mercredi 29 avril 2009

Détour des Sens ou comment découvrir l'histoire du parfum en sifflotant ?

Vous ne savez pas quoi faire un samedi, un dimanche ou un autre jour de la semaine (voir les dates plus bas) et vous êtes passionnés (es) de parfum ? Vous aimeriez découvrir des endroits insolites ou s'est écrite la grande la histoire de la parfumerie moderne, avec ses joies et ses déboires ? Vous êtes curieux (ses) et aimeriez savoir en quoi le parfum et l'architecture sont liés à Paris ? Vous aimez échanger sur le sujet ?

Méchant Loup s'est offert il y a environ un mois une petite balade combinant parfums, histoire et architecture et vous invite à faire également ce Détour des sens.

Durant cette balade de 3 heures à travers les beaux quartiers de Paris, vous comprendrez en quoi l'Elysée est lié au destin de Guerlain, qu'il n'y a pas que Lanvin, Hermes et Caron rue du Faubourg Saint Honoré. Vous découvrirez au détour d'une rue ou d'une cour le nom de parfumeurs que seuls quelques initiés connaissent bien. Vous passerez par la célèbre boutique Chanel pour finir dans les jardins du Palais Royal, où il fait bon sentir les tilleuls en cette saison. A la fin des trois heures, vous terminerez dans un café choisi avec goût en partageant vos impressions autour de quelques parfums ayant un lien avec l'itinéraire que vous venez de faire et que Sylvie vous fera découvrir.
Sylvie, c'est votre très sympathique guide dont les yeux méritent à eux seuls le détour (:-)). Emplie d'énergie et de beaucoup d'humour, Sylvie vous contera les anecdotes croustillantes sur les marques et les personnages qui ont marqué le parfum sur un air enjoué. Courtoisie, échange, écoute, sourire et toujours un trait d'humour pimenteront ces histoires. Vous passerez sans doute comme moi trois heures que vous ne regretterez pas.

Pour être très pragmatique, ce petit détour sur l'histoire du parfum est l'occasion de se rendre compte que même sans IFRA et normes contraignantes, l'industrie du parfum à tout de même une tendance à se faire du mal. Toujours plus ou moins lié à l'argent et au pouvoir, c'est depuis bien longtemps une histoire de gros sous, d'enjeux forts dans le but de séduire une clientèle ou des investisseurs.
Combien de chefs d'oeuvres disparus parce qu'une marque n'a pas su lire son époque et a plongé ? Combien de flops dans des flacons mal étudiés ? Combien de senteurs brisées sur un orgueil trop prononcé ou sur des querelles de personnes ? Combien de petites mains asservies au monde du luxe également ?
C'est aussi cela l'histoire du parfum. Du coup, l'époque actuelle ne semble pas si dramatique que l'on pourrait le penser.
Vous noterez également que les chefs-d'oeuvre sont souvent nés de hasard, et qu'il y a tout de même peu de rescapés ! Ceux qui restent sont tous marquants, et les autres, aussi beaux soient ils, vite oubliés. C'est un fait, car la vie continue, et la création aussi, malgré tout et ce depuis le début.
C'est ce que j'en retiendrai et quand le parfum meurt, ne faut il pas crier vive le parfum ?
De plus, à notre époque, il existe l'Osmothèque, qui permet de rattraper une part des dégâts pour qui veut se souvenir des anciens Houbigant, Coty, Fragonnard, Lubin et de ceux qui continueront d'arriver. Bien d'autres, dont je ne connais même pas les noms.

Profitez donc de cette occasion pour voir le parfum sous un autre angle ! Un angle passionné et passionnant, en buvant les paroles de Sylvie. Et puisque c'est le printemps, pourquoi ne pas le faire en sifflotant ?
Contact Détour des sens : Sylvie Daumain
Réservations par mail : contact@detourdessens.com

Par téléphone : 33(0) 619 60 60 58
Tarif : 45€
Durée : prévoir 3 heures.

En mai : les 5, 15, 17, 18
En Juin : les 10, 19, 21, 22
En Juillet : les 1, 5, 23, 29
Rendez vous à 10 h sur la Place de la Concorde face à l'automobile club en général.

N'hésitez pas à dire que vous la contacter de la part de Méchant Loup d'Olfactorum !

lundi 27 avril 2009

Vivara Variozioni Sole 149 - Emilio Pucci 2009 : Exotic & Erotic "Muguet".

Il m'arrive souvent de craquer sur un parfum pour le parfum en lui même, mais j'ai aussi parfois des coups de coeur pour la cohérence d'un ensemble. Cohérence entre le nom, le flacon, le concept qui tend à prouver que le travail d'un parfum est un travail d'équipe entre la création et le marketing, dans un objectif commun. Le dernier exemple serait ce Vivara Variazioni Sole 149.
Le brief de départ aurait pu être : faire revivre une marque un peu au placard de manière cohérente et avec ambition ! Premièrement, choisissez un code qui l'identifie et la rend facilement lisible ; ici, c'est le fameux imprimé Vivara, du nom d'une ile italienne proche de Capri et véritable signature du style Emilio Pucci. Deuxièmement, faites jouer la synergie d'un grand groupe, en l'occurrence Lvmh pour créer une émulation, y puiser l'inspiration et les ressources nécessaires ; dans ce Vivara Sole 149, on retrouve donc un peu de Diorstar, lui même dérivé de Diorissimo, et ce n'est à mon sens pas un mauvais choix. Troisièmement, définissez un flaconnage original, où le code choisi pour véhiculer l'image de la marque est bien visible et distribuez votre création bien en évidence dans un réseau que vous maîtrisez. Et voilà comment un jour, le Méchant Loup que je suis se retrouve devant un coup de coeur et décide d'en faire un article.
Le premier Vivara né il y a maintenant deux ans ne m'a pas spécialement marqué: assez féminin certes, mais un peu "déjà vu" et paré d'une note tubéreuse jasmin assez connotée 80's pas très fine. Pourtant, en prenant un peu de recul et si vous avez le style qui va bien, il est enveloppant par ses notes proches du tissus et de la laine et ce n'est pas franchement désagréable. Cette année, trois variations ont vu le jour, autour du soleil Sole 149, de l'eau Aqua 330 et du sable Sabbia 167. Celle que j'ai retenue aujourd'hui est celle autour du soleil et des fleurs et c'est Vivara Variozioni Sole 149. C'est un peu long à dire, mais on s'y fait, et pour vous repérer, c'est le flacon jaune.
Comme je le mentionnais un peu plus haut, on retrouve dans le sillage de cette variation un peu de Diorstar dans un registre moins fruité.
Je ne m'attarderai pas sur les notes mentionnées dans la presse qui ne présentent pas un grand intérêt et peuvent même fausser la donne. Je préfère évoquer une impression, des sensations. Une amie férue de muguet à qui je l'ai fait découvrir m'a spontanement parlé du Jardin de Batala en Martinique, et figurez vous que c'est exactement cela. Là où je ne percevais qu'un muguet plutôt vert, c'est donc un jardin qui s'offre à vous, dans une impression de verdeur opulente , de moiteur d'embruns légers, de fleurs et de fruits exotiques et tout cela, sous un soleil chatoyant.
En cela, il s'inscrit dans la lignée des floraux verts actuellement en vogue, et dans une belle "interpretazione". Facile à porter mais néanmoins signé, ce parfum est un coup de coeur et les illustrations me semblent bien traduire cette cohérence entre la fragrance, les couleurs et l'ambiance.
Par conséquent, si "il Cattivo Lupo" qui est en moi croise un jour une plantureuse italienne en jupe imprimée de vivara d'Emilio Pucci, il se pourrait bien qu'il trouve à ce muguet et à celle qui le porte un certain charme exotique non dénué d'un peu d'érotisme. Comme tout cela fait du bien, c'est bientôt le 1er mai. Envie de muguet ?

mardi 21 avril 2009

En Passant - Frédéric Malle 2000 : sentir venir l'été ... en douce, sous une eau parfumée !

Voilà, notre promenade Guerlain s'est terminée sur une note de lilas, qui ne se concrétisera sans doute jamais, nous verrons bien à l'avenir. Cela dit, je ne sais pourquoi j'ai cette envie de sentir du lilas en ce moment, et il semble que je ne sois pas le seul.
Cette fleur, dont il est impossible d'extraire quoique ce soit, semble de fait, être assez rarement travaillée en parfumerie. Néanmoins, le lilas apparaît dans quelques parfums : travaillé autour de notes fraîches et propres, on le trouve dans Pleasures d'Estée Lauder. Je l'aimais aussi beaucoup dans l'oublié Guerlinade, une jolie création de Jean Paul Guerlain, où il se faisait très semblable à celui que l'on trouve dans un jardin, accompagné de jasmin, de rose et d'un beau bouquet de fleur. Mais le parfum qui revendique ouvertement le lilas est celui dont Frédéric Malle s'est fait l'éditeur en 2000 : En Passant par Olivia Giacobetti. Dans En Passant, les notes de tête sont si proches de la fleur qu'elles nous plongent littéralement dans un jardin au printemps quand les lilas fleurissent, et ce dans un style proche de celui de Guerlinade justement. Ce bel ensemble naturel nous réconcilie avec un certain style de parfums, qui tels des toiles impressionistes ou des aquarelles pastelles nous emportent en pleine campagne dans une certaine intemporalité. Passé cette belle étape, la patte d'Olivia Giacobetti se reconnaît très nettement. Un de ces accords fétiches se dévoile au grand jour en cette année 2000. Une note marine revendiquée comme étant proche du concombre (mais qui serait à mon nez plutôt anisée-florale-ozonique), des fleurs comme le muguet, le tilleul (une note que j'aime beaucoup), l'aubépine, la fleur d'oranger, un peu de violette, beaucoup de musc blanc et cette petite note dont elle semble avoir l'exclusivité : le blé ! Le blé se caractérise par un aspect poudré et farineux, et il apporte cette petite pointe de poésie dans ce bouquet de fleur, comme pour s'approcher encore plus des grappes généreuses du lilas. En passant est un parfum reposant, calme. Tout comme avec Après l'Ondée, je suis au beau milieu d'une toile, sur un chemin champêtre, en pleine campagne, sous les lilas, les glycines et les tilleuls que l'on a plaisir à suivre et à sentir. Comme le dit Jeanne sur auparfum : "En passant, je ne savais pas qu'il y avait des lilas sur ce chemin" ! Jeanne, cet ami devait être attentif, tellement cette impression est juste.
Ce style propre à Olivia a depuis fait quelques petits, et c'est un peu dommage, car l'accord majeur de En Passant n'est plus unique, du coup. En passant par les lilas sous une eau parfumée, voilà qu'arrive l'été... en douce. On le retrouve en effet pratiquement à l'identique dans l'Eau parfumée d'Andrée Putman puis chez l'Artisan Parfumeur dans l'Eté en Douce. Joli, champêtre également, mais juste un peu plus marqué de pluie pour l'un, de muscs blancs pour l'autre.
En outre, pour celles qui aimeraient cette facette "musc blanc" sous les fleurs dans un cocoon doux et frais, il y a aussi Lacoste pour femme, dont je parlerai plus longuement dans un article qui lui sera propre. Alors, n'oubliez pas, si vous sortez vous promener en ce printemps ensoleillé, en passant par un jardin de lilas, ressentez l'été qui arrive en douce sous une eau parfumée ! Ah, que c'est beau le printemps !

vendredi 17 avril 2009

Oh My ! Et si c'était demain ?

Méchant Loup rencontre lors de ses balades des histoire étonnantes.
Celle-ci est l'histoire de la reine d'un royaume imaginaire : "Oh my god, Oh my kingdom, Oh my destiny" ! Elle sait que celui qu'elle aime est de l'autre coté, dans le royaume ennemi. La guerre fait rage entre les deux terres. Elle aimerait changer le cours de l'histoire, mais elle ne peut agir, impuissante. Un beau jour, un alchimiste lui promet qu'il n'existe qu'un seul remède à ce mal : il peut créer un élixir qu'elle devra porter pour que le prince du royaume ennemi succombe à ses charmes et conjure le mal . Cet élixir devra être composé du plus beau lilas de son jardin, d'orchidée sauvage, de rose rouge et d'une fleur qu'elle ne trouvera que sur les terres ennemies : la rose mauve, à l'odeur de myrtille...
Bien sûr, elle part en terres ennemies chercher cette fleur de mystère, son destin et celui de son royaume est en jeu. Sans croiser le prince, elle parvient à rapporter la fleur rare. L'alchimiste, après plusieurs tentatives, trouve la bonne formule et y ajoute l'ingrédient mystère.
Au beau milieu d'un affrontement entre les deux royaumes elle porte cet élixir. Le prince ennemi succombe et tombe amoureux. Elle est comblée, la suite, vous la devinez sûrement. La paix s'installe enfin.
Oh my God ! C'est que ce parfum n'existe pas, vous l'aurez bien compris. Pourquoi ne pas l'imaginer alors ?
La fraîcheur des lilas roses et blancs, de l'herbe coupée et des fleurs fraîches d'un jardin par un matin de printemps (un peu comme dans Pleasures et Chloé), la douceur végétale d'une orchidée rare (comme dans Black Orchid), qui se marierait au piquant poivré d'une rose d'un rouge éclatant. Puis, cette mystérieuse rose mauve, qui constituerait le fond du parfum avec des notes légèrement acidulées proche des myrtilles, mais aussi quelques bois précieux ciselées autour d'un patchouli très fin et des muscs blancs (là, il n'y a pas de référent).
Ce parfum, je l'ai imaginé pour ce que pourrait être le futur : relever le défi d'un beau lilas, note chère à monsieur Guerlain, mais difficile à apprivoiser car il faut la reconstituer et éviter les maladresses.
Tradition de l'histoire de châteaux et jardins de France ou d'ailleurs où il est question de princesses et de rois, de dieux, de royaumes et de leur destin. Marie Antoinette a marqué l'histoire de France et laisse encore aujourd'hui ses codes dans les canons de la mode. Une princesse imaginaire, c'est un joli thème non ? "Oh my god, Oh my kingdom, oh my destiny ..." Oh My Guerlain ! "Mais il est fou ce Méchant Loup"!

mardi 14 avril 2009

Guerlain Homme - 2008 : chevaux bridés !

J'avoue avoir été séduit sur touche par les toutes premières notes de Guerlain Homme. Je lui trouvais une belle identité et une fraîcheur bien marquée, et je n'étais pas vraiment d'accord ni aussi sévère que les personnes qui pensent qu'il ressemble à un vulgaire Hugo Boss ou pire, à un parfum de supermarché, il ne faut pas exagérer quand même ! Comparez-le avec la dernière fougère à la mode et même avec Allure homme et vous verrez bien qu'il est distingué frais et vif et que sa petite note de cuir retourné un peu "daim" combinée à la fraîcheur de cette menthe glacée est bien agréable. J'y percevais même un petit effet thé vert, qui n'était à priori pas voulu, tout cela me plaisait bien.
Mais c'est en l'essayant sur peau qu'il y a bien quelque chose qui coince. Quelque chose qui n'a jamais pris, ni sur peau, ni en sillage. J'ai donc essayé de comprendre pourquoi et voici ma conclusion, aussi naive soit elle. Sans doute qu'à vouloir trop "faire Guerlain", il reprend un accord géranium violette iris presque poudré déjà vu dans des masculins comme Mouchoir de Monsieur et Chamade Homme entre autre, en passant complètement à coté du fait que ces notes utilisées classiquement dans les parfums dits "fougère" font ici un peu "mousse à raser" et "guindées" voir même "rétro", surtout que la menthe n'arrange pas les choses. Dans Mouchoir de Monsieur, ça passe plutôt bien mais sur un parfum qui revendique une fraîcheur infinie (dixit le packaging) voulue avant-gardiste et transcendant les codes habituels, on reste un peu sur sa faim. On oublie alors cette fraîcheur de mojito glacé, le patchouli promis s'est un peu perdu et la peau ne sent plus que quelque chose d'assez plat au bout d'une demi-journée. J'ai comme une impression que le potentiel ne part pas, est contenu, comme écrasé, étouffé et bridé par cet accord qui m'apparaît cependant plutôt mal à propos que vraiment raté. Qu'en pensez vous ?
Parlons aussi de la communication, qui n'a rien fait pour arranger les choses : une fraîcheur infinie ????? Ce n'est justement pas le cas, car cet accord lui donne une "tension" un peu sourde et un sillage que je trouve très poudré. Un homme dans une forêt qui boit de l'eau et une communication tapageuse au pied de l'Opéra Garnier, pour un Guerlain qui se veut chic et discret, c'était trop décalé. Puis, quand on voit que Jardiland s'est prequ' inspiré de la pub de Guerlain Homme pour la sienne, je veux bien voir de l'humour, mais là pour le coup, ce n'est plus très flatteur.
Bref, tout cela est bien dommage et à lire les réactions, le mal est fait, du moins en France. Ce parfum a peut être trouvé son public à l'étranger, je ne sais pas, mais il est sans doute loin d'un Terre d'Hermes en terme de visibilité et de notoriété. Etait-ce voulu ? J'en doute.
Est-ce pour autant un "flop", l'homme est il tombé dans la mare ? On peut le penser et le déplorer !
Je veux pourtant croire à l'idée de cette fraîcheur métallique et végétale qui casse les codes habituels de Guerlain. La trame de Guerlain Homme est franchement belle "stylistiquement" et plutôt agréable. Les beaux jours venant aideront sans doute à mieux l'appréhender. Cela dit, il est difficile de rattraper les choses. Je veux cependant y croire car comme vous l'avez vu, j'aime Guerlain et je me prête à croire qu'un re-travail sur ce parfum serait un beau défi, pour revoir un peu la copie et permettre en quelque sorte de lâcher la bride. Il me semble possible de trouver une expression qui éviterait le "couac" olfactif mentionné plus haut. Une expression vraiment digne des plus beaux designs du bureau de style Pininfarina qui pose sa patte sur le flacon. Un challenge, et plutôt une belle idée non ?
Ferrari, Maseratti, Pininfarina est l'auteur de vos plus belles autos alors, libérez votre esprit et lâchez vos mécaniques ... pour que l'on retrouve le sourire et le ronronnement de ces chevaux mélodieux dans l'âme de Guerlain Homme.

jeudi 9 avril 2009

Après l'ondée - Guerlain 1906 : impression sous la pluie.

Encore trois articles et nous terminerons ce mois Guerlain. Après le soleil et les vacances, c'est aujourdhui d'une promenade sous la pluie qu'il s'agit.
Après l'ondée fait partie de ces parfums qui évoquent plus que tout la nature. Une promenade en foret, on l'on sent les feuilles mouillées, la terre humide, l'eau, et les fleurs de violettes et d'aubépines qui exhalent leurs effluves merveilleuses. Ce parfum est construit comme une aquarelle dans les tons mauve pastel. Il est simple mais cohérent, ces traits ne crient pas, ils se murmurent doucement.
Les toutes premières notes sont anisées, pour mieux rappeler le parfum de l'aubépine et des feuilles humides. La violette s'y dévoile également, élégante et poudrée, toujours associée à l'iris dans un des plus beaux accords de l'histoire de la parfumerie. L'oeillet et ses notes poivrées et épicées de clou de girofle s'annonce naturellement, sans faire de bruit. Une guerlinade douce s'amorce sur le mimosa et la cassie, aux notes poudrées et de "daim", puis termine la partition sur un fond crémeux de vanille et de fève tonka. Est ce pour mieux coller à la nature, car la fève tonka sent presque le foin coupé ? Sans doute.
Délicieusement intemporel, Après l'ondée me transporte dans un univers romantique, calme et serein, où une chose aussi simple que la nature authentique me parle. Je m'imagine au beau milieu d'une toile de Monet, dans le jardin de Giverny, et c'est un peu comme si le parfum était construit de la même manière, tout en fondu.
Le calme, l'herbe humide, les oiseaux, un léger clapotis d'une ondée fraîchement tombée, cela n'a pas d'époque, cela n'a pas de temps, cela n'a pas de prix. Cette sensation se vit encore aujourd'hui, quelques parts à la campagne... après l'ondée. Il est cependant bien dommage de ne pas revoir le flacon "Louis XVI" de l'époque et ne ne plus pouvoir le sentir en extrait, mais tout a été fait pour le sauver, sans succès.
En revanche, Après l'ondée existe toujours et je l'ai senti un jour en arrivant dans le cabinet d'un médecin femme, et je me rappelle très bien cette signature unique qui flottait dans l'air. Un sillage Guerlain comme on ne peut que les aimer, et que l'on aimera toujours. Et puisqu'il en est ainsi, un si joli parfum devrait-il être sexué ?

lundi 6 avril 2009

Djedi - Guerlain 1926 : rêve unique sous les étoiles d'Arabie.

J'ai découvert Djedi lors de la réédition de 1996. Le flacon me faisait envie dans la vitrine de ma parfumerie préférée de l'époque. Un jour, une des vendeuses a bien voulu me faire sentir ce qu'il y avait dans ce précieux flacon. Ce souvenir demeure encore aujourd'hui.
La première image qui m'est venue fut celle d'un désert brûlant et des richesses de l'Arabie. Le parfum s'est dévoilé ensuite comme un conte. Le génie sort de la lampe et réalise un rêve : un homme galope dans le désert, une rose à la main, qui l'apporte à sa promise. Le sable vole sous la force du galop, la rose opulente laisse son sillage dans l'air, il est amoureux. Elle l'aime, elle l'attend le coeur battant.
Djedi est une rose des sables : dès les premiers instants, on remarque que l'encens et le cuir se marient au vétiver et à des notes aromatiques pour un effet "sable du désert", un peu comme dans Ambre Sultan. Cet ensemble est d'une belle couleur dorée. La rose vient ensuite, une rose de damas d'une pureté rare mais opulente. Elle s'irise légèrement puis se fait accompagner des notes aux tonalités de cuir d'un beau jasmin. Un merveilleux patchouli, riche et profond, sans doute un peu de santal et de la mousse de chêne apportent leurs couleurs chaudes.
Rien n'est exagéré pour décrire ce parfum : Djedi est somptueux, Djedi sent le désert, le sable, le cuir et la soie, et c'est pour moi sans doute encore aujourd'hui le plus beau souvenir "parfum" de ma vie. Djedi est l'Orient de la grande époque Guerlain, l'Orient des milles et une nuits, un conte unique, qui m'a été raconté une seule fois et est resté gravé. Je demanderai bien à le vivre de nouveau, ne serait-ce que quelques minutes, mais un génie ne fait que de brèves apparitions et il n'y a malheureusement aucune chance qu'il revienne. En effet, refaire vivre un Djedi aujourd'hui tel que je l'ai senti il y a 13 ans semble tout simplement impossible. Pourquoi ? Et bien parce que les normes ont changé et Guerlain aussi. A l'époque, le flacon Baccarat Collector devait valoir 4000Frs. Aujourd'hui, je n'ose même pas imaginer le prix si je me réfère aux dernières éditions Baccarat lancées et au fameux Précieux Nectar. En outre, et comme certaines personnes accordent de la valeur à un parfum sur un autre registre que le mien, Guerlain ne se prive pas de cette clientèle. Pourquoi lui vendre un Djedi, un vrai nectar précieux, si elle achète un Précieux Nectar en étant sûr que s'en est un ? C'est peut être le cas, mais pas autant que Djedi. Un Méchant Loup et quelques autres peuvent bien déplorer cela, but "this is the wolrd we live in" !
Djedi est donc un rêve, que j'imagine sous les étoiles d'un désert brûlant, et c'est peut être mieux qu'il reste tel quel, même si j'aimerai le revivre un court instant...
Djedi 1926 ou 1996 est peut être référencé à l'Osmothèque de Versailles, quelqu'un le sait-il ?

jeudi 2 avril 2009

Flora Nerolia - 1999 - Fleur de Nabeul 2007 : mélodie de famille en jasmin majeur.

Je souhaitais parler de Vol de Nuit, mais le temps magnifique de ces derniers jours m'incite à plus de fraîcheur. Continuons donc notre promenade Guerlain sur une autre Aqua Allégoria, mais de celles des tous débuts : Flora Nerolia, où quand le jasmin et la fleur d'oranger créent ensemble une mélodie unique. Le néroli est le nom donné à l'huile essentielle des fleurs de l'oranger bigaradier. Le néroli a pour caractéristique olfactif une petite note de farine fraîche. Ceci permet de créer une belle note de coeur qui lie parfaitement les notes de tête et les notes de fond, et se marie bien sûr parfaitement dans un accord "fleur d'oranger" comme celui-ci, mais également avec l'iris (voir Prélude to Love de By Kilian).
On ne peut pas dire que les toutes premières notes de Flora Nérolia soient faciles : ce sont des notes d'un effet fleur d'oranger, tubéreuse, jasmin très appuyé et assez criard qui ouvrent le bal. Elles sont à peine calmées par la bergamote. La toute première fois, on peut avoir du mal, il faut bien le reconnaître, mais cette étape est difficilement évitable si l'on veut un beau "jasmin-fleur d'oranger." Passé cela, au bout de quelques minutes, tout se calme et devient mélodique. Le néroli apaise le tout, puis sans doute quelques notes de petitgrain (HE de la branche de l'oranger), de l'absolu fleur d'oranger (traitement des fleurs), et quelques variétés de jasmins naturels de différentes origines et d'une qualité choisie. Dans un jasmin il y a aussi une note dont on ne passe difficilement : l'hédione. Son odeur très fine et proche du jasmin se conjugue au néroli pour créer ce fameux lien et permettre à la mélodie de défiler calmement, jusque dans le fond , qui se fait très doux. Du vétiver et de toutes petites touches de notes dites "animales" (qui ne sont pas issues d'animaux précisons le) apportent leur soutien à l'ensemble : dans le jargon, on dit qu'elles "fixent" ce tout bien architecturé mais un peu fragile à la base. Le sillage de Flora Nérolia est unique : il nous promène en Tunisie, en Italie, là où les orangers en fleur et les jasmins se conjuguent à la tombée de la nuit, par un soir d'été en bord de mer. Moment de douce sensualité, qui invite au rêve, à l'amour, et nous incite à être bien. C'est sans doute pour cela que Flora Nérolia est devenu "le" parfum de notre famille. Il nous rappelle les bons moments passés ensembles autour de grandes tablées dans un air estival. Ma soeur l'ayant adopté depuis le début, c'est devenu son sillage, son parfum, et comme nous aimons tous le jasmin, nous aimons tous ce parfum, y compris son mari, qui fut conquis.
C'est pourquoi, la disparition de Flora Nerolia fut regrettable pour nous et surtout pour ma soeur. Mais, comme j'avais la possibilité de faire un peu de quelque chose qui y resemble, j'ai créé pour elle Fleur de Nabeul, sans qu'elle le sache et en suivant la même idée. Fleur de Nabeul est tout de même plus vert sur les notes de tête et très légèrement plus solaire dans son évolution, mais tout ceci est volontaire. Le coeur du parfum reste très proche de l'original. Quand je lui ai offert, car je n'avais rien dit, je fus ravi de la voir retrouver "son" parfum et mon beau frère éprouver la même émotion.
Il y a quand même quelque chose de bien triste dans tout cela : je n'ai pu faire qu'un seul flacon, grand certes, mais unique et elle l'utilise avec parcimonie.
Cependant, hasard de la vie, d'après Sylvaine Delacourte, Flora Nerolia revient avec quelques petites modifications tout de même, question de normes sans doute, et c'est pour juin 2009, donc très bientôt. Je rectifie mon texte suite à une précision qu'elle apporte dans un commentaire ci-dessous. Il ne revient pas dans la série "les parisiennes", mais en "one shot", sous forme d'une série limitée dans le flacon en photo ci-contre. Je pensais que nous allions retrouver le sourire, mais il faut croire qu'un tel jasmin-fleur d'oranger se fait désirer et que les fidèles sont trop rares pour qu'il intègre une gamme plus courante. Tant mieux pour les collectionneurs, dommage pour celles qui l'avaient adopté.