mercredi 29 juillet 2009

Je voudrais ne pas le vivre !

Cela n'arrive sans doute pas qu'à moi, mais je tenais à partager ce que je vis depuis maintenant une semaine. Pour un passionné de parfums, c'est déroutant. Je dois en effet prendre des antibiotiques qui me privent de tous les plaisirs olfactifs que nous offre la vie. Impossible de porter quoi que ce soit, de prendre les transports sans croiser un parfum qui vous donne immédiatement la nausée, impossible d'entrer dans une parfumerie ou un grand magasin pour y découvrir quelque chose.

La nature qui nous offre de l'herbe coupée, quelques fleurs, la ville avec ses relents d'essence, de brûlé, de caoutchouc, de métal chaud et d'ordures, tout cela est insupportable. Ce qu'il y a de pire, c'est d'en vouloir à tous ceux qui portent du parfum. Patchouli, épices, terre mouillée, pêche et vanille sucrée, notes marines, c'est l'horreur. Même les plus inoffensifs savons et lotions provoquent un malaise. Son propre corps met mal à l'aise, on ne se supporte plus.

On aimerait alors que notre odorat sature et se bloque. Et bien non, il se produit l'inverse, il est exacerbé. Il est en revanche étrange de constater que quelques parfums ne font rien, et soulagent même parfois : c'est le cas de quelques aldéhydés "propres" comme Ivoire croisé ce matin, qui m'a fait du bien, de la fève tonka et de l'anis qui pourtant peuvent écoeurer facilement et d'autres parfums vanillés que je pensais épouvantables en pareilles circonstances. Le thé vert et le néroli s'en sortent également. Tout cela est bien curieux.
Une chose me parait claire cependant : Paris sent plus que tout le patchouli. Vous le croisez sans cesse. Dans tous les coins et recoins, dans les odeurs du métro, des jardins, dans toutes les familles de parfums portées, c'est lui qui ressort. Faut il y voir alors une explication au succès de Angel ou est ce parce que c'est la matière que vous supportez le moins et que vous y êtes du coup très attentif ?

Notre corps nous réserve donc bien des surprises, peut être pour nous protéger mais c'est une expérience olfactive que j'aurais aimé ne pas vivre.

Photo - Sébastien Jacqmin : uneimageparjour.blogspot.com

4 commentaires:

carmencanada /Grain de Musc a dit…

J'en suis bien désolée pour toi... Je n'ai jamais entendu parler d'hyperosmie liée à la prise d'antibiotiques.
En tous cas, pour le patchouli, tu as bien raison, il est quasiment universel dans les parfums les plus populaires, et j'en accuse effectivement Angel et ses descendants!

Thierry Blondeau a dit…

Merci pour ce petit mot, c'est gentil. C'est heureusement bientôt terminé. La sensibilité ne semble pas être liée à celle de notre appendice nasal mais parce que le foie est plus fragile ou plus sensible. Cela arrive aussi parfois après de longues journées d'olfaction, sensation désagréable et passagère, mais partagée par quelques parfumeurs. Au secours, nous allons tous mourir :o)

Passionez a dit…

Bonjour!

Je viens de temps à autre jeter un coup d'oeil à votre blog et en tant que grande passionnée de parfum, je me réjouis régulièrement de lire vos articles si bien écrits.

Je réagis enfin à l'un d'entre eux car celui de l'hyperosmie m'a particulièrement frappée, d'autant plus que je partage parfois cet étrange malaise.

Souffrant de sinusite chronique et de diverses allergies je suis très sensible aux odeurs surtout les fortes... Quel bizarrerie d'aimer autant les parfums dans ce cas, n'est-ce pas? Mon nez me joue bien des tours... Très fin et sensible il perçoit de nombreuses odeurs que mon entourage ne fait que deviner, tour à tour charmé ou irrité (je parle de mon organe olfactif et non de mon entourage) ;-)...Il y a des jours où je ne supporte aucun parfum même pas le mien, mais comme vous dites cela n'a pas toujours de rapport direct avec le nez lui-même mais peut aussi être dû à un petit soucis relatif au foie.

Toujours est-il que votre réflexion sur l'hypersensibilité aux odeurs m'a intriguée car je la partage. Et je me fais la réflexion que si j'ai autant envie de fuir Paris ces derniers temps cela est peut-être dû à ces senteurs de patchouli qu'on perçoit de gré ou de force à tous les coins de rue...

Thierry Blondeau a dit…

Merci Passionez. Avant cette expérience, je n'avais jamais fait attention au fait que Paris sente à ce point le patchouli, et je suis ravi que cet avis soit partagé. Je suis moi même assez amateur de cette matière, sauf dans Angel, mais pendant trois semaines, j'ai détesté des parfums que j'aime vraiment : Voleur de Rose, Patchouli Patch, Guerlain Homme, Black Xs, Nina etc... n'étaient pas mes amis. J'ai même découvert Idylle, où le patchouli est très marqué dans ces conditions. Même si aujourd'hui je vais mieux, je suis toujours un peu mal à l'aise quand je sens du patchouli, et j'ai grand besoin de parfums "calmes", comme Navégar par exemple. Etrange métabolisme ?