vendredi 29 janvier 2010

Fleur de Narcisse - L'Artisan Parfumeur 2007 : miroir sur le beau.

Il est des parfums dont la richesse et la complexité sont telles qu'il faut du temps pour en apprécier la beauté : prendre le temps de l'appréhender, de le vivre, et découvrir ce qu'il veut bien raconter sur peau. Fleur de Narcisse est de ces parfums qui parlent aux initiés, sensibles à la culture du parfum, à son histoire, à son approche en tant qu'art, et qui ne s'arrêtent surtout pas au j'aime / j'aime pas du premier "sniff".

L'absolu narcisse d'Auvergne récolte 2006 utilisé dans Fleur de Narcisse 2006 présente naturellement une richesse olfactive étonnante, mais qui peut surprendre au départ, car ce qui permet de le mémoriser est qu'il fait penser à l'huile d'olive : une note fruitée, acidulée, épicée, avec des inflexions florales et de cuir retourné. Généralement, dans une composition parfumée, l'absolu narcisse se combine naturellement avec le mimosa, la cassie et la jonquille, qui présentent des facettes assez proches. Cette création d'Anne Flipo n'y échappe pas, ce qui a pour effet de me remémorer que cet accord mimosa-jonquille-narcisse renvoie à la structure de grands extraits de parfum que sont ceux de Vol de Nuit, Mitsouko et Samsara. Au porté, Fleur de Narcisse agit donc un peu comme un miroir sur ces extraits de parfums de grande référence : de part la jonquille, le narcisse et le mimosa, c'est l'extrait de Vol de Nuit sans les notes poudrées, de part ses notes épicés et fruitées, c'est celui de Mitsouko sans les notes confites, et puisqu'il y a de l'ylang, du jasmin et de beaux bois, c'est celui de Samsara sans la rose.
La complexité de Fleur de Narcisse se dévoile ensuite grâce à quelque chose qui ressemblerait au cashmeran ou au papyrus, qui naturellement appellent la peau par un aspect salé qui fait penser à une peau mouillée, moite, qui sort de l'eau et à une bonne dose de salicylates. Ce travail projette Fleur de Narcisse au coeur de la belle parfumerie contemporaine car il évoque des parfums comme Dans tes Bras ou Une fleur de cassie chez Frédéric Malle. Enfin, les notes de cuir, exacerbées pas les absolus de foin et de tabac qui donnent un coté cuir retourné "daim", d'une belle épaisseur et sombre, me renvoie à des parfums comme Duel d'Annick Goutal et Cuir de Russie de Chanel.

Fleur de Narcisse semble faire corps avec celui ou celle qui le porte, et pour l'avoir essayé sur plusieurs jours, il me donne l'impression d'être hors du temps, hors du style vestimentaire que j'ai choisi, hors contexte dans lequel je me trouve et même si je suis un homme, le fait qu'il rappelle ces grands parfums féminins ne me gène pas du tout, ce qui est rare à vrai dire. Un parfum riche, qui n'a pas besoin de concept ou d'histoire, qui se vit naturellement, dans une aventure intime et personnelle.

Un parfum qui agit comme un miroir sur le beau, qui serait en quelque sorte une trace laissée par une parfumerie d'une beauté à couper le souffle qui n'existe plus aujourd'hui, tuée à trop se regarder et s'exploiter éprise de pensées impures, et peu aidée pas une législation qui enfonce le clou. Vous ne l'avez pas connue, et vous ne la connaîtrez plus, mais il est encore temps de cueillir cette fleur de Narcisse, avant qu'il ne soit trop tard, comme pour se souvenir !

Si vous souhaitez en profiter, faites vite, il reste encore quelques flacons 100ml numérotés, soldés jusqu'à ce samedi je crois (pas jusqu'à la fin des soldes), au prix de 144€ au lieu de 240€ (soit -40%). Sinon, quelques décants sont possibles (5 ou 10ml), me contacter.

Illustration : Narcisse par Caravaggio.
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Petite parenthèse : demain dimanche 31 janv. 2010, sur France 5 à 16h40, ne manquez pas l'émission "Par le bout du nez", qui promet d'explorer le monde méconnu du parfum... aiguisons nos narines et nos oreilles !

lundi 25 janvier 2010

Vanilia - L'Artisan Parfumeur 1978 : vanille s'en va !

Chronique d'une mort annoncée, Vanilia ne passera pas les 33 ans, et je ne pouvais qu'avoir un petit pincement de coeur à ce constat. Nous pensions à un moment que Vanilia pouvait être sauvée, il n'en sera point, car il est actuellement bradé au rayon soldes des boutiques, comme un dernier hommage avant de belles funérailles.

Pourtant, bien avant l'ère des vanilles modernes qui suivent deux tendances, Vanilia avait choisi son camps parmi les aériennes et légères, de celles qui caressent la peau plus qu'elles ne la dévorent.
Sa petite pointe piquante de citron vert en ouverture nous mettait l'eau à la bouche tel un cocktail haut en saveurs. Suivaient alors les notes suaves d'ylang, de rose et de lys et l'aspect guimauve de la fleur d'oranger auxquelles se mêlaient discrètement quelques aromates. La vanille, délicieusement douce et jamais envahissante soulevait tout ce corps de sa force naturelle, tout en finesse. Ce qui me frappe également, c'est qu'elle ouvrait la voie à des futures créations de la marque comme Tea for two, car sans en avoir l'air, cette vanille était très légèrement fumée, ne laissant aucun doute sur la qualité de la gousse choisie, dont certaines variétés peuvent présenter une telle facette, encore accentuée par le clou de girofle et la noix de muscade. Le bois de santal, délicatement lacté, ainsi qu'un peu de bois de gaïac sans doute, pétillant et fumé, se collaient littéralement à cette architecture qui s'appliquait à aller chercher les facettes d'une belle gousse dans ses derniers retranchements.

Hélas, il y a 30ans, la technique privait le parfumeur d'une partie de la palette dont il dispose aujourd'hui. Pourtant, bien qu'il y ait quelques rémanences d'une technique "à l'ancienne", cette vanille avait soulevé la facette gourmande et pâtissière de la vanille dans une mousse légère et onctueuse bien avant que ceci devienne une mode. Pour ma part, j'aime la voir comme un voile de soie beige, comme une mousse onctueuse, mais je retiendrais un cocktail pétillant de rhum blanc, de vodka, d'orange et de citron vert dans lequel les épices et un sirop de vanille viendraient jouer la force et la douceur. Hélas, sans doute trop timide pour être vue comme un parfum d'auteur, trop ancienne aussi, il me semble que de nos jours nous saurions mieux parler de cette véritable création avant-gardiste. Aujourd'hui, vanne il y a, car Vanilia s'en va, elle avait des fidèles, mais s'efface devant une autre, plus audacieuse, plus affirmée !

Une occasion nous est donnée de lui rendre un dernier hommage en ce moment car il reste quelques flacons au prix de 39€ le 50ml et 54€ le 100ml (soit -40%) dans les boutiques, sur les stands et sur le site internet. Un l'Artisan à ce prix, et surtout une telle vanille, il serait dommage de s'en priver.

Illustrations : cocktail à base de vanille et l'Artisan Parfumeur.

samedi 16 janvier 2010

Dans le sillage de Musc Ravageur - Maurice Roucel pour Frédéric Malle 2003.


Il fait froid. Elle s'avance vers moi, démarche chaloupée d'une habituée des podiums. Je distingue à peine sa silhouette dans la pénombre de cette petite rue du quartier de l'Opéra. Plus elle approche, plus j'aperçois les matières, les textures de ce qu'elle porte. Epaisseur et fluidité d'un tweed de qualité, noblesse de la soie, souplesse du cuir de ses longues bottes à talon, cette fille a du style, me dis-je, et quelle élégance !

Nos chemins se croisent, son regard déterminé de mannequin indique qu'elle sait où elle va et ce qu'elle veut, mais elle ignore que je l'observe, du fond de mon écharpe. Quand elle passe près de moi, c'est un souffle, de ceux que l'on ressent quand une personnalité, une aura émane de quelqu'un.

Le temps s'arrête l'espace d'une seconde, et je stoppe mon élan car l'atmosphère se réchauffe. Dans son sillage, un parfum. Un ambré de caractère ; ambre, vanille, bergamote, agrumes, cannelle, cardamome, benjoin, patchouli, et beaucoup de labdanum? Est-ce Shalimar ? Impossible, ce parfum possède ce petit quelque chose de diabolique qui me rend dingue, cette petite touche d'animalité qui fait que je deviens fou dans son sillage. Un musc, opulent et "animal", soulève et donne du volume à ce sillage ambré magnétique. Les sens en émoi, béat, je ne contrôle plus rien, j'ai envie de lui courir après, mais elle est déjà loin.

Où suis-je ? Quelle heure est- il ? Qui était-elle ? Je ne sais pas. Tel une arme en puissance, ce parfum m'a ravagé, je suis à terre, où comme un loup fou à lier. Quoi de plus normal ? Je suis tombé dans le sillage de Musc Ravageur.

Ceci n'est pas une fiction !

jeudi 14 janvier 2010

Voulons nous être des pantins ?

Tant pis pour mon Pop Idol et ma vitrine, mais il y a des infos que je me dois de relayer. A en croire quelques articles publiés sur Graindemusc, 1000fragrances et d'autres blogs étrangers suite à un article paru dans Le Monde, quelques parfumeurs lèvent enfin la voix pour que l'IFRA calme ses restrictions.

Une bonne occasion de rappeler à tous les lecteurs, qui à leur tour en parleront à d'autre personnes peut être plus influençables que NON, le parfum, avec ses roses, ses vanilles, ses mousses, ses muscs, ses notes fumées, ne tue personne ! C'est une évidence, qui épargnerait pourtant beaucoup de temps, d'argent dépensé inutilement dans ces études coûteuses qui finalement, ne servent à personnes d'autres qu'à ces quelques craintifs frustrés mais influents.

En revanche, le parfum fait vivre et vibrer beaucoup de monde. Jusqu'à maintenant, effectivement, il me semblait que ces évidences n'étaient pas entendues, ni défendues, ni écoutées, ni suivies, et j'avoue que je n'y ai pas beaucoup contribué non plus, sans doute par ignorance. Alors, si Bernard Arnaud, Thierry Wasser, François Demachy se battent enfin pour défendre ce patrimoine, oui, il faut souligner que nous sommes partie prenante, et j'espère que beaucoup de parfumeurs et de passionnés partageront cet avis.

Dans notre quotidien aussi, nous pouvons faire vivre un tant soit peu ce patrimoine. Bien sûr, le problème est complexe, mais viendrait-il à l'idée à quelqu'un de détruire Versailles parce qu'il n'est pas aux normes actuelles ? Non, ce patrimoine mérite que l'on réfléchisse à son statut, à des solutions adaptées, peut être plus coûteuses, mais qui ne le défigureront pas. Nous ne reverrons sans doute pas les anciennes formules de Mitsouko, Vol de Nuit, Shalimar et bien d'autres, mais il est encore temps de penser qu'une autre voie est possible, que cet art doit être respecté, et pas uniquement livré au commerce et aux peureux. Un art futile certes, mais incontestablement une part de notre héritage, de notre patrimoine qu'il ne faut pas perdre, car il a une raison de vivre et d'exister, partout dans le monde.

Moi qui aime l'odeur fumée du bouleau auquel je suis pourtant allergique en huile essentielle, je le supporte parfaitement dans l'Eau du fier, sans doute parce qu'il est lié avec d'autres molécules dans un ensemble complexe. Là sont les limites de ces études, qui s'attachent à n'étudier que la matière seule, et pas dans une chaine complexe ! En outre, me serait-il venu à l'idée de faire un procès à Annick Goutal ? Jamais ! Vous en voulez vous, du Chanel avec une rose chimique, mais safe, du Guerlain avec de la vanille de synthèse conforme ? Je pense sincèrement que ces combats pour le "tout lisse et polis" ne servent à rien, et je me joins aux autres pour dire : "Non, pour le parfum, nous ne voulons pas être des pantins " ! Espérons qu'une porte se soit enfin ouverte dans ce sens !

Illustrations : Ballet de Kader Attou et Le vide démocratique.

mercredi 13 janvier 2010

Lacoste pour Femme - Lacoste 2003 : "Pop Idol" !

En ce début d'année, je me trouve bien parti pour parler des parfums à base de muscs, et plus particulièrement de ceux qui contiennent des muscs blancs. A vrai dire, ces quelques exemples peuvent également vous apporter une idée plus précise de ces fameux muscs blancs dont nous parlons souvent. White Suede, que je trouve directement dans la lignée de l'Eté en douce, que je trouve lui aussi dans la lignée de Lacoste pour Femme les illustrent plutôt bien. Certains ne verront pas de quoi je veux parler, mais il y a comme un fil conducteur qui lie ces trois parfums, et ce sont bien ces muscs aux inflexions florales, fruitées, douces et charnelles.

Savez vous que parfois, pour remplacer l'essence de rose qui parfume leurs macarons à la rose, c'est de l'anis qui est utilisé chez Ladurée ? En prévenant le client bien sûr, mais cela change de manière perceptible la saveur de la "rose", sans en être si éloigné pour autant. Dans le même esprit, pour créer un effet de rose dans un parfum, un parfumeur peut très bien utiliser une note anisée. Dans le précédent article sur White Suede, je disais ne pas vraiment percevoir la rose, et il y en avait bien pourtant. Dans ce Lacoste très proche, je perçois une pointe d'anis, alors que la rose est revendiquée. Cette note donne dès les premiers instants du charme et une identité forte à ce parfum très rond et curieusement, sans vraiment savoir dire pourquoi, très "blanc". Serait-ce l'effet freesia voulu ?

L'effet conjugué de cette rose anisée, de violette, de notes jasminées, de poivre noir, de bois de cèdre et de santal et surtout de cette boule de muscs revendiquée comme un accord "velvet skin" (peau de velours) contribue à créer cette ambiance très pure, très blanche, délicieusement sensuelle et sans aspérité, voir même un peu crème hydratante, tout comme pour White Suede et l'Eté en douce. L'hédione, une note phare de Firmenich, lui donne un sillage cousu de fil blanc et illumine l'ensemble par son effet jasmin clair. Une note "vinyle" me rappelle les jouets de plage en plastique de la boutique où j'allais pendant les vacances dans mon enfance et fait merveilleusement le lien avec la note cosmétique de crème que j'évoquais. Les jouets, la plage, les vacances, certes, mais ce vinyle nous remémore également ces robes d'été en plastique de ces idoles des 60's dont Twiggy fut l'ambassadrice et qu'elle portait quasi nue. Dans ce Lacoste, il y a également comme une note de "fer chaud", qui rappelle le pressing. Vous pensez que cela sent mauvais ? Pas du tout, cet effet lui donne une touche très 60's et très couture, comme un tissu fraîchement repassé, et nous fait ainsi voyager dans l'imagination d'un parfumeur de talent qui sait faire parler et marier les univers. Ainsi, de la même manière que White Suede évoquait un nuage et de la suédine, Lacoste pour Femme évoquerait une robe blanche ou une combinaison en vinyle de celles que portaient Emma Peel ou Twiggy à la fin des 60's !

Créé en 2003 par Olivier Cresp, un parfumeur de chez Firmenich que j'aime beaucoup, Lacoste pour Femme est pour toutes ces raisons un parfum qu'il serait dommage de méconnaître sous prétexte qu'il est trop populaire. Pour ne rien vous cacher, j'aime ce parfum depuis ses débuts, peut être même plus que les deux autres cités, car placé dans ce contexte, il devient pour moi un vrai Lacoste, qui parle sport et décontraction mais aussi d'un style et d'un état d'esprit bien défini. Un beau sillage, une jolie rémanence, que l'on croise assez peu de nos jours. Ainsi, vous aussi, si vous voulez et si vous deviez vraiment l'apprécier, voyez le comme une "pop idol", car là est sa place et sa contribution à la parfumerie ! Etait-ce volontaire ? Pourtant, curieusement, ne trouvez vous pas que ces deux photos se font merveilleusement écho ? Et maintenant, que diriez-vous d'un petit "pchitt"?

Illustrations : Twiggy, mannequin des 60's et publicité Lacoste pour femme.

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Je vends une vitrine (cm 170 x 64 x 34), pour collections parfums, miniatures, modélisme etc . Couleur noire, bon état, 2 portes, 4 étagères verre. Prix : 50€, vendue montée - Me contacter à l'adresse mail ci-contre.

jeudi 7 janvier 2010

White Suede - Tom Ford Private Blend 2009 : sur un nuage !

Après avoir commencé l'année en douceur, pourquoi ne pas continuer ? Après la fête, le bruit, les excès, qu'il est bon de retrouver un peu de calme, n'est ce pas ? Avez vous entendu parler de restrictions sur les parfums et surtout de lieux où il devient de plus en plus souvent interdit de faire supporter son parfum aux autres. Quand il s'agit d'un Very Irresistible, je dis merci, quand tous les parfums sont mis dans le même panier, c'est tout simplement discriminatoire. Tout cela, pour faire plaisir à quelques frustrés qui sont certainement persuadés de détenir la seule et vraie vérité, la leur, leur propre ennui dans une vie bien terne ! Bref, passons, mais Tom Ford, en tant qu'américain, se devait de prendre les devants, et il semblerait que la gamme des nouveaux muscs s'inscrive très nettement dans cette tendance, sans doute subie, mais qu'il faut suivre au risque de se priver de beaucoup de clients occidentaux à l'avenir.

Comment se traduirait alors un parfum qui n'agresse pas ? Et bien White Musc en serait une expression des plus criantes. Ici, point d'angle autre que sur le flacon, point d'effet superflu hormis l'effet "promontoire" du "capot" en bakélite blanche, point d'autre matière expressive que la lourdeur du verre. Non, uniquement de la douceur, de la rondeur, sans aspérité, lisse, calme et à vrai dire, reposante. L'effet est essentiellement créé par des muscs "blancs" modernes et à l'aspect "propre", auquel s'ajoute une pincée de tilleul, un souffle de riz et un joli effet "encre de chine", comme pour appeler la peau et l'évocation de la suédine blanche et délicate voulue. Est-ce le safran ? Je ne saurais le dire car j'ai du mal à distinguer précisément le thym, le safran, la rose, les composants officiels, tellement l'ensemble est compact.

Pour ne rien vous cacher, j'aime assez cet effet "cosmétique"qui me rappelle les crèmes solaires ou de soins, qui sont aussi féminines et douces. Cette douce odeur d'encre de chine, de tilleul et de riz que je sens mais pas vraiment revendiqués lui donnent un peu de volume et de corps, sans que le parfum ne devienne un tant soit peu agressif, ni ennuyeux, comme on aurait pu le craindre. Décolleté plongeant, regard expressif, mais vous portez White Musc ? N'ayez crainte, vous ne risquez pas de faire peur. Pas fatale pour un sou, vous séduirez tout de même !

Je vous le disais au tout début... fermez les yeux, vous êtes sur un nuage. Un ange passe et White Musc dévoile une part de son secret : c'est l'été en douce ! Tiens, cela me rappelle furieusement le nom d'un parfum ? En effet Tom, sur ce nuage, vous n'êtes plus seuls du tout !

Illustration : Tim Walker.

vendredi 1 janvier 2010

L'Heure Promise - Cartier 2009 : prélude.

Premières heures de l'année, premières heures du jour, premières heures de la vie, où l'oeil encore fébrile ose à peine s'ouvrir pour s'émerveiller du jour au crépuscule ! Premières heures de la parfumerie également, ou quand les notes légères et innocentes de fleur d'oranger et d'iris des premières Colognes donneront naissance à toute une histoire, qui foisonnera et s'enrichira.

L'Heure Promise est celle qui ouvre en douceur sur les notes des prémices le cortège des 12 autres de cette collection. Le néroli et l'iris s'embrassent dans une osmose naturelle qui les lie par une note commune comme pour en dévoiler leur richesse et leur qualité respective. Le néroli aime l'iris et le couvre d'une douceur juvénile, et ce n'est pas sans rappeler l'enfance. A peine une pincée de violette vient elle enrichir cette harmonie, et sans doute un peu de mimosa, qu'une note baumée, innocente et discrète (vanille, tolu, myrrhe?) vient terminer la composition, sans violence. Puis, il me semble qu'une pointe d'ambrette vient affiner le trait d'une évolution assez monolithique qui s'applique à faire parler au mieux toutes les facettes du couple iris-néroli. Cette heure est pour le moment la plus douce, mais elle se prolonge tout de même assez longtemps en toute en délicatesse sur peau. Est ce pour cette raison que l'Heure Promise est celle de la collection que le faubourg Saint Honoré semble préférer?

Cette collection est construite comme si les heures de la journée défilaient comme la vie, de l'enfance à la maturité. Une première heure qui s'ouvre sur des notes fraîches et légères de tête, pour dévoiler ensuite une collection qui explorera des accords centrés sur des notes de coeur, pour se conclure sur des accords chauds et profonds autour des notes de fond de l'histoire du parfum. Pour le moment, seules quatre de ces heures sont dévoilées en Europe, cinq aux Etats unis, mais l'on perçoit déjà la promesse des premières heures briller à la sixième et s'assombrir de mystère à la douzième, pour ensuite renaître dans le feu brûlant tel un phénix à la treizième, à travers la fumée "per fumare". C'est donc pour cela que la treizième heure n'existe pas ? Le plus beau travail de Mathilde Laurent est d'avoir réussi à créé un fil conducteur sur toutes ces heures : un accord commun, qui agirait un peu à la manière d'une guerlinade, bien que très différent, et que je nommerai bien "le fil des heures", car il ouvre la première et se retrouve dans la treizième, en filigrane, comme pour couvrir tout le cadran de l'horloge.

Vous avez dit per fumare ? Oui c'est exact, il s'agit bien là de parfums, et de grand art. Une construction notes de têtes, notes de coeur et notes de fond très perceptible, une évolution de haute tenue et une qualité sans faille, un sillage présent et signé, ces heures sont merveilleuses. Enfin ! L'année 2009 se termine en ouvrant cette porte, l'Heure Promise m'a fait un voeu, une promesse : être un prélude à la surprise qui nous emporte au diapason du grand art de la parfumerie, qui hélas se préserve d'être accessible !

Merci Mathilde Laurent et encore bonne année 2010 ! Et vous, quelle sera vote heure ?

Photo : Laurent Séroussi.