Enfin ! Il y avait bien longtemps que je n'avais pas senti un parfum qui me procure une réelle émotion et qui parle sincèrement à mes sens : douceur, sensualité, suavité, texture onctueuse et surtout .... du jamais senti.
Francis Kurkdjian excelle dans l'art de partir d'un accord relativement classique, ici une rose sucrée habillée de muscs blancs, pour le faire partir vers un horizon qui lui est propre et lui donner une nouvelle écriture. Habituellement pas tellement fan de cet accord, j'avoue là ma surprise. Fraîcheur pointue et légèrement camphrée de l'élémi, vanille, héliotropine à l'odeur de mimosa, benjoin, baume de tolu et de styrax sans doute, accord miellé cher à Francis et bien sûr, un touche de fleur d'oranger, la trame est dressée. Cèdre et patchouli, bois nobles et ici sélectionnés avec soin appuient l'ensemble et donnent de la chaleur pour habiller ce oud du Laos, sans doute utilisé ici avec parcimonie mais bien présent. Une bonne dose de safran, original et sulfureux en diable, quelques épices, et vous obtenez un oud très doux, très soft, auquel on ne s'attend pas du tout. On aurait presque du mal à croire que s'en est un tant la sensation est tactile, charnelle, sensuelle, voir sexuelle. L'évolution est assez dense, très lisse mais jamais fade, emplie de baumes qui fondent sur la peau et de vanille.
Une bonne surprise, dans l'esprit doux et feutré de Cologne pour le Soir mais très différent tout de même, et j'ai envie de dire...enfin du nouveau ! Le prix, lui, est hélas au firmament !
Illustration : Mario Testino, Maison Francis Kurkdjian.
3 commentaires:
Bonjour Thierry,
Intéressante revue. C'est vrai que l'on a affaire ici à un travail original sur le oud. Ce n'est pas du tout étouffant ou animal comme d'autres parfums étiquetés 'oud', mais plutôt raffiné.
Mais curieusement, ce parfum qui est doux sur mouillette ne l'est pas du tout sur ma peau.
J'ai une impression piquante (notes épicées froides, élémi...), mais aussi quasiment aldéhydée.
En même temps, il y a un côté cocoon intéressant, un effet lait, très léger, qui équilibre le parfum.
Original, donc... en effet.
Je suis complétement d'accord, l'impression sur peau au départ est très piquante, très cuir, très "vrai oud" en fait. Et je crois que c'est ce qui en fait sa qualité propre.
Je le trouve au final digne d'un cuir souple tanné, mais très doux et qui épouse la peau comme un gant.
Un des plus beau oud du marché à mon sens, avec celui de l'Artisan et de The Différent Cie.
Je partage votre impression. Mais il est dommage que le mot "oud" sur le flacon multiplie le prix du flacon par deux voire par trois. Car comme vous dites, "ce oud du Laos, sans doute utilisé ici avec parcimonie" est un euphémisme... Personnellement je ne marche pas dans cette escalade très "image" et fallacieuse. J'ai senti le jus, par curiosité, mais le flacon est resté sur le linéaire.
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