lundi 26 décembre 2016

Noir Exquis - l'Artisan Parfumeur 2014 : chauds les marrons !

Marrons glacés, bûche aux marrons, dinde farcie aux marrons, crème de marrons, que de délices qui reviennent en force au moment des fêtes. Je suis certains que vous n'y échapperez pas cette année. Cette idée de travailler un parfum qui sente les marrons me traversait l'esprit depuis longtemps, mais je n'avait encore rien vu de pertinent autour de la note. En effet, à part quelques revendications de la note de ci de là, aucun parfum n'était encore aller jusqu'à explorer les marrons jusqu'au bout. Aucun parfum avant Noir Exquis


Si j'ai immédiatement été séduit par le travail très "vrai" de la note par Bertrand Duchaufour, j'avoue avoir eu du mal à l'appréhender au départ, car la présence assez marquée de bois ambrés et son intensité incroyable freinaient quelque peu l'élan d'enthousiasme. Pourtant, c'est en travaillant ces notes que je me suis aperçu que leur utilisation était pertinente et judicieuse, car leur ténacité permet au parfum de tenir longtemps et du coup, de faire durer une idée sur peau. 

En ce jour précis d'après Noël, j'ai donc redécouvert avec plaisir ce Noir Exquis, pour lequel il est inutile de détailler les notes tant il suffit de s'en tenir à l'idée d'un gâteau ou d'une bûche aux marrons de qualité. Café, vanille, cacao, peut-être un soupçon de noix de coco et bois ambrés constituent donc la structure et la signature de ce parfum sans doute un peu mal compris, mais pourtant unique en son genre, entre sirop d'érable et marrons. 


Vraiment ravi de cette redécouverte que je porte aujourd'hui pour le coup, et qui me met littéralement en appétit. Qu'y a t -il au dîner ? Une bûche aux marrons, chaud devant ! Chauds les marrons chauds, comme c'est exquis ! Et vous qu'en pensez vous ? 

Bonne année 2017 à tous !

Illustrations : Bûche aux marrons, l'Artisan Parfumeur et Arnaud Lahrer. 



samedi 17 décembre 2016

Au Bord de l'Eau, Sur l'Herbe - l'Artisan Parfumeur 2017 : vague à l'âme ?

Pour terminer cette année riche en nouveautés et événements, voici un petit avant goût de deux nouveautés prévues pour Février 2017 chez L'Artisan Parfumeur.


Au Bord de l'Eau : agréable Cologne, Au bord de l'Eau puise sans doute un peu son inspiration dans Infusion d'Homme, dont elle reprend le départ acidulé, la trame iris-violette et ce coté poudré qui lui va si bien. L'effet savonneux demeure, quoiqu'un peu atténué, mais sur peau, le parfum reste doux, enveloppant et lumineux. Dans sa globalité, le parfum pourrait être une évocation de la fleur de narcisse et peut aussi plaire à celles et ceux qui aiment le coté poudré de l'Eau de Narcisse Bleu.


Sur l'Herbe : Sur l'Herbe est un Néroli entre ombre et lumière, construit un peu à la manière de Eau de Néroli Doré ou Néroli Outrenoir de Guerlain. Joli, bien fait, il joue sur le contraste doux/amer que peut avoir le néroli. Une pointe de mandarine et de pamplemousse marque l'envolée lumineuse, des notes herbeuses et poudreuses créent un effet qui sur peau, évolue assez rapidement vers une sensation moussue et terreuse, légèrement humide, comme si l'on était assis sur l'herbe près d'un chêne.

Fait nouveau, ces deux colognes tiennent, et sont plutôt faites pour être portées comme des eaux de toilette.

Personnellement, je regrette un peu le coté léché et aseptisé par rapport à ce que nous avions l'habitude de voir chez l'Artisan. Je trouve ces deux colognes bien faites, mais je perçois difficilement le lien avec les tableaux (Le Déjeuner sur l'Herbe d'E.Manet et Au Bord de l'Eau C.Monet) qu'elles évoquent, ni le grain impressionniste dans l'évocation des parfums. Comme si l'âme qui visait à faire réellement coller un parfum sur une inspiration avait disparue au profit d'une parfumerie plus technique, sans défaut, mais dans laquelle on retrouve des codes utilisés dans des parfums plus grand-public, et à laquelle il manque un peu de cette créativité qui nous plaisait tant.

Pour être honnête, dans la mesure ou je reste concentré sur le parfum en lui même, Au Bord de l'Eau est un vrai coup de coeur et s'avère très agréable à porter, mais si vous êtes sensibles au lien entre l'histoire et le parfum, vous risquez d'être déçus. Si vous aimez l'Artisan Parfumeur pour son coté artisanal et créatif, il semble que cette période soit révolue. Faut-il absolument inventer de vagues histoires pour vendre des parfums ? Pas spécialiste en marketing, je n'ai pas la réponse, mais cette impression "d'âmes vagues" me donne quand même un peu le vague à l'âme, même si c'est beau, il faut bien le reconnaître !

Illustrations : le penseur de Rodin, entre marbre et arbres verts, l'Artisan Parfumeur. 




jeudi 8 décembre 2016

Entrevue avec Sylvaine Delacourte : un nouvel élan !

Bonjour Sylvaine, 

Je vous remercie d’avoir accepté cette entrevue afin de parler du lancement récent de votre gamme de parfums.

Comment vous est venue l’idée de lancer votre propre gamme de parfums, qu’est ce qui a guidé ce choix dans un marche aujourd’hui compliqué ? 

Ma famille compte beaucoup d'entrepreneurs, et cela m'a toujours encouragée et stimulée. J'avais depuis longtemps envie de créer ma marque et c'est la rencontre avec un jeune entrepreneur qui m'a permise de sauter le pas.

Nous avons voulu essayer d'amener quelque chose de différent dans un marché où les gens sont en recherche de parfums exclusifs mais aussi d'authenticité et de connaissances sur les produits qu'ils achètent.  
J'ai donc voulu me distinguer par une approche différente avec une collection de cinq fragrances travaillée autour d'une seule matière première qui sont présentées dans des coffrets pensés développement durable en métal réutilisable.
Nous avons aussi créé une expérience découverte sur le site internet qui permet à chaque personne de découvrir l'histoire des matières premières, mes inspirations en vidéo et de partager avec moi ses impressions sur les créations.

Vous avez apporté chez Guerlain de la rondeur, des courbes et de la sensualité dans les créations que vous avez pilotées. Ces mots sont-ils importants pour vous ?

Je vous remercie déjà de m'avoir si bien cernée. Effectivement, je n'aime ni les parfums coup de poing ni les parfums sombres. J'aime les parfums facettés, lumineux, doux, confortables, d'où cette collection de parfums que je qualifierais de pashminas olfactifs.

Vous avez souhaité mettre en avant les muscs blancs, pourquoi ? 


Tout d'abord parce que c'était un vrai challenge car travailler les muscs n'est pas chose facile, bien que tenaces, ils diffusent souvent peu sont quasi tous dans un même style.

J'ai fait une étude de ce qui se faisait sur les parfums dits confidentiels et me suis aperçue que l'ont trouvait peu de parfums musqués.
Je trouvais qu'il y avait un créneau à prendre pour cette première collection et comme j' aime travailler les matières premières de façon contrastée, vous retrouverez un musc végétal mais aussi un musc épicé !

Quelle est la particularité de ces matières, le temps est un allié semble-t-il ? 


Oui j 'ai eu une très belle surprise après la macération et la maturation qui ont donné une ampleur incroyable aux parfums.

Les muscs sont très sensibles sur ce point, ils ont pris de l'épaisseur, du volume et donnent encore plus de diffusion !

Vous êtes vous inspiré de parfums que vous aimiez, auxquels vous auriez voulu rendre hommage ? 


J'ai essayé d'être singulière et de me démarquer des parfums existants ou de ceux que j ai travaillés précédemment. J'étais attendue sur une guerlinade et j'ai donc fait autrement pour cette première collection.
Après, les notes que j'aime personnellement sont l'iris, l'héliotrope et la vanille, des matières que l'on retrouve dans Florentina, le parfum que je porte.

Vous avez fait le choix audacieux de n’être distribuée que sur internet, pourquoi ? Est-ce que cela est amené à changer ? 


Le choix a surtout été fait car cela me tenait à coeur de pouvoir avoir un contact direct avec les amateurs de parfums et de pouvoir, grâce à l'expérience découverte, leur faire découvrir directement mon univers et mes parfums depuis le confort de leur maison.
Nous ne sommes pas bloqués sur le sujet et nous allons étudier le sujet d'une distribution physique exclusive en 2017.

Y en a-t-il un qui vous ait demandé plus d’attention un auquel vous teniez plus que les autres ? Y en a-t-il un qui se détache déjà ? 


Je dirai que Florentina est un peu plus demandé que les autres mais vraiment de très peu.
La collection est très homogène et il n'y a pas un seul parfum qui reste en retrait. Quasi tous nos premiers clients aiment au moins deux voire trois parfums.

Chez Guerlain, vous avez travaillé avec Maurice Roucel entre autre. Pour votre gamme, qui sont les parfumeurs qui ont su traduire vos attentes ? 

J'ai travaillé 4 parfums sur les 5 avec Irène Farmachidi avec qui j'avais déjà travaillé dans le passé. Nous nous entendons à merveille et avons le même feeling sur les créations et le choix des matières premières.

Pour créer un parfum il faut en effet être sur la même longueur d'ondes, sentir et ressentir de la même façon.
J'ai aussi voulu collaborer avec une jeune parfumeur, Anne-Louise Gautier pour la création de Dovana. C'était notre première collaboration et ce fut une belle aventure ! 

Sylvaine, je vous remercie infiniment de m’avoir accordé un peu de votre temps. Je vous souhaite un bel épanouissement et une longue vie à ces beaux parfums. 


Petite parenthèse de Méchant Loup pour conclure : j'aime beaucoup la collection, que je trouve très cohérente et qualitative, mon préféré est Hélicriss, et Florentina rencontre un beau succès lorsqu'une amie le porte, notamment pour son sillage incroyable. Et vous, avez vous fait l'expérience découverte, quel est celui que vous aimez ? 

Site internet : sylvaine-delacourte.com

Illustrations : parfums Sylvaine Delacourte, pashminas en cachemire. 

















mercredi 23 novembre 2016

Soldes d'Hiver, Braderie N°2 : venez en profiter !

Que faire pour occuper un samedi après midi et se faire plaisir ? Soit je reste chez moi à regarder la tv, soit je sors me promener ou faire du shopping, soit je cours au métro Ourcq ds le 19e Arrondissement pour profiter de la grande braderie parfums organisée par Thierry Blondeau ou Méchant Loup ! 

Cette seconde braderie aura lieu le Samedi 10 Décembre 2016, de 15h à 19h, chez moi, par loin du métro Ourcq, Métro Ligne 5, Paris 19e.  

Une soixantaine de parfums de marques de niche ou plus grand public à prix bradés ! Pas de liste disponible car elle serait trop longue mais je vous invite à venir. Quelques parfums ont été ajoutés depuis la dernière braderie.
Une occasion aussi de découvrir Cuir des Sables, Cuir Extrême, Alea Jacta Est, Jessy-'s Rose et Narcisse Emoi dans leur version actuelle et dans leur nouvelle variation 2017 pas encore disponible. Un prix préférentiel sera appliqué ce jour là pour l'achat d'une version actuelle. Quelques flacons de Ma Garrigue, discontinué, seront bradés. Vous pourrez également découvrir Conquérante et Mystique réalisés pour les parfums Berry, et voir mon orgue pour ceux qui auraient envie.

Quelques objets autres tels que livres, vaisselle et objets divers seront également proposés à prix très doux. 

Comment faire ? Pour en profiter, merci de me laisser un message privé sur Facebook ou sur olfactorum@gmail.com afin que je puisse vous envoyer l'adresse et que je puisse estimer le nombre de visiteurs. 

Venez en profiter ! 

samedi 19 novembre 2016

Entrevue avec Christine Nagel à propos de Galop.

Bonjour Christine,

Je vous remercie d’avoir accepté cette entrevue afin de parler de votre arrivée chez Hermes et du lancement de votre premier parfum, Galop d’Hermes.

·         Jean Claude Ellena laisse derrière lui un style, une écriture. Est-ce difficile de prendre le relai ? Comment se sent-on face à un tel héritage ? Quels sont les défis qui s’imposent ?

Entrer chez Hermes est une véritable chance, dont je me réjouis chaque jour depuis que j’y suis. Lorsque l’on m’ouvre les portes de cette grande maison, je découvre les cuirs, l’audace des couleurs, les textures qu’ils développent. C’est presque charnel, et je suis immédiatement séduite par cet univers. Ainsi, j’ai l’impression d’être comme une héritière. Prendre la suite de Jean Claude Ellena, qui a signé avec talent une période, c’est aussi prendre conscience qu’il y a eu d’autres parfumeurs avant lui. Je ne suis donc qu’un maillon de l’histoire d’Hermes. En interne Hermes est audacieuse et innovante, et on me laisse une grand liberté. Je n’ai jamais connu cela avant, je travaille donc plus vite et mieux, car je peux aller où je veux.

·         On dit beaucoup de vos créations les plus emblématiques (For Her, Si par exemple) qu’elles sont remplies de féminité, de sensualité, de générosité et de rondeurs. Etes vous plutôt d’accord avec ces ressentis ? Ces mots vous parlent-ils ?

Bien entendu, je laisse parler mes origines italiennes, mes émotions, mon ressenti. Je suis généreuse, j’aime les gens, les contacts, j’aime l’art et les matières, je vois, je touche, j’entends, je sens les choses. Dans un parfum, j’aime une signature forte, qu’il soit reconnaissable parmi les autres, qu’il ait du panache ! C’est tout cela que je veux partager.

·     Quelle différence y a-t-il entre le travail de parfumeur interne d’une grande maison comme Hermes et le travail à l’intérieur d’une société de création comme celles dans lesquelles vous avez évolué avant ?

   La vraie différence, c’est que Pierre Alexi et Axel Dumas, respectivement directeur artistique et président de la marque, sont conscients que l’histoire d’un parfum part de la création, et non l’inverse. Qui fait cela aujourd’hui ? Hermes est comme un arbre bien enraciné dans le sol, avec un tronc solide, des branches et des feuilles qui se renouvellent. C’est une « maison de la main », où la matière, la qualité, le façonnage sont au cœur des préoccupations et de l’histoire. On ne me demande pas de faire du sucre parce que ça plait ou parce que ça va se vendre (d’ailleurs, si les ficelles d’un succès étaient connues, il n’y aurait pas tant de « loupés »), mais d’être libre, émue,  vraie, et de laisser parler mes envies.
    
·   J’ai le sentiment que Galop n’a pas de sexe, et son positionnement, sa distribution, confidentielle au départ, semble aller dans ce sens. Est-ce volontaire ? N’y a-t-il pas quelque chose qui change actuellement dans le public, plus sensible à la création qu’au « sexe » du parfum ?

Comme je le disais tout à l’heure, chez Hermes, j’ai la chance que l’on parte d’abord de la création pour en faire une belle histoire. Ainsi, bien qu’il ait été imaginé comme féminin, on peut très bien penser que les hommes aiment la facette cuir et les femmes la douceur de la rose, ou tout simplement l’ensemble formé par cette danse toute en nuances. Il me semble que le public se rend compte petit à petit qu’il n’est pas une égérie, un « faux semblant », mais une personne, avec un vécu, une vie, des fragilités. Les codes changent aussi, le monde du parfum s’exprime plus facilement, il s'ouvre et cela fait avancer les choses.

·         Pour Galop, comment avez-vous travaillé l’ADN d’Hermes, y avait-il des codes à respecter qui étaient importants pour vous et si oui, lesquels ?

L’idée de Galop m’est venue lorsque j’ai touché le cuir appelé Cuir Doblis : une merveille de douceur et de sensualité. Fin, doux, soyeux, j’ai trouve ce cuir féminin, léger. J’ai donc eu envie de travailler un cuir, et de l’allier à la rose, fleur emblématique de la parfumerie. J’ai donc imaginé une danse entre le cuir et la rose, et c’est devenu le fil conducteur de la création de ce parfum, jusqu'à son spot publicitaire. Au tout début, j’avais appelé ce parfum Rose Equestre. Puis il fallait qu’il soit aussi un moyen pour une femme ou un homme de s’approprier l’univers Hermes. Le cuir est un lien formidable vers la maison, la rose est une ode à la délicatesse et à l’élégance. Ce parfum devait être un sésame. Son nom définitif est venu lors d’une réunion, et tout le monde est tombé d’accord.  

·         Connaissiez-vous le flacon avant de vous lancer dans la création de Galop ? Que pensez-vous de celui-ci ?


Oui, et j’ai même une anecdote à propos de ce flacon. Nous sommes partis d’un flacon Hermes créé en toute petite série dans les années 30 et offert à une toute petite minorité de clientes à New York pour l’ouverture de la première boutique américaine. Nous en avons retrouvé un, dans un état pitoyable, mais il est devenu le point de départ. Techniquement compliqué, il s’est avéré très cher à produire. Mais, ce qui était un frein au départ est devenu un élan, et les obstacles ont été surmontés. Une seule condition : il n’y aura pas de 100 ml car ce format ne collait pas à l’image de la marque et dégradait la qualité visuelle du flacon. Nous nous sommes tenus à ce pari jusqu'au bout.

·         Il y a eu semble-t-il la période des Hermessences avec Jean Claude Ellena. Y aura-t-il d’autres Hermessences signées par vous ou ce sera quelque chose de différent ?

Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de suite. Les Hermessence créées par Jean Claude Ellena constituent une très belle collection. Il y aura des Colognes, des Jardins, des Hermessences et bien d’autres choses, bien sûr !

Christine, je vous remercie infiniment de m’avoir accordé un peu de votre temps. Je vous souhaite un bel épanouissement au sein de cette belle maison qu’est Hermes. 

Illustrations : Hermes


vendredi 28 octobre 2016

Mercedes Benz Cologne - 2016 : le vrai du faux.

Créé en 1981 pour la marque Annick Goutal, L'Eau d'Adrien est une signature qui traverse le temps depuis 35 ans. Cette empreinte est tellement forte qu'elle a inspiré Chanel et Dior pour Allure Homme Sport Cologne et Dior Homme Sport en 2008, devenu Dior Homme Cologne depuis de le Dior Homme Sport a été recalé sur les notes irisées de Dior Homme (vous suivez) ? 

Vous êtes un homme de goût, et vous l'aimez cette signature ! Mais la marque Annick Goutal ne vous parle pas : trop classique, trop "16e"! Chanel et Dior vous lasse, car vous n'en pouvez plus de voir votre femme renter le soir après être allé chercher votre parfum vous dire "mais quelle est exactement la déclinaison que tu veux ? Edition Sport Cologne, Sport, Cologne, qui n'est plus le Sport d'origine ? Ahhhhh, je craque" !!!! Après une cure de Prozac et quelques cheveux perdus, vous l'avez enfin retrouvée, plus sereine, après vous être arrêtés devant la dernière finition de votre voiture au Show Room des Champs Elysées. 

Il faut dire que vous l'aimez, votre petit roadster deux places bleu électrique, qui vous emmène sur la Riviera, cheveux au vent, respirer l'air des pins, de la mer, le soleil sur le visage quand vous avez ouvert le toit. Vous aimez le son de son six cylindres, sa finition intérieur impeccable, sa couleur et sa tenue de route. Votre femme en est folle aussi. Vous êtes heureux. 


Ce fameux jour alors que vous étiez en balade, vous avez vu que Mercedes faisait des parfums, et comme vous êtes curieux, vous y avez mis le nez pour y voir plus clair. Et là, quelle surprise ! Le tout dernier arrivé, Cologne, vous a immédiatement fait pensé à Dior Homme Cologne, après avoir bien compris que ce dernier était votre Dior Homme Sport original. Citron, mandarine, gingembre sur un lit de bois clairs résineux et de muscs propres, tout y est ! Clair limpide, facile à poter et dynamisant, d'une belle évolution sur peau ! Vous êtes conquis. Et votre femme aussi d'ailleurs, en sentant Women, tout de rose vêtu, elle qui porte Alien ! Plus besoin de mettre les pieds chez un distributeur trop répandu ! Ouf ! 

Je ne vais pas chercher à savoir qui copie qui ni pourquoi mais juste resituer le vrai du faux : Annick Goutal a créé cette signature, Chanel et Dior l'on démocratisée (trop peut-être à votre goût), mais Dior l'exploite maintenant pour son compte. Firmenich (qui a créé Dior Homme Sport première version) se la réapproprie pour une marque qui véhicule une exigence de qualité : Mercedes Benz Cologne voit le jour ! 

Et moi, ce parfum, j'aime le porter, car il évolue tout en douceur là ou l'Eau d'Adrien devenait acide sur ma peau ! Et quelle belle couleur non ? 

Illustrations : Mercedes Benz.

vendredi 21 octobre 2016

Vivre la critique et s'expliquer.

En lisant certains avis sur beauté-test concernant mes parfums, certains n'hésitent pas à dire "je n'aime pas les parfums de Thierry, même s'ils sont intellectuellement intéressants". En tant que blogueur, j'ai moi même poussé des coups de gueule et critiquer parfois. Alors, même si elle n'est pas très agréable à lire, je prends la critique avec gratitude car elle a au moins une vertu : elle permet de s'expliquer.

Une chose avant tout : lorsque je travaille un parfum, ma raison d'être est d'éviter un maximum de reproduire des schémas olfactifs établis ou déjà explorés, et je n'ai pas d'autre motivation. Ainsi, je prends des risques, et croyez moi, l'exercice est périlleux. 

Quelques exemples pour illustrer le propos: 


Conquérante est conceptuel, certes. C'est un "exercice de style" sur l'idée bien précise d'une combattante qui part à la guerre au moyen age. Il n'y a eu aucun compromis pour chercher à plaire, mais seulement celui d'être fidèle à la dureté des combats. Pour mieux comprendre comment vous pouvez le porter, car après tout c'est aussi un parfum, je vous invite à regarder les films de guerre au moyen age. Gladiateur ou guerrière, qui sait qui vous serez, mais c'est à ce prix qu'il s'appréhende. 


Cuir Extrême est "extrême" et sans compromis, ça c'est sûr. Mais qui ose aujourd'hui faire une note fumée très affirmée en évitant qu'elle soit trop lourde ? C'est le plus chamanique de mes parfums, et celui qui plait le plus. 

Aléa Jacta Est n'est pas "facile", c'est le moins que l'on puisse dire. Mais qui peut, dans la parfumerie actuelle, hormis Serge Lutens et Tubéreuse Criminelle, revendiquer une fleur vénéneuse, dangereuse et narcotique qui n'en ait pas que le nom ?  

Par contre, je ne vois aucun avis ni partage sur Mystique : étrange et mystérieux, cela m'intrigue, il doit être trop timide ?

En tant que parfumeur autodidacte et indépendant, j'ai conscience du fait que les premiers exemplaires de mes parfums n'étaient pas parfaits techniquement, mais je me suis lancé, au moins, et avec le temps j'évolue, je progresse, et finalement, je trouve les clés, les solutions techniques tout seul. Ce qui me semblait impossible au départ se débloque, j'y arrive. Ainsi, j'espère vous faire partager de belles surprises à l'avenir, car, malgré les partis pris olfactifs, développer une sensation plus tactile, un sillage plus enveloppant, une texture plus "parfum" m'a toujours accompagné. Ces évolutions tout en nuances font partie de la vie de mes parfums (et pas que des miens), et je vous invite donc à les suivre régulièrement.  

Rome ne s'est pas construite en un jour, alors je continue, et ceux qui apprécient comprendront certainement, enfin, j'espère  !!! On avance, b-testeuses, b-testeurs, on en reparle bientôt, mais surtout, ne restez pas sur ce que vous avez senti il y a plus d'un an, continuez à mettre vos nez dedans, ils sont faits pour ça ! Je vous dis à très bientôt. 

Illustrations : Charlie Brown : "je pense que j'ai peur d'être heureux, car quand je sens le bonheur, il se passe toujours quelque chose de mal". Maison de parfums Berry, Thierry Blondeau parfums. 

jeudi 20 octobre 2016

Grande Braderie Parfums le Samedi 29 Octobre 2016.

Que faire pour occuper un samedi après midi et se faire plaisir ? Soit je reste chez moi à regarder la tv, soit je sors me promener ou faire du shopping, soit je cours au métro Ourcq ds le 19e Arrondissement pour profiter de la grande braderie parfums organisée par Thierry Blondeau ou Méchant Loup ! 

Cette braderie aura lieu le Samedi 29 Octobre 2016, de 15h à 20h, chez moi, par loin du métro Ourcq, Métro Ligne 5, Paris 19e.  

Une soixantaine de parfums de marques de niche ou plus grand public à prix bradés ! Pas de liste disponible car elle serait trop longue mais je vous invite à venir. 

Une occasion aussi de découvrir Cuir des Sables, Cuir Extrême, Alea Jacta Est, Jessy-'s Rose et Narcisse Emoi dans leur version actuelle. Un prix préférentiel sera appliqué ce jour là. Quelques flacons de Ma Garrigue, discontinué, seront bradés. Vous pourrez également découvrir Conquérante et Mystique réalisés pour les parfums Berry, et voir mon orgue pour ceux qui auraient envie.

Quelques objets autres tels que livres, vaisselle et objets divers seront également proposés à prix très doux. 

Comment faire ? Pour en profiter, merci de me laisser un message privé sur Facebook ou sur olfactorum@gmail.com afin que je puisse vous envoyer l'adresse et que je puisse estimer le nombre de visiteurs. 

Venez en profiter ! 


vendredi 14 octobre 2016

Premiers voyages de Cuir des Sables.

Septembre 2016, alors qu'il n'est pas encre arrivé en boutique, Cuir des Sables voit déjà du pays. Pour remercier Alan, il part à Saint Malo, où je le retrouve par surprise au beau milieu du sable de Bretagne. Puis, en Septembre, il me suit sur le chemin des vacances, dans une région que je connaissais à peine. Sur les hauteurs de Cannes, avec une vue dégagée sur la mer au loin, il pose ses notes d'herbes sèches amandées, de sable chaud, de cuir et de safran, et part à la découverte de la Côte d'Azur. 

Après avoir découvert Cannes et sa croisette, petit détour sur son lieu de naissance, sur les hauteurs de Grasse, où il fait une halte chez Art et Parfum. Dans un environnement magnifique, il m'accompagne quand je découvre avec lui où et comment sont fabriqués les concentrés de mes parfums. C'est ici qu'est pesée la formule que j'ai imaginée dans ma tête. Sur le seuil du portail très discret figurent ces mots : " je ferais fleurir les pierres et chanter les oiseaux". Reconnaissance suprême que d'être ici, sur la terre d'un de nos plus grand maître à nous, créateurs de parfum, monsieur Edmond Roudnitska. Je découvre alors le pare-terre de muguet qui inspira Diorissimo, le panorama qui donna naissance à Femme, les herbes du jardin, les citronniers, les bigaradiers, les jasmins, les lavandes, dont les notes me font connecter à des parfums comme Fleur de Citronnier de Lutens, Jasmin Noir de Bulgari, Brin de Reglisse d'Hermes. Terre d'inspiration, jardin aux mille senteurs, quelle merveille d'être là, et d'imaginer que Jean Claude Ellena, Jacques Cavalier, Thierry Wasser entre autre sont tous passés par ici ! 


Le lendemain de cette sorte de pèlerinage, Cuir des Sable découvre Nice, et sa nouvelle coulée verte. Pour se rafraîchir, il prend la pose sous les brumisateurs, au milieu des gouttes d'eau, joli cadre non ? Il entame ensuite un périple sur la promenade des anglais, où le mot azur prend tout son sens en regardant la couleur de la mer. Un tour dans le vieux Nice, où il tente de se faire connaitre des parfumeries locales, puis il m'accompagne lorsque l'on se pose pour prendre un verre avec des amis. 



Déjà jeudi, il ne reste plus beaucoup de temps, mais Cuir des Sables ne pouvait pas passer à coté de Saint Tropez. Là, il se la joue un peu star, sur les tables rouges de la terrasse de Sénequier, institution locale où il faut absolument goûter LA tropézienne, hors de prix, mais excellente heureusement me direz vous ! 


Deux jours plus tard, retour vers Paris, en passant par Aix et Avignon. Reposé, il est maintenant prêt, et se retrouve sur les rayons de Jovoy, fin Septembre, enfin !

Je sais que quelques-uns d'entre vous le connaissent déjà. Ainsi, n'hésitez pas à le décrire dans vos commentaires ici ou sur Facebook, à donner votre avis, votre ressenti. Qui sait, peut-être qu'il entendra ? 

Illustrations : vue depuis de jardin de Edmond Roudnitska, chez Art et Parfum sur les hauteurs de Grasse. Photo de Alan Malgorn pour Cuir des Sables sur une plage à Saint Malo. Photo perso pour Cuir des Sables dans les brumes de Nice, et sur les tables rouges de Sénequier. 




lundi 10 octobre 2016

Conquérante et Mystique - Parfums Berry 2016 : un projet fort.

Lorsque Cécile et Charles du 35 rue Damiette à Rouen m'ont parlé d'un projet de parfums sur le thème de Jeanne d'Arc, j'ai tout de suite été emballé à l'idée de travailler sur deux idées fortes, deux traits de sa personnalité, Jeanne la guerrière et Jeanne la mystique. Le "brief" se résumait à ces seuls mots, sans idée des couleurs, des visuels et des flacons qui allaient contenir les créations, ni même du nom définitif que porteraient les parfums. La fleur au fusil, je partais alors en chasse d'idées, me posais devant mon orgue à parfums et me mis à jouer des matières premières.


Sur Conquérante, initialement appelé Jeanne la Guerrière, j'avais envie d'un parfum fort. Immédiatement, je voyais le métal crisser sur les armures, le sang versé par les soldats, le cri hurlant des chevaux, le foin remué par leurs sabots, la terre battue, le cuir frappé par les épées, et le feu. Conquérante est construit comme un exercice de style, que chacun appréhendera comme il l'entend. J'y ai mis toute la force de matières premières métalliques, terreuses, minérales qui sont souvent crissantes, grinçantes même, et j'ai joué avec la puissance des aldéhydes. Ces envolées s'appuient sur un socle de cuir épais, tanné, griffé, et sur une note de foin assez marquée. Pour visualiser la scène, je me suis appuyé sur un tableau de Anton Hermann Stilke, qui représente Jeanne d'Arc au milieu du chaos d'un champ de bataille. S'il surprend au départ, il se calme sur la peau. 



Pour Mystique, initialement nommé Jeanne la Mystique, je voulais quelque chose de doux, de vaporeux, comme un esprit qui flotte dans une église. Pour l'anecdote, Cécile et Charles étaient sceptiques au départ, mais expliquant le parfum autour de l'idée que j'avais travaillé à un petit panel de leur clients, les retours étaient plutôt positifs, ils ont donc dit banco. Bien leur en a pris car il semblerait que Mystique ait déjà des fans. Je les remercie d'avance, car cela me touche beaucoup. Pour ce parfum, je suis parti de la fleur de lys comme une évidence, et je l'ai travaillée avec de la jacinthe et de la glycine, fleurs virginales s'il en est. Faut il rappeler qu'elle était surnommée "Jeanne la pucelle" ? Ces fleurs se lient ensuite à un accord que j'ai nommé "voile blanc", doux et qui laisse un sillage vaporeux, comme un esprit qui flotte au dessus du sol, un mythe en somme. Le tout est soutenu par de l'encens et de la myrrhe, car les mythes naissent dans les églises. Mystique est un parfum serein, calme, apaisé ... Dieu regarde. 

J'ai découvert les visuels et les flacons tout à l'heure et je suis très fier du travail accompli par Cécile et Charles. Ils étaient les premiers à ouvrir leur portes à mes premières créations début 2015, il m'ont laissé cette chance de m'exprimer sur ce projet fort, et je les remercie grandement. Un autre parfumeur Anatole Lebreton, a travaillé sur le projet, mais je n'ai pas encore découvert ces créations définitives. Les treize parfums Berry seront en vente dès ce mois d'Octobre au 35 rue Damiette à Rouen dans un premier temps. Courez les découvrir !

Illustrations : Anton Hemann Stilke, Parfums Berry - Flacon de Conquérante. 

samedi 1 octobre 2016

Allez les marques, on relance ?

Tout d'abord, avant de commencer un nouvel article, petite rectification sur le précédent au sujet de Sang Bleu. Testé plus longuement et sur peau au lieu d'un sniff rapide sur touche, Sang Bleu se rapproche plus de Kouros au final que de Sauvage, et apparaît plutôt doux et feutré. Tout aussi animal que Kouros, un peu plus savonneux dans le fond, il fait voyager dans les 80's. 

Maintenant, avant de vous emmener en voyage sur les traces de Cuir des Sables, je voulais parler de quatre parfums qui gagneraient sans doute à être relancés, avec un belle campagne contemporaine. Je ne comprends pas pourquoi, avec de telles créations dans leur patrimoines, les marques n'osent pas les opposer à des choses plus récentes qui manquent franchement d'originalité. 

L'Instant de Guerlain : ses notes solaires de magnolia et de jasmin sambac assemblées autours d'une construction de salicylates et de muscs blancs doux et ronds serait une parfaite alternative à La Vie est Belle par exemple. Confortable, d'un sillage agréable, très subtilement sucré-vanillé, il envoie sans excès et se révèle très fréquentable au quotidien. 


Hypnose de Lancôme : dans la même lignée de parfums solaires et doux, Hypnose propose quelque chose d'attachant, qui oppose un accord vert-végétal dans la lignée de O Oui, à des notes solaires, salicylées et jasminées également. Pas trop lessiviel et subtilement gourmand, je n'ai jamais compris pourquoi il était boudé. Aujourd'hui, il se démarquerait assez largement des pseudo Coco Mad lancés à la pelle. 


Lolita Lempicka Original : premier parfum de la marque, cette création signée d'Annick Ménardo est sans doute un peu boudée car beaucoup portée, mais pourquoi ne pas le remettre sur le devant de la scène aujourd'hui au lieu de nous infliger un So Sweet qui ne fait illusion que sur les notes de tête ? Son accord de violette poudrée et de cerise, littéralement posé sur un très beau tabac blond anisé est une merveille de créativité. Il tiendrait bien la route face à son descendant qui cartonne, la bien aimée Petite Robe Noire non ?


Hypnotic Poison de Dior : autre création d'Annick Ménardo, Hypnotic Poison n'a pas pris une ride après 18 ans d'existence. Vanillé, poudré, très légèrement fumé en fond, suffisamment puissant et signé, il me fait littéralement voyager à Saint Jean de Luz où je suis passé devant un stand où étaient vendus des chouchous, dont les effluves sentaient ce joli parfum, rond et gourmand à souhait. A l'age de sa maturité, pourquoi ne pas lui donner une seconde chance de nous hypnotiser face à Black Opium par exemple ? 

Plutôt que de perdre leur temps à "pondre" sans recul des copies du voisin parce qu'elles marchent bien sans créer de nouvelles références et au risque de ne pas de démarquer au final, les marques n'auraient-elles pas plutôt intérêt à faire revivre et à mettre en avant les richesses de leur patrimoine pour les installer comme de grands classiques de leur époque ? La "niche" à bien compris, par contre, qu'il était très intéressant de les copier pour les vendre trois fois plus cher. Le consommateur, lui, ne serait pas forcement hostile à sentir de nouveau ces créations originales, signées et à fortes personnalités plutôt que de s'engluer dans le sucre formaté ? Les passionnés et amoureux du parfum eux, en seraient soulagés. Allez les marketeux, arrêtez de nous "raconter des histoires", parlez nous "vrai", parlez nous "beau", parlez nous "signatures, style, sillages et créativité". Je vous remercie par avance, un petit effort pour montrer vos talents ?  

Illustrations : Guerlain, Lancôme, Lolita Lempicka, Dior. 

vendredi 16 septembre 2016

Bleu, Sauvage, Sang Bleu : on est pas des bêtes ?


Bon d'accord, j'en vois déjà qui se demandent pourquoi je parle de ces trois parfums aujourd'hui, alors que mon dernier bébé Cuir des Sables vient d'arriver chez Jovoy ? 

Je pense que c'est simplement pour insister sur la différence, et sur le fait qu'il existe deux types de parfumerie : une pointue pour connaisseurs, et une autre plus massive.

Pour ne rien vous cacher, et sans parler de belle parfumerie (tout de même), je ne déteste pas ces trois là et j'avais bien envie de le dire et d'en parler.

Dans Sauvage, j'aime le travail autour du poivre, du basilic bien frais et montant, et le coté minéral du parfum, et pourvu que l'on ait la mains légère, le parfum n'est finalement pas si désagréable à supporter. 
Sang Bleu, lui, en reprend presque la même trame, en ajoutant une note animale assez marquée, qui fait un peu, un tout petit peu écho à Peau de Bête de Liquides Imaginaires. 
Dans Bleu, en version Eau de Parfum, il y a une ressemblance avec Allure Homme, et le parfum n'est pas dénué de texture ni d'élégance. Les trois ont un point commun : la virilité, car oui, il "sentent le poil". 

Il n'est pas étonnant que ces trois marques se lancent sur ce territoire olfactif : fortes d'un patrimoine riche et qui couvre quasiment toutes les familles et tous les goûts, elles n'ont plus rien à perdre et peuvent se permettre cette petite "fantaisie". En effet, il ne serait pas étonnant que ces notes "testent" bien lors de tests marketing, alors pourquoi ne le feraient-elles pas ? Il y a tout de même un risque : perdre en crédibilité et en prestige, mais est-ce vraiment un risque quand on a leur dimension ? C'est un peu plus surprenant de la part de Le Galion, mais j'imagine que la marque veut marquer sa filiation historique avec Dior. Pourquoi pas ?

Pourtant, les amateurs de parfums rechercheront sans doute autre chose, une vraie signature sauvage et virile, un vrai sang bleu, noble et élégant, ou une vision plus artistique de la couleur bleue.
On est pas des bêtes tout de même, mais on a surement tous un petit coté sauvage à explorer ? Non ? Alors, bonne chasse aux beaux parfums ! 

Illustrations : Bête Sauvage, Chanel,  le Galion, Dior

jeudi 8 septembre 2016

Penhaligon's - tradition goes forward !

En France, nous avons Guerlain, maison de parfum créée il y maintenant plus de 180 ans. En Angleterre, c'est Penhaligon's qui fait référence dans le monde du parfum. Réputée pour ses créations emblématiques et en particulier Blenheim Bouquet que j'adore, elle continue aujourd'hui à faire vivre son patrimoine, explorant à tour de rôles des territoires faciles ou d'autres, plus originaux, plus créatifs, voir même parfois exubérants. Tantôt chez le barbier avec Bayoléa et English Fern, tantôt chez le tailleur avec Sartorial, on voyage également dans les coulisses de The Phantom of The Opera avec Iris Prima par exemple. Et s'il y a bien une capitale où l'excentricité et l'originalité n'ont pas de limite, c'est bien Londres. Comme si les parfums exploraient les personnalités anglaises, et faisant toujours référence à ce pays, les créations Penhaligon's méritent un petit détour, et je vous propose aujourd'hui d'en explorer quatre des plus récentes. 


Blasted Heath : dans un souffle de vent, la mer, les embruns se chargent de notes fumées de whisky, de sable et d'iode. Blasted Heath peut paraître un peu déjà vu, tant il empreinte sa trame à des parfums comme Happy for Men de Clinique, mais il se charge de nuances subtiles, de bois ambrés traités en finesse et qui sur peau, rappelent l'odeur du sable, dans une sensation de bien être. Une respiration d'air pur, sans lourdeur, qui donne le sourire quand il fait un peu chaud. : "Clap along if you feel like happiness is the truth" !



Luna : Luna est l'avant dernier de la collection courante. Positionné comme féminin, je le trouve plutôt ambivalent, tant ces notes florales chyprées, qui oscillent entre Pleasures, Nina et Sublim Balkiss sont agréables et piquantes, même sur un homme. Luna vibre littéralement entre les agrumes vivifiants, un bouquet floral moderne, et un patchouli aux notes poivrées d'un bel effet sur peau. Parfum en clair obscur, comme les reflets de la lune, il s'apprivoise facilement, et son sillage est étonnant. Osez, vous verrez !  



Alizarin : tout dernier parfum de la collection, Alizarin ne m'a pas tout de suite convaincu, tant il est original. Vert, avec une note thé à la menthe, végétal presque, un tout petit peu aqueux, j'ai eu un peu de mal, jusqu'à ce que je me donne le temps de le porter. Parfaite illustration d'un jardin fleuri par temps pluvieux, typiquement anglais dans sa forme et son odeur, il ajoute à cela une pointe de oud, assez animal et d'un effet cuiré prononcé, qui fait que l'on y voit volontiers la mousse et l'humus qui se développent autour de pierres humides. Sur peau, il est incroyable de personnalité. Original en diable ! 



The Revenge of Lady Blanche : je l'ai encensé sur Facebook, tant il m'a plu tout de suite. Evidemment, moi qui aime l'absolu narcisse, l'iris et la jonquille, comment ne pas me laisser séduire par cette merveille ? Velouté, duveteux, relevé de fleurs blanches aux notes d'abricot, à la fois vert, floral et champêtre, il se dévoile subtilement sur peau. Et si un homme ose, là, vous verrez, ça fonctionne parfaitement, coumarine et notes cuirées aidant. L'envolée me fait penser à L'Eté en Douce de l'Artisan, pas le coté foin, l'évolution, elle se rapproche de A Scent d'Issey Myake ou de Onde Vertige d'Armani, mais là où il fait la différence, c'est sur la texture et sur la qualité des matières, indéniablement veloutées à souhait. Rond et d'un luxe subtil mais réel, il est hélas très cher, et c'est bien dommage ! 

J'attendais le déclic pour écrire sur la marque et le déclic, c'est The Revenge of Lady Blanche. Contrairement à une maison anglaise concurrente, Penhaligon's sait se renouveler sans tomber dans trop de facilités et en gardant toujours à l'esprit les mots suivants : texture, subtilité et "english touch". La tradition en mouvement en somme ! 

Illustrations : Downtown Abbey, Penhaligon's. 

lundi 5 septembre 2016

L'Envol - Cartier 2016 : France is in the air.

Déjà Fahrenheit et Grey Flannel se distinguaient à leur époque, mais lancer un parfum aux notes florales pour homme en 2016 relève soit du miracle, soit de l'hallucination, soit d'une volonté farouche de ne pas faire comme tout le monde. Et connaissant la personnalité et la détermination de Mathilde Laurent de vouloir apporter quelque chose à la parfumerie, j'opterais pour la troisième hypothèse. Elle propose chez Cartier de prendre des directions à contre-courant, avec un maître mot qui semble avoir été oublié chez les derniers grands lancements masculins : l'élégance ! Comme si elle n'existait plus, elle semble avoir été zappée du vocabulaire de Dior ou d'Azzaro (oups !!!), et pourtant ! Ici, elle respire et s'exprime.  


L'Envol démarre sur des notes rafraîchissantes de bergamote et de pamplemousse, mais rapidement le coeur floral de rose, pivoine, violette et notes irisées se dévoile pour constituer la trame du parfum, en reprenant à mon avis certains traits de Chamade Homme de Guerlain resté confidentiel. Il se prolonge sur un effet "ambre clair" travaillé avec des matières nouvelles que sont les bois clairs cèdrés, des notes vanillées, les toutes dernières notes ambrées et les muscs blanc les plus fins. Le fond, relativement sec, me fait un peu penser à ce qui reste sur peau dans l'Eau de Pamplemousse Rose d'Hermes : un bois sec, vert et doux. L'effet global est aéré, et fait que L'Envol innove selon moi par sa structure, qui ne semble pas être dictée par une technique scolaire, mais par un style personnel et parfaitement maîtrisé. Le parfum se veut aérien, il l'est, et les notes se suivent sans que l'on puisse vraiment distinguer une trame classique tête-coeur-fond, mais plutôt, par un jeu de matières et un coup de patte certain, une structure très cocon, très confortable qui se suit et forme un tout très cohérent. 

En parfaite adéquation avec la marque dans un hommage à l'aviation, élégant, délicat, L'Envol prend son envol pour faire que le plus bel endroit sur la terre soit dans les airs : air apporté par ce souffle nouveau, air apporté par la structure des notes, air parce qu'il permet l'évasion et de nouveaux horizons, air parce qu'il fait du bien.

Tout cela me rappelle un film d'Air France de 2011, intitulé l'Envol lui aussi et dont le slogan était "Faire du ciel le plus bel endroit de la terre". Plus que jamais, le style de la France is in the air, isn't it ? 

Illustrations : L'Envol par Cartier et par Air France. 

vendredi 12 août 2016

Nérolis entre ombre et lumière.

Issue de la fleur de l'oranger "bigaradier", le néroli en est l'essence. Jean Kerléo me disait un jour, il y presque quinze ans maintenant, qu'il était reconnaissable à son odeur de pâte à pain fraîche et, le souvenir de cette phrase à jamais gravé, je reconnais en effet qu'une belle essence de néroli a cet aspect peau fraîche et duveteuse. Mais c'est surtout, en création, une matière liante et multi-facettes. Un peu à la manière du patchouli, il connecte avec à peu près toutes les familles olfactives. De la Cologne à l'oriental, en passant par le chypre, on ne peut quasiment pas se passer de sa richesse. Traité en soliflore, il laissait apparaître jusqu'à cette année plutôt des facettes douces, voire juvéniles, innocentes et discrètes. Les deux Nérolis dont je vais vous parler aujourd'hui, sont loin, très loin d'être innocents, comme s'ils savaient capter l'ombre et la lumière.



Eau de Néroli Doré d'Hermes, le premier, parait tout gentil au premier abord. Pourtant, quand on le porte, il est beaucoup plus sombre et coquin qu'il n'en a l'air. Très clair dès son envolée proche de ce que l'on a l'habitude de sentir dans certaines Colognes, le néroli est tout de suite "happé" par le safran, qui le tire très rapidement vers un fond beaucoup plus chaud,  plus sombre, presque cuir-suédine, par un jeu de muscs blancs veloutés et de notes moussues. 

Ce qui me frappe dans le travail de Jean Claude Ellena, c'est que certaines notes semblent être présentes dans le parfum alors qu'elles ne sont pas revendiquées, et apportent bien leur petit effet. Ici, il me semble percevoir un beau basilic asiatique, très linéaire dans son évolution et qui lui donne cet aspect "doré" dont il tire son nom et assure une connexion parfaite entre les éléments du décor. Une note végétale un peu surprenante que JCE semble apprécier dans ses dernières créations soutient le tout, et lui confère sa signature, son originalité. Agréable et noble, ce néroli contrasté mérite que l'on passe au delà de la toute première approche à priori classique, mais qui ne l'est pas vraiment au final.


Néroli Outrenoir de Guerlain, lui, sait aussi jouer aussi du contraste. Autant le dire tout de suite, ce parfum, qui reprend certains codes de très anciens Guerlain, comme le tout premier Parfum des Champs Elysées sans les notes poudrées par exemple, est un véritable coup de coeur. Très adepte de notes fumées (je n'ai pas créé Cuir Extrême par hasard), j'ai tout de suite été sous le charme, et en admiration devant ce beau parfum facetté, complexe et bien plus riche qu'un simple néroli tout gentil. L'or et la lumière sont apportés par un envol très frais de citron, de bergamote, de mandarine verte et bien sûr, d'un beau néroli. 

Le parfum s'enroule ensuite autour d'un accord assez classique de thé vert, que l'on peut voir aussi dans Teazzura par exemple, mais auquel Thierry Wasser et Delphine Jelk ont ajouté des notes fumées (bois de gaïac, cade, poivre), pour lui donner l'aspect sombre d'un thé noir. L'aurentiol, complément quasi indispensable pour appuyer le néroli, donne richesse et amplitude par ses notes jasminées, chaudes et pleines. Ce qui me frappe ici, c'est la durée de la note mandarine verte, qui se gorge de quelques muscs blancs au passage, et perdure même après quelques heures, atour d'un accord de rose moussue très discrète. Fumée, jasmin dense, rose moussue, tel pourrait être cet outrenoir ? La durée de cette mandarine est sans doute une de ces toutes dernières méthodes d'extraction mises au point en Italie, mais je ne peux le confirmer. 

Magnifiquement équilibré, d'une très belle évolution, Néroli Outrenoir semble renouer avec la vraie tradition de Guerlain de ne pas faire que des notes vanillées-ambrées, mais tout simplement, du parfum. Aux cotés de Rose Barbare que j'adore porter, j'imagine bien ce Néroli Outrenoir dans un flacon abeille jaune issu des toutes dernières propositions colorées de la marque. 

D'un aspect parfaitement "doré", ces deux parfums captent l'or et l'objectif dans un jeu de contrastes déconcertant d'ombres et de lumières. Sublimes ! 


Illustrations : Light is Time à Tokyo en 2014, Hermes, Guerlain. 

jeudi 28 juillet 2016

Parco Palladiano V - Bottega Veneta 2016 : poivre marquant.

Restons en Italie pour continuer le voyage dans ce magnifique pays qui inspire les parfumeurs et surtout, les marques italiennes. Bottega Veneta, dont la spécialité est le cuir tissé, s'est lancée cette année dans une série de six parfums positionnés haut de gamme, que j'ai eu l'occasion de découvrir lors d'un week end à Milan. Sans dénigrer les cinq autres car la gamme fait preuve d'une qualité de matières premières indéniable et surtout, d'un sillage incroyablement plaisant, mes affinités olfactives naturelles m'ont guidé vers le numéro V, que j'ai voulu découvrir et porter. Pour ce parfum, Daniela Andrier a su parfaitement illustrer un jardin aromatique, que l'on appelait autre fois jardin de mon curée. 


Les notes travaillées ici ne sont pas d'une originalité créative folle, mais ce qui frappe, c'est la finesse et l'élégance de l'exécution et je le répète, du sillage. Pin aux notes camphrées, thym aux accents fumés, laurier légèrement vert, sauge douce et duveteuse rappellent indéniablement une icone de la parfumerie, le fameux Pino Sylvestre mais de manière plus subtile. Le parfum évolue ensuite vers des notes plus boisées, mais qui sont ici juste pour soutenir le coté aromatique dominant. J'y perçois donc un peu de cèdre et un vétiver très clair. Cependant, au porté, ce qui ressort de ce Parco Palladiano V est bien une épice, un joli poivre gris, traité ici comme dans Poivre Samarcande, de manière fine et délicate. Un soupçon de galaxolide consolide le tout, et donne un peu de volume à ce parfum assez discret. Pourtant, pour avoir pu le tester sur quelques jours, alors que je le sentais peu, il ne m'a valu que des compliments, mon entourage le décelant plus que moi. Je ne vous cache pas que la sensation est plutôt rare et du coup, assez agréable. 



S'il n'y avait le prix, élevé il faut bien l'avouer, en partie justifié par un flaconnage qualitatif très étudié et très technologique qui reproduit le fameux knot intercciato, signature de la maison, et par la qualité des matières, je recommanderais vivement cette élégante collection, qui vous adopte presque avant que vous ne l'adoptiez, et dans laquelle mon coup de coeur s'est porté sur le V, un poivre bien marquant. 

Illustrations : Villa Giusti à Vérone, Bottega Veneta.