lundi 26 décembre 2016

Noir Exquis - l'Artisan Parfumeur 2014 : chauds les marrons !

Marrons glacés, bûche aux marrons, dinde farcie aux marrons, crème de marrons, que de délices qui reviennent en force au moment des fêtes. Je suis certains que vous n'y échapperez pas cette année. Cette idée de travailler un parfum qui sente les marrons me traversait l'esprit depuis longtemps, mais je n'avait encore rien vu de pertinent autour de la note. En effet, à part quelques revendications de la note de ci de là, aucun parfum n'était encore aller jusqu'à explorer les marrons jusqu'au bout. Aucun parfum avant Noir Exquis


Si j'ai immédiatement été séduit par le travail très "vrai" de la note par Bertrand Duchaufour, j'avoue avoir eu du mal à l'appréhender au départ, car la présence assez marquée de bois ambrés et son intensité incroyable freinaient quelque peu l'élan d'enthousiasme. Pourtant, c'est en travaillant ces notes que je me suis aperçu que leur utilisation était pertinente et judicieuse, car leur ténacité permet au parfum de tenir longtemps et du coup, de faire durer une idée sur peau. 

En ce jour précis d'après Noël, j'ai donc redécouvert avec plaisir ce Noir Exquis, pour lequel il est inutile de détailler les notes tant il suffit de s'en tenir à l'idée d'un gâteau ou d'une bûche aux marrons de qualité. Café, vanille, cacao, peut-être un soupçon de noix de coco et bois ambrés constituent donc la structure et la signature de ce parfum sans doute un peu mal compris, mais pourtant unique en son genre, entre sirop d'érable et marrons. 


Vraiment ravi de cette redécouverte que je porte aujourd'hui pour le coup, et qui me met littéralement en appétit. Qu'y a t -il au dîner ? Une bûche aux marrons, chaud devant ! Chauds les marrons chauds, comme c'est exquis ! Et vous qu'en pensez vous ? 

Bonne année 2017 à tous !

Illustrations : Bûche aux marrons, l'Artisan Parfumeur et Arnaud Lahrer. 



samedi 17 décembre 2016

Au Bord de l'Eau, Sur l'Herbe - l'Artisan Parfumeur 2017 : vague à l'âme ?

Pour terminer cette année riche en nouveautés et événements, voici un petit avant goût de deux nouveautés prévues pour Février 2017 chez L'Artisan Parfumeur.


Au Bord de l'Eau : agréable Cologne, Au bord de l'Eau puise sans doute un peu son inspiration dans Infusion d'Homme, dont elle reprend le départ acidulé, la trame iris-violette et ce coté poudré qui lui va si bien. L'effet savonneux demeure, quoiqu'un peu atténué, mais sur peau, le parfum reste doux, enveloppant et lumineux. Dans sa globalité, le parfum pourrait être une évocation de la fleur de narcisse et peut aussi plaire à celles et ceux qui aiment le coté poudré de l'Eau de Narcisse Bleu.


Sur l'Herbe : Sur l'Herbe est un Néroli entre ombre et lumière, construit un peu à la manière de Eau de Néroli Doré ou Néroli Outrenoir de Guerlain. Joli, bien fait, il joue sur le contraste doux/amer que peut avoir le néroli. Une pointe de mandarine et de pamplemousse marque l'envolée lumineuse, des notes herbeuses et poudreuses créent un effet qui sur peau, évolue assez rapidement vers une sensation moussue et terreuse, légèrement humide, comme si l'on était assis sur l'herbe près d'un chêne.

Fait nouveau, ces deux colognes tiennent, et sont plutôt faites pour être portées comme des eaux de toilette.

Personnellement, je regrette un peu le coté léché et aseptisé par rapport à ce que nous avions l'habitude de voir chez l'Artisan. Je trouve ces deux colognes bien faites, mais je perçois difficilement le lien avec les tableaux (Le Déjeuner sur l'Herbe d'E.Manet et Au Bord de l'Eau C.Monet) qu'elles évoquent, ni le grain impressionniste dans l'évocation des parfums. Comme si l'âme qui visait à faire réellement coller un parfum sur une inspiration avait disparue au profit d'une parfumerie plus technique, sans défaut, mais dans laquelle on retrouve des codes utilisés dans des parfums plus grand-public, et à laquelle il manque un peu de cette créativité qui nous plaisait tant.

Pour être honnête, dans la mesure ou je reste concentré sur le parfum en lui même, Au Bord de l'Eau est un vrai coup de coeur et s'avère très agréable à porter, mais si vous êtes sensibles au lien entre l'histoire et le parfum, vous risquez d'être déçus. Si vous aimez l'Artisan Parfumeur pour son coté artisanal et créatif, il semble que cette période soit révolue. Faut-il absolument inventer de vagues histoires pour vendre des parfums ? Pas spécialiste en marketing, je n'ai pas la réponse, mais cette impression "d'âmes vagues" me donne quand même un peu le vague à l'âme, même si c'est beau, il faut bien le reconnaître !

Illustrations : le penseur de Rodin, entre marbre et arbres verts, l'Artisan Parfumeur. 




jeudi 8 décembre 2016

Entrevue avec Sylvaine Delacourte : un nouvel élan !

Bonjour Sylvaine, 

Je vous remercie d’avoir accepté cette entrevue afin de parler du lancement récent de votre gamme de parfums.

Comment vous est venue l’idée de lancer votre propre gamme de parfums, qu’est ce qui a guidé ce choix dans un marche aujourd’hui compliqué ? 

Ma famille compte beaucoup d'entrepreneurs, et cela m'a toujours encouragée et stimulée. J'avais depuis longtemps envie de créer ma marque et c'est la rencontre avec un jeune entrepreneur qui m'a permise de sauter le pas.

Nous avons voulu essayer d'amener quelque chose de différent dans un marché où les gens sont en recherche de parfums exclusifs mais aussi d'authenticité et de connaissances sur les produits qu'ils achètent.  
J'ai donc voulu me distinguer par une approche différente avec une collection de cinq fragrances travaillée autour d'une seule matière première qui sont présentées dans des coffrets pensés développement durable en métal réutilisable.
Nous avons aussi créé une expérience découverte sur le site internet qui permet à chaque personne de découvrir l'histoire des matières premières, mes inspirations en vidéo et de partager avec moi ses impressions sur les créations.

Vous avez apporté chez Guerlain de la rondeur, des courbes et de la sensualité dans les créations que vous avez pilotées. Ces mots sont-ils importants pour vous ?

Je vous remercie déjà de m'avoir si bien cernée. Effectivement, je n'aime ni les parfums coup de poing ni les parfums sombres. J'aime les parfums facettés, lumineux, doux, confortables, d'où cette collection de parfums que je qualifierais de pashminas olfactifs.

Vous avez souhaité mettre en avant les muscs blancs, pourquoi ? 


Tout d'abord parce que c'était un vrai challenge car travailler les muscs n'est pas chose facile, bien que tenaces, ils diffusent souvent peu sont quasi tous dans un même style.

J'ai fait une étude de ce qui se faisait sur les parfums dits confidentiels et me suis aperçue que l'ont trouvait peu de parfums musqués.
Je trouvais qu'il y avait un créneau à prendre pour cette première collection et comme j' aime travailler les matières premières de façon contrastée, vous retrouverez un musc végétal mais aussi un musc épicé !

Quelle est la particularité de ces matières, le temps est un allié semble-t-il ? 


Oui j 'ai eu une très belle surprise après la macération et la maturation qui ont donné une ampleur incroyable aux parfums.

Les muscs sont très sensibles sur ce point, ils ont pris de l'épaisseur, du volume et donnent encore plus de diffusion !

Vous êtes vous inspiré de parfums que vous aimiez, auxquels vous auriez voulu rendre hommage ? 


J'ai essayé d'être singulière et de me démarquer des parfums existants ou de ceux que j ai travaillés précédemment. J'étais attendue sur une guerlinade et j'ai donc fait autrement pour cette première collection.
Après, les notes que j'aime personnellement sont l'iris, l'héliotrope et la vanille, des matières que l'on retrouve dans Florentina, le parfum que je porte.

Vous avez fait le choix audacieux de n’être distribuée que sur internet, pourquoi ? Est-ce que cela est amené à changer ? 


Le choix a surtout été fait car cela me tenait à coeur de pouvoir avoir un contact direct avec les amateurs de parfums et de pouvoir, grâce à l'expérience découverte, leur faire découvrir directement mon univers et mes parfums depuis le confort de leur maison.
Nous ne sommes pas bloqués sur le sujet et nous allons étudier le sujet d'une distribution physique exclusive en 2017.

Y en a-t-il un qui vous ait demandé plus d’attention un auquel vous teniez plus que les autres ? Y en a-t-il un qui se détache déjà ? 


Je dirai que Florentina est un peu plus demandé que les autres mais vraiment de très peu.
La collection est très homogène et il n'y a pas un seul parfum qui reste en retrait. Quasi tous nos premiers clients aiment au moins deux voire trois parfums.

Chez Guerlain, vous avez travaillé avec Maurice Roucel entre autre. Pour votre gamme, qui sont les parfumeurs qui ont su traduire vos attentes ? 

J'ai travaillé 4 parfums sur les 5 avec Irène Farmachidi avec qui j'avais déjà travaillé dans le passé. Nous nous entendons à merveille et avons le même feeling sur les créations et le choix des matières premières.

Pour créer un parfum il faut en effet être sur la même longueur d'ondes, sentir et ressentir de la même façon.
J'ai aussi voulu collaborer avec une jeune parfumeur, Anne-Louise Gautier pour la création de Dovana. C'était notre première collaboration et ce fut une belle aventure ! 

Sylvaine, je vous remercie infiniment de m’avoir accordé un peu de votre temps. Je vous souhaite un bel épanouissement et une longue vie à ces beaux parfums. 


Petite parenthèse de Méchant Loup pour conclure : j'aime beaucoup la collection, que je trouve très cohérente et qualitative, mon préféré est Hélicriss, et Florentina rencontre un beau succès lorsqu'une amie le porte, notamment pour son sillage incroyable. Et vous, avez vous fait l'expérience découverte, quel est celui que vous aimez ? 

Site internet : sylvaine-delacourte.com

Illustrations : parfums Sylvaine Delacourte, pashminas en cachemire.