Encore un mois et le marché de la parfumerie va s'enrichir de son lot de nouveautés attendues. Le hasard des rencontres et de mes promenades olfactives m'ayant permis cette année d'en découvrir quatre avant leur diffusion en boutique, j'en profite pour vous livrer un petit avant goût avant qu'ils n'arrivent à la fin de ce mois d'Août pour les premiers !
Mon Parfum Chéri - Annick Goutal : il manquait à la marque un parfum de facture classique, très chic et sophistiqué mais moderne. Mon Parfum Chéri reprend discrètement la rose chyprée et l'iris comme trait d'union avec la famille des grands classiques de la marque et comme un hommage à Annick Goutal voulue par sa fille tout en jouant l'exercice des vrais-faux chypres modernes. Le départ est un surprenant accord d'iris-cacao presque ganache qui évolue vers un coeur de rose traitée en transparence et de patchouli terreux. Une pêche duveteuse et lactée prend le relais, soutenue par la note un peu grasse d'une vraie racine d'iris naturelle et par un accord qui remplace la mousse de chêne. Ainsi, quelque part entre Jubilation 25 de Amouage et 31 rue Cambon de Chanel, il y aura maintenant Mon Parfum Chéri d'Annick Goutal. J'ai beau essayer, même si j'aime de départ cacaoté et élégant de ce dernier né, cette école "moderne " des chyprés clairs ne réussit pas à m'émouvoir comme ont pu le faire les chypres anciens, bien plus riches, sombres et mystérieux que sont Mitsouko ou Femme.
Batucada - l'Artisan Parfumeur : caipirina, musique, danse et joie de vivre, tels sont les leitmotivs qui ont guidé la création de ce parfum. Un départ assez vif et très fidèle au cocktail ouvre le bal. Je n'ai pas envie d'entrer dans le détail des matières utilisées, mais j'ai vraiment le sentiment qu'elles ont été choisies avec le même soin que ce qui est fait chez l'Artisan habituellement. La volonté de créer un parfum gai et chantant est par contre parfaitement traduite, de même que la sensation d'une peau couverte d'huile bronzante à l'odeur de papaye, d'ananas, de noix de coco et de peau sortie de l'eau couverte de sable. Le sillage et le fond en font un parfum très agréable à porter, qui booste le moral et se fond avec la peau de manière étonnante pour un parfum qui reste frais. C'est vraiment du beau travail de la part de Karine Vinchon et Elisabeth Maier, comme une sorte d'Aqua di Gio "à la l'Artisan", pour se rendre compte qu'il n'y a rien de tel que beaucoup de belles matières naturelles.
Kokorico - Jean Paul Gaultier : tout le monde l'attend, le veut, l'envie et le désire déjà. Vous serez forcement amenés à porter un jugement. Deux options se présenteront alors : vous aimerez ou vous n'aimerez pas du tout, mais il ne laissera pas indifférent. Sur ce terrain, c'est déjà gagner, et la communication décalée chic et très Gaultier saura vous le faire désirer. On parlait de chocolat, de figue, je m'attendais à tout, et particulièrement à quelque chose proche de A Men mais il n'en est rien. Comme cela était évoqué par Octavian et Denyse de 1000 fragrance et Graindemusc, Firmenich travaille selon le principe de l'olfactive Design, et il semble bien que cela se dévoile dans un parfum comme Kokorico. Le parfum s'ouvre sur une surprenante note de lait de figue, très douce ainsi que sur une note que je perçois comme étant un accord "madeleine beurrée" issu sans doute de l'olfactive design et déjà exploitée par So Oud dans un de leur parfum récent. Ce duo est très original et oscille à mesure que l'on porte le parfum, la figue prenant régulièrement le relais de la madeleine. Le fond, boisé, parait très brutal et viril sur touche, car il contient une bonne dose de "bois ambrés" qui sont aussi des spécialités Firmenich, mais il sait se tenir juste comme il faut sur peau en jouant avec le moka, la madeleine et le lait de figue, comme savait le faire un autre Olivier Cresp comme Black XS, avec ma peau en tout cas mais pas sur d'autres il est vrai. Une belle surprise, juste "borderline" comme il faut entre du mainstream efficace et de la "niche", et très agréable au porté.
Juniper Sling - Penhaligon's : j'adore la baie de genièvre, mais c'est une note difficile à travailler et qui plus est contient des facettes que je préfère ne pas développer car ce serait indécent. Une chose est sûre, c'est une note qui "fonctionne" à merveille avec certaines peaux, mais qui donne un parfum soit merveilleux et subtil, soit franchement importable. Ainsi, Juniper Sling ne pardonne pas. Soit votre peau lisse les notes un peu "cracra" de la baie de genièvre en dévoilant les facettes cocktail et alcool de ce parfum, soit elle fait ressortir cette baie de manière violente et là, il serait un peu "délicat" de sortir parfumé de la sorte. Passer le cap, et si ce parfum s'accommode à vous, vous serez habillés d'un sillage limpide, scintillant et légèrement métallique qui fait penser aux alcools de poire ou de prune, où ambrette, ambretolide, poire et note alcooliques se conjuguent à la manière d'un N° 18 de Chanel. Une cologne moderne, originale et mixte qui inaugure la collaboration entre Penhaligon's et Olivier Cresp, et qui a aussi le mérite d'ouvrir d'autres territoires moins classiques à la marque.
Voila pour ce bref tour, mais il y en a d'autres que j'ai hâte de connaitre : Candy de Prada, N°19 Poudré de Chanel (il paraitrait qu'il est à la hauteur), Le Fou 21 et la Tempérance 14 de D&G, l'Eau d'Ikar de Sisley (pour homme), Balenciaga l'Essence.
Illustrations : Annick Goutal, L'Artisan Parfumeur, Jean Paul Gaultier, Penhaligon's.
Mon Parfum Chéri - Annick Goutal : il manquait à la marque un parfum de facture classique, très chic et sophistiqué mais moderne. Mon Parfum Chéri reprend discrètement la rose chyprée et l'iris comme trait d'union avec la famille des grands classiques de la marque et comme un hommage à Annick Goutal voulue par sa fille tout en jouant l'exercice des vrais-faux chypres modernes. Le départ est un surprenant accord d'iris-cacao presque ganache qui évolue vers un coeur de rose traitée en transparence et de patchouli terreux. Une pêche duveteuse et lactée prend le relais, soutenue par la note un peu grasse d'une vraie racine d'iris naturelle et par un accord qui remplace la mousse de chêne. Ainsi, quelque part entre Jubilation 25 de Amouage et 31 rue Cambon de Chanel, il y aura maintenant Mon Parfum Chéri d'Annick Goutal. J'ai beau essayer, même si j'aime de départ cacaoté et élégant de ce dernier né, cette école "moderne " des chyprés clairs ne réussit pas à m'émouvoir comme ont pu le faire les chypres anciens, bien plus riches, sombres et mystérieux que sont Mitsouko ou Femme.
Batucada - l'Artisan Parfumeur : caipirina, musique, danse et joie de vivre, tels sont les leitmotivs qui ont guidé la création de ce parfum. Un départ assez vif et très fidèle au cocktail ouvre le bal. Je n'ai pas envie d'entrer dans le détail des matières utilisées, mais j'ai vraiment le sentiment qu'elles ont été choisies avec le même soin que ce qui est fait chez l'Artisan habituellement. La volonté de créer un parfum gai et chantant est par contre parfaitement traduite, de même que la sensation d'une peau couverte d'huile bronzante à l'odeur de papaye, d'ananas, de noix de coco et de peau sortie de l'eau couverte de sable. Le sillage et le fond en font un parfum très agréable à porter, qui booste le moral et se fond avec la peau de manière étonnante pour un parfum qui reste frais. C'est vraiment du beau travail de la part de Karine Vinchon et Elisabeth Maier, comme une sorte d'Aqua di Gio "à la l'Artisan", pour se rendre compte qu'il n'y a rien de tel que beaucoup de belles matières naturelles.
Kokorico - Jean Paul Gaultier : tout le monde l'attend, le veut, l'envie et le désire déjà. Vous serez forcement amenés à porter un jugement. Deux options se présenteront alors : vous aimerez ou vous n'aimerez pas du tout, mais il ne laissera pas indifférent. Sur ce terrain, c'est déjà gagner, et la communication décalée chic et très Gaultier saura vous le faire désirer. On parlait de chocolat, de figue, je m'attendais à tout, et particulièrement à quelque chose proche de A Men mais il n'en est rien. Comme cela était évoqué par Octavian et Denyse de 1000 fragrance et Graindemusc, Firmenich travaille selon le principe de l'olfactive Design, et il semble bien que cela se dévoile dans un parfum comme Kokorico. Le parfum s'ouvre sur une surprenante note de lait de figue, très douce ainsi que sur une note que je perçois comme étant un accord "madeleine beurrée" issu sans doute de l'olfactive design et déjà exploitée par So Oud dans un de leur parfum récent. Ce duo est très original et oscille à mesure que l'on porte le parfum, la figue prenant régulièrement le relais de la madeleine. Le fond, boisé, parait très brutal et viril sur touche, car il contient une bonne dose de "bois ambrés" qui sont aussi des spécialités Firmenich, mais il sait se tenir juste comme il faut sur peau en jouant avec le moka, la madeleine et le lait de figue, comme savait le faire un autre Olivier Cresp comme Black XS, avec ma peau en tout cas mais pas sur d'autres il est vrai. Une belle surprise, juste "borderline" comme il faut entre du mainstream efficace et de la "niche", et très agréable au porté.
Juniper Sling - Penhaligon's : j'adore la baie de genièvre, mais c'est une note difficile à travailler et qui plus est contient des facettes que je préfère ne pas développer car ce serait indécent. Une chose est sûre, c'est une note qui "fonctionne" à merveille avec certaines peaux, mais qui donne un parfum soit merveilleux et subtil, soit franchement importable. Ainsi, Juniper Sling ne pardonne pas. Soit votre peau lisse les notes un peu "cracra" de la baie de genièvre en dévoilant les facettes cocktail et alcool de ce parfum, soit elle fait ressortir cette baie de manière violente et là, il serait un peu "délicat" de sortir parfumé de la sorte. Passer le cap, et si ce parfum s'accommode à vous, vous serez habillés d'un sillage limpide, scintillant et légèrement métallique qui fait penser aux alcools de poire ou de prune, où ambrette, ambretolide, poire et note alcooliques se conjuguent à la manière d'un N° 18 de Chanel. Une cologne moderne, originale et mixte qui inaugure la collaboration entre Penhaligon's et Olivier Cresp, et qui a aussi le mérite d'ouvrir d'autres territoires moins classiques à la marque.
Voila pour ce bref tour, mais il y en a d'autres que j'ai hâte de connaitre : Candy de Prada, N°19 Poudré de Chanel (il paraitrait qu'il est à la hauteur), Le Fou 21 et la Tempérance 14 de D&G, l'Eau d'Ikar de Sisley (pour homme), Balenciaga l'Essence.
Illustrations : Annick Goutal, L'Artisan Parfumeur, Jean Paul Gaultier, Penhaligon's.