jeudi 19 décembre 2013

O Black - Blood Concept 2013 : Cuiron consanguin.

Créer un concept autour de l'idée que notre affinité avec certaines odeurs serait due à notre groupe sanguin ? Bien sûr, il fallait y penser, et, même s'il ne semble pas y avoir d'étude sérieuse sur la question, cette interrogation soulevée est séduisante. Pourquoi cela serait-il improbable ?

Je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet car, de toute façon, il n'y en a qu'un qui ait retenu mon attention et pour cause. Non pas que les autres soient inintéressants, bien au contraire, car je suis passé du "j'adore", avec O Black au "je déteste cruellement" avec AB Black, en passant par "c'est pas mal" avec A Black en découvrant la série dans une boutique de vêtements du 4e, mais un seul a su provoquer en moi une émotion.
 
 

Tenez vous bien, vous êtes prets ? Amateurs et amatrices de feu Cuiron de Helmut Lang, devenu introuvable aujourd'hui, vous risquez à nouveau d'être comblés et cela tombe bien, Noël approche. O Black, dans la série Black donc, en a toutes les qualités car il hérite des traits de son père à 95%. Assisterait-on là à la naissance des premiers bébés nés de la consanguinité parfumistique ? Ils reprendraient les traits de leur ainé disparu ou trop confidentiel pour le proposer sous un nouveau jour, plus jeune, plus original, et qui tente de s'inscrire dans la durée ?  

Les flacons sont jolis, modernes, agréables au toucher et à utiliser, leur format se prête au nomadisme, leur concept et l'environnement étrange rejoint parfaitement les notes que l'on trouve dans les flacons. Pour O Black, c'est donc un nouveau Cuiron que l'on retrouve, avec ce coté cuir fumé et goudronneux cousu de fine dentelle, qui s'entremêle dans des notes douces et vanillées comme une sorte d'orchidée végétale et transparente, très salycilée et solaire. J'adorais ce Cuiron, je retrouve toute sa finesse et sa justesse dans O Black, son digne héritier. 
 
A découvrir de toute urgence pour les fidèles du défunt, dont je faisais partie depuis ses tous débuts.

Illustrations : Black Lace Caremon Russel, Blood Concept.

lundi 9 décembre 2013

Mes Ambiances, promotion de Décembre, une idée pour Noël ?

Cela fait bientôt un an qu'ils ont été présentés chez Marie Antoinette à ceux qui ont eu la gentillesse de se déplacer pour les découvrir. Un article leur était consacré en Février 2013 lorsqu'ils ont fait leur premiers pas en boutique, pour une durée limitée.

Mes Ambiances, c'est leur petit nom, sont trois parfums pour le linge ou la maison, à vaporiser dans les draps, sur les rideaux, les canapés, les tissus, les coussins, dans un sac ou tout simplement pour parfumer l'air. Trois ambiances très différentes, inspirées par des souvenirs personnels, que j'ai voulu traduire en parfum.

Ma Rose : comme son nom l'indique, c'est une promenade dans une roseraie et un clin d'oeil à ma fleur préférée. L'idée que je me fais d'une rose moussue, légèrement citronnée, à la fois fraîche et dense. Une ambiance noble et délicate.


Mon Piano Bar : c'est une ambiance de club de Jazz, le piano et la trompette résonnent en fond, et je sirote un B52 dans un fauteuil en cuir autour d'une table en bois ciré. Alcool, cuir, bois, pour un cocktail chaud et raffiné. 


Ma Garrigue : une promenade en fin d'après midi dans l'arrière pays niçois, quand l'air se refroidit, et que la pierre chauffée fait ressortir la fraîcheur et l'amertume des aromates et la terre. Une envolée tonique et vivifiante. 
 
Il sont confectionnés conformément à mes formulations, à Grasse, avec de belles et rares matières premières fournies par Art et Parfums que je remercie au passage pour leur professionnalisme. Pour moi, c'est sans doute un premier pas vers un futur parfum de peau !

Quelques lecteurs et plusieurs collègues leur sont devenus fidèles, ou les ont offert en cadeau. Peut être que vous aussi ?

Ainsi, exceptionnellement, juste avant de se lancer dans le marathon de Noël, en Décembre, leur prix est de 15€ le vaporisateur de 50ml sans les frais de port (au lieu de 20€ ). Peut être une occasion de les découvrir, de se faire plaisir ou de les offrir ?

Pour les commander, il vous suffit de m'envoyer un mail à olfactorum@gmail.com en précisant vos coordonnées.

mardi 3 décembre 2013

Voilà pourquoi j'aimais Rosine !

Vous l'aurez sans doute remarqué, mais depuis un mois, je parle beaucoup des parfums de Rosine ! Pourquoi autant d'enthousiasme de ma part me direz vous ? Et bien la réponse est simple : parce qu'on n'en parle pas assez, parce que notre soif de nouveautés à tous nous pousse à vouloir toujours plus neuf, plus "in", plus "fashion" et sans doute aussi plus cher. Pourtant, négliger cette maison, c'est passer assurément à coté d'un patrimoine important non seulement de l'histoire du parfum, mais aussi de la parfumerie actuelle.

Remis sur le devant de la scène par Marie Hélène Rogeon depuis environ vingt ans, Les parfums de Rosine ne connaissent pourtant qu'une diffusion limitée. Ne serait-ce pas là ce qui fait leur force aussi ? A force de toujours vouloir sentir de nouvelle choses, on en oublie parfois de se concentrer sur l'essentiel : la recherche d'un parfum pour soi, celui, avec lequel on se sent bien et surtout, choses assez rare aujourd'hui pour être soulignée, celui vers lequel on aura envie de revenir et aura su fidéliser. Ceci, beaucoup de marques anciennes et nouvelles s'en contrefichent et se contentent de lancements réguliers pour faire parler d'elles et rester dans le coup. Souvent, il faut bien le constater, si l'on craque pour une nouveauté, le flacon se vide relativement lentement.

Alors, si vous prenez un jour le temps et faites l'effort (prenez cela comme une aventure), d'aller faire un tour dans les rares points de vente de la marque, voici quelques conseils, aussi modestes soient ils : 

- ayez à l'esprit d'être là pour sentir du parfum et rien d'autre.

- n'ayez pas en tête que vous allez ne sentir que de la rose, car, même si elle est en effet au centre du concept et du nom de la marque, elle ne constitue bien souvent qu'une trame, mais pas l'odeur principale des parfums : par exemple, les amoureux d'épices aimeront Majalis, les fans de tubéreuse et de fleur d'oranger seront ravis de découvrir Vive la Marié, ceux qui aiment les notes marines se loveront sans doute dans les effluves délicates et très finement travaillées de Ecume de Rose, les aficionados de thé vert se plairont à découvrir Un Zeste de Rose, les hommes avides de "fraîcheur citronnée qui tient" risquent d'être conquis par Rosissimo, et si comme moi vous craquez pour Rose d'Homme, que je porte depuis longtemps et de manière très régulière, vous remarquerez que ce parfums présente des facettes boisées, chyprées, tubéreusées et cuirées. 

- faites fi du décorum et dites vous que cette maison propose de la qualité, soyez en certains car vous ne serez pas déçus. Touchez les flacons, testez la vaporisation, remarquez les finitions. Un vrai travail de parfumeur, modeste et moins "star" que François Demachy, Thierry Wasser ou Jean Claude Ellena certes, et une direction artistique conduite par Marie Hélène Rogeon, plus discrète que celle de Tom Ford ou de Serge Lutens, est palpable derrière les parfums. La qualité des matières, des textures est bien là, et le style d'un grand nombre des parfums de la marque ne fait pas daté ; ils se portent très bien avec des tenues actuelles, aussi bien en casual chic qu'en tailleur ou en costume. 

- soyez donc certains que vous ne serez pas décalés par rapport à la mode ou au marché, car souvent, les parfums sont parfaitement contemporains, et reprennent soit des codes de la parfumerie grand public comme Glam Rose, soit de grands classiques comme Secret de Rose, mais avec un travail sur les textures et les matières de fond très poussé. Ils ont tous, en général, une créativité, et une signature qui leur est propre, comme Rose Praline, et surtout, ils "travaillent" avec la peau.

La rose ? Elle parle, mais souvent en sourdine, comme si la plus belle fleur de la parfumerie était indispensable à ces belles créations, c'est une des vérités de la marque, mais les parfums, eux, vont par conséquent souvent bien au delà de ce que pourrait être une soli-note de rose. 

Un des atouts les plus forts de la marque, qui ferait bien des envieux, c'est de savoir vous faire revenir, car si vous en trouvez un pour vous, ce qui est mon cas pour Rose d'Homme, vous aurez je pense, envie de reprendre un flacon si le premier est vide, voire de vous laisser séduire pas un extrait, tous superbes.

Voilà pourquoi j'aimais Rosine, et voilà pourquoi j'aime toujours, je suis triste qu'elle soit si peu diffusée et peu présente dans les boutiques "in", et je serais bien déçu si la marque se faisait littéralement "bouffer" et disparaissait parce que tout le monde ne parle que de Serge Lutens, Annick Goutal, Frédéric Malle ou Tom Ford, qui disposent certainement de moyens beaucoup plus importants pour se faire voir !
Ferez vous ce tout petit effort de passer au delà de la mode et du "must have du moment", simplement par amour du parfum ? Pour le moment, j'avoue, je me sens parfois un peu seul !

Illustration : Les parfums de Rosine - une partie de la gamme, la boutique du Palais Royal à Paris, Folie de Rose, Rose d'Homme.


samedi 23 novembre 2013

Aubade Le Parfum - Aubade 2013 : up close and personal.

Leçon de séduction N°143 : le mettre au parfum ! L'appel est lancé, la promesse est grande et l'attente d'un passionné de parfum et de création est tangible à l'idée de découvrir ce que la parfumeuse Delphine Jelk, auteure de la désormais célèbre Petite Robe Noire de Guerlain a pu imaginer autour de cette idée. Fébrile, et craignant d'être confronté à la réaction de déception que vous avez pu éprouver en découvrant le premier parfum d'une marque comme Repetto dont l'univers est riche, vous n'attendez pas forcement de surprise. 
Pourtant, lorsque la vendeuse vaporise sur la touche les notes de Aubade le Parfum, que vous portez la touche à votre nez, le passionné enjoué que vous êtes retrouve le sourire : ma première réaction ne s'est pas laissé cacher, car ce fut un "Wouahou" immédiat, comme celui éprouvé il y a maintenant 6 ans en découvrant Dior Homme, La Fille de Berlin et Majalis cette année.

Enfin quelque chose d'intéressant, de nouveau, de très bien construit et surtout, d'hyper cohérent avec l'univers de la marque. Charmeur, charnel, sensuel, un brin coquin et espiègle, le parfum Aubade est pour moi une très belle surprise. Même s'il me fait connecter avec des références que je connais en parfumerie, son traitement, sa texture et son évolution lui confèrent une signature unique et un propos qui lui est propre.

Aubade, c'est un peu la recette suivante dans un savant mélange et d'alchimie ; prenez les facettes coquines de Kiki de Véro Kern, et ajoutez un soupçon de Pillow Mist (Brume d'oreiller) de L'Occitane, pour créer l'envie de se rapprocher. Ces deux là ont en commun une note que j'adore, chargée en tillal, une matière aux accents anisés à la fois propre, sensuelle et que je trouve d'une grande modernité, souvent masquée mais ici mise en valeur. Affinez le trait en allant chercher quelques fleurs modernes et propres chez Close de Gap, pour placer le parfum dans son époque, travaillez le coté muscs clairs et peau chauffée au soleil que peut avoir un Ck Be et complétez le tout du caractère bien trempé d'un Hypnotic Poison, avec la sensualité d'un Teint de Neige. Gardez toutes ces idées en tête, composez et ajustez le tout de notes personnelles, qui resteront confidentielles, en touchant la verdeur d'un jardin frais. Jettez-y une belle qualité d'amande amère, qui apporte une vraie structure et une profondeur au sillage, et donnez lui une dimension, une signature à la fois légère comme une dentelle, verte comme une feuille fraîche et douce comme le coton. Vous rejoignez ainsi l'univers sensuel et charnel de la marque et vous tenez là un succès prometteur. D'abord distribué dans les boutiques de la marque, si le parfum séduit celles qui s'y aventureront, il ne laissera sans doute pas leurs hommes indifférents quand elles le porteront.

Up close and personal, ce kiki émoustillé sur l'oreiller (c'est rigolo non ?) alors que deux peaux ont l'intention d'être plus "close", possède bien un vrai pouvoir hypnotique. Ne sommes nous pas dans l'intimité voulue par Aubade ? Un vrai coup de coeur, le troisième cette année avec La Fille de Berlin et Majalis ! Et même s'il m'évoque tous les parfums évoqués plus haut, il sait garder sa propre personnalité, une légèreté, une modernité et un vrai propos. Un grand bravo et merci à Delphine Jelk, car elle met un peu de lumière dans un paysage parfumistique 2013 assez morose. Et pour Aubade, c'est une leçon N° 143 parfaitement réussie.

Illustration : Aubade, le Parfum.

lundi 18 novembre 2013

Majalis - Les parfums de Rosine 2013 : cannelle honnie à la mode nouvelle.

La cannelle, on aime ou on déteste, mais elle a au moins le mérite de susciter une réaction et d'interpeler les sens. Le moins que l'on puisse dire lorsque l'on découvre Majalis, le tout dernier bébé des parfums de Rosine, c'est qu'elle revient sur le devant de la scène.

Vous savez alors à quoi vous attendre : de la cannelle, traitée quasiment en soli-note, c'est assez rare pour être souligné. Elle arrive comme un coup de poing, dès les premières vaporisations, puis se dévoile subtilement, sans jamais se montrer trop brutale pour autant. Majalis traite en effet cette matière avec beaucoup de douceur, de volupté et de sensualité. Très présente certes, elle se montre tellement maitrisée dans son évolution qu'elle dévoile les facettes de sa personnalité grâce à une sélection très pointue de notes cognitives, qui ne feront que la mettre en valeur. L'on devine alors à peine que la rose joue avec elle tout au long de la partition, et que d'autres épices comme la muscade, le poivre et la coriandre lui emboitent le pas. Le parfum qui semble assez linéaire ne l'est en fait pas tant que cela tant il est facetté au porté. Parfois fort en caractère si les épices se dévoilent, Majalis sait se montrer très doux, enveloppant et "cocon" lorsqu'il parle sur la peau. Un jeu d'agrumes, de vanille et de muscs de qualité n'y sont pas étrangers, car le fond dévoile beaucoup de suavité, de confort, et l'on se plait à voyager dans un imaginaire en Inde, où mage, rose, cannelle et santal font partie de la culture olfactive locale.

Pour ma part, je ne peux m'empêcher de vouloir remettre le nez dans Egoïste, dans Coco et, allez savoir pourquoi (car je ne comprends pas moi même), dans feu Le Baiser du Dragon de Cartier ; vétiver, épices, rose ? Il n'y a pourtant pas de vétiver apparent dans Majalis ! 

C'est donc une découverte de caractère, un parti pris osé et culotté : la cannelle, honnie en parfumerie, revient ici à la mode nouvelle. Parmi l'avalanche hystérique de ouds débiles qui crient comme dans un asile de fous et qui figurent le paysage très noir de la parfumerie de niche actuelle, cette initiative fait du bien. Je trouve juste dommage que les hommes soient obligés de faire abstraction d'un flaconnage un poil féminin s'ils l'aiment, ce qui est mon cas, et je regrette d'ailleurs que la marque s'oblige à "sexuer" ses parfums, car dans ce cas, aucune frontière apparente autre que celle du packaging ne constitue un frein à l'appropriation de cette petite merveille.

Rien que pour cela, une petite visite à la boutique du Palais Royal s'impose, mais elle dévoilera également une autre surprise avec les nouveaux extraits qui déclinent les plus beaux parfums de la marque. Même les hommes y ont droit : Rose d'Homme, Rosissimo, Twill Rose, Secret de Rose, Rose Kashmirie, Une Folie de Rose et quelques autres dévoileront des facettes insoupçonnées des versions eau de parfum connues à ce jour. Le prix pourra vous faire reculer, mais saluons au moins l'initiative, unique à cette échelle, originale et riche de belles surprises. De la belle parfumerie en somme, alors, si vous aviez oublié Les parfums de Rosine, c'est sans doute bien dommage !

Illustrations : Cannelle de Cyrille Despierres, Les parfums de Rosine.

vendredi 8 novembre 2013

Hypnôse pour Homme - Lancôme 2007 : l'être anonyme.

La lavande, au combien utilisée dans les parfums pour homme et il y a quelques années dans pas mal de produits ménagés, est souvent dissimulée pour cette raison dans les parfums pour homme. Elle reste là, invisible, noyée sous les mousses, les bois et autres notes aromatiques afin de ne pas trop rappeler aux hommes que c'est un produit courant. C'est sans doute aussi pour cela qu'il n'existe pas beaucoup de parfums sur le marché qui la revendique en tant que soli-note. Outre le magnifique et facetté Jersey chez Chanel, on notera les jolis Gris Clair et Encens et Lavande chez Serge Lutens, les très classiques Lavande chez L'Occitane et English Lavender chez Yardley, puis le très original Brin de Réglisse chez Hermes. Ensuite, c'est à peu près tout ! 

Souvent oubliés face aux rouleaux compresseurs que sont les féminins chez Lancôme, où Trésor, Miracle, Hypnôse et plus récemment La Vie est Belle (??) tiennent la vedette et boostent les chiffres, les masculins se retrouvent dans l'ombre, au calme, et même, sur les stands de la marque, dans les placards. Auraient - ils tellement peu d'estime pour ces parfums qu'ils en auraient honte ?

Pourtant, s'il y a bien une lavande soli-note qui mérite d'être connue, c'est celle orchestrée par Maurice Roucel dans Hypnôse pour homme. A l'état naturel, le parfum de la lavande est complexe : il passe de notes fraîches et aromatiques à des notes plus chaudes de cuir, de réglisse, puis dévoile des notes vertes d'herbe de bison et de foin coupé. Parfois, on y retrouve un peu de vanille, dans les variétés les plus nobles. Dans le sillage d'Hypnôse pour homme, je retrouve cette naturalité et ces multiples facettes. Le parfum évoque immédiatement la lavande, mais dans son évolution, se montre très facetté, tout en restant très rond et doux et toujours "sur la note". Frais au départ sur une belle variété de lavande naturelle et de la menthe, il dévoile ensuite un sillage "vert", presque sève, et épicé, qui m'évoque celui de Narciso Rodriguez pour Homme, un autre grand classique. Le fond se fait très doux et complexe, jouant sur un registre très chaleureux et cher à Maurice Roucel : douceur amandée de la fève tonka, notes chaudes et cuirées de la vanille, sans doute un peu de baumes de tolu, de styrax pour évoquer le cuir, puis un patchouli qui sait rester discret, mais contribue grandement au confort que ce parfum procure au porté.

Très agréable au quotidien, qu'il fasse chaud ou froid, viril et doux à la fois, il dévoilera sans doute quelques secrets à celui (ou celle) qui voudra bien l'hypnotiser. Faire parler ce parfum, et surtout ne pas oublier qu'il existe et peut dévoiler les beaux secrets que cache la lavande, c'est aussi le sortir de son état d'être anonyme aux cotés de ses cousins féminins, qui eux, peuvent vous promettre une vie meilleure, sans s'y tenir ! Si Hypnôse pour homme envoie ses lettres anonymes, il saura rester fidèle ensuite. A redécouvrir, vraiment, également pour  le flacon et la vaporisation, très réussis.

Illustrations : l'Homme dans la lavande de Serge Goulet, Lancôme.

dimanche 20 octobre 2013

Rose Praline - Les parfums de Rosine 2008 : Angelina, joli ...

Titre un peu racoleur et facile me direz vous ? Peut être ? 
Mais que pensez vous de ce Paris exacerbé par les américains dans un film comme The Tourist ? Un Paris tout propre beau et désert, qu'Angelina Jolie traverse pomponnée et en tailleur. Imperturbable élégance fantasmée, qu'elle soit assise à la terrasse du café Nemours ou qu'elle se glisse dans un métro devenu d'un coup d'un chic improbable. Ce Paris n'existe t-il pas que le temps d'un film ?

Si vous vous souvenez de la scène où, venant de la place des Victoires, elle se retrouve comme par magie en un pas devant la comédie française, je vous invite à prolonger le parcours et imaginer qu'elle ne s'arrête pas au Nemours, mais qu'elle continue rue de Rivoli pour entrer chez Angelina, interpelée par le nom, qu'elle se laisse porter par l'odeur ambiante de chocolat amer, qu'elle s'assoie et commande un thé Lapsang Souchong agrémenté d'un macaron à la rose.

Arrêt sur image pour deviner les sensations qu'elle éprouve : autour d'elle, une odeur très présente de chocolat noir, spécialité de la maison, de vanille et de praline, que l'on devine facilement dans un salon de thé proposant de la pâtisserie fine. Elle, buvant son thé fumé, dont le goût se conjugue en bouche à celui du macaron..... vous saisissez ??? Laissez vous guider et essayez d'imaginer ce que cela peut donner ?

Si vous n'y arrivez pas, suivez alors mon conseil : faites le même parcours, un jour où vous vous sentez l'âme voyageuse, entrez, comme Angelina chez Angelina rue de Rivoli, humez l'air ambiant, commandez ce thé fumé et un macaron à la rose, puis saisissez l'instant comme une photo. Dans votre élan, courez au fond de la cour du jardin du Palais Royal à deux pas de là pour demander à sentir Rose Praline.

Normalement, si tout se passe bien, le moment que vous avez vécu et photographié dans votre esprit quelques instants auparavant devrait vous revenir instantanément. Rose délicate, chocolat au lait, thé fumé, douceur des amandes pralines... tout y est ici regroupé, sur cette petite touche à parfum, là, qui se présente à vos narines.

Rose Praline est un parfum fantasmé, une image, un rêve, une vision, devenue réalité. Il  a comme un goût d'Angelina Jolie, dans un moment joli chez Angelina ! C'est un peu ça aussi, la magie du parfum : rendre l'abstrait très concret, et faire qu'un voyage, un instant saisi, un moment vécu, prenne une couleur olfactive pour exister et rester gravé dans nos mémoires. J'aime Rose Praline pour cela, pour sa créativité aussi, parce que les notes fumées ont toujours fait partie de la palette de mes matières fétiches, qu'elles sont peu exploitées de manière créative. Rose Praline, en outre, ne ressemble à rien d'autre : unique, original, élégant, pas forcement uniquement féminin, il me fait voyager et se montre un compagnon très agréable et élégant au porté. 

Alors, si vous n'êtes pas Angelina Jolie, il peut aussi pourquoi pas devenir le souvenir d'un de vos moments jolis, passé chez Angelina ?

Illustrations : The Tourist - 2010 de Florian Henckel von Donnersmarck, Les Parfums de Rosine.

lundi 30 septembre 2013

Theseus - Lorenzo Villoresi 2011 : le temps n'est pas assassin !

Non, le temps n'est pas assassin ! Il permet aux choses de murir, de s'installer, de se bonifier et surtout, de perpétuer des oeuvres. Pour peu que l'on y prête un peu d'attention, quand on les remarque, l'envie d'en prendre soin et de les préserver devient une nécessité. C'est un peu ce constat que je fais en revenant d'Italie, où les églises, l'architecture et les couleurs de certaines villes traversent le temps sans grand dommage, car leur beauté est telle qu'il semblerait sacrilège de la laisser se faner. Alors, grand soin leur est prodigué.

Pour Theseus, c'est aussi sans doute cet amour du beau, et surtout de la belle parfumerie qui a motivé Lorenzo Villoresi pour ressortir un tel parfum il y a seulement deux ans, en faisant fi des modes et des courants. Découvrir Theseus, c'est voyager dans une parfumerie qui n'existe plus, une parfumerie de matières, de textures, de style et de qualité que l'on croyait complètement laissée de coté à cause des normes, mais qui laisse penser qu'avec un peu d'effort, le beau, le vrai, est toujours possible.

Ce parfum dont les notes et le style n'est pas nouveau certes, parait intemporel car il reconnecte avec ce que la parfumerie a pu produire de plus joli et profond à une époque où le seul soucis était de faire du beau. J'ai immédiatement pensé à L'Eau de Chypre de Coty, merveilleuse fougère chyprée et boisée des années 40, ainsi qu'à Mouchoir de Monsieur : note proprette et florale du géranium aux accents de mousse à raser, appuyée de l'effet poudré de la violette et d'un véritable iris de Florence d'une qualité indéniable ici remarquée, tonalités boisées du vétiver soulignées d'un effet "mouillé" très "peau". Le parfum évolue ensuite vers des notes de mousse et de baumes, où je devine styrax, mousse d'arbre et sans doute du baume de tolu à la douceur incomparable. 

Comme il est dit dans la description qui en est faite sur le site, il est donc bien intemporel, d'une beauté simple et classique à couper le souffle pour peu que l'on ne se soucie pas d'être à la mode mais de la seule élégance toute italienne. Il a la chance d'avoir été formulé de nos jours et n'a donc jamais été déformé. Son évolution sur peau est magnifique, à la fois poudrée, boisée et très douce. Bref, découvrir Venise en portant Theseus, c'est connecter avec l'histoire, la peinture, l'art, avec Canaletto, Titien, Bellini et tout ce que l'Italie peut offrir de couleurs et de magie que le temps n'a pas tué.

Illustrations : Canaletto, Lorenzo Villoresi.

dimanche 15 septembre 2013

Straight to Heaven, Déliria : paradis artificiels !

 
Eyes wide shut ; littéralement "les yeux grand fermés". Il y a dans cette expression comme une idée d'obstination, d'abandon, de volonté de ne pas vouloir voir où l'on s'embarque, de ne pas sentir le goût du danger, en se lançant comme un défi dans une aventure obscure ; un état d'esprit propice à l'abandon des corps, à la sensation de chairs qui se touchent, de lèvres qui se frôlent, de souffles qui se rapprochent, de chaleur qui monte. Cette idée, déjà explorée chez Jean Paul Gaultier dans Gaultier 2, atteint aujourd'hui son paroxysme avec deux parfums, Straight To Heaven et Déliria, qui, dans leur histoire et leur genèse, revendiquent cet abandon de la chair aux plaisirs charnels et à l'excès qui guette ceux qui succombent aux tentations de la nuit. 

Straight to Heaven est fait de bois secs comme le patchouli et le cèdre, de vapeurs de rhum et d'épices, d'un bois lacté comme le santal, de notes de bois de gaïac on ne peut plus charnelles et de vapeurs d'alcools forts. Ce parfum, créé sur l'idée de ce que pourrait sentir la poudre "White Crystal" (entre la craie, la farine, la fraise et la noix de coco) se révèle troublant, énigmatique, attirant. J'ai pu en attester en le portant, car en s'approchant de moi, deux personnes m'ont dit que ce parfum les étonnait (je dirais plutôt les troublait) dans un sens très positif. De là à penser que son pouvoir d'attraction serait capable de troubler les sens, il n'y a qu'un pas. Il ne m'accompagne pas tous les jours, mais à certains moments, et plus particulièrement en automne, quand les couleurs et la lumière me parle de chaleur réconfortante, et quand il m'arrive de mettre les crocs de coté pour avoir le sentiment de porter un parfum de séduction. Ses bois lactés m'enveloppent, je dirais même qu'ils me transportent. Mon flacon est d'ailleurs bientôt vide, il va falloir que je me penche sur la question de racheter la recharge !!! A moins que je ne fonde pour un autre... tout nouveau ? Déliria.

Déliria serait un peu le fruit défendu : pomme d'amour accordée autour d'un ananas bien juteux, alcools forts ici également, fondant au sens propre dans un accord de miel et de bois lactés, pour se lover enfin sur un lit de caramel au beurre salé. Une pincée d'aldéhydes vient troubler l'équilibre, pour enrichir l'idée de péchés capitaux, de tentations folles, d'appel de la peau qui ne se fait plus attendre. Déliria crie sa folie ! Original en diable, jamais senti auparavant, il ouvre une nouvelle voie, et cela fait le plus grand bien. Contrairement à ces deux acolytes qui l'accompagnent dans ces explosions d'émotions, où Skin on Skin revisite Traversée du Bosphore avec un soupçon de musc de peau et de cuir souple "à la Botega Venetta", et où Amour Nocturne joue le bois sec déjà testé dans un des Numéros de l'Artisan (le 7 je crois), Déliria ose, innove et surprend. La volonté était de troubler les sens, et c'est on ne peut plus réussi. "Tout s'embrouille, les équilibres sont boulversés" peut on lire ici ou là, et c'est vrai. Il n'est ni floral, ni gourmand, ni épicé, ni boisé, il est un peu de tout cela, il glisse, il crisse, il étonne et il détonne mais surtout, il titille les sens. On aime, on déteste, pour ma part, j'adore ! Le pari me semblait risqué pour la marque, pourtant, avec Déliria (mais uniquement avec celui-ci), le virage s'amorce dans un sens qui lui sied bien. 
 
Deux parfums de peau originaux, pas forcement adaptés à un usage quotidien, mais "to use with caution" dans le vrai sens du terme, car, troublants les sens, pourraient être un de vos paradis artificiels si vous avez les" yeux grand fermés" !

Illustrations : photo issue de Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick, By Kilian, L'Artisan parfumeur.

dimanche 1 septembre 2013

Tonka vs Tonka Impériale : le juste prix du luxe ?


Après une Vanille fortement inspirée de Cuir Béluga sans vraiment copier, Réminiscence nous livre cette année sa vision de la fève tonka, comme Guerlain l'a fait il y a deux ans. Forte inspiration de la création de Guerlain également pour cette Tonka à quelques nuances près. La fève tonka, pour vous donnez une idée, c'est un peu comme si la pierre de topaze impériale avait une odeur ! C'est blond, clair, légèrement caramélisé, épicée, anisé, vanillé et surtout, c'est doux et polis, tout en étant assez lumineux.

Reprenant quasiment à l'identique la trame faite de romarin, de notes anisées, baumées, douces et amandées de Tonka Impériale, Tonka nuance en revanche plus les facettes florales avec l'appui du jasmin, ce qui apporte beaucoup en finesse. Les épices se font également plus profondes, usant en cela une base "pain d'épices" très à la mode, que l'on retrouve dans Ambre Narguilé, SpiceBomb, CK One Shock, A Men Pure Havane entre autres. 

Mis à part cela, il n'y a quasiment rien à redire : c'est doux, joli pour qui aime ces notes, très équilibré car pas trop puissant ni étouffant, c'est sucré et baumé juste comme il faut, à tel point que j'ai presqu'envie de dire que l'élève dépasse le maitre. Il me parait plus nuancé que Tonka Impériale, comme si ce dernier avait été perfectionné dans ce re-travail. 

Copiez, collez, dupliquez, réduisez le format et nuancez, et l'on comprend alors qu'il est fort possible, vu que la différence de prix entre les deux parfums ne se justifie pas notablement par la qualité des matières premières utilisées, que Guerlain nous vende plus de la marge que ce qu'il y a réellement dans le flacon. Réminiscence, dans la lignée, sait rester accessible, pour notre plus grand plaisir ! 

Après Vanille, déjà très réussi, ce Tonka fait plaisir, et il y en aura peut être encore d'autres... une myrrhe délirante, un bois de benjoin ? Qui sait ? 

Illustrations : Topaze impériale, Tonka Réminiscence, Tonka Impériale Guerlain. 


dimanche 25 août 2013

Braderie de rentrée !

C'est désormais régulier, la braderie d'Olfactorum revient encore en cette rentrée. Déceptions sur moi ou parce que je ne les porte pas assez, je préfère en faire profiter ceux qui les veulent que de garder un gros flacon.
 
Aedes de Venustas pour l'Artisan Parfumeur, 100ml - reste 85ml = 45€ Réservé

Iris Pallida de l'Artisan Parfumeur, 100ml - reste 85ml = 45€ Réservé

Mon Numéro 10 de l'Artisan Parfumeur, 100ml - reste 50ml = 35€  

Chaque flacon est accompagné en cadeau d'un mini vapo de 15ml d'un parfum de la collection "Mon Numéro"
 
Premier Figuier Extrême, 50ml - quasi plein = 30€ Réservé

Traversée du Bosphore , 50ml - quasi plein = 30 € Réservé

Chaque flacon est accompagné de plusieurs échantillons de la gamme de l'Artisan.

L'Eau d'Hiver de Frédéric Malle, 100ml - reste 55ml = 40€ Réservé
Accompagné d'un vapo rempli d'env 6ml de En Passant.

Volutes Eau de Parfum de Diptyque , 75ml - reste 60ml = 35€  Réservé
Accompagné d'un vapo rempli de 15ml de Tam Dao. 

Eau de Narcisse Bleu d'Hermes, 100ml - reste 55ml = 30€ Réservé
Accompagné d'un échantillon d'une Hermessence.
 
Je recherche : Tam Dao, Santal Masoîa, Dior Homme (non Intense, en version "Demachy"), pour achat ou échange éventuel si flacon d'origine.

Jusqu'au 17 Septembre, les 3 parfums d'ambiance que j'ai créés, Ma Rose, Ma Garrigue, Mon Piano Bar, en vaporisateur de 50ml, sont vendus au prix de 15€ au lieu de 20€. 

Pour tout renseignement ou commande, merci d'envoyer un mail sur olfactorum@gmail.com. En cas de frais de port, prévoir entre 7€ et 10€ par flacon.



jeudi 15 août 2013

Leather Oud - Dior 2010 : bédouin des villes.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la parfumerie de 2013 se concentre quasiment exclusivement au travail autour du oud et de notes orientales, sans doute pour des raisons économiques, car en ces temps instables dans les pays où l'offre parfums est saturée comme chez nous, chercher à séduire là où il y a de  l'argent peut expliquer en partie ces choix. Parfois, c'est frustrant, car tout un pan de la parfumerie est négligé, parfois, cela permet de redécouvrir des accords qui ne sont pas très communs dans nos contrées, mais qui exercent un certain attrait par leur forme olfactive.  

Ce serait un peu le cas de Leather Oud de Dior : sec, brut, ce n'est sûrement pas un parfum fait pour plaire de manière évidente au plus grand nombre, mais c'est aussi ce qui fait sa force. Ici, c'est une âme, un esprit, qui nous sont transmis sous forme de parfum, et il faut aller les chercher chez les bédouins. Sans faire cet exercice, Leather Oud sera peu compréhensible. 

Que se passe t il sous la tente bédouine ? Peaux étalées, épaisses couvertures de laine rêche, préparation de tajines et de thé à noir à la menthe, cuir tanné des peaux de chameaux, sable chaud et herbes sèches, résines d'encens que l'on brule. N'allons pas chercher plus loin, Leather Oud n'est pas plus compliqué dans son inspiration. Tout s'y retrouve, des épices froides comme la cardamome et la girofle utilisées pour cuisiner, du cuir tanné très brut, en passant par ces notes brûlées un peu goudronneuses, qui fondent sur un lit de baumes résineux et vanillés. Très brutal dans son envolée, légèrement camphré, il développe beaucoup plus de douceur dans son évolution. Son schéma olfactif est le même que Dzing de l'Artisan parfumeur, mais dans Leather Oud, ce serait un peu comme si la douceur animale-ambrée de Dzing s'était évaporée sous un soleil brulant.

Aujourd'hui, le bédouin n'est plus dans le désert. Il a troqué le chameau contre une Mercedes rutilante à l'intérieur de cuir noir surpiqué et qui laisse s'évader la puissance de ses chevaux dans les vapeurs d'essence, qui est ici bon marché. L'air rafraîchi de la tente a laissé place à celui, climatisé, des buildings ultra modernes et des centres commerciaux. Son nez s'est asséché, et son regard ne se porte plus sur l'immensité d'un désert aride, mais sur une pluie de gratte ciel qui gravitent en hauteur et rivalisent de formes diverses. Leather Oud, c'est un peu le parfum de ce bédouin des villes, fidèle à ses racines, à sa culture mais ayant évolué avec son temps.

Illustration : Deux cheiks de Dubaï en face de la fontaine avant Burj Khalifa, Dubaï Emirats Arabes Unis, sur 123rf.com. Dior.

samedi 3 août 2013

La vierge de fer - Serge Lutens 2013 : entrez dans le parfum, innocents !

Lors d'un sniff-test quasiment à l'aveugle, vous reniflez pas mal de choses avec souvent, la même rengaine : on vous propose des fleu-fleurs toutes plus ou moins semblables, avec par ci, une "jolie note" de jasmin qu'il faut deviner, et par là, une rose plus fraîche que vraie que vous vous sentez obligés de voir, alors qu' au final tout cela ressemble plus à un bouquet synthétique issu d'une extraction de pétrole et habillé de fleurs, pas trop laid certes, mais qui cherche plus à ce que l'on dise "ça sent le parfum" qu'à se rapprocher de l'odeur d'un vrai bouquet. 

Puis, voilà qu'arrive sous votre nez une petite chose qui vous interpelle : immédiatement, innocemment, naïvement, vous avez l'impression d'entrer chez un vrai fleuriste, avec de jolies fleurs fraîches toutes plus belles les unes que les autres. Vous devinez jacinthe, muguet, chrysanthèmes, roses, feuilles vertes, immenses bouquets de lys, et même la rosée fraîche du matin vient chatouiller vos narines aguerries de sa fraîcheur. Les lys livrent le coeur de leurs pistils avec cette petite pointe épicée, mais il y a du monde autour, ils sont loin d'être seuls. 

Cette sensation innocente, qui fait appel au laisser aller et à une vision naïve devant la beauté simple que représente le fait d'entrer chez un fleuriste pour quelqu'un qui aime les odeurs, c'est ce que j'ai éprouvé en découvrant La vierge de fer. Pour donner du corps et du répondant à ce bouquet floral, la pomme, la poire, et une légère odeur de banane et de pêche blanche appuient le sillage et le fond en restant duveteux, bien juteux sans, curieusement, faire trop synthétiques. Cet écueil n'a pas du être facile à éviter. On pourait y percevoir un aspect shampoing ou gel douche, mais pour faire un beau floral, difficile de ne pas travailler avec ces notes. Ici, elles sont entourées, habillées, texturées, ourlées, travaillées, et jamais seul prétexte à conquérir votre nez.

Virginal, pur, d'un effet très naturel, c'est ce que j'ai pensé de La vierge de fer. C'est un peu comme si on était allé chercher l'essence même d'un fleuriste pour en faire un parfum de peau féminin, délicat, qui me renvoit à certains bouquets de Guerlain comme Guerlinade en son temps par exemple. Il laisse deviner qu'une voix douce à la peau claire, vêtue de tissus délicats et fleuris s'offre à votre regard et cherche à vous séduire d'un charme malin et délicat.

Elle vous attire, c'est plus fort que vous ; innocents, vierges, vous êtes face à face. Qui sait si vous saurez vous parler ?

Un beau bouquet floral comme cela ne s'est pas vu depuis longtemps, très pur, et qui prend le contrepied de la tendance en cherchant plus à conquérir les âmes romantiques qu'à se prostituer pour le Moyen Orient, quelle audace, quel poigne, quelle main de fer ! Bravo !

Illustrations : Lys, Serge Lutens.

dimanche 28 juillet 2013

De Minotaure à Invictus, la méditerranée comme culture !

Depuis 20 ans que Minotaure de Paloma Picasso est arrivé sur la marché, un accord habille la parfumerie masculine en toile de fond. Pour avoir une idée de ce dont il s'agit, il suffit de parcourir ces quelques parfums pour hommes, qui ont tous au moins un point commun : la méditerranée en référence. 

En parcourant ce panorama, vous remarquerez que dans la communication et les visuels, les muscles et une virilité sans poils, parfois avec des tatouages, parfois avec un coté sport, souvent, avec un visage de dieu grec se répète. Deux codes couleurs reviennent : le bleu et le gris, puis le jaune-orangé et le rouge ! Ceci pour évoquer d'un coté la mer, le marbre lisse des statues, une idée de fraicheur et d'horizons lointains, et de l'autre, la fougue, la passion, le caractère passionnel fort que la méditerranée laisse s'exprimer. 

Dans les quatre parfums cités, une trame olfactive se dessine. Même si elle n'est pas traitée tout à fait de la même manière, en les comparant, elle se devine voire même saute aux yeux assez facilement. Comment la définir ? L'accord semble être construit autour de salicylates, pour évoquer le sable et la crème solaire, et de notes marines légères, pour rappeler la mer. La virilité est induite par la fleur d'oranger, la lavande, la coumarine, le pin et les herbes aromatiques (basilic, anis, coriandre, sauge), très présentes en Grèce et en Italie, reprenant le schéma "fougère" assez classique de la parfumerie masculine. Cette trame est boostée par des agrumes et des aldéhydes pour évoquer la fraicheur, et se prolonge toujours dans une douceur suave entre la vanille et les baumes de tolu ou de benjoin et sur des notes boisées de cèdre et de vétiver.

Dans ce tableau méditerranéen, Minotaure serait le dur au coeur tendre, très marqué par la douceur mais d'une puissance de séduction rare, Cerruti Si le séducteur, car c'est celui qui se fondra le plus sur la peau et laissera un sillage très maitrisée entre suavité solaire et virilité, Sculpture, l'authentique, car dans sa signature, ce serait un peu le maitre étalon des quatre. Invictus serait le puissant, car il rejoue la carte "oud-tabac froid" de One Million avec une fraîcheur brute et efficace, qui fait tout pour se faire remarquer pour gagner là où les autres ont échoué, mais avec une évolution au bout d'une heure qui laisse ressortir la signature commune, tout en douceur. Dans les quatre, j'y vois donc toujours la même toile de fond, le même décor, qui reste sur la peau qui invite au voyage sous la chaleur, en bord de mer, en regardant l'horizon. Et vous savez quoi ? J'aime cette signature.

La méditerranée se met à l'honneur à Marseille dans ce merveilleux musée, impressionnant, qu'est le MuCEM, mais ne laisserait-elle pas aussi, en parfum, son empreinte olfactive ?

Illustrations : MuCEM Marseille, Paloma Picasso, Nikos, Cerruti, Paco Rabanne.

vendredi 19 juillet 2013

Dis maman, ça sent quoi l'héliotrope ?

L'héliotrope pousse au printemps, et fait de toutes petites fleurs violettes, qui sentent très très bon : "si tu savais mon enfant, comme cette odeur est séduisante, douce, apaisante, comme un beau jardin coloré."

L'héliotrope, ça sent l'amande, la vanille, la madeleine au beurre frais, mais c'est aussi un peu poivré comme l'oeillet. Très odorante, cette fleur n'a pourtant pas été si exploitée que cela en parfumerie. Mis à part dans l'Heure Bleue de Guerlain, où elle apporte la signature crémeuse, et dans Héliotrope d'Etro, où elle est plus simplement travaillée, il n'y en a pas beaucoup. 

Pourtant, n'était il pas judicieux de la part des parfums Nicolaï de vouloir revisiter cette fleur en soliflore, dans un contexte romantique et contemporain, avec de jolies notes nouvelles, plutôt gustatives, qui apportent la dimension gourmande de la fleur sans écraser le reste ? L'oeillet, note au combien classique et très utilisée au tous débuts de la parfumerie moderne, sert de base dans un accord classique de violette, de rose et de girofle. Il signe la fragrance de ce parfum espiègle. L'orange et quelques agrumes bien pesés apportent la lumière et la jeunesse, et donnent l'impression de glisser le long des fleurs. 

Au final, Kiss Me Tender est un parfum cocon et gourmand, espiègle, dessiné comme une aquarelle aux tons mauves, que l'on aime pour sa douceur et sa volonté de non violence. Il renoue avec une innocence parfois outrageusement oubliée, et c'est pour cela qu'il fait du bien. 

"Alors tu vois mon enfant, l'héliotrope, il sent maman !" 

En effet, Kiss Me Tender laissera dans un souvenir de gamin, l'odeur inoubliable d'une mère adorable, comme un tendre baiser ! 

Illustration : Céline Couleuvre, Parfums de Nicolaï.

lundi 8 juillet 2013

Les Exclusifs de Chanel : quel est donc leur secret ?

Phénomène assez impressionnant avec certains des parfums de la gamme des Exclusifs de Chanel, le décalage entre la touche et la peau est tel que je ne comprends pas, techniquement, ce qui explique cela. La qualité des matières seule ne peut être l'unique raison. La technique, un accord secret, une formule magique qui ferait que sur peau, et surtout, s'ils trouvent la bonne personne, un exclusif devient vraiment unique ?

Voici donc quelques anecdotes vécues autour de quatre d'entre eux.

Jersey : quand je l'ai découvert à sa sortie, sur touche, il me laissait franchement dubitatif, avec cette lavande que je trouvais assez évidente, cet accord vanille musc que je trouvais gras et collant, et une personnalité étrange. C'est alors que je croise une amie dans un environnement de rêve, et que je sens son sillage. Bien sûr, je ne peux m'empêcher de lui demander ce qu'elle porte, avec tout de même l'intuition que ce sillage avait quelque chose de Chanel. Très abstrait, léger, fin, lumineux et doux, il me faisait penser à Infusion d'Iris et Eau Première en même temps, et impossible d'y lire la lavande et la vanille comme sur touche, mais plutôt du narcisse, de l'iris et des aldéhydes. Etrangement, il avait trouvé "sa" peau, et "sa" personnalité. Sur elle, il prenait toute "sa" dimension.

Beige : un soir, alors que je recevais des amis, l'une d'entre elle se faufile dans ma chambre et renifle quelques uns des parfums de ma collection. Sans que je ne le sache, elle craque sur Beige, et se vaporise quelques pschitts. Alors qu'elle revient dans le salon, et ne sachant pas ce qu'elle portait, il émanait de son sillage, certes pas hyper original, une sorte de tubéreuse solaire, et un muguet lumineux et assez charnel. Ce sillage très couture, m'est apparu ultra féminin, presque "sexuel", mais fin et beau. Je lui demande ce que c'est, elle me dit alors avoir eu un coup de coeur pour Beige. D'autant plus étonnant, qu'elle a du caractère et que je l'imaginais, moi, sur une femme très froide voir article ici !

1932 : celui-ci, je n'aurais pas parié un sou qu'un jour, il entrerait dans ma palette personnelle. Percevant sur touche une sorte d'iris fruité un peu sucré avec un petit quelque chose de Coco Mademoiselle, je n'imaginais pas ce qu'il allait dévoiler sur ma peau. Le jasmin, note que je porte dans mon coeur car c'est une note "familiale", se dévoile avec une douceur que je ne lui avais jamais connue auparavant. L'iris adoucit légèrement l'évolution sans en faire trop et sans être vraiment poudré, et les notes cuirées ne sont pas animales ou fumées à outrance. Le parfum est d'un équilibre qui m émerveille, très facetté dans son évolution au quotidien, surtout depuis que le soleil est revenu !

Sycomore :  vous pensez que le vétiver est LA note masculine par excellence  ? Il semblerait que Sycomore confirme la règle. Un jour pas comme les autres, je décide de sortir un peu de mes parfums habituels pour tester Sycomore avec un tout petit échantillon. Ouuuuaaaahhhh quelle journée !! Deux personnes ont remarqué que ça sentait bon dans mon bureau, une a fait une remarque devant l'ascenseur "vous ne trouvez pas que ça sent bon ici ?", et deux m'ont demandé "qu'est ce que tu portes, ça sent vraiment hyper bon ? ", l'une d'entre elle ayant ajouté, "ça te va super bien" ! Ceci n'arrive JAMAIS les autres jours, sauf une fois, avec un autre vétiver, celui, extraordinaire, de Frédéric Malle ! Faut il encore insister pour craquer ? C'est tout récent, mais conséquence, Sycomore vient, tout frais, de rejoindre l'étagère de la salle de bain, à coté de Cuir de Russie et 1932.
Voilà, j'ai raconté ma vie, mais cela prouve qu'un parfum, quand il est beau, se vit plus que ne s'achète sur un coup de tête, et quand il trouve la bonne personne, il se passe un truc. Dans mon expérience, seuls les exclusifs m'ont fait vivre cela à ce point, et quel plaisir ! 

Illustrations : Chanel. 

lundi 24 juin 2013

Sahara Noir - Tom Ford 2013 : une caravane passe, per ventum !

A force de sentir les petites merveilles de la collection Private Blend et les parfums grand public comme Black Orchid, White Patchouli, Violette Blonde, Tom Ford Extreme ou Noir, comment ne pas s'attendre, avec un nom aussi évocateur de voyage et de beaux espaces, à une belle surprise ? 

Le désert comme une promesse de voyage, bien entendu : une longue étendue de sable couverte d'un soleil brulant, traversée par une caravane. Est-ce un rêve ?

Per fumum, telle est l'origine du mot parfum (à travers la fumée). Sahara Noir, lui, passe per ventum (à travers le vent) et porte en lui la signature et les couleurs de cette longue caravane. Porté par le vent, c'est un encens qui s'éveille, il ne peut le nier, car celui-ci se dévoile immédiatement en maitre de la fragrance. La caravane porte d'emblée des résines venues de contrées lointaines, leur odeur chaude ou camphrée, cuirée ou résineuse, l'encens, le ciste labdanum et le tolu font partie du paysage. La noble eau de rose, ourlée de safran, transportée par les chameaux exhale ses vapeurs sous la chaleur torride. Elle se mêle aux épices : poivre, cardamome et cumin, riches, chauds et précieux, lui emboitent les volutes. 

Spectateur olfactif de la scène, vous contemplez, là devant, le nez au vent, car c'est un bien joli spectacle. Coloré, chaud, vivant, envoutant même, c'est exactement la signature de ce Sahara Noir. Je rêve encore ?


Et le matin venant, je me réveille, ce n'était pas un rêve, le flacon tout d'or vêtu est bien là, sur l'étagère, et je sais qu'en cette journée de soleil, je voyagerai. Ne s'adresse t il vraiment qu'aux femmes ? Ce serait bien dommage....

Sahara Noir, dans ses notes et son évocation, me rappelle un des plus beaux souvenirs olfactifs de ma vie, il y a environ 25ans, alors que Djedi de Guerlain, pouvait encore se laisser découvrir. Sans doute plus moderne, Sahara Noir envoute tout autant, sans être envahissant. Et si la caravane portait en elle un trésor, ce serait un trésor olfactif. Tom Ford nous le transmet. 

Alors comment, comment font les autres, aseptisés de ces univers de rêves, pour ne pas réussir là ou Tom Ford nous émerveille ? Peut être qu'ils ne rêvent plus, tout simplement.

Illustrations : Norman Turgeon et Jacqueline Lanouette, lien vers le site ici. Tom Ford Parfums.


samedi 15 juin 2013

Aqua di Parma Colonia - 1916 : intemporelle odeur de barbier.

S'il est bien une odeur qui est familière à la gente masculine, même si c'est un peu moins vrai aujourd'hui, c'est celle de la mousse à raser, ou plus exactement, de tout l'attirail utilisé chez la barbier pour nous rendre plus désirables. 

Bien taillée, impeccablement propre, fraîche, Aqua di Parma Colonia joue sur ce registre. Elle sent le savon à barbe, tant pis ! Son odeur rassure, apaise, et son confort permet de se l'approprier dans des moments où l'homme se sent détendu : après le rasage le matin pour attaquer une bonne journée, après la douche, pour rester chez soi le week end en pyjama à ne rien faire. 

Archétype de l'accord fougère fait de bergamote, de géranium, de lavande, de coumarine, d'aromates, de mousse de chêne, d'une pointe d'iris et d'un peu de patchouli, on la porte d'abord pour soi avec sans doute une volonté de ne pas géner l'entourage. Cet accord revient régulièrement dans la parfumerie avec par exemple Paco Rabanne pour homme, Aramis Life d'Aramis qui seraient les plus proches de cette Colonia.

Certains y voit une Cologne classique un peu vieillotte, laissons les dire, d'autres l'apprécient sans modération, jouant même parfois avec ses multiples variations Essenza, plus épicées, plus chaude, Assoluta, plus florale, plus "Eau Sauvage", Intensa, plus corsée, plus brute, et Intensa oud, dont on se serait bien passé.

Et puis, l'odeur de papa propre, bien habillé et bien rasé, quel que soit son age, quel souvenir pour un gosse ! A découvrir ou à redécouvrir, moi, je m'y suis plongé aujourd'hui, le sourire au lèvres. 

Illustrations : barbershop, Aqua di Parma.

vendredi 7 juin 2013

Le parfum de l'hôtesse de l'air !

Samedi 1er Juin, 14h, le vol pour l'Espagne s'apprête à décoller. Depuis environ une demie heure que nous sommes dans l'avion, un sillage envahit subtilement le couloir de l'Airbus A320 et ne manque pas de retenir mon attention. Qui donc porte ce parfum mystère ? Une passagère voisine, non, une vaporisation dans l'air ambiant, bien sûr que non ? Mais alors, d'où vient cette effluve ? 

Alors qu'elle effectue des aller-venus pendant le vol, je remarque que c'est elle : mignonne, cheveux impeccables, le nez retroussé, le regard coquin et profond, une voix douce et charmante, des courbes généreusement proportionnées et une élégance certaine, il lui va vraiment bien, ça ne peut être qu'elle : c'est l'hôtesse de l'air !

Son sillage est à la fois boisée, propre, élégant, et j'y perçois quelque chose que je qualifierais d'argileux et "râpeux" comme la peau d'abricot : l'iris vient d'une racine, une racine pousse dans la terre, pourquoi ne pas penser alors que l'argile dans un parfum pourrait provoquer un effet irissé ? Et c'est le cas ici. Entre parenthèse, ceci m'évoque l'exercice raté de Lancôme avec Attraction il y a dix ans. Un effet feuillu, vert et rosé, dans un sillage abstrait un peu métallique qui fait clairement penser aux laques à cheveux se dévoile également. Je pense d'abord à N°5 Eau Première, mais il manque la lumière. Ce n'est donc pas ce dernier ! Mais qu'est ce donc ?

Après une très courte sieste, sans doute réparatrice, la connexion se fait au moment où elle passe à nouveau près de moi. Là, je commence à avoir ma petite idée : violette, iris, sillage poudré métallique, avion à destination de l'Espagne, ce parfum, ce doit être Florabotanica de Balenciaga, mais comme je ne l'avais qu'assez peu senti et surtout jamais senti porté, je n'en suis pas certain. Une fois atterri, tel un perfumista en herbe qui veut en avoir le coeur net, je me précipite dans un duty free pour vérifier : ouiiiiii, c'est bien ce parfum qui a accompagné mon voyage. Je me souviens alors de nos débats pour le prix olfactorama 2012, où nos chers Thomas et Jicky défendaient hardiment son sillage, qui n'avait rien à voir avec ce que nous sentions sur touche. Sur touche, il est en effet un peu agressif, très râpeux, lessiviel et fruité. Sa finesse de se dévoile pas du tout alors que je confirme que porté, ce parfum se transforme en une fleur étrange et mystérieuse dans une matière organique qui habillerait celle qu'elle choisit pour être mise en valeur. Là, elle ne se sont pas trompées : ni la fleur botanique, ni l'hôtesse de l'air n'ont fait d'erreur dans leurs choix. Elles se sont adoptées, laissant à ce voyage un goût de parfum bien agréable, gorgé de soleil par la suite : ahhh, viva las vacaciones ! 

J'en profite au passage pour rappeler que Balenciaga sait faire partie de l'histoire de la parfumerie quand la marque prend le temps de réfléchir sur un parfum. Hô Hang, Le Dix, Rumba, et ce merveilleux patchouli moussu qu'était Balenciaga pour homme disparu de la circulation, sont autant de beaux parfums qui ont marqué. Florabotanica sera t il dans la lignée ?

Ilustraciones : Pan Am la Série, Balenciaga.

vendredi 3 mai 2013

Or Black - Pascal Morabito réédition 2013 : j'adore ce truc !

A peine remis de l'émotion suscitée par l'Eau de Narcisse Bleu, voilà que je tombe sur une autre belle surprise, alors que je ne m'y attendais vraiment pas ! Depuis des années, je cherchais désespérément à retrouver Or Black de Pascal Morabito, disparu de la distribution classique, et qui revient aujourd'hui là où on est loin de s'y attendre, par un circuit de boutiques "outlet" où il est bradé entre 20€ (Métro Faidherbe Chaligny Ligne 8) et 40€ (Métro Robespierre Ligne 9) le 100ml (si, si, vous lisez bien).

Faisant abstraction de ce prix bas, j'avais en tête que ce parfum était la seule référence que l'on pouvait qualifier de "tubéreuse au masculin". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne fus pas déçu. Il est sans doute aujourd'hui un peu différent de celui d'origine, mais il reste tout de même très facetté, et au porté, il oscille dans un tourbillon de note complexes et difficiles à identifier clairement.

Or Black est en effet une sorte d'archétype de l'accord vétiver-tubéreuse-cuir, repris dans Vierge et Toreros et dans Me Myself & I. On retrouve les mêmes notes, avec autant de caractère que le premier, plus de prestance et de profondeur que le second, et globalement, plus de souplesse dans le sillage que les deux. Il s'habille en tête d'une facette fougère-aromatique de basilic, de coumarine et de lavande, classique d'un masculin des années 80, qui peut faire écho à Kouros, Azzaro pour Homme, Anteus et Brut, en mêlant à la fois un coté très savonneux de "bon père de famille" d'une fougère classique à des notes viriles un peu "cra-cra" et animalisées, comme tous les parfums cités le font aussi. La tubéreuse, le vétiver et les notes cuir le distingue pourtant très nettement de ces cousins de l'époque et signent le sillage avec une personnalité affirmée, presque médicinale, archi-sensuelle. Au bout de quelques heures, la vanille, l'encens, les muscs et les baumes se réveillent, donnant l'impression parfois de sentir Jaïpur. La belle surprise pour moi, c'est d'y voir une facette de peau mouillée, comme dans Dans tes Bras, et un vétiver en clair-obscur qui me fait penser à Vétiver Extraordinaire.

Or Black travaille vraiment sur ma peau, car il n'a rien à voir avec ce qu'il sent sur la touche, le cuir, les bois et les baumes prenant vite le dessus sur les notes propres et aromatiques. Le cuir qui peut paraitre plat sur touche, se "mouille" et s'assouplit dans le vétiver, et la tubéreuse, bien là, se fait discrète.

Bien qu'il me paraisse facetté et doté d'une personnalité affirmée, je ne dirais pas d'Or Black qu'il est d'une finesse extrême. Pourtant, il m'a fait un effet "ouah, j'adore ce truc" viril, sensuel et original, et il mérite d'être connu ne serait-ce qu'en tant qu'instigateur de l'accord tubéreuse-vétiver-cuir. Le cuir comme référence à la marque de ce créateur de bagages, une tubéreuse "virile", un flacon original relooké de manière assez qualitative, tout ceci est trop rare de nos jours pour être passé sous silence. Vu le prix, ne surtout pas se priver de cette sorte de must-have en référence avant qu'il ne disparaisse à nouveau et franchement, il tient tête à bien des parfums, même de niche ! 

Illustrations : Or Noir et Or Black (flacon original) de Pascal Marabito.