mardi 26 décembre 2023

Déconnecté ?

En 2023, vous aviez sans doute remarqué que le prix des 100ml grand public ou dits "de niche" avaient tendance à augmenter, frôlant les 150€ pour les premiers, et autour de 200-230€ pour les seconds. En cette fin d'année, je constate que la tendance va bon train, et l'on voit maintenant apparaitre une autre tendance : l'ultra cher ! Je ne parle pas de luxe, mais bien de prix, car un produit peut être beau et bien fait, avec de belles finitions sans forcement être trop onéreux : c'était un peu le cas chez Guerlain, Parfum d'Empire, et dans une moindre mesure chez Frédéric Malle dont les prix sont élevés. 

Je commençais à pester un peu de devoir me contenter de regarder les flacons extraits de Franck Ghery chez Vuitton dont les 100ml approchent maintenant les 500€ (+40€ en 2 ans), mais je me console en y voyant plus ou moins une œuvre d'art ! Vu son prix (750€ le 50ml, vous avez bien lu),  je n'ai jamais vraiment pu poser mon nez sur The Night chez Frédéric Malle qui de toute façon, du peu que j'en ai senti, n'est pas vraiment fait pour être porté dans nos bureaux, ni même dans notre environnent quotidien, car sa construction technique est faite pour se développer par temps chaud, dans un pays habitué à ses notes. 

Depuis quelques mois sont apparus chez Guerlain des Extraits, en 50ml dans des flacons plutôt qualitatifs mais très standardisés, au prix de 550€ ! Certes, les parfums sont beaux, mais j'ai envie de dire "heureusement" ! Je remarque cependant qu'une poignée de privilégiés a la chance de pouvoir les acquérir, alors qu'objectivement on sait faire aussi bien pour moins cher, mais bon ! Du coup, on je me dit "peut-être" car l'Iris, la Tonka me tentent bien, mais j'aurais vraiment du mal à être à l'aise si un (e) collègue me demande ce que je porte !  

Ce matin, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le prix de Ruade, de Parfums d'Empire (600€ le 100ml) ! Vantée comme étant une création exceptionnelle, il semble suivre le chemin de The Night, avec un engouement certain mais qui me laisse penser : "Oui, mais Non". 

La déconnexion entre les populations est une tendance, la déconnexion entre le prix d'un produit et sa qualité est une tendance, la déconnexion de la politique avec la logique et le bon sens semble dans le coup ! Le déconnexion entre ce que j'aime, ce que j'ai envie de sentir et ce que je peux m'offrir en pleine conscience est une réalité ! On peste contre un monde qui va mal, on en est presque malheureux et pessimiste, mais cette tendance très New Yorkaise du "plus c'est cher, plus je t'emm..., et plus je suis show of" commence vraiment à sentir plus mauvais que tous les parfums du monde ! 

J'avoue, je me sens de plus en plus déconnecté. Suis-je obligé de participer à tout ça ? Est-ce que ma passion est à ce prix ? Vraiment ? 

En tout cas, je vous souhaite de continuer à être bien parfumés et toujours passionnés en ces fêtes de fin d''année. Que porterez vous d'ailleurs ? 

On se retrouve en 2024, pour un enjeu de taille : ma 8e création, dont le prix ne s'envolera pas, je vous le dis tout de suite. 


Illustrations : Guerlain, Parfum d'Empire, Frédéric Malle. 

dimanche 10 décembre 2023

Tubéreuse - Headspace 2023 :

Déjà connu pour avoir lancé la marque Le Galion non sans un certain succès il y a quelques années, Nicolas Chabot revient avec un concept pour le moins intéressant : ces petites fioles magiques que contient l'Olfactorium de Cinquième Sens et qui renferment les précieuses matières que l'on va utiliser pour créer un parfum. Pour moi, sans elles, je n'aurais jamais pu démarrer la création. C'est dire la puissance émotionnelle qu'elle représentent, et sans doute aussi dans la vie de tous les amoureux de parfums qui  les ont croisé un jour ou l'autre. Nicolas a non seulement choisi d'utiliser ces fioles pour présenter les échantillons des parfums de la marque Headspace nouvellement créée, mais il les a déclinées dans un format 30ml et 100ml pour les flacons en collaboration avec Pierre et Jules Dinand ! Quelle belle idée non ? C'est très visuel, qualitatif et ça parle à ceux qui aiment ou connaissent le parfum. 

Le principe du Headspace est également connu : il consiste à capturer à travers un "nez" artificiel les molécules d'un composant odorant pour les analyser. Le parfumeur peut ainsi se servir de ces données pour élaborer un parfum autour de ses composants. 

Pour Tubéreuse, ici, c'est un headspace de "fumée sur peau brulante" qui a été utilisé. Est-ce ce headspace qui  fait qu'il fonctionne parfaitement sur ma peau ou le travail tout en finesse et en légèreté autour de la tubéreuse, qui elle même peut avoir des notes évoquant une peau ? Toujours est-il que ce parfum me plait bien. La tubéreuse est à la fois charnelle et lumineuse, et elle se fait littéralement traversée par un bel accord de tabac (blond je dirais), de légers accents de figue fraîche pour se poser tout en douceurs sur des bois blancs très doux.

Une petite pépite pour qui n'aime pas les tubéreuses trop opulentes et qui, fait assez rare, peut être portée facilement par nous les hommes grâce à ces facettes boisées. 

Je vais craquer ? Oui, il fait partie de ma wishlist assurément !  

Illustrations : Headspace parfums, Laurent Seroussi.