dimanche 27 septembre 2015

Selfie d'Olfactive Studio, Aesthete de Le Galion : idoles des jeunes ?

Mais quel est donc le rapport entres ces deux parfums et le titre d'une chanson à succès des années 60 ? Aucun ? Ah ah ah, je suis sûr que vous êtes curieux de connaitre la réponse car moi, et bien j'en vois un. Il se situe dans une des matières premières clef de ces deux nouveautés, le davana. Thomas Fontaine et Vanina Muracciole travaillent ensembles depuis longtemps (savent-ils que j'aime leur travail?), à la fois chez Jean Patou, mais aussi sur des projets plus petits comme ces deux derniers. 

De Selfie à l'idole, s'aimer, se photographier soi même et devenir une sorte d'idole pour ses amis, le pas est facile ! Pour Aesthete, esthétique, esthète, qui aime le beau, idolâtrer une oeuvre est primordial. Mais pourquoi je tiens tant à insister sur le mot Idole

La réponse, bien que sans doute un peu tarabiscotée, est qu'Idole, un des parfums clé de Lubin, est un des tous premiers parfums à contenir et à mettre en valeur le davana, dans sa version Eau de Parfum.

Le davana est une matière riche et hyper facettée, qui sent le cassis mais avec une petite pointe pétillante et un spectre d'évolution assez long, qui lui permet de bien connecter avec l'ensemble des matières dans une création. Très présent en tête, ses notes sucrées accrochent facilement avec des notes boisées en coeur, et un fond assez crémeux, presque cuiré, permet quelques fantaisies sur les notes de fond, en matchant bien sur des notes fumées, cuirées et safranées en particulier (en tout cas dans ce que je comprends de cette merveilleuse matière fruitée). 
Dans Selfie, le davana donne ce départ très confit de fruits cuits (il me semble avoir déjà évoqué cela avec Céline Verleure d'ailleurs) pour partir ensuite vers des notes de sirop d'érable, proches de la noix, sur un fond assez santalé et quelques inflexions de oud. Vous voulez qu'on vous admire, foncez !!! Dans Aesthete, le départ est également confit et très fruits cuits également, mais il est travaillé autour d'un encens très appuyé et pointu, de notes boisées plus douces, rondes, chaudes et d'épices safranées, pour qu'il devienne très confortable, rassurant, assez "suédine fumée" dans son évolution. Vous appréciez la beau, n'hésitez surtout pas !!!

Les deux jeunes présentent plutôt bien et séduiront sans nul doute quelques idoles chez les jeunes, avec un coup de coeur personnel pour Aesthete (normal, j'aime le davana et les notes cuirées), mais l'ancêtre, notre cher Idole, ne retrouverait-il à travers ce spectre d'interprétations différentes, une nouvelle jeunesse ? A vous de voir !

Illustrations : Scentvision, Olfactive Studio, Le Galion.

jeudi 17 septembre 2015

Equipage Géranium - Hermes 2015 : s'équiper d'une claire élégance.

Déjà séduit l'an dernier par la réécriture de Bel Ami, ourlé de notes boisées et de praline, charmé par Le Jardin de Monsieur Li qui a pris depuis une place toute particulière dans ma vie, je m'étais penché sur la redécouverte d'Equipage, pour ne pas oublier ce beau boisé épicé construit sur un accord classique de "Fougère" : lavande, géranium, mousse de chêne, épices chaudes et froides donnent à ce parfum un caractère unique, assez "papa propre", mais toujours élégant. 

C'est avec une petite crainte de le voir trop modernisé que je me suis offert le tout dernier né, sans même pouvoir le sentir en démonstration, comme cela avait déjà été le cas avec Bel Ami Vétiver. Arrivé chez moi, assez impatient à vrai dire, je vaporise le parfum, et décide de passer la soirée avec, puis une journée entière... et j'avoue ne pas du tout être déçu par cette nouvelle écriture. 

Sans trop dénaturer l'original, je trouve ce dernier bébé plus clair et plus facile d'approche, sans qu'il ne perde pour autant son originalité et sa signature assez marquée. En effet, malgré sa structure plutôt classique, Equipage défend un sillage reconnaissable et assez unique, porté par une bonne dose de cannelle et une pointe de vanille. Le patchouli, boisé et terreux, lui donne une certaine profondeur. 

Dans le nouveau, cette profondeur s'atténue au profit d'une nouvelle lumière. Le patchouli disparait pour laisser place au santal, plus doux et plus lacté, qui apporte une souplesse et de la rondeur. La structure reste pourtant la même, car on retrouve bien un accord floral et végétal, très contemporain, plutôt comme une interprétation du géranium que de manière figurative (quelques notes "à effet" aident à cela). La lavande, la cannelle et les autres épices qui font la force d'Equipage répondent à l'appel. J'aime particulièrement le fond, presque cuiré et fumé, mais de manière très discrète et subtile, et qui donne au parfum, sur peau, un coté Anteus voire même Bandit en plus légers, signature d'une belle fougère cuirée qui se respecte. Le sillage reste bien sûr très propre, très "savon à barbe", comme pour ne pas dénaturer le propos.

Dans la mouvance d'un dandy chic, propre sur lui et nostalgique, parfait pendant olfactif des dernières collections homme "ocre et vert anis" de la marque, Equipage Géranium donne un souffle nouveau à une écriture déjà belle et signée. Pour les papas propres "barbés" et bien dans leur baskets, il y avait Bayolea chez Penhaligon's, il y avait Le Mâle en grand public, maintenant, Hermes propose sa propre écriture, sobre, chic, élégante. Du beau qui fait du bien !

Illustrations : Hermes.