lundi 28 décembre 2009

2009, année boulimique.

Tout le monde connaît l'année 69 comme une année érotique. En découvrant le travail de Steve Wells et plus particulièrement cette photo, l'idée m'est venue d'écrire un article qui parlerait d'une sensation que j'ai beaucoup éprouvée cette année : pour moi, par rapport au parfum, 2008 fut assez euphorique mais 2009 fut bien une année...boulimique.

Carte bleue à portée de main au moindre frémissement de mon nez séduit par une délicieuse effluve, impatience de voir le flacon, souvent joli, sur mon étagère et de savourer son contenu à la moindre occasion, sans forcement le porter, juste pour le plaisir des sens. Irrationnel, le budget parfum dépasse l'entendement et comble de l'horreur, il n'y a plus de place sur mes étagères. Pourquoi alors ? Suis-je malade docteur ? Que m'arrive t-il ? Je me suis bien souvent posé ces questions, mais en tombant un matin sur un article à propos d'une accro du shopping qui venait de sortir d'une visite chez son psy dont la conclusion était "vous faites tout simplement une crise d'hédonisme", je fus rassuré : ah la presse féminine et ses bons plans ! Il n'y aurait donc aucun mal à se faire du bien ? Même si le banquier n'est pas toujours content, même si parfois le flacon de parfum vaut quelques pâtes au dîner, tant pis, j'en aurais donc besoin ?

Les parfums agissent comme des évocations, des souvenirs, des voyages olfactifs. En 2009, les parfums m'ont porté loin, et j'ai souvent eu envie de vous faire partager mes émotions et découvertes, suite à la création de ce blog, qui je dois avouer, n'a pas aidé à calmer les choses, bien au contraire. Oui, cette année, la passion, le foisonnement, l'envie et la tentation ont dépassé la raison. Point de regret, ou si peu, et comme Graindemusc, je me suis souvent posé la question "quel parfum porter quand on en a 300?". Pourtant, en fin d'année, le besoin de faire le tri et d'un retour à mes valeurs s'est fait furieusement sentir, comme un contrecoup. Retour à ceux que j'aime et que je porte depuis longtemps, sans refuser de succomber à quelques lancements avec en prime l'agréable surprise, toute récente, de retrouver une sensation oubliée depuis dix ans.

Voilà, je ne conseille à personne de faire pareil, mais la passion qui vaut quelques deniers, c'est ainsi et heureusement, je ne suis pas seul au monde, loin de là. Ouf ! Le banquier va tout de même pouvoir partir en vacances l'esprit tranquille, 2010 devrait être plus calme. D'une part, parce que dans cette boulimie, il y avait des rattrapages, des occasions à ne pas rater sur des parfums que je voulais depuis longtemps, et que cela devrait se calmer, d'autre part, parce que je me demande vraiment ce qui va bien pouvoir encore me surprendre. Je ne dis pas être blasé, mais parmi cette boulimie, il y avait en 2009 de belles surprises, en sera-t-il ainsi en 2010 ? A entendre ce qui se prépare du coté de chez Annick Goutal, de chez Chloé, de chez Guerlain, et du coté de certaines marques de niche, il semblerait bien que oui, oui, oui, nous aurons encore de quoi échanger (peut être un peu moins cependant) mais non non non, la carte bleue ne chauffera pas ! Boulimique, oui, mais je me soigne !

Très bonne année 2010 à tous, j'espère vous retrouver nombreux, et n'hésitez pas vous aussi à partager vos expériences de cette année, et à propos, quel parfum porterez vous pour le réveillon ?

Illustration : Steve Wells- Voir site : ici - Happy New Year Steve !
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Voici enfin mon palmarès 2009 définitif :

Ma pépite : la perle rare et celui que je conserve pour les occasions spéciales, et qui me donne une sensation de puissance, d'être au dessus de tout. Vétiver de Lorenzo Villoresi.

Coups de coeur 2009 "mon parfum" : exception en cette fin d'année, surclasse tous les autres, dans un retour aux sources salutaire 10ans en arrière, à ce que j'aime dans un parfum. Une crainte tout de même : ne pas être seul à le porter. Grey Vetiver de Tom Ford.

Coup de coeur "parfum mixte" : les deux parfums mixtes que j'ai le plus aimé pour leur forme, le choix des matières premières, le style, l'originalité, la texture. Labdanum de Séville de l'Occitane - Al Oudh de l'Artisan Parfumeur.

Coups de coeur "parfum femme" : les deux plus belles créations de l'année, pour les mêmes motifs que les mixtes, mais pour femmes. For Her Musc collection de Narcisso Rodrigez - Secrets de Rose des parfums de Rosine.

Coups de coeur "parfum homme" : idem, pour homme. For Him Musc collection de Narcisso Rodrigez - Noir de Réminiscence.

Coup de coeur "idée parfum" : parfum qui apporte une vision nouvelle, qui explore un territoire, une matière première, sous un angle original avec une vraie maitrise de la technique et de la création. Géranium pour Monsieur de Dominique Ropion pour Frédéric Malle.

Coup de coeur "concept marketing" : concept marketing réfléchi, étudié de manière très cohérente et judicieuse, stratégie bien pensée, parfums parfois originaux et d'un bon rapport qualité/prix. Anthology de Dolce & Gabbana.

Un regret : avoir manqué la Treizième Heure de Cartier, et les quelques autres.

vendredi 25 décembre 2009

Nepresso variations 2009 : what else ?

Expérience inédite vécue à Noël, où après s'être rempli la panse de victuailles nombreuses et goûteuses, la saveur acidulée d'un bon expresso bien serré est toujours la bienvenue. La surprise vient cette année des variations 2009 proposées par Nespresso, dont on remarquera au passage le modèle économique qui fait des envieux dans le monde du marketing. C'est ce que l'on appelle un beau "coup", nous valant chaque année pour les fêtes et plus régulièrement des variations aromatiques autour du café.

Pour 2009, je n'ai pas pu résister aux variations Marron, Abricot et Pain d'épices proposées. Nez aiguisé, je vis ce test comme une expérience et l'occasion de remarquer que le progrès technique sur les arômes et les matières premières alimentaires ne cesse d'enrichir la palette de nos plaisirs pour se retrouver souvent ensuite dans la palette du parfumeur. Si si !

Le plaisir commence par la variation Marron, qui marie la finesse d'un bon arabica à un accord rappelant à merveille la crème de marron, dont je raffole. L'avantage de le marier au café, c'est que se dernier va tonifier et donner du piquant à la lourdeur de l'accord Marron pour en exhaler la richesse, ronde et chaleureuse, au nez et en bouche. Je ne serai pas étonné de voir ce doux plaisir amorcer une tendance en parfums.
J'aborde avec plus de perplexité la variation Abricot, car je craignais vraiment d'y trouver un abricot "chimique" auquel de nombreux yaourts nous ont habitué. La surprise fut pourtant bien agréable d'un arôme d'abricot très naturel, pétillant et duveteux à la fois, crée ainsi une osmose délicate et veloutée avec les facettes acidulées et fruitées du café. Une sensation unique et d'une finesse très étudiée.
La plus décevante fut la variation Pain d'épices : un accord cannelle/caramel plutôt lourd et "gras", alors que je m'attendais à retrouver la finesse des deux autres variations.

Un plaisir conçu un peu comme un tour du monde olfactif : Marron charnel et gourmand pour l'Europe, Abricot suave et doux pour l'Asie, Pain d'épices (cannelle et caramel) pour l'Amérique. Il est intéressant de voir combien le café se marie avec beaucoup d'arômes, gourmands, floraux, épicés ou fruités, ne nécessitant même aucun ajout de sucre à condition de respecter une certaine finesse. En outre, comme je le mentionnais dans un commentaire sur Graindemucs, il est également possible de s'amuser chez soi : prenez une fève tonka, râpez la très finement et mélangez la dans un paquet d'Arabica. Faites ensuite un expresso au percolateur. C'est délicieux, si l'on aime ce goût, et voilà au moins une idée pour les variations 2010 !

Bon café, curiosité, plaisir et finesse, que demander d'autre ? Et bien la prochaine étape de Méchant Loup sera de tester les bougies ... what else ?

Crédits : Nespresso.

mardi 22 décembre 2009

Une bougie au coin du feu et un joyeux Noël !


Une escapade de Méchant Loup dans les forêts de nos campagnes durant les frimas de l'hiver et les toutes premières neiges m'ont fait remarqué combien une odeur imprime le paysage olfactif de notre beau pays : l'odeur du feu de bois qui crépite dans les cheminées de nos foyers où l'on trouve un peu de chaleur à l'approche de Noël. Lorsque le paysage est recouvert de neige, le feu de bois conjugué à l'odeur de la neige procure une sensation d'apaisement, de calme et de réconfort. L'envie de sortir respirer un bon bol d'air et de rentrer au coin du feu, avec un bon chocolat chaud.

Hélas, de retour dans nos appartements citadins, il est difficile de retrouver cette sensation, à moins de faire un petit tour du coté des bougies parfumées en quête de cette odeur de feu de bois. Heureusement, elle est souvent parfaitement traduite. Méchant Loup vous propose donc une sélection de bougies qui apporteront chez vous cette douce sensation. Il serait bien dommage que vous ayez déjà choisi votre cadeau.

Celle qui me marque depuis longtemps, c'est Feu de Bois de Diptyque, légèrement lactée de bois de santal mais très proche du feu de bois de nos campagnes. Une nouvelle venue s'est présenté à mon nez, St Moritz Fizz, de Memo, qui vous invite à une promenade en montage avec une petite étincelle qui crépite. Puis j'ai découvert une nouvelle marque, dont les créations sont plus ou moins heureuses mais ont pour point commun un lien affectif avec un souvenir précis : LM Parfum. Bien entendu, celle qui retient mon attention pour Noël est Neige et Feu, car l'évocation est à la hauteur du nom, et vous emporte au beau milieu d'un chalet. Chez Zadig et Voltaire, la bougie Bois fumé, noire et décorée des ailes d'un ange vous plonge dans le confort de votre pull en cachemire au coin... du feu bien sûr. Chez Burberry, Hearth par l'Artisan Parfumeur, aux notes de feuilles mouillées et de terre couvertes par le feu de bois, évoque nos forêts par un doux froid d'hiver, que c'est bon !

Pour celles et ceux qui auraient envie de varier les plaisirs, on retrouve l'odeur du feu de bois autour de notes gourmandes de Marrons grillés chez Diptyque, dans une bougie décorée en série limitée, chez l'Artisan Parfumeur dans la bougie Thé et pain d'épices, à l'heure du goûter de Noël, et chez Annick Goutal, où la bougie Chine Impériale vous transporte dans les profondeurs fumées du thé Lapsang Souchong, loin du tumulte parisien. Avec la bougie Rose Praline, même les parfums de Rosine vous font voyager à travers la rose, mais une rose veloutée, agrémentée de pralines gourmandes autour d'un thé fumé, un vrai délice !
Voilà, après cette balade de Méchant Loup à travers les forets de nos contrées, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un très joyeux Noël à tous, au coin du feu ?

Aux Galeries Lafayette corners, retrouvez Sophie chez Memo, Valérie sur le stand Différentes Latitudes pour LM parfums et Estelle chez l'Artisan Parfumeur. Les autres bougies sont disponibles au Printemps et Printemps de l'Homme, au Bon Marché, à l'atelier Annick Goutal chez Merci au 111 boulevard Beaumarchais, dans les boutiques et sur les stands l'Artisan Parfumeurs et Diptyque. Pour la province, je vous invite à consulter les sites des marques sur internet.

mardi 15 décembre 2009

Grey Vetiver - Tom Ford 2009 : l'héritier !

En bas de page, un complément d'article suite à une précision que l'on m'a apportée sur le stand de la marque aujourd'hui.

Si je vous dis que de fil en aiguilles, le vétiver fait du chemin, se défaisant petit à petit de son image vieillotte très sixties pour s'imposer comme une sorte de référence des notes masculines, vous êtes sceptiques, ou vous y croyez ? Chacun se le dispute, avec plus ou moins de bonheur ; il y a le vétiver icône, le classique revisité, le grand classique institutionnel, le vieillot, le palot, le "vieux beau", l'architecturé, le "matière première", le conceptuel etc.

Quand Tom Ford se lance sur ce terrain, il semble vouloir limiter les risques mais il est légitime de penser, en découvrant ce vétiver gris, qu'il ne choisit pas pour autant une mauvaise stratégie. Couleur grise et matières évoquant la grande époque Hollywoodienne, où l'on devine un Montgomery Cliff posant avec une finesse très américaine sur les photos des magazines en vogue, textures appelant la flanelle, le coton et la soie, comme pour inspirer ce parfum mâtiné d'un charme délicieusement vintage.

Ce vétiver surfe sur à peu près tout ce qui se fait de mieux en matière de vétivers, allant puiser des inflexions fraîches de pamplemousse et de fleur d'oranger sur celui de Guerlain, une noisette gourmande et grillée sur celui d'Hermes, une pointe noble, irisée et truffée sur celui de Frédéric Malle, d'autres notes boisées de patchouli chez Lalique, quelques brins ozoniques du coté de chez Lubin, des épices chez Carven, de la fumée et de la profondeur chez Lorenzo Villoresi. Le tout très adroitement habillé de muscs clairs et propres dans un bel ensemble cohérent et limpide. Si comme moi, vous aimez le vétiver, que dire ? Pour une fois, rien, c'est d'une quasi perfection. Texture, esthétique, matière, tenue, ressemblance et profondeur de la racine, jeux entre le passé et l'avenir, tout y est, ce vétiver trouve un équilibre quasi parfait, clair et contemporain. Le tour de force est également d'avoir su cacher et garder dans la fraîcheur du sillage, cette signature de sève végétale propre à Tom Ford, et ce de manière très discrète. Avec un tel héritage, comment ne pas être armé pour affronter la vie et le succès ? Pour ma part, pour l'avoir testé sur quelques jours, il a de grandes chances de détrôner tous ceux qui se sont jusqu'à maintenant refusés à ma peau, sauf bien sûr celui de Villoresi, qui reste ma pépite. En outre, autant je n'arrive plus à porter celui de Guerlain, autant c'est avec joie que ce Grey Vétiver me redonne le goût à la matière et m'apporte à nouveau ce qui faisait l'attrait de celui que j'aimais : la qualité, le charme nostalgique et la profondeur très habilement préservés dans un parfum contemporain, et tant pis s'il vient d'Amérique.


Pour les amateurs, ce vétiver est à découvrir absolument. Pour les autres, si vous devez tenter l'expérience vétiver, n'hésitez pas à expérimenter celui-ci de toute urgence. C'est un peu comme si l'élève avait dépassé ses maîtres, dans un parfum cousu main, aussi fin et masculin que les surpiqûres d'un beau costume ou celles du cuir d'une belle sportive. Elégance décontractée, de pairs en fils, et de fil en aiguille, le vétiver retrouve ses lettres de noblesse, avec Grey Vetiver en digne héritier. Merci Tom Ford pour avoir su "diriger" cette création, once again, et à son équipe de vente des Galeries, dont la passion, le charme et l'élégance sont à la hauteur des ambitions et du luxe revendiqué. Les paroles de Bette Midler "lies the seed, that with the sun grows, in the spring becomes the rose," me parlent curieusement à propos de cette marque.

NB complémentaire : il semblerait qu'un mois à peine après son lancement, le succès de ce parfum ne se démente pas car pour les fêtes et sans pub en France, Grey Vetiver est en rupture de stock mondiale sur tous les points de vente où il a été lancé. Nul doute qu'un vrai beau vétiver devait manquer ! Cela ne devrait pas durer longtemps, mais preuve en est qu'un beau concept cohérent peut imposer une leçon à ceux qui refusent encore de prendre une vraie direction, et ils sont encore nombreux. En tout cas, pour moi, c'est un retour à la racine, depuis que je cherchais à retrouver ce qui me manquait dans le vétiver que l'on m'a retiré il y a dix ans, un retour à un style qui me plait vraiment. Un retour, qui pourrait bien me faire oublier beaucoup d'autres des parfums que j'ai essayé, aimé, mais jamais vraiment adopté pendant ces dix années.

Tom Ford Grey Vetiver est pour le moment vendu exclusivement aux Galeries Lafayettes, en eau de parfum 50ml : 68€ (il ne restait qu'un seul flacon à 17h ce soir).

samedi 12 décembre 2009

For Her Musc Collection - Narcisso Rodrigez 2009 : tilleul enchâssé.

For Her de Narcisso Rodrigez est incontestablement un des plus grands lancements de ces dernières années. Original, rompant avec le registre "facile" du floral chypré que beaucoup ont repris sans vraiment prendre de risques, Narcisso Rodrigez, Francis Kurkdjian et BPI et ont su revisiter l'accord rose-patchouli en le lovant dans une boule du musc, de fleurs blanches et de notes ambrées. Cependant, il est étonnant de constater qu'une note n'est jamais mentionnée lorsque l'on parle de For Her, alors que pour moi, elle en est le pilier. Une note, sans qui rien ne serait : cette note, c'est le tilleul, ou plus exactement une préparation, ou base, qui évoque à la fois le tilleul, le chèvrefeuille, et la rosée du matin. Cette préparation s'accroche comme un aimant à l'effet "boule" que provoquent certains muscs blancs, et accompagne à merveille la rose et le patchouli.

Dans For Her Eau de parfum, le travail consistait sans doute à faire ressortir la facette fruitée et abricotée du jasmin, en occultant le tilleul, la rose et le patchouli. Pour Musc Collection, c'est différent. For Her l'original semble "tiré" vers le tilleul. L'impression que je ressens est celle de l'avoir fait passé dans un alambic d'où serait sortie une essence compacte et dense qui emprisonne le tilleul à l'intérieur d'une boule de musc et de fleurs blanches, qui se voient elles aussi exacerbées. Un tilleul enchâssé dans une goutte de cette essence précieuse qu'est cette boule de musc blanc, ou dans un bourgeon de fleur fraîche à peine éclos, à la rosée du matin. La rose et le patchouli sont toujours présents, mais effacés, discrets, renfermés, comme s'ils disaient "nous sommes bien là, rassurez vous, mais cette goutte nous protège". Une impression de fondu, autour du point central, pour mieux le faire ressortir, comme sur une photo.

Le résultat est charnel, crémeux, hyper féminin et me donne l'impression d'un parfum pointu très "couture", où s'expriment à merveille jasmin, ylang-ylang, chèvrefeuille, tilleul et le meilleur du musc blanc, moderne et enveloppant. Un parfum tellement charnel qu'il trouble les hommes en leur provoquant l'envie de se blottir contre celle qui le porte.

Non, vraiment, je ne suis pas objectif, mais c'est encore un vrai coup de coeur. Le tilleul me rappelle les promenades de mon enfance à la campagne, et le moment où le parfum de ces arbres venait nous chatouiller le nez en ouvrant les fenêtres au petit matin. Moments, à jamais gravés, pour le meilleur. Accessoirement, je trouve que le travail sur le parfum s'apparente à celui effectué sur le flacon. Toujours le même, mais regard différent. Laqué, cuivré, brillant, fondu, comme pour le parfum ! Du beau travail, incontestablement, mais un regret : c'est une série limitée.

Pour vous donner une idée du tilleul, très proche de For Her Musc Collection, je vous invite à sentir la bougie Tilleuls au vent de l'Artisan Parfumeur. Plus verte et encore plus fraîche , mais même impression de douceur et de féminité, chez soi. Pour moi, c'est un voyage dans mon enfance.

lundi 7 décembre 2009

Tonka impériale - Guerlain 2009 : fleuron d'empire, pour nos sens !

Après avoir senti de nouveau Tonka impériale, que j'avais mémorisé, je ne pense pas qu'il y ait de rose, et s'il y a de la fleur d'oranger, elle se sent peu. Voici donc l'article, très légèrement modifié.
Connaissez-vous la fève tonka ? Cette petite amande amère aux arômes tellement complexes que l'on a du mal à en déterminer un précis. Vanille, tabac blond, anis, réglisse, cuir, amande, pain grillé, macaron, caramel au beurre salé, c'est un peu tout cela, dans cette petite pépite d'un joli brun foncé. Elle fait merveille dans les truffes au chocolat, mais aussi dans le café, avec certains poissons et viandes grillées, dans la purée et même dans quelques sauces. Savez-vous que sans elle, aucun Guerlain ne serait ? Et l'on comprend pourquoi. La fève tonka, c'est un peu de l'or en parfumerie, rare et précieuse. Pourtant, jusqu'à aujourd'hui, cette belle matière de la famille des ambrés n'avait jamais été traitée en soliflore, c'est à dire comme note centrale dans un parfum.

La surprise est de taille quand la révélation vient de Guerlain, qui dévoile ici tout l'art et la matière d'une part importante de son identité, dans toute sa splendeur. Tonka Impériale est belle parce que l'on y retrouve toutes les facettes de la matière naturelle : tous les arômes évoqués plus haut sont ici exploités, magnifiés, adoucis dans un équilibre parfait. Le principal composant de la fève tonka étant la coumarine, c'est bien elle qui ouvre le bal avec maestria. Tonka Impériale est riche parce que cette coumarine parle naturellement à la vanille, à l'ambre et à la fève tonka, toutes magnifiées dans leur mode d'extraction qui en révèle la richesse facettée. Tonka Impériale est douce parce que la fleur d'oranger, peu perceptible, et les notes florales de mimosa de l'héliotropine apportent une pointe de finesse et d'espièglerie dans ce qui aurait pu être trop sirupeux. Tonka Impériale est ambiguë, car enfin et surtout, le romarin, un romarin de belle facture, débarrassé de ces aspérités agressives apportent sa fraîcheur sans jamais prendre le dessus et se marie naturellement, dans une évidente simplicité, à ce baume androgyne. Tonka Impériale est précieuse, car beaucoup d'entre vous vont s'y lover, j'en suis certain.

Cuir et tabac blond font écho au luxe masculin, vanille et fève tonka appellent la gourmandise toute féminine d'un vrai macaron naturel. Chacun devrait y succomber, surtout ceux qui attendaient de retrouver Guerlain sur un terrain familier. Pour moi, et même si je l'ai senti très brièvement, si Guerlain est un empire, Tonka Impériale en est incontestablement un des plus beaux fleurons actuels, pour le meilleur de nos sens. Un fleuron qui doit sa beauté et son identité au progrès technique sur les matières, car il y a encore 10 ans, une telle fève tonka n'aurait pas été d'une aussi évidente pureté. L'art et la matière se retrouvent, et la tentation peut bien être forte, très forte ... divine et lascive, qu'il est bon de se laisser aller !

Je trouve dommage que Tonka impériale ne soit disponible qu'en grand flacon et uniquement en vaporisateur, car je l'imagine bien utilisée comme un extrait, car quelques gouttes suffisent, dans le flacon d'extrait de Shalimar, teinté en brun pour mieux la mettre en valeur par exemple. Et par contre, et c'est la seule réserve que je ferais, je ne sais pas si je dois me réjouir ou non de retrouver en trame de fond un autre parfum que j'aime beaucoup... l'Eau des Baux de l'Occitane ? Les notes de fond et le sillage sont très semblables.

Tonka Impériale sera disponible en vapo 75ml dans la gamme l'Art et la matière fin Janvier début Février 2010.

Illustration : Patrick Demarchelier.

jeudi 3 décembre 2009

Wanted - Helena Rubinstein 2009 : shaken or stirred* ?

Comme promis à certaines d'entre vous et parce que je le souhaitais également, c'est aujourd'hui à Wanted de passer en revue. Pour aborder Wanted, imaginez que vous êtes une grande maison qui a l'habitude de vendre du parfum. La morosité ambiante vous incite à réfléchir sur quelque chose qui pourrait marcher, tout en relançant par la même une marque oubliée dans vos tiroirs ainsi qu'un "jus" maison nommé Sensi, qui vous plait mais qui n'a pas trouvé sa place.

Ne sachant pas définir précisément votre envie ni votre demande, votre "parfuman" maison vous apporte une suggestion : " en partant de notre Sensi, pourquoi ne pas faire un cocktail à base de "jus" qui existent et qui plaisent" ? L'idée vous séduit, et en étudiant scrupuleusement la clientèle que vous souhaitez attirer, c'est à dire à peu près tout le monde, il vous faut limiter ainsi les risques. Vous acceptez l'idée, et après s'être essayé à quelques formules, votre "parfuman" s'arrête sur un dosage dont il dévoile la recette à succès. Un trait de Allure, un jus que les femmes du monde s'arrachent, un doigt de Daisy, dont raffolent les américaines, un tout petit soupçon de j'Adore, pour plaire aux européennes du Nord et aux japonaises, le tout complété d'une bonne dose de Sensi, car vous y croyez. Secouez le tout, agitez bien fort, et goûtez. Le résultat n'est vraiment pas mal ! On retrouve la saveur verte d'herbe coupée et de pomme verte de Daisy, subtilement masquée par les arômes riches, solaires et opulents de fleurs et de fruits de Allure. Sensi y apporte la couleur d'un grand champs de magnolias que vous aimez, comme le reflet d'une part de votre identité, et la touche "prune" de j'Adore le rend féminin et plus facile à appréhender; vous savez combien les femmes n'aiment pas les alcools forts. Ce cocktail, vous décidez de le nommer Wanted, car il va vous sauver, et vous l'avez tellement voulu.

Un cocktail réservé aux adultes, mais qui plaira forcement entre 21 et 81 ans, car toutes les femmes peuvent le tenter, sans devenir folles ou ivres mortes et empoisonner les autres. Un cocktail bien dosé, qu'elles soient James Bond Girls, Demi Moore ou plus traditionnelles. Il ne leur reste alors qu'un choix à faire :" this cocktail madame, how do you want it ? shaken, or stirred* ?

*au shaker, ou à la cuillère ?

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Et puisque vous me l'avez également demandé et que je vous l'avais promis, voici mon vote pour l'année 2009 qui touche à sa fin :

Parfums mixtes : Labdanum de Séville de l'Occitane, Al Oudh de l'Artisan Parfumeur.
Parfums hommes : Narcisso Rodrigez For Him Musc Collection, Noir de Réminiscence.
Parfums femmes : For Her Musc Collection, Secrets de Rose des Parfums de Rosine.
Idée parfum : Géranium pour monsieur de Dominique Ropion pour Frédéric Malle.
Concept marketing : Anthology de D&G.
Pépite : Vétiver de Lorenzo Villoresi.


vendredi 27 novembre 2009

One year : et la gagnante est ... and the winner is !

En toute impartialité, petits papiers de la même couleur dans un sac, la main plonge pour en tirer un au hasard, et le hasard ce soir a voulu que ce soit une blogueuse très célèbre dont le jugement est devenu en très peu d'années une référence. Et oui, Jeanne, c'est vous qui avez gagné, the winner is Jeanne ! Merci de me contacter par mail pour que je puisse vous envoyer les deux rolls-on promis.

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Le parfum choisi par Jeanne en 2009 est Si Lolita, et comme promis, voici quelques mots sur celui-ci. Cela tombe assez bien puisque je n'en ai pas parlé cette année.
Si Lolita prend habilement le contre-pied d'une tendance à faire du shampoing très marquée cette année en Europe, sans se rendre compte pourtant, à priori et vu de chez nous, qu'il suit une très grosse tendance des pays anglo-saxons et plus particulièrement des Etas Unis : le retour à des notes épicées et chaudes, sans fleurs ou avec des fleurs plus abstraites, exacerbées de notes solaires et magnétiques.
L'idée de partir des poids de senteur me rappelle joyeusement la grande époque Caron, ou même de très anciens Guerlain. La traduction de l'odeur de ces petites fleurs en parfumerie se traduit généralement par une forte présence de notes épicées comme poivre, le clou de girofle, et de violette. Voici donc la trame de Si Lolita, et cela pourrait être très charmant ou poétique, pourtant ! Pourtant, les fleurs de se bouquet ne sonnent pas assez "vraies" à mon goût. Voulant faire moderne, son sillage, construit autour d'une note assez nouvelle, très puissante et apportant un effet que je trouve "magnétique", entre la vanille et l'ambre (ambrox, ambroxan ??), me renvoie immédiatement à la nouvelle vague américaine que sont Sensuous, un autre parfum de IKKS (Man je crois), voire même Cuiron de Helmut Lang, aujourd'hui disparu. Sans en être trop proche, mais sans s'en éloigner trop non plus, je préfère pour ma part ces derniers, et surtout Poivre Piquant de l'Artisan Parfumeur me semble du coup plus proche de l'idée et plus poétique.
Je n'aime pas spécialement dire que je n'ai pas aimé un parfum, surtout si celui-ci est apprécié d'une confrère et lorsque j'aime le concept. Ici, l'image me plait (regarder comme la pub et l'image de la fleur se retrouvent dans flacon, l'idée est aboutie, mais le parfum Si Lolita ne va pas assez loin. L'interprétation manque de naturel et de féminité, et sent trop la chimie. C'est dommage mais n'oubliez pas encore une fois, et même si vous me suivez depuis un an, que le vrai juge, c'est vous. A bientôt j'espère pour une deuxième année qui commence !

jeudi 19 novembre 2009

Olfactorum : un an, ça se fête ! Tirage au sort vendredi soir !

Et oui, dans une semaine, le 25 novembre, cela fera un an que j'ai souhaité partager avec vous ma passion pour le parfum et la création olfactive avec Olfactorum. Un blog, dont le nom est une contraction d'olfactif et de forum, tout en faisant un clin d'oeil à l'olfactorium de Cinquième Sens.
Un an, qui m'auront permis de rencontrer certains d'entre vous, un an, pour partager une passion commune, un an, pour découvrir de nouvelles matières grâce à Guerlain et faire un voyage au paradis de Firmenich grâce à Magic Garden et BPI pour la présentation de A Scent. Un an, où certains d'entre vous ont accepté de découvrir mes premiers parfums : Ginger Pop, que j'ai fait trop vite et qui n'a hélas pas très bien évolué, Kawaii ...in Pink, qui suscite plus d'enthousiasme pour sa légèreté frivole et l'Esprit du bois, un bois brulé qui surprend. Un an, pour faire connaitre quelques talents, comme Christian Louis, où se cache quelques merveilles, Laure Bertrand, dont le premier parfum mérite de sortir de l'ombre, et Sylvie, dont le détour des sens est passionnant et enrichissant. Une première année de rencontres avec quelques personnalités, que je remercie d'avoir répondu à mes questions comme Sylvaine Delacourte, Isabelle Ferrand, et Céline Ellena.

J'espère que vous aimez les articles et que cela vous aide, un tant soit peu, à choisir votre parfum ou à découvrir une curiosité. J'espère vous retrouver pour cette nouvelle année qui commence, pour continuer à partager cette aventure.

Pour fêter ce premier anniversaire, j'aimerai parler d'un parfum qui vous a marqué en 2009.

Pour cela, je vous propose de répondre aux questions suivantes :
- de tous les lancements 2009, quel est celui qui vous a le plus séduit et pourquoi ?
- quel parfum avez vous redécouvert en 2009 et pourquoi l'avez vous aimé de nouveau ?

Suivra un tirage au sort sur les commentaires laissés suite au présent article. Le prix sera le suivant :
- un article consacré au parfum dont aura parlé la gagnante ou le gagnant. Si ce parfum a déjà fait l'objet d'un article pendant cette première année, j'en parlerai différemment.
- deux roll-on de 5ml de deux parfums : Méchant loup de l'Artisan Parfumeur et Kawaii... in Pink de ... Méchant loup (c'est çà dire moi même, Thierry b.)

Merci mille fois pour votre fidélité, merci pour les mots que certains d'entre vous m'ont écrits ou dits de vive voix. Ils sont touchants, font très plaisir et me donne la pêche pour continuer.

C'est parti, vous avez une semaine pour dire ce que vous voulez, la parole est à vous ! Alors, on se retrouve le 25 ... ou plutôt le 27, au soir, pour le résultat du tirage au sort.

dimanche 15 novembre 2009

Plurielles - Laure Bertrand 2007 : guet-apens sur le chypre.

Laure, vous ne la connaissez pas, sauf quelques-uns d'entre vous, et c'est normal. Pourtant, connaissez-vous le point commun entre Véro Kern, Laure et moi même ? Et bien nous avons tous suivi le cursus parfumeur et formulation chez Cinquième Sens. Tous trois, nous travaillons de notre coté pour finaliser nos idées, avec une nette avance de Véro Kern en la matière.
Laure, quant à elle, s'est aussi lancée il y a deux ans dans la création de son premier parfum en série limitée, qu'elle distribue dans sa pharmacie, dans quelques boutiques et sur demande.
Son parfum se nomme Plurielles.

Laure l'a créé pour sa maman, qui adore les parfums chyprés, pour lui faire un cadeau. Partant donc de la structure classique d'un chypré (bergamote, rose, géranium, patchouli, mousse de chêne), Laure me dit ne pas avoir chercher à s'éloigner de cette structure, en restant très fidèle à la formule, en la souhaitant simple, claire et assez "directe". Malgré cette simplicité d'exécution revendiquée, Plurielles est vraiment très intéressant, et je peux vous assurer qu'il mérite d'être découvert. La première fois que j'ai senti ce parfum, je me suis dit "il fait très Guerlain", avec une franche inflexion qui me faisait penser à Guet-Apens, en plus "patchouli". En prenant un peu de recul, j'apercevais une franche présence de géranium, véritable colonne vertébrale du parfum, et d'un fond crémeux de fleur d'oranger et vanillé, sublimé par un iris poudré, sur une structure chyprée classique. Le tout dans un sillage très noble qui m'évoque à la fois le rouge à lèvre, le maquillage, la guimauve et ... Guet-Apens, j'y étais. Nous pouvons dire que Laure à su merveilleusement prendre en guet-apens l'essence même de l'accord chypré, en le sublimant par la qualité des matières premières utilisées. Plurielles, c'est donc un peu de la maman, de sa fille, et sans doute un peu de vous aussi...il parait que les femmes sont "plurielles".

Donc, si vous recherchez un vrai bon parfum, pas trop cher et surtout, qui sort des sentiers battus et des circuits connus, je vous invite vivement à contacter Laure. Et si le flacon ne vous plait pas, choisissez un flacon décoré à la main pour lui trouver un bel écrin.

Je ne peux que soutenir et encourager les initiatives des anciens élèves de Cinquième Sens et remercier au passage leur équipe, toujours aussi sympathique. Bravo donc à Laure, et il va falloir que je m'y mette sérieusement aussi !

Très bientôt, Laure nous promet une bougie au parfum de Plurielles, puis une rose fruitée et veloutée un peu plus tard. J'ai personnellement hâte de sentir, cette rose, surtout si elle est aussi réussie que ce Plurielles.

Plurielle, 50 et 100ml, prix sur demande, contact : laure.bertrand08@wanadoo.fr

A parte : pour ceux, nombreux, qui attendaient la nouveauté de l'Artisan Parfumeur, sachez que Al Oudh est disponible dès le 20 novembre en boutique. Avis à lire ou a relire donc : Al Oudh le oud comme un voile, et bois fauve de graindemusc, tout frais.

mercredi 11 novembre 2009

Aépure, c'est la fin. Symptôme d'un malaise ?

Hier soir, dans une discussion entre passionnés de parfum, j'apprenais que la boutique Aépure avait déposé le bilan en Septembre dernier. Cette boutique, au concept moderne et innovant, proposait toute une série de parfums et de cosmétiques de niche et semblait d'une puissance inébranlable. J'avoue avoir été séduit par le concept, avoir trouvé la boutique très belle est l'accueil très compétent, mais en même temps, j'étais déçu. Pourquoi ?
C'est très simple et la réponse tient du bon sens : je recherchai de vrais beaux parfums, de la qualité, pas du by Kilian car j'ai déjà un flacon acheté au Printemps. J'attendais d'être surpris, étonné, emballé par les parfums que j'y trouverais. Hélas, ce ne fut rien de tout cela. J'ai rebroussé chemin, tout comme l'ami avec qui j'étais, et nous n'y sommes pas retournés.

Alors pourquoi ça n'a pas marché ? Qu'est ce qui pourrait expliquer cet échec, dans la continuité de Evody ? Comment concilier le fait de gagner de l'argent en vendant du parfum de niche ? Comment découvrir et faire connaitre ceux qui valent le coup (artisans, marques) face aux grands groupes qui ont aussi les moyens de grignoter ce terrain ? Quel public est pret à suivre ?

Il y avait selon moi un gros point faible chez Aépure : la sélection des produits distribués. Quel intérêt de distribuer By Kilian alors qu'il est déjà au Bon Marché et au Printemps et qu'il cible une clientèle qui s'y rend sans à priori ? Qu'apportent les parfums de Parfumerie Générale et Néotantric à la parfumerie, c'est une question que je me pose encore (propos nuancés avec un peu de recul dans les commentaires) ? Et même si je sais que ces marques ont des adeptes, sont ils fidèles et pensent ils vraiment qu'ils en ont pour leur argent (idem) ? A quoi bon distribuer une marque italienne au nom imprononçable dont les parfums vendus 130€ n'étaient que de vagues copies de parfums plus mainstream ? A quoi bon dépenser un prix fou dans une crème parce qu'elle porte le nom d'un concept venant du nord plutôt que de tenir une promesse réelle ?
Je n'ai pas les réponses à ces questions, mais je crois que cette crise de consommation est aussi due à l'excès de choix par rapport au besoin réel et à la confusion qui règne quant à la qualité réelle des produits. Et sur ces parfums là, c'était le cas, la clientèle n'est pas venue au rendez vous.
Pourtant, je me dis que tout n'est pas perdu : quand je vois que les Parfums de Rosine tiennent avec une toute petite boutique et quelques distributeurs fidèles, quand je constate que Lalique et Bulgari, encore indépendants, misent sur une qualité dont on commence sérieusement à se rendre compte qu'elle est réelle et se recentrent sur une distribution plus sélective, quand je découvre encore de nouvelles marques qui proposent de jolis parfums de qualité, sans chichi et a des prix convenables, je pense aussi par la même que les clients peuvent oublier d'aller chez Sephora, Marionnaud et les autres pour découvrir des perles. La condition, ce serait peut être de leur en présenter de vraies, de miser sur la qualité, sur la durée et d'être intransigeant avec des marques pseudo-branchouilles qui vous refourguent du grand n'importe quoi, tout en proposant également un service complémentaire.
Ce serait aussi d'en parler, de manière à ce que ceux qui les vendent et ceux qui les achètent le reconnaissent. Seulement voilà, l'exercice est très difficile et il m'arrive encore de voir des marques qui n'ont pas leur place dans certaines boutiques mais qui ont réussit à refourguer leur concept à des personnes qui pourtant connaissent bien le parfum, et elles ne se vendent pas pour autant.
D'ailleurs, à ce propos, je voulais partager ceci avec vous car ça m'énerve : il me paraît grandement dommageable que The Different Company se compromette en vendant à ces cotés, en boutique, les marques Bois 1920 et By Paolo Gigli. Ces deux marques envahissent l'espace au détriment des parfums de Céline Ellena et de son père, en vendant de la poudre aux yeux, que je ressens comme insulte aux créations de ces deux vrais bons parfumeurs. Ne parlons pas non plus du service presse, qui vous balancent les dossiers comme s'il trouvait normal de parler de ces parfums sans les sentir, en dépit du bon sens et de la parfumerie. Ajoutez à cela un mépris pour certains distributeurs, et vous comprenez pourquoi une marque peut disparaître aussi vite qu'elle est venue. Non ?
C'est anecdotique, mais la distribution et l'ensemble de la chaîne du parfum est victime du "trop c'est trop", tout le monde s'y perd et plus personne n'y comprend rien. C'est un peu ce que dénonce Mathilde Laurent dans un commentaire ici.

Peut être est ce pour toutes ces raisons qu'Aépure n'a pas pu tenir et la disparition de cet espace qui était pourtant très joli est bien dommage. Sachez le pourtant, il existe encore du "bon", car j'ai découvert encore hier une marque qui m'a surpris. J'en reparlerai surement. Oui, cela existe encore, malgré tout.

La solution serait peut être que les boutiques de distribution sélectives soient conseillées dans leur choix artistiques pour choisir scrupuleusement un style, une qualité, un concept et des prix ? François de Grossouvre, le concepteur de Aépure, avait un rêve, il se livre dans un témoignage sur un forum : ici.

Et vous, qu'en pensez vous ? Qu'attendez vous d'un parfum de niche ? Qu'attendez vous d'une distribution sélective ? Quel service complémentaire pourrait être utile ?

Une autre question me trotte dans la tête : comment nous, Laure, dont je parlerai très bientôt, et moi même, pouvons nous faire pour que nos parfums trouvent une toute petite place et puissent trouver quelques adeptes ?
N'hésitez pas à partager vos impressions.


dimanche 8 novembre 2009

Il y a vingt ans, à l'est du nouveau !

Vingt ans déjà, que le mur de Berlin est tombé ! Cela me ramène en arrière. Alors que je n'étais qu'un jeune ado, j'ai entrepris avec ma classe un voyage en Allemagne, à Berlin, avant l'ouverture du mur. Pendant ce séjour, nous avons eu l'occasion de passer "de l'autre coté", pour y visiter un musée, mais également pour voir et constater "comment c'était à l'est". Pour passer la frontière, le mur, qui séparait les deux parties de Berlin, un sas, deux portes, vous au milieu, seul, scruté de la tête au pied, surveillé par des caméras. Passer la seconde porte, vous y arrivez ... de l'autre coté.

Et là, c'est comme si le temps s'était arrêté un jour d'Août 1961. Point d'égéries, point de couleurs chatoyantes autres que celles des Trabis, ces petites voitures 2 portes rouges, orange, vertes et bleu ciel des années 1960, point de panneaux publicitaires, point de Joop ou autres joyeusetés parfumées. Seuls des bâtiments un peu froids, de larges avenues, une histoire figée, des voitures, des gens qui nous dévisagent, nous les Wessies, des taxis qui s'énervent de nous voir traverser au rouge "en bon français", quelques revues techniques dans les vitrines des librairies et peu de journaux. Ici, pour traverser, c'est le petit bonhomme au chapeau qui vous guide. Savez vous qu'il deviendra symbole car il sera quasiment le seul signe distinctif de Berlin est qui survivra à l'ouverture ?

Ce qui me frappe pourtant, c'est l'odeur de ce coté. Ce n'est pas la même qu'à l'ouest. Elle marque immédiatement la frontière entre les deux blocs, comme une différence qui se détache et s'affirme. Elle est acide, âcre, entre le souffre, l'alcool, le charbon de bois, l'essence et la fumée. Elle est omniprésente, dans les rues, les musées visités, les restaurants où nous déjeunons. Cette odeur serait due à la lignite, un charbon de bois utilisé pour chauffer les immeubles, qui, conjuguée au carburant des Trabis et Wartburg pétaradantes, signe le paysage, à tel point que je m'en souviens encore. Ici le Coca n'a pas le même goût non plus, il rappelle vaguement le caramel et la chicorée. Le jambon fumé rappelle quelque peu l'odeur de dehors, et le fromage à le goût un peu rance du beurre. C'était comme ça, c'est du vécu. Pourtant, c'était très calme, comparé à l'ouest, peut être trop ?

Le 09 Novembre 1989, il y a vingt ans, le mur tombait. Dans un élan d'euphorie s'installent égéries, publicités, Joop, Coca Cola et burgers en tous genres. Bienvenue paysage coloré, illuminé, bienvenues grosses voitures et autres immeubles ultramodernes, bienvenues insécurité de l'emploi, petits boulots, individualisme et esprit d'entreprise. Bienvenue aussi environnement, protection de la nature, et reconsidération de l'espace urbain.
Dans ce paysage tout nouveau, on se souviendra de l'arrivée sur le marché du premier parfum exploitant le filon "à l'est du nouveau" : Maroussia de Slava Zaitsev, un bouquet de fleurs blanches, de muscs et de vanille, suave et doux qui rappelle les velours rouges épais de la Russie qui renaît. Un parfum pas trop mal au succès immédiat et immanquablement lié à cette ouverture sur l'ouest. Un beau coup marketing, et un parfum qui est toujours là, vingt ans après, sans doute parce qu'il le valait bien.

La liberté tant voulue se paye, mais paye aussi avec le temps. Maintenant Berlin est une ville moderne et dynamique, dans laquelle j'aimerai retourner prochainement, ne serait ce que pour voir ce qu'est devenu "l'autre coté", que je n'ai revu que 3 ans après l'ouverture, et qui était déjà en pleine reconstruction. Sans doute plus de lignite aujourd'hui, plus de Trabis, plus de pollution, des gens habillés comme nous, qui mangent ce que mangeaient déjà les Wessies. Tout simplement une continuité avec le coté où nous étions, une continuité devenue verte, écologique, architecturée, créative et en plein mouvement car oui, en ce jour de Novembre 1989, à l'est, il y a bien eu du nouveau !

mercredi 4 novembre 2009

Secrets de Rose - Les Parfums de Rosine : kiss from a rose.


Connaissez-vous le baiser d'une rose où quand la fleur vous embrasse de ses volutes charnelles pour vous séduire, vous envelopper, vous habiller et pour vous donner la force de partir en conquête et de séduire à votre tour l'homme que vous aimez ?
Savez vous qu'il existe dans le secret encore quelques beaux parfums à découvrir ?

Secret de Roses est un murmure, une fleur qui chuchote et se dévoile en silence. Une envolée un peu métallique et pétillante d'orange, d'aldéhydes légers et de prune (une note entre la pêche et le cassis), déjà utilisée dans les plus beaux classiques mais épurée et revisitée pour être au goût du jour. L'on devine déjà les plus belles essences de roses qui font voler leurs tous premiers pétales dans une verdeur légèrement acre. Très vite se dévoile un bouquet de fleurs blanches, de jasmin et de roses blanches mises en valeur par les facettes chaudes de l'ylang ylang. Ce bouquet de facture plutôt classique est enveloppé d'un peu de cassis, de réglisse et de safran, qui sont en fait un ensemble de notes liées entres elles ayant de fortes affinités les unes aux autres et avec la rose. Secrets de Rose se love alors dans un cocon douillet teinté de fumée. Déjà s'amorce le moment où le parfum devient subtilement charnel dans son évolution, pour dévoiler un fond splendide, poudré et vanillé, composé de vanille, de labdanum (dont nous avons déjà tant parlé), d'iris, de musc et de santal digne des plus grands classiques. Pour vous donner une idée, il se situerait quelque part entre Nahéma, Chamade, N°19, Grand Amour et l'Heure exquise.

D'un équilibre surprenant, entre ces notes de tête fusantes, vertes et fruitées d'une modernité affirmée, un coeur floral légèrement sucré et fumé, Secrets de Rose ne se dévoile que s'il est porté : ce parfum vous embrasse tel le baiser d'une rose et se love sur votre peau dans la noblesse éclatante d'un grand classique revisité. Rien n'est trop beau, c'est un vrai parfum couture, "féminissime", magnifique, grandiose, jubilatoire, aussi fier que la fleur à laquelle il fait honneur... la rose ou vous ?

Alors, s'il l'on vous demande ce que vous portez, ne le dites pas, surtout pas. Sachez garder ces petits secrets qui font de grands bonheurs et qui se transmettent ... de mère en fille : "cette rose n'est pas noire, elle est rouge carmin, et c'est une arme de séduction ... chut" !

Illustrations : Kiss from a Rose de Sandra Pascuini et Les Parfums de Rosine.

dimanche 1 novembre 2009

Bois d'Iris - Van Cleef & Arpels 2009 : myrrhe al dente !


Je dois vous avouer que cette collection extraordinaire lancée par Van Cleef & Arpels pour redorer son image "parfum" ne m'a absolument pas emballé dans son ensemble. En effet, même si le choix des matières est assez réfléchi, rien de bien créatif à l'horizon, tout me semblant bien lisse et policé. Un peu d'Allure en filigrane pour Lys Carmin, une franche ressemblance entre Vivara Sole 149, O Oui de Lancôme et Muguet Blanc, une Cologne Noire qui se fait très timide et du coup reste dans l'ombre d'autres bien plus osées, et une Orchidée Vanille qui flirte avec Kenzo Amour et Cuir Beluga sans vraiment rien apporter de plus. Les seuls qui attirent mon attention sont Gardénia Pétale et Bois D'Iris, le premier parce qu'il faut bien reconnaître que, sans être révolutionnaire, l'équilibre de cette fleur blanche à la féminité affirmée est quasiment parfait, et le second parce qu'il a beau faire écho à Dior Homme, Black ou Paul Smith Man, sa finesse d'exécution lui permet de s'en distinguer malgré tout. Est ce suffisant pour autant ?

Bois d'iris est un parfum d'un effet très doux. L'iris ne bouscule pas par une note de carotte marquée, mais ouvre le bal par des notes froides et sèches qui pourraient s'apparenter à du daim. Il est complété par un cocktail d'épices chaudes et de bois blancs donnant une impression de bois flotté. Une note fruitée, entre violette, fruits rouges et framboise apporte une touche un peu facile, sans doute pour pouvoir plaire. Elle est à mon sens trop présente mais permet cependant de tisser le lien entre les notes de tête et celles de fond, où se dévoile la vraie facette de Bois d'Iris. Au bout de quelques instants, Bois d'Iris laisse parler à l'unisson la vanille, la fève tonka, le labdanum mais aussi et surtout la myrrhe, avec ces facettes boisées chaudes, vanillées, baumées et légèrement fumées. Une comparaison avec Myrrhe Ardente fera ressortir cela et c'est à ce moment là que je le préfère. En revanche, la différence vient de l'iris, car au lieu de se faire onctueuse et douce comme celle d'Isabelle Doyen, la myrrhe de Bois d'Iris est comme rompue par cet iris, froid, presque métallique, qui casse la douceur de ses notes sèches et fruitées d'une beauté froide et plus dure.

Bois d'Iris serait un cuir doux, une sorte de suédine aussi délicate qu'un iris gris clair dessiné au fusain, avec quelques traces de rouge. Assez joli, mais trop sage à mon goût car même s'il s'en distingue par une certaine élégance, il peine à être à la hauteur de parfums plus marquants, ayant une identité plus forte comme Black, Paul Smith Man, Dior Homme et le magnifique Myrrhe Ardente. Nul doute qu'il plaira, car il s'inscrit dans l'air du temps, mais il ne fera pas partie des miens car je lui préfère ces références. Même avec du sang italien, pour moi la myrrhe est bien plus agréable "ardente", orientale et crémeuse que "al dente", froide et boisée par un rhizome d'Italie! C'est dommage, mais rien ne vous empêche de l'apprivoiser si vous aimez.

Bois d'Iris de Van Cleef & Arpels : 75ml 115€ env. Illustration : l'iris rouge - Natalie Croiset.

lundi 26 octobre 2009

Labdanum de Séville - L'Occitane 2009 : back to gold.

Il peut être perçu comme un peu trivial de commencer un article sur le parfum en parlant d'argent, mais après tout, nous avons tous un portefeuille, un budget et une passion ! Deux slogans publicitaires bien pensés me viennent en tête pour commencer cet article : "Pas assez cher mon fils" ou "Il faudrait être fou pour dépenser plus". Les plus jeunes d'entre vous ne connaîtront peut être pas, mais ils me paraissent bien à propos de Labdanum de Séville.

Ce parfum s'inscrit dans la gamme Voyages en Méditerranée lancée il y a quelques temps sous le nom de Notre Flore, sans vraiment rencontrer le succès. En effet, l'Occitane bénéficie d'une image peu liée au parfum, et qui plus est de qualité. C'est un tort croyez moi, car en misant sur le long terme, la stratégie déployée par cette gamme Voyages en Méditerranée portera ces fruits, surtout quand elle nous en livre de si beaux.

Parlons donc de ce Labdanum de Séville. Si vous souhaitez connaître l'histoire et l'origine de cette matière première et la manière dont elle est obtenue, je vous invite à chercher sur un célèbre moteur de recherche ou sur auparfum car tout est écrit. Inutile donc d'en reparler à mon sens. Sachez seulement que la résine obtenue, utilisée en parfumerie, est d'une richesse olfactive incroyable, dévoilant plusieurs facettes entre la vanille, le cuir, le tabac blond, le cognac, la fumée et la résine. Ce n'est pas un hasard si Shalimar et le plus confidentiel Habanita lui doivent une grande partie de leur signature.

Dans Labdanum de Séville, toutes les facettes de cette résine sont travaillées et magnifiées. Le parfum part sur des notes confites d'orange et de fruits secs (abricot), m'évoquant le parfum de certains cognacs. Suivent des notes boisées de cèdre, de patchouli et de santal aux inflexions de noix de coco râpée. Quelques épices viennent apporter du relief et une douceur enveloppante, comme la cannelle et le poivre, puis se dévoile alors, dans toute son expression, un labdanum esthétisé. Pour cela, le parfumeur a choisi de le lier à de l'absolu tabac, il me semble, comme pour former un duo naturellement cohérent avec les volutes vanillées qui suivent. Rarement utilisé mais très intéressant, le tabac marque ici sa présence parce qu'il rappelle immanquablement le célèbre tabac blond miellé Amsterdamer. La vanille, se dévoile dans une variété sombre, riche, presque crémeuse, et sans doute un peu de benjoin. Ils caressent de leurs rondeurs ce beau tabac. Enfin, et je m'arrêterai là, le résinoïde labdanum souligne le parfum de ses facettes fumées, résineuses, cuirées pouvant rappeler le bois ciré. Je soupçonne également un trait de vétiver bourbon, fumé, sec et délicieux sur la peau.

La maîtrise est parfaite, le trait est juste. Labdanum de Séville n'a pas besoin d'une icône défoncée qui voit la vie en noir ou de se vouloir aphrodisiaque, il l'est de facto. Point non plus d'évocation pompeuse ou de prix astronomique pour revendiquer un luxe réel. Le juste talent d'un parfumeur ayant une maîtrise parfaite de la matière et du ton voulu, et la volonté d'une marque de perpétuer à sa manière une certaine idée de la belle parfumerie grassoise. Il ne m'a pas été confirmé s'il s'agissait de Karine Dubreuil, mais quoiqu'il en soit, je lui adresse un grand bravo.

Labdanum, c'est un peu mon vrai Back to black, celui que j'attendais lorsque l'on m'a décrit ce dernier, mon jardin (ou thé) d'Aladin dont je rêvais depuis quelques années. Pour d'autres, ce sera un peu de Fumerie Turque ou d'Atelier d'Artiste sans notes animales aussi prononcées. Un vrai tabac blond, qui évoque le tabac à pipe lorsque l'on ouvre le paquet, les cigarillos à la vanille, le thé rouge bourbon de Mariage Frères, mais aussi les couleurs chatoyantes et dorées de Séville, du cognac, du pain d'épices, du cuir fauve d'un fauteuil, d'un feu de bois, et la chaleur des gens qui nous entourent. L'automne est parfait pour en révéler ses facettes.

Le flacon massif reprend sur le bouchon la rose des vents de manière plus discrète que sur les plus anciens. La vaporisation, très étudiée, est un vrai plaisir. On ne voit même pas le tube dans le flacon. La qualité, la vraie, dans le moindre détail. Alors, si vous aimez le tabac blond et que vous résistez à celui-ci, j'aimerais vraiment savoir quelles en sont les raisons ? La rémanence peut être, un peu faible ? Alors, même si le tabac blond n'a pas encore dit ses derniers mots cette année, ce Labdanum vaut bien quelques deniers de sacrifice, si c'en est un !

J'en profite pour préciser à ceux qui recherchaient un parfum pour remplacer Ruch pour Homme de Gucci aujourd'hui disparu. Dans la même gamme Voyages en Méditerranée, le Cèdre, un bel accord boisé et floral mérite un détour, mais c'est à vous de voir !

Labdanum de Séville : eau de parfum 75 ml, 55€ dans les boutiques l'Occitane. Illustration : l'Alcazar de Séville, bains et bois.

A parte : je ne pense pas spécialement à changer de travail dans l'absolu, mais ce que font certaines marques m'inspire à envisager d'autres horizons. Alors, à tout hasard, si vous avez connaissance d'un poste qui conjugue parfum, contacts humains et international, j'en discuterai bien volontiers. Quatre marques me plaisent à priori : L'Occitane, L'Artisan Parfumeur, BPI et Firmenich. Voilà qui est dit.

vendredi 23 octobre 2009

Mon Top 10 d'automne ... après les filles !

Puisque les filles s'y sont mises, voici un top 10 exclusivement masculin. Celui de Graindemusc ayant ravivé mon intérêt pour Knowing, que j'aime depuis le début mais qui se fait malheureusement oublié me fait penser que le Top 10 est une excellente idée pour faire émerger quelques idées et permettre à certains parfums de sortir de l'anonymat, comme ce fut le cas pour Sicily me semble-t-il. Une idée qui tombe bien, car l'automne arrive et parce que j'étais bien parti pour avec mon article "trouver son parfum". Ce n'est pas un classement par ordre de préférence, mais juste un Top 10 dans l'humeur du moment. N'hésitez pas à le compléter par vos impressions si le coeur vous en dit !

1) X de X : c'est celui dont je parlerai dans le prochain article, mais je ne suis pas pressé. Pourtant, ce fut le coup de foudre immédiat, de ceux qui n'arrivent que tous les 5 ans environ... suspens et patience !

2) Méchant Loup de l'Artisan Parfumeur : ce n'est plus un secret mais il fait maintenant partie des indétrônables, vous savez, ceux dont on ne veut pour rien au monde qu'ils soient un jour discontinués.

3) Héritage de Guerlain : bien sûr, je vous épargnerai un long paragraphe, il a déjà été suffisamment évoqué dans mes articles, mais il est toujours là, en maitre absolu.

4) L'Eau du Fier d'Annick Goutal : les notes fumées semblent avoir leurs adeptes parmi les "aficionados de perfumes". Eau du fier est une odeur que l'on doit certainement sentir autour de la région du Fier, près de la Rochelle. Serait elle proche du feu de bois de joncs qui brûlent tellement le feu crépite dans ce parfum ? Ce serait aussi une interprétation du thé fumé lapsang souchong, qui se caractérise par une très forte note fumée et cuirée, accentuée ici par le clou de girofle. Quelques agrumes tels la bergamote et l'orange confite nuancent cette brutalité, mais il est tout de même difficile à dompter. Il n'en reste pas moins une référence qu'il faut connaitre et apprécier comme une oeuvre d'art, que je contemple de temps à autres avec bonheur.

5) For Him Musc Collection de Narcisso Rodrigez : à vrai dire un peu rebuté par la note acre de tabac froid et par le patchouli de l'original, mais séduit par la forme et l'ensemble, je n'avais pas franchi le cap depuis 2007. Toujours présentes, ces notes sont atténuées dans la rondeur laineuse d'un musc reconstitué mais très fidèle à du vrai (facette animale comprise), dans un iris clair et métallique mais qui se manifeste de manière très douce et dans un soupçon d'épices (poivre noir et rose) et de cuir (et oui, encore). Si le gris avait un parfum, ce serait ce For Him Musc Collection et ce serait un cachemire anthracite lavé avec Paic Laine (ah, la fameuse note addictive inconsciente). Il ne dénature en rien l'originalité de son aîné, son flacon est sublimé, il n'en fallait pas moins pour qu'enfin je puisse le porter.

6) L'Amoureux 6 de Dolce et Gabbana Anthology : et oui, parfois, sans savoir vraiment pourquoi, un parfums jugé facile, racoleur et commercial vous séduit. Des notes de tête qui font saliver (griotte et pamplemousse) littéralement posées sur cette base Procter & Gamble vue et revue mais toujours aussi efficace tant les bois de cèdre, les baumes résineux et la vanille y sont parfaitement équilibrés. L'Amoureux nous gratifie en plus d'une facette poudrée d'un effet étonnement "luxueux" à ce niveau de prix. Pas un chef d'oeuvre, mais une vraie créativité et une cohérence dans l'approche. Facile? Pas tant que ça, et vraiment plaisant.

7)
Black de Bulgari : Il faut croire que ce "Shalimar pour réplicants" comme le décrit Graindemusc a bien trouvé son public dans l'atmosphère "Bladerunneresque" de certains quartiers de Tokyo, Kyoto et Osaka. Par temps de pluie, dans les phares des taxis, il y trouve naturellement sa place. On le trouve très facilement là bas, contrairement à chez nous, et le prix vous vaudra un tour de rein tant il étonne : moins de 30€ le 40ml. J'ai craqué, enfin, depuis tant d'années que je le convoitais, et ça fait du bien tellement c'est bon..

8) Fahrenheit Absolute de Dior : déjà conquis depuis ses premiers cris par Fahrenheit, cette évolution plus épicée qui en dévoile une facette cuirée et irisée, accentuée en tête par le feu du cumin est un élixir de peau, d'une absolue subtilité.

9) Paul Smith Man de Paul Smith : très proche que le précédent dans son approche et dans sa forme mais moins floral, Paul Smith Man conjugue le meilleur de Dior Homme autour d'un iris polis (entendez par là sans l'aspect carotte) sur les notes de têtes, qui se loverait ensuite dans la finesse boisée du cèdre, la note goudronneuse d'un cuir patiné et la douceur de baumes comme la vanille et la fève tonka "tiens, on dirait Black". Le patchouli est bien là, comme une charpente solide, mais qui se fait discrète.

10) Déclaration de Cartier : celui-ci, je ne l'ai pas encore, mais en cet automne tout doux, j'ai tout simplement envie de retrouver ces notes fumées, de bois blanc légèrement lactées matinées de muscs blancs enrobants et d'agrumes. Une finesse d'exécution et une forme olfactive suivie mais jamais égalée ni vraiment imitée. A redécouvrir de tout urgence si vous voulez vous démarquez.

lundi 19 octobre 2009

Trouver son parfum : un exercice difficile ?


Devant la prolifération de nouveautés annuelles, trouver un parfum que l'on peut définir comme étant le sien est pratiquement chose impossible. Cela me semble être un exercice difficile, une démarche longue et compliquée pour celui ou celle qui décide de l'entreprendre.

Vous est il arrivé d'avoir une rencontre avec un parfum, de retrouver dès les premières notes cette sensation qu'il est fait pour vous, qu'il est tout ce que vous aimez ? Sa forme olfactive, ses couleurs et ses évocations vous transportent et vous parlent. Passer ce premier cap, vous savez presque d'instinct qu'il fera corps avec vous, vos goûts et votre style de vie du moment.
Pour ma part, ces rencontres pourraient se limiter à quelques parfums, après être passé par plusieurs essais et constats : les vétivers que j'adore se refusent obstinément à mon corps et à ma peau, j'en suis maintenant convaincu. J'ai également aimé quelques patchoulis, mais là c'est l'inverse, j'ai dû faire une overdose car j'ai plus de mal aujourd'hui. Bien sûr, il y a les occasionnels qui me plaisent, qui me vont bien, qui ne sont pas forcement des chefs-d'oeuvre mais que je porte le week-end, en voyage ou quand il fait chaud. Puis il y a ceux que je collectionne, simplement pour avoir le plaisir de les sentir. Frivolité addictive, mais essentielle.

Malgré cela, j'ai besoin de retrouver ces parfums refuges qui sont les miens, qui m'ont accompagné quelques temps ou m'accompagnent encore. J'ai également besoin de sentir, en espérant trouver, parfois, cette sensation aussi rare qu'agréable.

Le tout premier parfum avec lequel j'ai senti une affinité réelle fut Fahrenheit en 1988. Je l'ai porté pas mal d'années, mais à force de succès, il est devenu codé, avec cette impression de porter le parfum des potes. C'est dommage car je l'aime toujours et j'ai plaisir à le porter très très occasionnellement. Sa version Absolute en est une jolie variation.
Le second "choc" de ce type fut Héritage en 1992 : un parfum que je souhaitais et qui dès les premières notes et dès les premiers jours de commercialisation est devenu "mon" Guerlain. Héritage a longtemps été "mon" sillage, il l'est encore aujourd'hui, mais il est trop beau et capiteux pour mon environnement quotidien actuel. Je ne le porte donc que le week end et occasionnellement, comme en cette période de froids d'automne par exemple.
Le troisième est devenu vraiment "mon" parfum. Il en fut décidé ainsi suite à la création de ce blog et parce qu'il m'accompagne depuis longtemps, un peu partout, sauf en voyage ou quand il fait trop chaud. Méchant Loup en 1997 fut une rencontre, une osmose, je l'aime et le porte depuis le début et en vieillissant, il fait de plus en plus partie de ce que je suis, un article complémentaire lui sera consacré très bientôt.
L'Eau du fier est également un parfum qui me correspond, mais il est si difficile à porter que je me contente de le sentir sur le poignet de temps à autre, pour retrouver son odeur qui me fait voyager. Enfin, le "cuir moderne" comme Dzing de l'Artisan, Black de Bulgari et Cuiron de Helmut Lang, relayé aujourd'hui par Strictly Private de Baldessarini, est une signature avec laquelle je me sens en affinité.
En cette fin 2009, c'est une nouveauté récente qui s'inscrit dans la lignée des notes et des évocations auxquelles je suis sensible : un parfum dont je rêvais comme pour Héritage, et la sensation de faire corps. Ce parfum fera l'objet de mon prochain article.
Un point commun à mon sens entres tous ces parfums : les couleurs chaudes et l'écriture olfactive ambrée, boisée avec une facette cuir et quelques épices bien dosées. Tous pourraient s'inscrire dans un tableau de Denis Frémond (ci-dessus) ou de Henderson Cisz (ci-contre) dont j'aime la chaleur qui en ressort et la lumière travaillée.

Après plusieurs discussions avec des personnes que je connais m'ayant donné le nom de leur parfums, j'ai remarqué que pour beaucoup d'entre elles, un style, une matière, une couleur revenait, comme une signature dont elle n'avaient pas forcement conscience et qui était pourtant bien marquée. En prendre conscience peut être réconfortant et permettre d'être moins hésitant dans ses choix.

Et vous ? Trouvez "votre" parfum vous semble t il difficile ? Quelles seraient vos affinités olfactives ? Votre style ? Les connaissez vous ? En êtes vous conscients ? Quel (s) parfum (s) serait "vous" ?
N'hésitez pas à faire partager vos impressions, je vous remercie d'avance.

Illstrations : Little flower de Denis Frémond et Parisian afternoon de Henderson Cisz.