samedi 23 juillet 2011

Randonnée champêtre.

Tout commence en 1936 avec les congés payés. Nous ne nous en rendons pas forcement compte aujourd'hui, mais se dire que nous pouvons partir quelques semaines nous aérer la tête est une chance que tout le monde n'a pas. Pour célébrer cet évènement et suivant ainsi le courant de l'époque, Jean Patou imagine Vacances, la même année. Sans le savoir, il créer un parfum intemporel. Vacances, de part ses notes, sa signature et son style habillé de fleurs des champs, de tilleul, de "miel de violette" et de mimosa, fait penser à une balade champêtre dans une campagne que les français découvrent à l'époque. S'il est senti à l'aveugle, on le prendrait presque pour un "Giacobetti", comme un vraie claque qui vous fait remonter le temps. Que diriez vous de quelques fleurs de campagne pour une balade parfumée par ce temps pas très chaud ?

Le lilas : Olivia Giacobetti semble aimer les promenades à la campagne et surtout, elle semble avoir été marquée par Vacances. J'ai comme l'impression que En Passant et l'Eté en Douce en sont les descendants directs, l'un étant plus tilleul/lilas, l'autre plus "blé/musc". Comme pour en passant, la balade dans les champs continue...

Même si ce n'est pas un chef d'oeuvre de belle matières riches et complexes, Pur Désir de Lilas de Yves Rocher est le soliflore Lilas le plus réussit du moment. Il nous projette dans un jardin, sous le lilas ou la glycine par un beau soir d'été... "vous prendrez bien un petit verre ?"

Les fleurs des champs : par la suite, c'est Jean Paul Guerlain qui à la fin des années 90 nous livre son interprétation très impressionniste de la balade dans les champs. Quand vient l'été sent le blé, les coquelicots, les herbes sèches et les fleurs des champs, il y met tout ce qu'il aime et l'on y retrouve le tilleul, le mimosa, le lilas, le muguet, une pointe de giroflée, et la note herbacée de la fève tonka et du foin. Pour moi, c'est un de ses plus beaux parfums (si je peux dire), qui me projette dans le tableau de Monet ci-dessus.

Le mimosa : Annick Goutal n'est pas en reste. Cette année, Isabelle Doyen et Camille Goutal nous proposent un coeur de mimosa sur un chemin de Côte d'Azur. La facette très poudrée du mimosa et de l'un de ses principaux constituant qu'est l'héliotropine a été comme aérée par une bonne dose de salicylate de benzyle et par une note de poire juteuse. Comme pour Champs Elysées de Guerlain, les pompons jaunes de Le Mimosa semblent plus lumineux et le sillage très sensuel tout en restant "sur la note" irisée et douce du mimosa.


L'héliotrope : comment ne pas évoquer le joli parfum de Patricia de Nicolai qu'est Kiss Me Tender alors que l'on se promène à la campagne ? Sur un chemin, des héliotropes, que ce parfum très mignon reproduit très fidèlement. Héliotropine à la note de mimosa poudré, vanille, une toute petite touche de "pain beurré" et surtout un oeillet bien ficelé nous emporte dans les champs, loin d'un Paris agité. Très tendre par rapport à d'autres parfums à sillage, il vaut vraiment de prendre le temps de s'attarder sur ce beau paysage.

La violette : petite fleur emblématique de la campagne toulousaine, la violette a toujours été très présente dans les parfums, et ce qui frappe, c'est qu'ils ne sont pas tous féminins. Deux chefs de file que sont Fahrenheit et Grey Flanel la portent en vedette. Pour femme, se sont Insolence et Après l'Ondée qui en parlent le mieux, sans oublier le McQuenn, une violette sucrée. Pourtant, et c'est peut être parce qu'elle est un peu connotée "ancienne", la violette n'a jamais vraiment été travaillée en soliflore, si ce n'est l'inusable Violette Berdoue. Pour dépoussiérer un peu le genre, l'interprétation de l'Artisan Parfumeur apporte à cette violette une certaine noblesse : le parfum de la violette est affiné d'une note de feuille de violette, plus verte que la fleur et d'un effet un peu "glacée", par une facette douce un peu "grenadine" et par un lit de mimosa et d'iris qui lui confèrent une facette cuirée très douce. Hormis les toutes première notes très violette, ce parfum n'est ni féminin ni masculin (le "vert" et le cuir aidant) et redonne ainsi à la violette son statut de fleur universelle.

Voilà, en attendant que le soleil remontre le bout de son nez et remonte un peu notre moral de citadins, je vous souhaite une agréable balade à travers champs...

Illustrations : Les Coquelicots de Monet - Jean Patou, Frédéric Malle, Yves Rocher, Guerlain, Annick Goutal, Nicolai, L'Artisan Parfumeur.

6 commentaires:

carmencanada /Grain de Musc a dit…

Ah, ce pauvre lilas, c'est vrai que ses connotations dans le fonctionnel laissent peu d'espoir de le voir dominer dans de grandes créations... J'ai plutôt tendance à utiliser celui d'Yves Rocher en parfum d'ambiance, mais ça lui va bien (et vu le prix, c'est un luxe plus qu'abordable).
J'ai énormément de tendresse pour Kiss Me Tender (vraiment héliotrope-fleur) et pour le Mimosa de Goutal qui n'a pas été énormément apprécié me semble-t-il.
Pour la violette, je l'ai réellement découverte dans un très ancien Vera Violetta de Roger & Gallet, si tu as l'occasion de le sentir à l'Osmothèque ou ailleurs n'hésite pas: c'est l'anti-Berdoues, un vrai petit chef d'oeuvre qui serait peut-être l'ancêtre du mythique Iris Gris...

Thierry Blondeau a dit…

Je crois que tu as raison sur le lilas, il y a peu d'espoir de le voir un jour en beau soliflore ! Je crois que même Jean Paul Guerlain en rêvait et s'y est cassé les dents ! Pour la violette dont tu parles, cela fait envie en effet, car je ne la connais pas du tout.

Philippe a dit…

Bonjour, que pensez-vous de Marc Jacobs Men ? Je n'ai trouvé aucune critique, aucun commentaire quant à ce parfum... Merci !

parfums50 a dit…

Merci pour cette agréable promenade d'été sous un soleil parfumé,à défaut d'être chaud.

Lilas,violette,héliotrope,mimosa sont mes senteurs préférées en fleurs.
Après ceci ,je n'ai qu'une hâte c'est essayer kiss me tender et le mimosa de Goutal.
Hélas! Il me faudra attendre un voyage sur Paris aux alentours du mois d'octobre...

Thierry Blondeau a dit…

Philippe, je ne vois pas trop ce que Marc Jacobs Men viendrait faire dans une balade chapêtre ? Il n'est peut être pas encore assez marquant pour faire parler de lui ? Parfums50, un marathon parisien s'imposera en octobre avec de belles découvertes à la clé. Même le nouveau Goutal Mon parfum Chéri (iris/chocolat/prune) et le N°19 poudré pourront être de la balade, en s'éloigant des fleurs cela dit !

27 juillet 2011 05:31

Philippe a dit…

Méchant Loup, je vous remercie de votre réponse : c'est vrai que le Marc Jacobs susmentionné n'a rien à faire ici, seulement vos connaissances m'éclairent souvent dans le choix de mes parfums - c'est pour cela que je me suis permis de vous poser la question (quand ce post était le plus récent du blog).