vendredi 31 juillet 2009

Blv - Bvlgari 2002 : rendez vous d'été.

Blu : "te souviens-tu de l'été 2004 ? Ensembles en Italie, au bord de la méditerranée. Nous sommes en vacances et ce soir là, je t'ai donné rendez vous. Tu m'attendais, sur la terrasse de ce restaurant que nous avions tous deux repéré pour fêter notre rencontre. Tu te souviens ? Dans l'air flottait le jasmin, les orangers, le sable, la mer, les pins, les thuyas, un léger soupçon de roses et surtout, je n'oublierais jamais les douces volutes de ta peau. Elle sentait la crème solaire, légère et soyeuse, une odeur qui me suit et que j'affectionne depuis l'enfance. Tu portais ce parfum que j'aime tant pour les mêmes raisons : Blu. Je retiens également ce petit trait de patchouli, qui lui donne une sensualité qui titille mes sens.

La lueur des chandelles faisait ressortir tes yeux, que j'admire toujours aujourd'hui. Bleus, grands, lumineux, ils semblaient me dire que tu étais heureuse, et cela me transportait de bonheur. Ce soir là, pour fêter l'événement, je t'ai offert un bijou, une aigue marine, que tu portes toujours.

Je te regardais, mon parfum faisait écho au tien, avec ses notes de crème solaire et surtout quelques volutes de ce tabac blond que j'ai fumé avant de te rejoindre.

Une soirée où nous étions unis, que nous n'oublierons jamais, tu me l'avoueras plus tard. Un rendez vous d'été magique, où trois lettres, b,l et u ont marqué notre histoire. Ce soir là, nous nous sommes dit : je t'aime... pour toujours."

Blu n'est pas un parfum, Blu sent les vacances, Blu est un moment, que j'aime partager avec toi.

Blu revient aujourd'hui sous forme d'une eau de parfum II : nouvelle approche, pas désagréable et à aborder comme un moment de vacances. Toujours empreint de crème solaire, il m'évoque aussi les lauriers roses mais nous ne plus en Italie. Plus consensuel, il est moins "magique". L'original, lui, devient introuvable en France.

mercredi 29 juillet 2009

Je voudrais ne pas le vivre !

Cela n'arrive sans doute pas qu'à moi, mais je tenais à partager ce que je vis depuis maintenant une semaine. Pour un passionné de parfums, c'est déroutant. Je dois en effet prendre des antibiotiques qui me privent de tous les plaisirs olfactifs que nous offre la vie. Impossible de porter quoi que ce soit, de prendre les transports sans croiser un parfum qui vous donne immédiatement la nausée, impossible d'entrer dans une parfumerie ou un grand magasin pour y découvrir quelque chose.

La nature qui nous offre de l'herbe coupée, quelques fleurs, la ville avec ses relents d'essence, de brûlé, de caoutchouc, de métal chaud et d'ordures, tout cela est insupportable. Ce qu'il y a de pire, c'est d'en vouloir à tous ceux qui portent du parfum. Patchouli, épices, terre mouillée, pêche et vanille sucrée, notes marines, c'est l'horreur. Même les plus inoffensifs savons et lotions provoquent un malaise. Son propre corps met mal à l'aise, on ne se supporte plus.

On aimerait alors que notre odorat sature et se bloque. Et bien non, il se produit l'inverse, il est exacerbé. Il est en revanche étrange de constater que quelques parfums ne font rien, et soulagent même parfois : c'est le cas de quelques aldéhydés "propres" comme Ivoire croisé ce matin, qui m'a fait du bien, de la fève tonka et de l'anis qui pourtant peuvent écoeurer facilement et d'autres parfums vanillés que je pensais épouvantables en pareilles circonstances. Le thé vert et le néroli s'en sortent également. Tout cela est bien curieux.
Une chose me parait claire cependant : Paris sent plus que tout le patchouli. Vous le croisez sans cesse. Dans tous les coins et recoins, dans les odeurs du métro, des jardins, dans toutes les familles de parfums portées, c'est lui qui ressort. Faut il y voir alors une explication au succès de Angel ou est ce parce que c'est la matière que vous supportez le moins et que vous y êtes du coup très attentif ?

Notre corps nous réserve donc bien des surprises, peut être pour nous protéger mais c'est une expérience olfactive que j'aurais aimé ne pas vivre.

Photo - Sébastien Jacqmin : uneimageparjour.blogspot.com

vendredi 24 juillet 2009

Idylle - Guerlain 2009 : étreinte électrique.

Depuis quelques mois que l'on connait son existence, cet Idylle restait bien mystérieux et comme beaucoup, je trépigne toujours à l'idée de sentir un nouveau Guerlain. Parfois sur la défensive et quelque fois déçu, ce lancement international et quelques avis de ci de là laissaient présager du pire. Heureusement, il n'en est rien et je connais bien des femmes qui auraient intérêt à se protéger car je pourrais bien sortir mes crocs de loup pour me jeter sur ces proies si je les croise cet hiver avec Idylle.

Ce parfum réunit en effet à peu près tout ce que j'aime. D'une part, parce que la rose y tient une place prépondérante et que j'aime cette fleur dans la nature et en parfum, d'autre part parce que l'accord chypré rose-patchouli reste également celui qui m'attire le plus avec le vétiver et enfin parce que le style de Thierry Wasser s'affirme confirmant ainsi mes premières intuitions. En revanche, ceux qui s'attendent à sentir une guerlinade vanillée vont êtres déçus.

Ici, point de rondeurs habituelles. Une envolée de fleurs blanches et fraîches marque les toutes premières notes. Les communiqués annoncent du jasmin, du frésia, de la jacinthe (très légèrement), de la pivoine (aux notes de rose fraîche), du lilas et du muguet. Ils ne mentent pas, c'est exactement ce que l'on sent, accordés dans un effet légèrement métallique qui me fait penser à une rose claire, légèrement fruitée et perlée de pluie, une rose irradiante, que j'imagine dans des tons bleutés et orangés. Cet accord de départ, métallique, légèrement "vert" et électrique se prolonge sur une note d'eau de vie de prune développant des arômes d'abricot, de litchi et de framboise. L'effet n'est absolument pas sucré, mais éthéré, comme si les vapeurs de cet alcool s'évaporaient unes à unes. Une signature olfactive marquée, une empreinte qui perdure tout le long du parfum. Le fond dévoile quelques toutes petites touches de vanille et de muscs blancs qui apportent de la rondeur sans casser l'harmonie scintillante. La rose et le patchouli, inséparables signent le sillage, hypnotisant et magnétique.

Pour vous donner une idée, oubliez les références à Pleasures, Elle ou Gucci faites précédemment, on y retrouve plutôt un peu de Voleur de Roses et de White Patchouli. Mais quand ces deux parfums s'aventurent sur le territoire patchouli-rose revisité et aéré en allant chacun peut être un peu trop loin pour certains et en bousculant les habitudes, Idylle rétablie l'harmonie sans tomber non plus dans la facilité. Le couple patchouli-rose se retrouve et plus rien ne le perturbe : l'étreinte est électrique entre une pluie de fleurs fraîches, la rose dans une belle finesse fruitée et perlée et le patchouli en habit de cristal. Le charme opère définitivement, je succombe littéralement. Un coup de coeur, qui est exactement là où je l'attendais personnellement. Gare à vous... idylles en vue à la rentrée, Idylle arrive en septembre !

Le flacon, dessiné par Ora Ito tel une goutte d'or qui tombe n'a rien à voir avec celui de Secret Obsession, contrairement à ce qui se disait. Joli, mais d'une prise en main difficile, peu importe, l'ivresse est bien là.

Idylle, de l'intuition à la réalité, bien vu et moins bien vu : Oh My, Si c'était vraiment demain et Rose givrée.

Illustrations : dont Guerlain LVMH et Gérard Thérin.

jeudi 23 juillet 2009

Comme des Garçons - Stephen Jones Millinery 2008 : miroir vers le futur.

Ceux qui lisent auparfum le savent : après avoir redécouvert et porté Derby ces derniers temps, c'est l'oeillet qui m'attire en ce moment, et je ne suis pas le seul. Il semble qu'il soit dans l'air du temps puisqu'il habille également le sillage de FlowerbyKenzo, qui semble faire le buzz et un come-back en force grâce à l'interprétation Essentielle de l'originale. Il faut bien reconnaître que les coups de coeur se font rares ces derniers temps, surtout en parfumerie "mainstream". Du coté des niches, ce n'est globalement pas la joie non plus, mais il arrive qu'au détour d'un rayon, une petite merveille pointe son nez. Je l'ai découvert et souhaitais en parler depuis février, l'article était ébauché mais de fil en aiguille, le temps passe. Le voici donc aujourd'hui, très cohérent du coup sous cette vague d'oeillet bien agréable.

Je n'ai jamais vraiment été emballé par les créations de Comme des Garçons dans leur ensemble, car même si elles s'aventurent sur des territoires qui me plaisent, leur traitement est souvent trop dur à mon goût. Mais il ne faut jamais dire jamais car là, c'est une bonne surprise.

Louise Brooks des temps modernes, enfilez vos Jimmy Shoo, choppez vos perles de nacre, attrapez une petite robe noire au passage, et courrez chez Comme des Garçons ! Celui là, il vous le faut ! Bien sûr, vous aurez pris soin de mettre un chapeau ! Ce parfum va droit au but. Nous sommes au beau milieu de l'atelier de l'artiste chapelier en question : Stephen Jones. Tissus précieux, miroir, laque, colle, poudre et maquillage défilent devant vos yeux.

Ce parfum mystérieux s'appelle Millinery. Il est construit sur un accord où l'oeillet (violette, rose, clou de girofle) tient la vedette. Avec ce petit air rétro, l'on repense à Belodgia ou à l'Air du Temps en vintage. Surgit ensuite un joyeux désordre de toutes les senteurs que l'on peut trouver sur la coiffeuse d'une Louise Brook des temps modernes en puissance. Une pointe de poudre d'iris par ci, un soupçon de rouge à lèvres (rose violette) par là, mais si Antoine Maisondieu s'était arrêté là, le parfum serait sans surprise. Et c'est alors, que par la magie des notes et des effets, l'accord d'aldéhydes, de la rose et des muscs blancs vient renverser tout cet ensemble pour "twister" et soulever les notes dans une dimension futuriste. L'effet métallique fait penser à un nuage de laque, comme si l'Air du temps ou Belodgia se regardaient dans un miroir pour se projeter en l'air vers le futur. Le cumin, le vétiver et sans doute un peu de mousse d'arbre plus transparente que la mousse de chêne signent la peau d'une féminité aguicheuse, pointue, presque moite.

Un tour de force, un coup de maître, comme un regard vers le passé projeté dans le futur. Par ces jours très humides, il semble se fondre à merveille à l'air ambiant. A connaître absolument.

dimanche 19 juillet 2009

Tuscan Leather - Tom Ford private blend 2007 : cuir haute couture.

Pendant cette semaine Tom Ford aux Galeries, continuons avec Tuscan Leather. Mon nez reste collé à la peau et il me semble bien que mon coeur penche dangereusement vers ce dernier. Ce n'est pas surprenant, j'ai toujours aimé les "cuirs", et celui vient de Toscane.

Les toutes premières notes sont goudronneuses et résineuses sans être camphrées ni trop fumées. Odeur de cuir et d'encre de chine qui semble coller à la peau, tel un cuir pleine fleur. Je ne sais pas quelle matière permet cet effet (styrax, bouleau?), mais ces notes me rappellent le départ de Black de Bulgari, moderne et citadin, ou Dzing de l'Artisan Parfumeur, un cuir souple et soyeux. Suit alors un cortège d'aromates, d'épices comme le thym et le poivre blanc qui se collent littéralement à la structure framboise-bois de oud-safran légèrement sirupeuse commune à Noir de Noir. Cet accord forme une sorte de pilier, toute l'évolution du parfum se fixant autour de lui.Quelques fleurs dont la rose se dévoilent en sourdine, puis le vétiver et l'encens, ourlés autour de la framboise et de l'hédione, révèlent leurs facettes les plus fines pour apporter légèreté et faire pétiller l'ensemble. Le patchouli et sans doute un peu de vanille se font tous deux très discrets, mais bien là, réconfortants.
J'ai lu sur un article que certains clients de Tuscan Leather lui trouvaient une odeur de cocaine. C'est sans doute une association de l'esprit ; la cocaine aurait une très légère odeur de framboise, et comme ici elle illumine le vétiver, l'encens et le thym, et que ces matières premières ont vraiment des inflexions communes avec l'odeur du cannabis, le cerveau les associe peut être.

Il est étrange de constater qu'un jeu de deux molécules (la frambinone ou cétone framboise et hédione) apporte autant à la signature d'un parfum et se marie si bien pour apporter légèreté et transparence à d'autres matières très riches en facettes. Sans cela, Tuscan Leather serait bien plat. Un aussi joli travail autour de la framboise ne se voit que très rarement en parfumerie, et comme je l'avais déjà souligné, le seul parfum où elle présente un réel intérêt pour moi est Hot Couture de Givenchy.

Et oui, comme pour Noir de Noir, je voudrais ne pas l'avoir vu mais j'y retrouve en trame de fond l'accord rose-safran-cuir-hédione de Cerruti Image Woman (très unisexe et à redécouvrir), un autre parfum de Firmenich que j'aime beaucoup signé Harry Frémont, et la framboise ouvragée de poivre blanc de Hot Couture de Jacques Cavalier. Hot Couture aurait troqué son fourreau de soie rose contre un habit de cuir, mais pas n'importe lequel, un cuir haute couture. Comme tout cuir digne de cette famille, que l'on soit homme ou femme, seules quelques gouttes suffisent pour que le charme diablement addictif opère.

A la rentrée, trois nouvelles fragrances sont attendues : dans la gamme courante, Grey Vétiver, un vétiver "végétal" qui s'annonce très actuel, dans la collection Private Blend, Bois Marrocain, un accord de cèdre et de thuyas et quatre travaux autour des nouveaux muscs blancs. Tout cela est très prometteur pour une marque qui a le vent en poupe. Serait-ce dû à la cohérence des choix de son directeur artistique et d'une direction qui l'écoute ?

Profitez en pour relire les articles sur Tom Ford Extreme et White Patchouli.

Photo : défilé John Galliano.

vendredi 17 juillet 2009

Noir de Noir - Tom Ford private blend 2007 : bal masqué.


Jusqu'au 25 juillet, c'est la semaine Tom Ford aux Galeries Lafayette à Paris ! Un podium immense en plein milieu, c'est une belle occasion de découvrir ou de redécouvrir la collection Private Blend. Composée de 12 parfums à l'origine, trois nouvelles créations s'y ajoutent cet été : Arabian Oud, un jasmin doux sur fond de bois de Oud, Italian Cypres, boisé aux notes de pin des landes, d'aromates et de sable, et Champaca Absolute, un jasmin-osmantus irisé, velouté, assez joli pour ces notes de feuille de thé vert et d'abricot. Je ne pouvais pas ne pas passer à coté, mais uniquement pour rêver car la raison du porte feuille est souvent plus forte que la passion (quoique). Je n'ai pas trop perdu de temps sur ces quinze fragrances, car seules deux ont retenu mon attention d'instinct de loup : Tuscan Leather et Noir de Noir. Les blogueuses féminines, séductrices en herbe, ayant déjà largement détaillé le sulfureux Velvet Gardénia par ailleurs, je ne trouve pas utile d'y revenir. Ces deux "blend" ont été créées par un duo de chez Firmenich, Jacques Cavalier et Harry Frémont. Il est possible que je revienne sur le premier, mais c'est le second qui retient mon attention aujourd'hui, l'accord rose patchouli étant un accord que j'aime par dessus tout et que je suis toujours surpris de voir interprété de manière très différente et avec bonheur dans Voleur de Roses, Rose Barbare, Perles et bien d'autres. Noir de Noir est donc aussi un travail autour de cet accord.

La rose et le patchouli ouvrent en effet le bal dès les premières notes, vives et légères. Le parfum évolue très vite sur des notes plus douces, sucrées mais pas trop, où se sont la vanille et le safran qui dansent ensembles. Le parfum prend alors quelques élans anisés d'un bien bel effet. La salle est grande, le bal continue. Quelques minutes après que ces premiers couples de notes sont passés, le patchouli revient, accompagné d'un accord bois de oud-frambinone qui fonctionne plutôt bien. Belle harmonie, accentuée par l'entourage de quelques notes plus sourdes dont des mousses d'arbres et de nouveaux muscs dont Firmenich est spécialiste et qui évoquent la truffe par leur aspect duveteux, caressant et rond. Le cuir fumé et sans doute un peu de bois de cèdre forment le couple final avec une belle élégance.

J'aime beaucoup la signature de ce parfum qui est une belle transcription olfactive de ce que serait une rose noire, veloutée, sombre, intrigante et diablement addictive. Ses accents de pruneaux m'évoquent de belles liqueurs vieillies en fût, où ces arômes, ronds, riches et nobles se développent également. Les parfumeurs se sont appliqués à travailler avec le même souci du détail que celui apporté à la confection d'une de ces liqueurs précieuses ou, pour rester au bal, à celle d'un costume de bal vénitien. Velours, laine, fil d'or, soie, cuir tissés les uns aux autres sont les matières qu'il m'évoque. La conjugaison des notes donne vraiment l'impression d'un costume brodé autour de cette rose noire, qui cacherait son visage derrière un masque. Passé minuit, le masque tombe. Se dévoile alors une vérité que j'aimerai ne pas voir : l'accord rose noire de minuit se révèle être ... celui de Midnight Poison. Etrange vérité, d'autant que ce sont les mêmes parfumeurs qui ont créé les deux parfums. Heureusement, la similitude ne se voit que le temps d'un accord et sur quelques facettes, mais peu sur la forme. L'on sent nettement la différence de qualité sur les matières premières utilisées dans Noir de noir, qui se révèle plus profond, plus sombre et plus complexe. L'honneur est sauf !

J'en redemande pour ma part, et même s'il m'est impossible de ne pas voir cette filiation entre les deux parfums, le détail fait mouche, la nuance fait toute la différence et Noir de Noir me fait envie, en regrettant le prix à payer. C'est peut être ça le vrai luxe après tout ?
Et vous, qu'en pensez-vous ?

dimanche 12 juillet 2009

Crescent Row - Bénéfit 2009 : désuètes housewives pleines de charme.

A lire les communiqués de presse sur ces trois nouveautés, on ressort à peu prêt aussi frustré qu'une journée de soldes chez Prada sans sa carte bleue. Se faire une idée de ce qu'ils sentent en se référant aux notes évoquées revient à peu prêt à imaginer l'odeur du... coton. D'abord attiré par les adorables flacons décorés de dessins colorés, mon nez, lui, n'a pas résisté non plus. Je dois bien avouer que je me trouve souvent face au dilemme suivant quand j'entre chez Sephora : "Méchant Loup, tu dois sentir, tu le dois" dit ma passion, "non, n'y va pas, ça ne vaut pas le coup" dit ma raison !
J'aurai eu tort de ne pas me laisser séduire, car il s'agit bien là d'un coup de coeur : "ceci m'arrive encore... tout n'est pas perdu".

La parenté avec la série culte Desperates Housewives est ouvertement avancée, mais ce n'est pas Wisteria lane. Nous entrons chez trois femmes de Crescent Row, nom qui semble souvent donné à des quartiers résidentiels anglais ou américains. Comme je vous disais, les notes officielles ne racontent pas grand chose. C'est pourquoi je préfère m'attarder ici sur ce qu'évoquent ces parfums : ils parlent d'ambiance, de lieu, d'humeur et de personnalités féminines. Rencontrons ces trois esprits.

Laugh with me Lee Lee : l'entrée se fait en passant par le jardin. Vous riez avec Lee Lee, la plus anglaise des trois, la plus romantique aussi. L'herbe perlée et la terre humide se conjuguent aux roses anglaises anciennes, charnues, fruitées et légèrement "vineuses". Je les imagine grimpant le long d'une grille en fer forgé, dont la porte grincerait car légèrement rouillée. C'est sans doute le plus immédiat des trois, car c'est une rose chyprée, fine et élégante, à la manière d'un Voleur de Roses ou de Rose Barbare, mais en plus métallique et avec des accents fruités.

My place or yours Gina : passage ensuite par la cuisine et le salon. Gina est italienne, c'est l'ennemie de Bree Van de Kamp, l'irlandaise. Dans la cuisine, c'est sa place et personne d'autre, elle est gourmande et voyageuse. Au salon en revanche, ce sera elle et moi. Gina, " it's your place, but I feel confortable, like if it was mine". Tarte au fruits noirs (cassis, groseille, prune) que nous prendrons dans le salon, sur la table basse en bois verni, assis sur le canapé de velours à coté d'une malle en cuir vieilli. Ambiance feutrée, rassurante et gourmande, très cocooning : "is it my place or yours Gina ?"

Something about Sofia : arrivée ensuite dans la chambre de Sofia, la plus posée des trois. Un bouquet de lys un peu défraîchi, une tasse de darjeeling aux accents légèrement fumés, un trait de poudre de riz et de tarte meringuée au citron. Coup de coeur pour cette pièce rococo. Si je devais retenir quelque chose de Sofia, la plus originale des trois, ce serait de ne jamais avoir senti cette ambiance ailleurs avant. L'accord de ce parfum, pour un parfum de grande diffusion (Sephora), mérite un bravo, et c'est celui que je préfère.

Même si je reconnais de ci de là des notes communes avec Nina (Lee Lee), Black Xs pour Elle (Gina) ou Versence (Sophia), j'ai craqué pour ces trois nouveaux parfums dont la construction est orchestrée autour de notes actuelles, gourmandes et régressives et des notes beaucoup plus classiques, qui donnent un aspect légèrement désuet et suranné. Oscillant adroitement entre modernité et charme rétro, frôlant la parfumerie de niche, leur originalité sort du lot, ce qui par les temps qui courent, est un salut. L'ensemble est empli de charme, leur packaging aussi. A découvrir de toute urgence si vous êtes blasés des nouveautés !

Illustrations : Mai Linh et Bénéfit.

jeudi 9 juillet 2009

En bref !

Une date à ne pas rater :
"Le parfum l'exposition parisienne", du 2 au 5 octobre 2009 à l'Atelier Richelieu, 60 rue de Richelieu 75002 Paris. Entrée 10€. Et dire que je ne pourrai pas m'y rendre !

Le bon plan de la semaine :
Boutique "Nickel" rue des francs Bourgeois dans le 4e : amatrices et amateurs de Black Orchid, Voile de Fleur, Tom Ford Homme et Extreme, il y a -30% sur Tom Ford et le nouveau Man de Paul Smith à découvrir.

Proposition d'échanges de decants de 5ml roll-on ou vapos :

Je recherche :
- Guerlain : Bois d'Arménie, Cuir Béluga, Rose Barbare.
- Serge Lutens : Tubéreuse Criminelle, Bois et fruits, Bois Sépia, Borneo, Serge Noire, Mandarin Mandarine, El Attarine.
- L'Artisan : Dzonghka
- Tom Ford : Velvet Gardénia, Purple Patchouli, Tuscan Leather.
- Chanel : N°18, Coromandel.
- Annick Goutal : Petite Chérie, Myrrhe ardente.
Toute autre proposition sera bienvenue (plutôt des parfums de"niches").

Je propose :
10ml de décants maxi par parfum :
- Tom ford Extreme.
- Guerlain : Habit Rouge l'Extrait, Héritage Eau de Parfum.
- L'Artisan : Fou d'Absinthe, Voleur de Roses.
- Lorenzo Villoresi : Vétiver (non disponible en France).

Plusieurs décants possibles à
voir au cas par cas :
- Moi : Un Thé avec Alladin ou Kawaii in pink (pour les découvrir).
- Annick Goutal : Sables.
- L'Artisan : Dzing, Mure et Musc, Patchouli Patch, Jour de fête.
- Serge Lutens : Féminité du bois, Vétiver Oriental, Fumerie Turque.
- Autre : Eau d'Hermes, Midnight Charm de Dior.

Contactez moi par les commentaires ou par mail ci contre, j'ai un nombre limité de vapos et roll-on pour les parfums qui m'intéressent, mais j'en attends. Si vous en avez pour les parfums que vous souhaiteriez c'est mieux en attendant (en 5ml).

Kawaii !... in Pink à Japan Expo 2009 extraits: Toutes de rose vêtues et très kawaii. Merci à Violette, en kimono, un vrai coup de coeur pour sa joie de vivre, à toutes les quatre et au lapin d'avoir bien voulu prendre la pose.
Kawaii !...in Pink s'exporte :o) il a fait une heureuse au Canada, merci à elle aussi.

mardi 7 juillet 2009

Man - Paul Smith 2009 : iris in black, fits well with my Mini !

Il y avait Charles et Diana, les taxicabs et les cabines de téléphone rouges, mais un autre couple presque aussi célèbre véhicule l'image de la Grande Bretagne à travers le monde : Paul Smith et la Mini. La Mini aux couleurs du créateur est devenue une vedette, prenant la pose sur un fond différent chaque année pour se retrouver sur les besaces et sacs de la marque. L'histoire continue aujourd'hui par un jeu de codes couleurs communs. Des lettres nettes, claires et lisibles, une touche de couleur vive, ici c'est le jaune, et un peu de blanc pour contraster avec un fond noir bien profond, qui fait ressortir le tout. Mini communique sur ces codes depuis 2001, renaissance de la marque, et Paul Smith les reprend aujourd'hui pour Man, son nouveau parfum. Comme une évidence, le couple semble être uni !

Je n'ai jamais vraiment été emballé par les parfums Paul Smith, que je trouvais intéressants sur quelques facettes mais jamais dans leur ensemble. Ce Man tourne enfin la page en osant aller au bout d'une idée bien pensée.

Man part clairement sur un accord qui fait écho à Dior homme, en évitant soigneusement la petite note carotte qui rebute certaines personnes. Iris "methylionone" relayé par une base irisée et boisée montrant quelques inflexions de cassis et de grenadine : le fruit murmure doucement sous la racine pour titiller vos narines d'un accord de cranberries "so british you know !" Man sait rester velouté et masculin. Poudré mais plutôt dans un esprit cuir patiné que poudre pour maquillage, jamais vieillot, une petite surprise pointe son nez dans le fond. Vanille, muscs blancs riches et opulents, petite touche goudronneuse si délicieuse et patchouli tout doux, cela ne vous rappelle rien ? Urbain sachant conserver une certaine douceur, c'est bien la signature de Black de Bulgari qui résonne, et il aurait troqué son "asphalte touch" de cuir brut pour un iris boisé d'un bel effet. Si on imagine bien Black dans l'atmosphère sombre de Blade Runner (dixit graindemusc), ce Man lui, joue sur la tendance et avec le citadin branché. Cet iris sur fond de Black va plutôt bien avec ma Mini je trouve, la jaune, en cabriolet, isnt' it ?

dimanche 5 juillet 2009

Céline Ellena : chroniques d'un parfumeur aux aguets.

Céline vit les instants comme tout passionné d'odeur et de parfums, de manière intense et attentive au moindre petit frisson de verdure, de fleurs ou de pop corn qui plane dans l'air. Seulement voilà, son parcours et son histoire ne sont pas des plus ordinaires. Porter un tel nom doit être parfois bien pesant. Lourd héritage que l'on vous rappelle à chaque instant et contre lequel vous ne pouvez rien. Elle le porte fièrement cependant.

Mais voilà qu'aujourd'hui, avec Internet, il devient possible d'être soi même, d'exprimer sa personnalité, ce que l'on est, ce que l'on ressent, loin des étiquettes, des clichés, des protocoles, ou même d'un héritage. Pourquoi ne pas partager des émotions secrètes ou d'autres, qui nous touchent immédiatement, au gré des humeurs et des envies ?

Céline a le talent du parfumeur, nous le savons, nous savons moins qu'elle sait écrire. Quand Céline trouve les mots, c'est pour nous emporter avec elle dans un tourbillon d'odeurs, de sensations, d'émotions, avec une pointe d'humour et parfois un clin d'oeil, à un parfum qu'elle a créé, à une personne qu'elle connaît, à un lieu chargé d'émotions.

Depuis un mois, Céline Ellena partage ces instants avec nous à travers ses chroniques olfactives.
Sensations olfactives de l'avion de 7h du matin, d'une promenade au jardin du Luxembourg, lors d'une séance au CinéCité des Halles ou d'une balade dans le quartier de Porte de St Denis. Comme préambule à la créativité d'un parfumeur de talent, Céline nous montre ainsi comment fonctionne l'imagination qui fait naître vos parfums. Instants volés instants trouvés, instants choisis ou saisis, je m'y retrouve souvent, et vous aussi sans doute.
Je perçois dans l'écriture de Céline ce à quoi elle est attentive dans ses parfums, et je redécouvre avec bonheur après Sel de Vétiver, parfum de Charmes et Feuilles, d'Ailleurs et Fleurs et Sublime Balkiss pour The Different Company.

Souhaitons donc la bienvenue aux chroniques olfactives de Céline Ellena, dont vous trouverez le lien dans la liste des blogs ci contre : http://chroniquesolfactives.blogspot.com

Merci à Céline de m'avoir accordé cet instant, qu'elle a souhaité illustrer par ce tableau de Gustave Caillebotte, les Raboteurs de Parquet - 1875. Céline, vous avez raison, ce tableau sent bon !