samedi 29 décembre 2012

Se souvenir de 2012 !

2012 fut une année difficile sur le plan personnel, marquée par de lourds changements, mais c'est aussi une année qui laissera quelques souvenirs parfumés parmi les plus beaux. Reconnaissance des parfumeurs par le ministère de la culture, cérémonie des Fifi à une table qui raflait tous les prix, ouverture de l'énorme boutique Jovoy à Paris, atelier de Noël par Jean Paul Gaultier, naissance de petites marques passionnantes et découverte de parfums intéressants, l'année 2012 a aussi été riche de belles expériences parfumées. Pourtant, l'une d'elles se démarque, car dans la vie d'un passionné de matières premières à parfum qui aime créer, que rêver de plus beau que de visiter en Mai la récolte des roses Centifolia réservées à la fabrication de l'extrait de parfum du N°5 de Chanel ?

Y a t il un parfum plus subtil que celui de cette rose ? Sans doute, pourtant, l'absolu reste un vrai délice et une de mes matières favorites. Pour moi, elle est d'une délicieuse douceur sucrée comme un loukoum, très fine et pourtant si riche par ses facettes qu'elle connecte avec quasiment toutes les familles de matières, des bois aux autres fleurs fines. Dès l'arrivée à l'aéroport de Nice quand nous entrons avec Sophie de mybluehour dans le taxi qui nous emmène aux champs, la rose centifolia exhale sa présence, diffuse, très fine, subtile, mais bien là, elle signe déjà la visite.

Nous arrivons alors devant cette étendue de fleurs roses, et là, c'est l'extase, ça sent partout autour de nous."Tout cela n'est réservé qu'à l'extrait de parfum du N°5 et réussit à faire tenir tout ce petit monde, des exploitants à la distillerie, en passant par les cueilleuses ?" "Et oui, nous ne travaillons que pour Chanel et pour l'extrait de parfum du N°5 uniquement",  me répond le propriétaire avec passion et conviction.
Nous découvrons alors que les dernières technologies ont été développées pour cultiver cette fleur précieuse et limiter les dégâts et les aléas de la météo : irrigation par le sol, arrosage "au cordeau" en fonction du besoin, sillon entre les rangs mesuré au millimètre, rien n'est trop beau.
Par un soleil radieux (ce qui était loin d'être évident en Mai dernier), nous nous amusons à essayer de cueillir, mais il faut un vrai tour de main, un savoir faire, que les petites mains expertes font quasiment par automatisme. Les sacs se remplissent et partent à la distillerie à 200m de là sur un tracteur. Passé à l'extracteur puis en distillation, le résultat est à la hauteur : l'absolu porte bien son nom. C'est absolu ! 

Quand je sens le N°5 en extrait, cette rose est bien là, avec ce bel iris poudré, le jasmin, l'ylang, le néroli, la vanille et les aldéhydes, si originaux, qui apportent cette lumière, ce scintillement, et font de cet extrait la plus belle version, qui semble ne pas vieillir. Il reste constant, fidèle, comme un bâtiment Art Déco immuable qui n'aurait pas pris une ride, après 92 ans en 2013 ! 

Sur ces notes de roses, je vous souhaite un excellent réveillon de fin d'année et vous donne rendez-vous en 2013, au moins le 10 Janvier pour ceux qui viennent fêter les 4 ans, et peut être avant pour un petit mot ici ! 

Merci pour votre fidélité !

Illustration : photo personnelle et Chanel.

mercredi 19 décembre 2012

Olfactorum fête ses 4 ans chez Marie Antoinette et vous fait voyager !

Vous vous demandez sans doute ce qui se trame depuis hier, vous languissez, vous n'en pouvez plus tellement le suspense est difficile à supporter ? 

Et oui, c'est presque passer sous silence, mais en Novembre dernier, Olfactorum a eu 4 ans ! Déjà, et c'est passé si vite ! Presque 300 d'articles, même si 2012 a été globalement beaucoup plus calme, toujours autant de passion et d'intérêt m'animent, et surtout, aussi, du travail en parallèle, des rencontres et de belles découvertes ! 

Pour fêter cet événement, je vous propose de nous retrouver autour de quelques bulles, de macarons et de belles senteurs chez: 

Marie Antoinette
Place du Marché Sainte Catherine dans le 4e arrondissement 
le 10 Janvier 2013 de 18h à 21h maximum. 

Pour Méchant Loup, c'est aussi l'opportunité de vous faire découvrir trois créations personnelles, qui seront présentées sous forme de vaporisateurs pour le linge ou la maison. Trois univers très différents, dans lesquels j'aurais le plaisir de vous faire voyager pour une première fois.  

Je remercie d'avance celles et ceux qui auraient envie de passer faire un tour d'avoir envie de venir, mais également de me prévenir par mail avant le 27 Décembre sur olfactorum@gmail.com afin que je puisse estimer le nombre potentiel de "visiteurs", pour des raisons logistiques. La boutique est petite, il sera important de ne pas trop s'attarder à l'intérieur si nous sommes nombreux. 


Je vous donne donc rendez vous d'abord par mail, puis sans doute ensuite en "live" le 10 Janvier, et je remercie par avance Antonio et Jean Marie d'avoir accepté d'accueillir cet événement.

Passez tous de très bonnes fêtes de fin d'année !

Marie Antoinette, place du marché Sainte Catherine 75004 Paris, Métro Bastille ou Saint Paul. 

Illustrations : bougies allumées, façade de la boutique.

mardi 18 décembre 2012

Demain sur Olfactorum : ah ah ah, mais que se passera t-il ?

Demain, sur Olfactorum, une irrésistible envie de vous déplacer pourrait vous gagner, vous ne pourrez plus faire marche arrière, mais je n'en dis pas plus, ce serait un comble... 

Suspens, interrogation, tension, allez vous réussir à dormir ? Que mijote ce Méchant Loup encore ? Pour le savoir, rendez vous demain soir, ici, sur Olfactorum !

Bonne nuit !

lundi 3 décembre 2012

Mathilde M : ambiance en finesse !

Il est des boutiques devant lesquelles on passe sans jamais s'arrêter, puis il y a celles qui attirent l'attention. Souvent, c'est pas une vitrine, une ambiance, un objet. Dans le cas de Mathilde M, ce n'est rien de tout cela qui a attiré mon attention, mais bien autre chose. Cheminant parmi les rues chics de Lyon un après-midi de septembre, je fus interpelé par une odeur : un parfum qui me rappelait Teint de Neige de Lorenzo Villoresi, subtile alchimie d'un accord fait de rose et d'ambre !

J'entre alors dans la boutique pour regarder quelques objets dont la particularité est de se décliner dans des tons beiges et pastels, d'une belle douceur. Objets pour la maison, pour le bébé, pour le linge, petits meubles en bois, mais aussi et surtout, ce qui attise ma curiosité, les parfums d'ambiance et les bougies. Je demande donc au vendeur qui tient à la boutique : "mais quel est donc cette odeur que l'on sent partout" ? Il m'avoue alors que c'est sans doute un assemblage de plusieurs des parfums ici présents. Je m'en rends compte assez vite en effet, mais je lui demande tout de même d'en découvrir quelques uns ainsi que ses préférés. Il se dirige alors vers Fleur de Cotton, qu'il avoue bien aimé et bien vendre, et que j'estime dans la lignée "tilleul-musc" d'un Eté en Douce. Il me fait également découvrir Coeur d'Ambre, très doux, et Rose ancienne, que je retiendrais personnellement pour un achat car c'est une rose "cocon", fine et subtile. Les autres me paraissent plus classiques, dans la tradition des figuiers et en droite ligne du N°5, mais toutes les compositions sont harmonieuses et finement exécutées. Bref, j'apprécie l'ambiance, la boutique, l'accueil, la gamme, les prix tous doux, et la boutique Mathilde M fait ainsi partie des belles découvertes lyonnaises. 


Je ne vous ai pas dis, mais François, c'est son prénom, m'avoue à la fin à mi-mots qu'il est spécialiste du développement d'ambiances olfactives, qu'il a développées ces produits et qu'il aide quelquefois à la boutique lyonnaise. Je lui dis alors être entré par le parfum dans la boutique. En était il fier ? Je ne l'ai pas su, mais sans doute !

Mathilde M inaugure ce jour, lundi 3 décembre 2012, une boutique sur Paris, au 10 rue Lagrange dans le 5e. Peut être l'occasion d'une petite balade ? 

Illustration : Mathilde M.

dimanche 18 novembre 2012

Relique d'Amour - Oriza L.Legrand 2012 : émotions vécues.

Je ne vous répèterais pas que le parfum, c'est avant tout et surtout de l'émotion. Faisant souvent appel à nos souvenirs les plus profonds, il éveille en nous ce petit quelque chose de vibrant qui fait que l'on s'y intéresse d'abord, puis que l'on s'y attache ensuite. Pour l'histoire de la marque Oriza L.Legrand, je vous invite à faire une recherche internet car ici, le propos n'est pas de la présenter de nouveau, mais de parler d'un des parfums : je résumerais seulement en disant que passion et histoire du parfum, beauté, qualité et fabrication française ont été prédominants dans les choix effectués par les créateurs.

Lorsque j'ai senti Relique d'Amour, je me suis immédiatement senti envahi d'une émotion étrangement familière et très en rapport avec le sujet dont me parlait la charmante Agnes qui me le présentais : l'évocation d'une chapelle, dans laquelle aurait été déposé un bouquet de lys ! Pourtant, même si je trouvais ce parfum parfaitement évocateur de l'idée, je n'arrivais pas consciemment à rattacher mon esprit à une référence, à mon vécu. Hasard de la vie et coïncidence étrange, trois jours après, c'est en entrant dans la chapelle du collège des Bernardins, magnifique abbaye cistercienne située dans le 5e Arrondissement de Paris que je fus connecté à Relique d'Amour. Il émanait de cette chapelle aux voutes grandioses et hautes de plafond une sensation olfactive très proche du parfum que je découvrais très peu de temps avant. Impossible de passer à coté.
La chapelle en question était humide, avec une note de mousse assez prononcée, de pierres sèches et calcaire, d'encens, de bois ciré, de térébenthine et d'huile de lin (véridique, car il y avait l'exposition d'un peintre contemporain lors de ma visite), d'eau bénite et d'un bouquet de lys posé dans un coin. C'est exactement ce que voulait évoquer la marque. Le Lys étant travaillé dans Relique d'Amour autour d'un accord de fleur d'oranger légèrement aqueux, d'encens, de bois ciré et d'huile de lin apportant une note très liée aux églises. Le poivre noir achevant de faire le travail avec la peau si vous le portez, car cette épice, par certaines de ses molécules grasses, s'accrochera à votre chair.
Relique d'Amour est un parfum qui rien que pour cette adéquation entre l'idée et le résultat mérite le détour, et parce qu'il est transgressif par ces notes et apporte un champs olfactif vraiment nouveau, rencontrera sans doute un public fervent d'architecture et d'univers gothique, de voutes ciselées, de vitraux colorées de bleu, de métal et peut être même d'ambiances sombres et floues. Le premier parfum "gothique" ?? Qui sait ?

Un grand "Bravo", et une grande envie d'encourager la marque, dont les quatre premiers parfums méritent que l'on penche ses narines dessus, sans exception.

Illustrations :  photos personnelles de ma visite à la Chapelle du Collège des Bernardins Paris 5e, Oriza L.Legrand.

samedi 10 novembre 2012

Musc Tonkin - Parfum d'Empire 2012 : diamants, fourrure, caviar, cuir et volupté.

Avant d'aborder Musc Tonkin, il est opportun d'évoquer ce qu'est le résinoïde styrax. Cette résine végétale obtenue à partir de l'arbre nommé styrax tonkinense, est, après avoir été traitée, utilsée en parfumerie sous forme d'une pâte fluide qui se dilue facilement dans l'alcool. Son odeur est à la fois cireuse, douce, animale et miellée, avec des accents d'encre de chine. Cette matière a aussi la propriété technique d'être assez "souple" dans un parfum, agissant ainsi dès les notes de tête et sur le coeur du parfum, ce qui permet d'arrondir la composition et de lui donner du liant. Ces propriétés ainsi que ces caractéristiques olfactives sont de ce fait assez proches des muscs animaux qui étaient utilisés avant en parfumerie, sans les notes trop fécales ni autant de facettes que certains, mais c'est déjà bien de pouvoir se dire, en tant que parfumeur "il existe au moins un musc végétal, le styrax", et quel confort. C'est donc un bel hommage rendu à ces muscs aujourd'hui que nous propose en édition limitée Parfum d'Empire !

Avec Musc Tonkin, le styrax entre en majesté. Ici surdosé, c'est la première note que l'on sent en vaporisant le parfum. Il apparait donc assez animalisé au premier nez, mais c'est surtout dans l'évolution sur peau que se dévoile la richesse et l'opulence du parfum. Le styrax étant une note à priori pas franchement évidente au premier abord, le travail de Marc Antoine Corticchiato a consisté à lui donner une forme, à l'alléger, à le faire respirer. C'est ainsi que le parfum glisse sur une trame jasminée-rosée très lumineuse, dont l'évocation et l'effet me font penser immanquablement au scintillement des diamants bruts montés sur une magnifique parure ciselée, l'accord trouvé étant même quasiment minéral. Il est difficile d'en déceler les composants précis, mais l'ensemble est très fin, très subtil et très doux ; j'ai comme l'impression que le parfum "renarde" comme un bon Bourgogne, et miaule comme un chat heureux au pelage aussi soyeux que la belle fourrure d'une panthère noire. Le fond est aussi riche qu'un chypré noble, avec du patchouli, de la rose et sans doute un peu de labdanum pour accentuer le coté animal et minéral.  Une note "salée" très originale donne au parfum la même texture finale et la même noblesse qu'un caviar Béluga, c'est dire ! 


Diamant, caviar, Bourgogne, fourrure, cuir, Musc Tonkin est un parfum qui appelle à la volupté. Dans la forme et par ses notes, il s'approche de Cuir de Russie de Chanel, dans l'idée et par certains aspects, il serait proche de Dans tes Bras, mais il va plus loin. Disons que si Dans tes Bras s'arrête aux câlins et aux caresses, Musc Tonkin pourrait bien faire qu'il se passe autre chose sous la couette en ces longues soirées d'hivers...suaves. Un des plus beau lancement de l'année selon moi.

Illustrations : Parfum d'Empire, Charlotte Rampling pour soyons-suaves.

lundi 29 octobre 2012

Lancôme avant, Lancôme cette année....

C'est en feuilletant un livre sur les plus belles photos de Bettina Rheims que m'est venue l'idée de rebondir sur l'article de Sophie (ici) et Juliette (ici) au sujet de Lancôme, pour en rajouter une louche, puisque la marque n'hésite pas à nous tartiner de sucreries.

Avant, Lancôme, c'était Bettina Rheims, la toile de Jouy, la rose, la vraie, tendre et délicate, de belles matières et surtout, un style, sobre et élégant. C'était Trésor, une référence. Alors que si l'on s'y intéresse un petit peu, beaucoup de marques de luxe misent sur la sobriété et la discrétion pour afficher un vrai luxe, travaillé sur du détail, Lancôme propose cette année une espèce de parfum qui n'a rien a voir avec cela. 

Prenez une bonne grosse louche de sucre et ajoutez y une bonne grosse dose de boosters pour que ça sorte du lot chez Sephora, et lancer l'envahisseur en promettant qu'il changera votre vie ! Ben voyons, c'est connu, ce genre de parfum transforme votre vie en un bonheur immense ? Surtout, insistez bien pour dire que vous avez fait beaucoup d'efforts pour en faire le plus beau parfum du monde (5000 essais, mon oeil, dont la plupart sont sans doute des ajustements pour trouver la meilleure adéquation économique), mentez, c'est plus crédible (le premier iris gourmand, c'est faux), et dites que vous êtes allé à l'autre bout du monde pour chercher le patchouli et l'iris, (là, on vous prend vraiment pour des c...).
Aujourd'hui, Lancôme pourrait faire sa pub dans nunuche magazine, avec non plus des photographes de talent, un vrai sourire et une belle toile tissée pour faire une campagne, mais un banal travail sur photoshop. Même les parfumeurs revendiqués semblent avoir été choisis pour leurs noms, et pas pour leur talent..... Le pire dans tout cela, c'est que vous croisez maintenant dans la rue des femmes et jeunes filles, influençables sans doute, dont le style élégant tranche avec ce parfum (ce truc ??) qu'elles portent. Aurait-elles oublié leurs propres vies, leurs vraies émotions au point de ne plus penser qu'il existe quelques merveilles qui pourraient mieux correspondre à leur personnalité ? Oui, sans doute, à cause du matraquage.

 

La Vie est Belle me révulse, et je ne suis pas le seul. Il véhicule tout ce que le parfum ne devrait pas être, c'est à dire une boite de sucre vendue au prix d'un parfum de luxe, et si je peux moi aussi contribuer à ce que certaines femmes se tournent vers autre chose car elles auront lu plusieurs articles le décrivant comme un parfum débile, et bien c'est tant mieux, les rues seront vraiment plus belles. Beaucoup parlent en coulisses, mais se taisent et s'inclinent devant la marque, Méchant loup ouvre sa gueule, en leur nom aussi ! Olivier Polge, Dominique Ropion et Anne Flipo aimeraient sans doute également qu'on leur demande de faire plus souvent des Dior Homme, Portrait of a Lady ou La Chasse aux Papillons, plutôt que du Carambar au sourire photoshopé ! Qu'on se le dise !

Lancôme redeviendra t elle une vraie marque de luxe?

Illustrations : Lancôme, Bettina Rheims, Nunuche Magazine.

mardi 23 octobre 2012

Aura Maris et Mito : hommages indirects à Edmond Roudnitska ?

Vero Kern et Lorenzo Villoresi ne lancent pas de nouveauté chaque année, mais il s'avère qu'en 2012, tous deux choisissent de présenter un nouvel exercice de style. Ils ne se sont sans doute pas concertés, mais il y existent des inspirations créatives qui conduisent à des hasards heureux. Leurs nouveaux bébés conjuguent au moins deux points communs : l'Italie en trame de fond, encore, toujours et c'est bien normal, et sans doute aussi la patte d'un de nos grands maitres : Edmond Roudnitska.

La mer semble avoir été le point central d'Aura Maris. Mer d'Italie bien sûr, hommage au vent de méditerranée, olfactivement, ce n'est pourtant pas les notes iodées qui ressortent. J'y vois plutôt une trame aromatique de lavande et de basilic, nuancée de citron et de mandarine, très rapidement rejointe par des notes fraîches et florales, où le jasmin transparent traduit par l'hédione s'exprime tout en finesse aux coté d'une rose cristalline. Le sillage est presque chypré, mais se fait aussi fin que le son d'un violon ; il résonne, scintille, étincelle... Quelques points commun avec l'Eau de Rochas ressortent, mais dans le style très réussi et par ses notes exploitées à merveille, c'est à un chef de file créé par Edmond Roudnitska que fait écho Aura Maris, qui depuis 1966, parfume les hommes. Ce grand classique, c'est L'Eau Sauvage. Aura Maris en reprend la trame, et vu les "claques" question formule prises pas le modèle, l'élève, lui, vaut largement le coup de s'y intéresser. Quelques notes marines en plus, mais très pur, très fin, très beau.

Mito, lui aussi, rend hommage à l'Italie, plus précisément à un jardin renaissance, dont Véro garde les souvenirs portés par le vent, d'arbres fleuris, de fruits charnus, de terre mouillée et de formes. Les notes de Mito semblent également s'inspirer des grands chefs d'oeuvre composés par le maitre, surtout de Diorella, l'Eau Fraîche pour l'envolée et de Femme, pour le sillage et la tenue. D'autres grands chyprés verts comme Vent Vert et Cristalle, puis les chyprés complexes comme Mitsouko ont guidé les pas de Véro. Départ vert et aldéhydé, trame de muguet, jasminée et fruitée, épices, bien sûr, et en point d'orgue, dans le fond, le prunol, base devenue emblématique des grands chypres classiques, qui exprime dans l'évolution sur peau de Mito la profondeur de sa texture charnelle proche de la prune noire. Mito est un parfum stylé, dont l'envolée très fine et fraîche des grands classiques cités contraste avec un fond très dense et charnel, traité de manière très actuelle comme dans Mon Parfum Chéri par exemple. Un parfum élégant et sans compromis, comme sait les faire Véro Kern.

Un accord fait de seringat, de muguet, de jasmin, d'hédione, d'épices comme le cumin et la noix de muscade, d'aldéhydes, de rose fraîche et d'iris construit la signature du style d'Edmond Roudnitska. Un style à la fois texturé et dense, mais qui reste très fin, d'une élégance rarement égalée, même encore de nos jours. Ce style, cet accord jouent sans doute, l'air de rien, une certaine influence dans le processus de création de ces deux nouveaux, jolis, bébés. Un hommage ? Peut être bien ?

Illustrations : cafleurbon - Edmond Roudnitska, Lorenzo Villoresi, Vero Kern.

lundi 15 octobre 2012

Noir - Tom Ford 2012 : noir c'est noir, il y a de l'espoir !

Avez vous remarqué la semaine dernière une publicité sur laquelle on vous demandait de ne garder qu'une seule chose ? Une seule musique, un seul vêtement, un seul baisé ? Cette publicité pour Das Auto (la voiture) m'incite à penser que si je ne devais retenir qu'un seul lancement cette année en dehors du circuit de niche où Volutes, Vanille et Une Voix Noire me laissent penser que tout n'est pas si noir en création, cet unique lancement, ce serait Noir de Tom Ford. Souvent conquis par les créations dirigées par cet esthète, je tombe littéralement sous le charme de son dernier parfum qui ne faillit en aucun cas au style véhiculé par le styliste. Coïncidence ou non, il sort en même temps que Skyfall, dans lequel Daniel Craig porte les costumes taillés sur mesure par Tom Ford. Ce parfum serait il celui qui accompagne James Bond ?

De la classe, on s'y attendait, de l'originalité, beaucoup moins, une belle surprise, on ne voulait pas y croire ! 
Pourtant, voilà, voilà, oui voilà c'est ça ! C'est ça que j'attends d'un parfum !

Noir débute sur la note très originale d'orchidée végétale reprise à Black Orchid, qui, ici dans un masculin, semble apaisée et trouve naturellement sa place, sans choquer. Comme quoi, rose, iris et violette peuvent faire fi des clichés ? Très finement et subtilement, cet envol végétal légèrement sucré descend sur une trame boisée, épicée, où cèdre, poivre noir, muscade s'unissent pour un effet masculin très lisse et structurant, d'un chic à tomber à la renverse. Ca, c'est pour le coté froid. 
Pour le coté chaud, très vite, la fumée recouvre le tout dans une ambiance tourbée, cuirée qui s'entoure de café torréfié pour nous envelopper d'un hâle chaud, suave, viril mais pas du tout caricatural. Comme quoi, encore, les archétypes peuvent tomber ? L'apothéose enfin en fond, pour le coté "intimate" avec ce patchouli onctueux et texturé, du vétiver, des notes ambrées comme le benjoin et la vanille merveilleusement associés pour se marier à la laine et au cuir de tout vestiaire masculin digne de ce nom. Effet "tabac blond" garanti. Tom Ford n'aurait il pas, comme c'est un peu son habitude, remarqué un certain Coromandel pour demander au créateur du parfum un ferme : "I want some of that in Noir", tellement le fond me le rappelle, en plus fin qui plus est ?
Noir est aussi beau et profond que son nom est simple, comme un tableau de Soulage dont le flacon semble s'inspirer également, le noir s'habille de reflets chauds qui captivent. 

Alors, oui, sans doute, en attendant de voir s'il y aura une réponse ailleurs (je n'y crois pas), sans aucune hésitation, s'il ne fallait retenir qu'un seul lancement mainstream cette année, c'est Noir que je choisis. Il y a bien de l'espoir !

Illustrations : Soulage, Tom Ford.

samedi 6 octobre 2012

Vous en ai-je déjà parlé ?

Je ne me souviens pas vous avoir annoncé, il y a quelques mois de cela, la naissance d'un second blog. Coulissesparfum que je vous invite à consulter ici. 

Moins personnel qu'Olfactorum, plus centré sur l'actualité des lancements et ce qui se passe dans le monde du parfum, Coulissesparfum exprime un propos plus court, plus simple, plus immédiat, pour un regard rapide et direct. Parfois cinglant, parfois enthousiaste, parfois surpris. Sans langue de bois, vous saurez alors tout ce que pense Méchant Loup (Thierry), qui est pour le coup parfois vraiment méchant, pour pouvoir vous aussi, à travers ce bref regard critique, vous faire votre propre avis. 

Non, le parfum n'est pas mort, oui,  la création existe encore, mais oui aussi, parfois, on en a marre, pas mal de choses se disent en coulisses, mais restent derrière le rideau. Ca doit changer !

vendredi 5 octobre 2012

Santal Majuscule : le gagnant.


Le gagnant ou la gagnante du flacon de Santal Majuscule est :

CC (dernier commentaire). 

Félicitations et merci pour votre enthousiasme, en souhaitant que cette rencontre avec Santal Majuscule soit le début de longues histoires... 

Merci de bien vouloir me communiquer vos coordonnées par mail sur olfactorum@gmail.com afin que le service presse de Serge Lutens puisse vous faire parvenir un flacon.

samedi 29 septembre 2012

Santal Majuscule - Serge Lutens 2012 : rose des Sables. Gagnez un flacon !

Lorsque l'on parle de santal, un pays vient immanquablement en tête, c'est l'Inde ! Une fleur fait en général écho à ce pays, outre le jasmin et l'oeillet, il s'agit de la rose, pour la délicatesse de ses pompons. 

Lorsque Serge Lutens décide de s'attaquer à ce magnifique bois qu'est le santal, il nous en livre plusieurs visions. C'est dire son admiration pour cette matière !

La première, un Santal de Mysore, le plus beau, le plus pur, dans un magnifique parfum de peau très rond, très doux, très fondant, qui reprend les codes de Féminité du bois en ajoutant quelques notes confites et épicées à ce bois si précieux et lacté. Sur peau, c'est une petite merveille. 

Il l'imagine aussi en Santal Blanc, agrémenté de poivre, d'encens et de muscs blancs (une bonne dose), dans une vision éthérée, d'un esprit léger mais que je trouve personnellement un peu austère. 

Cette année, il s'attaque à une interprétation du santal, mais il veut l'écrire en majuscule. Un contrepied, une sorte de défi, car d'ordinaire, le santal agit en sourdine pour ne s'exprimer pleinement que sur les notes de fond. Sur une base très inspirée de Jeux de Peau, qui n'a pas tellement percer sans doute, la majuscule s'écrit grâce à un surdosage de bois ambrés (ou bois qui piquent), ici assez bien maîtrisés car pas trop criards, avec juste ce qu'il faut de pleins pour un effet boosteur qui accentuera le santal sans trop dénaturer ses facettes lactées, mais en lui apportant beaucoup plus de corps. La cannelle, autre épice caractéristique de la signature appuyée de certains Lutens, jouera le rôle du pilier de ces boosteurs. Les déliés glisseront vers la rose, fruitée, fondues, marquée de notes d'abricot confit, d'un soupçon de Sauternes (comme le faisait très justement remarquer Sixtine d'Ambregris), de copeaux de bois et de patchouli "laineux". Pour souligner les contours, une évocation du bois de oud se glisse tout naturellement aux cotés de la rose, et le gingembre, aux accents poivrées et citronnés, lui aussi repris à Jeux de Peau et qui a au moins une propriété technique, combiné à l'encens, de lisser le parfum du coeur aux notes de fond dans un fondu, apporte beaucoup de souplesse et de clarté. Parfait, pour une écriture aérienne et chaleureuse !

Peut être moins inspiré que pour Une Voix Noire ou d'autres créations maison avec lesquelles il peut y avoir quelques redondances, peut être déçu parce que Jeux de Peau n'a pas été bien compris, Serge Lutens  reprend quelques traits à ce dernier pour, avec Santal Majuscule, nous offrir sa vision d'une rose barbare, une sorte de rose des sables inspirée d'Inde et d'Orient, qu'il évoque à merveille. Une rose, matinée d'un tout petit accent de oud, pour le clin d'oeil en finesse à la tendance du moment. Une rose, habillée de Santal, un santal musclé, qui s'écrit comme Sari, Sables ou Sahara, avec un "S" en majuscule. 


GAGNEZ UN FLACON DE SANTAL MAJUSCULE !

La marque Serge Lutens se propose de faire gagner un flacon de Santal Majuscule à celle ou à celui qui laissera le commentaire le plus pertinent sur sa propre interprétation de ce parfum. Pour ne pas faire peur, ne soyez surtout pas trop long, mais n'hésitez pas, l'enjeu en vaut la chandelle, non ?  Réponse dans le courant de la semaine prochaine, en accord avec la marque. A vos plumes !

Illustrations : images de l'Inde, Serge Lutens.

jeudi 20 septembre 2012

Guerlain mon amour : joyeux anniversaire à deux chefs d'oeuvre !

Alors qu'il y a deux heures précisément, Guerlain célébrait avec la Société Française des Parfumeurs les 100 ans de l'Heure Bleue, je réalisais sur le retour, alors que je m'apprêtais moi même à préparer un article sur un Serge Lutens, qu'il y a 20 ans jour pour jour, le 20 Septembre 1992, je découvrais Héritage

Jusque là, Guerlain n'avait fait partie de mon univers qu'à travers le sillage de certains proches par la biais de Jardin de Bagatelle, de Shalimar et de Chamade. Bien sûr, je connaissais déjà Habit Rouge, Vétiver, et Derby, mais aucun n'était "le mien". Quand j'ai pschitté Héritage sur mon poignet, je fus immédiatement transporté dans mes souvenirs. C'était "ça", et il renversait d'un coup tout ce que j'avais tenté de porter jusque là, de Fahrenheit à Cacharel Homme, en passant par bien d'autres.

Depuis ce temps, il y a eu du chemin, et de formations en  matières premières, de l'Osmothèque à Cinquième Sens  en passant par la SFP, le blog et la création, Héritage a toujours été là, présent, comme un talisman pour se retrouver, se ressourcer, reconnecter à mes valeurs, au plus profond de ce qu'est pour moi, la parfumerie. Il fut rejoint bien sûr depuis par la découverte de l'exceptionnel patrimoine olfactif de la marque, par Vol de Nuit, Mitsouko, Chamade, Nahéma, Chant d'Arômes, L'Heure Bleue, qui après 100 ans provoque toujours le même émoi. Ce patrimoine qui devrait être célébré comme celui de l'architecture le fut la semaine passée, me laisse encore aujourd'hui sans voix. Qui en effet, mis à part quelques marques spécialisées le propose ? C'est simple, elles se comptent sur les doigts de la main.

Alors oui, il y a le marketing, la pression des marchés, la concurrence, mais pour moi, même Guerlain Homme, La Petite Robe Noire et Shalimar Initial, quoi que vous en pensiez et vous n'allez surement pas m'épargner, respectent la ligne, le style, les valeurs maison et à quelques rares dérives près, je suis tout compte fait, rarement déçu, sauf peut être par cette législation sévère qui oblige les reformulations. 

Oui, malgré tout, même si aujourd'hui Thierry Wasser revisite l'Heure Bleue (quel parfumeur ne rêve pas d'un tel exercice?) dans une volonté de plaire à un public plus jeune (+ poudré, + aldéhydé, + fumé, et disponible l'an prochain dans la collection "Les Parisiennes"), la petite flamme reste, je ne suis déçu que quelques secondes sur touche car sur peau, la "patte" reste, ce petit coin de bonheur, ce petit bout de flamme qui brille et qui fait que cet amour que l'on ne contrôle pas, cet amour de jeunesse dont on ne fait jamais le deuil, cet amour vibrant du parfum, de la création et des matières premières, est toujours là, au plus profond de moi et de ce qui me plait en la maison.

Oui, malgré tout le contexte, c'est encore loin d'être la catastrophe d'Hiroshima Dior, il y a encore des gens qui y croient et qui aiment leur "maison". J'ai beau me dire parfois "j'aime le parfum et les matières, ils me gonflent avec ce truc", je n'arrive pas à ne pas aimer Guerlain. Guerlain est et reste un socle, au coeur de mes valeurs et de ce que je voudrais voir plus souvent en parfumerie ! Guerlain serait il "Guerlain mon amour" ? 

Bien sûr, ce n'est pas la raison qui parle, mais c'est une flamme qui brille encore ! Encore ?  

Illustration : petite flamme qui brille.

mardi 18 septembre 2012

Manifesto - Yves Saint Laurent 2012 : gourmand cubiste !

"A l'aube du troisième millénaire, la femme se réincarne en Samsara", disait le slogan en 1989. Depuis, Samsara s'est effacé, Guerlain le laissant vivre au gré de variations plus ou moins réussies, jusqu'à ce qu'il disparaisse quasiment des rayons.

En 2012, la femme qui aimait Samsara pourrait bien retrouver de loin un petit quelque chose en Manifesto. Ce parfum, en effet, même s'il reprend certains codes salicylés et vanillés à Hypnôse de Lancôme et une trame rhubarbe-macarons-amande-cuir à Play for him de Givenchy, n'en demeure pas moins dénué d'une personnalité propre. Un musc "vert", aux notes végétales de sève de feuilles froissées assez "feuilles d'arbre parisien", presque lait de figue, accompagne toute l'évolution du parfum, de la tête à ce qui restera sur peau, et celle-ci illumine la composition. Une belle poire juteuse et sucrée s'associe à ce sillage d'amande dans un écho lointain à Petite Chérie, sans en avoir la délicatesse romantique, mais en tout en douceur quand même.

Pourtant, ce qui me frappe, c'est un sillage gourmand certes, mais lumineux, très maîtrisé et qui parfois, sous certains angles, se montre proche de Samsara par les facettes florales de muguet, de jonquille conjugués au santal lacté "figue" et aux notes vanillées. Certains pourraient y voir aussi une filiation "lys" avec le remarquable Nu.
Finalement, Manifesto n'est pas une si mauvaise surprise que son petit frère de chez Lancôme, qui sous prétexte de mièvrerie, nous promet une vie plus colorée. L'art dosé d'oser un peu, la couleur, cette année, c'est un parfum gourmand et vaporeux, qui dans une vision "non matière" du parfum devient cubiste, comme un assemblage de cases olfactives coloré et lumineux, et il se pourrait bien qu'il se nomme Manifesto !

Illustrations : Helma Stevens, Yves Saint Laurent.

samedi 8 septembre 2012

Vanille - Réminiscence 2012 : Miss Shalimar au grand jour.

Depuis plusieurs années maintenant, je ne comprends toujours par pourquoi Guerlain ne s'est jamais penché sur le nom d'un Miss Shalimar. Faisant écho aux publicités du parfum des années 80-90, ce nom aurait sans doute trouvé ses lettres de noblesse. Mais peut être que l'ombre de Miss Dior (on ne rit pas), ou de Coco Mademoiselle a t elle freiné les ardeurs pour ne faire qu'un Shalimar Initial certes créatif et équilibré, mais peut être un peu hésitant. 
Ce Miss Shalimar aurait pu être une vanille cuirée, très douce, un peu comme peut l'être Cuir Béluga. Mais, lorsque j'ai demandé à Sylvaine Delacourte pourquoi l'accord de Cuir Béluga n'était pas exploité pour un grand lancement, sa réponse fut très claire : il n'y a que la France qui aime la vanille à ce point, le marché international, lui veut des floraux.

Soit, mais aujourd'hui, alors que Guerlain hésite et tâtonne sur un marché international sans positionnement fort et avec une certaine perte d'identité et de crédibilité, d'autres, moins timorés, n'ayant rien à perdre, prennent des risques et c'est le cas aujourd'hui avec Réminiscence, qui nous propose une vanille dans le plus pur style de la maison et de ce que sait faire Fabrice Pellegrin, qui s'illustre déjà avec le magnifique Volutes chez Diptyque.

Cette Vanille pourrait donc être ce que j'aurais imaginé personnellement pour un Miss Shalimar : la vanille, signature principale, mais dans une vision moderne, contemporaine, allégée. La bergamote et l'osmanthus, dont les tons abricotés se font remarquer dès les premières notes, marquent le territoire d'une certaine originalité fruitée, mais pas lourde du tout, car presque veloutée. Les notes florales de jasmin, d'iris, d'ylang ylang, d'héliotropine (note centrale dans l'Heure Bleue), sont aussi légers qu'un voile au soleil et aèrent le coeur du parfum. Le fond, très fidèle à la marque, appelle patchouli, notes ambrées de benjoin, de fève tonka, de café et de muscs blancs parfaitement harmonisés. La structure de Shalimar n'y est pas certes, mais le style, l'évocation, elle, aurait été parfaite dans une vision rajeunie de celui-ci !
 
A la fois gourmande comme une glace à l'italienne et légère comme un macaron, elle se porte sans avoir la main trop lourde (autre coutume maison), mais avec une relative facilité, et sans écoeurer l'entourage comme les vanilles de supermarchés. Notons que les évolutions dans le traitement des facettes de la vanille ont permis de réaliser un tel parfum, qui n'aurait pas forcement été possible il y a quinze ans. Trois vanilles, de Tahiti, de l'île Bourbon, et d'Ouganda, aux aspect floraux pour l'une, torréfiés pour l'autre et cuirés pour la troisième, contribuent à cet ensemble. 

Comme à son habitude, la marque prend un pari, que l'on aimera ou non, mais cette vanille que je qualifierais de "vanille poupon", comme Volutes, apparait nettement comme un petit délice de cette rentrée. Coup de coeur également pour le visuel, très "barock glam chic" ... Vous voyez bien que la vie est belle !

Illustrations : couleurs vanille, Réminiscence.

mardi 28 août 2012

Séville à l'aube - l'Artisan Parfumeur 2012 : demain, dès l'aube.


"Te souviens tu de cette nuit ? 

Les rues de Séville, un jour de procession, où l'encens sacré, accompagnant les fidèles, envahit les rues. Je réussis à me frayer un chemin parmi cette foule, pour y rejoindre ce petit coin de bonheur où tu m'attends : petit patio fleuri d'orangers, où coule une fontaine, havre de paix pour une nuit de rêve.

J'entre. Tu m'attends, là, dans cette petite pièce, fidèle à toi même, souriant, aimant, amant ? Lourd, suffoquant sous cette chaleur, que l'ombre des volets rafraichit à peine, le jasmin d'Habanita, que je porte en ce jour consacré, envahit l'atmosphère. Le cuir, le miel, la vanille et le vétiver peinent à calmer ses ardeurs, comme je peine à calmer les miennes.

Peu de temps nous retient avant de nous enlacer, la nuit sera courte. La lavande de la fougère classique que tu portes et que j'affectionne me réconforte, m'enlace, Habanita t'envahit, s'enroule autour de toi, puis, dans nos élans, les deux se confondent, comme nos deux corps, enlacés.

Moment de calme et de caresses, un nuage de cigarette se glisse entre nous deux. 

Au petit matin, alors que j'ouvre les volets, les orangers en fleur embaument, et sur nos peaux, quelques notes ambrées de benjoin et de ciste.

La page se tourne, jusqu'à la prochaine fois, car ne t'avais je pas dit que demain, dès l'aube, à l'heure où fleurit l'Alcazar, je partirai ? "
Illustration : image d'un petit hôtel de Séville, à l'aube, sous les orangers, texte inspiré par l'histoire du parfum, flacon l'Artisan Parfumeur.

mardi 21 août 2012

Lonestar Memories (03) - Andy Tauer 2006 : parfum fantasme ?

Il est des parfums qui n'en sont pas vraiment, mais dont l'idée est tellement forte que la construction et la façon dont ils évoluent sur la peau se fait de manière assez surprenante. Contrairement à la majorité des parfums du marché, dont la construction commence par des notes de tête fraîches et propres pour éventuellement évoluer vers un coté plus chaleureux ou plus sombre, Lonestar Memories prend le contrepieds pour affirmer une personnalité forte et bien singulière...

Départ très inhabituel sur des notes très fumées de camboui et de tourbe, un peu comme si la personne qui le porte sortait tout droit d'un garage après avoir bricolé, juste avant de prendre sa douche, comme sur la photo de Herb Ritts ci-dessus (attention mesdames on se calme!). En passant sous la douche, petit à petit, le camboui se retire et une sensation plus douce et savonneuse de géranium qui fait penser à certaine crèmes utilisées pour le maquillage de cirque, de fougère et de muscs prend le relai. Ce camboui ne serait-il alors qu'un camouflage (attention mesdames on se retient!) ? Quand il sort de la douche, il revient tout propre, frais et dispo, sentant presque la lessive et les fleurs. C'est alors que se dévoile la rose douce et cireuse chère à Andy Tauer. On l'imagine alors dans une pièce sentant le bois ciré, le miel (bon là, ok, on ne retient plus personne!)

Le parfum semble donc entièrement construit autour de cette idée, les notes brutes du départ évoluant vers une sensation savonneuse, douce et attachante, qui invite aux caresses ou à la sieste coquine peut-être ? Qui sait, comme un futur souvenir gravé dans la mémoire ? Un parfum cuiré tourbé miellé et doux sur la fin, au combien original, qui n'est pas à porter tout le temps ni tous les jours, mais un parfum "fantasme", construit comme une oeuvre, qui s'apprécie pour ce qu'il est, et parce qu'il colle parfaitement à l'idée qu'il véhicule.

C'est sans doute pour cela que les parfums Andy Tauer existent et méritent leur place sur le marché, c'est leur raison d'être ! Hi Andy, perfume art needs you  !

Illustration : Andy Tauer, Herb Ritts.

samedi 18 août 2012

Coriolan, Higher : les incompris de LVMH ?

Ces deux parfums ont quelques points communs : ils s'adressent aux hommes, sur des trames boisées aromatiques en apparence faciles, et ils ont tous deux connu un succès très limité. Pourquoi ? Auraient ils été incompris, ou trop en avance sur la tendance ? 

Coriolan tout d'abord : quand je l'ai découvert en 1998, c'était en pleine période ou psychologiquement, beaucoup pensaient de Lvmh allait tout cassé dans la maison, et ceci a eu pour conséquence de mal comprendre ce parfum.

Coriolan tout d'abord : quand je l'ai découvert en 1998, c'était en pleine période ou psychologiquement, beaucoup pensaient de Lvmh allait tout cassé dans la maison, et ceci a eu pour conséquence de mal comprendre ce parfum. Au premier abord, sa trame boisée paraissait tellement courante que l'on avait l'impression d'un parfum peu original, ayant peu de personnalité, mais c'était mal comprendre que Coriolan était en fait un parfum d'initiés, capables de reconnaître la qualité des produits naturels qui le composaient, comme l'immortelle, dont la profondeur et la qualité approfondissait l'aspect "terre chauffée par le soleil" que véhicule le parfum. Pour moi, Coriolan évoque toujours aujourd'hui les forêts de pinède dans un paysage assez sec, et l'odeur d'un cheval aux tons ambrés au galop qui passerait dans ce paysage. Coriolan ne serait il pas d'ailleurs un joli nom pour un cheval ? J'ai porté ce parfum une journée pendant mes congés, alors qu'il faisait chaud, et je le l'ai redécouvert à cette occasion. Dans cet environnement sec et aride, un soir d'été sous une chaleur torride, avec ses notes fumées, boisées, aromatiques et quelques facettes florales et ambrées, il était parfaitement à sa place. En outre, le flacon est magnifique....

Pour Higher, je crois qu'Hédi Slimane savait parfaitement quel choix il faisait, car malgré des apparences assez simples et à priori assez "vues", la construction de Higher révèle une finesse et des facettes plus riches et plus "françaises" que certains parfums américains dont il pourrait s'approcher olfactivement. Moins chargé en DhMol, l'accord de basilic naturel et de poire structure le parfum demeure assez stable dans l'évolution, ce qui prouve une structure solide et affirmée. Quelques notes de jasmin, d'hédione, de bois secs et de muscs blancs modernes affinent le trait d'un parfum facile à porter mais très équilibré, dans lequel apparait même une toute petite pointe de cuir. Je le redécouvre également alors qu'il fait chaud, de même que son descendant que j'avais un peu sous-estimé à son lancement, mais qui se révèle un peu dans la même lignée olfactive, à savoir Lacoste L12-12 White, dont les notes de tubéreuse et de cuir d"un aspect camphré rappelant quelques crèmes apaisantes utilisées dans l'univers du sport accompagnent parfaitement les facettes fraîches et dynamiques, surtout par un temps chaud comme celui de ce jour précis ou j'écris cet article. Le flacon, assez peu flatteur en terme de qualité perçue, mériterait peut être une autre réflexion ?


Coriolan, lancé sous une autre marque aujourd'hui serait considéré sans doute comme un produit de très bonne qualité technique et olfactive. Higher, lui, trouve une descendance dans L12-12 White, et sa trame, bien que commune, continuera à vivre tant que les hommes rechercheront de la fraîcheur. Par rapport à d'autres produits du mainstream, Higher et L12-12 paraissent mieux composés, plus fins et plus intelligents.

Et si ces deux incompris en leur temps avaient droit à une seconde chance ? Qu'en pensez vous ?

Illustation : photo de chevaux au galop dans un champ aride, Guerlain, Dior.

lundi 13 août 2012

So French - Eisenberg 2011 : bel hommage !

Il y a parfois de beaux hommages à la parfumerie française et c'est à travers une gamme originale qui joue sur les codes de la séduction que se présente la collection des parfums Eisenberg que l'on ne trouve que très difficilement voir pas du tout en France. Pourquoi ? Est-ce trop décalé ? Les illustrations de Juarez Machado font elles fuir ?
Intéressé en approchant une gamme dont les parfums sont assez bien construits sans tous être originaux, je retiens mon attention sur So French ! "Tellement français" : Tout un programme, que le parfum tient plutôt bien. Se voulant un hommage à la grande parfumerie française, il appelle dans ces premières notes une ressemblance avec l'ainé de tous, le Numéro 5. Puis, par la suite, le maintient devient très poudré, très irisé, relevée d'un jasmin crémeux et solaire, plus proche de Liu ou d'Arpège. Effet de crème solaire et de cosmétique assez marqué pour ce sillage qui finalement se fond dans un cocktail de baumes très doux, où tolu, styrax, muscs aux airs de cuir retourné apportent une profondeur et une tenue digne des plus grands. Plus tard, de belles surprises avec les facettes amandées-mimosa invitent à l'Heure Bleue, et le cuir, qui nous envoie à la mémoire d'un Vol de Nuit. Il y a pires références non ? So French est un parfum limpide élégant et sans chi-chi, d'une beauté simple qui rappelle la belle époque ! A porter comme un vintage, pour amatrices d'Arpège, de N°5, de Calèche, de l'Heure bleue ou de Cuir de russie. Je ne le trouve curieusement pas rétro pour autant, car, porté un soir d'été, il dévoilera des notes solaires, de mimosa et de cuir dans un sillage très "crème solaire" si l'on ne sait pas que la personne est parfumée. Le cuir et la peau d'homme, eux, se marient très bien avec lui.
Alors, comparé  à certaines créations comme Gold de Amouage, il n'est pas utile de forer du pétrole pour pouvoir se l'offrir, à condition de voyager hors de France... alors, suivrez-vous ?

Illustration : John French, parfums José Eisenberg.

samedi 28 juillet 2012

Jeux de peau - Serge Lutens 2010 : et si c'était vrai ?

N'avez vous jamais, en vous réveillant le matin auprès de votre bien aimé (e), exploré l'odeur de sa peau, du cou et tout du long pour en sentir toute la subtilité ? Et bien figurez vous qu'il résulte parfois de ces investigations matinales une conclusion olfactive : la peau, parfois et à certains endroits, sent le pain frais. Tout chaud et tout droit sorti du four, moelleux, fondant, doux, réconfortant, l'odeur du pain, elle aussi, est par la même très charnelle. 

Vouloir porter cette idée en parfum n'était sans doute pas chose facile, et, au delà du discours marketing autour de l'odeur du pain qui ne fait le lien avec celle de la peau que dans le nom du parfum, le jeu des mots et des notes est très subtil en Jeux de peau. Senti sur touche, il laisse une impression de bois blancs un peu grasse et collante, abricotée, laiteuse, parfois réglissée et "noix", très "signature Lutens" mais en le découvrant sur peau, c'est une toute autre histoire. Jeux de peau agit comme un kaléidoscope faisant ressortir une facette où une autre selon l'humeur, le jour, le temps, la température, le lieu, le moment du jour, et selon la personne qui le porte. Si vous êtes homme ou femme, blonde ou brune, blanc, noir, ou métissé, je doute qu'il soit le même. Un véritable ronde olfactive, aux antipodes de la platitude sur touche. 

Charnel, sensuel, très rond, très "odeur de pain frais, mie, croute croustillante et grillée comprise", il dévoile ses facettes boisées, épicées dans un ensemble harmonieux qui fond au sens propre du terme sur la peau. Une note de lait végétal, très lait d'amande, agrémentée de jasmin frais et d'une lactone à odeur d'abricot apporte une fraîcheur qui curieusement, n'est pas vraiment revendiquée par la marque. Quelques notes gourmandes de café au lait et de beurre frais se dévoilent subtilement mais sans envahir, ce qui contribue considérablement à adoucir le parfum dans un développement des plus charnel qui soit.

Je l'ai redécouvert alors qu'il était en soldes : une occasion, une rencontre, qui m'a véritablement étonné, alors que j'avais un à priori certain sur ce parfum à sa sortie, car je n'aimais pas le tapage autour de lui. Sur touche, il me laissait indifférent. J'ai donc redécouvert un parfum multi-facettes qui joue véritablement son rôle, qui colle parfaitement au nom qu'il porte et saura sans doute vous surprendre par sa capacité à s'adapter à votre peau et au temps qu'il fait. Comment la votre jouera t elle avec lui ? A vous de laisser faire, faites vos jeux, car il se pourrait bien que ce que promet le nom ne soit pas un mensonge !

Illustrations : Gérard Rancinan, Serge Lutens.

mercredi 11 juillet 2012

Oud - Maison Francis Kurkdjian 2012 : enfin !

Enfin ! Il y avait bien longtemps que je n'avais pas senti un parfum qui me procure une réelle émotion et qui parle sincèrement à mes sens : douceur, sensualité, suavité, texture onctueuse et surtout .... du jamais senti.
Francis Kurkdjian excelle dans l'art de partir d'un accord relativement classique, ici une rose sucrée habillée de muscs blancs, pour le faire partir vers un horizon qui lui est propre et lui donner une nouvelle écriture. Habituellement pas tellement fan de cet accord, j'avoue là ma surprise. Fraîcheur pointue et légèrement camphrée de l'élémi, vanille, héliotropine à l'odeur de mimosa, benjoin, baume de tolu et de styrax sans doute, accord miellé cher à Francis et bien sûr, un touche de fleur d'oranger, la trame est dressée. Cèdre et patchouli, bois nobles et ici sélectionnés avec soin appuient l'ensemble et donnent de la chaleur pour habiller ce oud du Laos, sans doute utilisé ici avec parcimonie mais bien présent. Une bonne dose de safran, original et sulfureux en diable, quelques épices, et vous obtenez un oud très doux, très soft, auquel on ne s'attend pas du tout. On aurait presque du mal à croire que s'en est un tant la sensation est tactile, charnelle, sensuelle, voir sexuelle. L'évolution est assez dense, très lisse mais jamais fade, emplie de baumes qui fondent sur la peau et de vanille.
Une bonne surprise, dans l'esprit doux et feutré de Cologne pour le Soir mais très différent tout de même, et j'ai envie de dire...enfin du nouveau !  Le prix, lui, est hélas au firmament !

Illustration : Mario Testino, Maison Francis Kurkdjian.

lundi 2 juillet 2012

Vive les vacances !

Il se sera fait attendre, le cher, désiré, envié, prié, loué, et finalement bien aimé soleil ! Chacun peut se rendre compte du bien qu'il fait à notre moral et à quel point en manquer nous rend triste. Pourtant, à contre courant de sa présence timorée cette année, quelques marques ont fait le choix de décliner le soleil en parfum. Certaines, depuis quelques temps déjà, d'autres, en imaginant un vrai parfum autour d'un de leur produit phare, enfin, pour la dernière, afin de décliner jusqu'au bout l'esprit de vacances qui sied à l'un de ses chefs de file. Noix de coco et fleur de tiaré en ligne directrice, ylang ylang et fleurs blanches, seules quelques tonalités changent, pour finalement afficher un caractère qui leur est propre. 

Féminissime : Bronze Goddess d'Estée Lauder
Le plus ylang des parfums essayé, très représentatif de l'idée que l'on se fait d'une crème solaire de luxe, c'est aussi le plus délicat. Bronzée, telle une déesse, parfait pour le bal du samedi soir, en robe noire chic, peau hâlée et talons hauts. N'oubliez pas la touche d'or.

Soleil vert : Prodigieux le Parfum de Nuxe. 
L'huile prodigieuse est réputée dans le monde entier, il ne manquait plus qu'une déclinaison parfum de cette préparation mythique pour que la peau scintillante soit ornée d'un parfum discret, assez vert et pointu, où le néroli apporte de la volupté, l'ylang ylang et les muscs modernes adoucissent, et où les bois ambrés et l'Arganier donnent du corps.
 
Moinoï gourmand : Aloha Tiaré de Comptoir Sud Pacifique
Siroté un cocktail sur le sable chaud, idée parfaite quand on s'appelle comptoir sud pacifique. Un univers solaire, heureux, auquel ce parfum colle parfaitement. Le plus gourmand de tous, comme un glace coco ! 

Pinia Colada en bord de mer : Crazy Rem de Réminiscence. 
Très coco aussi mais relevé d'un accord "Pinia Colada" avec ananas frais et rhum blanc, toujours avec une petite pointe marine qui sait ici se faire très discrète, je note l'utilisation d'un absolu Tiaré très récent et ici parfaitement à sa place. Dans la tradition de la marque, à consommer avec modération, mais à consommer quand même !
"Ze" monoï  : Monoï Eau des Vahinés d'Yves Rocher.
Le plus emblématique de la note d'huile bronzante, le Monoï d'Yves Rocher est assez fidèle en huile à la fleur de tiaré. Bel accord maitrisé, le parfum lui ajoute une pointe de bois ambrés, pour que le plaisir dure plus longtemps, de préférence après la plage pour les longs soirs d'été en terrasse. 

Bon j'arrête, encore un mois à tenir dans un bureau terne. Oserai-je accompagner les soirs d'été à venir de l'un d'entre eux ? Cela se pourrait bien, mais je ne sais pas encore lequel. J'aurais au moins voyagé un petit peu....envie d'évasions ?

Illustrations : Ambre Solaire, Estée Lauder, Nuxe, Réminiscence.