lundi 31 mai 2010

Baudelaire - By Redo 2010 : invitation au voyage.


Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait À l'âme en secret
Là,tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


Vois sur ces canaux
....

Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.


Des meubles luisants polis par les ans décoraient notre chambre : encaustique et bois cirés, vernis.

Les plus rares fleurs, mêlant leurs odeurs, aux vagues senteurs de l'ambre : quelques immortelles, un pavot, des roseaux séchés, posés là, dans un coin.

Les riches plafonds, les miroirs profonds, la splendeur orientale
: on devine une noblesse des sens. Une bibliothèque pleine de livres anciens, dans laquelle se respire le bois ciré, le parchemin et l'encre de chine, une odeur de cuir patiné et de cigare égaré. Quelques herbes perdues et du poivre, de la cannelle et du clou de girofle. La splendeur orientale de l'ambre, de la vanille et du patchouli. Un ornement de matières nobles qui jouent entres elles et se renvoient leurs composants comme les miroirs profonds.

... D'hyacinthe et d'or
: la jacinthe est bien là. Comme une fleur fraîche et piquante, elle prend ici des accents boisés. Tellement chaude, sa note recouvre l'ensemble, et apporte une très légère lumière, comme pour mieux "dorer" la composition et épouser la peau.

La peau de l'homme, qui se dévoile enfin avec des notes qui l'appellent : genièvre, poivre, papyrus, encens et cumin ! Véritable arsenal de la séduction virile, cet ensemble parfaitement orchestré enrobe la jacinthe et provoque une sensation sombre et envoutante.

Dans ce qui est officiellement écrit sur ce parfum, ce poème n'est pas mentionné, on y parle d'île lointaine, de voyages. Pourtant, ce chypre cuir comme il est décrit m'inspire, les épices, le bois, le cigare, les cuirs et les matières nobles. Il me parle aussi de terre, de roseaux, d'horizons lointains comme une invitation au voyage. Un parfum sec, puissant au départ, mais qui prend sur la peau des couleurs épicées, boisées et cuirées, aux tonalités sèches et chaudes d'une noblesse rarement croisée ces derniers temps.
Je ne connais pas le nom du parfumeur mais le directeur artistique de la marque, Ben Gorham savait vraiment là où il voulait aller. Chacun y trouvera sans doute sa propre vision, à travers le poète ou son propre vécu, mais ce parfum ne laissera sans doute pas indifférent.

Un coup de spleen, ce parfum parle à l'âme, en secret, à celui qui l'adopte.
Les mots, le parfum, Baudelaire parle de fleurs du mal autour de fleurs du mâle. Sèches et corsées, mais tellement humaines ! Un véritable coup de coeur hors du temps, tout comme la Tulipe, décrite ici par Sophie sur mybluehour !

Baudelaire est en vente au bon marché et à la boutique Nickel, rue des francs bourgeois 75004, où vous pourrez également découvrir les dernières et réjouissantes créations de Olivia Giacobetti pour Honoré des prés.

Illustration : Baudelaire par Gustave Courbet.

mercredi 26 mai 2010

Nuit de Tubéreuse - l'Artisan Parfumeur 2010 : luxe calme et volupté.

Il y a quelques semaines, j'avais découvert cette Nuit de Tubéreuse en passant dans une boutique alors qu'elle n'était pas encore en vente, et bizarrement, je trouvais qu'il lui manquait un certain équilibre. Problème de maturation ? Premier lot légèrement modifié depuis pour la commercialisation définitive ? Je ne sais pas, ayant vu le flacon en expo tout à l'heure, alors que j'étais pressé, je l'ai vaporisé très vite en passant sur un stand, ne pouvant m'arrêter assez de temps pour demander des précisions à la démonstratrice.

C'est alors que je découvre un tout autre parfum : tout semble être rentré dans l'ordre, toutes les notes se dévoilent et s'enchainent sans discordance, dans un équilibre que je reconnais à son créateur, Bertrand Duchaufour. Ouf, j'avais crains le pire mais l'honneur est sauf.

Et c'est alors qu'une vérité saute au nez : cette tubéreuse n'en est pas une ! Et non, ou du moins pas autant que son nom ne pourrait le laisser supposer ! Jouant avec talent sur les nombreuses notes qu'ont en commun les fleurs blanches comme le jasmin sambac, la fleur d'oranger et la tubéreuse, Bertrand Duchaufour réunit ici un équilibre entre les trois, avec tout de même une nette dominance de fleur d'oranger au départ. Des muscs à l'effet "végétal" apparaissent très vite et apportent au parfum un délicieux coté sève que l'on avait déjà remarqué dans Amarantine. Cette facette est subtilement appuyée par une note de mangue verte, que l'on ne sent pas vraiment, mais qui a la particularité à mon sens de pouvoir coller à la peau de certaies femmes.
Jouant ensuite avec les épices "fraîches" telle la cardamome, la baie rose (peut être), d'autres plus sensuelles comme la baie de genièvre (sans doute), ajoutant une touche poivrée qui fait penser à de l'encens, B.D. fait prendre alors au parfum une direction piquante et espiègle comme pour accentuer et donner du montant à la facette terreuse que la tubéreuse présente au naturel.

Ceci étant dit, lorsque l'on sait que l'un des secret des parfumeurs est de travailler l'accord cumin-jasmin-pêche-vanille dont la subtilité s'il est bien dosé est d'être reconnu comme pouvant évoqué la peau d'une femme, l'on peut supposer que Bertrand Duchaufour soit parti de cet accord sensuel pour le travailler avec d'autres notes : la mangue à la place de la pêche, du jasmin et de la fleur d'oranger, toujours, des épices plus modernes et plus "faciles" que le cumin mais tout aussi sensuelles, et un fond crémeux pas vanillé mais lacté. Tout cela est si sensuel, si féminin !

Cette envolée de fleurs blanches apporte un délicieux charme "années 80", ages d'or de ces fleurs mais, alors que je pensais que c'était un défaut car une note que je trouve assez criarde se dévoilait au premier sniff, tout est à sa place aujourd'hui. En outre, la fleur d'oranger et la tubéreuse traitées en douceur ainsi que le contraste apporté par les épices lui confère une modernité indéniable, charnelle, à la manière d'Amarantine.

Sans fracas, jouant sur du velours et une sève crémeuse sans être cruelle, cette fausse tubéreuse - vraie fleur d'oranger toute douce et piquante n'est que luxe, calme et volupté. Après cela et Amarantine redécouvert sous une autre facette (légèrement fumée) le week end dernier, je me demande encore comment Méchant Loup pourrait détester le travail de Bertrand Duchaufour ?

Une Nuit de Tubéreuse qui nous transporte quelque part entre Paris et Tunis, entre il y 30 ans et demain, entre une parfumerie des plus sage et une plus voluptueuse. Féminité qui se dévoile, luxe, calme et volupté ... qui sait ce qu'il va se passer après cette nuit ?

lundi 24 mai 2010

Acqua di Gioia - Armani 2010 : perlée de fruits.

Un petit week end en Espagne est toujours une occasion d'aller faire un tour et de voir ce qu'il y a ici qu'il n'y a pas chez nous. Sûrement parce que les beaux jours arrivent plus tôt là bas qu'ici, Armani vient tout juste d'y dévoiler son dernier bijou.

Oui oui, vous avez bien lu bijou : d'une part parce que la couleur turquoise, le nom et le concept évoque une pluie de topaze bleue, d'autre part, parce que ce parfum scintille de fruits dans un effet que je qualifierais de perlé.

C'est pourquoi il m'a immédiatement séduit. Les toutes premières notes me font immanquablement penser à des fruits de la passion dans une impression très fraîche et très naturelle rendue à priori grâce à une variété de citron italien spécialement choisie pour ce lancement : mangue, menthe et fruits de la passion bien juteux sont donc réjouissants. S'en suit une promenade de fleurs blanches où l'on reconnaît une trame assez souvent croisée tout de même, faite de jasmin et de muguet qui se termine sur un lit de poire et de tubéreuse assez proche du fond de La Lune de D&G, et je ne sais pas pourquoi, cette note me plait. Le fond boisé dans un effet bois blancs assez pointu entre le cèdre et le vétiver se fait fin et élégant.

Un peu à la manière d'un J'adore pour l'effet floral scintillant, je ne vous cache pas que cet ensemble n'est pas fait pour me déplaire grâce aux fruits juteux qui ne font pas sortis d'un labo de chimie, à de l'eau bien présente dans un effet métallique scintillant sans que je ne sache comment il est créé (menthe et note eau de pluie peut être?), à des joyaux de topaze bleue et quelques brins de bois blancs.

Immédiatement séduit par la cohérence du tout et par la féminité discrète qui s'en dégage, je trouve qu'Acqua di Gioia est un parfum qui fait sourire, qui se situe dans la lignée des parfums turquoises comme Aqua Marine de Bulgari ou les Invitations d'Estée Lauder retail que j'aime en général assez car ils racontent les vacances et les coins de paradis. A découvrir pour les beaux jours et pour celles qui s'ennuient, car il y a plus déprimant.

Cerise sur le gâteau, je me réjouis de revoir apparaître les noms de Anne Flipo et Dominique Ropion pour la création, aux cotés de Loc Dong.

J'aime : la cohérence de l'ensemble très optimiste et joyeuse, l'effet "eau perlée" dans une construction tête coeur fond bien marquée. Le flacon, dont la forme, les reflets et le travail du verre est tout en courbes et en douceur.

J'aime moins : un passage floral muguet fait un peu trop déjà vu. Heureusement, ce n'est pas sur tout le monde et c'est juste un passage.

Acqua di Gioia arrive fin juin en France mais si vous descendez en Espagne avant, il est déjà en vente là bas.

mardi 18 mai 2010

Lookin' to rock Rita - Benefit 2010 : beautiful fig.

La figue fait parler d'elle cette année, et me donne du coup des envies de redécouvrir celles de Nicolai et de Miller Harris, après avoir parlé de fruit juteux et de pulpe avec Womanity. Certains la voient dans une envolée d'agrumes et de verdeur, d'autres encore jouent sur le registre des feuilles pour nous livrer une interprétation des plus belles et des plus abstraites, mais force est de constater que ce fruit est bel et bien dans le mouv.

Vous pensez que l'on s'ennuie en parfumerie "mass market" ? Vous avez fortement raison, mais se priver d'aller faire un tour chez Séphora peut aussi parfois vous priver de découvrir de bien jolies pépites. Oh ! Elles ne sont pas bien grandes (30ml toutes nues), mais elles ne sont pas bien chères non plus (moins de 30€ avec 20%), alors déjà séduit pas les précédents opus et plus particulièrement pas Sofia l'an dernier et comme les flacons de démonstrations n'étaient pas encore en place, c'est avec les yeux fermés que j'ai acheté un flacon de Rita, dont j'avais lu qu'elle sentait la figue verte. Je savais, instinct de loup sûrement, que j'avais raison d'aller faire un tour sous ces figuiers !

Alors, que raconte ce lookin'to rock Rita ?
Une histoire de fille bien sûr ! Euh, non pardons, de fille, mais surtout de figue. Vous pensez que c'est un peu déjà vu ? Et bien non, même pas fig-urez vous, car cette fille sait danser !
Rita est habile au rock'n roll: pour nous séduire des les premiers pas, sa figue se dématérialise dans une envolée de laque aux effets poudrés et scintillants, portée par un trait de vétiver aérien. A ce stade, la construction du parfum me fait penser à la référence qu'est le N°5 de Chanel ou même peut être à l'Eau Première, tellement ces aldéhydes sont fins et nimbés de talc. Dans son évolution, c'est un peu comme si sur peau, la figue se reconstituait petit à petit, passant de la feuille au fruit en oscillant sur les bois de santal et la vanille. Je remarque au passage que cette figue feuille immatérielle ressemble beaucoup à la pêche blanche, dont l'effet duveteux se fait ici très gustatif et réconfortant.
Pour moi, la figue de Rita est plus scintillante que celle de Philosykos de Diptyque, plus fine que celle de Fico di Amalfi d'Aqua di Parma, plus douce et plus luxueuse que celle de Premier Figuier de l'Artisan, plus abstraite aussi. Pas une note ne dépasse l'autre, l'effet créé est remarquable de finesse et de féminité, d'un luxe sobre et maîtrisé. Une bien belle découverte en somme, qui joue sur les classiques pour mieux les sublimer.
Tournant et virevoltant sur les facettes feuilles, tiges, et fruits de la figue, il me fait remarquer qu'il est encore possible qu'une marque séduise par l'amour, l'implication et l'exigence de ses créatrices qui se gardent bien de reproduire à l'identique ce qui est déjà fait. Oui, le rock de Rita sent l'amour en mouvement : l'amour d'un couple qui twiste et tournoie, l'amour d'un homme pour sa femme, tout simplement.

Depuis combien de temps n'avez vous pas mis les pieds chez Séphora ? Si vous voulez faire un beau cadeau, Sophia, Gina, Lee Lee, Rita, Eva ou Carmella sont de bien jolies poupées. En outre, scellant l'union de Benefit et de LVMH, ces beautés ne se trouvent que dans les magasins du groupe et sur les stands de la marque. Beautiful story, beautiful life, beautiful fig ! J'ai hâte de découvrir d'autres figues.

Et figurez vous que ce midi, je suis passé dans un Séphora ou les flacons de Carmella et Eva , les deux autres filles venaient d'être sortis : franchement, cette collection de 6 nanas bien sympathiques me rebooste et redonne le moral. La créativité bien vivante et pas hors de prix, ça fait un bien fou !

J'aime : Rita, Sophia, Lee lee et Carmella, le jeux entre les matières, la construction abstraite de la figue, les codes classiques revisités
pour certains, les nouvelles notes pour les autres, le sillage.
J'aime moins : Gina et Eva, la distribution limitée, mais c'est sans doute pour mieux les mettre en valeur.

Illustration : Pastelli.

vendredi 14 mai 2010

Womanity, facette salée - Thierry Mugler 2010 : le cinquième élément.

Nous l'avons découvert ensembles, et c'est en regroupant nos idées que nous vous présentons, Juliette, Sophie et moi le très attendu prochain Mugler qui arrive très bientôt. Womanity, c'est le sucré, à découvrir sur Poivrebleu, le boisé, exploré sur Mybluehour, et le salé, dont je vous parle ici et maintenant.

Le salé :
comme l'idée de départ était de faire un sucré-salé, la question se posait de définir ce que pouvait être ce "concept olfactif" et quelle matière pouvait jouer sur ce tableau ? Au début, Pierre Aulas, directeur artistique du projet, souhaitait partir sur un chutney, mélange sucré-salé de fruits et de légumes, mais les tests en formulation n'étaient pas concluants et il manquait un peu de "noblesse" dans l'évocation. Il ne s'agissait pas non plus de faire une copie de Dans tes bras, qui évoque une peau salée. Un heureux hasard de rencontres fait qu'au même moment, Mane, important fournisseur de matières premières, présente les fruits de ses dernières recherches, dévoilant ainsi une figue fraîche d'un bel effet et une note de caviar. Cette dernière, note noble et élégante par excellence, s'impose alors comme une direction à prendre. Le projet prend enfin son essor et dessinera sa facette salée.

Je suis sûr qu'à ce moment là, vous vous demandez ce que sent le caviar dans un parfum, n'est ce pas ? Le poisson ? Pas vraiment : au naturel, le caviar présente des inflexions épicées et iodées, quelques facettes aillées mais surtout des notes fumées que l'on qualifie de cuirées. L'extraction moléculaire déjà utilisée pour la figue joue ainsi un rôle important car ce procéder révèle avec une grande précision toutes les facettes de la note caviar que Pierre Aulas souhaite utiliser dans Womanity. Une variété rare est ainsi soumise aux analyses et grâce à une note marine nommée hélional, ou peut être conolline, plus fine que la calone utilisée pour l'Eau d'Issey par exemple, la constitution de cette note caviar se dévoile. Pour vous donner une idée, l'hélional serait plus proche de ce que l'on sent dans l'air marin en bord de mer que dans les huitres. A ce jour, il me semble que c'est aussi la note centrale de Aqua Fiorentina de Creed. Womanity est proche de ce parfum d'ailleurs, mais je trouve que grâce aux facettes différentes de la figue, il va encore plus loin dans l'originalité.

Quel rôle joue alors ce caviar dans Womanity ? La complexité et la richesse des facettes de cette extraction apporte ainsi les inflexions épicées, iodées et cuirées aux structures sucrées-fruitées et boisées décrites par Juliette et Sophie. Elle module les deux facettes précédentes pour offrir souplesse et ondulation au sillage et permettre à Womanity de ne pas être le même d'une peau à l'autre. Womanity laisse un brin d'air marin bien agréable, épicé et floral, dans son sillage. Il joue ainsi sur le mystère flirtant avec l'étrange, l'intrigant, et rejoint ainsi les autres opus de la marque. Quelques notes salicylées, à l'évocation de peau salée complètent l'accord afin que Womanity joue ainsi parfaitement sur le registre sucré- salé voulu. La vibration de Womanity, différente selon les femmes, fera ainsi écho aux visages et facettes du flacon.

C'est bien de cela qu'il s'agissait aussi au départ : ne pas faire un parfum trop consensuel mais plutôt une composition qui prendrait les couleurs de la peau qui le porte. Alors, vous êtes une femme peu ordinaire, sans pour autant être aussi caricaturale que la chanteuse mi femme, mi martienne en photo ci-dessus ? Vous aimez être singulière et plurielle à la fois ? Après Angel, Alien, A Men et B Men aujourd'hui disparu, Womanity devient le cinquième élément de Thierry Mugler.
Accessoirement je trouve que le flacon et l'esprit général de Womanity rappelle les robots, certains graphismes et l'esprit futuriste du film. Pas de doute, on est bien chez Mugler. Do you fell like Womanity ?

J'aime : enfin un parti pris olfactif intéressant, un concept osé et pas "déjà vu". Un sillage sucré-salé légèrement fruité, floral, marin, boisé voire même épicé d'une belle finesse.
J'aime moins : certaines peaux feront trop ressortir la note marine, qui s'avère alors très "collante".
Le conseil : à tester impérativement sur peau car la touche n'en révèle pas les nuances, ou avec les produits pour le corps qui accentuent la facette boisée et figue.

Encore un peu de patience, Womanity est en vente sur le net à partir de juin, et arrivera le 16 Aout en France.

Pour le découvrir, gagnez un échantillon sur les commentaires laissés.

Illustration : le Cinquième Elément de Luc Besson 1996.

dimanche 9 mai 2010

Barbares utiles.


Le soleil inspirant sans doute, voici ce matin quelques matières aux noms étranges de plus en plus souvent employés en parfumerie, dans la presse et sur les blogs. Leurs noms barbares recouvrent une odeur souvent magique et surtout indispensable car tous les grands parfums actuels ne seraient rien sans eux. Faisons donc un petit tour d'horizon de ces quelques mots barbares mais utiles pour comprendre ces matières que les parfumeurs utilisent pour composer la magie que vous trouverez dans vos parfums préférés.

Chacune de ces matières sera illustrée par les parfums les plus emblématiques de leurs notes.

Dihydromircenol : essayez de le prononcer, vous aller y arriver j'en suis sûr ! Senti seul, le dh-mol comme on le nomme est une odeur douce entre le propre et la lavande. Acidulé et frais, légèrement piquant, il n'est est pas moins doux et boisé. Il est utilisé essentiellement dans les parfums de la famille que l'on nomme "nouvelle fraîcheur" car il traduit bien cette idée de fraîcheur moderne. Pourtant, autant je l'aime bien en tant que matière première, autant je trouve son effet dans les parfums qui en contienne beaucoup un peu "cheap", voir même agressif. Le dh-mol est pourtant un incontournable de l'histoire de la parfumerie pour homme, dont le chef de fil fût longtemps le célèbre Drakkar Noir de Guy Laroche.
Parfums emblématiques : Allure Homme-Chanel, Cool Water-Davidoff, Ck One-Calvin Klein, 1Million-P.Rabanne.

Hédione : l'hédione est une molécule à laquelle la parfumerie moderne doit beaucoup. A ma connaissance, Edmond Roudnitska était le premier parfumeur à la mettre en avant dans Eau Sauvage et Diorella, mais si dans ces parfums elle contribue largement à la transparence et au sillage "doré", on ne la sent pas de manière évidente. L'hédione et une molécule dont on dit qu'elle sent le jasmin, un jasmin clair et transparent. Pour moi, c'est plutôt une matière à effet, qui permettra grâce à ses tonalités florales "dorées" (jasmin) et fruitées "agrumes" (bergamote) de faire le lien entre ces deux facettes dans un parfum en apportant un peu de brillance. En revanche, si vous la doser trop, elle étouffe le sillage et l'envolée d'une création. Aujourd'hui, quasiment utilisée dans tous les parfums à des dosages différents, l'hédione, propriété de Firmenich est devenue un incontournable.
Parfums emblématiques : Light Blue-D&G, Nina-N.Ricci, l'Eau Mixte-Nicolai, Eau de Jade-Armani Privé.

Méthylionone : les ionones sont les molécules que l'on trouve dans la violette, le cèdre et l'iris. La plus emblématique d'entre elles est la méthylionone car c'est un peu celle qui sentirait le plus la violette. Son odeur entre bonbon à la violette et le sirop de grenadine est caractéristique. Indispensable dans un soliflore violette ou iris, elle se marie très bien également avec le bois de cèdre et la fève tonka, le clou de girofle et les notes cuir. Un trésor, très largement exploité par Caron à sa belle époque, la méthylionone se retrouve aujourd'hui quasiment dans tous les parfums auxquels elle apportera une tonalité florale de par sa facilité à se fondre dans beaucoup d'autres facettes. La note violette, elle, semble retrouver une seconde jeunesse.
Parfums emblématiques : Après l'Ondée-Guerlain, Insolence-Guerlain, Fahrenheit-Dior, Un bois violette-S.Lutens-, Balenciaga Paris.

Salicylates : on en parle de plus en plus car les marques ne s'en cachent plus. Les salicylates , dont les plus emblématiques sont le salicylate de benzyle et le salicylate d'amyle, sont des notes assez transparentes qui ont la particularité d'agir comme un voile, apportant du sillage et une impression vaporeuse dans un parfum. Très utilisés dans les crèmes solaires, fortement présents dans les fleurs tropicales et envoûtantes comme le jasmin, le tiaré et la tubéreuse, on les qualifie le plus souvent de notes "solaires" ou l'on parle d'un effet "peau salée après la plage", ou de trèfle. Pour ma part, j'aime beaucoup le salicylate de benzyle, dont l'odeur quasiment neutre apporte vraiment de la transparence dans un parfum. Et même si une étude a démontré que beaucoup de personnes pouvaient être anosmiques à certains d'entre eux, des parfums comme l'Air du temps n'auraient jamais pu avoir leur forme sans eux. Aujourd'hui, les salicylates sont très présents pour évoquer les envies de vacances et de fleurs solaires entre autre.
Parfums emblématiques : l'Instant-Guerlain, Vanille Galante-Hermes, Cuiron-Helmut Lang, Songes-A.Goutal, Dans tes bras-F.Malle, Pleasures for men-E.Lauder.

Calone, Hélional et Conolline : ces trois notes sont les principales notes dites marines ou iodées. Sentie seule, la calone est caractéristique de l'iode ou de l'odeur des huîtres fraîches, ce qui n'est pas forcement désagréable. Elle a pris son envol dans les années 90 avec des parfums comme l'Eau d'Issey, New West, et Kenzo pour homme. Elle se marie très bien avec le citron, les agrumes en général et les notes florale qu'elle appuiera des accents marins que l'on peut retrouver dans certaines fleurs comme le lys, l'orchidée ou la rose. Très présente aujourd'hui et mieux maîtrisée, elle sait se faire discrète et agir par petite touche grâce au talent des parfumeurs.
L'hélional et la conolline sont d'autres notes marines un peu plus fines et légères que la calone. Elles agissent de manière plus subtile, arrivent plus tard dans une composition mais durent aussi plus longtemps sur peau. Elles se marient bien avec des notes ambrées et boisées et donne un effet plus moderne peut être que la calone. Utilisées aujourd'hui aussi pour créer des effets iodés et salins, elles apportent un souffle d'air marin et de plage dans les parfums.
Parfums emblématiques de la calone : l'Eau d'Issey-I.Miyake, Kenzo pour Homme, Escape-Calvin klein, Rem-Réminiscence, Happy for men-Clinique.
Parfums emblématiques de l'hélional ou de la conolline : Dior Homme Sport, Jamais le dimanche-Ego Facto, Womanity-T.Mugler.

Aldéhydes : aldéhyde est un terme qui regroupe plusieurs familles de notes, dont la vanilline et la note de pêche font partie. Pourtant, on retiendra le plus souvent ce terme pour parler de ceux qui sentent "l'effet propre" ou le fer chaud. Ce dont des notes à effet, dont l'odeur âcre et agressive s'ils sont sentis seuls n'est pas franchement des plus agréable et ne rappelle pas grand chose. Ces aldéhydes sont surtout utilisés pour apporter un effet scintillant, un peu comme s'ils agissaient comme une parure scintillante de bijoux au cou d'une femme. Ils ont joué un grand rôle pour apporter un effet luxe et moderne dans des parfums de facture très classique et créent ainsi un choc dans les années 30. C'est pourtant surtout dans les années 70 qu'ils prennent leur essor, où, mariés essentiellement aux notes poudrées de violette et d'iris, ils agissent comme pour faire écho aux boules à facettes qui fleurissent dans les discothèques. Aujourd'hui, on les utilise pour un effet minimaliste épuré, propre, pur, métallique et "gris". Parfois, on évoque un univers très conceptuel tellement leur note est abstraite.
Parfums emblématiques : N°5-Chanel, Rive Gauche-YSL, Calandre-P.Rabanne, Essence-N.Rodrigez, Iris Poudre-F.Malle.

Voici donc un dimanche matin bien inspiré. Je n'imaginais pas que cet article allait me prendre autant de temps à écrire mais j'espère qu'il vous aidera à mieux comprendre ce dont les magazines, les blogs et les marques vous parlent tous les jours. Et s'il y a d'autres notes qui vous intriguent, n'hésitez pas à en parler, car je n'ai pas pu tout répertorier aujourd'hui. J'insiste sur un point : barbares certes, mais tous vos parfums, oui, je dis bien tous vos grands parfums ne seraient pas ce qu'ils sont sans eux.

mardi 4 mai 2010

Force - Biotherm 2010 : la force tranquille.

Il nous est tous sans doute arrivé un jour de recevoir un parfum en cadeau, bien sûr. Frémissant de suspens, les doigts sur le paquet glissent et fébrilement ôtent le papier. Et c'est alors que la surprise se dévoile : soudain c'est l'horreur, la dernière nouveauté à la mode conseillée à la va vite par une vendeuse soucieuse de toucher sa guelte. Rrrrrrrrrrr, au fond de vous même vous bouillez : "non, mais comment je vais faire pour porter ça ?" et timidement, en vous mordant les lèvres, vous dites "oh, merchi, ch'est gentil", puis vous passez vite au suivant, en espérant, que jamais, au grand jamais on ne vous demande ce que vous en avez pensé.

Pourtant parfois, alors que vous avez été effrayés, vous revenez vers le précieux sésame : "c'est quand même gentil, aller fais un effort, lance toi", un petit pchitt et hop, c'est parti. La, il n'y a pas d'alternative. C'est soit "non la vraiment je ne peux pas", soit "finalement c'est pas si mal ". Cela m'est arrivé récemment à propos du tout dernier Force de Biotherm. Sans doute bien au courant de mes penchants pour les parfums, un ami bien sympa et n'ayant pas mauvais gout m'a offert ce parfum, jugeant sans doute que cette nouveauté allait me plaire par sa discrétion et sa fraicheur pour l'été.

J'ai mis du temps à me décider mais j'y suis finalement aller et ce fut une surprise plutôt agréable. Senti en boutique, c'est le genre de parfum que j'aurais fuit systématiquement. Découvert au calme, j'ai pris le temps.

Premier effet Kiss Cool : Force est tout le contraire de ce que son nom indique : la fraîcheur des agrumes et des fruits un peu amers comme la limette, la bergamote et le pamplemousse arrivent en tête, bien accompagnés par la menthe et une note qui me fait penser à la papaye, puis de quelques aromates (lavande, sauge, basilic) bien dosées. A ce stade, c'est un peu déjà vu, ça ne fait pas de vague mais c'est agréable et surtout, pas agressif. Je pense de suite à un parfum de Nicolai, Carré d'As, avec lequel une comparaison in situ fera ressortir quelques ressemblances autour de la fraicheur et d'une certaine minéralité.

Deuxième effet Kiss Cool : une fraîcheur mentholée qui dure et un bel équilibre sur peau qui se fond dans des bois "blancs" tous doux et cette papaye qui perdure grâce à un effet mousse de chêne et sudéral (odeur d'une balle de tennis), que je trouve à sa place dan un parfum qui se veut sportif.

Revigorant, reposant, parfait pour l'après sport ou pour les jours où l'on a pas vraiment envie d'être habillé chic, Force nous fait oublier les bombes olfactives qu'étaient Polo Sport ou New West par exemple. A mille lieux également de la virilité "tous poils dehors" de certains masculins et de la fausse fraîcheur qui tient "trop" de certaines nouveautés à la mode. Par certaines facettes, il me rappelle un parfum méconnu mais pourtant intéressant comme Higher de Dior, dont l'accord basilic-poire n'a pas su plaire. Il m'évoque aussi Carré d'As déjà mentionné, Fleur de liane par ces notes de fruit exotique "vert" et Bois Farine de par la présence des bois "blancs" en fond.

Jamais envahissant, d'un équilibre discret pour l'été, Force fait une entrée sans vague, sans véritable fausse note et surtout, avec une naturalité qui manque très souvent. Elle sera réconfortante les jours où l'on a pas vraiment envie de se sentir trop parfumé. Cohérent avec la ligne cosmétique dont il empreinte tout de même le thème principal, porté avec le déo Carré d'As par exemple, c'est un duo qui fonctionne plutôt bien ! Sa force : l'équilibre, c'est un peu l'antithèse à 1 Million. Un parfum dont la tranquillité révèle la maturité d'un lancement pensé pour durer, dont le flacon complète intelligemment l'ensemble.
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Et pour celles et ceux qui voudraient se faire une première idée du tout nouveau Mugler, Womanity, je vous invite à relire cet article ici publié en mars : ajouter y la figue, retirer la truffe, ressentez Aqua Fiorentina de Creed, bonne intuition ? Peut être bien, mais chut, surprise, nous y reviendrons !