vendredi 22 février 2013

Serait-ce un tsunami ?

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ces derniers temps, un tsunami déferle dans nos parfumeries. Non lassés de nous arroser avec un flot de nouveautés, c'est un raz-de-marée d'eaux qui déferle. Eaux légères, eaux fraîches, eaux sensuelles, eaux chaudes ou froides, bientôt sans doute verrons nous des eaux-taries, des eaux-rang outan, des eaux-piacées ? On ne sait plus trop quoi inventer pour vous faire dépenser les petits soussous que vous cachez dans la popoche, et cela vire au ridicule ! A peine aviez vous apprivoisé votre Shalimar Parfum Inital, Bottega Veneta, Narciso Rodrigez de l'an dernier, peut être même avant même de les avoir découvert, on vous en propose déjà une version plus "fraîche" pour les beaux jours, soit disant ! 

A force de déferlante, vous en oubliez sans doute que vous avez chez vous quelques trésors, que vous pouvez porter par tous temps : les parfumeurs le savent, les orientaux aussi, est-il besoin qu'un parfum soit une eau pour être agréable même quand il fait chaud ? N'oublierait on pas de vous rappeler qu'un parfum ambré par exemple, exhalera au mieux ses notes chaudes et baumées qui fondront sur la peau, au sens propre quand la chaleur monte ? N'oublierait on pas que dans votre parfum préféré, il y a des notes de fond, et qu'elles seront sur vous certainement du plus bel effet si vous ne vous inondez pas et que vous maitrisez le dosage avec quelques degrés de plus ?

Quel gâchis ! On a envie de dire stop, ça suffit, mais non, encore et toujours la même vague qui déferle, comme si les marques ne voulaient pas reconnaitre que parfois, faire une pose, mieux communiquer sur un "best", une valeur sûre, vaut mieux que d'essayer encore et toujours d'attirer le chaland par un énième opus ?
A quoi bon ? Parfois même j'en arrive à de mauvaises pensées, en me disant qu'il serait plus judicieux de virer les "markéteux", couteux et qui "pondent" tous la même chose, pour mieux se recentrer et proposer un vrai beau produit. 

Bien sûr, dans tout cela, il y a des exceptions, les trois exemples choisis et la sélection que nous avons effectuée pour le prix Olfactorama 2012 en apportent un peu la preuve. Oui, une variante "eau" peut parfois révéler une facette cachée ou le caractère inattendu d'un parfum qui n'aurait pas tout exploité, mais cela ne réduit-il pas la part de risque, avec un consommateur au final frustré, car cette "eau" adoptée n'aura souvent vécu qu'un seul été, et noyé dans ce flot de déclinaisons ?
Le résultat de ce tsunami : il se murmure que les ventes plongent, que le chiffre d'affaire de la parfumerie ne se maintient que parce les prix augmentent, mais lorsque l'on parle de crise, n'est elle pas parfois, provoquée par ceux là même qui sont censés chercher les solutions ? Le consommateur, l'amateur, le passionné, qui s'intéresse un peu à un domaine, ne dit il pas tout simplement STOP ? En attendant d'être tous noyés dans l'eau, le bateau coule, et qui fait quoi ? On installe l'Eau Courante, qui terminera à la Chasse d'Eau  ???

Les trois exemples : la vague me porte ou pas ? 

Bottega Veneta Eau Légère : soit vous aimiez Rush de Gucci et vous ne le trouvez plus, et là, vous pouvez craquer car à quelques variations "cuir" près, Michel Almeirac ressert la même formule, soit vous aimez l'original et celui-ci n'apportera qu'une illusion de fraîcheur à un parfum qui ne l'est pas de facto.

Shalimar Parfum Initial l'Eau, l'Eau Sensuelle (vous suivez?) : parfaite illustration d'une de ces débilités markéting qui m'échappe et bonne chance pour vous y retrouver dans les flacons exposés chez Sephora, mais par contre, parfaite illustration aussi de ce que je mentionnais plus haut, il dévoile encore une autre facette d'un parfum déjà très bien fait, et il faut reconnaitre que c'est joli, très "Wasser", et très sensuel pour le coup.

Narciso Rodriguez For Her l'Eau : vous ne connaissiez pas la variation de l'an dernier, avec un tiaré qui magnifiait l'accord originel et lui apportait une vraie douceur estivale ? Et ben tant pis pour vous : trop tard ! Cette année, c'est un floral fruité légèrement vert plutôt banal que la marque vous propose. For Her l'original se devine vaguement, la marque le revendique, et c'est à vous de voir, mais franchement, pourquoi ? Parce qu'il s'appelle "L'Eau" ??

vendredi 15 février 2013

OlfactorumConcept fait ses premiers pas !

Vous vous souvenez qu'au mois de Janvier, pour fêter les quatre ans du blog, je présentais trois créations chez Marie Antoinette ? 

Et bien figurez vous que ce qui devait rester un évènement ponctuel connait une suite ! Dès demain après midi, deux des parfums proposés seront disponibles à la vente en quantités limitées dans une petite boutique très originale à Montreuil.  

Ma Rose et Mon Piano Bar feront ainsi leur premiers pas "en live". Ma Garrigue étant victime de son succès grâce au bouche à oreille, il n'est plus disponible avant début Mars.

La boutique est spécialisée dans la distribution de produits artisanaux, que ce soient des vêtements, des sacs, des bijoux, des produits cosmétiques. Elle est adossée à un salon de thé, où l'on peut déguster un expresso "bio", des cookies faits maison, des cakes, des spécialités de plats le midi, où se poser et lire. C'est très convivial ! 

Découvrez le lien ici : www.lesbichesenfolie.blogspot.fr

Les Biches en Folie, Fashion Corner Shop, mode femme & enfants, accessoires femmes et hommes. Objets divers. 87 rue de Paris - Montreuil. Métro Ligne 9 stations Robespierre ou Croix de chavaux.  Dès demain !

vendredi 8 février 2013

La Fille de Berlin - Serge Lutens 2013 : rose hommage.

La perte d'un proche est sans doute un moment de repli sur soi et de recueillement, mais c'est aussi un formidable élan, inexplicable rationnellement, qui donne envie de se dépasser, d'aller au bout d'une idée, d'une envie. Peut être que la perte de sa mère a joué un rôle dans la naissance de La Fille de Berlin pour Serge Lutens, qui semble vouloir lui rendre hommage ? 

Rendre hommage à la ville de Berlin également, pour sa nostalgie, ses souffrances, ses failles. Peut être aussi parce que dans les années 20-30, Berlin dans le monde, influençait la mode, la musique, les cabarets, la vie nocturne, de manière beaucoup plus importante qu'aujourd'hui. La rose comme trait d'union, choisie sans doute parce qu'elle est source de noblesse, et que ses pétales auraient pu traverser le béton érigé dans les années 60, pour représenter à la fois la souffrance, le sang et l'espoir.

Pour rendre hommage à sa mère, quoi de plus beau que d'imaginer une rose ? Sans doute a t-elle connu ce Berlin vivant, nocturne, empli de cabarets, véhiculé aujourd'hui par Dita Von Teese. Sans doute aussi était elle bercée de ses racines orientales, qui lui parlaient à travers le parfum des roses. 

Vous l'aurez compris, La Fille de Berlin est une rose, soliflore. Une rose des plus pure, des plus noble, parfaitement et justement verte et acidulée, légèrement boisée et épicée, intemporelle, immuable, noble. Elle pourrait être ennuyeuse, et ce n'est même pas le cas. Un subtil accord de menthe et de géranium relève la structure pour lui donner des airs "pas comme les autres" et les fruits, très maitrisés, lui apportent de "l'actualité". Berlin est une ville de caractère, La Fille de Berlin se devait d'en avoir. L'on pense alors à Géranium pour Monsieur qui se serait accouplé à Une Rose, et le mariage tient ses promesses.

Un bel hommage, et une très belle découverte en ce début 2013 ! 

La Fille de Berlin sera disponible en Mars 2013, mais vous pouvez comme je l'ai fait, le découvrir chez Arôma, rue Etienne Marcel à Paris dès maintenant.

Illustrations : Babylon, cinéma berlinois, Serge Lutens.

dimanche 3 février 2013

Mes 7 péchés d'hiver.

Une fois n'est pas coutume, pourquoi ne pas faire un petit tour de parfums autour desquels je tourne en ce moment, par ce temps froid neigeux, pluvieux, venteux. Sept péchés à me mettre sous la langue, ou plutôt sur la peau pour se réchauffer et me sentir bien. Il s'agit là des parfums que je porte au quotidien, pas de manière occasionnelle ou quand je voyage, comme c'est le cas pour L'Esprit du Tigre, que je ne porte qu'en Allemagne.

Baudelaire de Byredo : cela fait maintenant deux ans qu'il revient régulièrement dans ma palette olfactive, hiver comme été. J'aime ses notes un peu brutales, très sèches, mais qui sont illuminées par une jacinthe verte et fruitée qui le traverse et adoucies de bois chauds et doux à la fois. Il m'évoque à la fois un paysage aride et la chaleur d'un intérieur cossu,  douillet, confortable, et je le trouve un peu "coquinou". Normal qu'il me plaise alors !

Les Jeux sont faits de Jovoy : nouvellement arrivé et de suite adopté pour cet hiver. Ses notes à la fois confites, liquoreuses et fumées en font un allié très agréable par temps froid. Tout aussi sec que Baudelaire par ses notes de bois et de tabac, un peu brutal, il le revendique. Il charme cependant par sa douceur légèrement sucrée et la subtilité de son évolution sur peau, due à une note que j'affectionne tout particulièrement : le fir balsam qui a la propriété d'irradier sur peau. Les Jeux sont Faits est mat et satiné, comme un beau chesterfield polis.

L'Eau d'Hiver de Frédéric Malle : évoqué l'an dernier par cet article, il m'accompagne toujours en 2013, comme un référent. Ce qui me plait particulièrement : sa douceur, sa présence discrète, et surtout, le lien olfactif qu'il me fait faire avec le mimosa, qui fleurit en Janvier. Son nom devient une évidence. 


L'Eau d'Ambre Extrême de l'Artisan Parfumeur : évoqué également l'an dernier ici, sa douceur ambrée de labdanum, de vanille, de géranium de cuir est aujourd'hui dans la tendance, car reprise par Lubin dans son dernier   Akkad, parfaitement dans la lignée. Les notes douces, solaires, ambrées et gourmandes sont aussi à l'honneur chez Dior avec l'Eau Secrète d'Hypnotic Poison et chez Frédéric Malle, dans le très prochain Dries Van Noten par Frédéric Malle, qui arrive dans deux semaines.

Ambre Narguilé d'Hermes : toujours aussi attachant ce parfum, surtout avec un pull en cachemire. J'adore quand le rhum, l'ambre, la cannelle se mélangent sur ma peau pour former un halo de douceur très légèrement sucrée qui me rappelle à la fois les spéculos et le fond d'un verre de vieux rhum. Vous remarquerez que les 3 derniers cités sont des "Ellena". Seraient ils plus attachants et pourquoi ?

Cuir de Russie de Chanel : quelle petite merveille que ce parfum ! Toujours aussi intéressant par ce contraste entre les notes solaires et jasminées, et celles, chaudes et fumées du bouleau, du cuir et de notes plus ambrées voire animales. Ce Cuir de Russie est d'une souplesse incroyable, digne des cuirs d'agneau plongé les plus fins.

Mandarine de l'Artisan : c'est mon tout dernier achat, car vu le prix auquel il était soldé, se priver de ce petit coup de fouet bienvenu les week end pour se redonner la pêche et retrouver le sourire aurait été dommage. Pas très tenace, mais après la douche, c'est un vrai bonheur. Un parfum "happy" qui ne se porte pas comme un parfum pour la journée mais comme une bonne cologne fraîche, pour un "shoot". Il est reconnu que le orange dynamise, et c'est le cas de cette Mandarine, dont l'étiquette joue avec ce code couleur.

Illustrations : Byredo, Jovoy, Frédéric Malle, L'Artisan Parfumeur, Hermès, Chanel.