Le jour où je suis allé chercher mon Bois Farine, j'étais non seulement pressé mais également loin de m'imaginer qu'une surprise m'attendait. En effet, à mon grand étonnement et sans vraiment voir venir la chose, la charmante vendeuse de la boutique me dit, très enthousiasmée qu'elle venait de recevoir un petit flacon du futur parfum de l'Artisan, Al Oudh (le bois). Elle s'empresse de me le faire découvrir alors que je n'ai rien demandé. J'accepte volontiers de m'en faire vaporiser un peu sur une touche et un peu sur la peau pour le tester, mais je dois malheureusement m'éclipser sans pouvoir entamer de vraie discussion. En tout cas, je la remercie aujourd'hui pour cette passion communicative. Pendant les quelques heures qui suivent, le parfum m'accompagne et se grave dans ma mémoire.
Un peu déstabilisé par Havana Vanilla que j'ai encore du mal à appréhender, j'étais un peu sceptique, mais dès la vaporisation sur la peau, Al Oudh dévoile une richesse et une noblesse qui me ravit immédiatement. Comme pour les précédents voyages olfactifs racontés par Bertrand Duchaufour et avec la même impression que lorsque j'ai découvert "mon" parfum, Méchant Loup, je perçois une richesse, une écriture, une texture et une histoire qui me plaisent.
Ce parfum m'évoque immanquablement les touaregs qui conduisaient les caravanes du désert chargées d'épices, d'encens, de soie et de résines précieuses. Les toutes premières notes sont épicées et fumées, le cumin marquant d'emblée son empreinte ourlé autour du poivre rose et de la cardamome ; la peau sous le voile n'est pas loin. Ce voile justement, illustré par une série de notes florales telles la fleur d'oranger et le jasmin, comme un écho aux fleurs d'orient et qui apportent une souplesse, comme un voile de soie brodé.
L'encens constitue un pilier pour structurer la charpente de sa note poivrée, minérale et fumée. Sa note "encens" très fidèle à la résine que l'on diffuse dans les temples et églises procure à Al Oudh un effet proche de Serge Noire, sans le copier pour autant.
Ce n'est qu' après avoir laissé passer cette caravane de notes toutes riches et d'un bel effet naturel que le oud s'impose en maître, dans toute sa pureté et toute sa brutalité : oui, il est animal, voire même légèrement fécal, mais Bertrand Duchaufour connait la maîtrise. Il mesure la note pour que jamais cette brutalité ne soit excessive.
Au bout d'une heure environ, le parfum fait une pirouette et s'adoucit grâce aux notes balsamiques. Vanille, myrrhe et fève tonka lissent les parois de ce parfum facetté.
Certains feront remarquer une certaine filiation entre Al Oudh et des créations de Serge Lutens, comme Serge Noire (encens, fumé) ou El Attarine (cumin, épices, notes balsamiques). Ce qui fait la différence selon moi, c'est une volonté de ne pas être aussi radical dans le parti pris, comme pour mieux raconter une histoire et faire défiler des images.
Contrairement à celui de Le Labo, trop fécal à mon gout et moins rond et fumé que Pure oud de By Kilian, Al Oudh semble plus léger, plus aérien, plus complet, les matières défilant les unes derrière les autres de manières très ordonnées, dans un long cortège. Il est aussi plus compromissif que les Lutens, sans succomber non plus à la facilité. Il se différencierait par sa souplesse, qui serait pour moi comme une volonté d'exprimer l'image d'un voile dans le vent du désert et de raconter fidèlement l'histoire qui l'inspire : Al Oudh, sillage de touareg, le oud comme un voile ? Pour les amateurs de cette belle matière, c'est un must.
J'ai immédiatement aimé cette émotion que me procure souvent l'Artisan Parfumeur mais que je n'avais pas ressentie tout de suite avec Fleur de Liane et Havana Vanille. Cette impression d'écriture légère mais riche et de qualité, de belles matières, texturées et nobles. Bertrand Duchaufour excelle dans l'art de faire défiler des images sous notre nez. Dzongkha, Timbuktu et Méchant Loup sont très fidèles à cet esprit; pour chacun d'eux c'est un paysage imagé qui défile : "Chut ! Le livre s'ouvre, la caravane passe, Al Oudh se raconte !"
Nouveau coup de coeur sur une année 2009 vraiment très riche, Al Oudh est disponible le 20 Novembre, en 100ml uniquement pour un prix qui ne sera pas plus élevé que les autres eaux de parfums, soit environ 100€. Je vous invite également à lire l'avis de graindemusc, qui vient tout juste d'être publié.
Un peu déstabilisé par Havana Vanilla que j'ai encore du mal à appréhender, j'étais un peu sceptique, mais dès la vaporisation sur la peau, Al Oudh dévoile une richesse et une noblesse qui me ravit immédiatement. Comme pour les précédents voyages olfactifs racontés par Bertrand Duchaufour et avec la même impression que lorsque j'ai découvert "mon" parfum, Méchant Loup, je perçois une richesse, une écriture, une texture et une histoire qui me plaisent.
Ce parfum m'évoque immanquablement les touaregs qui conduisaient les caravanes du désert chargées d'épices, d'encens, de soie et de résines précieuses. Les toutes premières notes sont épicées et fumées, le cumin marquant d'emblée son empreinte ourlé autour du poivre rose et de la cardamome ; la peau sous le voile n'est pas loin. Ce voile justement, illustré par une série de notes florales telles la fleur d'oranger et le jasmin, comme un écho aux fleurs d'orient et qui apportent une souplesse, comme un voile de soie brodé.
L'encens constitue un pilier pour structurer la charpente de sa note poivrée, minérale et fumée. Sa note "encens" très fidèle à la résine que l'on diffuse dans les temples et églises procure à Al Oudh un effet proche de Serge Noire, sans le copier pour autant.
Ce n'est qu' après avoir laissé passer cette caravane de notes toutes riches et d'un bel effet naturel que le oud s'impose en maître, dans toute sa pureté et toute sa brutalité : oui, il est animal, voire même légèrement fécal, mais Bertrand Duchaufour connait la maîtrise. Il mesure la note pour que jamais cette brutalité ne soit excessive.
Au bout d'une heure environ, le parfum fait une pirouette et s'adoucit grâce aux notes balsamiques. Vanille, myrrhe et fève tonka lissent les parois de ce parfum facetté.
Certains feront remarquer une certaine filiation entre Al Oudh et des créations de Serge Lutens, comme Serge Noire (encens, fumé) ou El Attarine (cumin, épices, notes balsamiques). Ce qui fait la différence selon moi, c'est une volonté de ne pas être aussi radical dans le parti pris, comme pour mieux raconter une histoire et faire défiler des images.
Contrairement à celui de Le Labo, trop fécal à mon gout et moins rond et fumé que Pure oud de By Kilian, Al Oudh semble plus léger, plus aérien, plus complet, les matières défilant les unes derrière les autres de manières très ordonnées, dans un long cortège. Il est aussi plus compromissif que les Lutens, sans succomber non plus à la facilité. Il se différencierait par sa souplesse, qui serait pour moi comme une volonté d'exprimer l'image d'un voile dans le vent du désert et de raconter fidèlement l'histoire qui l'inspire : Al Oudh, sillage de touareg, le oud comme un voile ? Pour les amateurs de cette belle matière, c'est un must.
J'ai immédiatement aimé cette émotion que me procure souvent l'Artisan Parfumeur mais que je n'avais pas ressentie tout de suite avec Fleur de Liane et Havana Vanille. Cette impression d'écriture légère mais riche et de qualité, de belles matières, texturées et nobles. Bertrand Duchaufour excelle dans l'art de faire défiler des images sous notre nez. Dzongkha, Timbuktu et Méchant Loup sont très fidèles à cet esprit; pour chacun d'eux c'est un paysage imagé qui défile : "Chut ! Le livre s'ouvre, la caravane passe, Al Oudh se raconte !"
Nouveau coup de coeur sur une année 2009 vraiment très riche, Al Oudh est disponible le 20 Novembre, en 100ml uniquement pour un prix qui ne sera pas plus élevé que les autres eaux de parfums, soit environ 100€. Je vous invite également à lire l'avis de graindemusc, qui vient tout juste d'être publié.
9 commentaires:
Cette article est interressante.
Merci des explication.
Karim
Oui, le parfum aussi est intéressant et à découvrir dès qu'il sera disponible. Un "oud" qui sera sans doute plus facile à adopter que d'autres.
J'adore les ouds, mais malheureusement Serge Noire m'a ete importable a cause de la forte dose de cumin, et votre comparaison a ce parfum-la me fait craindre le pire. Je supporte assez bien le cumin dans El Attarine et Aziyade, pensez-vous que le cumin dans Al Oudh est suffisamment bien melange avec d'autres ingredients pour lui eviter les relents d'odeur corporel incommodants?
Bonjour Cazaubon, cela fait maintenant plus d'un mois que j'ai senti Al Oudh, mais de mémoire, le cumin était bien présent, comme dans Serge Noire. Ce qui m'étonne dans vos propos, c'est qu'El Attarine en contient à mon sens encore plus. Un Oud traité en soliflore ne va pas sans quelques inflexions sur des notes assez brutales voire même légèrement fécales : à titre d'exemple extrême, celui de Le Labo me fait littéralement pensé à une andouillette fumée, et son odeur de tripes qui va avec... il y a plus flatteur non ? Dans Al Oudh, ces notes sont présentes mais maitrisées et agissent en sourdine, comme pour soutenir la structure naturellement animale du "oud" sans être trop incommodantes. Al Oudh est un parfum qui selon moi variera beaucoup d'une peau à l'autre, du fait de sa structure facettée et de la nature même des matières premières utilisées, dont le oud et certaines épices qui évoquent les odeurs d'une peau chaude et "vivante",et peuvent donc être parfois incommodantes pour certains, il est vrai. Le mieux sera de le tester. Ma propre expérience avec un autre parfum de l'Artisan, Fou d'Absinthe, est l'exemple d'une bonne surprise. Sur touche, je n'aimais pas du tout son évolution, sur peau, c'est une merveille ronde et chaleureuse qui se dévoile, et ce sont bien les épices qui y contribuent.
Le Méchant loup m'a convaincu d'aller sentir Al Oudh !
Nous avions pu échanger quelques avis, notamment sur le Vétiver et Encre noire (Corto).
Après m'être finalement lassé assez rapidement de la création Lalique, je me suis tourné vers un parfum dont le coeur est, avec le vétiver, le bois de oud: M7 d'YSL, que je trouve particulièrement intéressant.
Al Oudh s'en rapproche-t-il ?
Bonjour Yanis. Même si le contraste "résineux" / oud est bien présent dans Al Oudh, il serait plus proche de Serge Noire, avec quelques épices plus douces et un fond plus "animal" typique du bois de oud. Je ne le trouve pas proche de M7, mais cela n'engage que moi.
Relativisons tout de même, car je l'ai senti il y a maintenant plus d'un mois. J'ai donc hâte de le sentir à nouveau dans son flacon définitif.
Je trouve qu'il ressemble étrangement à 'Kingdom' d'Alexander McQueen, en plus subtil biensûr, qu'en pensez-vous?
Kida, votre remarque est intéressante et bien fondée. L'effet de ressemblance est sans doute dû à la présence de cumin et à une structure rose-agrumes commune. Pourtant, les matériaux ne sont pas du tout les mêmes,et il n'y a point de Oud dans Kingdom, qui reste bien lisse en comparaison. Al Oudh est plus subtil, plus riche, plus oriental et plus complexe dans sa construction. Il se suffit à lui même et ne ressemble même pas aux autres ouds : pour moi, il sent les tissus de ses voiles imprégnés des fleurs et épices de leurs voyages. Un parfum "difficile" mais très beau. Qu'en avez vous pensé ?
Salut j'en ai un il est pas mal (Oud et Musc)
Enregistrer un commentaire