mardi 23 octobre 2012

Aura Maris et Mito : hommages indirects à Edmond Roudnitska ?

Vero Kern et Lorenzo Villoresi ne lancent pas de nouveauté chaque année, mais il s'avère qu'en 2012, tous deux choisissent de présenter un nouvel exercice de style. Ils ne se sont sans doute pas concertés, mais il y existent des inspirations créatives qui conduisent à des hasards heureux. Leurs nouveaux bébés conjuguent au moins deux points communs : l'Italie en trame de fond, encore, toujours et c'est bien normal, et sans doute aussi la patte d'un de nos grands maitres : Edmond Roudnitska.

La mer semble avoir été le point central d'Aura Maris. Mer d'Italie bien sûr, hommage au vent de méditerranée, olfactivement, ce n'est pourtant pas les notes iodées qui ressortent. J'y vois plutôt une trame aromatique de lavande et de basilic, nuancée de citron et de mandarine, très rapidement rejointe par des notes fraîches et florales, où le jasmin transparent traduit par l'hédione s'exprime tout en finesse aux coté d'une rose cristalline. Le sillage est presque chypré, mais se fait aussi fin que le son d'un violon ; il résonne, scintille, étincelle... Quelques points commun avec l'Eau de Rochas ressortent, mais dans le style très réussi et par ses notes exploitées à merveille, c'est à un chef de file créé par Edmond Roudnitska que fait écho Aura Maris, qui depuis 1966, parfume les hommes. Ce grand classique, c'est L'Eau Sauvage. Aura Maris en reprend la trame, et vu les "claques" question formule prises pas le modèle, l'élève, lui, vaut largement le coup de s'y intéresser. Quelques notes marines en plus, mais très pur, très fin, très beau.

Mito, lui aussi, rend hommage à l'Italie, plus précisément à un jardin renaissance, dont Véro garde les souvenirs portés par le vent, d'arbres fleuris, de fruits charnus, de terre mouillée et de formes. Les notes de Mito semblent également s'inspirer des grands chefs d'oeuvre composés par le maitre, surtout de Diorella, l'Eau Fraîche pour l'envolée et de Femme, pour le sillage et la tenue. D'autres grands chyprés verts comme Vent Vert et Cristalle, puis les chyprés complexes comme Mitsouko ont guidé les pas de Véro. Départ vert et aldéhydé, trame de muguet, jasminée et fruitée, épices, bien sûr, et en point d'orgue, dans le fond, le prunol, base devenue emblématique des grands chypres classiques, qui exprime dans l'évolution sur peau de Mito la profondeur de sa texture charnelle proche de la prune noire. Mito est un parfum stylé, dont l'envolée très fine et fraîche des grands classiques cités contraste avec un fond très dense et charnel, traité de manière très actuelle comme dans Mon Parfum Chéri par exemple. Un parfum élégant et sans compromis, comme sait les faire Véro Kern.

Un accord fait de seringat, de muguet, de jasmin, d'hédione, d'épices comme le cumin et la noix de muscade, d'aldéhydes, de rose fraîche et d'iris construit la signature du style d'Edmond Roudnitska. Un style à la fois texturé et dense, mais qui reste très fin, d'une élégance rarement égalée, même encore de nos jours. Ce style, cet accord jouent sans doute, l'air de rien, une certaine influence dans le processus de création de ces deux nouveaux, jolis, bébés. Un hommage ? Peut être bien ?

Illustrations : cafleurbon - Edmond Roudnitska, Lorenzo Villoresi, Vero Kern.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà qui fait très envie ! Aura maris semble très séduisant .. Mito aussi, mais, le prix me semble légèrement excessif.
Avez-vous vous même beaucoup porté, essayé Aura Maris ? Comment se révèle-t-il à l'usage ?
Et savez vous si tout bêtement il peut se trouver sur Paris ?

Thierry Blondeau a dit…

Les Villoresi étaient disponibles dans une petite boutiques à coté du palais Royal à Paris, mais je n'y suis pas retourné, j'ai juste un échantillon, que j'ai porté, qui confirme un style proche d'Eau Sauvage, en plus fin à mon sens par rapport à la version actuelle. Sinon, il sont trouvables à Lyon, à l'Atelier Parfumé.
Je suis assez d'accord sur les prix, élevés certes, mais les petites marques ne fabriquent pas en grosses quantités et n'ont je dirais, pas le choix ! Nous consommateurs, devons l'accepter en tant que tel pour qu'elles existent.

Anonyme a dit…

Dans le roman du parfum publié ce mois-ci aux éditions Du rocher l'auteur pascal Marmet rend un hommage appuyé à Edmond Roudnitska et raconte son histoire..