jeudi 20 août 2009

Dolce & Gabbana Anthology - D&G 2009 : succès de crise bien inspiré ?

La ligne Anthology de Dolce & Gabbana vient tout juste d'arriver et sera lancée dès septembre à grand renfort de publicité. Bien entendu, visuels et communication ont été étudiés de manière à ratisser très large. Il s'agit de 5 créations, dont les noms évocateurs sont inspirés par le tarot. Prudent, je les découvre un a un, sans m'attendre à des miracles de la part de Procter & Gamble (P&G). Bien sûr, je ne m'attendais pas non plus à du grand art, mais, en restant très pragmatique et au regard du prix contenu (entre 52€ et 59€ les100ml), ces 5 accords sont assez joliment travaillés, chacun d'entre eux développant une signature qui sait rester discrète mais que l'on ne manquera pas de remarquer.

Le Bateleur 1 : très mandarine sur les notes de têtes et rappelant la série limitée Hot Play de Lacoste, il évolue ensuite sur des notes de feuille de coriandre à la manière d'un Sécrétions Magnifiques policé ou d'un Boss in Motion sans "motion", pour se fondre dans un accord de bois blancs qui évite l'écueil d'une virilité outrageuse. Fin, frais mais peut être un peu facile et très (trop) propret, j'aime néanmoins beaucoup sa pointe d'anis dans le fond.

L'Impératrice 3 : le sillage, floral tel un lilas lumineux et "fleurs d'eau" est assez joli, il attire par sa rémanence, mais uniquement si je le sens de loin. Car il y a un petit soucis de près et sur peau : je ne peux m'empêcher de penser à ... des moules marinières (oignons, laurier, notes salines et marines) ??. Déroutant, ne faisant pas tellement envie, mais très efficace sur le sillage, je ne sais pas si c'est volontaire, mais je ne sens que cela.

L'Amoureux 6 : si je devais en choisir un, je crois que je serai l'Amoureux. Le plus "Procter" des 5 en apparence, il porte en ses gênes cette signature vanillée douce si caractéristique et tellement efficace des parfums du groupe P&G (Boss Signature, Boss Orange, Lacoste Elégance, The One Homme). Il part sur une envolée de pamplemousse rose bien appétissante et juteuse. Elle s'habille de quelques épices, d'un accord bonbon à la cerise-iris-grenadine rappelant un peu celui de Si Do de Réminiscence. Le fond chypré et un peu poudré est vraiment d'un bel effet rétro sur peau, avec quelques inflexions cuirées plus contemporaines.

La Roue de la Fortune 10 : c'est l'oriental du lot. Tubéreuse, jasmin, notes balsamiques et l'inévitable patchouli-vanille-caramel "à la Angel" confèrent à cette roue de la fortune la formule gagnante dont aura besoin cette gamme pour plaire aux gourmands et gourmandes. Caramel, bois et fleurs... déjà vu. Il en fallait un, pas très original, mais pas trop mal fait non plus. Je l'ai senti sur la peau d'une jeune fille "black" qui pensait plutôt être l'impératrice n°3, ce n° 10 était très fondu sur elle et lui allait bien.

La Lune 18 : joli départ de muguet propre et très classique dans la lignée d'un (aller, j'ose le dire) d'un Beige de Chanel ou de Boss Femme, c'est le plus romantique. Pas tellement interpellé par celui-ci au départ, il cache son jeu, car il est plutôt lumineux dans son sillage de fleurs blanches et dans son évolution. Le coeur et le fond semblent vouloir inscrire dans la tendance un accord que j'aime bien en ce moment : lys, orange, rose, muscs blancs et notes fumées lui donnent une signature proche de Sofia de Bénéfit, mais c'est aussi une signature que l'on trouve dans la dernière Eau de Tarocco de Diptyque. Diptyque, Chanel, il y a pire références.

Cette ligne a donc du bon et du moins bon. Le moins bon est qu'elle marque clairement un point de non retour de la parfumerie moderne en ciblant clairement les "nouveaux relais de croissance" encore possibles : jeunes pas trop riches, fashion addicts pas compliqués, cacoux aimant les marques. Moins bon également, je ne fais plus la différence entre D&G, Hugo Boss et Lacoste. Ils sentent "P&G" et le parfum n'est plus un produit de luxe.
Le plus sympa, c'est la cohérence de l'ensemble, qui utilise les codes du haut de gamme (ligne exclusive), avec des accords qui se tiennent, qui ne sont pas tapageurs, pas si faciles que cela non plus et assez bien exécutés, hormis cette impression sur le N°3 que je ne comprends pas pour ma part. Cette cohérence unisexe permet d'y voir plus clair, de ne pas se laisser influencer par une orientation sexuelle du parfum. Cela permettra sans doute aussi de faire le ménage dans les lancements à répétition de P&G, qui se suivent et se ressemblent, car cette anthologie en reprend l'essentiel, agrémenté d'un travail sur les créations qui aurait pu être pire. Le nom est bien choisi, le prix, comparé à certains lancements de "niche" prétentieux, relativise le tout pour un style de parfums similaire. Avec 20% les jours de promo, un peu plus de 40€ le flacon de 100ml, c'est presque donné dans la parfumerie d'aujourd'hui... C'est pourquoi cet ensemble mérite au moins que l'on s'y penche un instant, ne serait ce que pour sentir les fonds de N°6 et N°18 et savoir que que vous pensez du N°3 qui m'intrigue.

Vous en avez pour votre argent, on ne se moque pas de vous, c'est même plutôt joli dans l'ensemble et parfois créatif. Il me semble que le succès soit assuré, un succès de crise aussi sans doute ?
Disponible partout dès cette semaine.

1 commentaire:

Thierry Blondeau a dit…

Je suis d'accord avec Octavian, la comparaison entre La Lune 18 et Beige de Chanel et Diptyque ne fait illusion que quelques secondes, et sur touche uniquement. Sur peau, il est très proche de Boss Femme et effectivement dans la tendance actuelle d'un Scarlett. Néanmoins, je ne sais pas pourquoi, je trouve ce N°18 assez fin, proche d'une odeur que l'on retrouve dans les gels douche et les shampoings, mais avec un petit quelques chose de vert que l'on trouve dans la nature : une fleur ou une herbe, je ne sais pas, mais cela lui donne un peu de charme, un petit piquant et une certaine finesse qui le distingue du Scarlett en question. Et puis entre nous, lorsque l'on achète 100ml pour 45€ avec 20% de réduc, cela peut parfois faire du bien de "sentir le propre", sans autres considérations.
Sinon, quid du N°3 ? Quelqu'un peut il me dire si cette odeur de "moules au vin blanc et à l'oignon" est un délire de ma part ou bien réelle ? Je suis interloqué.