mercredi 19 août 2020

Pur Magnolia - Cartier les épures de parfum : la vérité toute nue.

Nick Knight

La maison Cartier parle d'hyper réalisme pour cette collection les épures de parfums, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Mathilde Laurent s'est évertuée à coller au propos : des matières vraies, comme mises à nu. 

Je mets l'accent tout particulièrement sur Pur Magnolia, car au final, c'est celui qui retient mon attention. Il y a plusieurs raisons à cela : d'une part, l'essence de magnolia n'est pas souvent revendiquée comme une matière dite "noble". D'autre part, c'est une matière assez jolie et facettée. Ici, la parfumeure a parfaitement saisi les nuances, et les a mises en valeur de manière très réaliste. 

Pur Magnolia - les épures de parfum

Facettes fruitées tirées vers la grenadine croquante, facettes florales habillées de feuille de violette et de notes irisées, muscs légers et fins pour traiter la transparence. Mais ce qui me plait vraiment, c'est l'évolution sur peau. Au fil du temps, le parfum dévoile une facette "daim retourné" ou foin, verte, lisse, douce et caressante, un peu comme dans l'Heure Fougueuse ou dans Duel de Goutal, et cela apporte toute la personnalité à Pur Magnolia tout en le rapprochant du réalisme de la matière. J'adore, et même si l'ensemble se révèle assez féminin et délicat, c'est vraiment très vivant sur peau, et ces dernières notes peuvent faire mouche sur un homme. 

On s'y attache, on y revient, on l'adopte, car il est tout simplement sublime. Dommage que cette collection soit chère, mais cela devient une habitude si on veut vraiment de belles créations. 

N'oubliez pas que vous pouvez le découvrir facilement aux Galeries Lafayette à Paris, où Josiane, fidèle à la marque depuis quelques années maintenant, se fera un plaisir de vous faire découvrir les épures, les nouveaux flaconnages et tous les parfums de la marque et se réjouira d'avoir un peu de visite en ces temps difficiles. 

Illustrations : Nick Knight, Cartier




dimanche 9 août 2020

California Dream - Louis Vuitton 2020 : "warm smell of colitas rising up trough the air".

Créer un parfum demande de l'inspiration, et à mon sens, la magie opère vraiment quand la cohérence est totale. Globalement, Jacques Cavallier Belletrud s'en sort plutôt bien, car malgré des contraintes marketing fortes, il a le champs libre dans le choix des interprétations et des matières, et son passé chez Firmenich, ainsi qu'un frère dans les matières premières, ça doit aider quand on a une idée à concrétiser. 

 

California Dram  pour un amateur d'Hotel California des Eagles comme moi, ça parle. Toute un univers, aussi bien visuel que culturel et olfactif. Lorsque l'on découvre les première notes, c'est la fraîcheur et l'amertume de ma mandarine rouge qui sautent au nez. Très rapidement un accord de jasmin et de fleur blanches baignées de muscs propres fait son apparition, ce qui évoque à merveille l'ambiance de Beverly Hills baignée de jasmin à la nuit tombante. Mais il y a deux notes qui retiennent mon attention dans ce parfum : l'une évoque vraiment les paroles de la chanson Hotel California quand il parle de "smell of colitas", que l'on imagine proche du vétiver et du chanvre, et qui apporte un coté boisé chaud au parfum. La seconde, un vrai absolu de tubéreuse, charnel et crémeux va chercher à s'accrocher à votre peau, pour se fondre à elle naturellement. La tubéreuse était inévitable pour un parfum d'Amérique, ici, elle est logique, hypnotique et magique. 

Ne vous fiez pas à son apparente banalité, California Dream est la promesse d'un voyage, et il la tient. 

Illustrations : Eagles Hotel California, Louis Vuitton parfums. 

mardi 4 août 2020

Aimez Moi Comme Je Suis - Caron 2020 : Vétiver et gourmandise.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écrit sur Caron. Peut-être que la maison historique manquait d'une vraie direction artistique, car le retour à un vrai parfumeur maison en la personne de Jean Jacques laisse espérer que les choses changent. Le tout dernier bébé de la maison, premier travail "grand public" de Jean Jacques, Aimez Moi Comme Je Suis, est une promesse, à prendre ou à laisser, mais elle prouve qu'une nouvelle voie s'illumine. 


Travailler le Vétiver de manière moderne n'est pas chose si aisée, mais un peu à la manière de Christine Nagel chez Hermes qui signait il y a quelque temps un beau vétiver fruité, végétal plutôt viril, Jean Jacques choisi de travailler la modernité autour d'un accord gourmand mais masculin : la noisette est revendiquée, moi j'y sens un accord "marrons grillés" qui a été exploré chez l'Artisan dans Noir Exquis et dans Parco Palladiano Castagno, deux références. Le vétiver se fait nettement sentir dès l'envolée du parfum, mais il se fond rapidement et assez naturellement dans cet accord boisé, gourmand et néanmoins viril. Quelques épices, de la vanille, un peu de cuir et de bois contemporains viennent accompagner la panoplie, qui pourrait se voir comme un vrai hommage à l'île de la Réunion, où poussent vétiver, géranium et vanille à profusion.


C'est net, signé, très bien construit, d'un sillage remarquable et qualitatif, parfaitement architecturé pour un univers comme celui d'Hedi Slimane par exemple. 

Assurément un des plus beau lancement de cette année, à aimez comme il est, il annonce à n'en pas douter d'autres belles choses, on frisonne. 

Illustrations : Caron, Hedi Slimane.