vendredi 16 septembre 2016

Bleu, Sauvage, Sang Bleu : on est pas des bêtes ?


Bon d'accord, j'en vois déjà qui se demandent pourquoi je parle de ces trois parfums aujourd'hui, alors que mon dernier bébé Cuir des Sables vient d'arriver chez Jovoy ? 

Je pense que c'est simplement pour insister sur la différence, et sur le fait qu'il existe deux types de parfumerie : une pointue pour connaisseurs, et une autre plus massive.

Pour ne rien vous cacher, et sans parler de belle parfumerie (tout de même), je ne déteste pas ces trois là et j'avais bien envie de le dire et d'en parler.

Dans Sauvage, j'aime le travail autour du poivre, du basilic bien frais et montant, et le coté minéral du parfum, et pourvu que l'on ait la mains légère, le parfum n'est finalement pas si désagréable à supporter. 
Sang Bleu, lui, en reprend presque la même trame, en ajoutant une note animale assez marquée, qui fait un peu, un tout petit peu écho à Peau de Bête de Liquides Imaginaires. 
Dans Bleu, en version Eau de Parfum, il y a une ressemblance avec Allure Homme, et le parfum n'est pas dénué de texture ni d'élégance. Les trois ont un point commun : la virilité, car oui, il "sentent le poil". 

Il n'est pas étonnant que ces trois marques se lancent sur ce territoire olfactif : fortes d'un patrimoine riche et qui couvre quasiment toutes les familles et tous les goûts, elles n'ont plus rien à perdre et peuvent se permettre cette petite "fantaisie". En effet, il ne serait pas étonnant que ces notes "testent" bien lors de tests marketing, alors pourquoi ne le feraient-elles pas ? Il y a tout de même un risque : perdre en crédibilité et en prestige, mais est-ce vraiment un risque quand on a leur dimension ? C'est un peu plus surprenant de la part de Le Galion, mais j'imagine que la marque veut marquer sa filiation historique avec Dior. Pourquoi pas ?

Pourtant, les amateurs de parfums rechercheront sans doute autre chose, une vraie signature sauvage et virile, un vrai sang bleu, noble et élégant, ou une vision plus artistique de la couleur bleue.
On est pas des bêtes tout de même, mais on a surement tous un petit coté sauvage à explorer ? Non ? Alors, bonne chasse aux beaux parfums ! 

Illustrations : Bête Sauvage, Chanel,  le Galion, Dior

jeudi 8 septembre 2016

Penhaligon's - tradition goes forward !

En France, nous avons Guerlain, maison de parfum créée il y maintenant plus de 180 ans. En Angleterre, c'est Penhaligon's qui fait référence dans le monde du parfum. Réputée pour ses créations emblématiques et en particulier Blenheim Bouquet que j'adore, elle continue aujourd'hui à faire vivre son patrimoine, explorant à tour de rôles des territoires faciles ou d'autres, plus originaux, plus créatifs, voir même parfois exubérants. Tantôt chez le barbier avec Bayoléa et English Fern, tantôt chez le tailleur avec Sartorial, on voyage également dans les coulisses de The Phantom of The Opera avec Iris Prima par exemple. Et s'il y a bien une capitale où l'excentricité et l'originalité n'ont pas de limite, c'est bien Londres. Comme si les parfums exploraient les personnalités anglaises, et faisant toujours référence à ce pays, les créations Penhaligon's méritent un petit détour, et je vous propose aujourd'hui d'en explorer quatre des plus récentes. 


Blasted Heath : dans un souffle de vent, la mer, les embruns se chargent de notes fumées de whisky, de sable et d'iode. Blasted Heath peut paraître un peu déjà vu, tant il empreinte sa trame à des parfums comme Happy for Men de Clinique, mais il se charge de nuances subtiles, de bois ambrés traités en finesse et qui sur peau, rappelent l'odeur du sable, dans une sensation de bien être. Une respiration d'air pur, sans lourdeur, qui donne le sourire quand il fait un peu chaud. : "Clap along if you feel like happiness is the truth" !



Luna : Luna est l'avant dernier de la collection courante. Positionné comme féminin, je le trouve plutôt ambivalent, tant ces notes florales chyprées, qui oscillent entre Pleasures, Nina et Sublim Balkiss sont agréables et piquantes, même sur un homme. Luna vibre littéralement entre les agrumes vivifiants, un bouquet floral moderne, et un patchouli aux notes poivrées d'un bel effet sur peau. Parfum en clair obscur, comme les reflets de la lune, il s'apprivoise facilement, et son sillage est étonnant. Osez, vous verrez !  



Alizarin : tout dernier parfum de la collection, Alizarin ne m'a pas tout de suite convaincu, tant il est original. Vert, avec une note thé à la menthe, végétal presque, un tout petit peu aqueux, j'ai eu un peu de mal, jusqu'à ce que je me donne le temps de le porter. Parfaite illustration d'un jardin fleuri par temps pluvieux, typiquement anglais dans sa forme et son odeur, il ajoute à cela une pointe de oud, assez animal et d'un effet cuiré prononcé, qui fait que l'on y voit volontiers la mousse et l'humus qui se développent autour de pierres humides. Sur peau, il est incroyable de personnalité. Original en diable ! 



The Revenge of Lady Blanche : je l'ai encensé sur Facebook, tant il m'a plu tout de suite. Evidemment, moi qui aime l'absolu narcisse, l'iris et la jonquille, comment ne pas me laisser séduire par cette merveille ? Velouté, duveteux, relevé de fleurs blanches aux notes d'abricot, à la fois vert, floral et champêtre, il se dévoile subtilement sur peau. Et si un homme ose, là, vous verrez, ça fonctionne parfaitement, coumarine et notes cuirées aidant. L'envolée me fait penser à L'Eté en Douce de l'Artisan, pas le coté foin, l'évolution, elle se rapproche de A Scent d'Issey Myake ou de Onde Vertige d'Armani, mais là où il fait la différence, c'est sur la texture et sur la qualité des matières, indéniablement veloutées à souhait. Rond et d'un luxe subtil mais réel, il est hélas très cher, et c'est bien dommage ! 

J'attendais le déclic pour écrire sur la marque et le déclic, c'est The Revenge of Lady Blanche. Contrairement à une maison anglaise concurrente, Penhaligon's sait se renouveler sans tomber dans trop de facilités et en gardant toujours à l'esprit les mots suivants : texture, subtilité et "english touch". La tradition en mouvement en somme ! 

Illustrations : Downtown Abbey, Penhaligon's. 

lundi 5 septembre 2016

L'Envol - Cartier 2016 : France is in the air.

Déjà Fahrenheit et Grey Flannel se distinguaient à leur époque, mais lancer un parfum aux notes florales pour homme en 2016 relève soit du miracle, soit de l'hallucination, soit d'une volonté farouche de ne pas faire comme tout le monde. Et connaissant la personnalité et la détermination de Mathilde Laurent de vouloir apporter quelque chose à la parfumerie, j'opterais pour la troisième hypothèse. Elle propose chez Cartier de prendre des directions à contre-courant, avec un maître mot qui semble avoir été oublié chez les derniers grands lancements masculins : l'élégance ! Comme si elle n'existait plus, elle semble avoir été zappée du vocabulaire de Dior ou d'Azzaro (oups !!!), et pourtant ! Ici, elle respire et s'exprime.  


L'Envol démarre sur des notes rafraîchissantes de bergamote et de pamplemousse, mais rapidement le coeur floral de rose, pivoine, violette et notes irisées se dévoile pour constituer la trame du parfum, en reprenant à mon avis certains traits de Chamade Homme de Guerlain resté confidentiel. Il se prolonge sur un effet "ambre clair" travaillé avec des matières nouvelles que sont les bois clairs cèdrés, des notes vanillées, les toutes dernières notes ambrées et les muscs blanc les plus fins. Le fond, relativement sec, me fait un peu penser à ce qui reste sur peau dans l'Eau de Pamplemousse Rose d'Hermes : un bois sec, vert et doux. L'effet global est aéré, et fait que L'Envol innove selon moi par sa structure, qui ne semble pas être dictée par une technique scolaire, mais par un style personnel et parfaitement maîtrisé. Le parfum se veut aérien, il l'est, et les notes se suivent sans que l'on puisse vraiment distinguer une trame classique tête-coeur-fond, mais plutôt, par un jeu de matières et un coup de patte certain, une structure très cocon, très confortable qui se suit et forme un tout très cohérent. 

En parfaite adéquation avec la marque dans un hommage à l'aviation, élégant, délicat, L'Envol prend son envol pour faire que le plus bel endroit sur la terre soit dans les airs : air apporté par ce souffle nouveau, air apporté par la structure des notes, air parce qu'il permet l'évasion et de nouveaux horizons, air parce qu'il fait du bien.

Tout cela me rappelle un film d'Air France de 2011, intitulé l'Envol lui aussi et dont le slogan était "Faire du ciel le plus bel endroit de la terre". Plus que jamais, le style de la France is in the air, isn't it ? 

Illustrations : L'Envol par Cartier et par Air France.