dimanche 27 novembre 2011

Entretien avec Cécile Zarokian : inspirations croisées.


Vous en avez assez de respirer toujours le même air et n'avez plus du tout envie de mettre les pieds en grande surface à parfum ? Vous sentez comme un vent d'ennui actuellement que même la parfumerie de niche ne comble pas ? Vous êtes amateurs de belles choses et avez surtout envie de nouveau regard, l'exposition organisée par Cécile Zarokian, parfumeur, et Matthieu Appriou, illustrateur est assurément un évènement à ne pas manquer. Le parfum et l'image sont très liés, mais Cécile et Matthieu dépoussièrent, avec une approche nouvelle et originale, ce qui est aujourd'hui galvaudé par une publicité formatée. Trois parfums sont inspirés par trois illustrations et inversement pour les trois autres. Revenir à l'image, au trait, aux couleurs pour parler d'émotions, de sens et de vérité, c'est une démarche à encourager. J'y suis passé, Cécile et Matthieu m'ont fait voyager, j'ai donc proposé à Cécile de vous en dire quelques mots.


Vous êtes aujourd'hui parfumeur indépendant, est-ce par choix ? Pourquoi ?


C'est un projet que j'avais en tête depuis quelques années, et que j'ai concrétisé en 2011. Cela offre une liberté de création très importante. De plus j'aime être impliquée à chaque étape : la démarche commerciale, la relation client, le conseil, la création et la fabrication du parfum.



Comment est venue l'idée de ce projet avec Matthieu Appriou ?


Je connais bien Matthieu, j'apprécie beaucoup son travail et je pense que c'est un illustrateur très talentueux. Je me suis dit un jour que cela pourrait être intéressant de réunir nos deux univers, en s'exprimant chacun dans notre art à partir du travail de l'autre. Je lui ai alors fait part de l'idée, et il a été partant immédiatement.



Quel est l'objectif de ce projet ?


Nous voulions montrer ce qu'un illustrateur et un parfumeur peuvent créer ensemble, en dehors de toute démarche commerciale. L'objectif est de faire se rencontrer deux univers, et aborder la création dans les deux sens. Le support visuel inspire la création d'un parfum et réciproquement.


Que change ce projet, ce travail en commun par rapport à votre métier de parfumeur au quotidien ?


Au quotidien, Matthieu comme moi avons des commandes, nous créons des illustrations et des parfums à partir de briefs que l'on nous donne. Là nous avons choisi de créer chacun trois parfums et trois illustrations de notre choix, à partir desquels l'autre allait s'exprimer à partir de son ressenti, ses émotions, visuelles ou olfactives, et non plus principalement des mots comme c'est souvent le cas.


En ce qui concerne le parfum, le fait qu'il n'y ait aucune contrainte de prix change énormément du quotidien. J'étais libre de choisir les matières premières que je voulais, les meilleures qualités, et peu importe la quantité. J'ai ainsi pu utiliser comme je le souhaitais de la vanille, de la fève tonka, de l'essence de santal, de rose, ou encore des matières premières synthétiques également coûteuses comme le javanol, l'irone alpha, etc...




Vous êtes vous étonnés mutuellement au cours de ce travail, avez vous eu des
surprises, découvert des choses ?


Chacun avait une grande liberté, que ce soit pour créer en premier ou à partir du travail de l'autre, on ne se consultait pas, on se laissait carte blanche pour s'exprimer dans notre propre univers, respecter la vision de l'autre. Au final nous avons été très agréablement surpris de ce que l'autre proposait, nous avons trouvé que nos oeuvres se complémentaient parfaitement.



Que manque t il selon vous à la parfumerie d'aujourd'hui ?


Peut-être un peu plus d'audace et de folie, peut-être un peu trop de parfums consensuels qui se ressemblent.


Avez vous envie de renouveler l'expérience après cette première exposition d'octobre 2011 et sa prolongation en décembre ?


Nous avons des contacts en cours pour éventuellement exposer bientôt ailleurs, à Londres notamment, et peut-être dans d'autres galeries ou musées.


Et avec Matthieu nous envisageons un deuxième épisode ultérieurement...


Un procédé unique et novateur développé par Scentys permet de découvrir le sillage du parfum comme en "3D". Mon coup de coeur, pour l'illustration et le parfum : le N°2. A chacun de découvrir son propre univers.

Exposition Cécile Zarokian et Matthieu Appriou, à partir du 1er Décembre 2011 et pour tout le mois de décembre du lundi au vendredi, à l'Atelier Galerie, 51 rue des Vinaigriers, 75010 Paris, Métro Jacques Bonsergent Ligne 5.

Noter qu'il faut prendre rendez-vous auparavant, infos et site internet : ici

lundi 21 novembre 2011

Vent de vert !

Les parfums verts se font assez rares pour pouvoir finalement, en un seul article, les regrouper dans leur grande majorité. J'ai retenu ici les parfums dont la tonalité est franchement verte dès les premières notes autour essentiellement du galbanum et de la menthe. Ils évoquent les larges prairies, le vent, les feuilles, la fraîcheur sans tomber dans le propre mais souvent sur une structure florale. Sont exclus les chyprés verts, très marqués par le patchouli et plus sombres à cause de la mousse de chêne et ceux qui pourraient se rapprocher des fruités comme Matin d'Orage et Fleur de Liane par exemple. En les parcourant, j'espère que vous comprendrez ce choix.

Tout commence sur une idée de Germaine Cellier pour Vent Vert de Balmain, créé juste après la sortie de la guerre comme un souffle nouveau, un vent de fraîcheur. La note verte par excellence en parfumerie étant le galbanum (le simple fait de le sentir vous transporte au coeur d'un brin d'herbe terreux), Germaine eut l'idée de la surdoser dans ce parfum. Très appuyée aux débuts de l'existence de Vent Vert, le galbanum apportait une vraie signature et le vent de fraîcheur vive tant recherché. Le coeur était plus classique, fleuri de néroli, de muguet, de rose, de jasmin et soutenu par les bois précieux sur un fond humide et moussu. La tenue était excellente et le parfum d'une pureté nouvelle à l'époque. Hélas, la version actuelle semble n'être qu'une simple photocopie, les matières faisant bas de gamme, le sillage étant trop puissant et la signature globale décevante. Vivement, comme chez Piguet, que quelqu'un se mette à faire revivre le patrimoine olfactif de Balmain.

Au tout début des années 60, les floraux cristallins fleurissent et Yves Saint Laurent ouvrit également cette porte. Y portait en lui les gènes de Vent vert, dans une idée plus sophistiquée, mais aussi plus "couture". Sillage intense et belles matières à l'unisson font écho à la robe Mondrian orange et verte, dans une idée de pureté agrémentée de couleurs et cintrée par le noir : galbanum, muguet, rose et jasmin en tête de cortège passent du vert pâle au vert foncé dans un accord ambré boisé, où le vétiver, le bois de gaïac le patchouli et le ciste labdanum apportent une touche orange cuivré. Même encore aujourd'hui dans son nouveau flacon, le fond et le sillage font des merveilles sur peau dans un esprit vert, floral, cuiré, fumé très doux, qui me rappelle vaguement certaines Heures de Cartier dans les notes de fond qui dessinent la ligne noire. A tester ou redécouvrir sans hésitation.

Quelques années suivent de silence radio, avant le retour de la tendance dans les années 2000, où le besoin de fraîcheur est comblé par Guerlain et une collection de nouvelles eaux fraîches, à porter comme des parfums. Herba Fresca rencontre un vif succès, car ses notes menthées, anisées, jasminées et citronnées mêlées à un accord de feuilles vertes dans un sillage très vif et tenace apportent en vent nouveau à l'époque. Elles n'ont pas pris une ride et sont encore là aujourd'hui, témoin des tous débuts, ce qui est loin d'être le cas de toute la gamme.

Chez Frédéric Malle, vous me croirez ou non, mais j'ai besoin de le dire. Je reste persuadé que, pour créer French Lover lancé en 2007, Pierre Bourdon s'est inspiré d'un accord "cascade verte" que je lui présentais en 2004 lors de notre rencontre où je lui demandais seulement quelques conseils et lui présentais mes travaux des tous débuts. Le galbanum terreux était surdosé, mouillé de notes de feuilles vertes et de pomme grany, de terre humide, de poivre rose, de patchouli et de bois. Je ne retrouve plus mes notes de l'époque, et j'en suis triste. Lui ne m'a rien dit : avais-je l'idée mais tout à construire ? Lui avait l'expérience, un client, et quelques bois ambrés à ajouter. Je n'ai jamais bien compris si c'était un hasard ou non, mais cette expérience me trouble encore aujourd'hui. Pour le parfum, j'aime la tête et pour cause, mais moins le fond, trop "karanal" (les fameux bois qui piquent) à mon goût au porté. A propos de French Lover, ne trouvez vous pas qu'il pourrait être le vrai Guerlain homme, celui qui s'est perdu dans la jungle ? Moi, je trouve cela assez drôle !

Dix années plus tard, deux parfums arrivent sur la scène dans un vent de vert, vif et frais. L'original, A Scent, où le galbanum fait la courses à l'abricot et aux muscs blancs autour d'une structure florale finalement assez proche de Vent Vert, et la "copie", très inspirée qu'est Vivara Verde, ou seules quelques notes plus fraîches et citronnées viennent pour ainsi dire calmer l'audace du premier. Le second est plus "facile" mais tout aussi beau et vraiment à connaître pour le coup, même si l'inspiration est évidente, et A Scent, lui, est entré dans le coeur des experts avec tout le bien qu'ils en pensent, moins dans celui du public.

J'espère que ce petit vent vert vous fera le plus grand bien. Il vivifie, égaye, apporte un peu de bonheur dans nos villes polluées à l'acide de gasoil. Envie de verdure ? Oui, pour ma part, je crois bien que j'en ai bien besoin !

Illustrations : Photo de verte prairie, Balmain, Yves Saint Laurent, Frédéric Malle, Guerlain, Issey Miyake, Emilio Pucci.

dimanche 13 novembre 2011

Petits Soldes Entre Amis : PSEA Nov 2011.

Voilà, j'en parlais il y a un mois, et je me décide enfin. Ils ont été essayés, portés, parfois vénérés, parfois pour y chercher quelque chose que je n'ai finalement pas trouvé. Au bout du compte, ils restent là, sur l'étagère, muets, et je n'y retrouve plus l'émotion que j'avais lors du premier achat ou alors parfois en revanche, j'ai racheté un flacon plus grand, et je ne garde plus le petit. Je suis d'avance désolé pour ceux qui m 'ont aidé en obtenir certains, mais oui, il faut s'y résoudre, après hésitation, je passe à autre chose.

Ils sont tous dans leur flacon d'origine. Alors, si certains de ses soldes vous intéressent, contactez moi par mail et nous verrons comment faire, mais ne soyez pas trop pressés car je dois faire avec un emploi du temps chargé en ce moment, excusez moi par avance.

A 45€
  • Mon Numéro 10 de l'Artisan Parfumeur reste 40ml sur 100ml.
  • Felanilla de Pierre Guillaume : 30ml plein.

A 30€
  • Sel de Vétiver, reste 45ml sur 90ml.
  • Habit Rouge Eau légère édition limitée : reste 80ml sur 100ml.
  • Vétyver de Givenchy : reste 55ml sur 100ml.
  • B Men de Thierry Mugler : recharge, reste 90ml sur 100ml.

A 25€
  • Egoiste de Chanel : reste 35ml sur 50ml.
  • Egoiste Platinum de Chanel : reste 35ml sur 50ml.
  • Vétiver de Guerlain formulation 2011 : reste 35ml sur 50ml.

A 20€
  • Patchouli de Réminiscence : reste 25ml sur 50ml.
  • Vétiver Sport de Guerlain édition limitée : reste 25ml sur 50ml.

vendredi 11 novembre 2011

Le Chypre - Coty 1917 : accord mythique.

J'aime cette sensation à la sortie d'un aéroport, où à la nuit tombée, tout est noir. On ne voit plus rien. Un noir tellement intense que l'on ne perçoit que l'air ambiant, dans un sillage nouveau, doucettement fumé de lichen, d'herbes sèches, de vent de sable et de terre aride. Quand François Coty posa pour la première fois les pieds sur la terre de Chypre dans les années 1910, cette impression devait sans doute être encore décuplée, car je l'ai assez fortement ressentie au tout premier contact avec l'île, même de nos jours. Elle se confirme dans les terres, à l'approche des temples, des mosaïques et surtout, le long des allées parfumées qui jalonnent l'île. Origan, thym, basilic, ciste, mais aussi oranges, bergamotes et roses sauvages se dévoilent au détour des chemins secs.

Ce n'est plus un secret, l'évidence n'en est que plus flagrante, l'accord dit "accord chypré" puise bien les sources de sa structure olfactive sur ces terres, comme le nom d'Aphrodite, omniprésente ici, tire son origine de l'écume de la mer. Il me semble alors que de retour à Paris, garder ces sensations olfactives en mémoire fut un défit pour le parfumeur.

Pour évoquer l'herbe sèche et cette sensation de lichen, de la mousse de chêne, riche, piquante, froide et fumée se révèle indispensable, surtout dans ses variétés de l'époque. Le patchouli et ses notes camphrées rappellera les arbustes de thym et d'origan ainsi que les bois, le ciste labdanum fera le lien entre le sol et l'air par ses notes résineuses d'ambre sombre, de sable chaud et de pierre aride. Enfin, pour que cette structure soit un vrai souvenir olfactif qui ait l'air d'un parfum, pourquoi ne pas ajouter un soupçon de ses fleurs sauvages et piquantes comme la rose turque, et apporter un peu de sensualité solaire grâce au jasmin cuiré ? Bien sûr, pour que cela monte un peu, la bergamote, qui se combine avec quasiment toutes les familles olfactives grâce à ses multiples facettes fruitées, acidulées et florales, arrosera le tout.

Redécouvert récemment dans une version des années 50 relativement bien préservée, Le Chypre de Coty paraît un peu daté, mais sa structure est très perceptible, le lien entre les notes que l'on sent dans l'air de Chypre devient évident, et l'on perçoit surtout la qualité des matières utilisées à l'époque, la tenue altière de cette structure ainsi que son mystère, fidèle aux légendes dont Chypre est la scène.

Le talent d'un parfumeur, une source d'inspiration, une muse omniprésente, ainsi naquit un accord mythique, emprunt de mythologie, de séduction féminine, d'histoire de terre et de plantes. Une histoire, riche et vraie, qui me semble alors être indispensable à toute belle création. Ne serait-ce pas aussi l'explication à quelques succès ?

L'accord chypré, pour la première fois mis en avant par ce parfum en 1917 est ainsi devenu un archétype, maintes fois reproduit, souvent enrichi pour ouvrir la porte de nouveaux horizons olfactifs, comme avec Mitsouko par exemple, qui y apportera la note fruitée de pêche, 31 rue Cambon qui l'adoucira de bois, Bandit, qui le cuirera, Aromatic Elixir qui y ajoutera des notes de rose opulente, et plus proche de nous For Her, où un coeur de musc d'une modernité étonnante ouvrira une nouvelle voie à cette famille, qui semble aujourd'hui définitivement trouver une place de choix.

Sources : Red Berry pour le parfum. Illustrations : le Temple d'Aphrodite, le Chypre de Coty vintage, Botticelli.

jeudi 3 novembre 2011

Quand la tubéreuse devient folle !

La tubéreuse n'est pas une fleur facile. Reconnue comme énigmatique et intrigante, elle peut être approchée sous deux angles en parfumerie. Celui du charme et de la volupté de son sillage, souvent accompagnée de fleur de tiaré, de fleur frangipanier et de noix de coco, ou celui plus étrange de son "piquant", de son coté venimeux. Les quatre tubéreuses ci-dessous ont choisi la seconde direction. Ludiques, étranges voire même imbuvables, elles ont toutes un grain de folie, et séduisent ou rejettent. Idéales pour un double jeu, non ?

Tubéreuse Criminelle de Serge Lutens - "killeuse" : il y quelques années, ce parfum était étrange, car il partait d'un accord tubéreuse agrémenté d'épices avec une note proche du clou de girofle qui lui donnaient du piquant et un charme intrigant, pour évoluer sur peau de manière plus douce et se fondre à elle. Or, cette année, je ne sais pas si l'IFRA est passée par là, mais Tubéreuse Criminelle a du se prendre un coup de boxeuse car, dans sa nouvelle version et son nouveau flacon, elle semble défigurée. Le charme n'y est plus : en lieu et place, une très méchante note de wintergreen que les américains adorent car elle est utilisée dans la root beer, saute au visage. L'évolution semble décousue, avec parfois des relents citronnés de produits ménagers. Tout cela se calme au bout d'une heure mais elle me semble toujours un peu polluée. Manque de maturation, volonté de faire vite ou logique parfumistique décadente qui semble être une tendance un peu prétexte à faire n'importe quoi, pourquoi pas, mais je ne comprends pas ? Criminelle, elle l'est et porte donc très bien son nom, car elle vous renverse non pas par ses charmes, mais parce qu'elle va se vendre défigurée et à ce prix ... une vraie killeuse !

Rubj Eau de Parfum de Véro Kern - "mante religieuse": la démarche se veut plus modeste et le charme n'en est que plus poussé. Etrange, la tubéreuse de Rubj, surtout dans sa version eau de parfum serait un peu comme une personne à première vue pas très belle mais qui assume si bien qu'elle vous scotche au premier regard et dégage de la sympathie. Elle aurait pu être la tubéreuse de Rosie de Palma par exemple, et je l'imagine très bien sur Lady Gaga dans son clip Bad Romance avec sa tenue Alexander Mc Queen. Rubj Edp est une tubéreuse sulfureuse par ses notes de fruits de la passion et un surdosage de cumin, qui ne pourront que coller à la peau de certaines femmes. Etrange, certes, mais ceci ne fera que ressortir le sillage de vraie tubéreuse tueuse d'hommes qu'elle ne dévoile que quelques minutes après ! Vous vous sentez mante religieuse ? C'est normal ! A découvrir en connaissance de cause pour pouvoir mieux se prêter au jeu ...

Vierges et Toreros de Etat Libre d'Orange - "fuck me I'm famous": j'ai toujours pensé, depuis le début, que l'histoire de Vierges et Toreros s'était écrite sur les fauteuils en skaï d'un club échangiste ou sur la banquette arrière d'une vieille Cadillac et non dans l'arène tellement ce parfum me fait penser à ces fins de soirées où les corps sont moites et excités. Tubéreuse vénéneuse, cachée sous un cuir sombre, les épices et la mousse, légèrement humide, Vierges et Toreros donne l'impression de perdre tout contrôle sur la situation. Etes-vous parfumés ou est-ce votre propre peau, vous ne savez plus. Pourtant il semble bien que quelque chose se passe. Pour jouer l'étreinte avec un grain de folie, c'est assurément le bon choix !

Me Myself and I de Ego Facto - "croque la pomme !" : construite comme une tubéreuse cuirée enroulée de vétiver sombre et d'un accord cigüe mystérieux (avec du styrax et de la cannelle on dirait), Me Myself and I est un parfum qui porte bien son nom tellement il faut être sûr de soi pour pouvoir jouer avec. Dans la même veine que les trois autres, cette tubéreuse amère et moussue intrigue et dérange. On ne sait pas trop si elle sent bon ou si elle veut nous faire fuir par ses notes de champignons un peu moisi. Pourtant, il reste sur peau un aspect fumé boisé assez marqué qui dans la moiteur d'un moment intime peut dévoiler toute sa richesse. Etrange, mais à méditer pour soi, sûr de soi et pour se faire plaisir à soi, sans doute.

A porter plus par jeu que pour vraiment séduire au quotidien un peu comme le costume dessiné par Alexander Mc Queen pour Lady Gaga, ces tubéreuses auront au moins le plaisir de vous envoyer hors des sentiers battus et de vous faire explorer d'autres territoires. Elles sont un peu folles mais peuvent être attachantes, et vous êtes vous ou avez vous été téméraires ?

Illustrations : Lady Gaga Bad Romance, Serge Lutens, Véro Kern, Etat Libre d'Orange, Ego Facto.