dimanche 30 août 2009

Articles choisis sur deux coups de coeur.


J'avais envie de parler des deux parfums ci-dessous que je teste actuellement car ce sont deux vrais coups de coeur. Je ne saurai en parler mieux que Graindemusc et Ambre gris. Alors voici les liens sur les articles qu'elles ont rédigés. Je partage entièrement leurs impressions. Je vous invite donc à les lire, il suffit de cliquer sur le nom du parfum.

Turtle Vétiver de les Nez.

Myrrhe Ardente de Annick Goutal.

Je recherche un décant (10ml ou 30ml) de ces deux parfums, que je paierai bien sûr ou échangerai volontiers car pour la myrrhe, 100ml, c'est beaucoup trop pour moi. Merci à tous.

J'en profite au passage pour vous remercier de votre fidélité croissante.
Méchant Loup (Thierry).

vendredi 28 août 2009

Idylle - Guerlain 2009 (2) : fenêtre sur un bouquet.

Pour la première fois, j'écris à nouveau un article sur un parfum dont j'ai déjà parlé. D'une part, parce que c'est un parfum attendu, d'autre part parce qu'il me semblait que le ton de mon premier article était peut être un peu trop élogieux. Sans doute était-ce parce que j'ai eu l'occasion de le découvrir avant sa commercialisation, et que c'était la première fois que cela m'arrivait ? J'ai donc gardé une grande partie de l'article, en apportant quelques nuances avec le recul.

Idylle fait la part belle à la rose, qui y tient une place prépondérante. J'aime cette fleur dans la nature et en parfum. En outre, l'accord chypré rose-patchouli qui me lasse un peu trop en ce moment tout de même, reste un accord qui m'attire avec le vétiver. Avec ce lancement mondial, le style de Thierry Wasser s'affirme confirmant ainsi mes premières intuitions : un style en superposition de notes transparentes dans un effet flouté et fondu autour d'une structure "métallique" bien solide. La façon dont Thierry Wasser superpose les accords pour ses derniers Guerlain me fait penser à la manière qu'avait Delaunay de juxtaposer des éléments pour former un tout flouté mais cohérent. Cela vaut aussi pour Guerlain Homme, mais Thierry Wasser s'exprimerait sans doute mieux que moi sur son propre style.

Ici, point de rondeurs habituelles, ceux qui attendent une guerlinade vanillée vont sans doute êtres déçus.. Une envolée de fleurs blanches et fraîches marque les toutes premières notes. Les communiqués annoncent du jasmin, du frésia, de la jacinthe (très légèrement), de la pivoine (aux notes de rose fraîche), du lilas et du muguet. Ils ne mentent pas, c'est exactement ce que l'on sent, accordés dans un effet légèrement métallique qui me fait penser à une rose claire, légèrement fruitée et perlée de pluie, une rose irradiante, que j'imagine dans des tons bleutés et orangés. Cet accord de départ, métallique, légèrement "vert" et électrique se prolonge sur une note d'eau de vie de prune développant des arômes d'abricot, de litchi et de framboise. L'effet n'est pas vraiment sucré, bien qu'un peu quand même, mais plutôt éthéré, comme si les vapeurs de cet alcool s'évaporaient unes à unes. C'est ensuite qu'Idylle avoue tout de même une petite faiblesse, que je remarque avec le recul : la note framboisée transparente, que j'ai déjà senti dans une autre création de Thierry Wasser, Darling de Kylie Minogue, et qui laisse chuchoter sa mélodie autour des muscs blancs très appuyés dans le fond d'Idylle. Autre point faible, j'ai senti très récemment Rose Noire de By Redo, et le fond rose patchouli framboise de ce parfum ... rappelle furieusement cette Idylle sur la touche parfumée que j'avais. Bien sûr, la forme d'Idylle est plus travaillée, plus riche, plus complexe, et l'on perçoit tout de même une signature marquée, une empreinte qui perdure tout le long du parfum, mais je reste un peu triste tout de même, car je ne me souviens pas avoir jamais pensé par le passé "tient, ce Guerlain me rappelle un autre parfum". La touche qui "fait Guerlain" est tout de même bien présente, il faut la chercher dans le fond, où quelques toutes petites gousses de vanille apportent la rondeur sans casser l'harmonie scintillante. La rose et le patchouli, inséparables signent le sillage qui est bien magnétique.

Oubliez tout de même les références à Pleasures, Elle ou même Narcisso Rodrigez faites précédemment, on y retrouve un peu de Voleur de Roses (rose patchouli, note de rhum ambré) et de White Patchouli (accord rose patchouli lumineux). Mais quand ces deux parfums s'aventurent sur le territoire rose patchouli aéré en allant chacun peut être un peu trop loin pour certains et en bousculant les habitudes, Idylle rétablie l'harmonie sans tomber non plus dans la facilité. Le couple rose patchouli se retrouve et plus rien ne semble le perturber. L'étreinte électrique entre une pluie de fleurs fraîches et blanches qui viennent s'enrouler autour de la rose d'une belle finesse fruitée et perlée, le tout étant soutenu par le patchouli en habit de cristal. Idylle est très fidèle à ce que je m'attendais à sentir. Un joli lancement, qui se distingue des " parfums shampoings"qu'il évite d'être au demeurant.

Il faudra néanmoins sans doute un peu de temps pour appréhender et s'habituer au nouveau style "maison", et il y aura inévitablement des déçus, mais là, c'est vous qui verrez !
Les inconditionnels de la vanille et autre fève tonka, eux, devront être encore un peu patients ... mais chut !

Renseignement pris en boutique, Idylle devrait arriver dès la fin de semaine prochaine.

Illustrations : Guerlain LVMH et Robert Delaunay.

Guerlain Homme Intense - Guerlain 2009 : chevaux maîtrisés

Annonceur d'une rupture de style instaurée par l'arrivée de Thierry Wasser en tant que parfumeur maison, et mis en avant par une campagne de communication trop décalée, Guerlain Homme n'a pas su rencontré le grand succès. Cependant, même si ce n'est pas un "carton", il semble avoir rencontré son public et ses adeptes. Pour ma part, j'ai toujours défendu la forme, qui définissait un style voulant s'éloigner de la classique guerlinade vanillée avec élégance et finesse, sur le fond, je restais partagé par un manque d'expression difficile à définir, et surtout une certaine déception car ma peau ne l'aimait et ne l'aime toujours pas.

La version intense rétablie une certaine harmonie, comme si les chevaux qui me semblaient bridés dans l'eau de toilette retrouvaient ici un certain panache. Du panache, mais point de violence. La douceur est au rendez vous : bien entendu, la trame "fougère" de l'eau de toilette se retrouve très nettement, mais elle est ici arrondie et enrichie. La cannelle et sans doute un peu de pamplemousse apportent une pointe poivrée et piquante à l'accord mojito qui devient du coup plus évident et plus lumineux. L'évolution se fait ensuite sur l'accord sucre de canne, qui s'enrichit d'une jolie base constituée de muscs blancs, de notes de bois de cèdre et d'une toute petite pointe de caramel. Il devient lui aussi plus expressif. Le fond est plus sombre, le patchouli s'agrémente d'un cuir rond et duveteux, que j'appelle "daim blond" et déjà vu dans Habit Rouge Sport, dans lequel la coumarine et la fève tonka s'expriment bien plus que dans l'eau de toilette. Toutes ces matières premières étant plus riches et plus complexes, elles semblent interagir pour laisser sur la peau une sensation plus fine et plus élégante, à la manière d'un Infusion d'Iris qui se serait virilisé, ou d'un 18 Place des Vosges légèrement affiné. En trame de fond, l'univers du cheval cher à Guerlain, car l'on imagine bien la puissance d'un pur sang noir dont les courbes seraient livrées aux reflets du soleil, Guerlain Homme Intense ayant capté et conservé un lui une belle lumière.

Plus complexe, moins linéaire, moins timide, cette variation intense me laisse penser que les chevaux, que je trouvais bridés dans Guerlain Homme ont enfin lâché la bride, et avec élégance et maîtrise. "Mon" Guerlain reste définitivement Héritage, mais cet élégant Guerlain Homme Intense réconcilie ce parfum avec ma peau et avec le nouveau style des parfums phares de la maison.

Guerlain Homme Intense est déjà disponible dans les boutiques Guerlain. Ce peut être aussi l'occasion d'aller découvrir la nouvelle boutique de la rue des Francs bourgeois à Paris, dans un quartier où il est agréable de flâner.

Illustrations : cheval noir et design Pininfarina pour Guerlain Homme et Maserati.

mercredi 26 août 2009

Les hommes aussi sont gourmands !


On la trouve dans le Dr Pepper, dans le Cherry coke, les friandises Mon Chéri et plus haut en gamme, en vedette chez certains pâtissiers. Depuis quelques mois, j'ai remarqué que le gel douche de mon club de sport avait changé pour un adopter un parfum autour d'elle. Elle, c'est la griotte. Cette année, après avoir fait son entrée dans le registre plutôt acidulé et frais dans les parfums féminins, elle se montre très présente dans les nouveautés pour hommes. L'odeur de la griotte n'existant pas sous forme de matières premières naturelles, son évocation est toujours reconstituée entre autre autour d'un accord fait d'héliotropine aux accents de mimosa, d'aldéhydes benzoïques qui sent la colle blanche, de muscs blancs et d'autres composants que ne connais hélas pas en totalité.
Est ce une tendance de fond ou un passage, mais la couleur rouge associée à un parfum qui contient de la griotte est très présente en cette rentrée.

Azzaro Elixir l'exploite dans un registre épicé et boisé, qui fait très Cherry Coke dans ces notes de tête mais n'évite malheureusement pas un fond boisé archi viril, vu, revu, et re-revu chez Azzaro. En clair, cet Elixir vous aguiche de ses notes de tête, mais vous fait sentir le mâle viril dans le fond, sur un accord boisé vraiment banal.

L'autre parfum pour homme est pour le moins surprenant, car on ne s'attend pas à y trouver de la griotte. Pourtant, elle est traitée ici de manière très subtile : vêtue de clou de girofle, de cannelle, d'encens et de myrrhe, elle s'exprime dans un registre très chocolat griotte dans le tout nouveau Fahrenheit Absolute, qui conserve la trame de l'original en exploitant les facettes les plus chaudes, et notamment les épices en tête et le cuir dans le fond. La griotte accompagne la signature de Fahrenheit autour de l'iris, de la violette, du muguet et du cèdre. Une belle variation, moins florale que l'originale. A la manière d'un j'Adore Absolue, les matières, plus riches, permettaient de rattraper le temps pour nous proposer l'essence même, le coeur et le meilleur de ces parfums cultes. Un bel élixir, gourmand, épicé et chaud que ce Fahrenheit Absolute.

Le troisième est l'Amoureux 6 de la ligne Anthology de D&G. Après des notes de têtes fusantes de pamplemousse juteuses et croquantes, la griotte se dévoile dans un registre "bonbon acidulé à la cerise de la Pie qui chante". Elle pétille et se fond dans les muscs et la vanille douce caractéristique de beaucoup de parfums de Procter & Gamble.

Enfin, je l'ai également trouvé tapie dans l'ombre du tabac riche et opulent de Back to Black Aphrodisiac de By Kilian. Noyée dans la framboise, la grenadine, les baumes et le tabac blond, sur ma peau, elle s'exprime sous la forme d'un sirop gluant au bout de quelques minutes. Quelle déception !

Bon aller, j'avoue : j'aime cette note et je regrette amèrement de ne pas trouver de Dr Pepper en France. Les deux que je préfère pour le moment sont Fahrenheit Absolute, parce qu'il est rond et riche et l'Amoureux 6, parce qu'il pétille après la douche sans prétention. Le premier est un Azzaro pur jus, c'est à dire quand je porte un de leur parfum "tous poils dehors", les poils se hissent d'un seul coup : "pas pour le loup celui là, non non". Le dernier est une déception, non pas dans la forme, mais parce que ma peau en révèle une facette on ne peu plus collante ; un sirop bien cher pour le coup.

Les hommes aussi sont gourmands, la rentrés s'annonce griotte. Et pour Noël, la poire peut être ?

jeudi 20 août 2009

Dolce & Gabbana Anthology - D&G 2009 : succès de crise bien inspiré ?

La ligne Anthology de Dolce & Gabbana vient tout juste d'arriver et sera lancée dès septembre à grand renfort de publicité. Bien entendu, visuels et communication ont été étudiés de manière à ratisser très large. Il s'agit de 5 créations, dont les noms évocateurs sont inspirés par le tarot. Prudent, je les découvre un a un, sans m'attendre à des miracles de la part de Procter & Gamble (P&G). Bien sûr, je ne m'attendais pas non plus à du grand art, mais, en restant très pragmatique et au regard du prix contenu (entre 52€ et 59€ les100ml), ces 5 accords sont assez joliment travaillés, chacun d'entre eux développant une signature qui sait rester discrète mais que l'on ne manquera pas de remarquer.

Le Bateleur 1 : très mandarine sur les notes de têtes et rappelant la série limitée Hot Play de Lacoste, il évolue ensuite sur des notes de feuille de coriandre à la manière d'un Sécrétions Magnifiques policé ou d'un Boss in Motion sans "motion", pour se fondre dans un accord de bois blancs qui évite l'écueil d'une virilité outrageuse. Fin, frais mais peut être un peu facile et très (trop) propret, j'aime néanmoins beaucoup sa pointe d'anis dans le fond.

L'Impératrice 3 : le sillage, floral tel un lilas lumineux et "fleurs d'eau" est assez joli, il attire par sa rémanence, mais uniquement si je le sens de loin. Car il y a un petit soucis de près et sur peau : je ne peux m'empêcher de penser à ... des moules marinières (oignons, laurier, notes salines et marines) ??. Déroutant, ne faisant pas tellement envie, mais très efficace sur le sillage, je ne sais pas si c'est volontaire, mais je ne sens que cela.

L'Amoureux 6 : si je devais en choisir un, je crois que je serai l'Amoureux. Le plus "Procter" des 5 en apparence, il porte en ses gênes cette signature vanillée douce si caractéristique et tellement efficace des parfums du groupe P&G (Boss Signature, Boss Orange, Lacoste Elégance, The One Homme). Il part sur une envolée de pamplemousse rose bien appétissante et juteuse. Elle s'habille de quelques épices, d'un accord bonbon à la cerise-iris-grenadine rappelant un peu celui de Si Do de Réminiscence. Le fond chypré et un peu poudré est vraiment d'un bel effet rétro sur peau, avec quelques inflexions cuirées plus contemporaines.

La Roue de la Fortune 10 : c'est l'oriental du lot. Tubéreuse, jasmin, notes balsamiques et l'inévitable patchouli-vanille-caramel "à la Angel" confèrent à cette roue de la fortune la formule gagnante dont aura besoin cette gamme pour plaire aux gourmands et gourmandes. Caramel, bois et fleurs... déjà vu. Il en fallait un, pas très original, mais pas trop mal fait non plus. Je l'ai senti sur la peau d'une jeune fille "black" qui pensait plutôt être l'impératrice n°3, ce n° 10 était très fondu sur elle et lui allait bien.

La Lune 18 : joli départ de muguet propre et très classique dans la lignée d'un (aller, j'ose le dire) d'un Beige de Chanel ou de Boss Femme, c'est le plus romantique. Pas tellement interpellé par celui-ci au départ, il cache son jeu, car il est plutôt lumineux dans son sillage de fleurs blanches et dans son évolution. Le coeur et le fond semblent vouloir inscrire dans la tendance un accord que j'aime bien en ce moment : lys, orange, rose, muscs blancs et notes fumées lui donnent une signature proche de Sofia de Bénéfit, mais c'est aussi une signature que l'on trouve dans la dernière Eau de Tarocco de Diptyque. Diptyque, Chanel, il y a pire références.

Cette ligne a donc du bon et du moins bon. Le moins bon est qu'elle marque clairement un point de non retour de la parfumerie moderne en ciblant clairement les "nouveaux relais de croissance" encore possibles : jeunes pas trop riches, fashion addicts pas compliqués, cacoux aimant les marques. Moins bon également, je ne fais plus la différence entre D&G, Hugo Boss et Lacoste. Ils sentent "P&G" et le parfum n'est plus un produit de luxe.
Le plus sympa, c'est la cohérence de l'ensemble, qui utilise les codes du haut de gamme (ligne exclusive), avec des accords qui se tiennent, qui ne sont pas tapageurs, pas si faciles que cela non plus et assez bien exécutés, hormis cette impression sur le N°3 que je ne comprends pas pour ma part. Cette cohérence unisexe permet d'y voir plus clair, de ne pas se laisser influencer par une orientation sexuelle du parfum. Cela permettra sans doute aussi de faire le ménage dans les lancements à répétition de P&G, qui se suivent et se ressemblent, car cette anthologie en reprend l'essentiel, agrémenté d'un travail sur les créations qui aurait pu être pire. Le nom est bien choisi, le prix, comparé à certains lancements de "niche" prétentieux, relativise le tout pour un style de parfums similaire. Avec 20% les jours de promo, un peu plus de 40€ le flacon de 100ml, c'est presque donné dans la parfumerie d'aujourd'hui... C'est pourquoi cet ensemble mérite au moins que l'on s'y penche un instant, ne serait ce que pour sentir les fonds de N°6 et N°18 et savoir que que vous pensez du N°3 qui m'intrigue.

Vous en avez pour votre argent, on ne se moque pas de vous, c'est même plutôt joli dans l'ensemble et parfois créatif. Il me semble que le succès soit assuré, un succès de crise aussi sans doute ?
Disponible partout dès cette semaine.

mardi 18 août 2009

Do Ré - Réminiscence 2008 : souffle de gourmandise.

N'ayez crainte, si vous craquez pour ce parfum et craignez de sentir la meringue, faites en fi. Malgré les apparences, cette collection originale et créative construite autour de la gourmandise est si facettée que votre peau fera parler le parfum de façon très différente en fonction de la personne qui le porte. Votre entourage lui trouvera une interprétation qui lui sera personnelle à chaque fois.

Une collègue le porte suite à un coup de coeur et je vous assure que beaucoup lui ont fait des compliments et pas une seule personne n'a fait référence à la même chose. Do Ré évoque tellement de choses à la fois que l'on ne sait pas quoi commencer. Pour moi, il est construit autour d'une nouvelle base bois de santal qui présente des accents de figue fraîche et verte, de santal lacté, de noix de coco et de rhum. A elle seule cette base apporte une richesse incroyable. Le talent de Jacques Flori est d'avoir agrémenté celle-ci d'héliotropine, de vanille naturelle et sans doute traitée avec un procédé lui apportant de la légèreté, enrobée d'un beau patchouli chocolaté que je perçois assez peu pour ma part, d'amande naturelle également, très jolie, très fine, et de barbe à papa. Du caramel, des résines et quelques notes salycilées enrobent ce beau travail qui donne l'eau à la bouche. Le résultat évoque à la fois le rhum, le tabac blond, l'huile solaire à la noix de coco, la barbe à papa et la pâte à jouer pour enfants Play-do.

Cette oscillation entre les facettes solaires et fleurs blanches du monoï et celles, alimentaires et épicées du macaron "caramel au beurre salé" de Ladurée le rend très attachant, réconfortant au quotidien et portable par tous temps, même quand il fait chaud. C'est étrange mais il n'est en effet jamais opulent ou suffocant comme peuvent l'être Angel ou Shalimar. Do Ré est un souffle de gourmandise, monté en neige tel un macaron léger et aérien, une petite merveille de créativité à la frontière entre l'art de la gourmandise et de la pâtisserie et celui de la parfumerie fine.

En cela, c'est un vrai coup de coeur, que les matières de haut rang et le talent de Jacques Flori ont réussit à rendre très agréable au quotidien. A connaître.

vendredi 14 août 2009

Fico di Amalfi - Aqua di Parma 2006 : figue en bleu méditerranéen.

Alors que Premier Figuier et Philosykos s'approchaient de la note de l'arbre et des fleurs du figuier par une belle journée chaude d'été, Fico di Amalfi se penche sur le fruit pour nous livrer une interprétation de l'accord "figue". Vous le savez déjà, entre l'Italie et moi c'est une histoire d'amour, d'osmose et de sang, et la région d'Amalfi mérite à elle seule un détour pour la beauté de ses paysages et de ses vues sur la méditerranée. Là bas, le temps s'arrête, le bleu de la mer parle de lui même, la couleur des fleurs et des arbres apaise et les effluves d'arbres fruitiers, d'herbes aromatiques et de sel marin nous bercent d'une caresse loin du tumulte de nos villes surpeuplées.

Fico, la figue : un fruit évocateur du sud de l'Italie, de vacances et de plaisir. Aqua di Parma nous livre ici une figue travaillée autour d'autres notes emblématiques de l'Italie : l'iris, la bergamote et les agrumes. Lorsque vous plongez votre nez dans le flacon de Fico di Amalfi, c'est la fraîcheur juteuse du fruit qui vous vient en tête. La figue est ronde et riche, pulpeuse grâce à un accord d'orange, de bergamote, de pamplemousse et de citron finalement assez proche de la pêche jaune. Très vite, la méthylionone apporte sa richesse florale et fruitée, entre la grenadine, la violette et l'iris. Le sillage se poudre légèrement mais reste magnétique pour continuer de vibrer autour du fruit. L'accord de fond est constitué de bois, de thé vert et de muscs blancs à effet duveteux, laissant sur la peau comme une caresse qui fait penser au duvet que l'on trouve sur les fruits comme la pêche et la figue. Le style global serait pour moi un "effet Ellena" traité avec rondeur et subtilité caractéristique des accords de Firmenich, sans savoir si c'en est un.

Vous l'aurez compris, ce qui me plait le plus dans Fico di Amalfi, c'est sa cohérence dans l'évocation d'un fruit juteux et généreux, sans excès de sucre ou d'acidité, laissant sur une peau que l'on imagine bronzée une sensation duveteuse évocatrice de vacances sous le soleil de la Méditerranée d'un bleu profond. Parfait sur une femme comme sur un homme, pendant la belle saison, sa tenue surprend également, tout en faisant preuve d'une fraîcheur lumineuse.

Si trop de monde s'offre une escale à Portofino, sortez des sentiers battus pour quelques figues à Amalfi ! Dur retour à la réalité, je travaille à Paris... vivement les vacances !

mardi 11 août 2009

Philosykos - Diptyque 1996 : de figue et de peau !

Il n'y a pas beaucoup d'accord figue en parfumerie. Les deux chefs de file emblématiques de cette évocation sont Premier Figuier de l'Artisan Parfumeur et Philosykos de Diptyque, tous deux composés par Olivia Giacobetti. Elle le dit elle même, le figuier lui rappelle son enfance et je me rappelle la toute première découverte de Premier Figuier comme d'un moment magique. Il me transportait immédiatement sous un figuier par un après midi d'été, entouré d'une nature fraîche et piquante. Seulement voilà, Premier Figuier reste sur moi trop piquant et légèrement acide sur peau. C'est seulement quelques années plus tard que je découvre Philosykos. Ce dernier semble avoir bénéficié du temps qui passe pour s'arrondir et se policer. En effet, la figue juteuse et légèrement acide de Premier Figuier est ici couverte d'une note cèdrée délicieusement douce et lactée qui masque ce qui était pour moi un léger défaut.

Cet accord introduit la note de blé devenue depuis un signe distinctif des créations de Olivia ainsi qu'une base muscs blancs complexe et riche que je retrouve également dans certaines créations de Christian Louis et même chez quelques Guerlain récents. Cette base aux accents légèrement caramélisés "fonctionne" plutôt bien car elle habille le parfum d'une rondeur duveteuse que j'appelle "daim blond" de la tête au notes de fond. Quelques facettes de Philosykos me font penser à la verdeur d'une huile d'olive fraîchement pressée, qui complète merveilleusement la figue dans l'évocation recherchée. L'équilibre est maîtrisé, et la tenue s'en trouve améliorée.

Philosykos nous emporte dans un paysage de Grèce sec et parfumé : ciel bleu, soleil, maisons blanches, temples, terre jaunie et aride, arbres odorants et mer turquoise, tel un paradis de vacances chargé d'histoire. Ce parfum est plus que jamais dans l'air du temps, annonçant avant l'heure la vague des parfums boisés duveteux et lumineux comme Infusion d'iris, 18 place des Vosges et bientôt Guerlain homme Edp. Son aîné, Premier figuier reste tout de même moins compromissif et pour moi plus proche de ce qu'est le figuier dans la nature. Philosykos ravira ceux qui cherchent une figue plus douce et très "peau".

Ces deux chefs de file méritent de le rester car les nouvelles marques de niche qui veulent toutes "leur" figue n'égalent souvent pas ces deux icônes. Cela étant, j'y reviendrai très bientôt, mais il y a tout de même d'autres belles figues qui me plaisent aussi beaucoup.

Retrouver le parfum de Philosykos dans la une nouvelle ligne pour le corps ainsi que la bougie parfumée. En outre, ce parfum se marie bien avec le gel douche Tahiti Fleur de Tiaré.

mercredi 5 août 2009

Navegar - l'Artisan Parfumeur 1998 : précieuse et furtive cargaison.

Après quelques égarements capiteux, il est bon de retrouver certains parfums. Navegar en fait partie. Même si je n'ai pas le plaisir de la connaitre personnellement, j'aime depuis très longtemps ce que fait Olivia Giacobetti, surtout chez l'Artisan Parfumeur, où plusieurs parfums portent sa signature. A chacun d'entre eux, ce sont des images et des émotions précises et agréables qui surgissent, ce qui est assez rare dans la parfumerie actuelle.

Navegar
raconte un voyage. Ce serait sans doute le retour d'un galion rempli d'une précieuse cargaison après un périple en mer sur la route des épices. Pour décrire et s'imaginer ce que sent Navegar, il faut se projeter dans la cale remplie de citrons verts, d'anis, de gingembre et de poivre de ce galion majestueux et tout de bois vêtu. L'odeur du bois dont est construit le bateau est très présente ainsi que le vernis et le bois ciré. Dans Navegar, cette impression est transcrite par le cèdre et une note de colle. Il reste sur la coque des traces de sable et d'eau de mer. Le floral ozone ou peut être l'hélional apporte une certaine clarté sableuse, salée et marine sur toute la longueur du parfum, lui donnant une dimension qui tranche avec cette charpente épicée, sans tomber dans la lourdeur envahissante de molécules comme la calone de Kenzo Homme. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'approche est très fraîche et transparente, grâce à l'harmonie créée par Olivia entre le pétillement légèrement marin du citron, le piquant du gingembre frais et la douceur du poivre. Cèdre, anis, muscs blancs, peut être un peu de santal apportent la rondeur, et cette note marine souligne la transparence.

Pour tout vous dire, lorsque je l'ai découvert, j'ai cru qu'il s'agissait d'un autre travail autour de la note "figuier", tellement je lui trouve des points communs avec d'autres travaux sur cet accord.

Hélas, Navegar est aussi fragile et fin que les plus belles maquettes de galions en bois. Outre la cale du vrai bateau, il m'évoque aussi le bois, la colle et l'odeur de voiles de ces maquettes de petits galions que l'on monte soi même, comme un heureux souvenir d'enfance. Comme ces maquettes, Navegar est un parfum si délicat qu'il ne résiste pas s'il est bousculé. Il s'efface devant le moindre déodorant un peu fort, le moindre gel douche ou lessive trop couvrant. Il faut le voir comme un parfum de peau et non à sillage, mais il se fait tout de même vite oublier, car même sur les vêtements, on le cherche. A porter les jours où l'on à envie de savoir que l'on est parfumé sans vouloir le sentir ou si l'on cherche autre chose qu'un parfum diffusant. Un coup de coeur dont le voyage olfactif est magnifique, mais vraiment trop court. La cargaison fut précieuse, mais sans doute un peu trop maigre ? C'est dommage car ce parfum me transporte par sa cohérence, son évocation et son originalité, que j'aime retrouver de temps à autre, furtivement.