samedi 2 juillet 2011

Elie Saab Le parfum - 2011 : douceur et volupté.

Le Liban n'est pas un pays qui a connu de grandes périodes de paix au cours de ces dernières années et même si les tensions se sont apaisées, le climat reste tendu. Il en émane alors une certaine joie de vivre et le goût de vivre sans savoir de quoi demain sera fait. Elie Saab est de ce pays. Sa couture, connue dans le monde entier, est reconnue pour la qualité de ses broderies et la souplesse des tissus plissés. Plutôt que de céder à la mode et aux anorexiques junky, Elie Saab véhicule sereinement l'image d'une féminité sophistiquée mais toute en douceur.

Un peu de douceur dans cette mode de brut, c'est l'état d'esprit qui me vient pour évoquer Elie Saab et sa femme. Regard félin pour les deux, charme et séduction, mais aussi douceur et gentillesse. Ces deux là se sont trouvé une charmante complicité. Alors, quand il s'agit d'imaginer un parfum pour la marque qu'il a créé, comment ne pas vouloir se sentir épauler par celle qu'il aime ? Ainsi, madame Saab s'est livrée au jeu des nombreux essais nécessaires, à la création d'un parfum et lorsque l'on est fidèle à Empreinte de Courrège depuis très longtemps, relever le défi de passer à autre chose de plus personnel avec l'exigence que l'on imagine n'est pas chose aisée !

Mais le dialogue s'installe : pour son parfum Elie Saab voulait la même émotion que celle qu'il éprouve avec Empreinte sur sa femme, à savoir un parfum signé et de caractère. Mais avoir du caractère ne veut pas dire être agressif ou percutant, et il semble bien que Francis Kurkdjian, auteur du parfum l'aie décelé. Il a sans doute deviné également l'étincelle de lumière dans le regard d'Elie Saab, qui se devine également dans son travail qui malgré une signature orientale est empreint de transparence et de légèreté.

Elie Saab Le Parfum nous emporte en Orient, mais ne passe pas par le chemin habituel de l'ambre ou du oud. Francis Kurkdjian et Elie Saab se sont attachés aux gourmandises et pâtisseries orientales dont ils sont friands pour développer dans le parfum une fleur d'oranger ourlée de rose miellée qui évoque le liquide sucré, sorte de sirop d'érable d'Orient versé par tradition sur les desserts au Liban. La fleur d'oranger et la rose ayant été choisies bien sûr parce que se sont deux fleurs orientales par excellence. Cette "gourmandise" n'est en aucun cas trop sucrée, car cela aurait trahit le style Elie Saab. Ce style caractérisé par une certaine transparence lumineuse est parfaitement amené dans le parfum par un cocktail de notes boisées comme le patchouli et le cèdre et de muscs blancs, tous choisis dans leur variétés les plus "claires" pour apporter une douceur propre, cotonneuse et ample qui fait parfaitement écho aux volutes vaporeuses des collections d'Elie. Ce choix me semble judicieux et très cohérent dans un sillage signé, voluptueux et très féminin.

Féminité, douceur et volupté, lumière et ouverture d'esprit, gentillesse et générosité, c'est un peu ce que serait pour moi l'univers Elie Saab. Son premier parfum était attendu, j'avais même ma propre idée de ce qu'il pourrait être au premier abord autour de la transparence (Martine et Anne Marie, vous savez sans doute de quoi je parle), et parce que je retrouve une cohérence trop rare de nos jours et tous les éléments d'un style fort dans ce parfum très contemporain, je lui accorde volontiers le statut de coup de coeur de l'année 2011.

Illustrations : douceur et volupté dans la voix et les instruments de Fairouz entourée de fleurs blanches, Elie Saab le Parfum.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

La femme d'Elie Saab manque de personnalite et de caractere, elle est douce et jolie, point. Enfermer la femme dans le carcan de la feminite aux valeurs traditionnelles me derange. Sur ce je vous invite a regarder sur youtube le defile Gaultier pret-a-porter automne hiver 2011 (21 min) avec Valerie Lemercier pour son grand role fashion et surtout en guise de bande son Mme Tabard, exquise bourgeoise perverse de François Truffaut dans Baisers Voles:


http://www.youtube.com/watch?v=DiSQpoHlb4s



Emma

Thierry Blondeau a dit…

Emma, je ne faisais qu'illustrer le Parfum et l'univers propre à Elie Saab. J'ai cru voir que sa femme avait du caractère et était impliquée dans les choix et la vie de son mari. La condition n'a rien à voir avec cela me semble t il.

Anonyme a dit…

Bonjour,

je viens de le tester sur ma peau ; je ne peux m'empêcher de penser à "L'Air" de Nina Ricci. Est-ce mon odorat qui me trompe ou bien suis-je proche de la vérité, à savoir 2 parfums se ressemblant fortement ??

Anonyme a dit…

Bonjour!
Je suis étonnée de voir à quel point le marketing et les belles paroles nous font tous passer pour des moutons. Pour ce parfum là, il ne s´agit que d´un savant mélange de Narciso For Her en Edt (encore Francis!)et d´un accord fleur d´oranger transparent...Il a autant de caractère que Beauty de CK. Réveillons nous et ne gobons pas tout, svp?!

Mama-Lola

Thierry Blondeau a dit…

Ok, alors dans le cas que vous mentionnez Mama Lola, si nous devons ne pas tout gober à la lettre et aux belles paroles, je ne comprends pas le buzz créé autour de certains Lutens ou d'autres marques qui ont des qualités parfois "imaginaires"!
En revanche, personnellement, j'aime voir un minimum de qualité là où elle est ! Ce Elie Saab mérite que l'on en parle parmi les lancements intéressants de l'année pour sa texture travaillée autour d'un patchouli "transparent", son sillage de fleur d'oranger finement "glacée" qui ne tombe pas dans le sucraille et parce qu'il est signé que l'on aime ou non FK.

Maintenant, je ne suis pas parole d'évangile et je ne fais que partager mon ressenti.

Quant au lien avec l'Air de Nina Ricci, là, je ne vois pas du tout, ce dernier étant pour moi sans aucun intéret.

Anonyme a dit…

J'espere pas trop devier du sujet mais bon Jean-Paul Gaultier vient de presenter sa collection Haute Couture Automne Hiver 2011/12 ou la plume etait a l'honneur et ou en guise de mariee en noir, il a reussit l'impossible, faire defiler la plus diva, decalee et secrete des chanteuses francaises pop, Mylene Farmer sur "Je je suis libertine, je, je, suis une catin"! Autre temps fort, Zizi Jeanmaire chanta "Mon truc en plumes" a la fin du defile.

Emma

Anonyme a dit…

Bonjour,

Le post sur "l´Air" de Ricci n´est pas de moi. Je ne l´ai pas senti.

Je suis de votre avis, il y a parfois des buzzs autour de certains parfums.
Allez savoir pourquoi on parle de "MMink" plutot que "Neroli Portofino"? par exemple.
Mais le principe du buzz est de retomber comme 1 soufflet.

Pour ce qui est du Elie Saab, je ne le trouve simplement ennuyeux. Evidemment, il sent bon, c´est le principe meme du parfum. Cependant, on aurait pu s´attendre à quelque chose de plus "corsé", + innovant de la part de Kurkdjian et de BPI.
On verra avec Kocoriko...

Tous les gouts sont dans la nature et je crois qu´on devient de + en + exigeants sur tout ce qui touche au parfum.
(Je ne parle pas du flacon, ceux de Kate Moss (for herself) sont aussi laids).

C´etait Mama-Lola ;)

Jicky et Phoebus a dit…

Moi je suis d'accord avec Méchant Loup ! Non ce parfum n'a pas l'innovation d'un M/Mink, il est simple, il peut rappeler d'autres parfums, mais boudiou ce qu'il est mignon !

Les matières sont belles, il ya de l'évolution, et de l'évocation !

Une très belle sortie 2011 !

Jicky

Phoebus a dit…

Je ne suis pas certain d'aimer ce parfum. Mais la première fois que je l'ai senti, j'ai immédiatement pensé aux cornes de gazelle (ces pâtisseries orientales à base d'amande, de fleur d'oranger et de (beaucoupbeaucoup) de sucre, le tout cuit au four (ou frit dans l'huile mais j'aime moins) et ensuite roulé dans le sucre glace). C'est saisissant, mais du coup je ne sais ce qu'il m'aurait évoqué si je ne connaissais pas aussi bien les cornes de gazelle... Ce parfum a un côté original pour cette raison, mais il ne faut pas se voiler la face, c'est aussi sucré que n'importe quel autre féminin mainstream, et donc calibré pour plaire.
Mais pour comparer avec du niche : je le trouve bien plus intéressant et bien plus identifiable que La Traversée du Bosphore...!! Si le parfum d'Elie Saab avait été vendu sous le nom "la traversée du bosphore" sous l'enseigne de l'artisan P, je parie que les critiques auraient été meilleures..

Thierry Blondeau a dit…

Je suis complétement d'accord avec Phoebus ! Il sent les cornes de gazelle, mais il ne me parait pas si sucré que cela. Il est plutôt très transparent, avec une note un peu savoneuse ou crème solaire(sans que ce soit péjoratif). Il a en outre une filiation assez marquée avec la Fleur de Citronnier de Serge Lutens.
En revanche, il ne joue pas du tout sur les mêmes effets de matières que Traversée du Bosphore me semble t il ?

Phoebus a dit…

Oh non, bien sûr. Mais La Traversée cherche à sentir les pâtisseries orientales également... Elle a choisi d'attaquer le sujet par une direction un peu différente, que je trouve moins pertinente que celle d'Elie Saab. Mais je n'apprécie pas tellement ces deux parfums, ce n'est pas trop mon délire de sentir le loukoum/la corne de gazelle...Je préfère les manger ! (et c'est d'ailleurs peut-être par association d'idée que je trouve l'elie saab si sucré et gras (en bref pas du tout transparent !) je sais comment les confectionner donc si le parfum m'évoque la pâtisserie forcément...).