Il sort comme un cri du coeur, pour tous les "perfume lovers". Je n'en appelle pas au boycotte, mais j'informe et en appelle à votre bon sens, mesdames, messieurs. Cette année, votre soif de nouveautés semble avoir raison de tout bon sens et de ce que les parfumeurs ont à coeur de véhiculer quand ils ont envie de créer. L'on voit fleurir des flankers sur lesquels il n'est même pas utile de poser la moindre narine, on voit se modifier des noms iconiques à vous faire perdre la tête et à être perdue, on voit des clientes médusées et paumées revenir avec leur parfum en main en se demandant, "n'a t il pas un peu changé ?". Tout cela se multiplie, et commence à se voir, n'est il pas temps d'arrêter le massacre ?
Pour illustrer le propos, j'ai été témoin cet après midi d'une scène où la
cliente était désespérée de ne plus s'y retrouver. Cette femme, qui visiblement voulait acheter
Miss Dior qu'elle avait l'habitude d'offrir, ne savait plus ou donner de la tête entre l'ancien devenu
Miss Dior l'original, et le nouveau
Miss Dior, anciennement
Miss Dior Chérie, reformulée par rapport à sa formule d'origine. Vous suivez ? Ajoutez à cela des vendeuses tenant à leur chiffre et très "vendeuses" qui lui soutenaient que la formule n'avait pas changée. Mais quelle formule ???? Bref, un chaos total avec une cliente atterrée, et moi, témoin de la scène, qui ne savais même plus par quel bout intervenir sans être trop complexe dans mes explications. Je ne sais pas comment cela s'est terminé, mais on était loin de l'image de la cliente qui repart avec le sourire aux lèvres après avoir choisi un beau cadeau ! Madame, si vous me lisez on ne sait jamais, l'original, le vrai, c'est celui qui est en photo ci contre.
Si j'ajoute à cela l'expérience récente d'une amie passionnée (;-), vendeuse en parfumerie pendant les fêtes, qui me faisait part de questions sur une éventuelle reformulation
d'Opium remontées par des clientes de plus en plus nombreuses. Tout cela, alors que la pub vous vend une Emily Blunt plus chère et précieuse que jamais, et que le parfum n'est plus que l'ombre pâle de la formule d'origine, car oui, hélas mesdames, vous avez raison, et ce n'est pas qu'à cause de l'IFRA. Vous chercher autre chose de plus vrai, alors ne vous gênez pas, partez, fuyez, et ne revenez plus, et c'est bien ce qui se passe !
Grand désespoir également en découvrant le dernier opus décliné de
Trésor. Sans scrupule aucun, on s'écarte totalement de l'idée et du beau parfum qu'est
Trésor à l'origine pour vous faire rêver sur un
Absolu Désir qui n'est rien d'autre qu'une déclinaison de
Flower Bomb du même groupe, en plus cher bien sûr, pour que ce soit plus drôle. Lamentable, petit et déprimant.
Du coté des pubs, c'est "morose land" également. Chanel, Cartier, Dior, Lancôme, Guerlain utilisent les mêmes codes pour parler, personne ne se démarque si ce n'est bizarrement Cacharel et Diesel, mais à quel prix ? Du coup, plus personne ne rêve, cela se ressent et tout le monde se tait.
Pourtant, il y en a dans ce milieu qui voudraient que cela change, on en entend en "off" des mécontents, même avec beaucoup de pouvoir, qui voudraient voir autre chose, un peu de vérité, mais à qui parlent ils et qui les entend ? Silence radio...
Que le parfum cesse de faire rêver et montre une propension ostentatoire à vouloir trop vite faire de l'argent, cette année, cela se remarque, et cela devient inquiétant, comme l'ombre de la crise qui plane au dessus de nous ! Combien de clients sacrifiés, de rêves vendus que les gens ne retrouvent plus, et qui du coup, ne rachètent plus ? Jusqu'où cela ira t il ? Faut il alors s'étonner d'un ras le bol et d'une saturation ?
Nous sommes plusieurs à savoir qu'un espoir est possible, et qu'il faut arrêter de vendre son âme au mains de diplômés formatés qui eux coutent réellement très cher, sous peine de ne plus avoir de leviers pour rebondir ! Cette industrie, française dans son essence et dans ses veines, nous devons en être fiers et la valoriser, la vendre, certes, mais avec ses valeurs, ses points forts, son âme, la vraie, ses forces, ses ressources réelles. Hermes en est un bel exemple. Vous n'imaginez pas la richesse d'une palette par exemple et les progrès que l'on fait sur les matières. Tout ça pour ça ? Voilà le constat. Sacrifier ces richesses sur l'autel d'une mondialisation standardisée pourrait, à terme, lui être fatale, car à perdre son âme, il n'y aura pas que les innocents qui seront massacrés.
Illustration : Rubens, le massacre des innocents. Dior, Lancôme, Yves Saint Laurent.