Connaissant l'humour dont peut être capable Maurice Roucel, je passerai rapidement sur le double sens que ce nom pourrait avoir en anglais. c'est une pure interprétation de ma part, mais elle est suggérée par les visuels et les vidéos de promotion de cette nouvelle édition des parfums Frédéric Malle.
Uncut Gem sous entend une pierre brute, avec des aspérités, et c'est précisément ce qui peut déranger sans recul : le parfum peut paraitre comme un gros bloc de bois ambrés, ce qui m'amuse et m'intéresse plus que cela ne me dérange. Ce parti pris est à nuancer car il présente des facettes plus riches et plus complexes au porté. La qualité des matières est indéniable, et c'est une habitude maison. Ce qui m'a frappé, c'est un réel équilibre des formes dans la formulation : fraîcheur immédiate des notes de gingembre piquant, de bergamote légèrement verte, de néroli un peu poudré et d'angélique incisive contrastent avec des facettes sombres, finement iodées et minérales qui sont nouées à un gros bloc de bois ambrés puissants et tenaces. Un soupçon de cuir et de vanille vient adoucir le tout sans en faire trop. L'évolution et le lien entre ces notes se fait tout en finesse et avec style.
La composition est virile, c'est sûr, ne présente pas une originalité olfactive folle, et fait donc peu de vagues, d'autant plus que le sillage n'est pas si puissant qu'on pourrait le penser. Uncut Gem reste élégant et se porte aussi facilement avec un jean t-shirt qu'avec un costume ou une tenue casual. Il fait des merveilles sur un blouson de cuir.
Un classique rudement ciselé, mêlant le chaud et le froid, et plutôt masculin : cela me fait penser à ces images en noir et blanc des acteurs américains, élégants, propres, bien taillés et au regard noir comme une pierre brute.
Illustration : whoismontgommeryclifft.com, Frédéric Malle
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