S'il y a bien un pays où Amor Amor rencontre le succès, c'est l'Espagne. Est-ce étonnant ? Amor, Amor, mots qui résonnent comme le cri d'une jolie femme à la chevelure noir corbeau, à la peau brune et à la poitrine généreuse qui réclame à son cher et tendre un peu d'amour, comme ce "Carlos, Te quierro Carlos", poussé dans cette scène théâtrale, digne d'un opéra de Bizet, croisée en pleine rue de Barcelone.
Pour ma part, la lecture que je fais d'un style et d'un esprit espagnol, c'est une alternance de courbes généreuses, de couleurs chatoyantes, d'arêtes vives, souvent éprises d'un caractère affirmé, qu'il soit dramatique ou plus enjoué. L'on retrouve cette constante dans les oeuvres de Dali, Picasso, dans le rythme du tango, de la salsa, du flamenco, dans le design de Gaudi ou de Calatrava, dans le design des Seat. L'alternance de force et de sensualité contribue à ce caractère, que se retrouve exprimé dans Amor Amor.
Tranchante couleur rouge exprimée par une rose électrique et vive comme un claquement de doigts chère à Dominique Ropion, couleurs et fruits de l'Espagne avec la fleur d'oranger et l'orange sanguine aussi souples que la dentelle d'un éventail, fleurs sensuelles et affirmées comme la tubéreuse (dont les espagnoles raffolent) et le jasmin, aussi généreuses que les courbes sensuelles d'une danseuse, Amor Amor ne peut masquer son caractère, son "coeur flamenco". Il envoie, certes, mais cette ardeur s'entrecroise de douceur dans les courbes de son évolution sur peau. La note se fait plus suave, plus bonbon, et l'on devine un soupçon de vanille, chaude, sensuelle, soutenue d'une note très caractéristique et régressive de crocodile Haribo (le vert). Petite touche "réglissée" (peut être la fleur de mélati mentionnée dans les notes existantes?) un brin intrigante et pour donner le piment qu'il lui faut, et le tour est joué, la danse peut commencer. Comme l'Espagne, Amor Amor est jeune et l'assume !
Amor Amor a su conquérir son public, mais il reflète aussi la personnalité d'un peuple dont l'histoire, l'art et le patrimoine culturel et musical oscillent entre des phases euphoriques et d'autres plus dramatiques. Il porte en lui l'ardeur, la fougue opposée à la douceur, le claquement brutal des talons, la courbe du roulé sensuel de poignets ou de jambes, le flottement du jupon de tulle, comme un coeur de flamenco. Un flamencorazon ?
Petit conceil : oubliez les variantes trop nombreuses et très vairées, car quitte à assumer, autant préférer Amor Amor L'Absolu, ou Amor Amor Elixir Passion, plus denses et fidèles à l'original.
Illustration : danseuse de flamenco, Cacharel.
2 commentaires:
Cher Méchant Loup,
Je suis consulteur –parfum indépendant en Espagne. En tant qu'espagnole je lis votre commentaire à la fois amusée et ahurie, et je vous prie de me dire si par hasard vous avez visité l'Espagne ces trente dernières années. Il est vrai que certaines espagnoles ont les cheveux noirs, la peau foncée et la poitrine généreuse (tout comme certaines françaises d'ailleurs) mais je vous assure que la plupart de mes compatriotes ont la peau blanchâtre et les cheveux châtains, tout court, quant à la poitrine, nous avons toutes les tailles. Je sais que l’idée que les autres européens ont de l’Espagne crie à la passion et à la jeunesse qui s’en dérive, mais en principe nous ne sommes qu’une amalgame de peuples qui ne s’aiment pas, qui ne se ressemblent guère et qui habitent sur un territoire appelé Espagne pour des raisons surtout pratiques. Les Catalans se tiennent pour des occitans et ne ressemblent ni aux madrilènes ni aux andalous, la Galice est surtout proche du Portugal tandis que les Basques pour leur part ne ressemblent à personne.
En ce qui concerne la danse il y a le flamenco, c’est vrai, simplement préciser que la plupart des espagnols ne savent pas le danser (alors qu’il y a beaucoup d’autres danses régionales dont personne ne fait mention) mais il intéresse vivement les japonais qui sont les seuls à avoir des centres d’études universitaires consacrées à cette danse, bien sûr au Japon. Le tango et la salsa n’ont absolument rien à voir avec l’Espagne (il s’agit de rythmes Latino-Américains).
Le marché du parfum en Espagne est un marché particulier qui ne ressemble à aucun autre marché européen et qu’il faudrait étudier sérieusement : les espagnols dépensent une quantité folle d’argent en parfum. Tout d’abord l’Espagne est le royaume du « sent bon », des parfums légers, aériens, en été comme en hiver, et les espagnols raffolent des « eaux » de quoi que ce soit. Il est impensable de trouver un espagnol/une espagnole qui achète l’Heure Fougueuse de Cartier en lui disant que ça sent le cheval, personne ne paie ce prix pour sentir l’animal ; en Espagne on ne sent pas la bête « on pue la bête » et dans ce cas, on se met sous la douche le plus vite possible, vous comprenez ? Il en est de même pour nombre de parfums classiques français qui dégagent un soupçon de fauve et que les espagnols hument avec un certain « écart ».
Le nez préféré des espagnols est sans aucun doute Jean Claude Ellena et la maison française la plus populaire en Espagne est Sisley (surtout l’Eau de Campagne et l’Eau du Soir) les espagnols/espagnoles qui emploient des produits Sisley leurs sont dévoués et fidèles. Les dernières créations signés Chanel (Chance, Cristalle Eau Verte, 19 poudré, N5 eau première, Coco Mademoiselle EdT) ont fait les délices du public. Les gens raffolent des Escales de Dior (surtout Escale à Portofino) et ne s’intéressent que rarement à Guerlain (malgré les Acqua Allegoria). Armani (classique femme en couleur vieux or) et Givenchy avec les mille et un flankers de leur Very Irresistible tiennent le coup, les senteurs sont si fugaces… La niche, d’autre part, n’intéresse que peu d’Espagnols
Pour finir seulement deux choses :
1. en Espagne les gens « comme il faut » ne portent JAMAIS un parfum capiteux, sauf le soir, lors d’un rendez-vous privé : porter un parfum au sillage puissant est considéré comme un manque du respect d’autrui.
2. Certains parfums dits masculins sont rangés parfois chez les Séphonnauds espagnols dans les rayons femmes puisque seules les femmes osent les porter (Eau de Campagne-Sisley ou Vetiver-Guerlain) car trop délicats et trop parfumés pour les hommes espagnols.
Sara, Vizcondesa de Saint-Luc
J'avoue qu'il y a des racourcis, mais c'était pour souligner l'idée "espagnole" présente dans Amor Amor.
Bien sûr, les espagnols ne sont pas stéréotypés, mais ils ont en commun de faire la fête, de dormir tard, d'être plutôt expressifs et "solaires", comme Amor Amor.
En effet, la musique latino américaine n'a rien à voir avec le tango, mais tout comme lui, elle fait partie de l'identité culturelle de l'Espagne me semble t il. Amor Amor a du rythme.
Pour ce qui est du parfum, certes, ils adorent les Eaux Fraîches ou l'idée de fraîcheur dans un parfum, mais le soir venu, j'ai été frappé par le nombre de tubéreuses croisées dans les rues, sans doute accentuée par le succès de Carolina Herrera qui est là bas ce que Dior est chez nous, non ?
Amor Amor séduit comme une tubéreuse.
Merci en tout cas pour toutes ces précisions.
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