de Rose. En Europe, Rose d’Homme est notre première référence à Londres par exemple et j'en suis très fière, mais Rose Praline et Rose Kashmirie se distinguent aux cotés de ces chefs de file.

ML : deux directions semblent se dessiner aujourd’hui : une parfumerie autour de la rose traditionnelle, chaude, rondes, parois complexe, et une autre autour de la fraîcheur. Cette évolution vers la fraîcheur correspond-elle à une demande ?

MHR : nous ne faisons pas des parfums par rapport à un marché, une demande ou un besoin. Nous saisissons nos envies du moment et créons en fonction de cela. Cela permet de couvrir un large spectre olfactif, allant des roses fraîches à celles les plus orientales en passant par les marines et les fumées. Nous sommes passionnés et tentons de le rester au quotidien, nous nous donnons le temps pour chaque parfum que nous créons.

Pour citer l’exemple de nos derniers nés, l’inspiration de Rosissimo est né suite à la rencontre avec une rose qui sentait le pamplemousse au japon, Secret de Rose parce que j’ai senti un labdanum en Espagne. Les idées viennent comme cela.

ML : comment travaillez vous avec François Robert ?

MHR : nous essayons de partir d’un accord binaire, rose-pamplemousse, rose-labdanum, puis nous enrichissons, arrondissons, dynamisons etc. Je ne souhaite pas faire des parfums trop conceptuels ou intellectuels, mais je recherche une lisibilité, une identité forte, et surtout un accord harmonieux. Je n’aime pas non plus travailler à trop lisser un accord, les petits défauts ou aspérités créent une identité, comme le charme d’un vrai bois par exemple.

ML : vous prenez parfois des partis pris risqués, je pense notamment aux notes fumées qui plaisent difficilement. Avez-vous certains regrets ?

MHR : Il est vrai que certains parfums ne fonctionnent pas très bien, mais je n’ai pas de regret, car ils trouvent malgré tout des fidèles. J’ai juste un contre exemple avec Rose de feu, où j’ai eu le sentiment de ne pas être allée assez loin dans l’idée, mais c’est tout.

ML : Est il plus difficile de travailler une rose pour homme ?

MHR : oui, pour moi c’est plus difficile. Même si la rose est unisexe par définition, il faut bien reconnaître que certains de nos parfums sont très féminins. Une rose pour homme doit être masculine ou mixte, est c’est un équilibre pas forcement évident à trouver, c'est plus délicat et plus long .

ML : les reformulations, cela est il en handicap ?

MHR : cela impose des contraintes, mais ce n’est pas si bloquant. Nous échangeons beaucoup avec François mais globalement, nous avons peu de parfums à reformuler. Et quand ils le sont, le résultat est même souvent meilleur que l’original, car les matières évoluent et les techniques de formulation également.

ML : vous faites des parfums, mais aussi des bougies, est ce très différent ?

MHR : oui, car une bougie doit brûler et diffuser la senteur. Certaines matières de nos parfums ne passent pas du tout. Les formules sont donc très proches de celles de nos parfums, mais doivent être retravaillées à cause de ces particularités techniques.

ML : Et pour finir, puis-je vous demander ce que vous pensez de Jessy’s Rose, une création personnelle ?

MHR : elle est fraîche et vive au départ, avec un effet qui me fait penser au cédrat-verveine, c’est assez propre. Elle est assez sophistiquée dans son envolée et son évolution me fait penser à une rose marocaine.

Marie Hélène, un grand merci pour ce moment convivial.

Marie Hélène a bien voulu accepter de me remettre 3 petits pochons de 4 échantillons de parfums représentatifs de la marque, et 3 échantillons séparés à faire gagner. Pour cela, je procèderai à un tirage au sort sur les commentaires qui seront laissés suite à cette interview.

Illustrations : Marie Hélène à son bureau, Folie de Rose, Un Zeste de Rose, Rose d'Homme.

mardi 18 mai 2021

Patchouli Tentation- Bvlgari Splendida 2021 : viva il neo barocco !

Ce que j'aime beaucoup lorsque je découvre un parfum, c'est que celui-ci fasse de belles connexions dans mon cerveau et qu'il me renvoie à d'autres parfums, sans vraiment ressembler précisément un nom connu en particulier. Etrangement, ce sont souvent les parfums contenant beaucoup de patchouli qui provoquent cela, sans doute parce que cette matière sait se glisser partout, sous toutes ses formes de la plus légère à la plus dense et dans toutes les familles olfactives. 

Ici, Bvlgari propose un patchouli que je qualifierais de néo baroque, ce qui semble être le fil conducteur de la gamme Splendida. Imprégné de grands classiques comme Miss Dior dont il reprend non seulement la trame chyprée mais aussi une envolée fruitée très "banane chimique" en moins vert et beaucoup moins boisée, il s'aventure sur les notes de pêche, de prune et d'iris que l'on retrouve dans la sensualité d'un Femme. Moins épicé que ce dernier, avec notamment le cumin en moins, il ose flirter avec le chypre électrique teinté de muscs blancs ronds et doux d'un Rush. De fait, il se trouve loin des solinotes comme celui de Réminiscence, et joue une partition entre Visa, Angel, et Rumba, avec un coté tout aussi gourmand et chaud grâce entre autre à la vanille et à des notes ambrées, en moins percutant que ces derniers et avec plus en douceur lorsqu'il se pose sur peau. 

J'aime aussi son coté androgyne, comme la tubéreuse de l'an dernier, et ce départ un peu bubble gum, même si je sais qu'il déplaira à certains ne me dérange pas tant il est équilibré par le reste, et semble parfaitement en phase avec le propos néo-baroque et rococo du parfum ! 

Une bien jolie tentation que ce patchouli tutto italiano ! 

Illustrations :  photowall.fr et parfums Bvlgari. 





vendredi 14 mai 2021

A Drop of Issey - Issey Miyake 2021 : goutte de printemps.

Lilas, glycine, œillet, giroflée, chèvrefeuille, toutes ces jolies fleurs de printemps sont assez rares en parfumerie, alors quand une grande marque comme Issey Miyake se lance dans l'exercice, on se dit qu'il se passe quelque chose. Voulue comme une goutte de rosée du matin dans un jardin printanier, c'est bien ici à un lilas que nous sommes confrontés. 

Il y a peu de lilas sur le marché et je ne les connais pas tous. Ceux que je connais sont Lillac Path d'Aerin Lauder entre lilas et chèvrefeuille, celui, discontinué d'Yves Rocher, un des lilas les plus réaliste, propre, rafraichissant et vraiment joli sur peau, et celui de Bottega Veneta dans la gamme Parco Palladiano, mon préféré car complexe et riche, entre glycine et lilas, avec un fond résineux de fir-balsam qui se développe au porté.

A Drop of Issey est une proposition légèrement différente : après une envolée réaliste et d'un effet très naturel proche de la fleur de lilas et de la rosée fraîche, ce sont des notes de fleurs blanches et de muguet qui se dévoilent, appuyées par de nouvelles molécules qui permettent de remplacer le lilial et autres composés du muguet qui ont été fortement règlementées. Elle apportent ici des facettes de melon d'eau légèrement aqueuses. Assez vite, l'accord est rattrapé par un effet amande verte, appelé "latte di mandorla", gourmand mais pas envahissant, procurant plus une sensation de sucre glace que de caramel.  

Attention en revanche, si l'équilibre est très joli et très bien composé, il est tellement délicat qu'il ne s'adaptera pas à toutes les carnations. Après tout, ne dit on pas qu'un parfum est beau quand il rencontre la bonne peau pour s'y développer ? Alors, même si cette goutte de printemps est à tester impérativement sur peau pour savoir si elle est faite pour vous, c'est un plaisir de retrouver un si bel accord en parfumerie de masse, et bravo pour cette initiative très cohérente avec la marque. 

Vive le printemps et plus que quelques jours avant la ré-ouverture des parfumeries ! 

Illustrations : Dimitri Sinyavsky et parfums Issey Miyake.

dimanche 9 mai 2021

L12 - 12 Blanc et Rose Eaux de Parfum - Lacoste 2021 : affinage réussi.


On a souvent l'impression qu'une eau de parfum va être meilleure qu'une eau de toilette, qu'elle teindra mieux, qu'elle sera plus riche et plus dense, mais cela n'est pas toujours vrai car certaines eaux de toilette sont parfaites telles que et dans ce cas, l'eau de parfum n'apporte rien. 
Concernant la gamme Lacoste, je n'aimais pas spécialement de l'eau de toilette L12.12 Blanc homme car trop "commerciale" mais je lui trouvais quelque chose d'intéressant à cause de la tubéreuse et des résines. L'eau de toilette L12.12 Rose en revanche me semblait très bien faite avec ces facettes macaron délicieuses. 

Pour ces nouvelles déclinaisons eaux de parfums, allons tout de suite au but : un peu comme le bon vin ou le fromage, on a l'impression que les formules sont arrivées à maturité en passant par un affinage réussi. 
L12.12 Homme EDP se montre plus riche, plus dense, beaucoup moins agressif avec un bel équilibre des agrumes, des notes boisées et des résines, et uns signature "shiso" semblable à la trame que je mentionnais dans Métérore dans le précédent article. Paradoxalement moins puissante que l'eau de toilette, l'eau de parfum se fait plus agréable à vivre, car il évolue vers des notes de cuir sec qui vont bien avec la peau. L12.12 aurait dû être comme cela dès le départ, mais il est dommage qu'il soit moins tenace que l'eau de toilette c'est un vrai paradoxe ! 
La version féminine L12.12 Rose EDP suit exactement la même logique, mais comme l'eau de toilette était déjà pas mal, je dirais qu'ici on voyage directement chez Ladurée, avec un beau macaron gourmand, moins fruité et plus doux que j'aimais déjà pas mal et qui devient ici plus caressant, plus doux, gourmand mais jamais lourd. Il s'accompagne d'un accord floral de muguet givré et de thé fumé du plus bel effet, car je peux vous assurer que le sillage a quelque chose qui interpelle et que personnellement, j'aime beaucoup. 

Notons également le travail sur les flacons, avec un maillage sur la face, inversé par rapport aux eaux de toilette, et une vaporisation optimisée. En bref, ces eaux de parfums sont un affinage réussi et maitrisé des eaux de toilettes éponymes. 

Illustrations : Tim Walker et Lacoste Parfums.

samedi 24 avril 2021

Météore - Louis Vuitton 2020 : Shanghai surprise.


Immersion : 

Tu es l'enfant unique. Comme toi, ton pays grandit autant en taille que tu cumules d'années. Plutôt bien né, dans une famille sans soucis, ta vie est plutôt cool : enfance calme, études studieuses et diplômantes, accès aux langues et aux cultures étrangères, tu t'ouvres au monde. La trentaine fière, tu es bien installé, bon poste en main, sûr de toi, tu avances et te construits, toujours en force et victorieux. 

Ton parfum est à ton image. Plus jeune, tu portais Cool Water, un best seller dans ton pays, plus tard, sensible au luxe, tu t'orientes vers Mercedes Club Fresh, et récemment, tu t'es laissé charmer par la fraîcheur acidulée de Boss Tonic


Aujourd'hui, indépendant et autonome, tu te permets de monter en gamme et ce parfum que tu portes suit ta logique olfactive : il te rappelle ceux que tu portais sur le roof top du Nyx Bar à Shanghai où tu vis et se trouve en parfaite lignée de ce cocktail aux notes anisées fait de pomme verte, de melon d'eau, d'épices fraîches et de feuilles de shiso que tu prenais. Ce parfum, c'est Météore de Vuitton. Son coté clean t'apporte confiance et assurance, et t'aide a rester optimiste et joyeux dans ton quotidien parfois éprouvant. Un véritable ray of light dans ta vie. 

Tu es la Chine conquérante, à l'aise dans son costume comme dans ses baskets, tu es le présent et l'avenir, tu es l'image de cette jeunesse, une véritable Shanghai surprise ! 

Illustrations : Nyx Bar Rooftop Shanghai, parfums Louis Vuitton. 

dimanche 18 avril 2021

On The Beach - Louis Vuitton 2021 : Cologne à la Californienne !


On connaissait les Colognes à l'italienne, à la française, et à la russe. Avec On The Beach, on serait tenté de dire qu'une nouvelle proposition vient d'arriver : la Cologne à la californienne ! Prenant pour base une Cologne à la française assez traditionnelle avec ses notes fraîches d'agrumes et d'aromates, Jacques Cavalier-Belletrud la revisite pour lui faire traverser l'Atlantique et continuer à nous offrir de nouvelles destinations de voyages au sein de la marque. 
La tête fait la part belle au yuzu, plus mordant, légèrement plus amer et plus scintillant que le citron, pour continuer ensuite sur une structure plus classique de pamplemousse, d'orange et de mandarine, avec sans doute aussi un soupçon de bergamote qui fait un lien cohérent avec la suite et capte les notes plus douces et presque chaudes du néroli et la douceur veloutée du romarin. Le thym et le cyprès s'invitent de manière très cohérente pour évoquer les pins de bord de mer, appuyés par le poivre rose, fusant, et une note de girofle également poivrée mais teintée d'une facette violette.
En lisant les notes du parfum, je m'attendais à vrai dire à quelque chose entre Granville de Dior et Blenheim Bouquet de Penhaligon's. Il y a tout de même un peu de ça quand on le porte, mais c'est assez lointain et ça apparaît en filigrane, car On The Beach me fait plutôt penser à une Cologne fraîche qu'à un parfum aromatique. Là où il se démarque, c'est sur l'effet salé, qui lui donne une douceur solaire, clean et légèrement savonneuse qui nous envoie directement sur Santa Monica, ainsi qu'à un fond très propre créé par une bulle de muscs blancs modernes. 
Au final, cette Cologne rafraîchissante et optimiste se porte comme un t-shirt, facilement, avec un jean et un blouson en cuir vieilli, elle est très cohérente. Pourquoi ? Parce que bien que née cette année dans un flacon très contemporain, elle présente une facette vintage à mes yeux, qui envoie mes souvenirs sur des parfums comme Oscar For Men, et ça lui va très bien. Oscar, LA, On The Beach, isn't it a beautiful scenario ? 

Illustrations : Santa Monica par Cobra et Parfums Louis Vuitton. 

lundi 12 avril 2021

Rencontres IFF sur Instagram cette semaine !

 Bonjour a tous, je me fais le relais de IFF qui organise une semaine de rencontres sur le compte Instagram du 12 au 16 Avril. Le lien se trouve ici : https://www.instagram.com/artofperfumeryatiff/?hl=fr

Il s'agit de rencontres et de dialogues entre les parfumeurs d'IFF, des artistes et des amoureux du parfum afin d'enrichir et d'inspirer leur connaissances. 

Comme je ne sais pas trop comment fonctionne Instagram (et oui, je suis de le vieille école) et que je n'ai pas de compte pour ma part, ceux qui sont intéressés sont invités à se connecter au compte ci-dessus.  

Avis aux passionnés ! 

vendredi 26 mars 2021

Myths Woman - Amouage 2016 : vintage bouquet.

J'aime beaucoup cette sensation de découvrir des parfums que je ne connaissais pas et de tout de suite avoir un vrai coup de coeur. Dès les premières notes Myths m'a immédiatement transporté au milieu de la boutique d'un fleuriste, quand les fleurs rencontrent la terre, que les parfums se mêlent et que le décors se colore. 

Envolée de rose et de patchouli relevée par une note très douce qui sent littéralement le "vert" des fleurs, ce parfum se pose ensuite dans une douceur cotonneuse et très cocoon, qui lui donne un aspect patiné très vintage. J'y retrouve un peu d'un parfum que j'aimais beaucoup chez Guerlain, Guerlinande, sorti en série très limitée mais qui était d'une finesse incroyable et convoquait le printemps avec merveille. Myths est plus terreux, plus râpeux que ce dernier, mais l'esprit d'un printemps joyeux rempli des senteurs du lilas, des glycines, du muguet, des jacinthes, des girofles et de la terre mouillée est bien là, pour un voyage olfactif et dans le temps assuré ! 

Une très jolie redécouverte que ce Myths Woman, qui n'a d'ailleurs de woman que dans le nom, car son coté chypré signé et son effet bouquet de fleurs androgynes et vintages à souhait pourrait ravir les amateurs d'Aramis, de Monsieur de Chanel ou de Gentleman de Givenchy. 

Illustrations : expo Purple Rain à Paris et parfums Amouage. 

samedi 20 mars 2021

Tobacolor - Dior 2021 : tabac confit, né.

Faisons une pause sur les ouds de Dior, je reviendrai plus tard sur Leather Oud, car j'ai envie de parler du dernier né en ce premier jour de re-confinement qui annonce le printemps. 

Tobacolor s'ouvre tout en fraîcheur sur des notes de mandarine et d'orange pour évoluer assez rapidement sur un accord de fruits confits : pêche, prune, abricot se conjuguent pour un effet "datte" qui sied bien à ce tabac évoquant l'ambiance des bars à chicha où l'on fume le narguilé. Je ne serais point étonné de savoir qu'il y a un peu d'immortelle dans la formule, car je lui trouve un coté sec, qui peut être aussi dû à l'absolu tabac, une note chaude mais sèche et légèrement amère. Quelques notes ambrées accompagnent le tableau, et sur peau, le fond est vraiment joli, donnant à la fois une sensation de pain d'épice, de fumée de tabac blond, le tout accentué par une note proche de la mousse de chêne, ce qui lui donne un beau relief, une belle profondeur. Pour le situer dans la paysage olfactif actuel, il serait quelque part entre Sables et ses notes de sirop d'érable sous le sable et Ambre Narguilé pour son coté tabac chaud et confortable. 

Un joli tabac confit, né sous de beaux auspices, à porter avec bonheur pour les nouveaux confinés que nous sommes ! 

Illustrations : tabac à narguilé, Maison Christian Dior parfums. 




jeudi 25 février 2021

Complètement f'oud - épisode 3 - Oud Rosewood - Dior 2020 : brute de nuit !

Selon François Demachy, le oud du Laos a plus de caractère que celui d'Indonésie utilisé dans Oud Ispahan et Leather Oud, ce que je confirme. Ce oud du Laos est plus brut, plus animal et plus montant, moins fruité et plus sec, et c'est celui qui est travaillé dans Oud Rosewood. L'impression que ce parfum me donne est un travail de taille autour de cette matière, comme si le parfumeur n'avait pas voulu la dénaturer et s'était appliqué à mettre en exergue les facettes de celle-ci. 

Oud Rosewood est un parfum oud assez brut, comme taillé dans la masse et mis en valeur par quelques notes qui parlent naturellement au oud, comme le bois de rose, le cuir fumé, et un travail évoquant les feuilles séchées. Un coté minéral ressort, appuyé par un aspect fougère légèrement "sale", qui lui conf
ère une belle évolution quand il rencontre une peau chaude ; je ne serais pas étonné de savoir qu'il a utilisé du costus ou du cumin à petite dose, car des éléments de ce parfum m'envoient directement à des fougères des années 80 comme Kouros ou Brut par exemple. Plutôt masculin au premier abord, il peut se révéler très doux et très peau sur une femme. J'imagine une ambiance de fin de nuit où se mêlent cuir et tabac froid, le coté animal de la peau et de la transpiration relevés par le oud. 

Un parfum "brutaliste", instinctif, à fleur de peau, sensuel, comme un roc de oud, à tester impérativement sur la durée pour apprécier sa richesse à sa juste valeur. 

Illustrations : Laurent Sérousi, maison de parfums Christian Dior. 

mardi 9 février 2021

Complètement f'oud - épisode 2 - Oud Ispahan - Dior 2012.



Presque dix ans déjà que Oud Ispahan est sur le marché. Sceptique au début a cause de l'avalanche de ouds lancés dans ces années là, je suis passé complètement à cote de lui, jusqu'à récemment, où j'ai commencé à m'intéresser à ce dernier, devenu un des chef de file des créations Maison Christian Dior après Bois d'Argent. Et pour cause ; il n'est vraiment pas mal ce parfum ! 

Pourvoyeur d'une destination de rêve dont nous sommes malheureusement privés, Ispahan, c'est l'Orient par excellence et quoi de mieux que l'accord magique de la rose et du bois de oud pour évoquer cette atmosphère ? Un oud d'Indonésie, plus doux et très légèrement fruité, mariè à la rose turque. Ce qui me frappe au porté, c'est la densité du traitement, la justesse des notes et l'évolution sur peau, très cohérente et plutôt douce, ce que ne laissait pas penser la toute première impression. Le lien entre les matières est presque évident, à tel point qu'il est difficile de les distinguer une par une, mais elles sont bien là : patchouli légèrement terreux qui attrape littéralement les facettes chaudes du oud et la facette fruitée de la rose, santal et cèdre qui s'attachent aux facettes douces de ces deux matières pilier du parfum, safran, indispensable dans un parfum "oud" et surtout, ce qui me plait vraiment, c'est le miel. Oud Ispahan développe une trame miellée très chaude, légèrement sucrée par la vanille, le ciste labdanum et sans doute un peu de tubéreuse. Cette trame miel fait écho à un autre parfum de la marque et non des moindres, car elle me fait penser à celle que l'on trouve dans Poison. Voilà pourquoi je trouvais Oud Ispahan très "Dior", chaud et sensuel !  

Ce parfum, c'est l'ambiance d'un riad, aux velours rouges soyeux, à l'or omniprésent et dans lequel on siroterait un thé noir et des pâtisseries miellées. Un belle re-découverte que ce parfum qui sur moi, est vraiment joli. 

Illustration : un riad et Maison Christian Dior Parfums.