mercredi 30 juin 2010

Berlin : unter den linden, tilleuls au vent.

Après un petit spleen la semaine dernière, ce n'est pas le court séjour à Berlin qui me redonnera le moral concernant les lancements et la présence des parfums sur le marché : je rejoins l'avis de Grain de Musc, trop c'est trop et un constat s'impose d'autant plus au retour. Primo, certaines marques n'ont rien à faire en parfumerie que de n'être vendues qu'en supermarché, occupent une place importante dans les rayons des magasins et empêchent à certaines créations d'émerger, d'autres marques proposent trop de produits avec des qualités et un intérêt très varié, créant ainsi une discordance dans leur proposition, leur discours et leur image. Secondo, il doit y avoir du blanchiment d'argent dans les lancements de certaines marques de niche, qui émergent de nulle part avec 20 nouveautés d'un coup dont certaines sont intéressantes et d'autres beaucoup moins mais franchement, à quoi ça rime ? Qui prend le temps de sentir 20 parfums d'un coup ? Ou alors elles servent de laboratoire d'idées ? Pour ma part, en 5 snifs, j'en avais marre à tel point que je n'ai même pas retenu le nom de la marque.
Un autre constat : combien d'imitations de Le Mâle pour hommes, combien de fougères épicées dihydromyrcenolées ? Combien de muguets girly fruity qui se ressemblent tous ? Non franchement, il faudrait du ménage, et très vite ! Mais bon, puisque elles sont là, c'est qu'il doit y avoir des clients ?

Unter den Linden (sous les tilleuls) :
Passons maintenant à un brin de sensations agréables. De Alexander Platz à Kreuzberg, du Ku'dam à Prenzlauerberg en passant par la fameuse allée Unter den Linden, véritable poumon vert en plein coeur de la ville connu pour ces nombreux tilleuls qui lui ont donné son nom, Berlin, en cette saison et sous un magnifique soleil d'été, embaume les tilleuls. Au départ, on a un peu l'impression que la ville sent le shampoing mais que nenni, c'est bien l'odeur naturelle qui se diffuse partout. Le tilleul peut en effet sentir le propre, le shampoing ou la lessive, mais il présente aussi des contours de miel, de fruits exotiques, de peau chauffée au soleil et de vanille parfois. Je trouve en outre son parfum très féminin et très doux. C'est une odeur que j'adore depuis mon plus jeune age, car elle me rappelle la campagne, le jardin du Palais royal à Paris et beaucoup de souvenirs.
Pourtant, peu de parfums l'ont osé avec bonheur. C'est pourquoi j'ai choisi une petite sélection des plus beaux parfums où le tilleul marque son empreinte.

Narciso Rodriguez For Her Musc Collection : hélas série limitée disparue depuis l'an dernier, ce parfum était celui dont l'odeur se rapprochait le plus fidèlement de celle que je sentais dans l'air berlinois. Incontestablement un des plus beau tilleul jamais senti, très fidèle à la nature, même s'il n'en donne pourtant pas l'impression. Dommage qu'il soit discontinué.

Close de Gap : petite merveille à petit prix, que l'on aurait tort de ne pas vouloir connaître. Ce parfum me redonne le sourire, car il prouve qu'il existe bien de jolies créations très grand public quand les directions artistiques, les marketeurs, les parfumeurs et les économistes se parlent et se comprennent. Un parfum international intelligent, un tilleul léger et tout doux, presque doudou et jamais senti de manière aussi aboutie. Il ne faut pas passer à coté.

L'Eau du Ciel d'Annick Goutal : celui-ci me semble plus abstrait, plus travaillé aussi mais pour le coup moins fidèle au parfum naturel du tilleul. Esthétisé autour de notes de foin coupé et de bois blancs, il n'en reste pas moins évocateur de moments champêtres, lorsque l'on sirote un verre de rosé au fond du jardin avec quelques amis. A redécouvrir et à adopter, un tilleul d'artiste.


Champs Elysées de Guerlain : même si c'est plutôt le mimosa qui est en son centre, le tilleul joue un rôle important dans la structure de Champs Elysées. Un floral pétillant, qui joue avec les facettes vanillées du mimosa et du tilleul. Il s'orne d'autres fleurs plus piquantes pour évoquer une féminité joyeuse. J'aime beaucoup ce parfum et une balade dans Berlin m'a donné envie de le sentir à nouveau.

Tilleul
des parfums d'Orsay : fidèle à la nature et surtout pionnier du genre, c'est le plus miel de tous, mais je le trouve un peu trop "brut". A redécouvrir rien que pour la note.

Pour la maison, l'odeur la plus fidèle est la bougie Tilleuls au vent de l'Artisan Parfumeur. Je l'ai fait brûler ce matin. "Coucou Thierry, tu es rentré !" J'avais juste oublié !

Pour ce court séjour, le parfum qui m'a accompagné était Fumerie Turque. Vous me croirez ou non, mais même pas temps chaud, c'est une petite merveille. J'ai bien aimé Kreuzberg, comme par hasard ?

Ilustration : Lovis Corinth, Berlin - Unter den Linden.

jeudi 24 juin 2010

Il y a des jours comme ça !

Il ya des jours comme ça, où l'on se sent pensif ! On aurait juste envie d'être le roi du monde, d'avoir le salaire d'un joueur de foot pour pouvoir s'offrir tous les parfums que l'on aime, sans compter, et leur offrir une pièce dédiée comme un écrin digne de leur qualité.

Il y a des jours où l'on se dit que découvrir des nouveautés c'est bien, qu'avoir des coups de coeur "mainstream" est sympathique et qu'il en faut pour toutes les bourses et tous les goûts, mais où quelque chose vous dit que le parfum, ce n'est pas que cela.

Il y a des jours où l'on se rend compte que l'importance du choix mais surtout de la qualité des matières premières utilisées dans un parfum vous fait oublier tout effet de style et de volonté de rendre le parfum faiblard, diaphane et propre.

Oui, il y a des jours où l'on rêve de roses charnues aux pétales veloutés, de jasmins crémeux aux inflexions de cuir et de goudron, d'ambres capiteux et riches et de leur notes d'encens, de patchoulis noyés dans les résines et les notes baumées de vanille et de benjoin où les mousses les plus denses. Vous rêvez d'épaisseur, de fondu, de générosité, vous rêvez d'Orient, de palais et d'immenses étendues de désert où le sillage de ces parfums riches ne paraîtra jamais trop lourd sous la chaleur ambiante. Les résines ayant la particularité de fondre sous la chaleur, elles feront de même sur la peau. Plus un parfum est riche, moins vous en utiliserez, car souvent, quelques gouttes suffiront. Point de vapo, point de flacon "design", juste du parfum et la gestuelle. Tout, dans la mesure, le dosage, la finesse.

Alors quand je redécouvre Sarrasins, Cuir Mauresque, Amber Absolute, Patchouli 24, l'Eau Noire, Sable, Ce soir ou jamais, Flora Nérolia, quand je porte la rose ou le jasmin que j'ai créés pour des proches, je me rends compte que la matière, quand même, quand il y en a, c'est juste, simple et beau. Et je me prends à rêver que si j'avais les moyens des rois de ce monde, je pourrais m'offrir tous ces parfums à bien plus de 100€ sans retenue et mettre sur le marché moi aussi, sans idée de rentabilité, mes propres créations, juste pour le plaisir. Vous aimeriez peut être. Doux rêve !

Il y a des jours comme ça... !

Illustration : Hédi Slimane et Robert Cattan.

lundi 21 juin 2010

Quelques nouveautés deci-delà, bla, bla, bla !

Pas très inspiré en ce moment le Méchant Loup, alors pourquoi ne pas passer en revue quelques nouveautés ? Ca fait du bien de se défouler un peu !

Pour Femmes :

Flower Party de Yves rocher - coeur de pirate : tutti fruity avec ses notes de pamplemousse, de grenadine et de fleur de sureaux, il évoque exactement un bonbon à la fleur qu'il se veut reproduire sur le flacon. A moins de 15€ le 25ml en ce moment, franchement, on ne se moque pas de vous. Le flacon et le concept global sont sympas, aussi tendre et sucré que la voix de coeur de pirate.

Escale aux Marquises de Dior - Retour en Italie ! un départ très agrumes et donc très cologne qui fait illusion mais ne dure que quelques secondes le temps de vous appâter. S'en suit une succession de notes proches du jasmin, de la fleurs d'oranger et un accord gourmand franchement ennuyeux, presque "sac plastique". En outre, à quoi cela sert-il de revendiquer l'usage de matériaux aussi coûteux que beaux comme l'absolu de fleur de tiaré et le benjoin quand leur présence est si discrète ? Vraiment, il valait mieux mettre cette dépense ailleurs. Si une escale aux Marquises est aussi excitante que ce parfum, je n'ai qu'une envie : retour illico à Portofino.

SJPNYC - Maouss cocktails 1 : essjipienneouaiisii, tutti fruity girly sweety, tout petit petit alibi ! Carrie Bradshaw est sûrement plus habile pour marcher en Jimmy Shoo et pour donner des conseils sur la vie de couple que pour faire du parfum quand elle redevient Sarah Jessica Parker. Un cocktail fun, coloré, vivant et pétillant, mais pourquoi les matières de ses parfums ne sont elles pas aussi belles que celles de ses robes ? Big, si élégant et raffiné, aime t il vraiment ? Allez Sarah, la prochaine fois, plus sérieusement, on fait un petit effort, c'est pas plus difficile qu'une journée en Louboutin !

Amor Amor Delight - Maouss cocktail 2 : l'autre jour en faisant mes courses, je suis tombé sur un cocktail de fruits multi-vitamines, du jus d'orange et de l'ananas avec une touche de sirop de fraises. Appétissant, mais vous savez quoi, je n'étais pas chez Monop'. J'étais devant Amor Amor Delight chez Sephora. Ne m'en voulez pas les filles, mais ce cocktail, je préfère le boire !

Maouss cocktail 3, car il y en avait un autre, mais moins cher et plus pétillant encore : l'Eau de Paradis de Yves Rocher. L'originalité ? La mangue, et elle y change beaucoup.

Lullucastagnette 20h15 et 0h10 - Indigestion : pour relancer et valoriser une marque "oubliée", il y a ce qu'il est bon de faire, cf l'article précédent sur Jacomo, et ce dont on se passerait bien. Là franchement , avec ce bouquet de fleurs blafardes à 20h15 vous vous ennuyez et avez faim. A 0h10, elle a plombé l'ambiance, vous faites une overdose de sucre et vous n'en pouvez plus, l'indigestion vous gagne. Non vraiment, sérieusement, vous en avez vraiment besoin ?

Pour Hommes :

Aqua Verde de Azzaro - what's the problem ? Au premier abord on se dit c'est pas trop mal mais ça rappelle vaguement quelques chose ! Vous n'en démordez pas jusqu'à ce qu'une illumination apparaisse. Derrière cette verdeur vive, aromatique, métallique, fraîche et boisée chaude se cache le spectre d'un autre parfum pour homme à succès : Platinum Egoiste. Le problème est sans doute que monsieur Polge n'aurait pas dû laisser l'original sur la photocopieuse, c'est quasiment du copié-collé. Je ne dénonce pas, j'informe.

Verdon de l'Occitane - vent de fraîcheur naturel : bon, ok, là c'est franchement pas mal. Une fraîcheur de menthe glacée vivifiante et tonique dès les premières effluves, et cet effet dure longtemps avec une belle finesse qui finit sur des bois clairs très discrets. Mais je me demande alors : si je considère le discours de l'Occitane, 100% naturel et bla bla bla, comment doit je considérer les ainés de ce Verdon ? J'aimais déjà beaucoup la note menthe dans Aqua Marine de Bulgari et le départ vivifiant de Azzaro Aqua en 2009, ainsi que le gel douche Criste marine du petit marseillais. Par déduction et vue la ressemblance, ils doivent être tout aussi "naturels" alors ? Ah, le marketing et la tendance, on y coupe pas !

Come 2 Me de Garou - fôret noire : que dire de ce monsieur quand il se lance dans la direction artistique d'un parfum ? Tout d'abord un constat : il doit avoir vécu en Allemagne, il aime la Forêt Noire (le gâteau) et il tente de se lancer dans le remix. Come 2 Me (le parfum de Garou) réunit à peu près tout ce qui marche : on y trouve pelle mêle Le Mâle, Allure Homme, Black XS, 1 Million, Bulgari Black, Fourreau Noir, Vents et Marées de Molinard etc... mais il rappelle alors un autre parfum qui n'a pas vraiment marché en utilisant la même recette : Pure Lavender de Azzaro. De plus, si vous voulez vous faire une idée de ce que sent le dihydromircenol, sentez ce parfum, il en est bourré... Hélas, trop c'est trop, car entre ce remix agrémenté d'une génoise de chocolat noir, de crème chantilly à la vanille et la surdose de coulis de cerises noires, ce parfum d'un esprit très germanique fait un peu l'effet d'une walkyrie. Il balance tout puis ralentit, car l'évolution sur peau n'est pas si désagréable (elle est même assez douce et entre nous plus supportable que 1 Million), mais il faut tout de même digérer un certain vacarne ambiant. Monsieur Garou, directeur artistique ok, mais dans la chanson, uniquement la chanson s'il vous plait !

jeudi 17 juin 2010

Un concours en appelle un autre ! Et...

Un concours ... le gagnant ou la gagnante du tirage au sort Jacomo est :
J'ai le plaisir de vous annoncer que le gagnant ou la gagnante des 3 échantillons Jacomo est : anonyme. Le tirage au sort en a décidé ainsi. Anonyme, je vous remercie donc de bien vouloir me faire parvenir vos coordonnées par mail sur olfactorum@gmail.com afin que je vous les fasse parvenir. En revanche, si vous tenez absolument à conserver l'anonymat, je le comprendrais mais dans ce cas, merci d'ajouter un message sous cet article pour que je puisse remettre les échantillons en jeu et en faire profiter une autre personne. En tout cas, félicitations.

En appelle un autre ... un an de parfum Ego Facto à gagner !
Et comme un concours en appelle un autre, Pierre Aulas, directeur artistique et créateur de la marque Ego Facto souhaiterait mieux faire connaître la marque et ses créations comme Poopoo Pidoo, Me Myself and I, Piège à filles, Jamais le Dimanche etc.
Il nous a donc contacté pour nous proposer de vous offrir la possibilité de gagner un an de parfums Ego Facto pour les 5 plus belles déclarations d'Ego ou des échantillons de 10ml pour les 100 suivantes en participant au concours sur le site ci-dessous.

Je n'ai pas trop l'habitude de faire cela mais comme Pierre Aulas est quelqu'un de vraiment sympathique, que j'aime bien certains parfums Ego Facto (mais pas tous), que les visuels de la marque sont plein d'humour, que Jamais le Dimanche a remporté le prix du meilleur parfum masculin lors du prix de la Fragrance Foundation et qu'en plus je trouvais qu'un concours s'intégrait bien dans la thématique des résultats que j'annonce ce jour, je n'ai pas refusé sa proposition. Et pour vous, il y a en plus un beau lot de parfums en jeu, ce qui ne se refuse pas trop non plus ! Prenez l'inspiration, à vos clics, le concours se déroule du 17 au 28 Juin 2010. Bonne chance à vous !

Pour participer, cliquez et répondez sur le lien suivant : concours Ego Facto.

Et, un petit sondage ...
J'aimerais juste poser une petite question pour ma part : sauriez vous dire quelques mots sur ce que serait pour vous, une rose Ego Facto ? Utopique ou réaliste ? Homme, Femme ? Rouge, noire, rose, jaune, blanche ? Transparente, sombre, légère, opulente, sucrée, acidulée ? J'ai mon idée sur la question mais si vous vous sentez inspirés, ce serait sympa d'avoir d'autres regards et de savoir ce que vous en pensez. Alors n'hésitez pas à commenter ! Merci d'avance.

samedi 12 juin 2010

Jacomo Art Collection - Jacomo 2010 : creative commons.

Cinq lettres : b.r.a.v.o ! Là, je m'incline... ils ont tout compris chez Jacomo ! Habitué à trouver les flacons de la marque dans les retail shops bien timides aux cotés de marques plus visibles, je dois dire que là, je suis bluffé !
Bluffé par le concept, l'association avec de vrais artistes ayant une esthétique épurée et lisible, impressionné par la cohérence des graphismes, des couleurs du packaging, par la forme et la texture du flacon, et enfin... par la cohérence de ce qu'il y a à l'intérieur. J'y suis allé à reculons comme souvent mais j'ai du me rendre à l'évidence, ce concept émettait de bonnes ondes, qui furent confirmées à la découverte des parfums. Ils représentent aujourd'hui exactement ce qui me plait en mainstream : un concept pensé dans son ensemble, du plus petit détail de graphisme à ce qui se trouve l'intérieur du flacon.

Explorons les univers :

Art Collection 02 - Cecilia Carlstedt : exquise.
Je n'irai pas par quatre chemins, c'est celui que je préfère et je vous dirais pourquoi après. Une délicieuse note de pâte à modeler playdoo vous envahit dès les premières effluves. Elle apporte une identité forte et une véritable signature gourmande et régressive, jamais sentie à ce point. Seule ? Bien sûr que non, j'aurais détesté. Elle s'enrichit d'une belle infusion de vanille, de noix de coco, de café, et de fève tonka grillée. Le patchouli, grand maître du sillage, lui confère de la profondeur et une certaine élégance, qui lui évite l'écueil du trop sucré. Enfin, une note de styrax et de cuir velouté (sudéral?) permet au parfum de se fondre sur la peau avec noblesse. Je trouve à cette friandise à la pâte d'amande des airs de DoRé de Réminiscence, de Tonka Impériale de Guerlain et de tabac blond Amsterdamer. Alors, pourquoi je l'aime ? Parce que j'adore toutes ces notes de tabac, de cuir et de pâte d'amande gourmande, et sur la peau, l'effet "moka" est très original. "Chérie, tu voulais le porter ? Désolé, celui là, il est pour moi !"

Art Collection 08 - Daniel Egnéus : zen.
Jouant sur la mixité lui aussi, c'est une sensation zen qui s'installe : le maté y est sans doute pour beaucoup car Art Collection 08 joue le thé sur un registre très velouté. Une impression de douceur piquante de rose et de tubéreuse, d'épices qui piquent comme dans une infusion bienfaisante, quelques accents de pruneaux et un accord dit "de lait" pour se fondre à la peau dans les muscs blancs. L'ensemble laisse une sensation douce, crémeuse, épicée et fumée soulignée par la présence du thé tout au long de l'évolution du parfum. Certains aspects peuvent rappeler Tea for Two chez l'Artisan, en plus rond, plus doux et velouté. D'autres pourront retrouver avec délectation la délicieuse sensation de lait chaud du Feu d'Issey, ou même encore le maté-tubéreuse que j'aime beaucoup dans La Lune 18. Bref, que du beau !

Art Collection 09 - Stina Persson : pétillante.
Femmes de tous pays unissez vos forces et jouez du bouche à oreille pour faire connaitre cette petite merveille ! Compagnon rêvé de la femme qui veut séduire, ce parfum est construit sur des notes pointues faites pour attiser la curiosité des hommes : quand je sens de la baie rose, une mangue juteuse, du citron acidulé et de l'orange piquante, celle qui le porte appelle le jeu ; sans ambiguité, elle attire d'un regard pétillant de malice! La praline et la cannelle deviennent des armes pour coller à la peau et séduire la proie. Enfin, la vanille, l'ambre et un patchouli tout léger la capture, définitivement. Légèrement vert et vintage, le sillage est pétillant, vif, espiègle. Certains aspects rappellent des fleurs que l'on croise souvent en ville, sans réussir à identifier lesquelles : trèfles, troènes, tilleul ? Art Collection 09 est aussi pointu que des talons aiguille de celle qui le porte. Un vrai parfum de séductrice. Moi, en tout cas, je la suis ! "Chérie, porte le s'il te plait, please !!"
Ce concept montre que l'on peut ressortir une marque de l'ombre et de l'oubli avec un concept original, une réflexion poussée sur l'identité et le graphisme et surtout avec des choix olfactifs qui se distinguent, même dans un marché saturé. Le tout, sans être forcement trop élitiste et sans se moquer des gens. C'est un bel exemple de ce qui devrait être fait plus souvent, avec un circuit de distribution adapté, car je regrette à ce jour une diffusion trop limitée. Vous remarquerez également que le prix, lui aussi, sait rester tout doux.
En bref, c'est mon véritable coup de coeur de l'année, et je lui souhaite un minimum de succès qui serait mérité.

Pour l'ensemble de cette créativité mise en commun, je dis juste bravo !

Les 3 parfums Jacomo Art Collection sont disponibles sur le site : www.jacomo.com et dans les parfumeries Beauty Succes.

Gagnez les 3 échantillons après tirage au sort si vous laissez un commentaire.

Illustration : Stina Persson, Cecilia Carlstedt et Jacomo.

jeudi 3 juin 2010

Interview : Frédéric Malle et Maurice Roucel parlent de Dans tes bras.

Dans tes bras est sans doute le parfum qui m’a le plus ému ces derniers temps. C’est pourquoi l’idée m’est venue de demander aux deux acteurs de sa composition d’en dire quelques mots. Frédéric Malle et Maurice Roucel ont accepté de jouer le jeu. Ils vous en parlent aujourd’hui et je les en remercie grandement.

Comment vous êtes vous rencontrés ? Qu’est ce qui vous a plu dans le fait de travailler ensembles sur ce parfum très intimiste ?

FRÉDÉRIC MALLE : alors consultant à l’époque, je parlais secrètement de mon idée des éditions de parfums et ne souhaitais surtout pas trop ébruiter le projet quand j’en discute à mi-mots avec Pierre Bourdon. C’est dans ce contexte qu’il me suggère d’appeler Maurice Roucel. Celui-ci me propose alors un travail amorcé pour une autre marque, mais refusé. Pourtant, séduit, j’ai comme envie de creuser l’idée de cette proposition. Nous retravaillons très légèrement cette étude qui donnera naissance à Musc Ravageur. Débute alors une collaboration très complice.

MAURICE ROUCEL : après un premier travail sur Musc Ravageur où Frédéric a seulement souhaité ajouter un peu de bergamote à ma première proposition, le projet de Dans tes Bras m’a plu. Comme Frédéric connaît bien le métier du parfum, qu’il est très professionnel et sait là où il veut aller, et comme l’enjeu est vraiment créatif, sans empreinte marketing, je trouve génial de collaborer avec lui, c’est un vrai plaisir.

Comment se passe votre collaboration, comment travaillez- vous ensemble ?

FRÉDÉRIC MALLE : nous posons d’abord les grandes lignes du sujet, je retiens une proposition puis nous travaillons longuement sur l’ajustement, de manière à approcher le plus possible ce que je souhaitais au départ.

Dans tes bras est le parfum qui m’a le plus ému ces derniers temps. Quelle était l’idée de ce parfum, une femme, un homme, un moment ?

FRÉDÉRIC MALLE : l’idée était de recréer le moment où je me retrouve seul avec ma femme dans une sensualité tendre.

MAURICE ROUCEL : avant qu’il n’ait un nom, l’idée était de créer un musc charnel, sensuel, confortable, luxueux, intimiste.

C'est donc un parfum très intimiste, presqu’impudique ?

FRÉDÉRIC MALLE : oui, en effet.

MAURICE ROUCEL : rien à ajouter, c’est évident.

Travailler ensembles, c’est source d’humour, de complicité mais j’imagine aussi que vous parlez beaucoup des femmes, de sensualité, voire même de sexualité ?

FRÉDÉRIC MALLE : oui, bien entendu. Quand j’ai senti la première proposition de Maurice pour Musc Ravageur, j’avais l’impression d’être devant « une fille nue ». Nous avons donc atténué cet effet, mais si peu, pour le rendre plus « portable ». En outre, il faut bien avouer qu’il n’y a pas un grand parfum à succès sans notes à forte connotation sexuelle. Que serait Eau Sauvage sans cumin et sans cuir ? Que serait l’Air du temps sans notes musquées ? Et ne parlons pas de Shalimar ! Bien sûr que cela fait partie de notre langage et des sujets que nous abordons.

MAURICE ROUCEL : je partage entièrement cet avis, pour faire un bon parfum, un vrai, il faut aussi maîtriser les notes un peu « sales » aux tonalités sexuelles, animales. Et comme les matières premières animales sont interdites, le défit aujourd’hui est de trouver les fleurs, plantes ou autres qui présentent ces inflexions. C’est difficile, surtout dans un marché qui veut de plus en plus sentir le propre. Un parfum très musqué comme Dans tes Bras ou même un Femme de Rochas, où le cumin joue un grand rôle, sont un peu des OVNIS aujourd’hui. C’est pourquoi de tels projets sont des occasions de se lâcher un peu et de donner libre cour à un peu de vraie sensualité.

Qu’est ce qui a permis d’approcher d’aussi près l’odeur de peau chaude, de femme, de drap ? Avez-vous découvert une matière miracle ou c’est un jeu de composition ?

FRÉDÉRIC MALLE : nous avons travaillé à 4 mains avec Maurice et sa connaissance des matières nous ont permis d’approcher cet effet. Il en parlera mieux que moi mais je sais que les ionones, les salicylates, et quelques notes florales (violette, angélique) approchent cet effet.

MAURICE ROUCEL : c’est un jeu de composition qui me rappelait un peu ce que voulait faire Helmut Lang pour son premier parfum : l’odeur des draps après une nuit passée avec son ami. J’ai aimé ce travail autour de matières comme la muscenone par exemple, un musc doux et sensuel. Pour recréer l’odeur de la peau, c’est magnifique. Je me suis inspiré de ce premier travail sur une odeur de peau pour Dans tes bras.

Maurice, en effet, je trouve vos parfums en général très «parfums de peau ». Vous appuyez vous sur des études sur les odeurs de peau et si oui, ceci vous est il précieux dans votre travail ?

MAURICE ROUCEL : ces études existent mais elles ne me servent pas. Je préfère travailler de manière plus empirique avec mes clients et trouver la bonne matière pour le bon effet que de jouer à mettre de la phéromone sensée attirer le sexe opposé par exemple. Pour moi, tout est dans le dialogue, la psychologie et le ressenti qui s’installe entre le client et moi. Par exemple, j’apporte les matières qui m’évoquent ce qui est « peau » ou « sexe », le client valide ou non, afin de rester sur la même longueur d’onde. Dans tes bras en est donc un bon exemple.

Y a-t-il du Papyrus, du Narcisse pour créer cet effet dans Dans tes bras ?

MAURICE ROUCEL : non, ni l’un ni l’autre. Mais on pourrait le penser en effet car le narcisse est une des notes les plus sexuelle que je connaisse, c’est assez exceptionnel pour remplacer certains muscs animaux interdits entre autre.

Et le mystérieux cashmeran. Comment décririez vous l’un des principal composant de ce parfum ?

FRÉDÉRIC MALLE : c’est une matière formidable, que nous pouvions nous offrir car elle est assez chère, et un coup de cœur, de Maurice et de moi-même. Très complexe, je laisserai Maurice la décrire mieux que moi.

MAURICE ROUCEL : le Cashmeran est une note boisée complexe, qui présente plein de facettes, sylex, épices, cuir, cire, patchouli. Il agit sur un parfum de la tête au fond, c’est intéressant et fascinant.

Quelles ont été les étapes difficiles à franchir, les difficultés techniques sur ce parfum ?

FRÉDÉRIC MALLE : sur ce projet, j’étais très exigeant et je suis resté intransigeant sur l'idée. J'ai tenu, comme toujours, à maintenir cela coûte que coûte, même si je dois retarder la commercialisation d’un parfum. La phase d’ajustement de Dans tes Bras a été particulièrement longue. En outre, c'est aussi pour cela que mes parfums peuvent mettre des mois à sortir.

MAURICE ROUCEL : comme je le disais plus haut, le projet, sans nom au départ, était de créer un parfum très musqué, très sensuel, confortable, avec une ouverture boisée et en utilisant le cashmeran. Pour la tête du parfum, j’ai choisi de partir sur une note de violette verte et puissante qui agirait comme une ouverture et représenterait les deux bras qui s’ouvrent. Du jasmin sambac, proche de la fleur d’oranger apporte la douceur et la sensualité. Ensuite, l’idée était de jouer sur ces matières pour donner l’envie de se lover dans le parfum. Ce fut un challenge de trouver le bon équilibre entre les muscs, les ionones et les salicylates.

Cette phase d’ajustement est donc plus longue que celle qui consiste à définir le projet ?

FRÉDÉRIC MALLE : c’est très variable. En tout cas, c’est souvent plus difficile avec un parfum floral, où l’on peut tomber facilement dans le caricatural, le shampoing ou le propre, ce que je veux éviter. En outre, quand l’idée est aussi forte que celle de Dans tes bras, il est difficile d’atteindre le but rapidement, c’est pourquoi parfois, oui, cette phase peut être très longue.

Avez-vous le sentiment d’être aller plus loin que ce que vous faites habituellement, de vous sentir débridé ?

FRÉDÉRIC MALLE : non, j’ai pour habitude d’être toujours très exigent et cela prend le temps que cela prend, j’ai le sentiment d’aller jusqu’au bout dans chacun des projets.

MAURICE ROUCEL : bien sûr, il faut être différent, se démarquer, surprendre et c’est libératoire. C’est un bol d’air, une renaissance, un parfum est un bébé. Un parfum comme celui-ci, si on le fait à deux, c’est un superbe cadeau. C’est un peu comme quand je travaillais sur des projets pour Guerlain avec Sylvaine Delacourte. Une complicité s’installe, un échange, une exigence et pas de tabou entre nous. Ceci permet d’aller plus loin.

Dans tes Bras est donc le reflet très fidèle de votre idée de départ, c’est un luxe par rapport à ce qui se passe en général aujourd'hui ?

FRÉDÉRIC MALLE : exactement, mais nous le devons à ceux qui partagent nos parfums. C’est ce qui me plait et qui plait aussi, du moins je crois.

MAURICE ROUCEL : j’aimais l’idée et oui, je suis assez fier du résultat.

De futurs projets ensembles ?

FRÉDÉRIC MALLE : ah ah, je suis superstitieux, en dire peu c’est déjà beaucoup, alors ce sera bouche cousue !

MAURICE ROUCEL : ce serait avec plaisir mais ce n’est pas moi qui décide.

Que pensez- vous des blogs parfum ?

MAURICE ROUCEL : je trouve que cela permet de démystifier le parfum, on parle des parfumeurs, des matières, du langage des parfums, de nos métiers. Le parfum sort de sa bulle et je suis surpris parfois, par les connaissances « parfum » qui s’y diffusent. Certains blogs me semblent passionnés et passionnants, un peu comme s’ils étaient oenophiles et œnologues à la fois.

FRÉDÉRIC MALLE : parfaitement d’accord avec Maurice.

Dans tes bras par Maurice Roucel, un parfum à redécouvrir chez Frédéric Malle. Encore merci !

Site internet : ici.

Illustration : TiGer - Dans tes bras.

mercredi 2 juin 2010

Les interviews d'olfactorum : un peu de relecture ?

Ils agissent sous le feu des projecteurs ou de manière plus discrète mais ils sont bien là, car ils font partie de l'histoire du parfum. C'est pourquoi, comme vous êtes de plus en plus nombreux à venir faire un tour sur olfactorum, je vous invite à lire ou à relire leurs impressions.

Une interview est un moment d'échange dans le but de mieux vous faire partager le métier de la création et ce qu'il y a autour.

A la fin de cette semaine, vous découvrirez l'interview de deux noms emblématiques qui dévoileront comment ils ont travaillé ensemble sur un des parfums qui m'a le plus touché ces dernières années. Je vous donne rendez-vous dès vendredi soir ou samedi matin. Bonne fin de semaine à tous.

Fabrice Olivieri - Mars 2010 : parfumeur à l'esprit libre.

Céline Ellena - Juillet 2009 : parfumeur aux aguets, ses chroniques olfactives.

Sylvaine Delacourte - Mars 2009 : directrice du développement parfums chez Guerlain.

Isabelle Ferrand - Février 2009 : directrice de Cinquième Sens.

Illustration : Jph74100.